Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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REINE BLANCHE EN PAYS NOIR
Vie de Mary Slessor, missionnaire au Calabar



 CINQUIÈME PARTIE

En Avant - Toujours

1910 - Janvier 1915.

CHAPITRE IV

 

On était maintenant en août 1914... Vous vous rappelez ?... D'étranges rumeurs commençaient à circuler dans le coin de l'Afrique qu'habitait Ma. On parlait d'une grande guerre « là-bas », dans le monde des blancs, au-delà des mers. Ma, qui savait comme les nouvelles circulent vite en terre africaine, était inquiète, mais n'en laissait rien voir et s'efforçait d'accomplir sa tâche quotidienne. Mais elle dut bientôt reconnaître qu'il se passait quelque chose... les indigènes étaient agités, excités ; les denrées se faisaient chères ; déjà l'huile à brûler manquait.

Les gens ne tardèrent pas à venir trouver Ma ; la panique les avait saisis : « l'Europe est en guerre ! » disaient-ils. Ma les calma de son mieux ; elle-même, cependant, était dévorée d'inquiétude. Le 13 août elle reçut un courrier qui lui apprit que la guerre était déclarée. En un instant elle comprit tout ce que cette guerre allait entraîner de souffrances, de détresses et de périls pour le Calabar, car le Cameroun était tout près, et elle connaissait assez les Allemands pour se méfier de ce qu'ils feraient. « Oh ! que ne donnerais-je pas pour recevoir un télégramme ! disait-elle ; pour entendre crier le titre d'un journal dans la rue ! »

Enfin arriva un autre courrier qui la mit au courant de la situation ; elle apprit l'invasion de la Belgique, la décision de la Grande-Bretagne d'entrer, elle aussi, dans la lutte en se rangeant du côté de ceux qui défendaient le droit, la justice et la liberté ! « Dieu soit béni ! dit-elle, nous ne sommes pas les agresseurs. » Mais le choc qu'elle venait de recevoir avait été tel qu'il lui fut impossible de se lever de la chaise où elle était assise. Ses filles la portèrent dans la maison et l'étendirent sur un lit de camp. Elle y resta quinze jours, en proie à une fièvre ardente. Lorsque la fièvre tomba, la faiblesse de Ma était si grande qu'il lui sembla entrer « dans la vallée de l'ombre de la mort ». Cette perspective n'était pas pour l'effrayer ; oh non ! Mais elle était troublée par le fait qu'elle était seule dans la brousse avec ses enfants : elle craignait que les indigènes ne s'emparassent de son crâne pour en faire un fétiche.

Bientôt elle perdit la notion de ce qui se passait autour d'elle. Ses filles l'entouraient en pleurant ; les jeunes gens de l'Eglise se tenaient là, debout, saisis d'une crainte respectueuse. La scène rappelait à bien des égards la mort de Livingstone. Que pouvaient-ils faire ces enfants, seuls avec leur bien-aimée Ma, qui approchait si rapidement de sa fin ? Ils prirent la décision qu'elle-même aurait préférée entre toutes : celle de la transporter à Use. Ils la soulevèrent dans son lit de camp et se rendirent d'abord à Ikpé, à 8 kilomètres de distance, faisant tous leurs efforts pour secouer le moins possible la malade lorsqu'il fallait traverser un ruisseau ou dévaler une colline.

Le lendemain matin, ils placèrent le lit sur une pirogue et descendirent la rivière. Ils abordèrent à un endroit appelé Okopedi, et déposèrent leur précieux fardeau sur la plage. Ma respirait à peine. On fit alors chercher le docteur missionnaire d'Itu, le Dr. Wood. Il accompagna Ma jusqu'à Use et passa la nuit suivante auprès d'elle, craignant que la fin ne fût toute proche. Ma semblait ne penser qu'à la guerre et aux soldats dans les tranchées.

La malade était un peu mieux le lendemain matin ; elle ne voulut pas entendre parler de se laisser transporter à Itu. Use était devenu son chez elle ; là, ses enfants pouvaient s'occuper d'elle ; c'est là qu'elle désirait rester. Pourtant, comme elle se rendait bien compte de son manque de forces, elle fit prier Mlle Peacock, d'Ikotobong, de venir la voir. « Il faut que Ma soit bien malade pour envoyer chercher quelqu'un » pensa son amie ; et elle monta immédiatement sur sa bicyclette pour se rendre à Use. « Oh ! lui dit Ma, si seulement la guerre était terminée, et si j'avais l'esprit tranquille au sujet de tous mes enfants, avec quelle joie je partirais ! »

Grâce à sa merveilleuse énergie elle reprit quelques forces, et ses enfants se laissèrent bercer par l'espoir de la garder auprès d'eux. Chacun reprit sa tâche habituelle : Janie alla au marché, Alice et Blanchette tinrent la maison en ordre, Maggie prit soin du bébé.

La guerre oppressait Ma de plus en plus. « Oh ! si j'étais un homme et si j'avais trente ans de moins ! » disait-elle. Lorsqu'arrivèrent de meilleures nouvelles du front, ses forces physiques se ressentirent de la joie qu'elle en éprouva. Plusieurs dimanches consécutifs, cette femme extraordinaire, presque mourante, trouva moyen de se traîner à l'église et d'y diriger les services ; mais elle dut parler assise et en s'appuyant contre la table de communion.

Quelques mois se passèrent. La tragédie qui se déroulait en Europe continuait à occuper toutes ses pensées, mais elle apprenait de nouvelles leçons de foi et de confiance. « Pourquoi se préoccuper ainsi ? disait-elle, Dieu n'est-il pas capable de prendre soin de son univers et d'atteindre le but qu'il s'est proposé ? Puisque nous ne sommes pas coupables d'agression, puisque nous ne sommes pas en quête de nouveaux territoires, nous pouvons compter qu'il nous donnera la victoire. Ni chef militaire ni empereur ne l'empêchera d'accomplir son dessein. » Et elle répétait sans cesse : « L'Éternel règne ».

Noël arriva. Ma se chargea encore ce jour-là du service divin, et annonça publiquement qu'elle recevrait des dons en réponse à l'appel du Prince de Galles en faveur des victimes de la guerre. Elle n'aimait pas faire mention de cette guerre entre nations chrétiennes devant les indigènes ; mais tous cependant savaient ce qui en était.

Le 1er janvier 1915, les dames missionnaires d'Ikotobong envoyèrent à Ma, comme de coutume, un plum-pudding fait par elles, et se firent annoncer pour le thé. Lorsqu'elles arrivèrent, la table était mise ; le plum-pudding y occupait la place d'honneur, décoré d'une rose cueillie au rosier de Ma, et Ma informa gaiement ses visiteuses qu'elle avait eu toutes les peines du monde à ne pas entamer le gâteau avant leur arrivée !

Mais le 8 janvier elle était de nouveau bien malade ; c'était un vendredi. Le dimanche elle se leva, se rendit péniblement à l'église et y prêcha pour la dernière fois. Le lendemain elle dut s'aliter pour ne plus se relever. Ses filles inquiètes firent chercher Mlle Peacock et celle-ci appela le docteur Wood. Quelques jours, quelques nuits se passèrent. On entendit Ma murmurer : « 0 Abasi, sana mi yok », c'est-à-dire : « 0 Dieu ! délivre-moi » ; et pendant la nuit du 12 au 13 janvier, Ma Akamba, « la Grande Mère », entra en la présence de son Roi.

Lorsque ses filles se rendirent compte de la réalité, grande fut leur désolation. « Notre maman est mortel Notre maman est mortel » répétaient-elles en sanglotant ! La maison se remplit bientôt d'indigènes ; tous pleuraient....

Le corps de Ma fut transporté à Duke Town et enseveli sur la colline. Sur tout le trajet de la maison missionnaire au cimetière, les gens s'étaient assemblés en foule ; jeunes et vieux voulaient une dernière fois témoigner de leur respect et de leur affection pour celle qui avait été Eka kpukpru owo, « la Mère de tout le monde ».

Une femme de la Jamaïque était assise auprès de la tombe ; c'était « Maman Fuller », vieille servante de la Mission, et qui avait aimé Ma dès le jour de son arrivée au Calabar, trente-neuf ans auparavant.
« Ne pleurez pas ! » répétait-elle aux femmes qui poussaient des cris, selon la coutume indigène, « louez Dieu, la source de toutes les bénédictions. »

Et lorsque la triste cérémonie fut terminée, la vieille négresse disait à une des dames missionnaires : « Je ne sais pas si j'ai jamais été aussi heureuse qu'aujourd'hui. Je me sentais tout le temps près du ciel ».

« Mary Slessor était tout à la fois un ouragan un tremblement de terre, un feu, et un son doux et subtil », disait d'elle un ami qui l'avait connue de longue date. En effet, elle réunissait les qualités les plus diverses, et mettait au service de son Dieu Sauveur les multiples aptitudes que lui-même lui avait confiées.
Et l'une de ces aptitudes, c'était ce besoin de toujours faire mieux, de toujours aller de l'avant, de ne jamais se laisser vaincre par les difficultés de la route ; en un mot de s'avancer sans faiblesse vers l'idéal qu'elle s'était donné. Car, ses « rêves » qu'étaient-ils donc, sinon ce désir constant de faire de sa consécration à Dieu le but suprême de sa vie ?

Combien d'entre vous, les jeunes, se contentent de rêver, mais sans se mettre à l'oeuvre pour transformer leurs rêves en réalité ? À quoi donc servent-ils ces rêves qui s'évanouissent en fumée !... Quelle influence peuvent-ils avoir sur votre vie et sur les vies avec lesquelles vous vous trouverez en contact ?

Non, non ! que vos rêves pour l'avenir soient tout autres. Accompagnez-les de prière et de persévérant labeur. Rêvez ! Priez ! Agissez ! L'avenir du monde est entre vos mains. Vous serez les ouvriers de demain. Le Seigneur compte sur vous : lui ferez-vous défaut ?

Est-ce à dire que vous êtes tous appelés à devenir missionnaires en pays païen ? Je ne le pense pas. Mais cependant, combien Dieu en convie à ce glorieux service qui ferment leur coeur à sa voix ? De quel privilège ils se privent volontairement ! De quelle lourde responsabilité ils se chargent ! Dans nos champs missionnaires français en particulier « la moisson est grande et il y a peu d'ouvriers... »

Dieu montrera à chacun sa voie.
Jeunes gens, jeunes filles, dirigez votre vie vers un but précis. Ne gaspillez pas ce don magnifique de Dieu.

Dans la plénitude de vos forces, dans la plénitude de votre volonté, dans la plénitude de votre liberté, dites : « Seigneur, me voici. Je suis à toi ; fais de ma vie ce qu'il te semblera bon ».

LE POT DU MBIAM



Quelques dates importantes de la vie de Mary Slessor

 

1848. Naissance à Aberdeen.
 
1859. Entrée en fabrique.
 
1876: Départ pour le Calabar.
 
1879. Premier congé en Écosse.
 
1880. À la tête de l'œuvre à Old Town.
 
1883. Second congé. (Janie l'accompagne).
 
1885. À Creek Town.
 
1888. Voyage d'exploration dans l'Okoyong.
 
1891. Nouveau congé. (Avec Janie).
 
1892. Nommée représentant du Gouvernement britannique.
 
1898. Congé. (Avec Janie, Alice, Maggie et Mary).
 
1902. Pris pied dans nouveau terrain d'action.
 
1903. Commencé l'oeuvre à Itu. Atteint Arochuku.
 
1904. Établie à Itu.
 
1905. Établie à Ikotobong. Nommée vice-présidente du tribunal indigène.
 
1907. Dernière visite en Écosse. (Accompagnée de Dan). Établie à Use.
 
1908. Fondation d'un asile pour les femmes et les jeunes filles.
 
1910. Commencé l'œuvre à lkpé.
 
1912. Congé aux Îles Canaries.
 
1913. Visite à l'Okoyong. Reçu la médaille royale. Commencé l'oeuvre à Odoro lkpé.
 
1915. Mort à Use, le 13 janvier.

Table des matières

 

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