SAINT PIERRE
A ANTIOCHE.
GAL., II, 11-16.
Et même
lorsque Pierre fut arrivé à Antioche,
je lui résistai en face parce qu'il
méritait d'être repris.
Car avant que
quelques personnes qui avaient été
envoyées par Jacques fussent venues, il
mangeait avec les Gentils, mais dès qu'elles
furent arrivées, il se retira et se
sépara des Gentils, craignant ceux de la
circoncision.
Et les autres
Juifs usaient de la même dissimulation que
lui, de sorte que Barnabas même se laissait
entraîner à dissimuler comme
eux.
Mais quand je vis
qu'ils ne marchaient pas de droit pied, selon la
vérité de l'Évangile, je dis
à Pierre : Si toi qui es Juif vis comme
les Gentils, et non pas comme les Juifs, pourquoi
obliges-tu les Gentils à
judaïser ?
Pour nous qui
sommes Juifs de naissance et non pécheurs
d'entre les
Gentils,
Ayant connu que ce
n'est pas par les oeuvres de la loi, mais par sa
foi en Jésus-Christ que l'homme est
justifié, nous avons nous-mêmes cru en
Jésus-Christ, afin d'être
justifiés par la foi en Jésus-Christ
et non par les oeuvres de la loi, parce que
personne ne sera justifié par les oeuvres de
la loi,
LECTEUR !
Avez-vous jamais observé ce que
fit l'apôtre Pierre à Antioche ?
La question que je vous adresse mérite une
sérieuse attention.
On nous a souvent dit ce que Pierre fit,
à Rome. - Les écrivains
catholiques romains nous content même
beaucoup d'histoires à ce sujet. Les
légendes, les traditions et les fables
abondent. Mais malheureusement pour ces
autorités, l'Écriture garde un
profond silence sur ce point. On n'y trouve pas un
mot qui prouve que l'apôtre Pierre soit
jamais allé à Rome.
Mais quant à ce qu'il fit
à Antioche, c'est ce qu'enseigne le passage
de l'épître aux Galates que vous lisez
en tète de cetraité.
Sur ce point, le langage de l'Écriture est
aussi clair qu'irrécusable, Relisez donc ces
versets, et pesez bien leur contenu.
Ces six versets sont frappants à
divers égards : par
l'événement qu'ils racontent,
savoir, un apôtre qui en blâme un
autre ; par les deux hommes dont il
s'agit : le plus jeune, Paul, censure Pierre,
le plus - Par la nature du fait en question,
il ne s'agissait pas d'une faute éclatante,
ni d'un péché bien grave à
première vue, dont Pierre s'était
rendu coupable. Cependant Paul dit :
« Je lui résistai en face, parce
qu'il méritait d'être
repris. » Il fit plus que cela, - il
reprocha publiquement à Pierre son erreur
devant toute l'Église d'Antioche. - Il va
plus loin encore, - il consigne ce fait dans un
écrit qui est maintenant répandu dans
le monde entier et lu dans plus de cent langages
différents.
Ami lecteur, je suis convaincu que le
Saint-Esprit a voulu que nous
apportassions une attention toute
spéciale à l'examen de ce passage. Si
le christianisme eût été une
invention humaine, on n'eût jamais
raconté ces choses. Un imposteur comme
Mahomet eût soigneusement caché ce
différend entre ces deux éminents
apôtres. Mais l'Esprit de
vérité a voulu pour notre instruction
qu'il en fût autrement.
Il y a trois grandes leçons que
nous devons retirer de ce passage :
La première, c'est que les
plus grands serviteurs de Dieu sont exposés
à tomber dans de grandes
erreurs.
La deuxième, qu'il est plus
important pour une Église d'y sauvegarder la
vérité que d'y conserver la
paix.
La troisième, qu'il n'existe
aucune doctrine dont nous devions être plus
jaloux que celle de la justification par la foi
sans les oeuvres de la loi.
I.
La première leçon, avons-nous dit,
quenous donne le fait passé
à Antioche, c'est que les plus grands
serviteurs de Dieu peuvent tomber dans de grandes
erreurs.
Quelle preuve plus frappante
pouvons-nous en avoir que celle qui est
placée sous nos yeux. Pierre sans doute
était un des plus grands apôtres, - un
des plus anciens disciples, gratifié
d'avantages et de privilèges tout
particuliers. Il avait été
constamment dans la compagnie de Jésus,
l'avait entendu prêcher, avait vu ses
miracles, avait joui de l'enseignement privé
du Seigneur et avait été du nombre de
ses amis les plus intimes ; enfin il avait
été avec lui et l'avait suivi pendant
tout le temps de son ministère sur la terre.
C'était l'apôtre auquel les clefs du
ciel avaient été données et
qui en fit le premier usage. Ce fut lui qui ouvrit
le premier aux Juifs la porte de la foi dans sa
prédication du jour de la Pentecôte.
Ce fut encore lui qui le premier ouvrit cette porte
aux Gentils en allant dans la maison de Corneille
et en le recevant
dansl'Église de Christ. Ce
fut lui qui se leva le premier dans le concile du
quinzième des Actes, et qui dit ;
« Pourquoi tentez-vous Dieu en mettant
sur le cou des disciples un joug que ni nous ni nos
pères n'avons pu porter. » Et
cependant, c'est ce même Pierre, ce
même apôtre que nous voyons tomber
ouvertement dans une grande erreur, et dans une
manifeste inconséquence. L'apôtre Paul
nous dit : « Je lui résistai
en face, parce qu'il méritait d'être
blâmé, parce qu'il craignait ceux de
la circoncision, » et il dit de lui et de
ceux qui l'accompagnaient » qu'ils ne
marchaient pas droitement selon la
vérité de
l'Évangile. » Enfin. il parle de
leur dissimulation, et il ajoute « que
par cette dissimulation, Barnabas lui-même,
son vieux compagnon dans les travaux missionnaires,
se laissait entraîner à dissimuler
comme eux. »
Lecteur !
réfléchissez combien ce fait est
frappant. - C'est bien Simon Pierre, et c'est la
troisième grande erreur, dans laquelle il
tomba, que le Saint-Esprit
atrouvé il propos de nous
rappeler. - Une fois nous le, voyons s'efforcer de
détourner notre Seigneur autant qu'il le
pouvait de sa grande oeuvre de la croix, et il en
fut sévèrement repris de lui.
Ailleurs, nous le voyons renier trois fois son
maître, même avec serment. Et ici nous
le trouvons mettant en danger la
vérité fondamentale de
l'Évangile de Christ, la justification par
la foi. Certainement nous devons nous
écrier : « Seigneur,
qu'est-ce que l'homme ? »
L'Église romaine se vante que l'apôtre
Pierre est son fondateur et son premier
évêque. Eh bien ! soit,
accordons-leur pour un moment la chose.
Rappelons-nous seulement que de tous les
apôtres, il n'en est aucun, à
l'exception de Judas, duquel nous ayons autant de
preuves qu'il était un homme faillible. -
Ainsi, d'après l'Église de Rome, elle
aurait été fondée par le plus
faillible des apôtres.
Mais cela est destiné à
nous enseigner que les apôtres
eux-mêmes étaient sujets à
l'erreur, quand ils n'écrivaient pas sous
l'inspiration du
Saint-Esprit ; - que les meilleurs des hommes
sont faillibles aussi longtemps qu'ils sont dans le
corps, et à moins que la grâce de Dieu
ne les soutienne, chacun d'eux peut s'égarer
en tout temps. - C'est bien humiliant, mais c'est
la vérité. Les vrais chrétiens
sont convertis, justifiés et
sanctifiés. Ils sont des membres vivants de
Christ, des enfants chéris de Dieu et
héritiers de la vie éternelle. Ils
sont élus, choisis, appelés et
gardés pour le salut. Ils ont l'Esprit, mais
ils ne sont pas infaillibles.
Croyez-vous que le rang et la
dignité puissent conférer
l'infaillibilité ? Non ! ils
ne le peuvent. Peu importe le nom qui distingue un
homme d'un autre homme. Qu'il soit un czar, un
empereur, un roi ou un prince ; qu'il soit
pape ou cardinal, archevêque ou
évêque, prêtre ou diacre, c'est
toujours un homme faillible. La couronne ou le
diadème, pas plus que la tiare, que la
mitre, l'onction de l'huile sainte ou l'imposition
des mains, ne peuvent
empêcher un homme de tomber dans
l'erreur.
Pensez-vous que le nombre peut
conférer l'infaillibilité ?
Non ! vous pouvez réunir des princes en
grand nombre et des évêques par
centaines ; mais, quoique réunis tous
ensemble, ils n'en seront pas moins sujets à
errer. Que vous appeliez leur réunion
concile ou synode, assemblée ou
conférence, ou toute autre
dénomination, peu importe, - leurs
conclusions seront toujours celles d'êtres
faillibles. - Leur sagesse collective ne les
préservera pas des erreurs les plus
énormes.
Lecteur, l'exemple fourni par
l'apôtre Pierre à Antioche n'est pas
le seul que la sainte Écriture nous
présente. - Rappelez-vous Abraham, le
père des croyants, suivant le conseil de
Sarah, qui l'engagea à prendre Agar pour
femme ; - Aaron, le premier souverain
sacrificateur, conseillant aux enfants
d'Israël de se faire un veau d'or ; -
Nathan, le prophète, ordonnant à
David de bâtir un temple ; -
Salomon le plus sage des hommes,
permettant à ses femmes de construire leurs
hauts lieux ; - Asa, ce pieux roi de Juda, ne
consultant pas l'Éternel, mais les
médecins ; - Jéhosaphat, ce bon
prince, se laissant entraîner à
appuyer l'impie Achab ; - Ezéchias, le
meilleur des rois de Juda, accueillant les
ambassadeurs de Babylone ; - Josias, le
dernier des bons rois de Juda, sortant pour
combattre Pharaon. - Jacques et Jean voulant faire
descendre le feu du ciel ! - Tous ces exemples
n'ont pas été écrits sans
motif, et nous devons nous les rappeler. Ils crient
bien haut : Il n'y a point
d'infaillibilité !
Et qui ne voit pas, en lisant l'histoire
de l'Église de Christ, la preuve
répétée que, les meilleurs des
hommes peuvent errer. Les premiers Pères
étaient zélés, suivant la
mesure de leur connaissance, et prêts
à mourir pour Christ. Mais plusieurs d'entre
eux ont favorisé le système monacal,
et presque tous ont semé les germes de
nombreuses superstitions.
Les réformateurs furent, dans la
main de Dieu, des instruments
vénérés et bénis pour
vivifier la cause de la vérité sur la
terre. Cependant à peine en pourrait-on
trouver un seul qui n'ait pas fait quelque grande
méprise. Martin Luther insista avec
obstination sur la doctrine de la
consubstantiation. Mélanchton fut souvent
timide et irrésolu. Calvin consentit au
supplice de Servet. Cranmer se rétracta et
déchut pour un temps de sa première
foi accepta les doctrines du catholicisme romain
par crainte de la mort. Hooper porta le trouble
dans l'Église d'Angleterre par ses scrupules
minutieux sur les habits des
ecclésiastiques. Les puritains, dans les
anciens temps, donnèrent à la
tolérance les noms d'Abaddon et d'Apollyon.
Wesley et Toplady, dans le dernier siècle,
se laissèrent aller l'un et l'autre a un
langage peu convenable. Enfin de nos jours Irving
céda à l'illusion des langues. Toutes
ces choses parlent assez haut, et sont un
avertissement pour l'Eglise de
Christ. Toutes disent :
« Gardez-vous de l'homme - n'appelez
aucun homme, maître, ne donnez à aucun
homme sur la terre le nom de père, - que
l'homme ne se glorifie point dans l'homme, - que
celui qui se glorifie se glorifie dans le
Seigneur. » Toutes crient qu'il n'y a
point d'infaillibilité.
Lecteur, nous avons tous besoin de cette
leçon. Nous sommes tous par nature enclins a
nous appuyer sur l'homme que nous voyons,
plutôt que sur Dieu que nous ne voyons pas.
Nous sommes naturellement enclins à nous
appuyer sur les ministres de l'Église
visible plutôt que sur le Seigneur
Jésus-Christ, le puissant berger,
l'évêque et le grand prêtre qui
est invisible. Nous avons besoin d'être
continuellement avertis et tenus sur nos
gardes.
Je retrouve partout cette tendance de
l'homme à s'appuyer sur l'homme, et je ne
connais aucune branche de l'Église
protestante de Christ qui n'eût besoin
d'être avertie sur ce point. Les
épiscopauxqui se font des
idoles des évêques Pearson et du
judicieux Hooker, - les presbytériens
écossais qui basent leur foi sur John Knox,
- les méthodistes de nos jours qui rendent
un culte à la mémoire de J. Wesley,
et bien d'autres que je pourrais citer, ont dans
ces opinions exagérées et exclusives
des pièges dans lesquels ils peuvent se
laisser entraîner, et combien est grand le
nombre de ceux qui y tombent !
Nous sommes tous naturellement enclins
à nous faire un pape de notre propre
création, et trop prompts à nous
persuader que parce que tel ministre
distingué ou tel savant dit une chose, -
surtout lorsque c'est notre propre pasteur, celui
que nous aimons et respectons, - que ce qu'il dit
doit être vrai, sans examiner s'il est ou non
conforme à l'Écriture. - Il est
beaucoup d'hommes qui se débarrassent du
souci de penser par eux-mêmes. - Ils aiment
à s'attacher à un guide et à
le suivre. Ils ressemblent à des moutons
qu'on voit, quand l'un d'eux traverse une
brèche, être suivi
de tous les autres. - Dans le cas actuel à
Antioche, ne voyons-nous pas Barnabas
lui-même se laisser entraîner. - Nous
pouvons nous imaginer ce saint homme se
dire, : « Un ancien apôtre
comme Pierre ne peut sûrement pas mal faire,
et en le suivant je ne saurais me
tromper. »
Et maintenant, cher lecteur, voyons
quelle leçon pratique nous pouvons tirer de
cette portion de notre sujet.
Apprenons en premier lieu à ne
pas mettre une confiance implicite dans l'opinion
d'aucun homme, nous fondant sur ce qu'il vivait
il y a plusieurs siècles. Or Pierre
vécut au temps de Christ lui-même, et
cependant il put errer.
Beaucoup de gens, au temps où
nous vivons, parlent « de la voix de la
primitive Église. » Ils voudraient
nous faire croire que ceux qui vivaient à
l'époque la plus rapprochée des
apôtres doivent naturellement mieux
connaître la vérité que nous.
Mais cette opinion n'est nullement
fondée. Il est constant
que les plus anciens écrivains de
l'Église chrétienne diffèrent
souvent entre eux. Il est constant qu'ils ont
souvent changé de sentiments et ont
rétracte leurs précédentes
opinions. Il est reconnu qu'ils ont souvent
écrit des choses absurdes et
médiocres et montré une grande
ignorance dans leurs explications des
Écritures. - On s'attendait en vain à
les trouver libres d'erreur. Non,
l'infaillibilité ne se trouve point chez les
Pères primitifs, elle n'est que dans la
Bible.
En second lieu, apprenons à ne
pas accorder une entière confiance à
l'opinion d'aucun homme, simplement parce que c'est
un ministre. Pierre était un dos principaux
parmi les apôtres, et cependant il se
trompa.
C'est un point sur lequel les hommes se
sont continuellement égarés. - C'est
le rocher sur lequel la primitive Église
tomba. Les hommes sont prompts à dire :
« Ne faites rien de contraire à
l'opinion
desévêques. »
- Mais que sont les évêques, les
prêtres et les diacres ? - Que sont les
meilleurs des ministres ?... des hommes, de la
poussière, des cendres et de la boue ;
- des hommes ayant les mêmes passions que
vous exposés aux tentations, sujets aux
faiblesses et aux infirmités !...
Rappelez-vous cette parole de
l'Écriture : « Qui est Paul
et qui est Apollos, sinon des ministres par
lesquels vous avez cru. » - Des
évêques ont souvent conduit la
vérité dans le désert et
décidé que ce qui était, faux
était la vérité. Les plus
grandes erreurs ont été introduites
par des ministres. Hophni et Phinées, fils
du grand sacrificateur Héli, rendirent la
religion odieuse aux enfants d'Israël. Anne et
Caïphe, quoique les descendants directs
d'Aaron, crucifièrent le Seigneur. Et Arius,
ce grand hérésiarque, était
prêtre. C'est une absurdité que de
supposer que des hommes ne peuvent pas se tromper,
parce qu'ils ont reçu les ordres. Vous devez
nous suivre aussi longtemps que nous marchons
d'accord avec la Bible, que nous
mettons devant vous la Parole de Dieu, mais pas
au-delà. Croyez-nous tant que nous vous
disons : « Ainsi il est
écrit ; ainsi a dit le
Seigneur. » Mais si nous allons plus
loin, ne nous suivez pas. Non !
l'infaillibilité ne se trouve pas dans les
hommes ordonnés, mais dans la
Bible.
De plus, ne plaçons pas une
confiance implicite dans aucune opinion d'homme,
simplement parce que cet homme possède
beaucoup de savoir. Pierre n'était-il pas
doué du don de faire des miracles et de
parler plusieurs langues, et cependant il put se
tromper.
C'est encore un point qui a
entraîné beaucoup de gens dans
l'erreur. C'est la pierre sur laquelle les hommes
s'achoppèrent fréquemment dans le
moyen âge. - Il y en eut beaucoup qui
regardèrent un Thomas d'Aquin, un Pierre
Lombard, et plusieurs de leurs semblables, presque
comme des hommes inspirés, et, dans
l'excès de leur admiration, ils
décernèrent
àplusieurs des
épithètes telles que
celles-ci :
- le docteur irrécusable,
- le docteur séraphique, - le docteur
incomparable, et ils semblèrent
croire que tout ce que ces docteurs disaient
était la vérité ! Mais
que sont les plus savants des hommes, s'ils ne sont
pas enseignés par le Saint-Esprit. -
Que sont les plus instruits de tous ces
clercs, sinon de faillibles enfants d'Adam. - Une
vaste érudition littéraire et une
grande ignorance de la vérité de Dieu
peuvent se trouver côte à côte.
C'est ce qu'on a vu, qu'on voit et qu'on verra dans
tous les temps. Tels livres de sermons d'un
ministre fidèle ont peut-être fait
plus de bien aux âmes des hommes qu'aucun des
in-folio qu'ont écrits Origène et
Jérôme ; - et je n'ai aucun doute
que le Pèlerinage du chrétien
de Bunyan, écrit par un homme qui ne sut
jamais un seul mot de grec ni de latin et qui ne
connaissait que la Bible, sera trouvé au
dernier jour avoir fait plus de bien au monde que
toutes les oeuvres des saints-Pères mises
ensemble.
La scienceest un don
qu'on ne doit pas mépriser. Ce sera un jour
fâcheux que celui où les livres seront
peu estimés dans l'Église. Mais ou
est confondu quand on observe combien les dons les
plus éminents de l'intelligence chez un
homme peuvent se rencontrer avec une faible portion
de la grâce de Dieu. Je ne doute nullement
que les hommes éminents d'Oxford, pendant le
dernier siècle, ne connussent beaucoup mieux
l'hébreu, le grec et le latin que Wesley,
Whitefield, Beveridge, et Venn, mais ils
connaissaient moins bien de Christ. -
L'infaillibilité ne réside pas
dans les corps d'hommes savants, mais seulement
dans la Bible.
J'avertis en outre chacun de ceux qui
nie lisent de ne pas mettre une confiance implicite
dans l'opinion de leur propre ministre,
quelque pieux qu'ils l'estiment être. Pierre
fut un homme puissant dans la grâce et
cependant il fut sujet à l'erreur.
Votre ministre peut être
réellement un homme de Dieu et digne de tout
honneurpour sa prédication
et sa conduite ; mais n'en faites pas un
pape ! Ne placez jamais sa parole au niveau de
la Parole de Dieu ; ne le gâtez pas par
vos flatteries ; ne lui laissez pas croire
qu'il ne peut pas se tromper ; ne vous appuyez
pas trop fortement sur son opinion, de peur que
vous n'appreniez bientôt, à vos
dépens, qu'il peut errer.
Il est écrit de Joas, roi de
Juda, « qu'il servit Dieu tout le temps
que vécut le sacrificateur
Jéhojada » or, Jéhojada
mourut, et la religion de Joas mourut en même
temps. De même, votre ministre peut mourir,
et votre religion mourir avec lui. - Il peut
changer, et votre religion changer. - Il peut s'en
aller, et votre religion s'en aller de même.
Oh ! ne vous contentez jamais d'une religion
fondée sur un homme ; qu'il ne vous
suffise pas de dire :
« J'espère, parce que mon pasteur
m'a dit telle ou telle chose. » -
Tâchez plutôt de pouvoir dire :
« J'espère, parce que je trouve
ces choses écrites dans la
Parole de Dieu. » Pour
que votre paix soit ferme, vous devez aller
vous-même à la source de la
vérité. - Pour que vos consolations
soient durables, vous devez visiter vous-même
la fontaine de vie et y puiser l'eau
rafraîchissante dont votre âme a
besoin. Les ministres peuvent changer,
l'Église visible peut-être
dissoute ; mais celui qui a la Parole de Dieu
écrite dans son coeur a, sous ses pieds, un
fondement qui ne saurait manquer. Honorez votre
pasteur comme un fidèle ambassadeur de
Christ ; estimez-le hautement et aimez-le pour
l'amour de son oeuvre. Mais n'oubliez jamais que
l'infaillibilité tic peut se trouver
en lui, mais dans la Bible seule.
Lecteur, les choses que je viens de vous
dire sont dignes d'être prises en
sérieuse considération ;
serrez-les dans voire coeur, et vous aurez
reçu à Antioche une précieuse
leçon.
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