Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SAINT PIERRE A ANTIOCHE.


III.

Je passe maintenant à la troisième leçon que nous donne Antioche, savoir : Qu'il n'y a aucune doctrine dont nous devions être plus jaloux que celle de la justification par la foi sans les oeuvres de la loi.

La preuve de cette leçon ressort de la manière la plus saillante du passage de l'Écriture qui est en tête de ce traité. Quel était donc l'article de foi que l'apôtre Pierre avait repoussé à Antioche ? - Aucun. Quelle doctrine avait-il proclamée publiquement qui fût fausse ? - Aucune ! Qu'avait-il donc fait ? Voici ce qu'il avait fait. Après avoir jadis vécu intimement et en compagnie avec les Gentils qui avaient cru, comme avec des cohéritiers du même héritage et des frères, il devint tout d'un coup froid et réservé avec eux, se contredisant ainsi lui-même. - Il semblait croire qu'ils étaient moins saints et moins acceptables aux yeux de Dieu que les Juifs circoncis. - Il paraissait impliquer que les croyants parmi les Gentils étaient dans un état inférieur à ceux qui avaient gardé les cérémonies de la loi de Moïse. Il semblait en un mot ajouter quelque chose à la foi toutesimple, comme nécessaire pour donner à un homme une part en Jésus-Christ, et répondre à la question - « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » non-seulement « crois au Seigneur Jésus-Christ, » mais « crois au Seigneur Jésus-Christ, sois circoncis et garde les cérémonies de la loi. »

L'apôtre Paul ne put pas tolérer un seul moment une telle conduite. Rien ne l'affligeait plus que l'idée d'ajouter quelque chose à l'Évangile de Christ ; aussi dit-il : « Je lui résistai en face. » Non-seulement il le réprimanda, mais il rappela le fait dans son entier, quand, sous l'inspiration du Saint-Esprit, il écrivit son épître aux Galates.

Ami lecteur, j'attire votre attention toute spéciale sur ce point. Je vous prie d'observer quelle jalouse affection l'apôtre Paul montre à l'égard de cette doctrine, et considérez le, sujet à l'occasion duquel cette contestation eut lieu. Remarquez dans ce passage de l'Écriture l'immense importance attachée à la justification par la foi sans les oeuvres de la loi. - Rappelez-vous que ce fut au moyen de cette doctrine scripturaire que Luther remua le monde, et que tous les réformateurs contemporains l'ont suivi dans le même chemin.

Rappelez-vous que c'est la doctrine qui est essentiellement nécessaire à votre consolation personnelle. Aucun homme sur la terre n'est réellement enfant de Dieu et n'est une âme sauvée avant d'avoir connu et reçu le salut par la foi en Jésus-Christ. - Aucun homme n'aura jamais ni paix solide ni assurance véritable, qu'il n'ait embrassé dans son coeur la doctrine, « que nous sommes tenus pour justes devant Dieu par les mérites de notre Seigneur Jésus-Christ, par la foi, et non par nos oeuvres ou mérites propres. » Je crois qu'une raison pour laquelle tant de Sens, qui font profession d'être disciples de Christ, même de nos jours, sont ballottés çà et là, jouissent de peu de consolation, de peu de paix, c'est leur ignorance sur ce point. Ilsne voient pas clairement la justification par la foi sans les oeuvres de la loi.

C'est une, doctrine que le grand ennemi des âmes hait, qu'il cherche à détruire. - Il sait qu'au commencement elle a changé la face du monde et qu'elle a de nouveau tout bouleversé de fond en comble le monde au temps de la réformation. C'est pour cela qu'il pousse les hommes autant qu'il peut à la repousser. - Il cherche sans cesse à séduire les Églises et les ministres pour nier ou obscurcir cette vérité. Il n'y a pas lieu de s'étonner que le concile de Trente ait dirigé contre cette doctrine ses principales attaques et proclamé qu'elle était hérétique, et qu'il l'ait anathématisée. - On n'est pas surpris non plus que beaucoup de ceux qui se prétendent savants de nos jours repoussent cette doctrine comme étant un jargon théologique, et disent que tous les esprits éclairés sont justifiés par Christ, qu'ils aient ou non foi en lui. La cause réelle, c'est que cettedoctrine n'est que fiel et absinthe pour les coeurs inconvertis. C'est justement celle qui convient aux âmes réveillées. Mais l'homme orgueilleux et sans humilité, qui ne connaît pas son état de péché et ne voit pas sa propre faiblesse, ne peut pas recevoir cette vérité.

C'est la doctrine, dont l'absence est la cause de la moitié des erreurs de l'Église catholique romaine. - Car on peut attribuer l'origine d'une grande partie des doctrines anti-scripturaires de la papauté à son rejet de la justification par la foi. Aucun docteur romain, s'il est fidèle à son Église, ne peut dire au pécheur angoissé : « Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé. » Il ne le peut pas sans des additions et des explications qui détruisent complètement la bonne nouvelle. Il n'ose pas administrer le remède de l'Évangile saris y ajouter quelque chose qui détruit son efficace et neutralise son influence. Le purgatoire, la pénitence, l'absolution du prêtre, l'intercession dessaints, le culte de la Vierge, et beaucoup d'autres croyances de la papauté, qui sont l'ouvrage de l'homme, jaillissent tous de la même source. Ce sont tout autant d'appuis pourris pour les consciences travaillées et chargées, rendus nécessaires par le rejet de la justification par la foi.

Cette doctrine est indispensable à tout succès d'un ministre parmi ses ouailles. - L'obscurité sur ce point gâte tout. L'absence de clairs enseignements sur la justification empêchera le zèle le plus ardent de faire du bien. - Il peut y avoir beaucoup de choses belles et bonnes dans les sermons d'un ministre, beaucoup sur Christ et sur notre union sacramentale avec lui ; - beaucoup sur le renoncement, - sur l'humilité et sur la charité. - Mais tout cela profitera peu, si sa trompette rend un son douteux sur la justification par la foi, sans les oeuvres de la loi.

Cette doctrine est absolument essentielle à la prospérité d'une Église. Aucune Église n'est réellement dans un état sain, si cettedoctrine n'est pas hautement prêchée et proclamée. Une Église peut avoir des formes excellentes, des ministres régulièrement consacrés et les sacrements convenablement administrés, mais une Église ne verra point les âmes se convertir sous sa prédication si cette doctrine n'est pas ouvertement prêchée. Ses constructions ecclésiastiques peuvent frapper les yeux de tout le monde, mais il n'y aura aucune bénédiction de Dieu sur cette Église si la justification par la foi n'est pas proclamée dans ses chaires ; tôt ou tard son chandelier lui sera retiré.

Pourquoi les Églises d'Afrique et d'Orient sont-elles tombées dans leur état actuel ?
- N'avaient-elles pas des évêques ? des formes et des liturgies, des synodes et des conciles ? Oui, elles avaient tout cela ; - mais elles avaient mis de côté la justification par la foi, perdu de vue cette puissante vérité, et elles sont tombées.

Pourquoi l'Église anglicane fit-elle si peu de chose dans le dernier siècle, et pourquoi les indépendants, les méthodistes et les baptistes en firent-ils beaucoup plus ? Leur système était-il meilleur ? l'Église anglicane n'était-elle pas aussi bien adaptée aux besoins des âmes perdues ? Non ; mais leurs ministres prêchaient la justification par la foi, et les nôtres, sauf de rares exceptions, n'en parlaient pas.

Pourquoi voit-on tant de gens fréquenter les Églises dissidentes de nos jours ? et pourquoi voyons-nous souvent une splendide église paroissiale gothique aussi vide d'adorateurs qu'une grange l'est de blé en juillet ; tandis qu'une simple petite bâtisse, construite en briques et appelée une maison d'assemblée, est remplie jusqu'à étouffer ? Ce n'est pas que les gens aient une antipathie abstraite pour l'épiscopat, pour le prayer-book (1), le surplis et l'Église établie ; pas le moins du monde ! la simple raison en est que, dans le plus grand nombre des cas, le peuple n'aimepas une prédication dans laquelle la justification par la foi n'est pas pleinement proclamée. Quand ils ne peuvent pas l'entendre dans l'église de leur paroisse, ils vont la chercher ailleurs. Sans doute il y a des exceptions, et il y a des lieux où une longue suite de négligences a tellement dégoûté le peuple de l'Église anglicane, qu'il ne veut pas même entendre la vérité de la bouche de ses ministres ; mais je crois qu'en général, quand l'église est déserte et le lieu de l'assemblée rempli, l'enquête prouvera que la cause en est là.

Lecteur, si ces choses sont telles, l'apôtre Paul avait raison de se montrer jaloux de cette vérité, et de résister à Pierre en face. Il pouvait soutenir avec raison qu'on devait tout sacrifier, plutôt que de mettre en danger, dans l'Église de Christ, la doctrine de la justification. Il lut dans l'avenir avec un oeil prophétique ; et il nous laissa un exemple pour le suivre. - Quelle que soit notre tolérance, ne permettons jamais que la moindre atteinte soit portée à cette doctrine bénie, que nous sommes justifiés par la foi sans les oeuvres de la loi.

Lecteur, aussi longtemps que vous vivrez, gardez-vous de tout enseignement qui obscurcirait directement ou indirectement la justification par la foi. Tout système religieux qui interpose une chose quelconque entre le pécheur travaillé et chargé et la simple foi en Jésus-Christ notre Sauveur, est dangereux et contraire à l'Écriture. - Tout système qui fait de la foi quelque chose de compliqué, qui en fait autre chose qu'une simple et filiale dépendance, - qui sépare la main qui reçoit le remède de la main du médecin qui le donne, est un système dangereux et malfaisant. Tout système qui porte atteinte à la simple doctrine protestante, qui a brisé le pouvoir de Rome, amène avec lui une espèce de contagion qui met les âmes en péril.

Le baptême est un sacrement institué par Christ lui-même, et tous ceux qui se disent chrétiens doivent en user avec respect et vénération. Quand on l'applique avec droiture, avec dignité et avec foi, il peut-être l'instrument de puissantes bénédictions pour l'âme. Mais pour ceux auxquels on enseigne que tous ceux qu'on baptise sont de plein droit nés de nouveau, et que tous les baptisés doivent être considérés comme des enfants de Dieu, pour ceux-là, dis-je, je crois que leurs âmes courent un grand danger. Un tel enseignement sur le baptême renverse selon moi la doctrine de la justification par la foi. Les seuls enfants de Dieu sont ceux qui ont la foi en Jésus-Christ, et tous les hommes n'ont pas la foi.

La sainte cène est un sacrement donné par Christ lui-même et institué pour l'édification et la consolation des vrais fidèles ; mais pour ceux qui sont enseignés que toute personne quelconque doit se présenter à la table du Seigneur, qu'elle ait on non la foi, et que tous ceux qui reçoivent le pain et le vin reçoivent également le corps et le sang de Christ, les âmes de ceux-là sont, selon moi, dans un grand danger. Un tel enseignement me paraît obscurcir la doctrine de la justification par la foi. - L'homme justifié est le seul qui mange réellement le corps de Christ et qui boit son sang, et personne n'est justifié à moins qu'il ne croie.

Être membre de l'Église est un grand privilège. Aucune Église sur la terre n'offre, selon moi, autant d'avantages à ceux qui en font partie, quand elle est dirigée avec droiture. Mais pour ceux à qui l'on a enseigné que leur qualité de membres de cette Église les rend de droit membres de celle de Christ, je crois leurs âmes en grand danger. - Un semblable enseignement me paraît renverser la doctrine de la justification par la foi. Ceux qui croient, sont seuls unis à Christ, et tous les hommes ne croient pis.

Lecteur, chaque fois que vous entendez un enseignement qui obscurcit ou contredit la doctrine de la justification par la foi, vous pouvez être certain qu'il y a quelque chose qui cloche. Soyez en garde contre cet enseignement. - Une fois que vous errez au sujet de la justification, vous pouvez dire un long adieu à toute consolation, à toute paix, à toute espérance vive, en un mot à tout ce qui se rattache à l'assurance du christianisme. - L'erreur ici est un ver à la racine. - Veillez donc sur cette doctrine et tenez-vous sur vos gardes.

1. En terminant, permettez-moi d'abord de demander à tout individu qui lira ce traité de s'armer d'une complète connaissance de la Parole écrite de Dieu ; s'il ne le fait, il sera sans cesse à la merci de tout faux docteur. - Il ne reconnaîtra pas les erreurs d'un Pierre et ne sera pas en état d'imiter la courageuse fidélité d'un Paul. Un laïque ignorant sera toujours la mort d'une Église ; - et un laïque qui lit la Bible peut sauver une Église de la ruine. Lisez donc la Bible régulièrement, journellement, avec sérieux, avec un esprit de prière fervente. - Rendez-vous son contenu familier ; qu'elle demeure en vous et vous rende riche en toute sagesse et en toute intelligence spirituelle, afin que vous soyez rendu propre à toute bonne oeuvre. Jugez de tout enseignement par ce livre béni. Éprouvez les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu. ne recevez rien, ne croyez à rien, ne suivez rien qui ne soit pas dans la Bible, et qui ne puisse pas être prouvé par elle. - Ne suivez pas tel ou tel homme, tel ou tel parti, tel ou tel système ; mais que la règle de votre foi, la pierre de touche de votre enseignement, soit la Parole écrite de Dieu.

2. En deuxième lieu, j'engage tout lecteur de ce traité à être toujours prêt à combattre pour la foi en Christ, si c'est nécessaire. Je ne recommande pas de nourrir un esprit de controverse. Je ne veux pas qu'aucun homme imite Goliath, qui allait ici et là, criant : « Donnez-moi un homme pour combattre avec moi. » Se nourrir habituellement de controverse est réellement une triste nourriture, c'est se nourrir d'os. Les controverses sont les os et non la chair de la religion. Mais je dis que l'amour d'une fausse paix ne doit jamais vous empêcher de combattre activement toute fausse doctrine et de chercher à propager la vraie doctrine autant que vous le pouvez. Le pur Évangile dans la chaire, le pur Évangile dans toute société que vous soutenez par vos dons, dans tous les livres que vous lisez, dans les amis dont se compose votre société intime : - que ce soit là votre tendance et ne rougissez jamais de la manifester hautement devant les hommes.

3. Enfin, je supplie ceux qui liront ce traité de veiller avec jalousie sur leurs propres coeurs dans ce temps de controverse ; c'est une chose bien nécessaire. Dans la chaleur du combat, nous sommes prompts à oublier notre homme intérieur. La victoire remportée par un argument n'est pas toujours la victoire sur le monde et sur Satan. Que la douceur de Pierre, en acceptant le reproche, soit autant un exemple pour vous à imiter que la fermeté de Paul en réprimant l'erreur. Heureux le chrétien qui peut appeler celui qui le reprend avec fidélité, « un bien-aimé frère (2 Pierre, III, 15). » Cherchez à être saint en conversation autant que dans votre caractère. Assurez votre vocation et votre élection. Efforcez-vous d'entretenir une communion non interrompue avec le Père et le Fils. - Cultivez avec constance l'habitude de la prière privée. Veillez sur vos prières, car c'est par elles que la religion prospère. Soyez attentifs à votre lecture de la Bible en particulier. En faisant ainsi vous serez armés pour le combat de la vie, vous aurez l'épée de l'Esprit bien ajustée à votre main quand le jour de la tentation viendra.

Cher lecteur, je recommande à votre sérieuse attention les sujets contenus dans ce traité. - Pesez-les bien dans votre homme intérieur, appliquez-les dans votre conduite journalière. Faites cela et vous aurez retiré quelque chose de l'histoire de saint Pierre à Antioche.

FIN.

Table des matières

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(1) Le livre de prières.

 

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