Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Du Thabor à Golgotha



VI
GOLGOTHA

X. TOUT EST ACCOMPLI

« Et quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. » (Jean XIX, 30.)
Cette parole est la plus courte de celles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; dans l'original, elle ne se compose que d'un seul mot. Mais elle est la plus complète, car elle embrasse l'oeuvre entière de l'expiation, le temps et l'éternité. Pour en épuiser le sens, il faudrait remonter au conseil du Tout-Puissant qui, avant la création du monde, avait résolu le salut de l'humanité ; il faudrait suivre l'oeuvre de Dieu à travers les siècles, jusqu'à son parfait accomplissement dans l'éternité. Plus nous approfondissons les pensées de Dieu à notre égard, plus nous sentons notre pauvreté et notre incapacité. Nous ressemblons à l'enfant que saint Augustin vit un jour, tandis qu'il se promenait au bord de la mer, en méditant sur la nature de Dieu : l'enfant cherchait à vider la mer en puisant l'eau dans une coquille.

« Tout est accompli ! » Qu'est-ce qui est accompli ?
Avant tout, une vie de renoncements, de privations, de souffrances. Personne n'a souffert de l'ignominieuse déchéance de l'humanité. comme Jésus, parce que, seul, il connaissait la gloire qui lui était destinée. Il n'a cessé de mener deuil sur la misère de ses frères, il a porté dans son coeur la souffrance du monde entier. Sa joie était d'adoucir la douleur du corps et celle de l'âme, de consoler les affligés, de sécher les larmes de ceux qui pleurent. Il est mort pour les pécheurs, se mettant à leur place et portant leur condamnation. Comment l'humanité l'a-t-elle payé de tant de bienfaits ? qu'a-t-il reçu pour sa récompense ? La mort ! la mort sur la croix, la haine, l'ignominie, les persécutions. Les anges se réjouissent à sa naissance, pour le monde tombé ;mais les hommes le repoussent et lui présentent la couronne d'épines et la croix du malfaiteur. Oui, en vérité, une vie merveilleuse et divine est accomplie !

Quand un homme, dont la vie a été consacrée à une oeuvre grande et utile, meurt de mort tragique ou victime de la haine de ses ennemis, une sympathie spontanée ébranle même ceux qui ne le connaissaient point. Ici il s'agit de la mort la plus émouvante et de la vie la plus sainte, mais la majorité des hommes n'y prêtent pas attention. Si, depuis dix-huit siècles, un grand nombre de coeurs se sont ouverts à l'amour du Sauveur, il est certain cependant que l'intérêt général et universel de toutes les créatures ne se porte point sur lui et que le zèle même des chrétiens est bien terne et languissant. Il en était autrement dans la primitive Église ; de là sa force.

Non seulement une vie, mais une oeuvre sans pareille est accomplie, une oeuvre qui embrasse le monde entier, le passé et l'avenir. Depuis la chute d'Adam jusqu'à Jean-Baptiste, les prophéties se sont succédées à intervalles plus ou moins rapprochés, aboutissant toutes - comme les ruisseaux de la montagne qui forment un grand fleuve - au Sauveur et à son oeuvre rédemptrice. Durant des siècles, elles ont été l'espérance des croyants, leur parlant du salut éternel que Dieu accomplirait « par l'homme qu'il a établi. » (Act. XVII, 31.) Sa naissance d'une vierge (Esaïe VII, 14), le moment de son apparition, le lieu de sa naissance (Mich. V, 2), sont annoncés avec la plus grande précision. Ses souffrances expiatoires sont dépeintes dans leurs moindres détails. (Esaïe LIII.) Toutes ces prophéties sont accomplies quand Jésus rend l'esprit.

Pendant deux mille ans, le sang des sacrifices a coulé à flots dans le temple de Jérusalem, selon l'ordre établi par Dieu même « pour faire l'expiation pour vos âmes ; car c'est par le sang que le sang fait l'expiation. » (Lév. XVII, 11). L'ordonnance concernant le grand jour des expiations était particulièrement significative. « Aaron devait appuyer ses deux mains sur la tête du bouc vivant et confesser sur lui toutes les iniquités des enfants d'Israël, et toutes leurs rébellions et tous leurs péchés. » (Lév. XVI, 21.) Il devait entrer « dans le sanctuaire avec le sang de l'alliance et en faire par sept fois aspersion sur l'autel. » (Lév. XVI, 18.) « Mais il est impossible que le sang des taureaux et des boucs Ôte les péchés. » (Hébr. X, 4.) Le sacrifice était un type, une prophétie, une prédication, sans cesse répétée de l'état de péché de l'homme et de la nécessité d'un Sauveur. Ce sacrifice divin a été accompli sur Golgotha. « Par une seule oblation, il a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » (Hébr. X, 14.) Dès lors, la sainte Cène a remplacé le repas de l'agneau pascal ; car le sang de Christ est le vrai sang de l'alliance. Les types, les sacrifices ont reçu leur plein accomplissement.

La malédiction qui pesait sur l'humanité, à cause de ses innombrables transgressions, est enlevée. Ce que les hommes n'ont pas été en état de faire, Jésus l'a fait. « Il a aimé Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa pensée. » (Matth. XXII, 37.) « Il est la fin de la loi, pour la justification de tout croyant. » (Rom. X, 4.) Le chrétien, délivré de la malédiction de la loi et de la condamnation, est transplanté dans la vie éternelle ; « il se revêt du nouvel homme, dans la justice et la sainteté de la vérité » (Eph. IV, 24) ; comme « membre du corps de Christ » (Eph. V, 30), il participe à sa sainteté, à sa communion, à sa gloire. Ce que le péché avait séparé est de nouveau réuni. La bienveillance et l'amour paternel de Dieu nous sont rendus. Notre adoption est un fait accompli pour l'éternité.

Le bonheur dont jouiront les élus « sur la nouvelle terre et sous les nouveaux cieux » (2 Pierre III, 13), « ces choses que l'oeil n'avait point vues, que l'oreille n'avait point entendues, et qui n'étaient point montées au coeur de l'homme, que Dieu avait préparées pour ceux qui l'aiment » (I Cor. II, 9), cet avenir glorieux est compris dans cette parole tout est accompli.

Le pardon est offert à tous. « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. » (Matth. XI, 28.) « Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme injuste ses pensées ; et qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, et à notre Dieu, car il pardonne abondamment. » (Esaïe LV, 7.) « Consolez, consolez mon peuple, dit notre Dieu. » (Esaïe XL, 1.) Le salut est gratuit. On ne peut assez le répéter. Notre salut est chose accomplie - notre bonheur est un don de la libre grâce de Dieu - nous n'avons rien à faire pour le mériter.

Malheureusement, un grand nombre de personnes se représentent qu'elles ont à gagner le ciel par leurs oeuvres. Sur dix mourants, il y en a en moyenne neuf qui estiment avoir droit à la vie éternelle, parce qu'ils ont été, d'honnêtes gens. Leur ignorance, quant à la seule chose nécessaire, peut venir, pour quelques-uns, d'une instruction défectueuse. Mais, si nous attendons d'être justes pour avoir droit à la grâce de Dieu, nous n'y parviendrons jamais. La seule chose à faire, c'est de porter nos péchés au pied de la croix et de tendre les mains, en demandant grâce pour l'amour du Sauveur. Celui-là seul qui a trouvé un Père en son Dieu peut être heureux.

Tout est accompli ! Cette parole du Seigneur doit rappeler aux chrétiens d'autres passages des saintes Écritures. « Vous êtes la race élue, la sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, pour annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. » (I Pier. II, 9.) « Conduisez-vous d'une manière digne du Seigneur, pour lui plaire en toutes choses, portant des fruits en toutes sortes de bonnes oeuvres. » (Col. I, 10.) Suivons Jésus notre modèle, afin de pouvoir répéter comme lui, quand viendra notre dernier moment : « J'ai achevé l'ouvrage que tu m'avais donné à faire » (Jean XVII, 4), et comme saint Paul : « J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. » (2 Tim. IV, 7.)

N'est-il pas étrange, qu'au moment même où le Seigneur livre sa vie à la mort, il s'écrie : Tout est accompli ? Aux yeux du monde, ce sont ses ennemis qui triomphent ; ce sont eux qui auraient pu dire : Notre plan a réussi ; nous avons remporté la victoire. Être opprimé et mis à mort ne s'appelle généralement pas gagner sa cause, mais la perdre. C'est à ce moment cependant que Jésus remporte la victoire. Cette parole a vu son accomplissement déjà au matin de Pâque, par la résurrection du Seigneur et, depuis dix-huit siècles, elle ne cesse de se réaliser. Les ennemis mêmes de Christ sont forcés de. reconnaître qu'en mourant il a remporté la victoire et fondé son royaume.

À cette heure solennelle, sur Golgotha, il ne s'agissait pas de ces questions secondaires pour lesquelles les hommes se passionnent si souvent, mais de la question importante entre toutes : le salut ou la perdition du monde. L'humanité perdra-t-elle son Dieu ? le royaume des cieux sera-t-il réduit à tomber dans l'erreur, la méchanceté, la dépravation ? ou la malédiction, accumulée depuis des siècles, sera-t-elle enlevée ? et un nouveau royaume de paix et de lumière ressortira-t-il vivant de la, mort et des ténèbres ? Sur la croix, en mourant, Jésus a résolu triomphalement toutes ces questions. Sans doute, si l'on regarde à la faiblesse et au petit nombre de ceux qui entourent la croix, on pourrait douter de la possibilité de la victoire. Mais, au moment où il incline la tête pour mourir, Jésus s'écrie : Tout est accompli. Dans le ciel, des légions d'êtres bienheureux répètent en choeur : tout est accompli, et, sur la terre, des milliers de créatures répondent à leur tour : Tout est accompli !

XI. JE REMETS MON ESPRIT ENTRE TES MAINS

La dernière parole du Seigneur le concerne personnellement. C'est l'adieu du mourant. Comme en commençant son agonie, Jésus expire le nom de son Père sur les lèvres. Sa vie entière a été une vie d'amour, d'obéissance, de communion avec Dieu, et sa mort vient y mettre le sceau. Il ne pouvait finir autrement.

Peu d'hommes savent comment il faut faire pour bien mourir ; c'est ici qu'on l'apprend. Le Seigneur nous permet de jeter un regard dans son coeur défaillant. S'il n'avait pensé qu'à lui-même, il aurait sans doute expiré dans le silence. S'il le fait avec un grand cri, c'est qu'à ce moment suprême, il est encore occupé de nous.

Que nous dit cette parole : « Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains. » (Luc XXIII, 46.) ?
Elle nous montre une mort heureuse, la mort de l'enfant de Dieu que rien ne sépare plus de son Père. Jésus remet son esprit entre ses mains comme Fils de Dieu, mais aussi comme Fils de l'homme. Il est difficile de mourir, de quitter les biens auxquels nous sommes attachés, de nous séparer de ceux que nous aimons. Si nous connaissions l'histoire de la plupart des hommes, nous en serions attristés ; mais souvent celle de leur mort nous glacerait d'épouvante. Les hommes les plus distingués, les meilleurs de l'ancienne alliance, sont morts en plaçant leur confiance dans les compassions de Dieu; ils avaient l'espérance, mais non la certitude joyeuse et filiale. Avant la venue du Christ, quelques âmes d'élite, embrassant avec hardiesse les promesses divines, en ont pressenti la réalisation future. Mais le nombre en était restreint.

Qui dira les soupirs douloureux, incertains, désespérés, de milliers de mourants ? Notre monde est un vaste cimetière. Une génération suit l'autre au tombeau et celle qui lui succède marche, inconsciente, à la rencontre de l'ennemi redoutable, sur la poussière de la précédente. Quand la mort s'approche pour faire valoir ses droits, alors l'indifférence fait place à l'angoisse et à la détresse.

Le Christ, en expirant à Golgotha, ne connaît ni l'incertitude ni la crainte. Il sait d'où il vient, où il va, sur qui il se repose. Il retourne paisible et heureux dans sa patrie, auprès de son Dieu ; il sait qu'il a le plein droit d'y entrer. Oh ! quel moment béni pour le Seigneur que celui où, quittant la terre d'exil, échappant au contact des pécheurs, aux mains des méchants, il s'est retiré à l'abri sous l'aile de son Père ! Son mal du pays est apaisé pour toujours.

Si la sainte mort du Seigneur était un simple fait historique, elle ne ferait que nous attrister et ne nous apporterait aucune consolation. Mais Jésus a racheté notre mort; il a emporté dans sa tombe nos péchés, notre dette, tout ce qui nous séparait du Dieu saint.

Il ne reste au Seigneur qu'une seule chose à accomplir, la dernière, par laquelle il doit se rendre semblable à ses frères : livrer son corps à la tombe, mourir afin de leur ouvrir le passage et d'éclairer pour eux la sombre vallée. Le chrétien, maintenant, peut s'endormir en paix, plein de confiance, assuré de la victoire.

Rien n'est plus incertain que la vie humaine. D'un jour à l'autre, nous sommes exposés à perdre les biens que nous possédons, ce que des années de travail nous ont acquis. La seule chose certaine, c'est la mort. Quant au moment où elle doit nous atteindre, il n'y a pas de règle ; l'incertitude est complète. Ici meurt un jeune homme, une jeune fille, au printemps de la vie ; là une femme dans la force de l'âge, et les uns et les autres dans des circonstances qui rendent leur perte irréparable et navrante. Chaque jour ramène le même spectacle douloureux. Il n'est personne qui n'ait été témoin de cette désolation, au moins une fois dans sa vie. On ne peut visiter un cimetière sans être attristé à la pensée des souffrances incalculables qui sont attachées à ces tombes. Combien de coeurs sont restés ensevelis avec leurs bien-aimés !

Il semble, qu'instruit par cette expérience, l'homme le plus inculte et le plus léger devrait se préparer à la mort. Quand s'approche le dernier moment, chacun, il est vrai, aimerait bien s'en aller en paix. Mais, en santé, plein de forces. on y pense peu. Pendant les trente-trois ans de mon ministère, j'ai visité un grand nombre de malades sur leur lit de mort, mais je n'en ai pas vu un seul qui ne désirât aller au ciel. À l'approche de l'éternité, la conscience fait entendre des appels auxquels nul ne peut résister. Écoutons-les avant que vienne la dernière heure et, comme nous n'en connaissons pas le moment, « si aujourd'hui nous entendons sa voix, n'endurcissons point nos coeurs. » (Hébr. III, 15)

Si tu veux t'endormir en paix, - je sais que tu le désires - va l'apprendre à Golgotha. Pour mourir paisible et joyeux, pour pouvoir remettre ton âme entre les mains du Père céleste, il faut que le Dieu saint soit devenu ton Père. Ta mort sera la conséquence de ta vie spirituelle. « Celui qui sème pour la chair, moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l'Esprit, moissonnera de l'Esprit la vie éternelle. » (Gal, VI, 8.)

Pour ceux qui appartiennent à Christ, la mort est douce et pleine de consolation. « Quand je vous aurai préparé une place, je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin qu'où je serai, vous y soyez aussi. » (Jean XIV, 3.) « Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur. » (Apoc. XIV, 13.) Oui, ce sera un moment de bonheur indicible pour l'enfant de Dieu qui soupire après le ciel, que celui où il inclinera la tête, et remettra son esprit dans les mains du Dieu des miséricordes. Ses yeux se fermeront aux choses d'ici-bas, en les rouvrant, il verra le Seigneur qui l'introduira dans la patrie céleste. Quelle compensation aux longues et tristes années de l'exil ! « Il n'y a point de proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir, qui doit être manifestée en nous. » (Rom. VIII, 18.) Veuille le Seigneur nous accorder, après notre pèlerinage, un tel retour dans la maison paternelle !

XII. MORT DU CHRIST

À l'instant où le Dieu-homme expire, il se produit dans la création entière, dans le monde visible et dans celui qui est invisible, un immense ébranlement. Le ciel et la terre rendent témoignage, d'une manière saisissante, à ce fait inouï.
« En même temps, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas. » (Matth. XXVII. 51) Cet événement n'est que l'écho de ce qui se passe dans le monde invisible. Moïse avait établi le sanctuaire terrestre de Jéhovah d'après le modèle qui lui avait été montré sur le Sinaï. (Exode XXV.) Le lieu très-saint, dans lequel l'Éternel se manifestait pour diriger son peuple, était caché aux yeux de tous par un voile. très épais, fait d'étoffes précieuses. (Exode XXVI, 31, 33.) Personne n'avait le droit de le soulever. Une fois par an, seulement, au grand jour des expiations (Exode XVI, 1-10 ; Hébr. IX, 7, 8), le souverain sacrificateur entrait dans le sanctuaire avec le sang de l'alliance. Le lieu très saint était fermé à tous, afin de rappeler incessamment au peuple que le péché le séparait du Dieu trois fois saint. Lorsque le grand sacrifice fut accompli sur Golgotha, lorsque l'Agneau de Dieu « fut entré dans le saint des saints, avec son propre sang » (Hébr. IX, 12), alors le voile du temple se déchire, symbole de ce qui se passe dans le ciel, véritable sanctuaire.

Nous connaissons ce fait merveilleux ; il n'est personne qui ne l'ait lu ou entendu raconter. Il n'en est malheureusement pas de même de son application pratique : « Ayant donc la liberté d'entrer dans le sanctuaire, par le sang de Jésus, chemin nouveau et vivant, qu'il nous a frayé à travers le voile, c'est-à-dire à travers sa chair ; approchons-nous avec un coeur sincère, dans une pleine certitude de foi, ayant les coeurs purifiés des souillures. » (Hébr. X, 19-22.) Si, par un concours de circonstances exceptionnelles, un pauvre homme obtenait le libre accès auprès d'un puissant monarque, devant lequel les princes et les grands de la terre se prosternent avec le plus profond respect, et qu'il lui fût permis de lui présenter en tout temps ses besoins et ses voeux, je me représente qu'il s'estimerait très heureux et que son sort serait envié de tous.

Un privilège bien plus glorieux nous est accordé. Le Dieu tout puissant, que les chérubins et les séraphins adorent en se voilant la face, accorde à de pauvres créatures tombées le droit de s'approcher en tout temps de son trône, de déposer à ses pieds leurs soucis et leurs peines, d'implorer de lui force, paix et secours. Quoi ! celui qui tient dans sa main ton bonheur et ton malheur, t'ouvre la porte de son sanctuaire ; il t'invite à demander grâce sur grâce ; et tu resterais loin de lui, avec ta pauvreté et ta misère, sans répondre à ses appels !

« Les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs des saints, qui étaient morts, ressuscitèrent ; et étant sortis de leurs sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte cité, et ils furent vus de plusieurs personnes. » (Matth. XXVII, 52, 53.) Ces tombeaux qui s'ouvrent, ces morts qui ressuscitent, annoncent à tous que Jésus-Christ est le Seigneur, « qu'il domine sur les morts et sur les vivants. » (Rom. XIV, 9.) Dans le monde des trépassés, sa mort aura aussi occasionné une commotion saisissante. Ceux qui s'étaient endormis dans la foi à un Sauveur à venir, accourent au devant de lui, pour demeurer « toujours avec le Seigneur. » (I Thess. IV, 17.) Christ n'entre pas seul dans le lieu très saint ; il amène avec lui, comme fruits de son travail, ceux qui l'ont attendu par la foi.

« Tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et sortiront. » (Jean V, 28.) « Je suis la résurrection et la vie » (Jean XI, 25), avait dit Jésus. L'apparition à Jérusalem des saints ressuscités est un témoignage divin et puissant de l'oeuvre rédemptrice du Sauveur et de sa victoire sur la mort. C'est en même temps une prophétie de la résurrection bienheureuse des enfants de Dieu.

« La terre trembla, les rochers se fendirent. » (Matth. XXVII, 51.) Un violent tremblement de terre ébranle la nature. C'est une magnifique oraison funèbre ordonnée par Dieu à la mort du Médiateur de l'humanité, de Celui « par qui et pour qui sont toutes choses. » (Rom. XI, 36.) « Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres crieront » (Luc XIX, 40), avait dit le Seigneur aux pharisiens, quelques jours auparavant. Tous ceux qui l'ont connu et aimé se taisent. Personne ne comprend le grand acte qui vient de s'accomplir.

Alors Dieu entre en scène d'une manière qui fait trembler amis et ennemis. La terre, demeure des pêcheurs, théâtre de leurs abominations et de leurs péchés, profanée par leurs débordements, fait entendre des roulements de tonnerre souterrain. C'est un témoignage solennel rendu à la majesté et à la divinité du Christ qui vient d'expirer. C'est aussi le joyeux tressaillement de la nature qui se sent délivrée de la malédiction, sous le poids de laquelle elle gémissait depuis des milliers d'années. « La création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés, dans l'espérance qu'elle sera aussi délivrée de la servitude de la corruption. Car nous savons que jusqu'à présent, toute la création soupire et souffre. » (Rom. VIII, 19-22.)

« Et le centenier, qui était vis-à-vis de Jésus, voyant qu'il avait expiré en criant ainsi, dit : Cet homme était véritablement Fils de Dieu. » (Marc XV, 39.) Au moment où les disciples ont perdu tout espoir, celui-ci renaît dans le coeur du païen. Le rude guerrier avait assisté à de nombreux supplices ; jamais il n'avait vu pareille mort. Il le reconnaît avec franchise et il condamne, par sa déclaration, les juges injustes du Seigneur. Ce capitaine fut les prémices de la grande multitude, composée de « gens de toute nation, tribu, peuple et langue » (Apoc. VII, 9), qui ont été amenés au salut par la vue de la croix.

« Et tout le peuple qui s'était assemblé à ce spectacle, voyant les choses qui étaient arrivées, s'en retournait en se frappant la poitrine. » (Luc XXIII, 48.) Ce sont ici les signes avant-coureurs de la Pentecôte, où l'on entendra, à Jérusalem même, des juifs, « touchés de componction, dire à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ? » (Act. Il, 37.) C'est le fruit de l'intercession de Jésus : « Père, pardonne-leur. » Ce que le Seigneur n'avait pu obtenir par ses miracles et ses enseignements, sa sainte mort l'accomplit. À peine a-t-il rendu l'Esprit, que les premiers signes de la vie nouvelle éclatent au dehors. « C'est pourquoi, dit saint Paul, je ne me suis pas proposé de savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » (I Cor. II, 2.)


Nous voici parvenus au terme de cette étude, dans laquelle nous avons cherché à méditer la grande et importante histoire de la rédemption et à contempler la glorieuse image du Sauveur. Nous avons vu Celui devant lequel les meilleurs des hommes ne sont que souillure et péché ; nous l'avons vu humble, plein de compassion pour les pauvres et les affligés, obéissant à la volonté de son Père en toute chose et subissant le jugement à la place des pécheurs, « Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. » (Jean I, 29.) « Il s'est assis à la droite de Dieu dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de tout pouvoir, de toute domination, et de tout nom qui se puisse nommer. » (Eph. I, 20, 21.) Sous Son sceptre puissant et miséricordieux, nous pouvons vivre en paix, plein de confiance en son amour. N'oublions pas toutefois que le chemin par lequel le Seigneur a passé, celui de la croix à la gloire, est aussi celui que ses disciples doivent suivre.

Puisse cette étude fortifier et consoler les enfants de Dieu fatigués et découragés sur le chemin du ciel ! Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ dans l'incorruptibilité. Amen.


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