Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Du Thabor à Golgotha



VI
GOLGOTHA

VI. LES DEUX BRIGANDS

Le récit, que nous avons sous les yeux, resplendit de gloire, de grandeur, de miséricorde divine. Deux malfaiteurs sont crucifiés à la droite et à la gauche du Seigneur. Tous deux ont vécu de la même vie de péché ; tous deux vont mourir de la même mort ignominieuse. Mais, entre eux, quelle différence ! le ciel et l'enfer, la bénédiction et la malédiction !

« Et l'un des malfaiteurs qui étaient pendus, l'outrageait aussi, en disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi. » (Luc XXIII, 39.), Cette prière n'est point mauvaise en elle-même. Un père n'avait-il pas adressé, dans sa détresse, cette requête à Jésus : « Si tu y peux quelque chose, aide-nous et aie compassion de nous. » (Marc IX, 22.) Mais le malfaiteur n'est point sincère, sa prière est un blasphème, ainsi que la suite le montre. On a peine à comprendre qu'un homme, la plus noble, la plus pure des fleurs du jardin d'Israël. L'honneur est grand pour elle, et il le sera dans tous les âges, d'avoir été jugée digne d'être la mère du Sauveur. Elle a accompli sa tâche élevée comme la meilleure des mères, d'une manière digne d'admiration, mais non sans manquements.

La Parole de Dieu se tait sur le développement progressif du saint enfant et sur ses rapports avec sa mère. Le voile se lève à sa douzième année. Joseph et Marie, étant venus à Jérusalem pour la fête de Pâque, ne s'aperçoivent pas au premier abord qu'ils ont perdu l'enfant Jésus ; ce n'est qu'après trois jours de recherche inquiète, qu'ils le trouvent dans le temple, s'entretenant avec les docteurs et les surprenant par ses questions. « Mon enfant, lui dit Marie, pourquoi as-tu ainsi agi avec nous ? voici ton père et moi, nous te cherchions, étant fort en peine. Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être occupé aux affaires de mon Père ? » (Luc II, 48, 49.) À l'autorité terrestre de ses parents, Jésus oppose celle de son Père céleste à laquelle il se sent lié par un saint : Je dois.

Marie aurait dû s'y attendre, d'après ce qu'elle savait de la nature divine de son fils ; mais, au milieu des distractions de la fête et de l'agitation du voyage, elle l'avait oublié. Il lui faut apprendre tout de nouveau que son enfant est un enfant divin et que ses droits sur lui ne viennent qu'à l'arrière-plan.

Le silence se fait sur les dix-huit années suivantes. Jésus sort enfin de l'obscurité et commence son saint ministère. Toutefois son apparition dans le monde ne répond pas à l'attente d'Israël. Ce n'est point avec puissance et avec éclat, mais humblement et dans la retraite que le Seigneur rassemble ses quelques disciples.

Une noce à Cana réunit le Seigneur et sa mère. « Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n'ont plus de vin. Jésus lui répondit : Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n'est pas encore venue. » (Jean II, 3, 4.) Cette réponse sévère et presque dure, dans laquelle le mot de femme remplace celui de mère, devait faire comprendre à Marie sa position vis-à-vis du Seigneur. Si jusqu'alors, à Nazareth, « Jésus lui avait été soumis » (Luc II, 51), accomplissant le cinquième commandement ainsi que tous les autres, il se laissera dorénavant diriger uniquement par son Père céleste. Personne sur la terre, pas même sa mère, ne devra intervenir pour presser ou retarder sa marche.

Cette même pensée se représente plus tard d'une manière saisissante. « La mère et les frères de Jésus sortent pour le prendre, parce qu'on le disait hors de sens. Mais il leur répondit : Qui est ma mère, ou qui sont mes frères ? Et jetant les yeux sur ceux qui étaient autour de lui, il dit - Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma soeur et ma mère. » (Marc III, 31-35.) Les seuls rapports qui doivent exister entre lui et sa famille sont des rapports spirituels ; sa mère n'a plus de droits sur lui.

Quand, du milieu de la foule, une femme, pleine d'enthousiasme, « élève sa voix et lui dit : Heureux les flancs qui t'ont porté et les mamelles qui t'ont allaité », le Seigneur dirige son attention sur un but plus élevé : « Heureux, dit-il, ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Luc XI, 27, 28.)

Après ce qui précède, le mot de femme, adressé à Marie du haut de la croix, ne doit plus nous surprendre. C'est la conclusion de la sainte éducation qui devait élever la mère du Sauveur, de sa maternité humaine, à la position de disciple, et établir un éternel et nouveau rapport entre le Seigneur et elle, comme entre lui et tous les croyants.

Cette oeuvre difficile, le Seigneur l'accomplit avec amour, avec respect et patience. Marie ne l'entendit jamais lui dire, comme aux fils de Zébédée - « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés » (Luc IX, 55), ou comme à Pierre : « Arrière de moi, Satan. » (Marc VIII, 33.) Jésus supporte sa faiblesse naturelle et maternelle avec une sainte patience et il travaille avec amour à la remettre dans le droit chemin. Et Marie apprit à sacrifier sur l'autel des holocaustes son plus intime bonheur, son profond amour maternel. Elle est entrée dans la joie du ciel, non comme la mère du Sauveur, mais comme une enfant de Dieu rachetée.

La parole du Seigneur a un sens prophétique. Pour qui connaît la doctrine romaine de l'idolâtrie de la vierge, il paraît évident que Christ a voulu condamner d'avance cette coupable et grossière erreur. Il repousse avec fermeté toute ingérence de Marie dans son oeuvre, n'accordant de prérogative à sa maternité ni sur la terre ni dans le ciel.

VIII. ABANDONNÉ DE DIEU

« Or, depuis la sixième heure, il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu'à la neuvième heure. » (Matth. XXVII, 45.) De même qu'à Gethsémané, nous nous trouvons ici en présence d'un insondable mystère. Si, en méditant les souffrances de Christ, au jardin des Oliviers, notre science et notre intelligence nous ont paru constamment vaines et incomplètes, en présence de Golgotha, elles deviennent parfaitement inutiles. À Gethsémané, Jésus avait eu comme l'avant-goût de ses souffrances, ici elles fondent sur lui avec violence. La coupe que le représentant de l'humanité doit épuiser est remplie d'une lie profondément amère.

Il y a trois heures que Jésus est sur la croix. Son sang est presque entièrement écoulé. Les blessures de ses mains et de ses pieds enflés, la chaleur d'un soleil brûlant, la fièvre, font frissonner son corps. La torture corporelle augmente de moment en moment et devient insupportable. Le plus léger mouvement lui cause de cruelles douleurs et l'immobilité, dans cette épouvantable position, est impossible. Cependant les souffrances physiques ne sont pas les plus terribles.

Soudain, au milieu du jour, l'éclat du soleil diminue et s'éteint. (Matth. XXVII, 45.) De profondes ténèbres s'étendent sur Golgotha, sur Jérusalem, sur le pays tout entier. La nature est ébranlée ; les hommes se demandent avec angoisse ce que présage ce signe redoutable. La grandeur de l'événement correspond à la grandeur de la cause. Le Médiateur entre Dieu et l'humanité, Celui « par qui toutes choses ont été faites » (Jean I, 3), est à l'agonie. Dans le ciel et sur la terre, tout se tait et mène deuil.

Cette profonde obscurité qui, au milieu du jour et pendant trois heures, règne sur la terre est comme la manifestation de ce qui se passe dans l'âme du Sauveur. Christ, « lumière du monde » (Jean VIII, 12), « soleil de justice » (Mal. IV, 2), va passer par la mort. « Celui qui n'avait point connu le péché, a été traité en pécheur pour nous. » (2 Cor. V, 21.) La dette immense et incalculable de l'humanité s'appesantit sur le Seigneur et devient sienne. Les ténèbres extérieures sont l'image du péché, ou mieux encore, elles sont le péché même rendu visible et comparaissant pour être jugé. La lumière est devenue ténèbres. Le Saint a été fait péché.

Jésus lutta silencieusement pendant trois heures. Quand les eaux de l'angoisse eurent atteint leur plus haute élévation, quand la sainte victime se sentit près de succomber, elle jeta vers le ciel ce cri désespéré : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Matth. XXVII, 46.) Abandonné de Dieu ! Qu'est-ce à dire ? Jésus souffre-t-il réellement la condamnation des réprouvés ? Est-il abandonné et repoussé par son Père ?

Le Seigneur n'a pas prononcé une seule parole qui ne fût l'expression exacte de ses sentiments. Si, sur la croix, il s'écrie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? c'est qu'il se sent réellement abandonné de Dieu. Durant ces trois heures de ténèbres, il supporte lui seul, le jugement du monde entier, le désespoir de millions de créatures, la colère de la justice divine.

Il ne pouvait, du reste, en être autrement. La grandeur du rachat devait être proportionnée à la grandeur de l'offense, sans cela nous ne serions pas sauvés. Si les hommes créés à l'image de Dieu, et destinés à la gloire éternelle, ont mérité, par leurs péchés et par leur éloignement de Dieu, d'être jugés et condamnés à toujours, celui qui se met à leur place, doit souffrir ce qu'ils auraient dû souffrir. « Qui peut comprendre, dit Luther, ce que signifie cette parole : Abandonné de Dieu ? nous ne faisons qu'à peine le pressentir. Nulle créature, dans le ciel ou sur la terre, n'aurait pu endurer un instant cet abandon de Dieu. Seul, le Christ en a été capable. Tous auraient succombé ou seraient tombés dans le désespoir : sans Dieu, sous le poids de la colère divine, abandonné de tous, de Dieu même ! »
Mais, comme Fils de Dieu, Jésus a la promesse de la victoire. « Il a été fait malédiction » (Gal. III, 13), et il prie. « Il est traité en pécheur » (2. Cor. V, 21), et il soupire après Dieu, il s'attache à lui par la foi : Mon Dieu, mon Dieu !

Pour nous rendre compte de la profonde amertume que renfermait pour Jésus ce fait que Dieu l'avait abandonné, il nous faudrait connaître son intime et sainte union avec son Père. Notre sens charnel, notre légèreté nous en rendent incapables. Quand nous jouissons pour un temps de la communion de Dieu, nous trouvons la chose toute naturelle, mais, le plus souvent, cette communion n'est que momentanée et sans profondeur. Nous ne sentons ni le bonheur d'une complète union avec Dieu, ni le malheur d'être abandonné de lui. Christ, lui, a éprouvé l'un et l'autre.

Par sa mort, Christ a levé la malédiction qui pesait sur l'humanité ; la justice est satisfaite, le ciel ouvert ; l'amour de Dieu peut se manifester librement et sans obstacle envers les pauvres pécheurs. Le péché, la mort, le diable sont vaincus.

Le Seigneur nous a délivrés du péché. Il l'a pris sur lui afin de nous préserver de la condamnation éternelle. justifiés devant Dieu, participants de sa gloire, « nous avons la rédemption par son sang. » (Eph. I. 7.) Par lui, nous sommes rendus agréables à Dieu.

Ceux qui sont à Christ ne sont plus soumis à la puissance du péché. Le Seigneur leur communique la force nécessaire pour le combattre et le vaincre. « Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises. » (Rom. VI, 12.) « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. (Rom. VIII, 1.)

« Le salaire du péché, c'est la mort. » (Rom. VI, 23.) La mort n'a plus de pouvoir sur ceux qui sont en Jésus-Christ. « 0 mort, où est ton aiguillon ? O enfer, où est ta victoire ? » (I Cor. XV, 55 -) « Christ est la vie. » (Jean XIV, 6.) Il donne aux siens, dès ici-bas, la vie éternelle. Pour eux, la mort n'est plus la mort, mais l'entrée dans la maison paternelle.

Le diable est la source de tous les maux de l'humanité. Personne n'est à l'abri de ses attaques. Ceux qui entrent en lutte avec lui sont en butte à ses traits les plus acérés. Le Fils de Dieu, « a détruit celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire le diable. » (Hébr, II, 14.) Durant les sombres heures de Golgotha, il a supporté les plus puissants assauts de l'adversaire et il les a surmontés. Le fort a été vaincu et lié ; la puissance lui est enlevée. Il peut, à la vérité, tourmenter et tenter encore les enfants des hommes, mais il ne peut plus dominer sur ceux qui sont en Jésus. Il y a un port assuré pour tous ceux qui désirent échapper au malin, une armure divine, « par le moyen de laquelle on peut éteindre tous ses traits enflammés. » (Eph. VI, 16.)

À Golgotha, Jésus-Christ a acquis la rédemption éternelle et parfaite pour tous les hommes. La grâce de Dieu leur est offerte. « O vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux ! » (Esaïe LV, 1.) « Soyez réconciliés avec Dieu. » (2 Cor. V, 20.)

Quelle que grave que soit sa faute, nul pécheur ne doit désespérer ou se croire abandonné de Dieu. « Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. (I Jean, II, 1.) » Beaucoup de personnes estiment que, pour être chrétien, il suffit de lire la Bible, de voir en Jésus un ami, peut-être le meilleur, et de faire parfois quelque chose pour lui, par exemple d'aller le dimanche à l'église. La parole de Dieu tient un tout autre langage. Ce n'est pas de l'apparence qu'il s'agit, mais de la réalité de nos rapports spirituels avec Christ. Il faut que nous devenions des temples dans lesquels le Seigneur puisse habiter. « Vous êtes le temple de Dieu. » (I Cor. III, 16.) « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. » (2 Cor, V, 17) « Si quelqu'un n'a point l'esprit de Christ, celui-là n'est point à lui. » (Rom. VIII, 9.)

IX. J'AI SOIF

« Alors Jésus voyant que tout était accompli, dit, afin que l'Écriture fut accomplie : J'ai soif. » (Jean XIX, 28.) Le suprême combat est près de finir. La puissance des ténèbres est vaincue. Le Seigneur a vidé jusqu'à la lie le calice de la souffrance. Ses dernières paroles se succèdent rapidement ; car la fin approche. Mais l'obscurité spirituelle s'est dissipée ; tout est redevenu lumière et paix. Maintenant il peut accorder un faible et dernier soulagement à son corps défaillant.
Si la parole qui précède était l'expression de la souffrance morale parvenue à son point extrême, « J'ai soif », exprime l'intensité de la souffrance physique sur laquelle le Seigneur avait jusqu'alors gardé le silence.

Jésus n'avait pris aucune nourriture depuis le soir précédent, lors de l'institution de la Cène. Ce qu'il a souffert moralement et physiquement, est impossible à réaliser : à Gethsémané, devant Caïphe et Pilate, puis entre les mains des soldats et enfin sur la croix. Et tout cela, sans s'accorder le moindre rafraîchissement, sans prendre même une goutte d'eau !

Le malade qui, brûlant de fièvre, soupire après un verre d'eau, le blessé qui, sur le champ de bataille, demande à boire en gémissant, ne peuvent avoir qu'une bien faible idée de la fournaise dans laquelle Jésus a passé ces six heures d'agonie. Le Seigneur devait, et voulait, supporter jusqu'à la fin, la souffrance la plus épouvantable afin de s'approprier toutes les conséquences du péché. Dans là pensée de Dieu, cette longue agonie faisait partie de l'expiation. Le Seigneur aurait pu, comme les autres suppliciés, réclamer parfois un peu d'eau ; le capitaine de garde, au pied de la croix, ne le lui aurait sans doute pas refusé. Mais, de même qu'il avait repoussé le breuvage assoupissant, afin de conserver l'entière possession de lui-même, Jésus tait sa soif et sa défaillance jusqu'à ce que tout soit accompli.

Si l'on se souvient de ce que le Seigneur avait dit des souffrances des damnés, particulièrement dans la parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare, on comprendra que le supplice de la soif faisait aussi partie de l'expiation. Mille ans auparavant, l'Esprit de Dieu parlant, par la bouche de David, des souffrances du Messie, avait prophétisé : « Mon coeur est comme la cire, il se fond dans mes entrailles. Ma vigueur est desséchée comme la brique ; ma langue est attachée à mon palais. » (Ps. XXII, 15, 16.) « Dans ma soif ils m'abreuvent de vinaigre. » (Ps. LXIX, 22.)

Le verre d'eau qui ne fait pas défaut au malade le plus abandonné, le verre d'eau que nul n'oserait refuser à son prochain de peur de passer pour inhumain, Dieu ne l'a pas accordé à son Fils bien-aimé, tandis qu'il était sur la croix, à l'agonie. Qu'est-ce qui nous paraît le plus étonnant et le plus incompréhensible ? L'amour de Dieu pour les hommes qui, au lieu de frapper le coupable, livre son propre Fils à de telles souffrances, ou la sainte obéissance du Sauveur qui, sans hésiter, se charge de tout le poids de la condamnation ?

C'est pour notre pauvre humanité que le Sauveur répand son sang et qu'il souffre des douleurs surhumaines. C'est à elle qu'il s'adresse pour obtenir un dernier et faible soulagement afin que, avant de mourir, sa langue desséchée puisse annoncer au monde, par un grand cri - qui retentira jusqu'à la fin des jours - que le salut est accompli. C'est à ses bourreaux qu'il demande un adoucissement à sa souffrance, leur témoignant ainsi une fois de plus son amour qui aime et qui pardonne. « Et aussitôt un des soldats courut et prit une éponge, et, l'ayant remplie de vinaigre, il la mit au bout d'un roseau et lui en donna à boire. » (Matth. XXVII, 48.) Après tant d'amertumes, c'était, il est vrai, encore du vinaigre. Mais le saint martyr s'en contente et ce léger service que lui rend le pauvre soldat ne sera pas resté sans récompense.

La soif du Seigneur a pour toujours apaisé la soif de l'humanité. Les glorieuses promesses peuvent désormais s'accomplir : « Vous puiserez des eaux avec joie aux sources du salut. » (Esaïe, XII, 4.) « O vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux. » (Esaïe LV, I.) « Je ferai jaillir des fleuves sur les hauteurs, et des sources au milieu des vallées. » (Esaïe XLI, 18.) L'affligé, le malade, le voyageur égaré au désert, sont assurés de trouver soulagement et secours. Celui qui a souffert sur la croix les plus amères privations est le Maître ; il accordera à ceux qui viennent à lui tout ce dont ils ont besoin.

Si ta conscience se réveille et que tu frémisses de crainte à la pensée du jugement, le bâton et la houlette du divin Crucifié te consoleront dans la sombre vallée. (Ps. XXIII, 4, 5.) « Il délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude. » (Hébr. II, 15.) Si c'est le deuil qui s'appesantit sur toi, il adoucira avec une compassion ineffable les larmes amères de ceux qui viennent pleurer à ses pieds. « L'espérance des justes est la joie. » (Prov. X, 28.) « C'est moi, c'est moi qui vous console. » (Esaïe LI, 12.)

Si c'est la souffrance physique que Dieu t'assigne en partage, la vue du grand Patient de Golgotha sera pour toi un précieux encouragement. Nous nous exagérons souvent nos maux, nous nous impatientons, nous trouvons que Dieu nous traite avec sévérité. « Regardons à Jésus qui, méprisant l'ignominie, a souffert la croix. » (Hébr. XII, 2.) N'est-ce pas une précieuse consolation de savoir que notre miséricordieux « souverain Sacrificateur a été éprouvé en toutes choses comme nous ? (Hébr. IV, 15), et qu'il a combattu afin de nous obtenir secours et grâce ? » Demandez, et on vous donnera. » (Matth. VII, 7.) Le plus petit enfant peut prier.

Si Dieu juge à propos de nous envoyer des privations, souvenons-nous que Jésus les a toutes connues. De souffrir à son service et, pour l'amour de lui, élève le chrétien et le scelle du sceau divin. Paul, le fidèle serviteur de Dieu, n'a-t-il pas souffert pour son Maître, non seulement des persécutions, mais « dans les peines, dans les travaux, dans de fréquentes veilles, dans la faim, dans la soif, souvent dans les jeûnes, dans le froid et dans la nudité ? » (2 Cor. XI, 27.) Les chrétiens de nos jours n'aiment guère les privations. Quand le Seigneur leur en impose, c'en est fait de leur joie. Ils ne sont pas nombreux ceux qui peuvent répéter avec saint Paul : « J'ai appris à être content de l'état où je me trouve. J'ai appris à être rassasié et à avoir faim ; à être dans l'abondance et à être dans la disette. je puis tout par Christ, qui me fortifie. » (Phil. IV, 11, 12.)

Durant sa vie terrestre, le Seigneur a été l'homme à la fois le plus riche et le plus dépourvu de biens. Il a traversé la vie comme un pauvre et, en une seule fois, il rassasie « environ cinq mille hommes. » Après qu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : « Ramassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde. » (Jean VI, 10-12.) Qu'aura-t-on fait de ces douze corbeilles pleines de morceaux de pain coupé et sec ? Je me représente que le Seigneur en aura vécu, lui et ses disciples, pendant plusieurs jours.

Sur Golgotha, il est dépouillé, dans la langueur, et il ouvre le ciel au malfaiteur repentant. Son exemple n'est-il pas propre à nous enseigner la sobriété, le contentement d'esprit, la patience dans la souffrance et la compassion pour les déshérités de la vie ? « J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli, j'étais nu, et vous m'avez vêtu ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous m'êtes venu voir. Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume. » (Matth. XXV, 34-36.)

Pourquoi Jésus endure-t-il la soif ? pourquoi défaille-t-il sur la croix ? c'est pour sauver les pécheurs, pour les ramener à la maison paternelle, pour leur assurer un héritage éternel et bienheureux. Durant toute sa vie, Jésus a eu soif du salut des pécheurs. Lorsqu'un jour, « fatigué du chemin, » il s'assied sur la fontaine de Jacob, et qu'il y rencontre une pauvre femme tombée, il cherche à éveiller en elle le désir du salut et, dans sa joie de bon Berger, il néglige le manger et le boire. « J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas, » dit-il à ses disciples surpris. (Jean IV, 6-32.)

Ce qu'il a été durant sa vie terrestre, il l'est maintenant encore, assis à la droite du trône de Dieu. Oh ! si tu pouvais lire dans son coeur, pauvre pécheur ! Il t'a suivi, lorsque tu t'égarais au désert loin de lui, et maintenant il voit couler tes larmes de repentance. Après tout ce qu'il a souffert, penses-tu qu'il lui soit indifférent que tu acceptes joyeusement son sacrifice ou que tu le repousses avec dédain ? Il ne cesse de soupirer pour ton salut, de rechercher ton amour, de travailler à ta rédemption. Te voir sauvé est la récompense qu'il demande pour prix de ses douleurs. Si tu veux réjouir son coeur, montre-lui ta reconnaissance et ton amour. « Nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier. » (I Jean IV, 19.)


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