LA CLÉ DU BONHEUR
8.
La repentance et ses fruits.
(Actes
17,30.)
La repentance est l'une des doctrines
fondamentales de la Bible, mais c'est aussi l'une
des plus mal comprises. Les définitions
qu'on en donne généralement sont bien
étranges et bien erronées.
Personne n'est prêt à
recevoir et à croire l'Évangile
à moins d'être prêt aussi
à se repentir de ses péchés et
à s'en détourner. Avant de rencontrer
Jésus, Jean-Baptiste n'avait qu'un seul
discours : « Repentez-vous ;
car le royaume des cieux est proche. »
(Matt.
3, 2.) Mais s'il avait
continué à répéter
cette parole, sans jamais montrer au peuple
« l'Agneau de Dieu », son
oeuvre eût été très
imparfaite.
Quand Jésus parut, il
s'empara de la même déclaration :
« Repentez-vous, car le royaume des cieux
est proche. »
(Matt. 4, 17) Et quand Il envoya ses
disciples pour prêcher, ce
fut avec le même message :
« Ils prêchèrent qu'on se
repentît. »
(Marc
6, 12.) Après qu'Il eut
été glorifié, quand le
Saint-Esprit fut envoyé du ciel, nous
retrouvons Pierre, au jour de la Pentecôte,
faisant entendre le même cri :
« repentez-vous ! » Et ce
fut cette prédication - la repentance et la
foi en l'Évangile - qui produisit de si
merveilleux résultats
(Actes
2, 38, 47)
Avant que je dise ce
qu'est
la repentance, j'expliquerai brièvement ce
qu'elle n'est pas.
La repentance n'est pas la
crainte. Bien des gens confondent ces deux
choses. Ils s'imaginent qu'ils doivent être
alarmés, terrifiés ; ils
attendent qu'une sorte de frayeur s'empare d'eux.
Mais il y a des multitudes de gens alarmés
qui ne se repentent pas. Que de matelots, dans la
tempête, crient miséricorde à
Dieu, pour recommencer, une fois la peur
passée, à jurer et à se mal
conduire! Ce n'était pas la repentance, mais
la peur qui les faisait crier.
La repentance n'est pas non plus
une impression. Bien des
gens
s'attendent à éprouver une
émotion extraordinaire ; ils
voudraient se donner à
Dieu, mais ils n'osent le faire avant de l'avoir
ressentie. À Baltimore, je prêchais
chaque dimanche à 900 criminels dans la
maison de force. Il n'y avait pas un seul homme,
dans cet auditoire, qui ne se sentît
misérable ; pendant la première
semaine de leur séjour dans la prison, ils
avaient tous passé la moitié du temps
à pleurer. Pourtant, si on leur eût
donné la liberté, la plupart seraient
retournés à leurs mauvaises actions.
Au fond, ils se sentaient malheureux parce qu'ils
avaient été pris, voilà
tout.
La repentance n'est pas
davantage
le jeûne et la macération. Un
homme petit jeûner pendant des mois et des
années, et loin d'abandonner son
péché, faire de ses pénitences
une raison pour persévérer dans le
mal.
La repentance n'est pas le
remords. Judas eut des remords, il en eut de si
terribles qu'ils le poussèrent au
suicide : cependant il ne s'était pas
repenti. Je crois que, s'il fût revenu vers
son Maître, S'il se fût jeté
à ses pieds et lui eût demandé
grâce, il eût été
pardonné. Au lieu de cela, il alla vers les
prêtres, puis il se pendit. Toutes les
pénitences du monde n'impliquent pas
la vraie repentance.
Souvenez-vous bien que vous ne pouvez payer les
péchés de votre âme avec les
douleurs de votre chair. Chassez cette dangereuse
et coupable illusion !
La repentance n'est pas la
conviction du péché. Cela peut
paraître étrange, mais ce n'est que
trop vrai. J'ai vu des hommes si
profondément convaincus de leur
péché qu'ils n'en pouvaient dormir,
ni manger, ni boire. Ils restaient des mois entiers
dans cet état, mais ne se convertissaient
pas.
Prier n'est
pas se
repentir. Cela aussi peut paraître
étrange, et pourtant bien des gens,
désireux d'être sauvés, se
confient vainement dans leurs prières et
dans la lecture de la Bible, s'imaginant que cela
tient lieu de repentance. On peut crier à
Dieu et ne s'être point converti.
Renoncer à un
péché particulier, ce n'est pas non
plus un indice suffisant de repentance. Bien des
gens commettent cette erreur. Un ivrogne cessera de
boire, et s'imaginera être sauvé, mais
il se trompe. Renoncer à un seul
péché, c'est couper une seule branche
de l'arbre, quand l'arbre tout entier doit
être arraché. Supposez que je sois
à bord d'un navire et que
j'y découvre soudain trois ou quatre voies
d'eau. Si j'en bouche une seule, cela
n'empêchera pas le navire de
sombrer.
Qu'est-ce donc, me
demanderez-vous,
que la repentance ?
Je vous en donnerai la
définition en langage militaire : c'est
ce que les soldats appellent un
« demi-tour à droite. »
C'est changer absolument de direction ;
c'est marcher dans le sens opposé à
celui que l'on a suivi.
« Retournez-vous, retournez-vous, car
pourquoi mourriez-vous ? » Peu
importe qu'un homme soit heureux ou malheureux dans
le péché, qu'il en souffre on n'en
souffre pas : s'il ne s'en détourne,
Dieu ne peut lui faire grâce.
La repentance, c'est un
changement
d'esprit, ou de détermination.
Prenons pour exemple cette
parabole,
racontée par Christ : « Un
homme avait deux fils : il vint au premier et
lui dit : Mon fils, va travailler aujourd'hui
dans ma vigne. Mais il répondit :
« Je n'y veux point aller. »
(Matt. 21, 28. 29.) Après
qu'il eut dit : non, il
réfléchit et changea d'avis.
Peut-être se dit-il : « Je
n'ai pas parlé respectueusement à mon
père. Il m'a demandé d'aller
travailler et j'ai
refusé ; j'ai eu
tort » Mais supposez qu'il eût
ainsi parlé et s'en fût tenu
là ; il ne se serait pas repenti. Non
seulement il demeura convaincu qu'il avait eu tort,
mais il s'en alla aussitôt aux champs pour
labourer. Voilà comment Christ
Lui-même définit la repentance. Si
quelqu'un dit : « Par la grâce
de Dieu, j'abandonne mon péché et je
ferai désormais sa
volonté » celui-là se
repent ; c'est la véritable
conversion.
Peut-on se repentir
sur-le-champ ? Certainement Il ne faut pas six
mois pour changer d'avis. Il y a un moment, dans la
vie de tout homme, où il peut
s'arrêter et dire : « Par la
grâce de Dieu, je n'irai pas plus loin sur le
chemin de la mort éternelle. Je me repens de
mes péchés et je m'en
détourne. » S'il laisse passer ce
moment-là, il peut être trop tard.
N'attendez pas de sentir vivement vos
péchés ; si vous êtes
convaincus d'être dans la mauvaise voie, cela
suffit ; détournez-vous aussitôt,
c'est la vraie repentance, et c'est le
salut.
Tous les exemples de conversions
qui
se trouvent dans la Bible sont des conversions
instantanées. La repentance et la
foi viennent le plus souvent
soudainement. Au moment où un homme se
décide, Dieu lui donne la force ;
Il ne lui demande pas de faire l'impossible.
À l'homme de vouloir, à Dieu
de pouvoir. Il ne commanderait pas à
« tous les hommes de se
repentir » s'ils en étaient
incapables. Ceux qui ne se repentent pas et ne
croient pas à l'Évangile ne pourront
blâmer qu'eux-mêmes.
La vraie repentance doit porter
des
fruits. Si nous avons fait tort à quelqu'un,
nous ne pouvons demander à Dieu de nous
pardonner avant d'avoir réparé le
mal.
UN VOL DE CONFIANCE.
Un soir que je prêchais dans une ville, je
fus abordé après la réunion
par un homme de belle apparence. Il était
dans une grande angoisse. « Voici le
fait, me dit-il, je suis un voleur. J'ai pris de
l'argent à mes patrons. Comment puis-je
devenir chrétien, sans rendre cet
argent-là ? - Avez-vous la
somme ? » - Il me répondit
qu'il ne l'avait pas tout entière : il
avait dérobé 7,500 francs, et il ne
lui en restait plus que 4,750. Il me dit :
« Ne pensez-vous pas
qu'avec cet argent, je pourrais faire des affaires,
et gagner ainsi de quoi rendre la somme
entière ? » Je lui
répondis que c'était là une
mauvaise pensée ; qu'il ne pouvait
s'attendre à prospérer avec de
l'argent volé ; qu'il lui fallait
rendre tout ce qui lui restait, et demander pardon
à ses maîtres. - « Mais ils
me mettront en prison, répondit-il ; ne
pouvez-vous m'aider ? - Non, il faut rendre
l'argent avant que vous puissiez attendre aucun
secours de Dieu. - C'est bien dur, reprit-il. -
Très dur, répondis-je, mais c'est la
conséquence inévitable d'une grande
faute. »
Le fardeau devint si lourd qu'il
n'y
put tenir. Il me remit l'argent - 4,750 francs et
quelques centimes - et me demanda de le rapporter
à ses patrons. Le soir suivant, les deux
négociants et moi, nous nous
rencontrâmes dans une chambre attenante
à l'Eglise. Je mis l'argent devant eux et je
les informai qu'il venait de l'un de leurs
employés. Je leur racontai l'histoire, je
leur dis que ce dont il avait besoin,
c'était de miséricorde et non de
justice. Les larmes coulèrent sur les
visages de ces deux hommes, et
ils me dirent : « Certes, nous
serions heureux de lui pardonner. » Je
descendis pour aller le chercher. Après
qu'il eut confessé sa faute et reçu
son pardon, nous nous mîmes tous quatre
à genoux et nous eûmes une
réunion de prières bénie. Dieu
se trouvait au milieu de nous.
L'INCENDIAIRE.
Après une de mes prédications, un
homme s'approcha de moi. « Voyez, me
dit-il, mes cheveux sont gris et je n'ai que 32
ans. Il y a 12 ans que je porte un terrible
fardeau. - Quel est-il ? lui demandai-je. -
Mon père mourut et laissa ma mère
seule avec moi, n'ayant qu'une petite imprimerie
pour toute fortune. Après sa mort, le petit
journal que nous imprimions commença
à baisser ; et je vis ma mère
descendre peu à peu dans la misère.
La maison et le journal étaient
assurés pour 5,000 francs. J'avais 20
ans ; je mis le feu à la maison, je
touchai les 5,000 francs et les donnai à ma
mère. Il y a 12 ans que, le souvenir de ce
crime me hante. J'ai essayé de le noyer
dans les
plaisirs ; j'ai
blasphémé, j'ai cherché
à devenir incrédule, j'ai voulu me
prouver à moi-même que la Bible n'est
pas vraie, j'ai tout fait, sans parvenir à
faire cesser mes tourments. » Je lui
dis : « Il y a un moyen de sortir de
là. - Lequel ? me demanda-t-il. -
Restituez. Asseyons-nous et calculons
l'intérêt de ces 5,000 francs, et vous
payerez cette somme à la compagnie
d'assurances. » Vous auriez eu du plaisir
à voir le visage de cet homme s'illuminer,
lorsqu'il s'aperçut qu'il y avait espoir
pour lui.
Souvenez-vous que maintenant
est le seul instant favorable pour vous repentir.
Maintenant vous pouvez voir tous vos
péchés effacés. Dieu veut vous
pardonner ; Il cherche à vous ramener
à Lui. Mais la Bible enseigne clairement
qu'il n'y a point de repentir après celle
vie. Certains docteurs prétendent qu'il
est possible d'être sauvé au
delà du tombeau ; je ne vois pas cela
dans l'Écriture. J'ai sondé
soigneusement ma Bible et je n'ai pu y trouver un
seul texte m'autorisant à croire qu'il y ait
au delà de la tombe d'autres occasions de
salut.
Et pourquoi nous faudrait-il
plus de
temps que Dieu ne nous en
donne ? À cet instant même, si
vous le voulez, Vous pouvez vous détourner
de vos péchés. « Je ne
désire pas la mort de celui qui meurt, dit
le Seigneur, l'Éternel. Convertissez-vous
donc, et vivez ! »
(Ezéchiel 18, 32.)
D. L. M
|