LUC

Luc est avant tout un historien qui, « après avoir fait des recherches exactes », s'applique à relater les événements d'une manière suivie.
Tandis que Matthieu écrit pour les Juifs, Marc pour les Romains, Luc écrit pour les Grecs.

« L'évangile de Luc, lit-on dans Renan, est le plus littéraire des évangiles. Tout y rit, tout y pleure, tout y chante. Partout des larmes et des cantiques. C'est l'hymne du peuple nouveau, l'hosanna des petits et des humbles introduits dans le royaume de Dieu. C'est le plus beau livre qu'il y ait. » (Les Évangiles, p. 283) (1).

1. La personnalité de l'auteur.
Luc, le médecin bien-aimé (Col. 4. 14.), fut un compagnon d'oeuvre de l'apôtre Paul, et l'un de ses amis les plus fidèles (2 Tim. 4. 11 ; Philé. 1. 24.). Il fut aussi en rapports directs avec les apôtres, témoins oculaires de la vie du Sauveur.
On se le représente interrogeant Marie, mère de Jésus, les familiers de Zacharie et d'Elisabeth, et beaucoup d'autres survivants de la grande époque.

2. L'originalité de Luc.
Cet évangile est riche en récits et paraboles qui n'appartiennent qu'à lui. On constate que sur 1310 versets des trois premiers évangiles, 541 sont propres à Luc. Qu'on relise en particulier :

- L'évangile de l'enfance, ch. 1 et 2

- La parabole du bon Samaritain, ch. 10

- Les trois paraboles de la grâce, ch. 15

- L'économe infidèle, ch. 16

- Le mauvais riche, ch. 16

- Le pharisien et le péager, ch. 18

- Zachée, ch. 19

- Le bon larron, 23.39-43

- Les disciples d'Emmaüs, ch. 24

3. C'est l'évangile des cantiques de l'enfance.
Luc seul a conservé ces cantiques sublimes que l'église ne cesse de redire depuis 19 siècles :

- le Magnificat de Marie (Mon âme magnifie ... ) Luc 1.46-55

- le Benedictus de Zacharie (Béni soit) 1.68-79

- le Gloria in excelsis des anges (Gloire soit à Dieu) 2.13,14

- le Nunc dimittis de Siméon (Maintenant Seigneur) 2.29-32.

4. C'est l'évangile du pardon.
Luc est par excellence l'évangile de la grâce. « La porte : est ouverte. La conversion est possible pour tous. Le pardon est pour tout le monde. »

- Jésus pardonne à la femme pécheresse, 7.36-50

- Il invite au grand souper les pauvres et les estropiés 14.15-23

- Il recherche la 100me brebis et la drachme perdue, 15. 3-10

- Il accueille l'enfant prodigue, 15.11-32

- Il pardonne au péager repentant, 18.13-14

- Il proclame le salut de Zachée, 19. 1-10

- Il ouvre le paradis au bon larron, 23.39-43.

5. C'est aussi l'évangile de la prière.

Le chap. 11 répond à la question : Enseigne-nous à prier. Le chap. 18 nous montre qu'il faut toujours prier, et comment il faut prier. Au chap. 22 la prière de Jésus à Gethsémané est particulièrement émouvante.

6. On a fait ressortir l'universalisme de Luc.
Tandis que Matthieu montre en Jésus le roi d'Israël descendant d'Abraham et de David, Luc met en relief le fils d'Adam, Sauveur de tous les hommes. Voyez notamment :

- la foi du centenier romain, 7.9

- la compassion pour les Samaritains hostiles, 9.51-56

- les vertus du bon Samaritain, un hérétique, 10. 33

- l'indulgence pour les cités païennes de Tyr et de Sidon (10.44) et de Ninive (11.32)

- l'hommage rendu au 10me lépreux, un Samaritain (17.18).

7. On a remarqué d'autre part l'ébionisme de Luc, du nom de la secte des Ébionites qui glorifiaient la pauvreté.
Jésus naît dans une étable. Ses premiers adorateurs sont d'humbles bergers. Toute sa vie, il fut pauvre. Le disciple de Jésus doit renoncer à tout ce qu'il possède. L'homme heureux, c'est le pauvre (6. 20). Dans les festins, il faut inviter les pauvres. Il honore la pauvre veuve qui met la pite dans le tronc, et Zachée qui donne la moitié de ses biens.

8. Certains traits font ressortir le médecin. Il prend un intérêt particulier à la naissance de Jean-Baptiste et à celle de Jésus (1. 8-45.), ainsi qu'à l'enfance du Sauveur. Il donne des précisions sur les remèdes du Samaritain (10. 34.). Par complaisance pour ses collègues, il évite de dire, comme Marc, que la femme, soignée par les médecins, « n'avait éprouvé aucun soulagement » (Marc 5. 26 et Luc 8. 43). Il note qu'à Gethsémané, les disciples étaient endormis de tristesse (Luc 22.45.).

9. Le féminisme de Luc apparaît en ceci que son évangile met en relief plusieurs femmes qui ne sont pas mentionnées ailleurs. Notez spécialement : Elisabeth (6), la visite de l'ange et le cantique de Marie ((ch. 1.), la réception chez Marthe et Marie (10. 38-42), - le nom des femmes qui assistaient Jésus de leurs biens (8. 2, 3), - la pite de la veuve (21. 1-4.), les filles de Jérusalem (23.27-31), les femmes de Galilée.

Plan de l'évangile de Luc.

1. L'évangile de l'Enfance (ch. 1 et 2). Le précurseur et la tentation (ch. 3 et 4).

2. Le ministère de Jésus en Galilée, 4. 14 - 9. 50.

3. Le voyage de Jésus à Jérusalem, 9. 51 - 19. 28.

4. La Passion et la résurrection, 19. 29-24 fin.

On a dit du 4me Évangile, « c'est le livre le plus intime, le plus spirituel et le plus profond de l'enseignement de Jésus. Aucun livre du Nouveau Testament ne peut lui être comparé. C'est la robe sans couture, un livre sublime » (Bonnet. Loisy).

1. Tandis que les Synoptiques nous donnent une photographie de Jésus, fidèle, exacte, mais plus objective, le 4me évangile nous présente un portrait du Maître.
Et quel portrait ! Saint Jean ne se borne pas à décrire « ce que ses yeux ont vu et ce que ses mains ont touché ». Avant de prendre la plume, il a été ravi en extase. Il a contemplé le Seigneur dans sa gloire, et il est tombé à ses pieds comme mort (Apoc. 1. 9-17.).

2. Le livre s'ouvre par un Prologue insondable. En vain, depuis des siècles, théologiens, philosophes, poètes se penchent sur ces 18 versets, ils n'arrivent pas à en épuiser la matière. Chaque ligne ouvre des perspectives infinies.
Chaque mot laisse songeur et vous jette à genoux.
Qui donc a scruté jusqu'au fond ces paroles immortelles : « Au commencement était la Parole, la Parole était avec Dieu, et cette Parole était Dieu » ? (1. 1. )
Et comment estimer à sa valeur cette promesse immuable : « A tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom il est accordé le privilège de devenir enfants de Dieu » ? (1. 12. ) Ou encore cet admirable témoignage : « Nous avons tous reçu de sa plénitude, grâce sur grâce » ? (1. 16.)

3. Le 4me évangile est le livre des Dialogues. Pour faire connaître son Maître, Jean choisit quelques entretiens qu'il développe à fond et qui révèlent le Sauveur sous divers aspects :

- l'appel des quatre premiers disciples, sur les rives du Jourdain (1. 35-52)

- l'entretien avec sa mère aux noces de Cana (ch. 2)

- la visite nocturne de Nicodème (ch. 3)

- la rencontre avec la Samaritaine, au puits de Jacob (ch. 4)

- la réplique à Marthe et Marie (ch. 11)

- l'entrevue avec Thomas (20.24-29)

- le tête-à-tête avec Simon-Pierre (ch. 21).

Ce sont là, ainsi qu'on l'a fait observer, « des souvenirs de vieillard d'une prodigieuse fraîcheur ».

4. C'est aussi le livre des Monologues. Sans reprendre les discours des Synoptiques, parus depuis quelque 25 ans, saint Jean exhume des profondeurs de ses souvenirs et de l'inspiration, les paroles de Jésus prononcées devant la foule ou dans l'intimité.

Tels sont en particulier les discours sur :

- le pain de vie, ch. 6

- l'eau vive, 7. 37-52

- la mission divine, ch. 8

- le grain de blé, 12. 20-27

- le Consolateur, ch. 14-16

- la prière sacerdotale, ch. 17

5. En quelques traits de pinceau d'une incomparable finesse, saint Jean fait ressortir la mission divine de Jésus. Il est :

- le Christ, le Messie, 4. 25

- le Pain de vie, 6. 36

- la Lumière du monde, 8. 12

- la Porte des brebis, 10. 7

- le bon Berger, 10. 11

- la Résurrection et la Vie, 11.25

- le Maître et Seigneur, 13.13

- le chemin, la vérité et la vie, 14. 6

- le vrai cep, 15. 1

- le Roi, 18. 37

- notre Seigneur et notre Dieu, 20. 28.

6. Le mot croire revient 75 fois dans cet évangile. C'est Jean qui donne le fameux texte, Jean trois seize : « Dieu a tellement aimé le monde ... » ; et l'évangile s'achève par ces mots : « Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, et qu'en croyant, vous ayez la vie par son nom » (20.31).

7. Il est facile d'apprendre par coeur la liste des 21 chapitres de l'évangile de Jean, en leur donnant à chacun un titre. Voici celle que nous proposons :