Un auteur original disait un jour : « Il y a 80 façons d'interpréter l'Apocalypse ».
C'est dire trop ou trop peu. Trop peu, en ce sens que dans le détail, les solutions varient à l'infini. Trop, car on peut grouper en quatre grandes écoles les interprétations modernes de ce livre.

1. Il y a d'abord l'interprétation spirituelle. Elle veut que l'on recherche les leçons morales et religieuses de tableaux symboliques qui s'appliquent à tous les temps. Ce qui est certainement ; juste, mais incomplet.

2. Vient ensuite l'interprétation rétrospective. Saint Jean se serait borné à décrire et à censurer, sous forme imagée, les excès de l'Empire romain et les persécutions de l'église. Ceci encore est exact, mais ne doit pas faire oublier la parole prophétique : « Révélation de Jésus-Christ pour montrer les choses qui doivent arriver bientôt » (1. 1).

3. D'après l'explication futuriste, tout, à partir d'Apoc. 4. 1, se rapporterait à l'apparition de l'Antéchrist et à l'avènement de Jésus-Christ. En reléguant dans l'avenir les catastrophes mondiales, on coupe court aux solutions souvent hasardeuses de l'interprétation historique. Mais le texte cité : « Je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite » (4. 1), semble indiquer la suite ininterrompue des événements.

4. Reste l'interprétation historique. Tandis que les Évangiles racontent la vie de Jésus et que les épîtres exposent l'œuvre du Christ, l'Apocalypse contiendrait en raccourci et sous forme imagée, l'histoire du monde et de l'Eglise entre l'Ascension de Jésus-Christ et son Retour à la fin des temps.

Peut-être est-il prudent d'accorder à chaque interprétation une part de vérité. L'interprétation historique qui se réclame des textes : « Ce qui doit arriver bientôt et dans la suite » (1. 1 et 4. 1), a donné lieu à bien des précisions erronées. Elle a besoin d'être tempérée par les solutions spirituelles et futuristes.
De toute façon, la réserve s'impose, et il convient de mettre à profit les expériences et les lumières des uns et des autres.

Afin de faciliter l'étude de ce livre, nous essayerons d'exposer ici les cinq clés de l'Apocalypse.

1. La clé de l'Eglise (chap. 2 et 3).

Les lettres aux sept églises de l'Asie Mineure ont tout d'abord un sens actuel et immédiat. C'est un avertissement solennel donné à des églises contemporaines de l'auteur.
Elles conservent pour tous les temps un sens spirituel, car les assemblées de tous les pays doivent constamment être tenues en éveil. Ces lettres renferment aussi un message individuel adressé aux chrétiens de tous les temps.

Mais en tenant compte du but de l'Apocalypse (1. 1), elles ont aussi un sens prophétique qu'il faut chercher à découvrir. On a souvent fait ressortir, avec raison, l'analogie frappante qui existe entre la succession des sept églises et le développement de l'histoire.

1. Éphèse, dont le nom signifie abandon, correspond à la dernière période des temps apostoliques. C'est à de telles églises que le Seigneur dit : « J'ai quelque chose contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour ».

2. Smyrne = encens, désigne l'église des martyrs, l'assemblée de croyants fidèles des 2me et 3me siècles auxquels le Seigneur adresse ces dernières paroles : « Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie ».

3. Pergame = élévation. Au début du 4me siècle, après la conversion de l'empereur Constantin, l'église, séduite par le monde (le trône de Satan) se laisse entraîner vers les idoles et l'impudicité.

4. Thyatire = fille opprimée, manifeste les progrès du mal. De persécutée, l'église devient persécutrice. L'esprit de Jézabel, la reine païenne, s'est emparé d'elle. On y voit une image des abus de l'église du moyen âge.

5. Sardes = sardoine, pierre précieuse. Les églises de la Réforme ont apporté la lumière. Mais il s'en faut qu'elles soient sans reproche. Combien d'églises passent pour vivantes et cependant sont mortes.

6. Philadelphie = amour fraternel, désigne l'église vivante du dernier temps. Elle a peu de puissance, mais le Seigneur a mis devant elle une porte ouverte. C'est l'église du réveil qui a gardé fidèlement la Parole de Dieu. Le Seigneur lui dit : « Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, de peur que personne ne prenne ta couronne ».

7. Laodicée = jugement du peuple, correspond à la tiédeur des derniers temps. Ni froid ni bouillant, et pourtant prétentieux : « Je suis riche, je me suis enrichi ». - Tu ne sais pas, dit Jésus aux multitudes christianisées, que tu es « malheureux, misérable, aveugle et nu ».

À cinq églises sur sept, le Seigneur prêche la repentance. Deux seules, Smyrne et Philadelphie, sont sans reproche.
Ces messages pénétrants, d'une portée éternelle, ne s'appliquent pas seulement aux églises, mais à chaque chrétien individuellement.

2. La clé des guerres (chap. 6-9 et 15 et 16).

Afin de mieux saisir le message prophétique des chapitres 6 et suivants qui renferment le tableau des jugements de Dieu, on peut retenir plus particulièrement ces caractéristiques.

- 1. Les 7 sceaux désignent les guerres qui deviennent toujours plus terribles. Ce sont les fameux cavaliers de l'Apocalypse dont on a souvent parlé dans la dernière guerre.
Au chap. 6.2, le premier cavalier tient un arc. Le suivant, une épée (6. 4), le 3me, la famine (6.6), puis la mort (6.8). On remarque aussi la progression des jugements. C'est tout d'abord le quart de la terre qui est frappé (6.8), puis le tiers (9.18), enfin tous les hommes (16. 3).

- 2. Les 7 trompettes représentent les grandes invasions. Certains interprètes ont essayé de les préciser. On y a vu tour à tour les Huns, les Vandales, Attila, les Arabes, les Turcs. Il y a des rapprochements saisissants. Mais il faut être prudent dans de telles précisions, car l'histoire se renouvelle sans cesse.

- 3. Les 7 coupes de la colère de Dieu annoncent les fléaux qui doivent tomber sur le monde (ch. 15 et 16). Comment n'être pas ému par la vision de la dernière coupe avec ces mots saisissants : « Une grosse grêle dont les grêlons pesaient un talent (une tonne), tomba du ciel sur les hommes, ..., et les villes des nations tombèrent » (16.17-21).

3. La clé des Empires (chap. 13.1-8).

Une Bête monte de la mer. Elle revêt les caractères des empires du passé. Daniel 7 décrit tour à tour le lion babylonien, l'ours médoperse, le léopard macédonien (l'empire d'Alexandre), le dragon de l'empire romain. Dans les derniers temps, ces empires réapparaissent et concentrent en eux toutes les puissances du passé.

4. La clé de l'Apostasie (chap. 17 et 18).

L'Eglise est symbolisée par une femme. L'église fidèle, c'est l'épouse, la fiancée de l'Agneau (19. 7, 8). L'église infidèle, c'est la prostituée (17. 1).

Le chapitre 17 décrit l'église devenue puissante, assise sur les grandes eaux, c'est-à-dire dominant sur les peuples, les foules, les nations (v. 15), mais unie aussi à la Bête écarlate (17. 3), puissance mondaine et tyrannique.

Cette femme porte le nom symbolique d'une ville, Babylone, bâtie sur sept collines (17. 9). Fait étrange, et qui surprend le voyant, elle est ivre du sang des saints (17. 6). Mais son jugement viendra à son heure. La femme et la ville (17.18) participeront à la même condamnation. Ce sera le jugement de la grande prostituée et des peuples des derniers temps dont on dira : « Malheur, malheur ! La grande ville, Babylone. la ville puissante ! En une seule heure est venu ton jugement. En une seule heure tant de richesses ont été détruites ! » Tel sera le sort de la civilisation.

Sous nos yeux se sont réalisées en partie ces solennelles prophéties. Comment ne pas nous écrier devant ces souffrances de la chrétienté : La parole de Dieu est vraie. Elle se réalise à la lettre. Les jugements de l'Éternel sont toujours vrais ?

5. La clé du Retour de Christ.

L'Apocalypse est dominée par cette pensée : Le Christ est venu, il reviendra. Il rendra à chacun selon ses œuvres. Sans entrer dans les détails qui nous conduiraient trop loin, rappelons seulement quelques visions :

Chap. 12. La femme et le dragon. L'église persécutée à travers les siècles par les puissances sataniques.
Chap. 14.1-5. Les 144 000' rachetés. Vision des croyants fidèles.
Chap. 19. 1-10. Le festin des noces de l'Agneau.

Tableau lumineux de l'accueil réservé par le Christ à l'église fidèle dont il est l'époux.
Chap. 20.1-6. Retour de Christ. Résurrection des saints. Règne de mille ans. Triomphe de Christ sur la terre. (Voir Esaïe 2, 11 et 65).
Chap. 20.11-15. Le jugement dernier.
Chap. 21. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

Conclusion : Que celui qui a soif vienne ! Que celui qui veut prenne de l'eau de la vie, gratuitement.