Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



FRANK THOMAS
SA VIE - SON OEUVRE



PRÉFACE


FRANK THOMAS
1862-1928

Ils sont innombrables ceux qui doivent à Frank Thomas l'éveil de leur vie religieuse ou l'affermissement de leur foi et qui, à cause de cela, bénissent sa mémoire.

Ce livre qui est le récit tout simple et sans prétention de son admirable vie n'a pas besoin de leur être recommandé. Je sais qu'ils en tourneront les pages avec émotion et sauront gré à son auteur d'avoir tracé pour eux le portrait fidèle de cet homme de Dieu qu'ils ont beaucoup aimé.

Dans un passage que Frank Thomas citait souvent, saint Paul dit que le Christ a « emmené des captifs et qu'il a fait des dons aux hommes... qu'il a donné les uns comme apôtres, les autres comme évangélistes, d'autres comme pasteurs et docteurs... (Éphésiens 4 : 8 et 11) Frank Thomas tut un de ces « captifs » et en le donnant à son Église, le Christ l'a dotée non pas certes d'un « docteur » (L'oeuvre de Frank Thomas n'est pas de l'ordre de la pensée) mais d'un merveilleux évangéliste et d'un remarquable pasteur.

Pour qui ne connaît que son oeuvre écrite, l'influence si étendue et si profonde qu'il a exercée à Genève et dans tout le protestantisme de langue française, demeure, il faut le dire, une énigme. Elle ne l'est pas pour qui l'a entendu, pour qui surtout est entré en relation personnelle avec lui et se souvient de ce qu'était le rayonnement de son âme, la générosité de son coeur, le charme extraordinaire de sa personnalité.
Cette personnalité fut l'oeuvre tout à la fois de la « nature » et de la « grâce ».

Il était homme et un homme très pleinement et très intensément humain. Tout ce qui fait vibrer, souffrir et pleurer notre race, tout ce qui l'enchante et qui l'enflamme, trouvait un écho en lui. Et les espoirs et les détresses de sa génération, nul peut-être ne les a mieux compris et partagés. Il était en plein dans la vie et quand se posait une grande question humaine, il en était empoigné aussitôt et en Jugeait simplement, comme juge le peuple, avec son sens instinctif de la justice et son ignorance des distinctions subtiles et des prudences calculées.

Il avait reçu de la nature un grand coeur aimant, sensible et capable de beaucoup souffrir par les hommes et pour les hommes ; il avait reçu d'elle surtout une puissance vitale à la fois psychique et physique exceptionnelle qui fit de lui un animateur-né.
Tel était l'homme que Jésus-Christ a subjugué dès le temps de son ardente jeunesse et dont sa grâce a tiré un si merveilleux parti.

La joie rayonnante, la foi robuste et l'optimisme communicatif qui ont été les traits distinctifs de ce chrétien, ne lui étaient pas naturels, comme tant de gens l'ont cru. Son tempérament l'inclinait au contraire au pessimisme, au découragement, à la tristesse et au doute. Oui, si étrange que cela puisse paraître, ce croyant qui en a aidé tant d'autres à croire, avait une âme de douteur et sa loi était, en un sens, une perpétuelle conquête.

Le secret de cette vie, sa seule explication suffisante est dans le nom de Jésus-Christ. La source de sa joie, la raison de sa loi, le grand amour de son coeur passionné fut Jésus-Christ. Lequel de ses auditeurs ne se souvient des prières par lesquelles s'achevaient ses prédications et qui presque toujours débutaient par ces mots, jaillissant du plus profond de son âme :
« O Sauveur bien-aimé » C'est cet amour de Jésus-Christ et le désir ardent de le faire connaître et aimer à d'autres qui ont fait de Frank Thomas le grand évangéliste qu'il a été.

En plus de tous les autres dons, déjà énumérés, il avait encore reçu de Dieu, pour atteindre les âmes des hommes, une admirable voix chaleureuse, prenante et richement nuancée. Dire qu'il sut se servir de sa voix serait insinuer qu'il y eut chez lui, comme chez tant d'orateurs, de l'art et de l'apprêt. Tout au contraire, personne ne fut plus naturel, plus simple, plus candidement spontané : il avait devant lui la foule qu'il aimait, qu'il comprenait et qu'il voulait aider à vivre et à ramener à Dieu ; alors de l'abondance de son grand coeur sa bouche parlait, un contact immédiat et mystérieux s'établissait, produisant ce qui fut le secret de ce ministère, une contagion de vie. Cette âme et cette voix furent entre les mains divines un magnifique instrument, semblable dans les heures de puissance et d'inspiration à un violon merveilleusement sonore sur lequel aurait joué l'archet de Dieu. Il avait toutes les notes : tour à tour d'une infinie tendresse ou d'une âpre violence, suivant qu'il parlait de l'amour du Christ aux coeurs blessés ou qu'il faisait entendre aux consciences endormies les jugements de Dieu dont on ne se moque pas.

Mais ceux qui n'ont connu en Frank Thomas que le prédicateur ne l'ont pas connu tout entier ; il fallait le voir encore au milieu de ses catéchumènes, dans le cercle intime des « groupes bibliques » ; il fallait savoir surtout ce qu'était dans le secret de la visite cet ami des découragés, des inquiets et des coupables, ce vrai pasteur, prenant les fardeaux de ses frères et les portant à Dieu.

Il fut enfin un étonnant assembleur d'hommes. Dire que cet indépendant, qui a accompli son ministère en dehors des cadres de l'Eglise historique de son pays et lui a parfois donné de l'ombrage, eut à un haut degré le sens de l'Eglise, pourra sembler paradoxal. Et c'est vrai cependant. Il ne lui suffisait pas d'éveiller à la vie chrétienne des individus isolés, il sentait l'impérieuse nécessité de les grouper en famille spirituelle autour de leur vivant et invisible Sauveur, de les unir en une fraternelle communion et de les mettre pratiquement chacun selon ses dons, au service les uns des autres.

Il a ainsi ouvert une voie et donné un exemple et si aujourd'hui l'Eglise, lentement, s'engage sur cette voie et cherche plus que jadis à offrir aux âmes un milieu, n'est-il pas juste de reconnaître que l'action de Frank Thomas n'est pas tout à fait étrangère à ce progrès ?

J'ai peut-être dépassé les limites d'une préface en laissant trop parler les souvenirs que la lecture de ce volume a ravivés en moi, en cédant au plaisir de rendre un reconnaissant et pieux hommage à la mémoire de celui qui fut mon maître en Jésus-Christ. Mon voeu est que ce récit de sa noble vie puisse en prolonger l'influence et éveiller peut-être au coeur de quelques jeunes l'ambition sainte de devenir à leur tour, au sein de notre génération inquiète et désemparée, les témoins courageux de l'Évangile du salut.

HENRI D'ESPINE.

Genève, Juin 1932.


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