LE
RÉVEIL EN MANDCHOURIE
III
Trois discours de M. Goforth,
missionnaire, prononcés à Londres,
à l'anniversaire de la Mission
intérieure en Chine.
Je
répandrai mon Esprit sur toute chair.
Ma station que je desservais depuis 1895 est
située dans le nord de la province de Honan.
En novembre dernier quand nous eûmes à
Changtehfu des réunions spéciales
d'évangélisation nous avions environ
900 membres baptisés et près de 1000
catéchumènes. Plusieurs fois
l'observation avait été faite par nos
missionnaires : « Si seulement il
venait un frère du dehors !
Peut-être Dieu se servirait-il de lui pour
réveiller nos gens. » Quand
j'étais à Shansi j'avais entendu
exprimer les mêmes pensées. Et
maintenant on me demandait de tenir des
réunions spéciales sur ma propre
station. Le Seigneur pourrait-il produire ici les
mêmes choses qu'ailleurs ? Je dois
avouer que cette pensée m'opprimait. Il
n'aurait pas dû en être ainsi. Alors
Dieu me donna cette parole de
Malachie I, 11 :
« Depuis le soleil levant jusqu'au soleil
couchant mon nom est grand parmi les nations, et en
tous lieux, donc aussi à Changtehfu,
à Londres, et là où tu te
trouves, on brûle de l'encens et une offrande
pure est offerte à mon
nom. Car mon nom est grand parmi les nations, a dit
l'Éternel des armées.
Je voudrais tout d'abord
raconter ce
qu'a fait en dix jours le Saint-Esprit que nous
aimons, en novembre dernier à Changtehfu.
Dès la première réunion nous
vîmes les signes du mouvement qui se
préparaient. Le second matin l'instituteur
de l'école des filles fut saisi par lui avec
puissance. Il était couché, à
terre et reconnaissait avec larmes tous ses
manquements à l'école, surtout son
manque d'amour et de patience. Le même soir
à la réunion de prière
anglaise de l'école des filles la directrice
s'humilia. Le lendemain matin ce fut comme le
mugissement d'un vent puissant passant dans les
rangs des 75 élèves. Pendant une
heure elles furent en grande angoisse d'âme.
Tout péché entravant leur vie
spirituelle fut confessé : de petits
vols, des négligences, des calomnies et tout
ce qui avait souillé ces jeunes âmes
fut avoué. Le troisième jour
l'instituteur principal de l'école des
garçons confessa avec une grande
humilité tous ses manquements. Le soir du
quatrième jour en sortant de la
réunion de prière anglaise, nous
entendîmes un bruit étrange dans la
cour de l'école des filles. Nous
apprîmes alors qu'elles s'étaient
réunies pour prier pour l'école des
garçons et tandis qu'elles priaient encore
l'Esprit de Dieu avait saisi les 75 garçons
avec une puissance irrésistible. À
l'endroit même où ils étaient
ils se jetaient par terre et confessaient leurs
péchés. Le Seigneur accomplit ce
grand travail dans les deux écoles
dès le début.
Le troisième soir, il y avait
environ 300 personnes réunies sous la tente,
quand l'Esprit de Dieu se servit comme instrument
d'un homme, lequel je reconnais à ma honte
avoir toujours regardé avec un peu de
dédain. C'était un
homme insignifiant et borné. Mais pendant
ces jours il avait confessé et
délaissé tous les
péchés qui l'avaient
arrêté auparavant. Il commença
à parler et je devins inquiet, craignant du
désordre car nous le considérions
tous comme n'ayant pas le sens commun. Mais
à mesure qu'il continua, je compris vite que
l'Esprit de Dieu s'en servait comme instrument. Ses
pensées se concentraient sur un point et
avec une profonde humilité il dit à
peu près ce qui suit :
« Jésus est
maintenant devant la porte. Il y a longtemps qu'il
est là. N'est-il pas étonnant qu'il
attende si patiemment ? Pourtant le temple lui
appartient, il l'a racheté par son
précieux sang. Vois la marque des clous dans
ses mains, vois la plaie dans son
côté ! Regarde-le attendre rempli
d'amour ! Pourquoi ne veux-tu pas lui ouvrir
ton coeur ? Laisse-le donc entrer ! Si tu
ne le reçois pas, ton coeur continuera
à être une demeure du démon, le
péché et l'égoïsme y
régneront. Oh, laisse-le
entrer ! » Tandis qu'il parlait
ainsi avec une chaleur toujours croissante, une
profonde émotion saisit toute
l'assemblée et beaucoup se donnèrent
à Dieu. Tout à coup il
s'arrêta. Quelle déception pour
moi ! Mais aussitôt il se releva,
répétant les mêmes paroles. Il
semblait qu'on voyait le Crucifié à
la porte. Et alors une grande puissance saisit tous
les auditeurs, aucun ne resta indifférent.
Hommes, femmes et enfants pleuraient et criaient
grâce.
Certes c'était une oeuvre non
des hommes, mais de Dieu. Et cela continua. D'abord
on priait un à un puis trois ensembles, mais
cela alla en croissant. Personne ne pouvait
attendre. C'est par douzaines, puis par centaines
que les gens priaient et finalement tous
le firent ensemble. On
entendait
beaucoup de plaintes et de pleurs. Puis quelqu'un
se leva et dit : « Mon père
n'est pas encore sauvé ; ne voulez-vous
pas prier pour lui ? » Et
immédiatement toute l'assemblée
intercéda pour lui. Un autre dit :
« Il y a tant d'indifférence et de
tiédeur sur notre annexe, s'il vous
plaît, priez pour nous. » Et tous
prièrent pour cet endroit.
Sept fois j'essayai de parler,
toujours en vain. Le chant, les prières et
les confessions alternaient et il venait beaucoup
de personnes sur l'estrade. Remarquez que jamais je
ne sollicite personne à y venir et à
se confesser. En général je ne dis
jamais aux gens ce qu'ils ont à faire. Quand
l'occasion s'en présente, je leur fais
comprendre ce qui importe pour être
sauvé. Sitôt que j'ai terminé,
je baisse la tête pour la prière et
laisse agir Dieu. Mais là les gens se
pressaient pour venir se confesser et je ne voulais
pas les retenir. Il y en avait souvent
jusqu'à 20 et 30 qui attendaient leur tour.
Et certes ce n'était pas une bagatelle que
de se présenter devant toute cette
assemblée pour faire des confessions comme
celles que nous avons entendues ; mais ils
semblaient être poussés par une
puissance telle qu'aucune volonté d'homme ne
pouvait y résister.
Le matin du dixième jour l'un
des frères vint de bonne heure me
dire : « Je crois que vous devriez
commencer la réunion plus tôt que
d'habitude. Ces gens ont pleuré pendant la
moitié de la nuit et ne peuvent le supporter
plus longtemps. » N'oubliez pas qu'il
arrivait continuellement de nouvelles foules. Je
m'y rendis donc dès 9 heures et
aussitôt que nous eûmes chanté
ils se pressèrent sur l'estrade et cela
continua jusqu'à 1 heure. Confession
succédait à
confession, alternant avec
le
chant et les prières. Oh ! ces
chants : Jésus t'aime, Jésus
t'aime ; une puissance nouvelle animait ces
vieux cantiques. À trois heures nous
recommençâmes et continuâmes
jusqu'à la nuit. À 7 1/2 heures
commençait la réunion de
prière anglaise qui dura jusqu'à 11
heures. Il en était ainsi jour par
jour.
D'où cela venait-il ?
L'Esprit de Dieu seul pouvait le produire et ce
qu'il peut faire en Chine il peut le
réaliser aussi parmi vous. Je n'ai pas le
moindre doute qu'il est tout aussi disposé
à faire son oeuvre ici qu'à
Changtehfu. La faute n'en est jamais à Dieu,
elle est toujours de notre côté.
Aussitôt que nous sommes prêts, Dieu
l'est aussi pour nous combler de
bénédictions. Naturellement c'est
difficile d'ainsi confesser ses fautes
publiquement, mais il faut que cela se fasse si
nous voulons être en règle avec lui,
en tous cas c'est le chemin qu'il nous a
tracé en Chine.
Ce qui m'a paru le plus
remarquable
dans les réunions de Changtehfu - et je ne
veux parler ici que de celles-là - c'est la
puissance du Saint-Esprit qui surmonte tout pour
convaincre de péché. Il nous fit voir
clairement et distinctement que c'était lui
qui dirigeait l'assemblée. Cela se manifesta
d'une manière particulière chez l'un
de nos aides. Le quatrième jour il se leva
et confessa ses péchés. Il dit qu'il
s'était vanté à ses
collègues en vue de ces
réunions : « Oh ! je ne
me prêterai pas à ces choses, mes
lèvres n'articuleront aucune confession et
mes yeux ne verseront aucune larme. Je pensais,
continuait-il, que tout cela provenait uniquement
de ce que M. Goforth agit sur les sentiments. Le
premier jour je me dis que j'avais raison. Le
second jour je vis que les gens pleuraient et
confessaient leurs péchés et je ne
comprenais pas pourquoi ils
le
faisaient puisque dans ce qu'ils avaient entendu il
n'y avait rien pour les mettre dans cet
état. Le troisième jour je ne savais
plus bien que dire et le quatrième jour
j'avais perdu tout contrôle de
moi-même. J'étais abasourdi.
Après la réunion je sortis, mais ne
savais si je devais diriger mes pas vers le nord ou
le midi, l'est ou l'ouest. Quand enfin je fus
à la maison je me jetai sur mon lit. L'un
des instituteurs vint alors et me dit : M. Hu,
ne voulons-nous pas prier ensemble ? Je me
levai, m'agenouillai, mes larmes coulèrent,
mais je ne pus proférer un mot. Je crois
maintenant que c'est là l'oeuvre du
Saint-Esprit et je suis peiné de l'avoir
contristé en croyant qu'une puissance
semblable puisse être dépendante d'un
homme. »
Deux étrangers
confessèrent ensuite exactement la
même chose sur l'estrade. Le Saint-Esprit se
chargea de montrer que seul il peut agir
ainsi.
Mais ensuite il nous convainquit
encore d'une autre vérité. Il montra
à tous que nous devons porter du fruit.
Oh ! comme cela alla au coeur de tous, hommes
et femmes. Combien demandèrent pardon en
pensant à toutes les occasions perdues,
à toutes les années dissipées,
pendant lesquelles ils avaient fraudé le
Seigneur d'une partie de sa gloire parce qu'ils
n'avaient pas rempli leurs devoirs. Croyez-vous que
cela ne concerne que la Chine ? Je crois que
si on laissait son droit au Saint-Esprit dans nos
milieux on entendrait les mêmes plaintes et
gémissements sur la stérilité
parce que chez beaucoup de personnes il y a bien
des feuilles, mais pas de fruits.
Et puis tout semblait
vivifié. Un prédicateur se leva et
dit : « Nous ne comprenions pas la
Bible avant. Nous ne connaissions pas Dieu et ne
savions pas ce qu'est une
prière véritable. »
Après cela ils vinrent tous et dirent :
« Le Seigneur a fait plus en ces dix
jours que nous n'aurions atteints en dix
ans. » Un lettré chinois qui avait
trouvé la foi peu de temps avant
disait : « C'est merveilleux, en ces
dix jours j'ai appris davantage qu'en trente ans
d'études de classiques chinois. Dieu nous a
montré tant de choses que les disciples de
Confucius et Mencius n'ont jamais su. »
Certainement, l'Esprit de Dieu sait instruire
rapidement !
Ne pensez-vous pas qu'ici aussi
nous
avons besoin de cet enseignement ?
Peut-être y a-t-il actuellement trop de sages
et d'intelligents dans la chrétienté,
tandis que les choses du royaume de Dieu ne sont
révélées qu'aux enfants. Quand
nous saurons prendre notre place comme tels aux
pieds du Maître il nous submergera de
lumière divine qui nous ouvrira
l'Écriture entière, de la
Genèse à l'Apocalypse. Je suis
heureux d'oser dire que ma théologie est la
même que celle de Spurgeon la
théologie de la Bible. Dieu s'en est servi
et y a mis son sceau.
Nous avons vu la puissance qu'a
l'Esprit de Dieu pour convaincre de
péché. Tous les péchés
possibles ont été
confessés : meurtre, adultère,
vol, brigandage, haine, aigreur, envie, violence. Y
a-t-il aussi de la violence et de
l'irritabilité ici dans le pays ?
orgueil, esprit critique, paresse à prier,
négligence à lire la Parole de Dieu,
indifférence vis-à-vis de parents et
d'amis qui n'ont pas trouvé le salut. Y
a-t-il aussi ici parmi nous de semblables
péchés à
confesser ?
Là, en Chine, l'Esprit de
Dieu a tout mis en lumière. Un homme se leva
et dit avec une grande angoisse :
« Je savais que ce n'était pas
bien et je suis pourtant allé au
théâtre. » Puis il
demanda pardon à Dieu.
Qu'en est-il ici ? Y en a-t-il encore parmi
nous qui soient capables de vilipender leur temps
à ces frivolités ?
Un membre de la communauté du
dehors, un homme considéré se leva et
reconnut en tremblant : « J'ai
joué aux cartes et même à
l'argent. » Quelqu'un lui avait
dit : « Je croyais que les
chrétiens ne devaient plus s'adonner au jeu
de cartes », à quoi il
répondit que son pasteur le lui avait
permis. Mais le Saint-Esprit l'avait repris. Quel
travail n'y aurait-il pas dans la patrie à
purifier familles et paroisses de semblables
plaisirs. La voix de l'Esprit se fait entendre
claire et distincte depuis les pays païens. Il
rend là-bas ces choses très nettes.
Il amène les gens dans l'angoisse du
péché et alors ils y
renoncent.
Oh ! si l'Esprit de
Dieu
pouvait réussir à dégager les
enfants de Dieu de ces vanités, en sorte
qu'ils passent leur temps libre à genoux ou
en face de la Parole de Dieu. Alors l'Eglise de
Christ croîtrait en force et remuerait le
monde. C'est pourquoi efforçons-nous en
toutes choses de renoncer à nous-mêmes
et de nous charger de notre croix pour suivre
Jésus où qu'il aille.
Mais l'Esprit de Dieu ne
convainc
pas seulement de péché, il presse les
gens de tout confesser.
Un des meilleurs médecins
assistants se leva pour sa confession. Il avait
haï l'autre assistant, sans pourtant que ce
dernier parût s'en apercevoir et avait
critiqué la directrice de l'école des
filles. Il leur demanda pardon à tous deux
et continua : « Je voyais que je ne
pouvais pas gagner beaucoup d'argent comme
assistant et avais décidé de
m'établir, c'était un très
grand tort. » Il supplia Dieu de lui
pardonner et ajouta : « Je veux
rester toute ma vie ici au service
de la mission. »
Quand
parmi nous l'Esprit de Dieu retrouvera son
autorité sur ce point aussi, nous verrons
des conversions.
Je vis le même homme revenir
huit fois sur l'estrade pour confesser ses
péchés. Comme cela arrive souvent il
y avait aussi chez lui la tendance à parler
d'abord des soi-disant petits péchés,
dans l'espoir de pouvoir taire les grands. Mais
l'Esprit de Dieu ne lui laissa aucun repos. Il me
raconta après qu'il était venu
à la réunion avec la
résolution arrêtée de ne pas
ouvrir la bouche, mais, l'Esprit de Dieu l'y
contraignit et il ne put rien garder.
L'angoisse de quelques-uns
était terrible. Souvent ils se jetaient
à terre en gémissant. Un pauvre
garçon avait assassiné sa mère
et son frère avant sa conversion. Ce
souvenir le tourmentait terriblement. Deux
frères vinrent, l'un diacre, l'autre membre
de l'Eglise. Ils s'étaient haïs
à tel point qu'ils se seraient volontiers
tués. Ils s'humilièrent
profondément, reconnurent tout et se
réconcilièrent.
Les choses les plus cachées
furent mises à nu. Il se manifesta des
interdits qui depuis longtemps entravaient la
communauté. Quelques années
auparavant il y avait eu un frottement regrettable.
Les deux principales soeurs de l'hôpital
étaient dans une telle colère l'une
contre l'autre qu'elles s'étaient
sauté aux cheveux. L'une avait
confessé une partie et ce faisant avait
raconté les péchés de l'autre.
C'est toujours une chose dangereuse derrière
laquelle se cache Satan. L'un des assistants
était aussi compromis et nous le fîmes
venir pour élucider l'affaire. Mais il nia
tout et l'une des soeurs fut
congédiée. Il s'était
passé deux ans depuis. Mais le
sixième soir tout vint au jour à la
réunion. L'assistant se leva et dit :
« Quand j'entendis
qu'il y aurait ici des réunions
spéciales, je priai le diable de m'aider. Je
savais qu'il peut faire beaucoup. Mais je savais
également que l'Esprit de Dieu a une grande
puissance ; cependant je comptais qu'il
n'aurait pas de puissance sur moi si je pactisais
avec le diable. C'est en vain, je ne puis
résister et dois me confesser. Tout ce qui a
été dit contre moi est vrai. La soeur
est innocente. »
Quand sa mère, qui
était aussi à la réunion,
entendit cela elle en eut une si grande douleur
qu'elle s'évanouit et dut être
portée dehors. Elle avait cru à la
sincérité de son fils mais l'Esprit
de Dieu fit le jour sur toute l'affaire.
Les garçons les plus
âgés qui devaient quitter
l'école avaient décidé de
s'engager dans l'armée pour gagner de
l'argent. Mais quand l'Esprit de Dieu les eut
atteints, ils racontèrent tout, et
dirent : « Maintenant nous voulons
servir Jésus, même si nous devions
avoir faim. »
Tous nos instituteurs avaient
voulu
partir parce qu'ils ne pouvaient pas faire le tour
avec leurs appointements. L'un d'eux avait aussi
l'intention de quitter la mission pour devenir
mandarin ; il avait déjà
postulé à notre insu. Mais quand les
garçons s'humilièrent l'un
après l'autre, cela parla à son coeur
et il dit : « Je veux servir
Jésus toute ma vie. » C'est ainsi
que tout se découvrit.
Si vous désirez qu'ici aussi
les choses obscures et cachées viennent
à la lumière, faites place à
l'Esprit de Dieu et quand il viendra, il
éclaircira tout et le mettra en
lumière.
Sur une annexe qui avant la
révolte des Boxers s'était
développée d'une manière
réjouissante vivait un homme riche qui
faisait l'impression d'un chrétien
avancé. Mais après
l'an 1900, il n'y eut plus de progrès ni
chez lui, ni dans la paroisse. Le fils vint
à notre réunion. Je le priai d'amener
son père. Quand celui-ci vint, il dit :
« Je ne crois pas avoir à
confesser des péchés particuliers.
Tout est en ordre chez moi. Je suis
déjà vieux, vous devriez me laisser
en repos et vous occuper de mon fils. »
« Attends seulement, » lui
dis-je. Deux jours après il se rendit et
pleurait par terre. Après que le premier
cantique eut été chanté il
demanda la permission de venir sur l'estrade et
confessa ce qui suit : « Quand
après les désordres des Boxers on
paya les indemnités, je réclamai 150
mesures de froment au lieu de 100 que j'avais
perdues et 75 mesures de farine au lieu de
50. » Il ne pensait pas du tout que ce
fût un péché, mais dans la nuit
précédente l'Esprit de Dieu l'avait
éclairé, convaincu de
péché, en sorte que maintenant il
sentait ce qu'il avait fait.
Oui, l'Esprit de Dieu mit en
lumière tous les obstacles. Pendant les huit
ans qui avaient précédé je
m'étais souvent demandé pourquoi cela
n'avançait pas dans la communauté.
Nous prêchions et exhortions, mais on ne
voulait pas entendre. Il y avait des
péchés cachés et l'Esprit de
Dieu ne pouvait pas agir. Et s'il ne peut agir ici
au pays c'est que des péchés
cachés l'en empêchent. J'ai tenu de
semblables réunions à trente endroits
différents en Chine, et partout j'ai
constaté l'action puissante du Saint-Esprit.
Nulle part il n'y a eu d'autre empêchement
que le péché et quand il était
ôté, le Saint-Esprit était
libre et agissait sans entraves.
Je pourrais en raconter long sur
ce
que Dieu fit jour par jour. Une fois les gens
atteints ils sortaient souvent encore à
minuit pour essayer d'amener des
amis et connaissances ou
bien ils
leur envoyaient des messagers. Un homme partit pour
en chercher un autre qui avait été un
bon chrétien, puis avait quitté
l'Eglise. L'ami protesta : « J'ai
mal à la jambe, je ne puis faire dix milles
(deux heures) à pied. »
« Alors je te porterai sur mon
dos, » dit l'homme qui le fit
effectivement.
Quand à la réunion on
priait pour certaines personnes,
généralement peu d'heures
après elles étaient en angoisse et
cherchaient à se soulager par une
confession. Quand on envoyait des messagers,
souvent les gens venaient en courant et à
peine dans la tente ils se trouvaient sous l'action
de l'Esprit. Huit païens venus par
curiosité furent aussi convertis. Un homme,
inconverti en arrivant, nous disait que chaque
fois, en entrant dans la tente, il éprouvait
un besoin irrésistible de venir confesser
ses péchés sur l'estrade ; enfin
il céda et fut délivré. Un
fils de l'un de nos missionnaires se convertit
aussi pendant ce temps. L'infinie grandeur de la
puissance de Dieu se manifesta partout. Les gens ne
disaient pas : « 0 Dieu,
viens, » mais ils priaient
habituellement : « Nous savons que
tu es pour nous, que tu es présent et que tu
exauces les prières. C'est seulement
à présent que nous comprenons ce que
signifie la prière. »
Le mouvement s'étendit. Ces
gens rentrèrent dans leurs annexes où
l'Esprit de Dieu se mit à agir de la
même manière. Voici encore ce qui
arriva à deux endroits. Dans l'un d'eux les
gens avaient quitté l'Eglise, parce qu'on ne
les avait pas aidés dans leurs
procès. Mais l'Esprit les terrassa et les
ramena. S'il y a ici au pays des membres qui
quittent vos églises, c'est que l'Esprit
n'est pas parmi vous ; et quand il n'agit pas,
c'est que quelque chose n'est pas en
ordre ; la
mondanité
ou quelque autre chose s'est glissée parmi
vous par laquelle l'ennemi se trouve avoir prise
sur vos coeurs. Et alors ce n'est plus l'Esprit de
Dieu qui règne, c'est Satan. En Chine il
s'est toujours vérifié que là
où l'Esprit obtenait la direction les gens
rentraient dans l'ordre.
Sur une autre station il y eut
des
réunions pendant neuf jours. 150 personnes
furent atteintes et confessèrent leurs
péchés. Cela fit une si profonde
impression sur les païens des environs, que le
neuvième jour 4 à 5000 d'entre eux
s'étaient assemblés en dehors du
village pour entendre ce que cela voulait dire. Des
estrades furent élevées à
divers endroits et les chrétiens se mirent
à prêcher. L'un des missionnaires, Dr
Mackenzie, avait projeté un cours biblique
de dix jours et avait à cet effet
invité tous les évangélistes,
prédicateurs et instituteurs de la
région. Mais au jour indiqué, il ne
vint personne. Il supposa qu'ils l'avaient
oublié et envoya un messager. Dans un
premier village celui-ci trouva les
chrétiens assis au milieu des païens et
leur lisant la Parole de Dieu. Allant d'endroit en
endroit dans toute la Contrée il en
était partout de même. Ceux qui
étaient attendus ne pouvaient venir
étudier la Parole parce qu'ils la
prêchaient eux-mêmes.
Nous ne savons pas ce qu'il vu
arriver. Le temps est court Nous n'avons besoin que
d'une chose, de l'Esprit de Dieu. Si tous vos
efforts tendent à le posséder, alors
ce n'est pas seulement la Chine qui sera
remuée, mais le monde entier. Comment se
fait-il que nous ne l'ayons pas compris plus
tôt ? Comment se fait-il que l'Esprit de
Dieu ait soufflé au Pays de Galles et que
Londres n'ait pas été atteint ?
Si en ces temps Dieu bénit, d'une
manière particulière, l'Inde, la
Corée, la Mandchourie et
la Chine, ne sera-t-il pas
possible de produire un mouvement puissant de
purification et de vie dans notre contrée,
de manière à ce qu'il puisse aussi y
déverser toutes les richesses de ses
bénédictions ?
Quand, l'année
dernière, j'étais à Taiyunfu,
capitale de la province de Shansi, le directeur de
l'université vint dans une de nos
réunions dans laquelle se manifestait la
puissance merveilleuse de Dieu. Après la
réunion il vint me trouver et me dit tandis
que les larmes coulaient de ses yeux :
« Vraiment aujourd'hui le fondeur a
été parmi nous. »
(Mal.
III, 2, 3.)
J'aimerais exprimer quelques
pensées générales sur le
réveil de la Chine. On m'a souvent
demandé : « Comment avez-vous
été conduit à ce
travail ? » Je me permettrai d'abord
de répondre là-dessus.
Dès le commencement le
Seigneur a béni mon travail dans la mission.
Néanmoins j'avais le sentiment qu'il y avait
encore des obstacles car sans cela l'Esprit de Dieu
aurait certainement pu agir avec beaucoup plus de
puissance. Ces pensées me poussèrent
à étudier de plus près les
vies de Finney, Moody, Spurgeon, Andrew Murray et
d'autres revivalistes et à approfondir
davantage la Parole de Dieu. Je fis des annotations
de ces lectures dans ma Bible chinoise et employai
ces textes et ces exemples dans mes
allocutions ; comme missionnaire rempli de
zèle j'en prononçais 30 à 40
par semaine. Peu à peu je fus tellement
pénétré de ces pensées
que j'étais prêt à tout
sacrifier : femme, enfants, vie de famille et
tout ce que je possédais, pourvu que la
puissance de Dieu pût agir
par moi. Puis je me présentai devant Dieu et
lui dis : « J'ai fait tout ce que je
pouvais faire et maintenant je compte que tu feras
aussi tout ce que tu pourras. » Et je
reçus la vertu de Dieu par la foi. Il est
vrai que je n'ai jamais eu des manifestations aussi
merveilleuses que Finney, Fletscher ou Moody.
Pendant mon travail en Mandchourie, je n'avais pas
davantage le sentiment de la puissance de
Jésus que je ne l'ai aujourd'hui. Et j'en
remercie Dieu quoique je me sois toujours
efforcé d'expérimenter quelque chose
de semblable à ce qu'a éprouvé
Finney, par exemple. Mais il semble qu'il rentre
dans le plan de Dieu pour moi - et peut-être
aussi pour toi - que nous ne nous attendions pas
à des signes et expériences
extraordinaires, mais que simplement nous nous
appliquions à lui obéir.
« Faites tout ce qu'il vous
dira. » Remplissez les conditions et Dieu
tiendra ses promesses aussi certainement que je
suis au milieu de vous.
Je suis persuadé que Dieu
veut que nous participions plus que par le
passé à la grâce de la
Pentecôte. Réfléchissez
qu'hommes et femmes, tous les cent vingt la
reçurent. Dieu a destiné les membres
de son église à être des canaux
du Saint-Esprit. La mère à la maison,
l'instituteur à l'école, le
négociant dans ses affaires, l'ouvrier
à l'atelier, le paysan aux champs, le
prédicateur en chaire, tous devraient
travailler « remplis du
Saint-Esprit. » Nous avons tous besoin du
don de la Pentecôte et il est là pour
tous. N'attends pas sur une expérience
particulière, mais obéis et
crois.
Une seconde pensée que
j'aimerais émettre c'est celle-ci : Il
y a tant d'incrédulité, même
parmi les missionnaires. Tu penses qu'on peut
s'attendre à cela de la part des Chinois,
mais que chez les missionnaires,
c'est bien étonnant. Et
cependant c'est le cas. Que
d'incrédulité on rencontre
souvent !
Dans un endroit j'avais
été invité par un
missionnaire. Nous fîmes visite à un
autre missionnaire travaillant dans la même
localité et l'engageâmes à
prier et à travailler avec nous. Mais il
avait beaucoup de prétextes et des
conditions irréalisables. Il ne vint pas
à notre réunion de prières.
Une semaine plus tard il y eut une grande dispute
dans sa paroisse. Il ne voyait pas que Satan y
manifestait sa force et engloutissait ses brebis.
Le pauvre homme avait été
fasciné par la nouvelle théologie. Il
ne connaissait pas le Dieu vivant.
Malgré l'absence de ce
frère nous commençâmes le
travail. Le troisième soir, l'autre
missionnaire, homme paisible, à qui certes
on ne pouvait faire le reproche de travailler sur
les sentiments, parlait à une
assemblée de 50 écoliers. D'abord
tout était calme et froid, comme d'habitude.
Puis l'un des garçons se leva, confessa ses
péchés et se laissa tomber à
terre. Cela fit brèche et le Saint-Esprit
saisit toute la troupe avec puissance. Tous
étaient à terre pleurant et
sanglotant. L'instituteur commença à
chanter mais on n'y fit pas attention. Il voulut
terminer la réunion, mais personne ne
l'écouta. J'étais dans ma chambre
réfléchissant à l'allocution
que je devais tenir le lendemain. Le frère
m'appela et je descendis à la hâte.
Les garçons étaient à terre,
tremblant et pleurant. Puis on vit l'un d'eux se
lever et aller vers un autre pour lui dire :
« Je t'ai dit un mensonge, je t'en prie
pardonne-moi. » Un autre se tourna vers
son voisin : « Je t'ai une fois
volé un crayon,
pardonne-moi ! » Et cela continua
jusqu'à ce que tous les coeurs fussent
soulagés. Sur quoi je les envoyai tous au
lit. Quel changement admirable on
constata le lendemain. Malgré les
expériences les plus précieuses
l'autre missionnaire resta incrédule. Et
j'ai vu qu'il en est de même dans nombre de
cas.
À la fin de mon travail en
Chine, j'eus des réunions pendant huit jours
à Pékin. Dieu bénissait
là aussi, mais la plénitude n'avait
pas été donnée. Parmi les 300
étudiants peu paraissaient avoir
été atteints ; nous
résolûmes de continuer les
réunions. Hier soir j'ai reçu une
lettre m'annonçant que peu après mon
départ la puissance de Dieu se manifesta
parmi les jeunes gens et que tous furent saisis
d'une conviction de péché profonde.
Mais voici ce qu'il y avait de plus
extraordinaire : ils reconnurent,
profondément honteux, qu'ils
s'étaient entendus pour que M. Goforth ne
fit aucune impression sur eux. Quelle
incrédulité que de croire que ce sont
les hommes qui peuvent toucher les
coeurs.
Une autre pensée dont j'ai
compris l'importance, c'est que si nous voulons
devenir des canaux de la puissance de Dieu et
attirer des bénédictions sur nos
proches et sur tous ceux avec lesquels nous sommes
en relation ou dont nous sommes responsables, il
nous faut apprendre une obéissance
inconditionnelle. Le Saint-Esprit semble être
particulièrement strict sur ce point. Cela
se montra clairement dans un endroit où nous
avions des réunions en décembre
dernier. Dès le premier soir plusieurs
hommes et femmes furent profondément
touchés. Dans la réunion de
prières anglaise il y eut aussi des coeurs
qui s'humilièrent et il semblait que
personne ne pourrait se dérober à
l'action de la puissance divine. Mais de jour en
jour le mouvement restait au même niveau, il
semblait que la plénitude ne pût
être donnée.
Un matin le premier pasteur,
homme
pieux et bon, était sorti avant le lever du
soleil avec les garçons et l'Esprit de Dieu
était descendu avec force sur la troupe. Il
disait que depuis 24 ans qu'il était en
Chine il n'avait jamais vu chose semblable. Le
même soir le feu descendit sur l'école
des filles. Et malgré tout la victoire
n'était pas complète dans la
paroisse. Quelle en était la
raison ?
Peu avant mon arrivée le
pasteur avait trouvé confortablement
établi dans sa chambre l'un de ses diacres
qui était chargé de la
prédication dans une annexe. Le pasteur
l'avait repris rudement, mais le diacre, au lieu de
reconnaître ses torts, avait
été vexé et avait dit qu'il
quitterait la mission. Le pasteur avait
demandé pardon pour la rudesse de ses
paroles, mais l'autre s'entêta. Pendant mon
travail dans l'endroit le pasteur retourna chez lui
et reconnut ses torts, il s'en humilia aussi dans
la réunion de prière anglaise, Et
pourtant il paraît que cela ne suffisait pas
encore.
Vint le dernier soir. J'avais
prononcé ma 12me allocution et
j'étais très fatigué, mais je
continuai à prier. Je dis à mon
frère le pasteur, assis à
côté de moi sur l'estrade :
« Je ne sais comment cela se fait, mais
vous n'avez pas reçu ici la pleine
bénédiction. »
« Eh bien,
répliqua-t-il, en toute
éternité je serai reconnaissant pour
ce que j'ai vu ces jours. »
« Oui, »
répondis-je, « mais vous n'avez
pas la pleine bénédiction, comme je
l'ai vue ailleurs, et justement ici je l'attendais
avec certitude. » Le Seigneur alors me
blâma et j'entendis une voix
intérieure : « Ne sais-tu pas
te tenir tranquille et attendre le salut de
Dieu ? » « Si, Seigneur,
lui dis-je, je veux rester tranquille et
attendre. »
À peine avais-je dit ces
paroles dans mon coeur, que l'un des missionnaires
s'affaissa, confessa ses péchés et
pria. Un autre suivit. Puis mon voisin, le cher
frère et fidèle homme de Dieu se leva
et en pleurant dit à peu près ce qui
suit : « Père, il y a
longtemps que ton serviteur Moïse avait
prononcé des paroles
inconsidérées et tu refusas de le
laisser entrer au pays de la promesse quoiqu'il le
désirât si ardemment ; tu l'as
puni. Eh bien, Père, moi, ton serviteur,
j'ai aussi parlé sans réflexion.
Punis-moi, mais, oh ! ne punis que moi.
Pourquoi serais-je un empêchement à la
bénédiction de toute la
communauté ? » Et il continua
à prier ainsi.
Alors un homme éclata en
sanglots déchirants ; c'était le
diacre fautif. Puis ce fut l'instituteur, qui avait
aussi procuré bien des ennuis au pasteur,
qui s'humilia et bien d'autres après lui.
Devant moi les garçons gisaient à
terre ; bientôt les filles
glissèrent des bancs sur les genoux et il y
eut beaucoup de pleurs dans l'assemblée.
Hommes, femmes et enfants s'humiliaient devant le
Seigneur, et alors il put remplir leurs coeurs de
grâce débordante.
Il semble pourtant que ce
n'était qu'une bagatelle chez ce
frère, mais le Saint-Esprit est très
exact. Il veut que ses serviteurs soient absolument
purs. Il faut qu'il purifie les enfants de
Lévi avant qu'ils aient le droit d'offrir
des sacrifices équitablement. Il faut qu'ils
se courbent dans la poussière et
reconnaissent publiquement leurs fautes.
Un autre caractère
remarquable du réveil, c'est la puissance de
la prière et son influence merveilleuse.
À Moukden où j'ai tenu des
réunions pendant six jours, on n'avait fait
aucun préparatif, on n'avait lancé
aucune invitation, mais nous étions soutenus
par une puissance de
prière. Le Dr Moffat nous avait dit :
« Si vous tenez des réunions
à Moukden, nos frères et soeurs d'ici
prieront pour vous ; plusieurs milliers de
Coréens intercéderont. Souvenez-vous
que leurs prières ont de la puissance de
pénétration. »
Malgré cela je dois avouer qu'après
la seconde réunion de Moukden où je
n'avais aperçu aucune action de l'Esprit
parmi l'auditoire, je rentrai passablement
oppressé. En entrant dans ma chambre je
tombai à genoux et priai. Je ne tardai pas
à entendre la voix de Dieu :
« Ne peux-tu avoir confiance en
moi ? Ne suis-je pas le Tout-Puissant ?
Quand même ils n'ont rien
préparé ici, je puis néanmoins
accomplir mon oeuvre. » Alors mon coeur
se tranquillisa et je pus tout remettre entre les
mains de Dieu.
Le lendemain matin de bonne
heure un
des anciens d'église vint à moi
profondément humilié. Il s'agenouilla
à la même place où je l'avais
été et confessa :
« Avant la révolte des Boxers
j'étais caissier. Les Boxers vinrent,
allumèrent la station et mes livres
brûlèrent avec le reste. Quand les
missionnaires revinrent et demandèrent leur
argent, je leur dis que je n'avais plus rien. Ils
ne pouvaient rien vérifier. Hier la Parole
de Dieu est venue et m'a transpercé comme
une épée. Je veux tout
rendre. »
Dieu avait été
présent et avait agi, bien que je ne m'en
fusse pas aperçu. Il fit alors une oeuvre
admirable à Moukden. Mais il ne peut pas
faire ce qu'il voudrait quand ses serviteurs
n'entrent pas dans ses vues.
Quand je travaillai à
Pékin, je commençai dans une mission
où ce furent surtout les femmes qui furent
bénies. Dieu ne pouvait pas agir dans toute
sa plénitude parce que quelques-uns des
directeurs étaient trop
occupés de leurs affaires et ne voulaient
rien sacrifier. L'un par exemple vendait des
cigarettes et ne pouvait se décider à
lâcher ce commerce. Les directeurs
empêchaient ainsi la
bénédiction d'atteindre les hommes.
Parmi les écolières
aînées, l'une, sachant la chose,
l'avait particulièrement à coeur.
Elle pria une fois : « Père,
nous te remercions pour ce que tu as fait de
l'autre côté de la grande muraille.
Ils avaient besoin de toi là-bas, mais nous
sommes aussi terriblement secs et
indifférents ici. Ne veux-tu pas avoir
compassion de nous et descendre ici comme tu l'as
fait en Mandchourie ? » Un
missionnaire disait après que son visage
resplendissait comme celui d'un ange. Un soir elle
cria en grande angoisse : « 0
Seigneur, brise cet interdit ! »
Aussitôt après une autre jeune fille
pria et dit comme pour la critiquer :
« Seigneur, fais-nous la grâce que
chacun cherche à être
délivré de ses propres
péchés, sans se préoccuper de
ceux des autres. » À partir de ce
moment celle-ci ne fut plus bénie, le
Seigneur Dieu la laissa de côté. La
première pria encore : « 0
Seigneur, je suis prête à laisser ma
vie, efface-moi de ton livre, mais viens et
glorifie-toi dans la paroisse ! »
Aussitôt qu'elle eut dit cela l'Esprit de
Dieu descendit avec puissance sur les femmes et
quelques hommes furent aussi saisis. C'est
là la force de la prière ardente et
persévérante. Savez-vous prier
ainsi ? Dès que vous le ferez vous
aurez des bénédictions. Nous en avons
fait l'expérience en Chine.
Il est aussi caractéristique
de constater la direction manifeste de l'Esprit de
Dieu. En parlant du mouvement de Nankin, un
missionnaire dit dans son compte-rendu :
« C'est mal s'exprimer que de parler de
réunions dirigées par M. Goforth.
C'est le Saint-Esprit qui avait
la direction et quand il vient on est prêt
à tout. »
Ailleurs en Mandchourie le
pasteur
me dit : « Ne vous attendez pas ici
à un mouvement comme aux autres endroits.
Nous sommes des presbytériens au
caractère raide et ne montrons pas ainsi nos
sentiments. Il sera impossible à nos gens de
se lever et de faire une confession publique et
quant à ce que les femmes ouvrent la bouche
pour la prière, il n'en est pas question
dans notre église. » Je
répliquai : « Quant à
la manière dont Dieu manifeste sa puissance,
je lui en laisse le soin, je n'ai aucun
contrôle à exercer à cet
égard. Qu'il vienne dans l'orage, le
tremblement de terre ou par la voix douce et
subtile, c'est son affaire. Je ne suis que son
ouvrier. »
Dès la première
allocution environ quinze hommes et femmes
prièrent. Les missionnaires étaient
surpris. Le lendemain des jeunes gens et des jeunes
filles prièrent. Le troisième jour
personne ne pouvait attendre sur l'Amen de celui
qui le précédait. Pendant environ 25
minutes il n'y eut que des prières d'hommes.
Mme H. me dit à l'oreille :
« Ne diriez-vous pas aux hommes qu'ils
laissent aussi aux femmes l'occasion de
prier ? » « Non, madame,
répliquai-je, quand j'ai remis la direction
d'une assemblée au Saint-Esprit, je
n'interviens en aucune manière. Je dis
simplement : « Cher et divin Esprit,
cette réunion est entre tes mains, fais ce
qui te semble bon pour que le Père et le
Fils soient
glorifiés. »
À la station que je visitai
ensuite, on m'apporta dès le premier soir
une lettre de la teneur ci-après :
« Je voudrais particulièrement
vous recommander deux sujets de prière pour
la réunion de prière anglaise. Il y a
dans la paroisse deux frères,
un prédicateur et un
diacre qui ont une querelle qui empêche
l'oeuvre de Dieu. Un autre prédicateur est
en dispute continuelle avec sa femme qui est
lectrice de la Bible. S'il vous plaît
faites-en mention et priez pour ces deux
cas. » Je répondis :
« Non, je ne suis pas de la police
secrète du Saint-Esprit. Il se chargera bien
de faire le jour sans que je m'en
mêle. »
Le lendemain matin il y eut un
puissant souffle du Saint-Esprit sur
l'assemblée. Un homme se leva et dit :
« Mon irritabilité et mon orgueil
sont si grands que personne ne peut s'entendre avec
moi à la maison. » C'était
l'aîné des deux frères
mentionnés dans la lettre. Un autre homme
était à terre et pleurait à
rendre l'âme. Puis il dit :
« Je traite si mal ma femme et je suis si
orgueilleux. » C'était le
prédicateur qui ne s'entendait pas avec sa
femme. Maintenant il fut rempli du Saint-Esprit,
rentra et put dorénavant supporter sa femme
avec douceur. La puissance de Dieu travailla
l'endroit tout entier et il y eut un grand
réveil. C'est pourquoi laissez tout
à, la direction de l'Esprit et ne soyez pas
inquiets. Il s'entend à faire son oeuvre
selon ses vues. Si souvent les missionnaires
veulent intervenir pour soutenir l'oeuvre de Dieu.
Retirons nos mains. Combien de réunions dans
lesquelles Dieu ne peut agir parce que les hommes
veulent diriger. Ah ! laissez donc agir
l'Esprit de Dieu librement ! Il sait ce qu'il
fait.
Il est remarquable aussi combien
la
conviction de péché est profonde, ce
dont nous avons déjà mentionné
maint exemple. Celui qui était saisi par
l'Esprit de Dieu était souvent jeté
à terre dans une vraie agonie de souffrance,
puis il s'élançait sur l'estrade avec
le cri : « Il faut que je me
débarrasse de cela. » Il
était saisissant de voir quelquefois des
assemblées entières
lutter dans la détresse produite par le
péché. Mais d'autre part que
c'était glorieux quand après cela ils
pouvaient saisir la croix et tout laver dans le
sang de l'Agneau, de telle sorte qu'ils
éprouvaient la paix de Dieu et que le
Saint-Esprit remplissait leurs
coeurs !
Il y eut ainsi une profonde
agonie
de péché dans une réunion de
1500 personnes. Depuis 2 heures cinquante
jusqu'à 9 heures et 10 minutes, confession
succéda à confession. Cinq pasteurs
étaient à l'oeuvre. De terribles
choses furent révélées, mais
mieux vaut qu'elles viennent à la
lumière que de rester à l'état
d'interdit. Il n'y a que le péché qui
arrête l'Esprit de Dieu. Oh ! que le
céleste fondeur vienne aussi dans nos
paroisses et nos communautés fondre, fouler
et purifier jusqu'à ce que les fils de
Lévi soient dans la position voulue de
Dieu.
On m'a souvent demandé si
j'avais aussi reçu le don des langues comme
signe accessoire. Non, jamais je n'en ai eu le
moindre semblant. Mais ce qui est décrit
dans Jean XVI a été manifesté
dans les assemblées : « Quand
celui-là (le Saint-Esprit) viendra, il
convaincra le monde de péché, de
justice et de jugement ; de
péché parce qu'ils n'ont pas cru en
moi ; de justice parce que je m'en vais au
Père et que vous ne me verrez plus ; de
jugement parce que le prince de ce monde est
déjà jugé. » Cela je
l'ai vu de toutes parts dans les paroisses de
manière convaincante et
inattaquable.
Et j'ai vu aussi comment le
Saint-Esprit instruisait les âmes dans toute
la vérité, comment à ceux qui
s'humiliaient, il révélait
Jésus comme un Sauveur parfait. Et la force
leur était donnée, non seulement pour
confesser les péchés, mais aussi pour
les réparer partout
où c'était possible. Je voudrais
qu'ici aussi ceux qui sont éloignés
vissent les signes que nous avons vus en Chine.
C'est de bon coeur que les gens donnaient leurs
richesses pour répandre l'Évangile.
Un homme gagnait beaucoup, 40 dollars par mois. Il
renonça à sa place et devint
prédicateur de l'Évangile. Un autre
avait un bon commerce ; mais il dit :
« Je veux dorénavant être
serviteur de Jésus. »
Y en a-t-il ici qui soient
prêts à tout sacrifier, leur commerce,
leurs places lucratives et tout ce que le monde
peut offrir pour aller annoncer l'Évangile
en Chine ? Je n'ai d'autre voeu pour mes six
enfants que de les voir servir le Seigneur en Chine
ou dans un autre pays païen. Il est glorieux
d'offrir maintenant sa vie pour la Chine, car
l'heure de Dieu est venue où il visitera ce
pays de bénédictions
particulières.
Éphésiens
VI, 18.
Le chrétien a besoin d'une armure pour
résister au mauvais jour, car la puissance
de l'ennemi est grande. De vastes
préparatifs ont été faits pour
armer le chrétien de telle sorte qu'il
puisse être vainqueur. Mais l'armure ne
suffit pas si la prière fait défaut.
Si nous ne sommes pas puissants dans la
prière nous n'aurons pas de
succès.
Elle nous préserve de la
tentation. Ceux qui vivent dans le
péché ne sont pas seuls
exposés à la tentation, les enfants
de Dieu y sont aussi sujets et cela souvent
d'autant plus qu'ils sont plus près de Dieu.
Satan sait bien le danger qu'il y a pour lui dans
notre communion avec Dieu et que notre seule arme,
c'est la prière. Pierre était parmi
les douze un homme de première importance.
C'est justement à lui que le diable
s'attaque ; et malgré l'avertissement
du Seigneur Jésus, il succomba d'une
manière lamentable parce qu'il n'avait pas
veillé et prié. Au moment même
où nous prenons l'attitude de Pierre nous
courons le danger d'une chute.
La prière nous aidera
à parvenir à la ressemblance de
Jésus. Dieu ne pouvait pas toujours laisser
son Fils sur la terre. Il avait pour lui une oeuvre
plus grande dans le ciel. Mais il veut que ses
serviteurs lui ressemblent si bien qu'on voie
Christ en eux. Il n'y a que la prière qui
puisse produire ce résultat. Un petit
garçon vint dire à la maison :
« 0 maman, j'ai vu le Seigneur
Jésus. » « Mais non, tu
ne l'as pas vu, lui répondit sa
mère. » « Si, si, je
l'ai vu. » Ce qu'il avait vu,
c'était une personne qui vivait si
près du Seigneur, qu'elle reflétait
sa gloire.
La puissance de la prière est
irrésistible. Si nous apprenons à
prier selon la volonté de Dieu nous
remuerons le monde. Quand les récompenses
seront remises au travail accompli nous verrons
avec étonnement que ce ne sont pas les
grands orateurs qui auront les premières
places, mais ceux qui ont connu la puissance de la
prière. Toute la résistance qui
existe dans nos pays, toutes les redoutes qui ont
été élevées contre les
progrès de l'Évangile, ne peuvent
être surmontées que par la
prière.
Il me semble que Dieu a
l'intention
de manifester des forces bien supérieures
à tout ce que nous avons vu en pays
païen. Je crois qu'il peut commencer ici une
oeuvre qui ne cessera pas avant que chacun ait
été touché et que chaque
enfant de Dieu ait été vivifié
et rendu intelligent pour son service. Je suis
sûr qu'Étienne s'attendait à ce
que Paul fût converti. Il ne pouvait
échapper à une prière comme
celle d'Étienne. Dans une de nos stations
chinoises il y avait un homme qui avait fait
profession d'être chrétien, mais qui
était retombé et se trouvait en
prison. Les missionnaires ne voulaient plus rien
avoir affaire avec lui. Il en résulta que
100 membres de la paroisse quittèrent
l'église à la joie des ennemis qui
pensaient que le travail des missionnaires
était détruit. Mais Dieu envoya ses
messagers et après de ferventes
prières, 103 personnes, hommes et femmes,
furent atteints, dans une réunion, d'une
terrible angoisse dans leurs âmes et
confessèrent leurs péchés au
Seigneur.
Nous devrions toujours prier et
ne
point nous relâcher (Luc XVIII 1-8). Le
Seigneur nous connaît à fond et il
sait combien souvent notre coeur s'alanguit dans la
prière, après que nous avions bien
commencé. Le Seigneur
Jésus ne veut pas cela, mais que nous
progressions et allions de force en force. C'est
justement pour cela que le Saint-Esprit nous a
été envoyé.
Jésus ne demande pas que nous
fassions quelque chose qu'il n'ait pas fait
lui-même. Il avait un travail immense. Tout
le jour le peuple le réclamait, mais
préoccupé du choix des douze il passe
toute la nuit en prière. Quand il devint
populaire au point qu'on voulut le faire roi, il
monta sur une montagne pour prier. Et aussi vers la
fin de sa carrière, voyant que l'heure de
l'adversaire était venue, il sortit pour
prier. Il savait que le berger allait être
frappé, les brebis dispersées, et il
priait pour que leur foi ne défaillît
pas - et leur foi resta en effet debout.
Parmi les Chinois les ouvriers
aussi
bien que les convertis ont besoin de nos
prières. Sommes-nous de ceux qui les
soutiennent effectivement ? Ou sommes-nous
devenus languissants ? Samuel disait à
Saül : « Dieu me garde de
pécher contre l'Éternel et de cesser
de prier pour vous. »
(I Sam. XII 23.) Ce qui était
péché alors ne l'est sûrement
pas moins aujourd'hui ; reconnaissons-le et
faisons mieux !
Jésus est toujours notre
exemple. Il vit pour intercéder pour
nous : Si nous étions comme lui, le
Malin ne pourrait rien contre nous. C'est par le
fait que le peuple de Dieu a été
négligent dans la prière que Satan a
été puissant dans
l'Eglise.
Nous avons en outre quantité
de témoignages. Abraham intercéda
pour Sodome et Gomorrhe. Il y a plus de dix justes
à Londres, - mais quelle foule
d'injustes ! et malgré tout il est
possible de réveiller Londres par la
prière, ce qui influencerait en même
temps le monde entier.
Dieu dit à Moïse :
« Laisse-moi détruire ce
peuple ! » Mais Moïse persista
et éprouva la puissance de la
prière ; il se peut qu'une même
sentence soit prononcée sur ce pays ;
prenons donc la place de Moïse et prions pour
notre peuple.
Remarquez comme Daniel s'humilia
devant Dieu et confessa le péché de
sa nation. Malgré cela il rappela à
Dieu la promesse donnée par
Jérémie et fut exaucé ;
son peuple put retourner en
Judée.
Il nous faut prier pour la
purification de l'église, car Dieu ne peut
s'en servir, tant que ses membres s'adonnent aux
plaisirs et à la mondanité. Ces
choses empêchent l'Esprit de Dieu dans son
travail. Les hommes qui ont remué le monde
furent tous des hommes de prières. John
Walsch priait par exemple :
« Donne-moi l'Écosse ou je
meurs ! » Oh ! que Dieu mette
au coeur de ses enfants ce cri :
« Donne-moi la Chine, l'Angleterre,
l'Allemagne, la France, la Suisse ou je
meurs ! »
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