Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE RÉVEIL EN MANDCHOURIE



III
Trois discours de M. Goforth, missionnaire, prononcés à Londres, à l'anniversaire de la Mission intérieure en Chine
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Je répandrai mon Esprit sur toute chair.

Ma station que je desservais depuis 1895 est située dans le nord de la province de Honan. En novembre dernier quand nous eûmes à Changtehfu des réunions spéciales d'évangélisation nous avions environ 900 membres baptisés et près de 1000 catéchumènes. Plusieurs fois l'observation avait été faite par nos missionnaires : « Si seulement il venait un frère du dehors ! Peut-être Dieu se servirait-il de lui pour réveiller nos gens. » Quand j'étais à Shansi j'avais entendu exprimer les mêmes pensées. Et maintenant on me demandait de tenir des réunions spéciales sur ma propre station. Le Seigneur pourrait-il produire ici les mêmes choses qu'ailleurs ? Je dois avouer que cette pensée m'opprimait. Il n'aurait pas dû en être ainsi. Alors Dieu me donna cette parole de Malachie I, 11 : « Depuis le soleil levant jusqu'au soleil couchant mon nom est grand parmi les nations, et en tous lieux, donc aussi à Changtehfu, à Londres, et là où tu te trouves, on brûle de l'encens et une offrande pure est offerte à mon nom. Car mon nom est grand parmi les nations, a dit l'Éternel des armées.

Je voudrais tout d'abord raconter ce qu'a fait en dix jours le Saint-Esprit que nous aimons, en novembre dernier à Changtehfu. Dès la première réunion nous vîmes les signes du mouvement qui se préparaient. Le second matin l'instituteur de l'école des filles fut saisi par lui avec puissance. Il était couché, à terre et reconnaissait avec larmes tous ses manquements à l'école, surtout son manque d'amour et de patience. Le même soir à la réunion de prière anglaise de l'école des filles la directrice s'humilia. Le lendemain matin ce fut comme le mugissement d'un vent puissant passant dans les rangs des 75 élèves. Pendant une heure elles furent en grande angoisse d'âme. Tout péché entravant leur vie spirituelle fut confessé : de petits vols, des négligences, des calomnies et tout ce qui avait souillé ces jeunes âmes fut avoué. Le troisième jour l'instituteur principal de l'école des garçons confessa avec une grande humilité tous ses manquements. Le soir du quatrième jour en sortant de la réunion de prière anglaise, nous entendîmes un bruit étrange dans la cour de l'école des filles. Nous apprîmes alors qu'elles s'étaient réunies pour prier pour l'école des garçons et tandis qu'elles priaient encore l'Esprit de Dieu avait saisi les 75 garçons avec une puissance irrésistible. À l'endroit même où ils étaient ils se jetaient par terre et confessaient leurs péchés. Le Seigneur accomplit ce grand travail dans les deux écoles dès le début.

Le troisième soir, il y avait environ 300 personnes réunies sous la tente, quand l'Esprit de Dieu se servit comme instrument d'un homme, lequel je reconnais à ma honte avoir toujours regardé avec un peu de dédain. C'était un homme insignifiant et borné. Mais pendant ces jours il avait confessé et délaissé tous les péchés qui l'avaient arrêté auparavant. Il commença à parler et je devins inquiet, craignant du désordre car nous le considérions tous comme n'ayant pas le sens commun. Mais à mesure qu'il continua, je compris vite que l'Esprit de Dieu s'en servait comme instrument. Ses pensées se concentraient sur un point et avec une profonde humilité il dit à peu près ce qui suit :

« Jésus est maintenant devant la porte. Il y a longtemps qu'il est là. N'est-il pas étonnant qu'il attende si patiemment ? Pourtant le temple lui appartient, il l'a racheté par son précieux sang. Vois la marque des clous dans ses mains, vois la plaie dans son côté ! Regarde-le attendre rempli d'amour ! Pourquoi ne veux-tu pas lui ouvrir ton coeur ? Laisse-le donc entrer ! Si tu ne le reçois pas, ton coeur continuera à être une demeure du démon, le péché et l'égoïsme y régneront. Oh, laisse-le entrer ! » Tandis qu'il parlait ainsi avec une chaleur toujours croissante, une profonde émotion saisit toute l'assemblée et beaucoup se donnèrent à Dieu. Tout à coup il s'arrêta. Quelle déception pour moi ! Mais aussitôt il se releva, répétant les mêmes paroles. Il semblait qu'on voyait le Crucifié à la porte. Et alors une grande puissance saisit tous les auditeurs, aucun ne resta indifférent. Hommes, femmes et enfants pleuraient et criaient grâce.

Certes c'était une oeuvre non des hommes, mais de Dieu. Et cela continua. D'abord on priait un à un puis trois ensembles, mais cela alla en croissant. Personne ne pouvait attendre. C'est par douzaines, puis par centaines que les gens priaient et finalement tous le firent ensemble. On entendait beaucoup de plaintes et de pleurs. Puis quelqu'un se leva et dit : « Mon père n'est pas encore sauvé ; ne voulez-vous pas prier pour lui ? » Et immédiatement toute l'assemblée intercéda pour lui. Un autre dit : « Il y a tant d'indifférence et de tiédeur sur notre annexe, s'il vous plaît, priez pour nous. » Et tous prièrent pour cet endroit.

Sept fois j'essayai de parler, toujours en vain. Le chant, les prières et les confessions alternaient et il venait beaucoup de personnes sur l'estrade. Remarquez que jamais je ne sollicite personne à y venir et à se confesser. En général je ne dis jamais aux gens ce qu'ils ont à faire. Quand l'occasion s'en présente, je leur fais comprendre ce qui importe pour être sauvé. Sitôt que j'ai terminé, je baisse la tête pour la prière et laisse agir Dieu. Mais là les gens se pressaient pour venir se confesser et je ne voulais pas les retenir. Il y en avait souvent jusqu'à 20 et 30 qui attendaient leur tour. Et certes ce n'était pas une bagatelle que de se présenter devant toute cette assemblée pour faire des confessions comme celles que nous avons entendues ; mais ils semblaient être poussés par une puissance telle qu'aucune volonté d'homme ne pouvait y résister.

Le matin du dixième jour l'un des frères vint de bonne heure me dire : « Je crois que vous devriez commencer la réunion plus tôt que d'habitude. Ces gens ont pleuré pendant la moitié de la nuit et ne peuvent le supporter plus longtemps. » N'oubliez pas qu'il arrivait continuellement de nouvelles foules. Je m'y rendis donc dès 9 heures et aussitôt que nous eûmes chanté ils se pressèrent sur l'estrade et cela continua jusqu'à 1 heure. Confession succédait à confession, alternant avec le chant et les prières. Oh ! ces chants : Jésus t'aime, Jésus t'aime ; une puissance nouvelle animait ces vieux cantiques. À trois heures nous recommençâmes et continuâmes jusqu'à la nuit. À 7 1/2 heures commençait la réunion de prière anglaise qui dura jusqu'à 11 heures. Il en était ainsi jour par jour.

D'où cela venait-il ? L'Esprit de Dieu seul pouvait le produire et ce qu'il peut faire en Chine il peut le réaliser aussi parmi vous. Je n'ai pas le moindre doute qu'il est tout aussi disposé à faire son oeuvre ici qu'à Changtehfu. La faute n'en est jamais à Dieu, elle est toujours de notre côté. Aussitôt que nous sommes prêts, Dieu l'est aussi pour nous combler de bénédictions. Naturellement c'est difficile d'ainsi confesser ses fautes publiquement, mais il faut que cela se fasse si nous voulons être en règle avec lui, en tous cas c'est le chemin qu'il nous a tracé en Chine.

Ce qui m'a paru le plus remarquable dans les réunions de Changtehfu - et je ne veux parler ici que de celles-là - c'est la puissance du Saint-Esprit qui surmonte tout pour convaincre de péché. Il nous fit voir clairement et distinctement que c'était lui qui dirigeait l'assemblée. Cela se manifesta d'une manière particulière chez l'un de nos aides. Le quatrième jour il se leva et confessa ses péchés. Il dit qu'il s'était vanté à ses collègues en vue de ces réunions : « Oh ! je ne me prêterai pas à ces choses, mes lèvres n'articuleront aucune confession et mes yeux ne verseront aucune larme. Je pensais, continuait-il, que tout cela provenait uniquement de ce que M. Goforth agit sur les sentiments. Le premier jour je me dis que j'avais raison. Le second jour je vis que les gens pleuraient et confessaient leurs péchés et je ne comprenais pas pourquoi ils le faisaient puisque dans ce qu'ils avaient entendu il n'y avait rien pour les mettre dans cet état. Le troisième jour je ne savais plus bien que dire et le quatrième jour j'avais perdu tout contrôle de moi-même. J'étais abasourdi. Après la réunion je sortis, mais ne savais si je devais diriger mes pas vers le nord ou le midi, l'est ou l'ouest. Quand enfin je fus à la maison je me jetai sur mon lit. L'un des instituteurs vint alors et me dit : M. Hu, ne voulons-nous pas prier ensemble ? Je me levai, m'agenouillai, mes larmes coulèrent, mais je ne pus proférer un mot. Je crois maintenant que c'est là l'oeuvre du Saint-Esprit et je suis peiné de l'avoir contristé en croyant qu'une puissance semblable puisse être dépendante d'un homme. »
Deux étrangers confessèrent ensuite exactement la même chose sur l'estrade. Le Saint-Esprit se chargea de montrer que seul il peut agir ainsi.

Mais ensuite il nous convainquit encore d'une autre vérité. Il montra à tous que nous devons porter du fruit. Oh ! comme cela alla au coeur de tous, hommes et femmes. Combien demandèrent pardon en pensant à toutes les occasions perdues, à toutes les années dissipées, pendant lesquelles ils avaient fraudé le Seigneur d'une partie de sa gloire parce qu'ils n'avaient pas rempli leurs devoirs. Croyez-vous que cela ne concerne que la Chine ? Je crois que si on laissait son droit au Saint-Esprit dans nos milieux on entendrait les mêmes plaintes et gémissements sur la stérilité parce que chez beaucoup de personnes il y a bien des feuilles, mais pas de fruits.

Et puis tout semblait vivifié. Un prédicateur se leva et dit : « Nous ne comprenions pas la Bible avant. Nous ne connaissions pas Dieu et ne savions pas ce qu'est une prière véritable. » Après cela ils vinrent tous et dirent : « Le Seigneur a fait plus en ces dix jours que nous n'aurions atteints en dix ans. » Un lettré chinois qui avait trouvé la foi peu de temps avant disait : « C'est merveilleux, en ces dix jours j'ai appris davantage qu'en trente ans d'études de classiques chinois. Dieu nous a montré tant de choses que les disciples de Confucius et Mencius n'ont jamais su. » Certainement, l'Esprit de Dieu sait instruire rapidement !

Ne pensez-vous pas qu'ici aussi nous avons besoin de cet enseignement ? Peut-être y a-t-il actuellement trop de sages et d'intelligents dans la chrétienté, tandis que les choses du royaume de Dieu ne sont révélées qu'aux enfants. Quand nous saurons prendre notre place comme tels aux pieds du Maître il nous submergera de lumière divine qui nous ouvrira l'Écriture entière, de la Genèse à l'Apocalypse. Je suis heureux d'oser dire que ma théologie est la même que celle de Spurgeon la théologie de la Bible. Dieu s'en est servi et y a mis son sceau.

Nous avons vu la puissance qu'a l'Esprit de Dieu pour convaincre de péché. Tous les péchés possibles ont été confessés : meurtre, adultère, vol, brigandage, haine, aigreur, envie, violence. Y a-t-il aussi de la violence et de l'irritabilité ici dans le pays ? orgueil, esprit critique, paresse à prier, négligence à lire la Parole de Dieu, indifférence vis-à-vis de parents et d'amis qui n'ont pas trouvé le salut. Y a-t-il aussi ici parmi nous de semblables péchés à confesser ?

Là, en Chine, l'Esprit de Dieu a tout mis en lumière. Un homme se leva et dit avec une grande angoisse : « Je savais que ce n'était pas bien et je suis pourtant allé au théâtre. » Puis il demanda pardon à Dieu. Qu'en est-il ici ? Y en a-t-il encore parmi nous qui soient capables de vilipender leur temps à ces frivolités ?

Un membre de la communauté du dehors, un homme considéré se leva et reconnut en tremblant : « J'ai joué aux cartes et même à l'argent. » Quelqu'un lui avait dit : « Je croyais que les chrétiens ne devaient plus s'adonner au jeu de cartes », à quoi il répondit que son pasteur le lui avait permis. Mais le Saint-Esprit l'avait repris. Quel travail n'y aurait-il pas dans la patrie à purifier familles et paroisses de semblables plaisirs. La voix de l'Esprit se fait entendre claire et distincte depuis les pays païens. Il rend là-bas ces choses très nettes. Il amène les gens dans l'angoisse du péché et alors ils y renoncent.

Oh ! si l'Esprit de Dieu pouvait réussir à dégager les enfants de Dieu de ces vanités, en sorte qu'ils passent leur temps libre à genoux ou en face de la Parole de Dieu. Alors l'Eglise de Christ croîtrait en force et remuerait le monde. C'est pourquoi efforçons-nous en toutes choses de renoncer à nous-mêmes et de nous charger de notre croix pour suivre Jésus où qu'il aille.
Mais l'Esprit de Dieu ne convainc pas seulement de péché, il presse les gens de tout confesser.

Un des meilleurs médecins assistants se leva pour sa confession. Il avait haï l'autre assistant, sans pourtant que ce dernier parût s'en apercevoir et avait critiqué la directrice de l'école des filles. Il leur demanda pardon à tous deux et continua : « Je voyais que je ne pouvais pas gagner beaucoup d'argent comme assistant et avais décidé de m'établir, c'était un très grand tort. » Il supplia Dieu de lui pardonner et ajouta : « Je veux rester toute ma vie ici au service de la mission. » Quand parmi nous l'Esprit de Dieu retrouvera son autorité sur ce point aussi, nous verrons des conversions.

Je vis le même homme revenir huit fois sur l'estrade pour confesser ses péchés. Comme cela arrive souvent il y avait aussi chez lui la tendance à parler d'abord des soi-disant petits péchés, dans l'espoir de pouvoir taire les grands. Mais l'Esprit de Dieu ne lui laissa aucun repos. Il me raconta après qu'il était venu à la réunion avec la résolution arrêtée de ne pas ouvrir la bouche, mais, l'Esprit de Dieu l'y contraignit et il ne put rien garder.

L'angoisse de quelques-uns était terrible. Souvent ils se jetaient à terre en gémissant. Un pauvre garçon avait assassiné sa mère et son frère avant sa conversion. Ce souvenir le tourmentait terriblement. Deux frères vinrent, l'un diacre, l'autre membre de l'Eglise. Ils s'étaient haïs à tel point qu'ils se seraient volontiers tués. Ils s'humilièrent profondément, reconnurent tout et se réconcilièrent.

Les choses les plus cachées furent mises à nu. Il se manifesta des interdits qui depuis longtemps entravaient la communauté. Quelques années auparavant il y avait eu un frottement regrettable. Les deux principales soeurs de l'hôpital étaient dans une telle colère l'une contre l'autre qu'elles s'étaient sauté aux cheveux. L'une avait confessé une partie et ce faisant avait raconté les péchés de l'autre. C'est toujours une chose dangereuse derrière laquelle se cache Satan. L'un des assistants était aussi compromis et nous le fîmes venir pour élucider l'affaire. Mais il nia tout et l'une des soeurs fut congédiée. Il s'était passé deux ans depuis. Mais le sixième soir tout vint au jour à la réunion. L'assistant se leva et dit : « Quand j'entendis qu'il y aurait ici des réunions spéciales, je priai le diable de m'aider. Je savais qu'il peut faire beaucoup. Mais je savais également que l'Esprit de Dieu a une grande puissance ; cependant je comptais qu'il n'aurait pas de puissance sur moi si je pactisais avec le diable. C'est en vain, je ne puis résister et dois me confesser. Tout ce qui a été dit contre moi est vrai. La soeur est innocente. »
Quand sa mère, qui était aussi à la réunion, entendit cela elle en eut une si grande douleur qu'elle s'évanouit et dut être portée dehors. Elle avait cru à la sincérité de son fils mais l'Esprit de Dieu fit le jour sur toute l'affaire.
Les garçons les plus âgés qui devaient quitter l'école avaient décidé de s'engager dans l'armée pour gagner de l'argent. Mais quand l'Esprit de Dieu les eut atteints, ils racontèrent tout, et dirent : « Maintenant nous voulons servir Jésus, même si nous devions avoir faim. »

Tous nos instituteurs avaient voulu partir parce qu'ils ne pouvaient pas faire le tour avec leurs appointements. L'un d'eux avait aussi l'intention de quitter la mission pour devenir mandarin ; il avait déjà postulé à notre insu. Mais quand les garçons s'humilièrent l'un après l'autre, cela parla à son coeur et il dit : « Je veux servir Jésus toute ma vie. » C'est ainsi que tout se découvrit.
Si vous désirez qu'ici aussi les choses obscures et cachées viennent à la lumière, faites place à l'Esprit de Dieu et quand il viendra, il éclaircira tout et le mettra en lumière.

Sur une annexe qui avant la révolte des Boxers s'était développée d'une manière réjouissante vivait un homme riche qui faisait l'impression d'un chrétien avancé. Mais après l'an 1900, il n'y eut plus de progrès ni chez lui, ni dans la paroisse. Le fils vint à notre réunion. Je le priai d'amener son père. Quand celui-ci vint, il dit : « Je ne crois pas avoir à confesser des péchés particuliers. Tout est en ordre chez moi. Je suis déjà vieux, vous devriez me laisser en repos et vous occuper de mon fils. » « Attends seulement, » lui dis-je. Deux jours après il se rendit et pleurait par terre. Après que le premier cantique eut été chanté il demanda la permission de venir sur l'estrade et confessa ce qui suit : « Quand après les désordres des Boxers on paya les indemnités, je réclamai 150 mesures de froment au lieu de 100 que j'avais perdues et 75 mesures de farine au lieu de 50. » Il ne pensait pas du tout que ce fût un péché, mais dans la nuit précédente l'Esprit de Dieu l'avait éclairé, convaincu de péché, en sorte que maintenant il sentait ce qu'il avait fait.

Oui, l'Esprit de Dieu mit en lumière tous les obstacles. Pendant les huit ans qui avaient précédé je m'étais souvent demandé pourquoi cela n'avançait pas dans la communauté. Nous prêchions et exhortions, mais on ne voulait pas entendre. Il y avait des péchés cachés et l'Esprit de Dieu ne pouvait pas agir. Et s'il ne peut agir ici au pays c'est que des péchés cachés l'en empêchent. J'ai tenu de semblables réunions à trente endroits différents en Chine, et partout j'ai constaté l'action puissante du Saint-Esprit. Nulle part il n'y a eu d'autre empêchement que le péché et quand il était ôté, le Saint-Esprit était libre et agissait sans entraves.

Je pourrais en raconter long sur ce que Dieu fit jour par jour. Une fois les gens atteints ils sortaient souvent encore à minuit pour essayer d'amener des amis et connaissances ou bien ils leur envoyaient des messagers. Un homme partit pour en chercher un autre qui avait été un bon chrétien, puis avait quitté l'Eglise. L'ami protesta : « J'ai mal à la jambe, je ne puis faire dix milles (deux heures) à pied. » « Alors je te porterai sur mon dos, » dit l'homme qui le fit effectivement.

Quand à la réunion on priait pour certaines personnes, généralement peu d'heures après elles étaient en angoisse et cherchaient à se soulager par une confession. Quand on envoyait des messagers, souvent les gens venaient en courant et à peine dans la tente ils se trouvaient sous l'action de l'Esprit. Huit païens venus par curiosité furent aussi convertis. Un homme, inconverti en arrivant, nous disait que chaque fois, en entrant dans la tente, il éprouvait un besoin irrésistible de venir confesser ses péchés sur l'estrade ; enfin il céda et fut délivré. Un fils de l'un de nos missionnaires se convertit aussi pendant ce temps. L'infinie grandeur de la puissance de Dieu se manifesta partout. Les gens ne disaient pas : « 0 Dieu, viens, » mais ils priaient habituellement : « Nous savons que tu es pour nous, que tu es présent et que tu exauces les prières. C'est seulement à présent que nous comprenons ce que signifie la prière. »

Le mouvement s'étendit. Ces gens rentrèrent dans leurs annexes où l'Esprit de Dieu se mit à agir de la même manière. Voici encore ce qui arriva à deux endroits. Dans l'un d'eux les gens avaient quitté l'Eglise, parce qu'on ne les avait pas aidés dans leurs procès. Mais l'Esprit les terrassa et les ramena. S'il y a ici au pays des membres qui quittent vos églises, c'est que l'Esprit n'est pas parmi vous ; et quand il n'agit pas, c'est que quelque chose n'est pas en ordre ; la mondanité ou quelque autre chose s'est glissée parmi vous par laquelle l'ennemi se trouve avoir prise sur vos coeurs. Et alors ce n'est plus l'Esprit de Dieu qui règne, c'est Satan. En Chine il s'est toujours vérifié que là où l'Esprit obtenait la direction les gens rentraient dans l'ordre.

Sur une autre station il y eut des réunions pendant neuf jours. 150 personnes furent atteintes et confessèrent leurs péchés. Cela fit une si profonde impression sur les païens des environs, que le neuvième jour 4 à 5000 d'entre eux s'étaient assemblés en dehors du village pour entendre ce que cela voulait dire. Des estrades furent élevées à divers endroits et les chrétiens se mirent à prêcher. L'un des missionnaires, Dr Mackenzie, avait projeté un cours biblique de dix jours et avait à cet effet invité tous les évangélistes, prédicateurs et instituteurs de la région. Mais au jour indiqué, il ne vint personne. Il supposa qu'ils l'avaient oublié et envoya un messager. Dans un premier village celui-ci trouva les chrétiens assis au milieu des païens et leur lisant la Parole de Dieu. Allant d'endroit en endroit dans toute la Contrée il en était partout de même. Ceux qui étaient attendus ne pouvaient venir étudier la Parole parce qu'ils la prêchaient eux-mêmes.

Nous ne savons pas ce qu'il vu arriver. Le temps est court Nous n'avons besoin que d'une chose, de l'Esprit de Dieu. Si tous vos efforts tendent à le posséder, alors ce n'est pas seulement la Chine qui sera remuée, mais le monde entier. Comment se fait-il que nous ne l'ayons pas compris plus tôt ? Comment se fait-il que l'Esprit de Dieu ait soufflé au Pays de Galles et que Londres n'ait pas été atteint ? Si en ces temps Dieu bénit, d'une manière particulière, l'Inde, la Corée, la Mandchourie et la Chine, ne sera-t-il pas possible de produire un mouvement puissant de purification et de vie dans notre contrée, de manière à ce qu'il puisse aussi y déverser toutes les richesses de ses bénédictions ?

Quand, l'année dernière, j'étais à Taiyunfu, capitale de la province de Shansi, le directeur de l'université vint dans une de nos réunions dans laquelle se manifestait la puissance merveilleuse de Dieu. Après la réunion il vint me trouver et me dit tandis que les larmes coulaient de ses yeux : « Vraiment aujourd'hui le fondeur a été parmi nous. » (Mal. III, 2, 3.)
J'aimerais exprimer quelques pensées générales sur le réveil de la Chine. On m'a souvent demandé : « Comment avez-vous été conduit à ce travail ? » Je me permettrai d'abord de répondre là-dessus.

Dès le commencement le Seigneur a béni mon travail dans la mission. Néanmoins j'avais le sentiment qu'il y avait encore des obstacles car sans cela l'Esprit de Dieu aurait certainement pu agir avec beaucoup plus de puissance. Ces pensées me poussèrent à étudier de plus près les vies de Finney, Moody, Spurgeon, Andrew Murray et d'autres revivalistes et à approfondir davantage la Parole de Dieu. Je fis des annotations de ces lectures dans ma Bible chinoise et employai ces textes et ces exemples dans mes allocutions ; comme missionnaire rempli de zèle j'en prononçais 30 à 40 par semaine. Peu à peu je fus tellement pénétré de ces pensées que j'étais prêt à tout sacrifier : femme, enfants, vie de famille et tout ce que je possédais, pourvu que la puissance de Dieu pût agir par moi. Puis je me présentai devant Dieu et lui dis : « J'ai fait tout ce que je pouvais faire et maintenant je compte que tu feras aussi tout ce que tu pourras. » Et je reçus la vertu de Dieu par la foi. Il est vrai que je n'ai jamais eu des manifestations aussi merveilleuses que Finney, Fletscher ou Moody. Pendant mon travail en Mandchourie, je n'avais pas davantage le sentiment de la puissance de Jésus que je ne l'ai aujourd'hui. Et j'en remercie Dieu quoique je me sois toujours efforcé d'expérimenter quelque chose de semblable à ce qu'a éprouvé Finney, par exemple. Mais il semble qu'il rentre dans le plan de Dieu pour moi - et peut-être aussi pour toi - que nous ne nous attendions pas à des signes et expériences extraordinaires, mais que simplement nous nous appliquions à lui obéir. « Faites tout ce qu'il vous dira. » Remplissez les conditions et Dieu tiendra ses promesses aussi certainement que je suis au milieu de vous.

Je suis persuadé que Dieu veut que nous participions plus que par le passé à la grâce de la Pentecôte. Réfléchissez qu'hommes et femmes, tous les cent vingt la reçurent. Dieu a destiné les membres de son église à être des canaux du Saint-Esprit. La mère à la maison, l'instituteur à l'école, le négociant dans ses affaires, l'ouvrier à l'atelier, le paysan aux champs, le prédicateur en chaire, tous devraient travailler « remplis du Saint-Esprit. » Nous avons tous besoin du don de la Pentecôte et il est là pour tous. N'attends pas sur une expérience particulière, mais obéis et crois.

Une seconde pensée que j'aimerais émettre c'est celle-ci : Il y a tant d'incrédulité, même parmi les missionnaires. Tu penses qu'on peut s'attendre à cela de la part des Chinois, mais que chez les missionnaires, c'est bien étonnant. Et cependant c'est le cas. Que d'incrédulité on rencontre souvent !
Dans un endroit j'avais été invité par un missionnaire. Nous fîmes visite à un autre missionnaire travaillant dans la même localité et l'engageâmes à prier et à travailler avec nous. Mais il avait beaucoup de prétextes et des conditions irréalisables. Il ne vint pas à notre réunion de prières. Une semaine plus tard il y eut une grande dispute dans sa paroisse. Il ne voyait pas que Satan y manifestait sa force et engloutissait ses brebis. Le pauvre homme avait été fasciné par la nouvelle théologie. Il ne connaissait pas le Dieu vivant.

Malgré l'absence de ce frère nous commençâmes le travail. Le troisième soir, l'autre missionnaire, homme paisible, à qui certes on ne pouvait faire le reproche de travailler sur les sentiments, parlait à une assemblée de 50 écoliers. D'abord tout était calme et froid, comme d'habitude. Puis l'un des garçons se leva, confessa ses péchés et se laissa tomber à terre. Cela fit brèche et le Saint-Esprit saisit toute la troupe avec puissance. Tous étaient à terre pleurant et sanglotant. L'instituteur commença à chanter mais on n'y fit pas attention. Il voulut terminer la réunion, mais personne ne l'écouta. J'étais dans ma chambre réfléchissant à l'allocution que je devais tenir le lendemain. Le frère m'appela et je descendis à la hâte. Les garçons étaient à terre, tremblant et pleurant. Puis on vit l'un d'eux se lever et aller vers un autre pour lui dire : « Je t'ai dit un mensonge, je t'en prie pardonne-moi. » Un autre se tourna vers son voisin : « Je t'ai une fois volé un crayon, pardonne-moi ! » Et cela continua jusqu'à ce que tous les coeurs fussent soulagés. Sur quoi je les envoyai tous au lit. Quel changement admirable on constata le lendemain. Malgré les expériences les plus précieuses l'autre missionnaire resta incrédule. Et j'ai vu qu'il en est de même dans nombre de cas.

À la fin de mon travail en Chine, j'eus des réunions pendant huit jours à Pékin. Dieu bénissait là aussi, mais la plénitude n'avait pas été donnée. Parmi les 300 étudiants peu paraissaient avoir été atteints ; nous résolûmes de continuer les réunions. Hier soir j'ai reçu une lettre m'annonçant que peu après mon départ la puissance de Dieu se manifesta parmi les jeunes gens et que tous furent saisis d'une conviction de péché profonde. Mais voici ce qu'il y avait de plus extraordinaire : ils reconnurent, profondément honteux, qu'ils s'étaient entendus pour que M. Goforth ne fit aucune impression sur eux. Quelle incrédulité que de croire que ce sont les hommes qui peuvent toucher les coeurs.

Une autre pensée dont j'ai compris l'importance, c'est que si nous voulons devenir des canaux de la puissance de Dieu et attirer des bénédictions sur nos proches et sur tous ceux avec lesquels nous sommes en relation ou dont nous sommes responsables, il nous faut apprendre une obéissance inconditionnelle. Le Saint-Esprit semble être particulièrement strict sur ce point. Cela se montra clairement dans un endroit où nous avions des réunions en décembre dernier. Dès le premier soir plusieurs hommes et femmes furent profondément touchés. Dans la réunion de prières anglaise il y eut aussi des coeurs qui s'humilièrent et il semblait que personne ne pourrait se dérober à l'action de la puissance divine. Mais de jour en jour le mouvement restait au même niveau, il semblait que la plénitude ne pût être donnée.

Un matin le premier pasteur, homme pieux et bon, était sorti avant le lever du soleil avec les garçons et l'Esprit de Dieu était descendu avec force sur la troupe. Il disait que depuis 24 ans qu'il était en Chine il n'avait jamais vu chose semblable. Le même soir le feu descendit sur l'école des filles. Et malgré tout la victoire n'était pas complète dans la paroisse. Quelle en était la raison ?

Peu avant mon arrivée le pasteur avait trouvé confortablement établi dans sa chambre l'un de ses diacres qui était chargé de la prédication dans une annexe. Le pasteur l'avait repris rudement, mais le diacre, au lieu de reconnaître ses torts, avait été vexé et avait dit qu'il quitterait la mission. Le pasteur avait demandé pardon pour la rudesse de ses paroles, mais l'autre s'entêta. Pendant mon travail dans l'endroit le pasteur retourna chez lui et reconnut ses torts, il s'en humilia aussi dans la réunion de prière anglaise, Et pourtant il paraît que cela ne suffisait pas encore.

Vint le dernier soir. J'avais prononcé ma 12me allocution et j'étais très fatigué, mais je continuai à prier. Je dis à mon frère le pasteur, assis à côté de moi sur l'estrade : « Je ne sais comment cela se fait, mais vous n'avez pas reçu ici la pleine bénédiction. »
« Eh bien, répliqua-t-il, en toute éternité je serai reconnaissant pour ce que j'ai vu ces jours. »
« Oui, » répondis-je, « mais vous n'avez pas la pleine bénédiction, comme je l'ai vue ailleurs, et justement ici je l'attendais avec certitude. » Le Seigneur alors me blâma et j'entendis une voix intérieure : « Ne sais-tu pas te tenir tranquille et attendre le salut de Dieu ? » « Si, Seigneur, lui dis-je, je veux rester tranquille et attendre. »

À peine avais-je dit ces paroles dans mon coeur, que l'un des missionnaires s'affaissa, confessa ses péchés et pria. Un autre suivit. Puis mon voisin, le cher frère et fidèle homme de Dieu se leva et en pleurant dit à peu près ce qui suit : « Père, il y a longtemps que ton serviteur Moïse avait prononcé des paroles inconsidérées et tu refusas de le laisser entrer au pays de la promesse quoiqu'il le désirât si ardemment ; tu l'as puni. Eh bien, Père, moi, ton serviteur, j'ai aussi parlé sans réflexion. Punis-moi, mais, oh ! ne punis que moi. Pourquoi serais-je un empêchement à la bénédiction de toute la communauté ? » Et il continua à prier ainsi.

Alors un homme éclata en sanglots déchirants ; c'était le diacre fautif. Puis ce fut l'instituteur, qui avait aussi procuré bien des ennuis au pasteur, qui s'humilia et bien d'autres après lui. Devant moi les garçons gisaient à terre ; bientôt les filles glissèrent des bancs sur les genoux et il y eut beaucoup de pleurs dans l'assemblée. Hommes, femmes et enfants s'humiliaient devant le Seigneur, et alors il put remplir leurs coeurs de grâce débordante.
Il semble pourtant que ce n'était qu'une bagatelle chez ce frère, mais le Saint-Esprit est très exact. Il veut que ses serviteurs soient absolument purs. Il faut qu'il purifie les enfants de Lévi avant qu'ils aient le droit d'offrir des sacrifices équitablement. Il faut qu'ils se courbent dans la poussière et reconnaissent publiquement leurs fautes.

Un autre caractère remarquable du réveil, c'est la puissance de la prière et son influence merveilleuse. À Moukden où j'ai tenu des réunions pendant six jours, on n'avait fait aucun préparatif, on n'avait lancé aucune invitation, mais nous étions soutenus par une puissance de prière. Le Dr Moffat nous avait dit : « Si vous tenez des réunions à Moukden, nos frères et soeurs d'ici prieront pour vous ; plusieurs milliers de Coréens intercéderont. Souvenez-vous que leurs prières ont de la puissance de pénétration. » Malgré cela je dois avouer qu'après la seconde réunion de Moukden où je n'avais aperçu aucune action de l'Esprit parmi l'auditoire, je rentrai passablement oppressé. En entrant dans ma chambre je tombai à genoux et priai. Je ne tardai pas à entendre la voix de Dieu : « Ne peux-tu avoir confiance en moi ? Ne suis-je pas le Tout-Puissant ? Quand même ils n'ont rien préparé ici, je puis néanmoins accomplir mon oeuvre. » Alors mon coeur se tranquillisa et je pus tout remettre entre les mains de Dieu.

Le lendemain matin de bonne heure un des anciens d'église vint à moi profondément humilié. Il s'agenouilla à la même place où je l'avais été et confessa : « Avant la révolte des Boxers j'étais caissier. Les Boxers vinrent, allumèrent la station et mes livres brûlèrent avec le reste. Quand les missionnaires revinrent et demandèrent leur argent, je leur dis que je n'avais plus rien. Ils ne pouvaient rien vérifier. Hier la Parole de Dieu est venue et m'a transpercé comme une épée. Je veux tout rendre. »
Dieu avait été présent et avait agi, bien que je ne m'en fusse pas aperçu. Il fit alors une oeuvre admirable à Moukden. Mais il ne peut pas faire ce qu'il voudrait quand ses serviteurs n'entrent pas dans ses vues.

Quand je travaillai à Pékin, je commençai dans une mission où ce furent surtout les femmes qui furent bénies. Dieu ne pouvait pas agir dans toute sa plénitude parce que quelques-uns des directeurs étaient trop occupés de leurs affaires et ne voulaient rien sacrifier. L'un par exemple vendait des cigarettes et ne pouvait se décider à lâcher ce commerce. Les directeurs empêchaient ainsi la bénédiction d'atteindre les hommes. Parmi les écolières aînées, l'une, sachant la chose, l'avait particulièrement à coeur. Elle pria une fois : « Père, nous te remercions pour ce que tu as fait de l'autre côté de la grande muraille. Ils avaient besoin de toi là-bas, mais nous sommes aussi terriblement secs et indifférents ici. Ne veux-tu pas avoir compassion de nous et descendre ici comme tu l'as fait en Mandchourie ? » Un missionnaire disait après que son visage resplendissait comme celui d'un ange. Un soir elle cria en grande angoisse : « 0 Seigneur, brise cet interdit ! » Aussitôt après une autre jeune fille pria et dit comme pour la critiquer : « Seigneur, fais-nous la grâce que chacun cherche à être délivré de ses propres péchés, sans se préoccuper de ceux des autres. » À partir de ce moment celle-ci ne fut plus bénie, le Seigneur Dieu la laissa de côté. La première pria encore : « 0 Seigneur, je suis prête à laisser ma vie, efface-moi de ton livre, mais viens et glorifie-toi dans la paroisse ! » Aussitôt qu'elle eut dit cela l'Esprit de Dieu descendit avec puissance sur les femmes et quelques hommes furent aussi saisis. C'est là la force de la prière ardente et persévérante. Savez-vous prier ainsi ? Dès que vous le ferez vous aurez des bénédictions. Nous en avons fait l'expérience en Chine.

Il est aussi caractéristique de constater la direction manifeste de l'Esprit de Dieu. En parlant du mouvement de Nankin, un missionnaire dit dans son compte-rendu : « C'est mal s'exprimer que de parler de réunions dirigées par M. Goforth. C'est le Saint-Esprit qui avait la direction et quand il vient on est prêt à tout. »

Ailleurs en Mandchourie le pasteur me dit : « Ne vous attendez pas ici à un mouvement comme aux autres endroits. Nous sommes des presbytériens au caractère raide et ne montrons pas ainsi nos sentiments. Il sera impossible à nos gens de se lever et de faire une confession publique et quant à ce que les femmes ouvrent la bouche pour la prière, il n'en est pas question dans notre église. » Je répliquai : « Quant à la manière dont Dieu manifeste sa puissance, je lui en laisse le soin, je n'ai aucun contrôle à exercer à cet égard. Qu'il vienne dans l'orage, le tremblement de terre ou par la voix douce et subtile, c'est son affaire. Je ne suis que son ouvrier. »

Dès la première allocution environ quinze hommes et femmes prièrent. Les missionnaires étaient surpris. Le lendemain des jeunes gens et des jeunes filles prièrent. Le troisième jour personne ne pouvait attendre sur l'Amen de celui qui le précédait. Pendant environ 25 minutes il n'y eut que des prières d'hommes. Mme H. me dit à l'oreille : « Ne diriez-vous pas aux hommes qu'ils laissent aussi aux femmes l'occasion de prier ? » « Non, madame, répliquai-je, quand j'ai remis la direction d'une assemblée au Saint-Esprit, je n'interviens en aucune manière. Je dis simplement : « Cher et divin Esprit, cette réunion est entre tes mains, fais ce qui te semble bon pour que le Père et le Fils soient glorifiés. »

À la station que je visitai ensuite, on m'apporta dès le premier soir une lettre de la teneur ci-après : « Je voudrais particulièrement vous recommander deux sujets de prière pour la réunion de prière anglaise. Il y a dans la paroisse deux frères, un prédicateur et un diacre qui ont une querelle qui empêche l'oeuvre de Dieu. Un autre prédicateur est en dispute continuelle avec sa femme qui est lectrice de la Bible. S'il vous plaît faites-en mention et priez pour ces deux cas. » Je répondis : « Non, je ne suis pas de la police secrète du Saint-Esprit. Il se chargera bien de faire le jour sans que je m'en mêle. »

Le lendemain matin il y eut un puissant souffle du Saint-Esprit sur l'assemblée. Un homme se leva et dit : « Mon irritabilité et mon orgueil sont si grands que personne ne peut s'entendre avec moi à la maison. » C'était l'aîné des deux frères mentionnés dans la lettre. Un autre homme était à terre et pleurait à rendre l'âme. Puis il dit : « Je traite si mal ma femme et je suis si orgueilleux. » C'était le prédicateur qui ne s'entendait pas avec sa femme. Maintenant il fut rempli du Saint-Esprit, rentra et put dorénavant supporter sa femme avec douceur. La puissance de Dieu travailla l'endroit tout entier et il y eut un grand réveil. C'est pourquoi laissez tout à, la direction de l'Esprit et ne soyez pas inquiets. Il s'entend à faire son oeuvre selon ses vues. Si souvent les missionnaires veulent intervenir pour soutenir l'oeuvre de Dieu. Retirons nos mains. Combien de réunions dans lesquelles Dieu ne peut agir parce que les hommes veulent diriger. Ah ! laissez donc agir l'Esprit de Dieu librement ! Il sait ce qu'il fait.

Il est remarquable aussi combien la conviction de péché est profonde, ce dont nous avons déjà mentionné maint exemple. Celui qui était saisi par l'Esprit de Dieu était souvent jeté à terre dans une vraie agonie de souffrance, puis il s'élançait sur l'estrade avec le cri : « Il faut que je me débarrasse de cela. » Il était saisissant de voir quelquefois des assemblées entières lutter dans la détresse produite par le péché. Mais d'autre part que c'était glorieux quand après cela ils pouvaient saisir la croix et tout laver dans le sang de l'Agneau, de telle sorte qu'ils éprouvaient la paix de Dieu et que le Saint-Esprit remplissait leurs coeurs !

Il y eut ainsi une profonde agonie de péché dans une réunion de 1500 personnes. Depuis 2 heures cinquante jusqu'à 9 heures et 10 minutes, confession succéda à confession. Cinq pasteurs étaient à l'oeuvre. De terribles choses furent révélées, mais mieux vaut qu'elles viennent à la lumière que de rester à l'état d'interdit. Il n'y a que le péché qui arrête l'Esprit de Dieu. Oh ! que le céleste fondeur vienne aussi dans nos paroisses et nos communautés fondre, fouler et purifier jusqu'à ce que les fils de Lévi soient dans la position voulue de Dieu.

On m'a souvent demandé si j'avais aussi reçu le don des langues comme signe accessoire. Non, jamais je n'en ai eu le moindre semblant. Mais ce qui est décrit dans Jean XVI a été manifesté dans les assemblées : « Quand celui-là (le Saint-Esprit) viendra, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement ; de péché parce qu'ils n'ont pas cru en moi ; de justice parce que je m'en vais au Père et que vous ne me verrez plus ; de jugement parce que le prince de ce monde est déjà jugé. » Cela je l'ai vu de toutes parts dans les paroisses de manière convaincante et inattaquable.

Et j'ai vu aussi comment le Saint-Esprit instruisait les âmes dans toute la vérité, comment à ceux qui s'humiliaient, il révélait Jésus comme un Sauveur parfait. Et la force leur était donnée, non seulement pour confesser les péchés, mais aussi pour les réparer partout où c'était possible. Je voudrais qu'ici aussi ceux qui sont éloignés vissent les signes que nous avons vus en Chine. C'est de bon coeur que les gens donnaient leurs richesses pour répandre l'Évangile. Un homme gagnait beaucoup, 40 dollars par mois. Il renonça à sa place et devint prédicateur de l'Évangile. Un autre avait un bon commerce ; mais il dit : « Je veux dorénavant être serviteur de Jésus. »

Y en a-t-il ici qui soient prêts à tout sacrifier, leur commerce, leurs places lucratives et tout ce que le monde peut offrir pour aller annoncer l'Évangile en Chine ? Je n'ai d'autre voeu pour mes six enfants que de les voir servir le Seigneur en Chine ou dans un autre pays païen. Il est glorieux d'offrir maintenant sa vie pour la Chine, car l'heure de Dieu est venue où il visitera ce pays de bénédictions particulières.

Éphésiens VI, 18.

Le chrétien a besoin d'une armure pour résister au mauvais jour, car la puissance de l'ennemi est grande. De vastes préparatifs ont été faits pour armer le chrétien de telle sorte qu'il puisse être vainqueur. Mais l'armure ne suffit pas si la prière fait défaut. Si nous ne sommes pas puissants dans la prière nous n'aurons pas de succès.

Elle nous préserve de la tentation. Ceux qui vivent dans le péché ne sont pas seuls exposés à la tentation, les enfants de Dieu y sont aussi sujets et cela souvent d'autant plus qu'ils sont plus près de Dieu. Satan sait bien le danger qu'il y a pour lui dans notre communion avec Dieu et que notre seule arme, c'est la prière. Pierre était parmi les douze un homme de première importance. C'est justement à lui que le diable s'attaque ; et malgré l'avertissement du Seigneur Jésus, il succomba d'une manière lamentable parce qu'il n'avait pas veillé et prié. Au moment même où nous prenons l'attitude de Pierre nous courons le danger d'une chute.

La prière nous aidera à parvenir à la ressemblance de Jésus. Dieu ne pouvait pas toujours laisser son Fils sur la terre. Il avait pour lui une oeuvre plus grande dans le ciel. Mais il veut que ses serviteurs lui ressemblent si bien qu'on voie Christ en eux. Il n'y a que la prière qui puisse produire ce résultat. Un petit garçon vint dire à la maison : « 0 maman, j'ai vu le Seigneur Jésus. » « Mais non, tu ne l'as pas vu, lui répondit sa mère. » « Si, si, je l'ai vu. » Ce qu'il avait vu, c'était une personne qui vivait si près du Seigneur, qu'elle reflétait sa gloire.

La puissance de la prière est irrésistible. Si nous apprenons à prier selon la volonté de Dieu nous remuerons le monde. Quand les récompenses seront remises au travail accompli nous verrons avec étonnement que ce ne sont pas les grands orateurs qui auront les premières places, mais ceux qui ont connu la puissance de la prière. Toute la résistance qui existe dans nos pays, toutes les redoutes qui ont été élevées contre les progrès de l'Évangile, ne peuvent être surmontées que par la prière.

Il me semble que Dieu a l'intention de manifester des forces bien supérieures à tout ce que nous avons vu en pays païen. Je crois qu'il peut commencer ici une oeuvre qui ne cessera pas avant que chacun ait été touché et que chaque enfant de Dieu ait été vivifié et rendu intelligent pour son service. Je suis sûr qu'Étienne s'attendait à ce que Paul fût converti. Il ne pouvait échapper à une prière comme celle d'Étienne. Dans une de nos stations chinoises il y avait un homme qui avait fait profession d'être chrétien, mais qui était retombé et se trouvait en prison. Les missionnaires ne voulaient plus rien avoir affaire avec lui. Il en résulta que 100 membres de la paroisse quittèrent l'église à la joie des ennemis qui pensaient que le travail des missionnaires était détruit. Mais Dieu envoya ses messagers et après de ferventes prières, 103 personnes, hommes et femmes, furent atteints, dans une réunion, d'une terrible angoisse dans leurs âmes et confessèrent leurs péchés au Seigneur.

Nous devrions toujours prier et ne point nous relâcher (Luc XVIII 1-8). Le Seigneur nous connaît à fond et il sait combien souvent notre coeur s'alanguit dans la prière, après que nous avions bien commencé. Le Seigneur Jésus ne veut pas cela, mais que nous progressions et allions de force en force. C'est justement pour cela que le Saint-Esprit nous a été envoyé.

Jésus ne demande pas que nous fassions quelque chose qu'il n'ait pas fait lui-même. Il avait un travail immense. Tout le jour le peuple le réclamait, mais préoccupé du choix des douze il passe toute la nuit en prière. Quand il devint populaire au point qu'on voulut le faire roi, il monta sur une montagne pour prier. Et aussi vers la fin de sa carrière, voyant que l'heure de l'adversaire était venue, il sortit pour prier. Il savait que le berger allait être frappé, les brebis dispersées, et il priait pour que leur foi ne défaillît pas - et leur foi resta en effet debout.

Parmi les Chinois les ouvriers aussi bien que les convertis ont besoin de nos prières. Sommes-nous de ceux qui les soutiennent effectivement ? Ou sommes-nous devenus languissants ? Samuel disait à Saül : « Dieu me garde de pécher contre l'Éternel et de cesser de prier pour vous. » (I Sam. XII 23.) Ce qui était péché alors ne l'est sûrement pas moins aujourd'hui ; reconnaissons-le et faisons mieux !

Jésus est toujours notre exemple. Il vit pour intercéder pour nous : Si nous étions comme lui, le Malin ne pourrait rien contre nous. C'est par le fait que le peuple de Dieu a été négligent dans la prière que Satan a été puissant dans l'Eglise.

Nous avons en outre quantité de témoignages. Abraham intercéda pour Sodome et Gomorrhe. Il y a plus de dix justes à Londres, - mais quelle foule d'injustes ! et malgré tout il est possible de réveiller Londres par la prière, ce qui influencerait en même temps le monde entier.

Dieu dit à Moïse : « Laisse-moi détruire ce peuple ! » Mais Moïse persista et éprouva la puissance de la prière ; il se peut qu'une même sentence soit prononcée sur ce pays ; prenons donc la place de Moïse et prions pour notre peuple.

Remarquez comme Daniel s'humilia devant Dieu et confessa le péché de sa nation. Malgré cela il rappela à Dieu la promesse donnée par Jérémie et fut exaucé ; son peuple put retourner en Judée.

Il nous faut prier pour la purification de l'église, car Dieu ne peut s'en servir, tant que ses membres s'adonnent aux plaisirs et à la mondanité. Ces choses empêchent l'Esprit de Dieu dans son travail. Les hommes qui ont remué le monde furent tous des hommes de prières. John Walsch priait par exemple : « Donne-moi l'Écosse ou je meurs ! » Oh ! que Dieu mette au coeur de ses enfants ce cri : « Donne-moi la Chine, l'Angleterre, l'Allemagne, la France, la Suisse ou je meurs ! »


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