LE
RÉVEIL EN MANDCHOURIE
II
Extraits traduits du livre ).
d) Le réveil aux environs de
Moukden.
Dans ces villages des environs où se
portèrent nos volontaires, les circonstances
étaient très
particulières. Il y avait
plus de vingt stations aux environs de Moukden,
à une distance de 7 à 30 milles
anglais. Chacune de ces stations forme un embryon
de congrégation composé de personnes
des villages environnants. Elles datent toutes du
temps béni des récoltes spirituelles
qui suivit la guerre de 1894. Il y eut alors tant
de demandes d'entrée dans les
églises, qu'il restait peu de temps aux
missionnaires pour l'enseignement et l'organisation
de ces jeunes forces.
La tribulation de 1900 les
atteignit
comme un voleur pendant la nuit. Impossible de
dépeindre la souffrance de ce temps
horrible. Bien des gens renièrent leur
Seigneur. C'étaient des chrétiens, de
nom au moins, mais c'étaient des Chinois
auxquels un mensonge ne pèse pas lourd. Et
la vie est douce. Ainsi ils mentirent et
vécurent. En même temps, leurs
propriétés furent confisquées,
maisons et chapelles brûlées, et,
à en juger extérieurement, la vigne
semblait être déracinée.
Cependant elle reprit vie. Après ces temps
de terreur, le peuple revint, on rebâtit les
maisons et on ensemença les champs. Plus que
cela, bon nombre se repentirent de leur mensonge et
renouvelèrent leur alliance avec Dieu. Les
places dévastées furent
restaurées, un temps de
prospérité temporelle et spirituelle
semblait se lever quand éclata la guerre
russo-japonaise.
Pendant celle-ci, tout fut
rasé. Les chrétiens comme tous les
autres furent chassés de chez eux. Le culte
public était impossible. La visite des
missionnaires était défendue. Les
églises et chapelles étaient
employées par les Russes pour les
cantonnements et détruites par les Japonais
pour en faire du combustible. C'était
vraiment « un jour
d'angoisse » qui
suivait de bien près les horreurs de 1900.
« La sauterelle a brouté le reste
du hanneton, et le grillon a brouté le reste
de la sauterelle. » Il en était
comme aux jours de Joël quand le peuple
disait : « Les vivres ne sont-ils
pas retranchés de devant nos yeux, et la
joie et l'allégresse de la maison de notre
Dieu ? » Pour un temps le peuple fut
aigri. Mais peu à peu il y eut un
changement. La prospérité temporelle
revint par une succession de bonnes
récoltes. De nouveau on se rassembla pour
adorer le Maître commun ; les lieux de
culte furent restaurés un à un, et
malgré le froid formalisme et la
tiédeur spirituelle, les stations
reliées à Moukden eurent au moins
« le bruit de
vivre. »
Ces détails sont
nécessaires pour faire comprendre la
préparation par laquelle ces stations
avaient passé.
Je fus choisi avec le fils de
notre
pasteur Dr Liu et un tiers pour visiter trois
stations : Tuerto, Szefangtai et Panchiapu.
Elles passaient pour être les plus
retardées de toutes.
Nous arrivâmes à Tuerto
le mardi 10 mars au crépuscule. Nous
fîmes appeler les gens des environs. À
peu près 60 personnes se
rassemblèrent. Nous leur racontâmes ce
qui s'était passé à Moukden
pendant les trois semaines
précédentes, - rien de plus. Ils
écoutèrent avec un air
d'étonnement et de réflexion. Bien
des visages semblaient troublés, mais une
seule prière, froide et sèche,
répondit à notre appel. Le lendemain
matin, je me promenais avec le Dr Liu. Près
d'un petit bois il proposa de prier et nous
ouvrîmes nos coeurs à Dieu.
« Guide-nous, dit-il, montre-nous si nous
devons parler, qui doit le faire et ce que nous
dirons. » Il était comme
inspiré.
Nous retournâmes pour la
réunion ; nous chantâmes un
cantique. Le Dr Liu proposa qu'après un
moment de prière silencieuse, celui qui s'y
sentirait disposé pourrait prier à
haute voix. Un soupir s'éleva d'un des
premiers sièges et une prière humble,
demandant grâce. Puis une autre. Plusieurs
hommes et femmes pleuraient. Puis un homme
s'avança très ému :
« Je désire parler. »
C'était un des principaux anciens. Reprenant
son sang-froid, il dit : « Vous me
connaissez tous, j'ai passé parmi vous pour
un chrétien sincère. Je ne le suis
pas. Ci-devant j'étais heureux quand venait
un missionnaire ou un évangéliste.
Cette fois je ne l'étais pas, je sentais que
ce n'était pas une visite ordinaire. Hier,
en entendant parler des réunions de Moukden,
je fus troublé. Je n'ai pu dormir cette nuit
à cause de mes péchés, je ne
puis supporter mon angoisse plus
longtemps. » Il se jeta à genoux
dans une agonie de pleurs, confessa ses
péchés dans la prière et nous
supplia de prier pour lui.
Immédiatement toute
l'assemblée se courba et pendant un temps
considérable chacun pria à haute
voix ; l'un se levait après l'autre
pour présenter sa supplication. Cela dura
trois heures. Par ci par là le Dr Liu ou moi
nous citions un texte pour diriger une âme
vers Jésus, ou nous chantions un verset d'un
cantique connu. Mais il n'y eut pas d'allocutions,
ce ne furent que des prières. On n'oserait
écrire ce que ces coeurs brisés
dévoilèrent devant Dieu. Ce serait un
sacrilège. Le sentiment du
péché surmontait toute crainte. Pour
la première fois de leur vie ils semblaient
se sentir face à face avec le Dieu saint, et
quelque pénible que fût le
procédé, ils étaient
contraints de reconnaître tous leurs
péchés. Ce qui en
troublait plusieurs,
c'était ce qui s'était passé
au temps des Boxers. Plusieurs pleuraient en
confessant qu'ils avaient renié
Jésus-Christ. « Non seulement j'ai
adoré les idoles, mais je l'ai fait faire
à ma mère, et elle est
morte, » criait un pauvre garçon.
On ne pouvait le consoler. Le soir, il en fut de
même.
« Les pleurs peuvent
durer
une nuit, mais au matin la joie
renaît. » Dès le vendredi
matin, le ton changea. L'esprit de louange et
d'adoration prit le dessus. Chacun voulait prier.
Non pas les anciennes prières à
formules sans cesse répétées,
mais de nouvelles supplications avec une
solennité, une humilité et une foi
renouvelées, comme les enfants devant leur
père, avec « des coeurs
purifiés des souillures d'une mauvaise
conscience. En matière de prière,
comme pour bien d'autres choses, les choses
vieilles étaient passées, toutes
choses étaient devenues
nouvelles.
Tandis que le Dr Liu continuait
les
réunions à Tuerto, je me rendis
à Panchiapu, où mon second compagnon
préparait la réunion depuis la
veille. Nos gens furent intéressés,
mais restèrent froids comme s'ils ne
comprenaient pas. J'étais triste, me
demandant si moi-même j'entravais l'oeuvre.
Je les engageai fortement à venir à
Tuerto pour la réunion d'actions de
grâces du samedi soir. Plusieurs y
consentirent.
J'arrivai le soir à
Szefangtai, où le Dr Liu avait tenu une
réunion le matin. Quelques hommes avaient
été à Tuerto et avaient
été empoignés. La maison
était remplie. Quelle réunion nous
eûmes ! Point ou très peu de
direction ; de temps en temps nous proposions
un verset de cantique ou rappelions une parole
biblique, ce fut tout. Pas d'excitation, rien
qui exigeât aucune
répression. La maison était remplie
d'hommes et de femmes aux coeurs brisés,
pleurant à tel point que le fond de la
chambre était absolument mouillé de
larmes. Nos pères nous avaient parlé
de réunions semblables en Écosse,
mais jamais je n'avais rien vu de pareil. Certes la
maison, faite de terre battue et enfumée,
était assez humble, mais elle était
transformée en maison de Dieu, en porte des
cieux.
Le samedi, nous retournâmes
à Tuerto pour la réunion d'actions de
grâces. Le Dr Liu exprima son regret de ce
qu'à Panchiapu il n'y avait pas eu la
bénédiction attendue. C'était
angoissant pour les amis de cet endroit et il
proposa de commencer par prier pour eux. Ce fut un
concert de prières, s'élevant au
trône de grâce, suivies de celle du
principal ancien de Panchiapu. Il se rendit
bientôt compte que les vieilles redites
étaient hors saison et se laissa
aller : « 0 Seigneur, dit-il, aie
pitié de Panchiapu, ne nous abandonne pas,
il n'y a rien de bien mauvais chez nous, mais nous
sommes froids comme la tombe. » Les
actions de grâces couronnèrent le
service ; les anciens de Panchiapu nous
supplièrent de retourner chez eux et
n'acceptèrent aucun refus. Ils avaient vu la
puissance de Dieu à l'oeuvre et voulaient y
participer. Le Dr Liu retourna auprès d'eux
pour trois jours et ils trouvèrent ce qu'ils
cherchaient. Puis ils dirent :
« Dieu nous préserve de jamais
retomber dans ce froid mortel. » Ils se
cotisèrent pour la moitié de la paie
d'un évangéliste, trouvèrent
des amis pour faire l'autre moitié, et
dès lors ils eurent toujours leur propre
pasteur.
Tandis que le Dr Liu allait à
Panchiapu, j'allai à huit milles en sens
inverse, à la rencontre de deux
autres
délégués qui avaient conduit
des réunions à Changtan. Ils
revenaient en vainqueurs avec la joie des
septante : « Seigneur, les
démons mêmes nous sont soumis par ton
nom. » Le soir du troisième jour
de leur mission, toute l'assemblée
s'était mise à crier grâce
à haute voix. Les autorités du
village étaient venues voir si quelqu'un
était mort subitement ! Ils ne
pouvaient comprendre qu'autre chose pût
provoquer une pareille douleur. Des hommes avaient
confessé des crimes que la torture
elle-même n'eût certainement pas
révélés. Une liste de ces
confessions avait été
dressée ; c'était
effrayant ! Je dis à l'ancien qui me la
montrait : « Si le Seigneur a
effacé ces horreurs de son livre et de sa
mémoire, quel droit aurions-nous de les
conserver ? Brûlons
tout ! » Il eut un regard de
reproche, il pensait emporter la liste comme un
trophée de victoire. Ce ne fut qu'un
instant, le moment d'après la flamme
dévorait la liste, et les coupables à
genoux donnaient gloire à Dieu avec
larmes.
Après trois jours de mission
à Tutaitze, où il y eut un même
réveil, nous arrangeâmes un culte
d'actions de grâces. Les rapports que nous
entendîmes de nombreuses stations parlaient
tous des bénédictions, dont aucune
n'avait été privée. Les
Boxers, la guerre, la famine, la
persécution, le péril,
l'épée, tout était
oublié. Ce que la sauterelle, le hanneton et
le grillon avaient mangé, reverdissait. Le
Dr Liu, quoique très jeune, avait acquis
beaucoup d'expérience et dirigeait cette
dernière réunion. Quand il demanda
à ceux qui avaient été
bénis pendant ces réunions de se
lever, toute l'assemblée se leva comme un
seul homme, et quand il demanda qui était
décidé à continuer à
marcher dans ce chemin de
consécration, toutes les
mains se levèrent ; c'est ainsi, la
main droite levée, que nous chantâmes
avec joie et avec une puissance qui a dû
réjouir les anges :
- Mon corps, mon coeur, mon âme
- Ne m'appartiennent plus ;
- Ton amour les réclame,
- Ils sont à toi, Jésus.
e) Récits du réveil en
divers lieux.
Suivre le réveil de lieu en lieu nous
conduirait trop loin ; voici encore
quelques-uns des nombreux récits, tous si
intéressants et instructifs.
Deux témoins du réveil
à Liaoyang écrivent : L'effet
des réunions a été si grand
que tous les membres de l'église ont
été réveillés, leurs
yeux intérieurs ont été si
bien ouverts que tous percevaient leurs
péchés comme une lèpre les
couvrant entièrement de son impureté.
Un par un ils vinrent à Jésus,
implorèrent sa miséricorde en
confessant leurs péchés. La vue de
ces choses toucha même ceux du dehors,
auxquels on put dire que Jésus n'est pas
partial, mais est toujours prêt à
recevoir quiconque vient à lui avec
repentance. Quelques-uns furent
entraînés dans une tempête de
confessions et de prières, et dans certains
cas une grande crainte saisit les voisins au point
de dire : « Qu'est-il arrivé
aux chrétiens ? Les tortures les plus
terribles ne forceraient pas à de pareilles
confessions, et, après tout, ils sont
pourtant d'assez braves gens. »
« N'approchez pas d'eux, disaient
d'autres, leur Esprit est descendu et il est
irrésistible ! vous serez
entraînés avant de vous en
apercevoir. »
M. Hunter écrit de
Kuanguing : Le cas le plus
frappant fut celui du
pasteur
qui, après plusieurs jours de lutte,
s'étant vu au bord de l'enfer, mais ayant
aussi eu une vision du ciel, n'y tenant plus,
confessa des infidélités d'argent et
de conduite.
Un homme associé à des
brigands de grand chemin, avait été
pris et mis à la torture pendant six mois,
sans qu'on pût rien lui faire avouer. Il fut
relâché avec les autres prisonniers,
à la suite d'une rumeur d'après
laquelle les Russes allaient prendre la ville. Un
seul trait de la lumière divine de l'Esprit
de vérité lui révéla
son état de perdition et la
nécessité de tout avouer ; il se
débattit longtemps dans une vraie agonie.
Pendant plus d'une heure, nous cherchâmes
à le consoler par la lecture du Psaume LI,
et je crois que nous
réussîmes.
Ailleurs des soldats vinrent
pour
s'assurer des causes du bruit qui se produisait
à ces heures tardives, et apprenant que des
chrétiens étaient là,
confessant leurs péchés, ils
entrèrent pour la farce. Avant qu'il
fût longtemps, deux d'entre eux avaient
confessé des meurtres et d'autres
péchés.
À Chinchou, dans un angle de
l'église, deux hommes sont à genoux
en face l'un de l'autre, pleurant
amèrement : « C'est de ma
faute, tout, tout de ma faute ; je t'ai fait
tort ; pardonne, oh !
pardonne-moi ! » L'autre se frappant
la poitrine : « Non, c'est ma faute,
tout de ma faute ; pardonne, oh !
pardonne-moi ! » « Tout va
bien, leur dit le pasteur. » Ce sont deux
frères réconciliés
après une longue chicane.
Le Dr Walter Philipps de
Newchwang
écrit : C'est à Chinchou que je
fus mis en contact avec le réveil. Les
réunions avaient déjà
duré une semaine, en sorte que j'arrivai au
fort du mouvement sans aucune préparation.
Je dois ajouter que
j'étais fortement
prévenu contre toute hystérie de
réveil sous toutes ses formes, en sorte
qu'à tout le moins, mon témoignage
est impartial.
D'emblée, en entrant dans
l'église, on était conscient qu'il
s'y passait quelque chose d'extraordinaire. Elle
était remplie de membres venus de toute la
contrée et une attention intense et
respectueuse se lisait sur tous les visages. Les
chants vibraient d'une joie et d'une vigueur
inusitées. À peine la prière
d'ouverture était-elle terminée,
qu'une autre voix suivait, puis d'autres et
d'autres encore, s'entraînant dans cette
prière puissante, nouvellement
expérimentée, et qui ressemble si peu
aux prières
stéréotypées habituelles.
Quelquefois, deux ou trois parlaient en même
temps, jusqu'à ce qu'un cantique vînt
interrompre le courant. Suivit alors une
allocution, vivante mais n'ayant rien de
particulier, relatant comment, dans le district de
Moukden, une communauté après l'autre
sortit de sa froideur et s'enflamma au zèle
et aux prières de ses visiteurs. Les phrases
étaient simples, mais les récits
faits dévoilaient aux auditeurs leur
tiédeur désespérante et leur
indigence spirituelle. On s'agenouilla, et les
prières, isolées au début,
devinrent toujours plus instantes et
pressées, se transformant ensuite en
torrents de supplications pour finir en sanglots
discrets. Je compris maintenant pourquoi le sol
était si humide, il était
arrosé de larmes. L'air lui-même
semblait chargé d'électricité
- je parle avec un profond sérieux - et
d'étranges secousses vous traversaient le
corps. Puis la confession d'un homme,
saccadée et angoissée, se fit
entendre. Les mots ne suffisent pas pour
décrire la pitié, la crainte et la
terreur que provoquaient ces confessions. Ce qui
frappait, ce n'était pas
tant l'énormité du
péché révélé,
que la profondeur du sentiment de
culpabilité.
Chez quelques-uns, les fautes
étaient assez légères, mais
les remords de ces consciences nouvellement
réveillées étaient aussi
profonds que ceux montrés pour des offenses
plus graves. Ce qui était émouvant et
vous faisait pleurer, c'était l'agonie du
pénitent, ses cris, son désespoir, sa
voix secouée de sanglots, c'était la
vue d'hommes forts, contraints de se lever pour
mettre leur coeur à nu, et cela,
semblait-il, bien malgré eux. Jamais je n'ai
rien vu de pareil pour troubler le coeur et tendre
les nerfs que le spectacle de ces âmes
dévoilant devant leurs compagnons le mal
dont elles souffraient. Cela semblait contraire
à tous les sentiments et à tous les
instincts, et pourtant la paix entrait dans le
coeur de ceux qui avaient été le plus
profondément travaillés,
aussitôt qu'ils avaient
déchargé leurs consciences par la
confession de leurs péchés. Leurs
faces s'illuminaient d'une joie que les larmes
elles-mêmes n'affaiblissaient pas. Il en
était ainsi heure après heure. La
forte voix d'un fermier se frappant la tête
est suivie du soupir d'une dame de l'école
dont les pleurs inondent le visage et qui
s'écrie : « Je ne puis pas
aimer mes ennemis. » - « Priez
pour moi, pasteur, anciens, diacres, j'ai
volé un sou à mon maître, je
frappe et je jure toujours. » Puis
à nouveau la vague profonde de la
prière commune, tandis que les soupirs de
ceux qui cherchent encore la paix percent ci et
là.
De Simnifu, M. Omelvena écrit
quatre mois après le réveil : Je
bénis encore Dieu pour la vague qui a
passé ici. Toutes les manifestations dont
vous parlez se sont produites avec une
intensité redoublée dans mon vaste
district. Évangélistes, diacres,
anciens et écoliers ont
tous, sans exception, été
soulevés hors des ornières et
portés irrésistiblement en
avant ; chaque coin et recoin du district a
été parcouru, le message de
repentance et de paix a été
proclamé partout et accepté. Ceux
qui, auparavant, avaient été plus ou
moins instruits dans la vérité
divine, dans lesquels l'Esprit a pu trouver un
terrain préparé ont, en
général, produit les fruits de
l'Esprit dans la proportion de cette
préparation. L'un des résultats du
réveil, c'est que maintenant mes meilleurs
ouvriers comprennent le grand honneur aussi bien
que la grande responsabilité attachée
à leur vocation. En temps et hors de temps,
ils travaillent et réfléchissent, ils
courent et ils prient ; ils savent aujourd'hui
pratiquer la prière. Les garçons et
les filles des écoles sont
pénétrés d'un esprit tout
nouveau et leurs réunions spéciales
de prière et d'étude biblique, aussi
bien que leurs efforts pour prêcher dans les
rues et les villages nous permettent de fonder sur
eux de grandes espérances.
C'est à Newchwang que
l'Évangile fut prêché en
premier lieu en Mandchourie. Le premier
évangéliste, Rév. Wm Chalmers
Burns, y a travaillé, peiné et
prié avec une ferveur extraordinaire ;
c'est là qu'il est mort et là, dans
le petit cimetière, que se trouve sa tombe.
La mission irlandaise y a fidèlement
répandu la semence pendant près de
quarante ans. Le Dr Walter Philipps, qui y dirige
la mission de l'hôpital,
écrit :
Il y eut parmi nous un vent
puissant, soufflant sur les ossements
desséchés. Décrire ce qui
s'est passé la semaine dernière n'est
pas facile. Les résultats sont glorieux,
mais au prix de quelles confessions ! Certes,
les preuves fournies par nombre de personnes en
dons et en offres de service
n'étaient pas nécessaires pour
démontrer la sincérité et la
spontanéité de leur repentance.
Proportionnellement au nombre, les stations
extérieures ont été les plus
remuées. Je ne saurais dire comment tout
cela est venu. Certes, le message de M. Goforth est
très direct. J'imagine que les récits
du réveil de Corée ont dû,
jusqu'à un certain point, agir sur les
églises. Mais la puissante émotion
ressentie n'est sûrement pas l'effet de
paroles prononcées. Et pourtant la certitude
absolue d'un enthousiaste comme M. Goforth est
contagieuse. Il n'y a ni doute, ni aucune
hésitation dans ses convictions, et
l'exposition si claire et si pratique de ses
pensées parle puissamment aux âmes
chinoises. L'auditoire est amené à
partager les sentiments du
prédicateur ; il comprend pleinement le
danger de sa situation et l'urgence d'en
sortir ; puis il est ramené à
l'amour rédempteur du Christ, hors duquel il
n'y a pas de pardon. Tout est si réel !
Il n'y a ni abstractions ni philosophie. La
critique est désarmée.
Le réveil dans le district de
Fakumen commença à fin mars par la
prédication du licencié Chang et de
l'évangéliste Li de Liaoyang. L'un
des traits les plus remarquables ici a
été l'influence des
prédicateurs chinois, au travail desquels,
par la grâce de Dieu, les résultats
sont presque entièrement dûs. La
méthode de ces deux missionnaires
était de raconter l'histoire du
réveil au nord de la Corée, dans le
district de Liaoyang et à Moukden. Ils
insistaient sur ce fait que la Corée avait
été bénie par
l'humilité et l'esprit de prière du
peuple. Beaucoup plus pauvres que les Chinois, plus
primitifs qu'eux dans le commerce et l'agriculture,
avec moins d'habileté et moins de
ressources, les Coréens les
devancèrent dans la
piété
chrétienne. Malgré leur extrême
pauvreté, ils entretiennent quatre cents
prédicateurs dans le seul district de
Pingyang. Ils bâtissent des églises et
les remplissent de fidèles. Le dimanche, les
rues ressemblent à des marchés, tant
est grande la foule qui se rend aux lieux de culte.
Les temples païens tombent en ruine faute de
soins. Faute de procès, les avocats ont peu
d'ouvrage. L'oeuvre est spirituelle et
profonde.
Voilà à peu
près ce que racontait le licencié
Chang. Chose étrange, l'oeuvre du
Saint-Esprit semblait s'arrêter à la
rivière Yalu. En revenant de Corée en
Mandchourie, on respirait un air plus froid. Mais
aujourd'hui les choses ont changé. Les
incidents du réveil à Moukden et
à Liaoyang nous révèlent la
puissance de Dieu dans notre propre pays. Le
pasteur Chen de Chinchiatun donnait de temps
à autre une solide base scripturaire pour le
renouveau de la vie spirituelle.
Bientôt les prières
qui, depuis quelque temps, montaient à Dieu,
reçurent un commencement d'exaucement. Ce
fut une de nos meilleures chrétiennes, Mme
Martha Chung, maîtresse de l'école des
filles, qui fut la première touchée.
Elle pleurait en demandant pardon d'avoir
négligé les siens. Aucun de ceux qui
la connaissaient ne pouvait manquer d'être
touché par ses paroles. Plus tard, elle se
répandit en intercessions passionnées
et importunes au sujet du frère de son mari,
un prodigue qu'on avait souvent invité. Elle
criait continuellement à Dieu, demandant sa
conversion immédiate. Au bout de peu de
temps, la réponse vint. Le prodigue demanda
pardon à son Père céleste en
pleurant amèrement.
Au sixième jour, nous
atteignîmes le point culminant. Jamais on
n'aurait songé à scène
pareille. Soudainement tout l'auditoire, de trois
à quatre cents personnes, fut
entraîné dans un torrent de sanglots.
Ceux qui avaient reçu leur pardon priaient
ardemment pour les autres. Tout à coup
près de trente écoliers furent saisis
comme par une vague. Sautant sur l'estrade,
quelques-uns d'entre eux supplièrent les
incrédules de se repentir et de chercher le
Sauveur immédiatement. C'était un
réveil étrange et merveilleux,
l'église étant remuée jusque
dans ses dernières profondeurs.
De Fakumen, les deux
missionnaires
se rendirent avec le pasteur Chen dans son
église de Chinchiatun. C'était
d'abord un froid déprimant, le sol semblait
dur comme la pierre, mais le changement se fit.
Quelle puissance ! Les manifestations
extérieures furent plus extraordinaires que
tout ce qui avait été vu auparavant.
Un membre d'église s'évanouit et
resta longtemps inconscient. Même
après s'être soulagé par une
confession partielle, sa face était encore
couleur de cendres, et il ne trouva pas la paix
sans confesser qu'il avait été cinq
fois meurtrier avant d'entrer en contact avec les
chrétiens. Cet homme cultivé
était un praticien respectable de l'art
médical et avait été
professeur à notre école. Son pire
ennemi n'eût jamais pu le croire coupable de
crimes semblables. Il y eut plusieurs autres cas
d'évanouissement, mais toujours une pleine
confession apportait le soulagement.
C'est vraiment merveilleux que
dans
toutes nos stations il se produisit des signes
visibles et évidents de la puissance du
Saint-Esprit.
L'un des résultats les plus
encourageants, c'est le
changement opéré
chez les évangélistes
eux-mêmes : nouvelle puissance dans la
prière, force nouvelle dans la
prédication, plus de zèle, plus
d'amour - leurs yeux ont vu le Roi dans sa
beauté. La base du tout a été
la prière - prière solitaire dans les
champs, sur les coteaux, pétitions
spontanées de l'assemblée unie dans
une même pensée, prières
simples, confiantes, persistantes,
enseignées de Dieu et non des
hommes.
Un nouvel esprit
d'évangélisation s'empara de nous.
Des groupes d'hommes et de jeunes gens partirent
pour prêcher dans les rues et dans les
villages des environs ; les femmes aussi
allaient chez leurs amies pour les presser
« d'entrer, afin que la maison soit
remplie ! »
De Hailungsheng, M. Mac Naugten
écrit : Chez nous le réveil est
venu avec la puissance révélatrice du
jour du jugement. C'était une
expérience effrayante, nous avons vu l'enfer
ouvert et avons été témoins de
l'agonie des âmes tourmentées. Chaque
vie fut pesée dans la balance et
trouvée légère, dans
quelques-unes les crimes les plus horribles furent
révélés.
La crise vint le troisième
jour ; l'église était
remplie ; mais il n'y avait rien de
sensationnel dans l'allocution des missionnaires.
Quelques auditeurs s'étaient endormis. Tout
à coup un jeune homme se lève, bat
l'air des mains et tombe à terre en se
débattant.
« Hystérie », me dis-je,
ennuyé. Au même moment, un courant
d'air ouvre la fenêtre avec fracas.
« Le Saint-Esprit est
venu ! » crie un
évangéliste, et tous les auditeurs
tombent sur leurs faces en criant grâce
à haute voix. Instantanément les
prières se changèrent en cris
d'angoisse et de terreur.
« Pasteur, arrêtez
les prières, » me dit-on à
l'oreille. C'était un homme ayant
l'expérience de ces scènes. Nous
chantâmes sans discontinuer le choeur du
cantique : « Qui peut laver mes
péchés ? » et
finalement l'excitation put être un peu
atténuée. Trois personnes
étaient encore étendues à
terre, incapables de se lever ou de parler. On les
amena à la tribune ; c'étaient
deux femmes et le jeune homme déjà
mentionné. Dans mon inexpérience,
j'eusse appelé un médecin. L'une des
femmes, en état d'insensibilité,
poussait des gémissements plaintifs
particuliers. « Elle est
hystérique, dis-je doucement au pasteur Yao,
on devrait la porter dehors jusqu'à ce
qu'elle soit plus calme. » Il me regarda,
puis, malgré son regret de me
contredire : « C'est ainsi partout,
dit-il, cette femme est une spirite, quand elle
aura confessé ses péchés, elle
trouvera une paix absolue. » Je compris
alors que mieux valait me tenir tranquille, de
crainte d'entraver l'oeuvre de Dieu. Mon
collègue eut le même sentiment.
« Elle devient noire, » me
dit-il à l'oreille. Finalement, en leur
tenant les mains et en leur parlant doucement, on
parvint à rendre un peu la possession
d'elles-mêmes à ces trois personnes et
elles purent faire leur confession. La femme
était une sorcière spirite, donc une
païenne. Le lendemain, son visage brillait
d'une paix radieuse. Un jeune homme à l'air
innocent confessa avoir tué sa femme,
après avoir commis adultère. Un autre
encore avait tué son neveu.
Mais je dois m'arrêter dans
ces citations pour donner encore quelques extraits
de lettres concernant :
f) Les fruits
du
réveil.
Du Rév. T. C. Fulton, de l'Eglise
presbytérienne irlandaise à
Moukden : Les derniers temps avant le
réveil, le manque de vie spirituelle dans ma
congrégation avait été pour
moi une charge intolérable, et quoi que je
fisse pour rendre mes allocutions sérieuses
et incisives, tout était inutile. Pourtant
il n'y avait rien de grave, si ce n'est ce
formalisme froid et respectable, mais
c'était, certes, bien assez. Les trois
dernières semaines, au contraire, ont
été pour moi les plus heureuses que
j'aie passées en Mandchourie, car
après la première semaine de
réveil, nous avons continué à
nous réunir tous les soirs pour la
prière, et durant cette délicieuse
quinzaine, j'ai, en esprit, dansé de joie
journellement, en entendant prier des hommes et des
femmes qui ne le faisaient jamais
précédemment. Même des jeunes
filles, une de neuf ans, une de douze et trois de
treize ans, ont très souvent prié, et
cela d'une manière qui impressionnait si
bien les adultes, qu'ils disaient :
« 0 Dieu, écoute au moins les
prières des enfants. » Je
chanterais bien le cantique de Siméon, quand
je pense à ce que Dieu nous a permis de
voir, et pourtant j'aimerais être dans cette
oeuvre plus longtemps, car sa beauté
dépasse toute expression. J'ai souvent
prié pour un réveil pareil ;
mais pour être franc, je dois ajouter que je
ne m'attendais guère à le voir, et
aujourd'hui je suis repris comme je le
mérite pour mon manque de foi. Je
n'entrevoyais pas la possibilité pour nos
chrétiens d'être moins secs, moins
cérémonieux et de se laisser
transformer par la glorieuse puissance de
l'Évangile. C'était de
l'incrédulité dont je suis confus.
Un autre missionnaire :
Le
réveil fut uniquement l'oeuvre de Dieu, nous
autres missionnaires étions là
simples spectateurs. Il y avait une grande paroisse
sur notre station, mais nous disions :
« Impossible d'inculquer à ces
indigènes une notion juste de ce qu'est le
péché, ils n'ont pas le sens de la
culpabilité. Dieu fit pourtant ce qui nous
paraissait impossible. Par son Esprit Saint, il
ouvrit leurs yeux, leur fit comprendre ce qu'est le
péché et quel Sauveur nous avons. Il
y eut beaucoup de larmes brûlantes, mais
aussi une joie profonde et débordante
à cause de ce que Jésus a
fait.
Un point que je ne puis passer
sous
silence : L'église chinoise de la
Mandchourie n'a pas seulement été
régénérée, mais elle
est devenue indépendante. C'est un enfant
adulte. Nous autres missionnaires avons
achevé notre tâche, l'enfant peut se
suffire, il n'a plus besoin des soins des parents.
Cette constatation a quelque chose de douloureux,
mais quelle joie de voir que nos chers
indigènes se sont vraiment donnés au
Seigneur et font partie du corps de Christ !
Jusqu'à présent, ils s'appuyaient sur
nous, maintenant ils avancent d'un pas ferme. Dans
l'une des dernières conférences
pastorales, un des pasteurs indigènes
termina une émouvante allocution en se
tournant vers les missionnaires présents,
auxquels il dit : « Nous remercions
l'Eglise chrétienne de l'Ouest pour nous
avoir envoyé l'Évangile, et nous vous
remercions, vous, les missionnaires, de nous
l'avoir apporté. Nous n'oublierons jamais la
grâce que Dieu nous fit en vous amenant ici.
Mais le Saint-Esprit est venu du ciel, vous ne
pouviez pas nous le donner, vous, Dieu nous l'a
donné.
Le Rév. Liu Chuang Yao,
pasteur de la congrégation
ouest de Moukden, écrit : Un grand
nombre de nos professants, en ville et dans les
stations extérieures, ont été
puissamment convaincus de péché et
ont avoué toutes leurs fautes avec une
profonde contrition. Partout un grand nombre de
membres ont reçu le Saint-Esprit, et
quelques-uns de ceux qui n'avaient aucune relation
avec l'Eglise chrétienne ont aussi
été forcés de confesser leurs
péchés ; ils se sont repentis et
ont cru au Seigneur Jésus. Ceux qui avaient
été excommuniés ou qui avaient
été destitués de quelque
fonction, revinrent avec une contrition
sincère. Beaucoup de nos membres, autrefois
fiers, froids ou repliés sur
eux-mêmes, ont complètement
changé de caractère. Ceux qui avaient
honte de confesser Christ, le font maintenant avec
beaucoup de hardiesse. Ceux qui négligeaient
le dimanche et les cultes aiment maintenant la
maison de Dieu et observent le jour du
repos.
Le manque de recueillement
d'autrefois est remplacé par un
intérêt soutenu pour la Parole de
Dieu ; la lecture et la méditation de
celle-ci, peu goûtées ci-devant sont
considérées maintenant comme de
première importance et les choses profondes
de Dieu commencent à être mieux
comprises. La prédication de la Parole,
à l'église, à la chapelle,
dans les occasions ordinaires ou extraordinaires,
n'avait point de force, quel que fût
l'orateur. Maintenant cette même Parole de
Dieu a libre cours, et elle est glorifiée
non seulement par le ministère de M.
Goforth, de MM, Li ou Meng, mais par le travail de
tous ceux qui ont reçu une
bénédiction. Où qu'ils aillent
leur parole est accompagnée de vertu. Une
nouvelle anxiété pour le bien
spirituel de toutes leurs connaissances a saisi le
coeur de nos gens. Ceux qui ne faisaient rien
offrent leurs services,
tandis
que d'autres fournissent des fonds. Des femmes
aussi donnent de leur temps et travaillent à
l'évangélisation, chose inouïe
auparavant. Ceux qui ne donnaient jamais rien sont
devenus généreux, plusieurs se sont
engagés à payer la dîme, et
combien d'autres renoncent au vin et au tabac pour
pouvoir donner davantage.
Tous prient maintenant avec
sérieux et avec puissance. Les
prières ne sont pas seulement ferventes.
elles sont efficaces ; on s'attend à
une réponse et elle vient. Beaucoup de
personnes ont appris à prier et nombre de
ceux qui le faisaient par forme le font maintenant
avec ferveur. Le culte de famille est
célébré dans beaucoup
d'intérieurs où il était
inconnu. Des réunions de prière ont
surgi partout, en ville, aux villages, à
l'école des filles, à celle des
garçons, à l'hôpital des
hommes, à celui des femmes, et ce qui est
plus significatif que tout le reste, même
à l'école du gouvernement une dizaine
de jeunes filles ont formé une Union de
prière.
Quand nos membres sortent pour
affaires, ils en font un sujet de prière et
demandent qu'on prie pour eux. Tous ceux qui ont
des charges à l'église montrent un
nouveau zèle et un grand dévouement.
Une paix intérieure et une joie
extérieure se montrent chez tous.
Le grand réveil en
Mandchourie est précisément ce que
pouvaient désirer tous les amis des
sociétés bibliques. De tous
côtés on réclame la Parole de
Dieu, des Bibles de famille, des Évangiles
à distribuer. Des hommes
dévoués offrent leurs services, et,
ce qui n'est pas le moins réjouissant, nos
chers colporteurs, animés d'une vie
nouvelle, confessent avec enthousiasme le
Maître qu'ils servent et qui vit en eux. Nos
enfants aveugles et leurs
maîtres sont venus et ont participé
aux grâces de Dieu. Nous ne pouvons que
courber la tête avec adoration et
reconnaissance et demander à Dieu qu'il
opère avec toujours plus de force dans toute
la Mandchourie.
La conception de la vie
chrétienne est plus élevée et
le désir de gagner les inconvertis est
beaucoup plus fort. (J. W. Inglis.)
Jamais les expériences faites
par les étudiants du collège pendant
le réveil ne pourront être
effacées. (John Ross.)
Nous reçûmes de grandes
grâces qui apportent dans chaque
département de notre travail une nouvelle
vie et une nouvelle joie. Tous nos gens ont repris
un nouveau courage et plusieurs sont entrés
dans une vie de dévouement et de service qui
leur était inconnue. (Dr
Christie).
Un missionnaire écrit en
rentrant après un an de congé :
Je trouve une Église vivifiée, un
nouvel esprit de sacrifice et d'amour animant tous
les membres. Les chrétiens aiment prier et
beaucoup d'entre eux brûlent de zèle
comme jamais auparavant pour l'extension du
règne de Dieu. (Rév. H. W.
Pulver.)
Si on me demande quelle est la
marque la plus profonde laissée dans
l'Eglise par les merveilleuses expériences
de l'année, je réponds : C'est
la conviction de péché et le sens de
la responsabilité personnelle devant Dieu.
Jamais auparavant la portée du mot
« péché » n'avait
été bien comprise par nos
membres ; jamais plus ils ne pourront s'y
méprendre. (Rév. George
Douglas.)
Une dame missionnaire :
Nos
coeurs débordent de louange et de gratitude
quand nous regardons aux grandes choses que Dieu a
faites parmi nous l'an dernier.
Le réveil n'a pas été une
émotion passagère ; après
des mois d'épreuve les fruits de l'Esprit se
manifestent dans toutes les parties de l'oeuvre. Il
y a un désir sérieux de travailler
pour le Maître et d'être
enseigné par lui.
Que ce qui précède
suffise à montrer les fruits de ce mouvement
béni. Voici ce qu'ajoute l'auteur :
Peut-être ne devrait-on pas en parler comme
fruits puisqu'après tout c'est plutôt
le printemps encore, le temps des bourgeons et des
boutons. C'est doux, frais et beau, mais la moisson
n'est pas mûre encore. Pour bien juger de ce
réveil il faudrait qu'une
génération eût passé. Et
pourtant nous sommes profondément
reconnaissants pour les faveurs du Dieu
tout-puissant envers son église de
Mandchourie. En effet le mouvement a vivifié
l'église, au moins dans toute la partie
méridionale et l'a portée à un
christianisme plus décidé et plus
défini : Il a baptisé des
milliers d'âmes de l'Esprit de Jésus,
il a ouvert les yeux de personnes innombrables
à la réalité des grands faits
de repentance et de conversion, de
possibilité de contrôle personnel et
de paix par l'Esprit de Dieu. C'était vrai
en Écosse dans les années de
septante, c'est vrai aujourd'hui en Mandchourie. Il
y aura des épreuves, nous le savons ;
chaque mouvement de ce genre en est suivi. Les
réveils viennent et tombent, tandis que les
influences du vice et de la mondanité ont
une grande persistance. La guerre n'est que
commencée. Nous tremblons à la
pensée des batailles qui seront perdues ou
gagnées par ceux qui sont entrés en
lice. Mais l'Éternel des armées est
avec eux, le Dieu de Jacob est leur refuge.
g) Impressions et
résultats dix-huit mois après le
réveil.
« C'est spécialement
parmi les étudiants en théologie que
les effets du réveil sont
apparents. » Ainsi s'exprime mon
vénéré collègue,
Rév. John Ross, qui mieux que personne est
à même d'en juger, puisque dernier
survivant de ceux qui ont implanté
l'Évangile en Mandchourie il y travaille
depuis 37 ans. Ces dernières années
il s'est occupé de l'instruction des
étudiants en théologie, aussi ce
qu'il dit de l'effet du réveil sur ceux-ci
est-il d'un intérêt et d'une
importance extrême.
On célébra
l'anniversaire du réveil à Moukden
par une session et par des réunions de
même nature et de même durée que
l'an dernier. Les réunions étaient
bien suivies ; quelques-uns des assistants se
lamentèrent de ce que les
phénomènes du réveil
n'étaient pas apparents comme l'année
dernière, mais on leur rappela que le
Nouveau Testament ne parle d'aucune
répétition de la Pentecôte.
À la fin de la session les agents les plus
influents visitèrent deux à deux les
stations extérieures qui ne l'avaient pas
été l'année
précédente. Ils revinrent avec des
rapports encourageants. Dans l'un des villages il y
avait près de 200 candidats au
baptême. Une semblable tournée de
visites chaque année avec instruction
complète de la doctrine chrétienne
est inestimable. L'excitation du réveil est
passée, c'est naturel. Il en reste :
1° la connaissance d'une spiritualité
plus élevée, dont l'église de
Chine n'avait aucune expérience et dont elle
n'avait jamais entendu parler ; 2°
l'assurance que Dieu est près et toujours
prêt à aider, que lui seul est
suffisant pour
l'accomplissement
de l'oeuvre confiée à son
Église ; 3° une
libéralité inconnue auparavant,
accompagnée de la joie de pouvoir
donner ; 4° du zèle pour le
service, zèle qui du reste n'avait jamais
manqué, mais qui a été
multiplié à l'infini.
J'ajoute que l'oeuvre continue
en
certains endroits, d'une manière plus calme.
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