Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



La SOUFFRANCE


La Victoire sur et par la Souffrance.

« Il convenait que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les souffrances le prince de leur salut. » (Héb. 2, 10.)

Il est possible que les deux études précédentes aient fait surgir dans l'esprit de quelques-uns de mes lecteurs l'objection suivante : « Si la souffrance est une conséquence du péché, pourquoi tant de gens, non seulement innocents, mais encore à bien des égards moralement supérieurs aux autres, sont-ils beaucoup plus éprouvés que ceux qui leur sont très inférieurs ? Est-il juste de faire toujours dépendre la souffrance de l'état spirituel ou moral ? »

Non, certes, mille fois non. Il est, en effet, facile de constater que, dans un monde comme le nôtre, ce sont d'ordinaire les meilleurs qui sont les plus éprouvés. On dirait vraiment que la souffrance choisit ses victimes de préférence parmi les meilleurs. Tandis que beaucoup de méchants réussissent et sont heureux, tandis qu'ils sont très souvent épargnés, d'autres, au contraire, parmi les plus dignes, les plus honnêtes, les plus pieux, sont frappés de toutes sortes de manières, et cela d'autant plus qu'ils sont supérieurs aux autres. De là, le mot de ce paysan qui disait à son pasteur au moment où celui-ci lui parlait de conversion : « Me convertir, moi, monsieur le pasteur, jamais de la vie, il me faudrait trop souffrir, puisque Dieu a dit lui-même : « Le Seigneur châtie celui qu'il aime ! » De là aussi, cette prophétie du grand Platon quatre siècles avant Jésus-Christ : « S'il venait sur la terre un homme juste, il souffrirait plus qu'aucun autre, les hommes le tourmenteraient, le persécuteraient, le flagelleraient, et pour finir le crucifieraient ! »

De là aussi, des psaumes comme le 37me et le 73me, qui décrivent l'angoisse du pieux Israélite à la vue des malheurs des justes et de la prospérité des méchants. « Mon pied allait fléchir, mes pas étaient sur le point de glisser, car je portais envie aux insensés en voyant le bonheur des méchants. Rien ne les tourmente jusqu'à leur mort et leur corps est chargé d'embonpoint ; ils n'ont aucune part aux souffrances humaines, ils ne sont point frappés comme le reste des hommes. Ainsi sont les méchants, toujours heureux, ils accroissent leurs richesses. C'est donc en vain que j'ai purifié mon coeur et que j'ai lavé mes mains dans l'innocence. Chaque jour je suis frappé, tous les matins mon châtiment est là. Quand j'ai réfléchi là-dessus pour m'éclairer, la difficulté fut grande à mes yeux jusqu'à ce que j'eusse pénétré dans le sanctuaire de Dieu et que j'eusse pris garde au sort final des méchants. » (73, 2 à 14, 16 et 17.)

Mais la Bible ne se contente pas de parler ainsi, elle nous montre des hommes, parmi les meilleurs, qui sont tout particulièrement affligés. Dans l'Ancien Testament, le patriarche Job qui représente par excellence l'homme éprouvé, celui sur lequel tombent tous les maux possibles et impossibles, et qui n'en est pas moins l'homme pieux et honnête par excellence aussi. « Job était intègre et droit, il craignait Dieu, et se détournait du mal. » Après avoir tout perdu il s'écrie : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'Éternel a donné et l'Éternel a ôté, que le nom de l'Éternel soit béni ! En tout cela, Job ne pécha point, et n'attribua rien d'injuste à Dieu. » (1, 20 à 22.)

Dans le Nouveau Testament, c'est saint Paul, dont Jésus disait à Ananias au moment de sa conversion : « Je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour mon nom. » (Actes 9, 16). On sait en effet que cet homme sensible, au coeur ardent, qui va jusqu'à parler des souffrances de la création tout entière, a su sympathiser avec tout ce qui souffre ici-bas, et a dû lui-même connaître la souffrance sous toutes ses formes. Ne fut-il pas en butte aux attaques, aux persécutions et à la haine de ses anciens coreligionnaires, partout où il allait prêcher l'Évangile ? Ne fut-il pas profondément affecté de voir les églises qu'il avait fondées ravagées par ses ennemis, lui qui souffrait les douleurs de l'enfantement pour amener à leur maturité spirituelle ceux que Dieu lui avait donnés. « Souvent en danger de mort, cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j'ai été battu de verges, une fois j'ai été lapidé, trois fois j'ai fait naufrage, j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme. Fréquemment en voyage, j'ai été en péril sur les fleuves, en péril de la part des brigands, en péril de la part de ceux de ma nation, en péril de la part des païens, dans les villes, les déserts, sur la mer, parmi les faux frères. J'ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité. Et, sans parler d'autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les églises. Qui est faible, que je ne sois faible ? Qui vient à tomber, que je ne brûle ? » (2 Corinthiens 11, 24-29.)

Pour comble, il lui survint cette écharde dans la chair, une maladie à la fois cruelle et humiliante, peut-être la maladie des yeux, dont il parle dans cette même épître, et dont il demanda en vain d'être délivré. Enfin, comme si cela ne suffisait pas encore, il dut passer quatre ans en prison, lui, le bouillant apôtre Paul, qui trouvait toute sa joie dans son activité pour Dieu ! On peut se représenter quelle épreuve cet emprisonnement dût être pour lui, surtout lorsqu'il recevait de mauvaises nouvelles des églises.

Mais, il en est un plus grand encore que tous les autres, Jésus-Christ lui-même, notre modèle parfait, le Saint de Dieu, celui qui n'a point connu de péché, celui qui pouvait dire à la foule : « Qui de vous me convaincra de péché ? (Jean, 8,46) et qui savait que « le prince de ce monde ne pouvait rien sur lui ». (14, 30.) N'a-t-il pas été bien nommé, par le prophète Esaïe, plusieurs siècles avant son apparition sur la terre : « L'homme de douleur habitué à la souffrance ? » (Esaïe, 53, 3.) En effet, aucun homme dans l'histoire n'a souffert comme lui : souffrance physique, la faim, la soif, la fatigue, la sueur de sang, la flagellation, la crucifixion, la rupture de son coeur sur le bois maudit. Souffrance intellectuelle, puisqu'il accepta d'entrer dans nos ignorances, nos mystères, peut-être même nos erreurs. Souffrance du coeur, lui qui aimait tant et qui rencontra si peu d'amour, lui qui témoigna tant de sympathie aux autres, et qui en trouva si peu, lui qui se sentit de plus en plus incompris, méprisé, abandonné même des siens, même d'un apôtre Pierre, et d'un apôtre Jean. Souffrance morale surtout, en se trouvant en contact perpétuel avec une race souillée comme la nôtre, avec des hommes pécheurs, impurs, souvent hypocrites : bien plus, lui qui fut confondu avec les pécheurs et les gens de mauvaise vie, avec les criminels, et ce qui est pire avec les hypocrites, qui se vit préférer le brigand Barabbas et qui devint, oh ! mystère incompréhensible de l'amour, « péché pour nous, malédiction pour nous », c'est-à-dire incarnation, personnification de ce péché et de cette malédiction !

Voilà le grand mystère, la chose incompréhensible, et c'est précisément parce que sur une terre comme la nôtre, la sainteté est si souvent foulée aux pieds, la justice méconnue au point qu'il semblerait avantageux d'être injuste, d'être souillé, que tant de gens ne peuvent pas croire, et rejettent le christianisme en disant que, s'il était la vérité, il ne rencontrerait pas pareil accueil sur la terre.

Est-il sage quand une plante ne peut absolument pas s'acclimater dans un pays, croître et s'épanouir dans un certain terrain, de s'obstiner à la cultiver encore ? Ne serait-il pas plus sage et plus intelligent de renoncer franchement à cette culture qui ne peut amener que d'amères déceptions ?

Eh bien non, cette objection qui parait formidable ne nous convainc pas ; notre coeur, et surtout notre conscience nous crient que ceux qui ont fait le bien ont choisi la bonne part, et qu'en dépit de toutes leurs souffrances, j'allais dire à cause même de ces souffrances, ils ont montré aux autres qu'ils avaient eu raison, et que s'il fallait recommencer, ils feraient de même. Allez demander à tous ces représentants de la douleur s'ils regrettent, au fond de leur coeur, de se l'être attirée par leur sainteté même. Tous bien plutôt, comme un seul homme, vous répondront : « Nous ne regrettons rien, et nous sommes prêts à recommencer si cela est nécessaire. »

Quelle en est la raison profonde ? La parole de mon texte nous le dit clairement : « Jésus-Christ a été amené à la perfection par les choses qu'il a souffertes, » ou encore. « il a appris l'obéissance par ses souffrances. » (Hébreux 5, 8.) Mais, dira quelqu'un, comment donc, le Saint de Dieu a dû apprendre l'obéissance ? Il a dû tendre vers la perfection, il n'était donc pas parfait ? Oui certes, il l'était avant de venir sur la terre ; mais il s'est dépouillé de tout, non seulement de la gloire de sa divinité, mais encore de la gloire de sa perfection. Il a voulu conquérir ou plutôt reconquérir cette perfection qu'il possédait par l'essence même de son être. Voilà pourquoi il a pu progresser, ce qui ne veut pas dire qu'il ait péché, car il a toujours été à la hauteur de ce qu'il pouvait être, il était toujours aussi parfait que possible ; mais sa perfection à cinq ans n'était pas celle qu'il atteignit à quinze, à vingt, ni surtout à trente ans. Il a donc dû lutter pour aller de conquête en conquête, de perfection en perfection, et s'élever de la perfection relative à la perfection absolue.

Et comment cela ? Précisément par ses souffrances. Voilà le grand mot de l'énigme, voilà le secret profond de la douleur : elle est la grande école de la perfection, le stimulant qui nous aide à nous élever jusqu'à elle, la puissance qui nous transporte au-dessus de nous-mêmes vers la cime éblouissante de la perfection divine.

On peut distinguer trois stades dans cette ascension ; on pourrait appeler le premier : la souffrance acceptée. Très souvent, nous commençons par la révolte, nous ne pouvons pas comprendre pourquoi Dieu nous fait ou plutôt nous laisse tant souffrir : il y a, entre notre soif de bonheur et la réalité douloureuse, un antagonisme que nous ne pouvons pas admettre. Mais lorsque nous rencontrons sur notre route l'homme de douleur, une mystérieuse force nous pousse vers lui, son regard nous attire d'une manière irrésistible, et, chose curieuse, c'est sa souffrance même qui nous le rend profondément sympathique.

Alors, quand nous sommes près de lui, en le voyant souffrir autrement plus que nous, notre coeur s'apaise ; puis, à son contact, cette même souffrance nous révèle notre valeur personnelle. Il n'y a guère que ceux qui ont passé par l'école de la souffrance qui ont appris à se connaître, à découvrir leur vraie valeur ; non plus la valeur d'un être animal supérieur, mais celle d'un être moral, d'une personnalité spirituelle et morale, d'un caractère en un mot. La souffrance éveille et stimule en nous des énergies dont nous n'avions jadis aucune idée, elle est, du moins à l'école de Jésus-Christ, le rayon lumineux, projeté dans les profondeurs de notre être, qui nous fait découvrir les trésors, pour ainsi dire infinis, cachés dans cet être. Nous ne savions pas ce que nous étions, nous commençons à le savoir ; nous ignorions notre valeur, maintenant cette valeur se révèle à nos yeux.

Mais en même temps, nous comprenons que ce n'est pas cette courte vie, un éclair en somme, qui peut être la vraie vie ; la vie terrestre n'est que l'apprentissage d'une vie qui ne finira plus, le commencement d'une existence qui ne sera plus une existence, mais bien la vie dans le plein sens du mot, autrement dit : la vie éternelle.

N'est-il pas frappant de constater que, dans l'Ancien Testament, c'est aux heures les plus sombres de l'histoire, des peuples comme des individus, que la vie éternelle apparaît tout à coup. Tandis que d'une façon générale l'au-delà semble mystérieux, presque nul dans les pages de l'ancienne alliance, il en est d'autres où tout à coup une éblouissante lumière apparaît aux heures les plus sombres, par exemple dans l'histoire de Job qui au fort de la détresse s'écrie : « Je sais que mon vengeur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu. Je le verrai et il me sera favorable ; mes yeux le verront et non ceux d'un autre ; mon âme languit d'attente au-dedans de moi. » (19, 25-27).

Et dans le livre de Daniel, c'est quand le peuple en exil se voit réduit en esclavage, et qu'une partie seulement est retournée en Palestine, que nous lisons cette admirable prophétie empruntée peut-être aux croyances religieuses du pays, mais comprise comme elle n'avait jamais pu l'être auparavant : « En ce temps-là ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés. Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour la honte éternelle. Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles à toujours et à perpétuité. » (12, 1-3.)

Mais ce premier stade franchi, si l'âme continue son ascension, il en vient un second plus important, que nous pourrions caractériser ainsi : la souffrance domptée. Remarquez bien que je ne parle pas de résignation, le chrétien n'est pas, ne doit pas être un résigné ; jamais ce mot ne se trouve dans la Bible, car nous ne sommes pas des fatalistes, c'est-à-dire des Musulmans, mais des chrétiens, et si nous acceptons la souffrance, ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas faire autrement, mais bien parce que nous avons découvert derrière elle un Dieu d'amour qui veut partout et toujours le bien de ses créatures.

Au contact de Jésus-Christ, et à mesure que nous entrons en communion plus intime et plus vivante avec lui, nous ne nous contentons plus d'accepter la souffrance, nous en triomphons, parce que nous découvrons en elle un puissant moyen de perfectionnement dans la sainteté et dans l'amour. Comme deux métaux juxtaposés et mis ensemble au feu en ressortent unis ensuite pour toujours, lorsque nous avons été avec Christ dans la souffrance, nous en sortons unis avec lui pour l'éternité, et si nous n'en sortons pas, notre union n'en est que plus forte et plus profonde. Or cette union entraîne la communication de la vie de Christ, c'est-à-dire de la vie divine qui est faite de sainteté et d'amour.

De sainteté, c'est-à-dire de séparation d'avec le péché, de consécration à la volonté de Dieu, de victoire sur la nature qui, elle, n'est pas la sainteté puisqu'elle n'est ni libre ni morale. Dans la sainteté, nous nous élevons de la nature à l'esprit, et par une identification toujours plus complète de notre volonté à celle de Dieu, nous triomphons de cette nature en triomphant de la souffrance.

Mieux que cela, la vie divine nous est en même temps communiquée comme vie d'amour, c'est-à-dire vie rayonnante, débordante, se communiquant aux autres et venant les enrichir. On a bien souvent remarqué que pour comprendre la souffrance des autres, il faut souffrir soi-même ; il n'y a rien qui développe la sympathie comme la souffrance. En général, nous découvrons sans peine ceux qui souffrent des mêmes maux que nous ; nous ne les voyions pas auparavant, ils nous étaient indifférents ; maintenant, non seulement nous les connaissons, mais encore ils nous intéressent comme jamais ils ne nous ont intéressés ; leurs souffrances nous attirent vers eux, nous les partageons en quelque mesure, et nous les comprenons. Arrachés à l'isolement de l'égoïsme où nous avait plongés le bonheur, nous commençons à aimer de la vraie manière, c'est-à-dire non pas pour nous-mêmes, mais pour les autres et à nous intéresser au sort de ces autres, qui jadis nous laissait plus ou moins indifférents.

Dans cet amour, nous trouvons une joie dont rien n'a pu nous donner une idée jusqu'ici, cette joie dont Jésus disait avant Gethsémané : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jean 15, 11), et dont l'épître aux Hébreux déclare à propos de Christ « qu'en vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix, méprisé l'ignominie et s'est assis à la droite du trône de Dieu. » (12, 2.)

Nous ne sommes pas encore au bout, il reste un stade, le plus élevé, à parcourir, un dernier pas à franchir, pour arriver au sommet : après la souffrance acceptée et domptée, la souffrance alliée. Chose mystérieuse mais réelle, elle devient, elle peut et doit devenir une auxiliaire, une amie, après avoir été une ennemie et une étrangère. À mesure que, grâce à elle, nous sommes plus près de Dieu, elle nous le révèle de mieux en mieux, et avec Dieu, les trésors d'amour qui remplissent son coeur ; et petit à petit nous devenons les collaborateurs de Dieu pour la rédemption du monde. Ce n'est plus de nous qu'il s'agit, c'est de lui, ce n'est plus de nos souffrances, c'est de celles du monde, c'est de celles de Dieu, et nous voulons travailler avec lui à la rédemption de ce monde, l'aider à sortir de la souffrance qui le tue par la souffrance qui le sanctifie. C'est ce que Saint-Paul exprime dans cette parole de l'épître aux Colossiens : « J'achève en mon corps les souffrances de Christ. » (1, 24.)

Que de malades, que de gens en larmes ont vu leurs souffrances, non pas disparaître, mais se transformer lorsqu'ils ont compris qu'elles pouvaient être un moyen d'aider les autres, de les consoler, de les sauver. La terrible maladie d'Adèle Kamm, n'est-elle pas devenue l'inspiratrice du plus beau des ministères, lorsque la jeune malade eut compris que sa maladie la rendait capable de sympathiser avec ceux qui soufraient et de s'approcher d'eux pour les ramener à Dieu ? Aussi longtemps qu'elle restait repliée sur elle-même, la souffrance risquait de la révolter, ou tout au moins de l'aigrir contre Dieu et contre les autres, mais lorsqu'elle eut compris le parti qu'elle pouvait en tirer, alors tout fut changé, la lumière d'en haut inonda son coeur, et son lit de souffrance devint un lit de triomphe.

Mes frères, si nous voulons à notre tour faire de la souffrance notre alliée pour monter toujours plus haut vers la perfection de Dieu, il nous faut la foi et une foi toujours plus sainte, toujours plus humble, toujours plus personnelle, celle qui nous amène brisés, vaincus aux pieds du Maître, et qui, nous unissant à lui étroitement, nous apprend à ne plus avoir notre point d'appui, notre centre de gravité en nous, mais en lui et en lui seul. L'exemple de Jésus amené à la perfection par les choses qu'il a souffertes est de nature à nous calmer dans la souffrance, puis à nous conduire à l'abdication de notre être devant Dieu, pour que nous devenions vainqueurs par lui, puis parfaits comme lui.

La nuit aura bientôt disparu, le jour naît ;
Là-bas à l'horizon notre port apparaît.
Bientôt nous toucherons au terme du voyage.
Matelots, penchons-nous sur nos rames, courage !
 
Confiance au Pilote, amis, mais en lui seul !
Si du brouillard sur nous s'étend l'épais linceul,
Si l'ouragan s'élève, et qu'il tonne et qu'il gronde,
Point de peur, avec nous est le Maître du monde !
 
Mais voici du matin le lever radieux ;
Les ombres de la nuit s'effacent dans les cieux ;
Tout danger est passé ; notre course est finie.
Gloire et louange soit à Dieu, qui l'a bénie !
 


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