Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Voix Chrétiennes dans la Tourmente



GARDE TON ÂME

Pasteur G. VIDAL
4 Mai 1941

LECTURES BIBLIQUES

Veillez donc bien sur vos âmes, Pour aimer l'Éternel votre Dieu.
« En effet, si vous vous détournez et si vous vous attachez à ce qui reste parmi vous de ces nations ; si vous vous unissez avec elles par des mariages, et si vous vous mêlez à elles, et elles avec vous, sachez bien que l'Éternel votre Dieu ne continuera plus à chasser ces nations devant vous ; mais elles seront pour vous un filet et un piège, un fouet dans vos côtes et des épines dans vos yeux, jusqu'à ce que vous disparaissiez de ce boit pays que vous a donné l'Éternel votre Dieu. »
 

JOSUÉ, CH. XXIII, V. 11 A 13.

« Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups : soyez donc prudents comme les serpents et purs comme les colombes. Tenez-vous sur vos gardes vis-à-vis des hommes ; car ils vous livreront aux tribunaux et vous battront de verges dans leurs synagogues. Vous serez menés devant les gouverneurs et devant les rois, à cause de moi, pour rendre témoignage devant eux et devant les nations. Mais, quand on vous livrera, ne soyez en peine ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous direz ; car ce que vous aurez à dire vous sera inspiré à l'heure même. Ce n'est pas vous qui parlerez, mais c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous !...
« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui tic peuvent tuer l'âme. Craignez plutôt Celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne. Deux passereaux ne se vendent-ils pas un soit ? Et il n'en tombe pas un seul à terre à l'insu de notre Père ! Les cheveux même de votre tête sont tous comptés.
« Ne craignez donc rien ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.. »

ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU, CH. X, V. 16 A 21 ET 28 À 31.


Veillez attentivement sur vos âmes.
JOSUÉ, XXIII, 11.

Aux profondeurs mystérieuses de l'être, l'âme est la source vive qui le crée et le renouvelle. Là où elle jaillit, le désert lui-même fleurit, mais vient-elle à tarir, et le plus beau jardin se transforme en désert.

Ou bien, comme une lumière intérieure, elle éclaire l'être du dedans et montre sa valeur cachée. Projetée sur le monde et sur les hommes elle révèle leur grandeur secrète et le mystère de leur vie. L'éclat d'une âme est parfois si intense que son enveloppe charnelle elle-même, spiritualisée, devient transparente et, bien loin d'étouffer ou de limiter sa clarté, la rend sensible et la diffuse. Alors le regard, la parole, le geste ou les silences provoquent ces chocs lumineux, établissent ces contacts d'où naissent les amitiés saintes et les pures tendresses, produisent ces communions et ces échanges par quoi les âmes s'ouvrent, mutuellement, un monde merveilleux, dont elles ne peuvent ni sonder la profondeur, ni fixer les limites et qui leur laisse pressentir, tout proche, plus riche, plus merveilleux encore, le monde de l'Esprit, royaume de la lumière éternelle où leur clarté a pris naissance.

L'âme, c'est toute la beauté de la vie, toute sa grandeur, toute sa réalité. Sans âme les choses et les êtres nous donnent une impression d'irréalité ; la nature n'est plus qu'un froid décor et l'art une pâle copie ; la pensée n'est qu'un jeu ou un instrument de profit, la morale un code de règles d'intérêt, la religion un cadre vide ; l'humanité apparaît comme une agglomération inquiétante de termitières monstres, régies par les lois obscures et précises de l'instinct, où la pensée, l'amour, la foi ne sont plus que les manifestations d'un fonctionnement, anormal ou régulier, de viscères.

C'est à ce niveau que descendent les hommes et les peuples qui viennent à perdre leur âme. Or, si nous éprouvons aujourd'hui, devant le spectacle de notre monde, une impression de désolation, n'est-ce pas parce que tarissent les sources sans lesquelles il se transforme en désert ? Si l'humanité, ramenée au temps de son enfance terrifiée, marche courbée sous le poids de ce morne abattement, de cette tristesse animale qui semblent être le climat des sociétés primitives et des êtres instinctifs, n'est-ce pas parce que l'âme - l'âme source de toute beauté, de toute grandeur, de toute vie - s'écoule des vases d'argile qui la portent, fissurés par le péché et les cataclysmes effroyables qu'il multiplie sur notre terre.

L'âme est en péril ! Les valeurs d'âme sont méprisées, bafouées. Les hommes semblent n'avoir plus qu'une pensée : gagner le monde, serait-ce au prix du sacrifice de leur âme.

Nous, pour qui la vie n'a de sens et de valeur que par l'âme, veillons à ne pas laisser tarir ou polluer cette source, à ne pas laisser éteindre cette clarté, sans lesquelles le monde ne serait plus que désert et ténèbres !

L'Ancien Testament, déjà, nous apprend à apprécier la valeur d'une âme ; mais pour que nous soient révélés tout son prix et toute sa beauté, il faut que le Christ nous montre la vanité de tous les trésors terrestres réunis, comparés à la richesse d'une seule âme ; il faut que, devant le pharisien scandalisé, Il s'écrie : « L'homme est le maître du sabbat », situant ainsi l'âme humaine au-dessus des institutions religieuses les plus respectables et les plus sacrées ; il faut que son regard s'émerveille devant l'âme candide du Centenier, et que son coeur frémisse devant les trésors de foi et d'amour révélés par le geste d'une pauvresse de Jérusalem, ou le mot d'une humble Cananéenne. Et quand Il nous montre cette beauté d'âme, cachée sous des haillons sordides ou de répugnantes infirmités ; quand Il la découvre même sous les turpitudes les plus honteuses et les flétrissures les plus ignominieuses, et nous prouve que telle âme flétrie est encore capable de refleurir en nouveauté de vie ; quand Il nous montre le berger abandonnant tout son troupeau pour rechercher une seule brebis perdue, et le père ouvrant les bras à son fils prodigue ; quand, enfin, Il monte sur la Croix parce que cette âme soulevée de haine, en révolte contre Lui, vile, souillée, à ses yeux vaut la peine qu'Il meure pour la sauver, comment ne serions-nous pas à la fois éblouis, bouleversés, et humiliés aussi, à la pensée que nous portons en nous ce trésor : une âme !

Car cette richesse est à nous, et c'est notre seule et notre vraie richesse. Des voix tentatrices murmurent dans nos coeurs : « Tes biens sont à toi, par eux la liberté, la joie de vivre, le pouvoir t'appartiennent. » Nous sentons aujourd'hui l'ironie de ces mots, en ce temps d'assujettissement, de restrictions et de dépossession. Et si la fortune reste encore un privilège qui permet à quelques-uns d'atténuer les rigueurs de l'état présent, nous savons bien qu'elle est à la merci des événements, qu'elle ne nous procurera pas ce que la folie des hommes a détruit, et qu'aux portes de la mort on ne passe que les mains vides.

On nous a dit : « Ton corps est à toi. » Comme s'il n'était pas l'éternel esclave de ces maîtres, plus puissants que nous : la maladie, l'infirmité, la douleur, la nécessité, ce pauvre corps chétif, toujours dépendant, chose des hommes, de la vie et de la mort, qui font de lui, tour à tour, chair à travail, chair à plaisir ou chair à canon ! Et quand bien même nous pourrions faire de lui l'instrument docile et fidèle de notre volonté, il ne nous appartiendrait pas. Il n'est qu'un héritage que nous avons le devoir de transmettre, et nos descendants, déjà, ont des droits sur lui, qui porteront dans leur propre chair la vertu de sa santé ou les tares de sa déchéance.

Mais notre âme est à nous. Chaque âme est une âme originale, unique et autonome. Que nous le voulions ou non, on peut nous arracher ce que nous appelons nos biens. Que nous le voulions ou non, on peut disposer de notre corps. Il suffit pour cela d'être le plus fort. Le beau mérite ! Mais personne ne peut mettre la main sur notre âme sans son consentement.

Aucun homme n'a le droit d'en revendiquer la propriété et de la marquer de son sceau. Aucun n'en a le pouvoir sans son acceptation. La souffrance, qui la meurtrit en la sculptant, n'est pas capable de l'écraser, ni de la dominer, aussi longtemps qu'elle refuse de capituler ; et, dans ce cas, bien loin d' être son maître, la douleur devient sa servante, sa collaboratrice. La mort elle-même qui semble l'engloutir, la libère.

Notre âme, mais c'est le seul bien qui nous appartienne en propre, incessible, insaisissable, inaliénable parce qu'elle est nous-mêmes, notre moi le plus pur et le meilleur, notre moi originel, source vive qui nous crée, nous alimente, nous purifie, nous vivifie jour après jour, et dont le jaillissement ne peut être complètement et définitivement arrêté ni par les pollutions et les souillures, ni par l'ensablement des habitudes et de tout ce qui enfonce l'existence dans la médiocrité et la veulerie. En effet, même à travers notre pauvreté quotidienne, nos défaillances, nos péchés, l'infirmité de nos pauvres réalisations, subsistent toujours cet élan intérieur, ces aspirations et ces désirs qui sourdent du fond de l'être et qui nous font infiniment plus grands que notre misérable existence pourrait le laisser croire ; et c'est ce que nous sommes à cette profondeur, qui révèle notre vraie personnalité plus et mieux que tout ce que nous pouvons dire ou faire.

C'est là notre être vrai dont notre corps n'est que la forme visible. Car, on peut bien le meurtrir ce corps, le priver d'un ou de plusieurs de ses membres, notre vraie personne n'est pas entamée ; l'être n'est pas là. Nous pouvons même céder aux tentations, nous laisser entraîner aux reniements on aux trahisons ; si nous portons la honte et la douleur de ces défaillances momentanées, bien que notre vie en soit salie, elles n'ont pas le pouvoir de tuer notre âme et la source intérieure, par son jaillissement continu, pourra nous purifier et nous vivifier. Ce qui tue l'âme, c'est sa démission, c'est son abdication. Si l'Eglise venait, par opportunisme, par peur ou intérêt, à rejeter le Christ pour s'organiser autour d'un autre esprit que le sien ou - crime plus odieux - à vivre, sous le couvert de son nom, d'un autre évangile que le sien, ce jour-là cette Église aurait perdu son âme. Et si, pour les mêmes motifs, nous venions à faire du bien le mal et du mal le bien, à soutenir que le vrai n'est plus le vrai, que le juste n'est plus le juste, à proclamer que la haine est sainte et l'amour impie, stérile et dérisoire, ce jour-là nous ne serions plus nous-mêmes, parce que nous aurions, nous aussi, perdu notre âme.

Mais, il n'y a pas de victoire décisive du mal, aussi longtemps qu'il n'a pas gagné l'âme. Nous ne sommes pas vaincus tant que notre âme n'est pas prise. On peut nous dépouiller de nos biens ; on peut meurtrir notre corps, l'emprisonner, le mutiler, le torturer, on ne nous possède pas nous-mêmes. Or, sans cette prise de possession, tous les triomphes restent éphémères et secondaires. Les pouvoirs le plus fermement établis sont tombés pour avoir méconnu cette vérité et cru que la possession des choses suffisait à leur donner l'empire du monde. Les démons le savent bien qui s'attaquent à l'âme, cherchent à l'investir et à la prendre par la force ou la ruse, l'intérêt ou la peur !

Si une âme peut se vendre ou capituler - et elle en meurt - personne, ni les démons ni les hommes alliés - avec toute leur puissance, leurs artifices, leurs promesses ou leurs menaces - personne ne peut prendre une âme qui ne veut pas se rendre. Refus héroïque et douloureux qu'il faut payer de sacrifices déchirants ! Pourtant, même dans les prisons, et quand la chair saigne, et quand elle agonise dans les flammes des bûchers, il n'est pas de pouvoir terrestre, ni de conciles, ni de bourreaux, capables de forcer la porte d'une âme qui veut garder son mystère et sa résolution. La meute de Worms déchaînée s'arrête devant le : « je ne puis autrement » de Luther ; et toutes les forces démoniaques du monde, portées à leur paroxysme, sur cette colline de Judée où agonise le Crucifié, restent impuissantes dans leur acharnement. Impuissantes ! car, à l'heure où elles croient triompher, le Christ garde son âme et accomplit sa promesse : « J'ai vaincu le monde. »

Disciples du Christ gardons notre âme, à cette heure où tout nous échappe, où, jour après jour, nous nous sentons dépouillés de richesses auxquelles notre coeur restait trop attaché ! Il dépend de nous que notre bien le plus précieux soit sauvegardé. Gardons notre âme contre toutes les tentatives du mensonge, de la haine ou de l'injustice, et rendons grâces à Dieu !

N'est-ce pas un magnifique privilège, en effet, que cette richesse, entre toutes précieuse, soit précisément celle que nous pouvons garder ? N'est-ce pas merveille que la ruée de la force, la coalition de toutes les puissances terrestres puissent être brisées par un seul homme, frêle, chétif, dépouillé, parfois chargé de liens, blessé, mourant, mais capable de tenir en échec le monde entier par un « non » héroïque et têtu ? Devant ce « non » s'arrête le pouvoir de la brutalité, de la ruse et du mensonge, car ici s'ouvre un autre empire : celui où Dieu seul règne.

C'est ici, mes Frères, le secret de la valeur de l'âme, plus précieuse que toutes les richesses terrestres, et de cette résistance, de cette puissance qui lui permettent de maîtriser le monde entier dressé pour l'écraser : Dieu est là près d'elle, en elle. C'est Lui, c'est son Esprit qui alimente cette source intérieure toujours jaillissante. Notre âme, qui est à nous, qui est nous-mêmes, pourtant lui appartient. « Toutes les âmes sont à Moi, dit l'Éternel. » Ces deux affirmations ne sont pas contradictoires, ni inconciliables, car c'est dans la mesure où elle est à Dieu que notre âme nous appartient. Il n'y a pas d'autonomie, de maîtrise et de possession de soi, sans dépendance et discipline. L'arbre qui n'est pas enraciné solidement dans le sol devient le jouet de la tempête. Il faut être fixé, attaché, pour rester libre et fort, pour pouvoir résister aux orages de la vie, à la fureur des hommes et des événements. Alors seulement - quand elle reste implantée dans son terrain d'origine, quand elle respire la libre atmosphère de l'Esprit, enracinée en Dieu - notre âme peut défier toutes les menaces, résister à tous les assauts. C'est là seulement qu'elle reçoit les forces, les inspirations, la vie même qui l'enrichissent, la renouvellent sans cesse et la ressuscitent ; et ses ennemis qui, à la voir chétive et faible, croyaient avoir raison aisément de sa résistance, s'étonnent et s'effrayent de rencontrer à travers une pauvre âme d'homme, une puissance surnaturelle contre quoi se brise leur force. C'est que Dieu est là derrière cette âme, en elle, vivant et agissant, qui la préserve des mainmises et des esclavages. Et pourtant, à cette âme qui ne vit que de Lui et par Lui, qui n'est forte que de sa force, à cette âme qui lui appartient, Dieu laisse la libre disposition d'elle-même. Il la laisse libre de se détacher, de se donner à d'autres, de se vendre et de se perdre ; car c'est seulement dans une libre dépendance à l'égard de Dieu que l'âme peut rester à la fois « sienne » et « nôtre ». Mais détachée de Lui, elle ne nous appartient plus. Désormais sans défense, privée de la nourriture qui la vivifie, déracinée, elle flotte à tout vent de passion et devient la proie des trafiquants et des corrupteurs, qui pour leur profit ou la réalisation de leurs rêves coupables, achètent et vendent les âmes, s'efforcent de les gagner ou de les pervertir.

Il ne suffit pas de dire que notre âme, détachée de Dieu, ne nous appartient plus. En fait elle n'est plus, elle est perdue, elle est morte, et Dieu seul a le pouvoir de la ressusciter. Il ne saurait être question de posséder ce qui n'existe plus. Oui, l'âme meurt séparée de Dieu, comme le sarment détaché du cep, comme la fleur coupée de la plante ; peut-être, comme eux, épuise-t-elle encore, pendant quelque temps, les réserves de sève qu'elle porte, mais bientôt elle se flétrit et se dessèche ; ou encore, comme une source qui cesse d'être alimentée, elle stagne, mare croupissante qui lentement s'évapore, répandant autour d'elle la pestilence de ses eaux corrompues.

Ils savent bien, ceux qui veulent gagner le monde, que leurs conquêtes restent stériles s'ils ne gagnent pas encore les âmes ; ils savent aussi - et ils le montrent bien - qu'on ne peut gagner les âmes qu'à la condition de les détacher de Dieu ; mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ayant mené à bien cette triste besogne, ils ne sont plus les maîtres que d'âmes mortes. Ils ont pu conquérir des intelligences, des volontés, des corps, même des consciences aveuglées ; l'âme leur échappe encore. En l'arrachant à Dieu, ils l'ont tuée. Et, de fait, si on voit sous leur empire l'intelligence, la volonté réaliser parfois des prodiges, on ne voit guère se manifester ces gestes de pitié, ces grands élans d'amour, cette poésie sublime, ou même ces oeuvres de l'esprit qui sont les fruits de l'âme. Les fleurs coupées ne peuvent plus nouer de tels fruits.

Nous ne possédons réellement, éternellement, que ce que nous possédons en Dieu ; nous ne sommes réellement qu'en Dieu seul. Aussi bien les appels et les tentatives de ceux qui nous engagent à leur vendre notre âme, sous prétexte qu'elle nous appartient et que nous en pouvons disposer librement, ne sont, en fait, que des invitations au suicide.

Pour garder notre âme libre et vivante, vivante afin qu'elle puisse rester libre, libre afin qu'elle puisse rester vivante, sachons la maintenir en contact avec Celui en qui elle a sa source ! Dans le trouble de notre monde, où toutes les valeurs sont bouleversées, l'âme elle-même, l'âme surtout est en péril. Elle a vu s'écrouler toutes les pauvres défenses sur quoi elle comptait pour se protéger. Mauvaises défenses qui l'endormaient dans une fausse sécurité ! Elle demeure pauvre, faible et nue comme une forteresse démantelée à la merci de l'adversaire, menacée du dehors et du dedans : du dehors, par les séductions et les artifices du mensonge, par le prestige de la force, les contagions de la haine et de l'injustice ; et du dedans, par la peur, l'intérêt, les subtilités d'une sagesse opportuniste qui l'invite aux concessions, aux capitulations. Qu'il est insinuant et sournois cet investissement ! Le mal n'a-t-il pas toujours cette tactique du serpent qui, d'abord, jette le trouble dans les âmes qu'il veut saisir (« Dieu a-t-il réellement dit Vous ne mangerez pas de tous les fruits du jardin d'Eden ? »). qui cherche à les fasciner pour les vaincre, patient, inlassable, multipliant les insinuations qui déconcertent ? Et, peu à peu, la résistance fléchit, tandis que s'endort la vigilance. Les âmes mal attachées, peu solides, sont ébranlées, les convictions deviennent hésitantes ; voici le doute avec son désarroi : « Qui sait ? - Où est la vérité ? - Où est la justice ? »

Mais ces insinuations, menaces et promesses, ne peuvent rien sur les âmes lorsque, inébranlablement, elles restent fixées en Dieu. Leur faiblesse même devient leur force. Dépouillées des avantages et des privilèges terrestres, dans l'humilité, elles connaissent enfin, ces âmes, que leur véritable richesse et leur véritable puissance sont en Dieu et viennent de Lui. Et ces forteresses démantelées restent pourtant imprenables, protégées, soutenues par Celui à qui toutes les ruses et toutes les violences du monde ne sauraient ravir son empire.

Cela est vrai pour l'âme des peuples comme pour l'âme des individus ; aussi notre tâche de Chrétiens, citoyens d'une patrie terrestre, est-elle de maintenir entre Dieu et notre peuple le contact, le trait d'union qui assurent la circulation de la vie divine dans l'âme de notre pays. Entre tous, nous disciples du Christ, gardons notre âme si nous voulons que l'âme de la France vive et reste libre et que dans l'âme humaine aussi subsiste ce jaillissement de l'Esprit qui lui permettra de rejeter les souillures, la boue et le sang qui la couvrent aujourd'hui, sous la poussée d'une vie régénérée !

Gardons notre âme en l'attachant plus étroitement que jamais à Celui en qui elle prend source ! Gardons-là, par la foi, contre le coeur de Dieu. Alors jamais nous ne serons abandonnés, ni dans la disette, ni dans la persécution, ni dans la mort ; et quand bien même nous serions reniés et repoussés par tous les hommes, Dieu sera là, en nous, vivant, et sa présence sera notre sauvegarde, notre force et notre joie.

Alors nous ne serons jamais vaincus, nous ne pourrons pas être vaincus, même dans les chaînes, même par la mort ; et notre âme, jusque dans ses silences, criera sa protestation et sa révolte et créera, par son attitude, le climat de résistance où s'usent et se lassent toutes les oppressions. Et nous trouverons aussi le courage d'accepter tous les sacrifices qui garderont notre âme sauve.

Quand une âme est en Dieu, elle n'a rien à redouter des tentatives de ceux qui voudraient l'asservir, car, alors, c'est Dieu Lui-même, attaqué dans son royaume, qui se dresse pour opposer à leur menace un « non » décisif et libérateur.

En vain avec la mort Satan conspire
Pour briser son empire
Il suffit d'un mot du Dieu fort.

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