Voix Chrétiennes dans la
Tourmente
LA RENAISSANCE D'UN PEUPLE
Pasteur P. VERGARA
6 juillet 1941
LECTURES BIBLIQUES
Et toi, fils d'homme,
prophétise au sujet des montagnes
d'Israël, et dis : Montagnes
d'Israël, écoutez la parole de
l'Éternel !
Ainsi parle le Seigneur,
l'Éternel : Puisque les ennemis ont dit
de vous : Ah ! Ah ! Mêmes les
collines éternelles d'Israël nous sont
échues en héritage ! - à
cause de cela, prophétise, et dis :
Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Oui,
puisqu'on s'est acharné de toute part
à vous dévaster, pour que vous
deveniez la propriété des autres
nations, puisque vous avez été
victimes des calomnies et des malins propos des
peuples, - à cause de cela, montagnes
d'Israël, écoutez la parole du
Seigneur, l'Eternel : Ainsi parle le Seigneur,
l'Eternel, aux montagnes et aux collines, aux
ravins et aux vallons, aux ruines
désolées et aux villes
abandonnées, qui ont été
livrées au pillage et aux moqueries des
autres nations qui vous entourent, - à cause
de cela, ainsi parle le Seigneur, l'Eternel :
Oui, dans l'ardeur de ma jalousie, je vais
prononcer ma sentence contre ces autres nations et
contre Edom tout entier qui, le coeur plein de joie
et le mépris dans l'âme, se sont
approprié mon pays pour le mettre au
pillage.
C'est pourquoi, prophétise au sujet
de la terre d'Israël ; dis aux montagnes
et aux collines, aux ravins et aux vallons :
Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel :
Oui, dans ma jalousie et dans mon courroux, je
prononce ma sentence, parce que vous avez dû
subir l'opprobre des nations.
C'est pourquoi le Seigneur, l'Éternel
parle ainsi : J'en fais le serment : les
nations qui vous entourent auront, elles aussi,
à subir l'opprobre ! Mais vous,
montagnes d'Israël, vous serez couvertes d'une
végétation vigoureuse et vous
porterez vos fruits, Pour mon peuple
d'Israël ; car ce peuple va revenir de
l'exil. Alors, en effet, je tournerai vers vous mes
regards et vous serez cultivées et
ensemencées. Je multiplierai, sur votre sol,
le nombre des habitants et celui des enfants de la
maison d'Israël tout entière. Les
villes seront habitées et les ruines seront
relevées. Je multiplierai sur votre sol
hommes et bêtes ; ils seront nombreux et
féconds ; je vous repeuplerai comme
dans le passé et je vous ferai plus de bien
qu'aux premiers jours. Alors vous saurez que je
suis l'Éternel. Je ferai venir sur votre sol
des habitants, mon peuple d'Israël. Oui, ils
te posséderont, tu sera leur héritage
et tu ne dévoreras plus leurs enfants.
EZÉCHIEL, CH. XXXVI, V. 1 A
12.
-
La
main de l'Éternel se posa sur moi ;
-
l'Éternel
m'enleva en
esprit et me transporta au milieu d'une
vallée remplie d'ossements.
-
Puis
il me
fit passer autour de ces ossements ; je vis
qu'ils étaient complètement
desséchés.
-
Alors
il me
dit : Prophétise à l'esprit,
fils d'homme, prophétise et dis à,
l'esprit :
-
Ainsi
parle
le Seigneur, l'Éternel : Esprit,
viens, souffle des quatre vents, souffle sur ces
cadavres, afin qu'ils revivent !
-
EZÉCHIEL,
XXXVII, 1 A 3 ET
9 À 10.
Ceci, mes frères, est la vision de la
résurrection d'un peuple ; après
un cruel calvaire, c'est l'aube pascale de sa
délivrance.
Le visionnaire, c'est Ezéchiel,
le plus mystique des grands,
prophètes ; les mystiques ont souvent
eu des intuitions que les hommes ordinaires n'ont
pas. Et la vision de cette glorieuse
délivrance prit place longtemps avant
l'événement, alors que rien ne
pouvait faire présager sa venue et que le
peuple d'Israël gémissait encore loin
de la patrie sur les rives de l'Euphrate où
l'avait exilé un conquérant sans
pitié ni scrupule (l'humanité en a
compté plus d'un au cours de sa douloureuse
histoire).
Et quand donc le prophète fut-il
visité par cette triomphante
inspiration ? La réponse mérite
d'être recueillie et notée avec soin,
particulièrement dans les conditions
où nous sommes aujourd'hui.
Le prophète eut sa vision au
moment de la plus noire tristesse et quand tout
semblait définitivement perdu ; dans
son exil en Babylonie, il venait d'apprendre que ce
qui subsistait de son peuple en Palestine avait
été anéanti, Jérusalem
occupée, le temple de l'Éternel
détruit par le feu. C'est à ce
moment-là qu'il eut sa glorieuse vision.
Ceci peut paraître
étrange, mais il est dans
la nature d'un vrai prophète de
connaître la permanence du bien et de la
vérité et de deviner, au delà
d'un cruel présent, la résurrection
d'une vie meilleure.
« Réveillez-vous, crie-t-il aux
siens, ceignez vos reins et en avant. Le temps de
la destruction est passé et celui des
lamentations aussi. Le mal périt, il n'y a
que le bien qui survive. Au delà de cette
désolation, il y a un monde nouveau, il y a
la vie, le travail dans le soleil et dans la joie.
Le désert où vous vous trouvez va
fleurir comme un rosier. Le vent de l'esprit
d'amour qui vient de Dieu va souffler sur vos
énergies mortes et ce sera la
résurrection et le
salut. »
Voilà le tempérament du
prophète quand tout le monde s'abandonne au
découragement. Et quand cet esprit,
échappé de lui, se répand et
s'en va gagner le coeur de tout un peuple, ce
peuple, serait-il à la dernière
extrémité, est alors sauvé
parce que c'est l'esprit d'immortelle
espérance, d'énergie et de
redressement qui l'emporte et produit ces
imprévisibles résurrections dont
l'histoire du monde nous offre plus d'un exemple.
Ceux qui sont généralement les
premiers à s'abandonner au désespoir,
ce sont les privilégiés de la fortune
et du bien-être, c'est dans leurs rangs que
la plupart du temps se recrutent le plus facilement
ceux qui acceptent la décadence et la ruine.
Lorsque leur esprit vient à
prévaloir, c'est alors vraiment la fin d'une
nation qui se décompose, dans le juste
mépris des autres peuples.
Mais le prophète, le vrai
prophète - car il y a de faux
prophètes - conserve, indéracinable,
sa foi en Dieu et sa foi en l'homme, la
première étant la condition et la
racine de la seconde. Tant qu'il distingue dans son
peuple un atome de bien, il sait que ce bien est
indestructible, immortel et infini dans l'usage
qu'on peut en faire dans toutes les circonstances.
Et il sait que pour le mal, c'est exactement le
contraire.
Quand une nation est
piétinée par l'ennemi, quand une foi
religieuse est persécutée et
menacée de destruction, quand une libre
communauté est opprimée, quand une
grande et juste cause paraît vaincue,
nombreux sont ceux qui s'abandonnent au
désespoir, mais le prophète conserve
une lucidité et un bon sens
dérivés de sa foi en Dieu. Il
distingue le mal qui passe, du
bien qui est naturellement éternel. Quand
l'épreuve et la ruine s'abattent sur une
nation, sur une église, sur une cause, ce
qui est détruit alors, c'est ce qu'il
pouvait y avoir d'erroné, d'insensé
ou d'égoïste en elles, mais ce qui est
vrai et juste, bien que crucifié avec le
reste, n'est pas perdu. Au contraire, l'heure de sa
mort apparente marque aussi l'heure de sa
résurrection. Le vrai prophète
connaît cette vérité là
et il la proclame an sein de l'agonie du monde. Il
voit mourir le mal, il voit Satan tomber du ciel
où il régnait, comme un
éclair, et il voit le bien se relever de la
mort et multiplier comme le grain - un grain en
rapportera trente, un autre soixante, un autre
cent.
Telle fut la vision du Christ sur la
Croix quand sa cause semblait détruite.
Telle fut la vision d'Ezéchiel quand sa
patrie semblait perdue. Ce qui était perdu,
c'était le mal en elle. Mais ce qui
caractérisait moralement et religieusement
son peuple : la foi en Dieu, la
préoccupation de la justice, le patient
attachement aux réalités
spirituelles, tout ce qui était, en un mot,
nécessaire à la vie du monde, tout ce
que Dieu avait accumulé lentement dans ce
peuple pour servir un jour à
l'éducation religieuse de tous les peuples,
demeurait intact au sein même de la
destruction. « Si Dieu est vivant, criait
le prophète, tout cela doit demeurer, et non
seulement demeurer, mais reprendre une nouvelle
vie. De l'émiettement et de la dispersion
sortira l'union, de sa tombe la nation va se lever
et marcher vers un nouveau destin. »
Transporté en esprit dans l'un de ces
déserts de l'Arabie où le simoun fait
périr les caravanes sous le sable, le
prophète se meut au milieu des ossements
desséchés qui symbolisent les faibles
restes de son peuple ; une voix dans son
intellect, pleine de questions et de doutes,
demande anxieusement - « Ces ossements
desséchés peuvent-ils
revivre ? » Mais une autre voix dans
son coeur, dominant la voix du doute,
s'élève et appelle les quatre vents
de la terre et ils soufflent sur ces morts et les
ossements s'assemblent, la chair croît et les
enveloppe, un souffle entre dans les narines et
voici que les malheureux juifs asservis dans la
métropole ruinée et le reste des
déportés dans les camps de
concentration de Babylonie se redressent et vivent
de nouveau, voici qu'ils
constituent de nouveau une immense armée
équipée pour accomplir la tâche
nationale que Dieu leur a réservée et
jouer leur rôle dans l'économie
spirituelle du monde.
Et ce que le prophète discerne
dans une vision devait s'accomplir dans la
réalité. Israël avait encore une
longue et utile carrière à remplir
avant sa dispersion finale et sa fusion dans les
religions de l'Europe.
Il y a des époques dans
l'histoire des nations qui offrent un
parallèle à la vision
d'Ezéchiel. Notre pays en a fourni
d'éclatants exemples dans le passé,
et s'il trouve aujourd'hui dans son sein quelques
hommes animés de l'esprit d'Ezéchiel
pour le guider, il en donnera au monde un nouvel
exemple ; le vent de l'esprit de Dieu
soufflera et la nation se relèvera d'entre
les morts. Voilà ce qui doit rester notre
foi absolue.
Il y a des écrasements
matériels dans la vie des nations, mais il y
a aussi des écrasements spirituels qui
minent leur âme et qui préparent leur
effondrement temporel.
Lorsqu'une grande partie d'un peuple
perd tout respect et tout attachement pour les
choses spirituelles sans lesquelles les nations ne
peuvent pas vivre, quand la division et la haine
l'emportent sur l'amour, quand la
préoccupation de la justice est
dédaignée, quand la foi au bien, au
désintéressement ne rencontrent que
des sarcasmes, quand l'avidité et
l'égoïsme sont rois, quand chacun se
tient à l'abri « sous sa vigne
et sous son figuier », sans se
préoccuper des autres, cette nation
ressemble alors à une vallée pleine
d'ossements desséchés dont un cancer
a rongé les chairs. C'est dans de telles
circonstances qu'il faut que des voix
prophétiques s'élèvent et
disent : « Fils de l'homme, ces
ossements peuvent-ils revivre ? » et
qui appellent les souffles purificateurs pour
chasser cette pestilence.
Il y a de faux prophètes qui
disent que tout est fini, qu'aucun signe de
renaissance n'apparaît ni n'apparaîtra
plus et que la seule attitude c'est la passive
acceptation de l'inévitable.
Mais le vrai prophète, partout
où il se trouve, tient un autre langage. Il
croit en Dieu, il croit à la permanence du
bien et de l'amour, il croit à la
résurrection ; et à la
lumière de sa foi, il découvre une
multitude d'hommes et de femmes qui ne tiennent pas
le devant de la scène, qui vivent dans
l'ombre, accomplissent
fidèlement et humblement leur tâche
quotidienne et qui n'ont pas ployé le genou
devant Baal ; il découvre que,
contrairement aux apparences, ils sont la
majorité et il leur communique sa hardiesse
et sa foi, afin qu'ils sortent de leur
obscurité et manifestent le vrai
caractère de leur peuple.
Chacun de nous peut faire quelque chose
pour cela. Nous ne sommes pas des prophètes,
cette vocation exceptionnelle est trop
élevée pour nos faibles forces, mais
nous pouvons cependant vivre la vie des
ressuscités, la vie de ceux qui ont
été arrachés à la tombe
de la convoitise et de l'avidité, la vie de
ceux qui ne comptent pour rien leurs
intérêts personnels, leurs biens, leur
sécurité quand ceux de l'ensemble
sont en jeu. Nous pouvons refuser de renier
l'idéal chrétien en nous laissant
contaminer par des doctrines de haine et
d'injustice qui n'ont jamais été de
chez nous, nous pouvons refuser de profiter de tout
avantage qui nous serait offert et qui
résulterait de quelque inique spoliation. Au
sein de l'indifférence et de l'apathie, nous
pouvons affirmer hardiment ce qui demeure pour nos
consciences la vérité et la justice,
quelles qu'en puissent être les
conséquences. Nous pouvons refuser d'adopter
des mentalités de vaincus dans aucun
domaine, ni dans l'ordre professionnel ou
intellectuel ou civique ou social, ou
artistique ; il me plaisait d'entendre, ici
même, jeudi dernier, exécuter une
triomphante musique, parce qu'en elle-même
cette musique était belle, mais aussi parce
qu'elle était comme un défi
lancé à pleine poitrine à la
mort par la vie. Le grand Paderewski disait un jour
qu'après son premier démembrement
politique, la Pologne avait cherché un
refuge pour son âme... dans la musique de
Chopin. Il n'est pas facile, en effet, de
détruire une âme qui ne consent pas
à mourir.
Nous pouvons aussi, dans l'église
et par l'église, non seulement maintenir,
mais accroître toutes nos oeuvres, toutes nos
activités religieuses ou charitables, nos
missions étrangères, nos oeuvres
sociales, nos colonies de vacances, les
interventions compatissantes de notre diaconat, nos
mouvements de jeunesse, tout ce qui peut diminuer
la souffrance et faire progresser l'âme de
l'homme. Et plus encore, car cela n'est pas
tout, nous pouvons vivre
dans la
foi en Dieu le Père, dans un monde qui
décline et meurt lorsqu'il l'oublie. Nous
pouvons nous soucier davantage des fins que des
moyens, nous aurons toujours assez de moyens si nos
fins sont grandes ; la Grèce de
Périclès n'avait pas nos moyens mais
ses fins étaient grandes, c'est pourquoi
elle a allumé un phare de sagesse et de
beauté qui ne s'éteindra
jamais ; les quelques hommes pauvres et
ignorants qui se groupaient autour de Jésus
il y a 2.000 ans n'avaient pas nos moyens, mais ils
poursuivaient de grandes fins et c'est pour cela
qu'ils ont bouleversé le monde. Nous pouvons
vivre, nous aussi, pour de grandes fins : pour
l'association et la communion de tous les hommes
entre eux en tant qu'enfants du même
Père qui est dans les cieux, nous pouvons
marcher sur les traces de Jésus-Christ notre
seul Seigneur et notre seul Maître, nous
pouvons voir par ses yeux que la destinée
suprême de l'homme sur la terre, ce n'est pas
d'acquérir et de conquérir des biens
pour n'en rien tirer d'éternel, mais le
pardon de ses fautes, l'immortalité et la
perfection en Dieu.
Et alors, si nous vivons ainsi, nous
aurons notre vision nous aussi, nous
connaîtrons, par cette connaissance intuitive
qui va plus directement au coeur de la
réalité que toutes les supputations
de la raison, que notre vision va devenir une
réalité. Nous entendrons les quatre
vents de l'Esprit souffler sur les coeurs
désespérés, sur les âmes
mortes, sur les ossements desséchés,
nous verrons les spectres s'habiller de chair
vivante, les coeurs battre à nouveau dans
l'émotion des grands enthousiasmes, la
patrie se relever d'entre les morts et ce sera son
jour de Pâques où hommes, femmes et
enfants s'aborderont en se disant l'un à
l'autre - comme on le faisait dans l'ancienne
Russie - : « Le Seigneur est
vraiment ressuscité. »
Mais cette vision n'est pas
étrangère non plus à notre vie
personnelle et intime. Elle appartient aussi
à l'histoire de notre âme.
Il y a des époques dans notre vie
où les puissances de l'âme sont
maintenues captives sous la férule de
quelque tyrannique passion. Le simoun a
passé sur notre volonté, notre
imagination, notre conscience, nos certitudes
morales et spirituelles, sur
toute la populeuse caravane de l'âme et l'a
dispersée et desséchée. En
nous plus rien ne semble être resté
vivant. Et pourtant, un jour, par la grâce de
Dieu qui ne nous abandonne jamais, cette partie de
nous-mêmes, ce quelque chose qui est en
chacun de nous, qui est né de l'esprit et
qui semble incorruptible et immortel, se redresse
comme Ezéchiel dans le désert de
notre âme, au milieu des ossements
desséchés et demande: « Ces
ossements peuvent-ils
revivre ? »
Alors le Père, par l'un de ces
moyens qui sont à Lui, permet que le vent de
l'Esprit souffle sur les ruines, et ce que nous
croyions mort se ranime, la conscience parle de
nouveau, la foi, l'espérance et l'amour
reprennent forme, les nobles aspirations retrouvent
des ailes. Qui n'a connu de ces
résurrections-là ?
La symbolique vision du prophète
s'apparente également à nos peines
intimes. Qui peut savoir quel désert aride,
semé d'espérances mortes et de joies
desséchées, peut être devenu le
coeur d'un homme et d'une femme dans les dures
expériences de la vie ? Ce qui fut
jadis comme un jardin fertile et fleuri est devenu
une lande sauvage où gisent, comme des
squelettes, de vailles prières, des
entreprises avortées, des élans
religieux qui n'ont pas eu de suite, des affections
brisées qui ne sont plus qu'un souvenir. Et
dans la solitude intérieure, nous demandons
dans une prière : « Seigneur,
ces ossements peuvent-ils
revivre ? » Et alors, s'il subsiste
dans ces coeurs un peu de courage et de foi, le
vent de l'esprit recommence à souffler et
les puissances de l'âme se raniment et
remplissent de nouveau la cité
intérieure. C'est la résurrection
qu'au nom du Christ nous souhaitons à tous
les affligés.
Enfin la vision du vieux prophète
symbolise une plus grande résurrection que
celle d'une collectivité nationale ou d'une
âme et d'un coeur individuels. Elle symbolise
la résurrection de toute la race humaine. Il
y en eut de partielles au cours de l'histoire. La
plus grande fut celle qui suivit le passage du
Christ sur la terre. Le monde était couvert
d'ossements desséchés, de religions
et de philosophies mortes, de littérature et
d'arts décadents ou corrompus, de faux
idéaux nationaux. Mais quand le nouvel
idéal se répandit avec son
amour et sa pitié pour
tous les travaillés et chargés de la
vie, pour les esclaves, les malades du corps et de
l'âme, avec son message de pardon pour les
pécheurs et de fraternité pour tous
les hommes, avec son immortelle espérance en
Christ ressuscité, alors on assista au
prodigieux spectacle d'une immense armée de
morts qui se levaient, alors selon la parole des
anges de Noël, tous ceux qui étaient
assis dans l'ombre virent une grande lumière
et les religions, les philosophies, les arts, les
idées politiques reprirent vie au souffle de
l'Esprit.
Depuis cette grande époque,
plusieurs morts et plusieurs résurrections
se sont succédé, À l'heure
actuelle, nous sommes de nouveau dans la plus
sombre nuit. Mais Dieu n'a pas abandonné le
monde ; il attend le moment où il
pourra presser sur son coeur ses fils
réconciliés et dire :
« Voici mon humanité qui
était perdue et qui est retrouvée,
qui était morte et qui est revenue à
la vie. »
Alors ce sera comme une aube immortelle
qui se lèvera sur les champs
ensanglantés du monde.
Amen.
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