Voix Chrétiennes dans la
Tourmente
LES RÉPONSES DE DIEU
Pasteur P. VERGARA
11 Avril 1943
LECTURES BIBLIQUES
Maintenant, ainsi parle
l'Éternel, celui qui t'a créé,
O Jacob ! celui qui t'a formé, O
Israël ! Ne crains point, car je t'ai
racheté. Je t'ai appelé par ton
nom ; tu es à moi. Quand tu traverseras
les eaux, je serai avec toi ; quand tu
franchiras les fleuves, ils ne t'engloutiront
point. Quand tu passeras au milieu du feu, tu ne
seras pas brûlé et la flamme ne te
consumera pas. Car moi, l'Éternel, je suis
ton Dieu ; je suis le saint d'Israël, ton
sauveur. J'ai donné l'Égypte pour ta
rançon, l'Éthiopie et Séba
pour ton rachat. Parce que tu es précieux
à mes yeux, digne d'estime, parce que je
t'aime, je donnerai à ta place des hommes et
des nations afin de te racheter. Ne crains point,
car je suis avec toi ; je ramènerai ta
Postérité de l'Orient et je te
rassemblerai de l'Occident. Je dirai au
septentrion : Donne-les ! et au
midi : Ne les retiens pas ! Ramène
de loin mes fils, ramène mes filles des
extrémités de la terre, tous ceux qui
portent mon nom, que j'ai faits pour ma gloire, que
j'ai formés, que j'ai
créés !
ÉSAÏE, CH. XLIII, V. 1 A
8.
Jésus leur proposa une parabole, pour
montrer qu'il faut prier toujours, sans jamais se
lasser. « Il y avait dans une ville un
juge qui ne craignait point Dieu et qui n'avait
d'égards pour personne. Il y avait aussi
dans cette ville une veuve, qui venait à lui
en lui disant : Fais-moi justice de ma partie
adverse. Pendant longtemps, il ne le voulut pas.
Mais ensuite, il se dit en lui-même :
quoique je ne craigne pas Dieu et que je n'aie
d'égards pour personne, néanmoins,
comme cette veuve m'importune, je lui ferai
justice, afin qu'elle ne vienne pas toujours me
rompre la tête. » Puis le Seigneur
ajouta : « Vous entendez ce que dit
le juge inique ? Et Dieu ne ferait pas justice
à ses élus, qui crient à lui
jour et nuit ? N'est-il pas plein de
miséricorde envers eux ? Je vous dis
qu'il leur fera prompte justice. Mais quand le fils
de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la
terre ? »
ÉVANGILE SELON SAINT LUC, CH.
XVIII, V. 1 A 9.
-
- « Et
Dieu ne rendrait
pas justice à ses élus qui crient
à lui jour et nuit ? Je vous dis
qu'il leur fera prompte
justice. »
-
LUC,
XVIII, 7 ET 8.
La parabole dont nous retenons la conclusion
pour la méditer ensemble ce matin, est
prononcée par Jésus pour enseigner
aux hommes qu'ils doivent prier toujours et sans se
lasser jamais, alors même que la
réponse à leur prière semble
tarder à venir.
Toutefois, si nous voulons exactement saisir
la portée de cette parole et sa tranchante
conclusion, nous devons la relier au discours qui
la précède. Et nous n'avons eu garde
de l'omettre dans la lecture que nous avons faite
il y a un instant et dont les pathétiques
détails cadrent si exactement avec
l'époque présente, et ses terribles
calamités. Ce discours décrit les
troubles et les terreurs qui remplissent une nation
quand l'heure du jugement a sonné pour elle.
Cette heure est inexorable, parce que nous sommes
dans un monde qui appartient à Dieu et qu'il
le rappelle de redoutable manière,
périodiquement, aux insensés qui
croyaient pouvoir y agir à leur guise.
Jésus prophétise, dans ce passage,
les maux qui attendent Jérusalem, comme
Ésaïe et Jérémie avaient
prévenu Tyr et l'Égypte de leur chute
prochaine, comme Savonarole prédisait son
destin à Florence, comme beaucoup l'ont fait
pour notre Premier Empire, comme beaucoup peuvent
le faire aujourd'hui pour les puissances injustes.
Il ne faut pas chercher dans ces prédictions
je ne sais quel don surnaturel de seconde vue.
Elles sont tout simplement basées sur la
connaissance des lois éternelles du bien et
du mal que Dieu révèle à ceux
qui vivent en étroite communion avec lui,
lois aussi rigoureuses dans leur
fonctionnement que les lois qui régissent le
monde matériel. Lorsqu'une nation a atteint
un certain degré de vie morale - ou de mort
morale - son salut est accompli ou sa ruine est
prochaine. Et suivant le degré de mort
morale ou de vie morale, la rétribution du
châtiment ou des bons fruits, se trouve
proportionnée. Ce qui à la fin,
remporte la victoire, ce n'est pas la puissance de
feu de l'artillerie ou le n'ombre des engins
guerriers, c'est l'obéissance de cette
nation aux lois de la vie.
Quand Jésus observa Jérusalem
il comprit immédiatement que son destin
était scellé. Là était
le cadavre, là les vautours allaient
s'assembler. Les vautours remplissent dans la
nature une utile besogne en supprimant la
pestilence d'un organisme en décomposition.
Il est également salutaire pour
l'hygiène morale du monde que d'autres
vautours viennent dévorer les cadavres des
nations spirituellement dévoyées et
moralement mortes, pour éviter aux peuples
demeurés sains, la contagion des maladies
qui les ont fait périr. Malgré toutes
leurs richesses accumulées, toutes leurs
conquêtes, toute la force visible dont elles
s'enivrent, voici que leur soleil s'obscurcit, que
la lune se change en sang et que les étoiles
de leurs victoires tombent de leur ciel et que le
jugement qui doit les frapper s'approche
« rapide comme
l'éclair » ainsi que le dit
Jésus. Ceux qui assistent à cette
approche du jugement, ceux qui doivent supporter
les maux que crée ce jugement et qui
l'accompagnent obligatoirement gémissent
dans leurs souffrances : « jusques
à quand Seigneur ? »
Et si le jugement tarde à venir, si
les mois et les années passent sans que le
secours arrive, ils cessent de
persévérer dans l'espérance,
de garder la foi et de pratiquer ces oeuvres de la
foi qui constituent la plus haute forme de la
prière, de cette prière qui n'est pas
tant une prière formelle qu'une ardente
aspiration de l'être tout entier vers ce que
Dieu veut et approuve, de cette prière qui
est un vivant sacrifice de soi-même à
un avenir meilleur de l'humanité.
Mais pour ceux qui persévèrent
dans cette prière-là, par toute
l'endurance de leur âme confiante en la
justice de Dieu en dépit des
ténèbres qui les enveloppent, pour
ceux qui ne se relâchent point dans leurs
travaux et leurs luttes contre
le mal et la souffrance injuste, parce qu'ils
croient invinciblement à
l'éternité du bien et à sa
finale victoire, pour ceux-là, la parabole
de Jésus, après un avertissement sur
la nécessité de la
persévérance, apporte aussi un
message de consolation et de ferme
espérance. La réponse à leur
foi semble subir des délais, mais en
réalité, cette réponse est
rapide, et souvent elle est déjà
arrivée sans qu'ils s'en rendent compte.
Dans l'accomplissement des décrets de la
justice de Dieu il n'y a aucun délai qui ne
soit nécessaire pour le développement
d'un individu comme pour l'harmonieuse croissance
du monde. Les délais ne sont qu'apparents,
la rapidité est réelle, et la fin est
certaine ; une main de fer a saisi le coupable
et ne le lâchera Plus. Quand l'heure est
venue, la fidélité de Dieu
répond à la prière et à
la vie fidèles de l'homme et les vengeances
de l'éternelle vérité
éclatent à tous les yeux.
Il y a une attitude, pour les hommes pris
individuellement, comme pour les nations dans les
jours d'épreuve : c'est une
prière qui ne se relâche pas, c'est
l'intensité de toute une vie orientée
dans le sens de la foi en Dieu et Dieu
répond à l'appel incessant et
persévérant. Un juge inique finirait
par rendre justice et Dieu ne répondrait pas
à ses élus qui crient à lui
jour et nuit ? Prenons un exemple de cela dans
les personnelles expériences de la vie, qui,
par moment, nous semble inexplicablement cruelle et
injuste. C'est dans la Bible que nous irons
chercher cet exemple représentatif de nos
propres expériences. Voici Job. Il avait
vécu dans la prospérité sans
être corrompu par elle. Et soudain, en une
semaine, tout est emporté (une chose assez
courante aujourd'hui). Ce juste est
précipité soudainement dans
l'affliction, dans la pauvreté,
dévoré par un mal affreux. Alors les
pensées et les réflexions s'imposent
à son esprit, le traversent et le
déchirent comme des
épées : « Est-ce un
Dieu injuste qui tire ainsi vengeance de moi ?
Est-ce en vain que j'ai purifié mon coeur et
lavé mes mains dans l'innocence ;
Dirai-je qu'il n'y a pas d'amour et de justice
éternels puisque cette iniquité s'est
produite ? » Voilà les
questions qui assaillent l'esprit de Job et le
tourmentent jour et nuit. Ces mêmes questions
tourmentent aujourd'hui des multitudes de coeurs et
d'esprits autour de nous.
Certains pensent avoir trouvé ainsi
un argument décisif contre la foi
chrétienne en dénonçant les
scandaleuses réussites du mal et les
souffrances de tous ceux qui sont foulés aux
pieds. C'est peut-être un argument contre le
théisme mais ce n'est pas un argument contre
le christianisme, car Jésus-Christ a
vécu et est mort pour démontrer que
de telles souffrances supportées dans un
amour et une foi qui ne s'éteignent pas,
constituent la vie véritable et qu'elles
contribuent à racheter et à sauver
les insensés enlisés dans leur
affreux matérialisme.
Mais Job ne s'arrête pas à la
cruelle supposition que Dieu puisse être
injuste. « Je ne puis pas comprendre ce
qui m'arrive, mais je refuse de croire que la
justice n'est pas à la base de l'Univers,
aucune souffrance, ni rien au monde ne me
réduira jamais à imaginer que tout
cela puisse être sans signification
dernière et se produise sans le propos
délibéré de Dieu. »
Telle est en substance l'argumentation de Job. Mais
il ne s'abandonne cependant pas, passivement au
malheur inexplicable. Sa patience n'est pas
silencieuse, son endurance n'est pas un
stoïcisme muet et dédaigneux.
Sa patience s'exprime en une
persévérance
désespérée, qui ne se repose
pas qu'elle n'ait élucidé le
problème. C'est une patience impatiente. Son
âme agitée se présente devant
Dieu comme la veuve de la parabole devant le Juge
inique, pressante, importune, débordante de
plaintes indignées, de cris amers, de
questions et d'argumentations, de défis
lancés à Dieu, pour qu'il prouve que
son châtiment est mérité.
« Si tu es juste, montre-moi en, quoi
j'ai péché. Et tu es juste. En
dépit de tout ce qui paraît le
contredire je maintiendrai jusqu'à la mort
ta justice et la mienne. Tu me vengeras parce que
tu dois te venger toi-même. Je sais que mon
vengeur est vivant. » Voilà
l'attitude de Job et voilà l'attitude que
Jésus nous propose pour les heures obscures
- prier sans cesse, ne se relâcher jamais,
ne capituler jamais. C'est l'être tout
entier qui doit prier, avec son coeur, sa force, sa
pensée, l'ouvrage de ses mains ; c'est
l'individu tout entier qui doit se dresser dans un
constant défi ; la prière que
Jésus propose, c'est la prière pour
les jours mauvais qui s'attache à Dieu d'une
étreinte d'autant plus
étroite que Dieu paraît plus loin,
plus silencieux et invisible.
Ce n'est pas la prière qui s'humilie,
qui se traîne dans l'abjection et dans la
repentance à contre-temps. Certes, il y a
place dam notre vie pour la prière de
repentance, chacun de nous le sait et sait la
prononcer quand il le faut, je l'espère.
Mais il y a des heures, il y a des motifs et des
circonstances où il serait injurieux pour
Dieu de supposer qu'il veut que nous acceptions
passivement l'iniquité, que nous lui disions
humblement et d'un coeur contrit :
« Que ta volonté soit
faite » à propos d'actes et de
calamités qui sont aussi visiblement
opposés à sa volonté d'amour
que, le jour s'oppose à la nuit, la
vérité au mensonge, le bien au mal.
Si toutes les leçons d'un passé trop
connu et d'un présent qui fait plus que de
les corroborer, ont eu un effet quelconque sur
notre entendement et notre plus
élémentaire conscience, il y a une
chose que nous ne voulons pas faire :
nous ne gémirons pas dans la
repentance, comme si les afflictions que nous
avons à supporter nous avaient
été envoyées par Dieu en
châtiment de nos péchés, nous
ne dirons pas avec le poète
hébreu : « Le Seigneur
nous a affligés ait jour de son ardente
colère », nous n'appellerons
pas stupidement la mystique au secours de la
politique, de sorte que ceux qui y ont
intérêt puissent être satisfaits
de nous et dire joyeusement : « Si
une semblable Église n'existait pas il
faudrait l'inventer. » Non, nous ne
ferons pas cela parce que nous savons parfaitement
que le plus clair du progrès matériel
et moral de l'humanité ne s'est
effectué, au contraire, que par le constant
refus de dire à Dieu : « Que
ta' volonté soit faite » à
l'occasion de crimes et de folies qui ont les
hommes pour auteurs. Ces fausses
prières-là auraient pourtant dû
disparaître une fois pour toutes, depuis que
le monde a été placé devant un
Homme solitaire, mourant sur une croix en innocente
victime d'une conspiration politique et
ecclésiastique.
Prier sans se lasser et ne se relâcher
point c'est dire à Dieu :
« Oh Père tout est
obscurité autour de moi, je te cherche en
vain à ma droite et à ma gauche et je
ne te trouve pas, mais je me mépriserais
moi-même si j'acceptais ce qui
est et cessais de crier
vers
toi ; je sais que tu me répondras et
que tu feras voir la justice de ma cause quand le
moment en sera venu. » Là est la
prière qui triomphe de toutes les
oppositions, là est ce royaume dont parle le
Christ et dont il nous dit que ce sont
« les violents seuls qui le
ravissent ».
Celui qui croit invinciblement à la
justice et à l'amour ne peut rien perdre de
son audace, de son impétuosité, de sa
vivante animation, il n'est jamais terrassé
par la vie ; il peut être
momentanément assommé par les coups
qu'il a reçus, son coeur peut être
déchiré par une intolérable et
constante souffrance, par une indignation que
l'accoutumance n'atténue pas, il peut
être à moitié mort de ses
blessures, cependant il sait qu'il retrouvera en un
instant toute sa force, toute sa joie de vivre,
tout l'intérêt passion né qu'il
portait naguère à accomplir la
tâche que Dieu lui a donnée,
dès que le soleil réapparaîtra
et que les nuées seront dissipées. Il
y a une vile attitude à laquelle il ne
s'abandonne pas en tout cas : il ne se couche
pas, comme un chien, sous le fouet qui le frappe,
il garde intactes son espérance et sa foi et
il ne renie pas son Dieu avant de mourir
spirituellement en disant : « Il n'y
a ni Dieu, ni devoir, ni bien, ni beauté, ni
vérité. »
Au contraire, il attend avec confiance la
réponse de son Dieu et voici que Dieu
répond à sa juste plainte en
l'élevant jusqu'à lui et en lui
permettant de voir les choses dans leur ensemble et
comme il les voit lui-même, du point de vue
de l'infini et de l'éternité.
Après la tempête de sa plainte
sauvage, après la révolte de sa
prière et de sa foi, il apprend comme Job
à s'élever au-dessus de ce qui le
tourmente ou l'afflige, il voit la gloire de
l'univers et de l'humanité. Pour lui, comme
pour Job, les beautés de la création
se déploient, les cieux et la terre sorties
des mains du créateur, les nébuleuses
qui se condensent, les soleils qui s'allument et
l'incessante colonne humaine, qui depuis des
millénaires est en marche vers son spirituel
destin. Il contemple et admire et il s'oublie et sa
prière se fait moins âpre, moins
violente ; sa peine n'est point
enlevée, mais il la considère d'une
manière moins personnelle, moins
égoïste à mesure que son horizon
s'élargit.
Dieu a répondu à sa
prière instante en lui faisant
comprendre que
« nos légères et
passagères afflictions » ne
sont rien, qu'elles font partie de la majestueuse
grandeur de l'ensemble, que rien ne nous est jamais
pris que pour être donné aux autres,
additionné au tout, et pour préparer
ainsi ces choses inconnues « où
la douleur de l'homme entre comme
élément ». Il comprend
que Dieu répond à la prière de
ses enfants en employant des moyens spirituels dont
les résultats paraissent lents à se
produire - le temps est toujours long pour celui
qui souffre - mais qui sont rapides dans la
réalité ; nous ne pouvons pas en
voir le développement parce qu'il s'agit de
choses qui ne se pèsent pas dans des
balances, que l'oeil ne voit point et que l'oreille
n'entend point. « Jusques à
quand ? » gémit
l'affamé, l'opprimé, le
persécuté. « Où est
ton Dieu ? », ricane le sceptique.
« Qu'il manifeste son aide d'une
manière visible s'il veut qu'on croie en
lui », disent d'autres, qui se
prétendent éclairés, qui
n'admettent pas le miracle lorsqu'ils se
mêlent de science et l'exigent lorsqu'ils
parlent de religion, sans se - soucier d'être
en accord avec eux-mêmes. Mais rien n'entame
l'assurance de l'homme qui prie.
« Dieu ne rendrait pas justice
à ses élus qui crient à lui
jour et nuit ? En vérité je vous
le dis, il leur rendra prompte
justice. » Oui, la justice de Dieu
est prompte. La foi de ceux qui crient à lui
ne tombe pas dans le vide du monde. Elle se propage
comme un incendie de forêt ; ce n'est
d'abord qu'une étincelle tombée sur
quelques feuilles mortes, puis un buisson qui
flambe, puis un arbre, puis d'autres arbres, et, de
proche en proche, c'est la forêt
entière qui se consume, les vieux abus, les
antiques cruautés de l'homme pour l'homme,
les égoïsmes qui tombent, et une terre
nouvelle qui apparaît, « ces
nouveaux cieux et cette nouvelle terre où la
justice habite » dont nous parlent
nos Saints Livres.
Pour cette grandiose élaboration d'un
monde plus digne de l'humanité, des
centaines et des centaines doivent périr,
donner leur vie pour la race, pour les
vérités à venir. Certes, ce
serait une manière bien cynique de
répondre à ces innombrables
sacrifices, si tous ceux qui souffrent et qui
meurent devaient périr pour toujours. Mais
si leurs soixante ou soixante-dix années, si
leur jeunesse généreusement offerte
pour une noble cause,
doivent
être suivis d'une vie moins bornée que
la vie présente, et s'épanouir
ailleurs - comme c'est notre foi - dans un
développement progressif et continu, ils
peuvent alors, sans regret, consacrer ces quelques
années à des travaux, à des
peines et à des luttes qui font monter le
niveau de la vie spirituelle de l'humanité
et qui les anoblissent eux-mêmes.
À cette heure d'agonie du monde,
emparons-nous de la foi du Christ et de sa
promesse ; soyons sûrs qu'il ne nous a
pas trompés quand il nous a dit que la
prière de ceux qui ne se relâchent
point hâte l'heure de la délivrance
que Dieu veut apporter à la souffrance de
ses enfants. C'est lorsque les hommes ne peuvent
plus rien faire que prier, que Dieu est
particulièrement actif, que son coeur
paternel s'émeut et qu'il se hâte de
les secourir.
C'est lorsque les hommes sont réduits
à l'inaction que Dieu se lève alors
et ouvre la mer devant leurs pas.
Amen.
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