Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA JUSTIFICATION ET LA SANCTIFICATION
LEUR UNION INDISSOLUBLE ET LEUR DISTINCTION NÉCESSAIRE


PRÉFACE

Ce qui fut la force du grand travail d'évangélisation d'où naquit l'Eglise de l'âge apostolique, de la Réformation du XVIe siècle et du Réveil au XIXe, c'est l'affirmation que la confiance en l'amour immérité de Dieu et dans l'oeuvre accomplie, une fois pour toutes, sur la croix par son Fils unique Jésus-Christ, est l'élément initial et fondamental de l'appropriation du salut.

Nos Réformateurs vaudois : Farel et Viret, avaient remarquablement saisi cette vérité capitale. « C'est en Jésus-Christ, dirent-ils à la Dispute de Lausanne, qu'il faut chercher la satisfaction pour nos péchés ; car ce qui nous a justifiés, c'est qu'il a souffert la peine due à la justice de Dieu pour nos péchés, et a payé la rançon à laquelle nous étions obligés, ayant attaché à la croix l'obligation qui était contre nous. Col. II, Ps. LXIX, Esaïe LIII, c'est aussi ce que signifie dans l'Écriture le terme de rédemption, qui veut dire payer et satisfaire pour la délivrance. 1 Pier. II, 2 Cor. V. »

C'est avec une égale netteté et une égale profondeur qu'ils exposèrent la vraie nature de la foi et marquèrent ainsi la vraie relation entre la justification et la sanctification.

« Au reste cette Foi, par laquelle le juste vivra, Rom. I, n'est point une Foi vaine, mais une confiance certaine qu'on a en Jésus, par laquelle nous recevons l'Esprit de Jésus, Gal. III et Eph. I, et sommes insérés en lui, Rom. VI et XI, et faits enfants de Dieu. Jean I. Une telle Foi n'est point sans fruit ; mais tous ceux qui l'ont, comme des sarments unis au bon cep, qui est Jésus, portent du fruit ; et l'Esprit de Jésus, qui est dans les croyants, porte ses fruits, Gal. V, car nous recevons par elle Jésus-Christ, qui nous a été fait sanctification ; et par l'union que nous avons avec Jésus-Christ par la Foi nous sommes transportés au royaume de justice, pour servir Dieu en toute pureté. Rom, VI (1). »

L'abandon de l'acceptation de l'autorité religieuse et morale des saintes Écritures, l'idée bien naïve que les grands problèmes religieux ne sont pas toujours les mêmes, mais se présentent tout autrement aux diverses époques (2), l'intention de réagir contre une notion tout intellectuelle de la foi, qui ne fut ni celle de Saint Paul, ni celle des Réformateurs, ni celle du Réveil dans ses représentants authentiques, mais qui n'est que trop aimée de ceux qui cherchent dans le salut la sécurité et non la sainteté, ont amené une transformation dans les idées religieuses de ceux qui sont voués à l'enseignement religieux dont le public ne se rend nullement compte.

Renouvelant une expérience trop fréquente au cours de l'histoire, la théologie moderne au lieu de redresser les déviations de maints esprits, d'apporter ce qui peut manquer aux conceptions courantes, s'arme d'une vérité parfois méconnue pour attaquer et renverser une vérité infiniment précieuse. Ce sera ainsi de nouveau une demi-vérité prétendant être toute la vérité. La doctrine de la justification tend à disparaître au grand détriment de la vie religieuse.

On s'alarme avec raison de l'envahissement de notre pays par l'élément catholique romain. Mais ce serait une chose infiniment plus grave si la doctrine catholique, sur le point capital de l'appropriation du salut, reprenait possession des chaires de notre pays ou si la bonne nouvelle du salut n'y était plus clairement annoncée.

Or on ne peut méconnaître que c'est dans ce sens que porte, sans s'en rendre compte, le courant de la théologie moderne.

« Qu'est donc être sauvé ? Recevoir une déclaration d'innocence ? Non pas. Cela veut-il dire que Dieu considère nos fautes comme n'ayant pas été commises ? Encore moins. Cela veut dire que Dieu écarte la condamnation pour le chrétien. Par le fait même que le croyant reçoit de Dieu, en Jésus-Christ, une énergie nouvelle, par le fait que sa vie est désormais inspirée, fécondée et conduite par son Sauveur, organiquement, il sort peu à peu de la boue où le péché l'avait plongé, pour se constituer en personnalité nouvelle sous le souffle régénérateur de l'Esprit. Il s'approprie le salut, par la grâce de Dieu, car le salut c'est la vie, et la vie est dans l'obéissance à la volonté du Père : « Ma nourriture est de faire, disait Jésus-Christ, la volonté de mon Père. »

« Sauvés par la foi ! En effet, si j'ai cédé à l'attrait que le Sauveur exerce sur mon âme, quel mérite ai-je à Cela ? Je puis certes démériter et me condamner moi-même en repoussant la grâce de Dieu en Jésus-Christ ; mais si je réponds à l'appel de cette grâce et si la confiance que Jésus a acquise en moi est telle qu'elle me détache de plus en plus du mal, dont j'étais naturellement l'esclave, pour me libérer dans la pratique du bien, dont je deviens l'ouvrier toujours plus dévoué, n'est-ce pas à Jésus-Christ et par lui à Dieu lui-même que je dois ma délivrance et mon salut ? (3) »
Ceci est même en dessous des affirmations du catholicisme qui reconnaît au moins dans la justification, Comme un de ses éléments, la rémission des péchés.

Voici une autre citation, empruntée au Croyant moderne. « L'acceptation pure et simple d'un salut réalisé hors de nous, n'agit plus sur notre âme comme une puissance de régénération. La rédemption ne saurait être, à nos yeux, qu'un phénomène de transformation intérieure, opérée dans le coeur de Celui qui le cherche, par l'action salutaire de Dieu en Jésus-Christ. »

On comprend qu'avec une telle conception, l'auteur ne puisse expliquer la parole centrale du drame de la croix : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ? »

On comprend en face de telles tendances que non seulement le professeur très positif Schlatter, mais le théologien très moderne Lobstein de Strasbourg, éprouvent le besoin de réagir : « Faire dépendre la vie et la vérité libératrices et salutaires de l'intensité de nos dispositions intérieures, de la vivacité de nos impressions, de l'ardeur de notre zèle, ne découvrir la pensée de Dieu que dans les transports de notre âme ou même dans les progrès de notre sanctification, fonder l'assurance de notre salut et de notre victoire sur des conquêtes déjà réalisées, chercher ainsi notre point d'appui et notre centre de gravité dans nos états d'âme et en général dans les phénomènes que nous découvrons en nous-mêmes, qu'est-ce autre chose que substituer la vue à la foi ; marcher par la foi, vivre par la foi, c'est donc au besoin s'inscrire en faux contre nos propres expériences, c'est infliger un démenti aux données immédiates de notre observation sensible.

« Oui, au milieu des plus douloureuses éclipses de cette certitude intime qui l'avait ravi, en dépit de la sécheresse et du vide de son âme, à travers les luttes, les doutes, les fluctuations et les angoisses de sa vie intérieure, que dis-je, au sein des humiliations les plus amères, de ses défaites et de ses chutes, le chrétien doit croire quand même.

« Partout et toujours ce qui importe à nos Réformateurs, c'est de maintenir intacte, c'est d'élever au-dessus de toute atteinte, la réalité victorieuse de la grâce divine, ou pour me servir d'un terme d'école, « l'objectivité du salut ». - Notre foi n'est pas solidaire de nos expériences (4). »

M. Lobstein indique bien qu'il ne s'agit point ici de discussions théologiques, mais de questions intéressant au premier chef la vie religieuse pratique.



Table des matières


1 Ruchat IV, 187.

2 Le croyant moderne. Introduction. « Des hommes d'époques différentes, examinant les faits religieux à la lumière des connaissances de leur temps verront les mêmes phénomènes sous un tout autre aspect, seront captivés par d'autres faces de la réalité et aboutiront à des affirmations différentes. »

3 Au Coeur de la Réforme, p. 19.

4 Revue chrétienne, Juin 1912.

 

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