LA
JUSTIFICATION ET LA SANCTIFICATION
LEUR UNION
INDISSOLUBLE ET LEUR DISTINCTION
NÉCESSAIRE
I -
Si le monde matériel, qui n'est qu'une
création passagère, symbolique,
prophétique du monde à venir est
déjà plein de grandeur et de
beauté, comment le monde éternel ne
serait-il pas plus merveilleux encore ? Et si
Dieu a supporté pendant des siècles
une terre souillée de tant de
péchés, accablée de tant de
souffrances, n'est-ce pas parce qu'il veut faire
aboutir ce monde de misères à quelque
chose de si parfait et de si glorieux, que nul ne
trouvera trop longue et trop acharnée la
lutte qui aboutira à un si grandiose
triomphe ?
En Canaan, l'on oublie
La souffrance et les déserts ;
Là fleurit l'arbre de vie,
Là les champs sont toujours
verts.
Le salut de Dieu, aujourd'hui l'unique chemin
pour arriver à la réalisation du plan
divin conçu dès avant la
création du monde, est un grand et glorieux
salut : Jésus sauve à
plein tous ceux qui s'approchent de Dieu par
lui.
La grandeur de ce salut apparaît
dans les nombreux aspects sous lesquels il nous est
présenté. Ici, C'est un
combat incessant, aboutissant
à une pleine victoire, il est vrai
chèrement achetée, d'où l'on
sort
Vainqueur, mais tout
meurtri ; Tout meurtri, mais vainqueur.
Là c'est une bénédiction si
riche qu'en elle seront bénies toutes les
familles de la terre ; c'est Dieu se
révélant aux hommes dans un
envoyé plus grand que Moïse ;
c'est un royaume dont la justice est la base,
universel, éternel ; c'est un
héritage qui ne peut ni se souiller, ni se
corrompre, ni se flétrir ; ce sont de
nouveaux cieux, une nouvelle terre, avec une
nouvelle Jérusalem.
Les titres donnés au fondateur de
ce salut n'en montrent pas moins la grandeur :
Postérité de la femme, fils
d'Abraham, Fils de David, Agneau de Dieu, Lion de
Juda, Étoile du matin, Désiré
des nations, Emmanuel, Serviteur de
l'Éternel, Germe, Soleil de justice, Prince
de paix, Bon berger, Porte de bergerie, Cep
véritable, Pain de vie, Chemin,
Vérité et Vie.
Ce salut est un, malgré la grande
variété de ses aspects, car il est
individuel et collectif, intérieur et
extérieur. Pensez au
Psaume 23:
« L'Éternel est mon berger, je
n'aurai point de disette », aboutissant
à travers toute une série de
grâces à cette parole :
« Même quand je passerais par la
vallée de l'ombre de la mort, je ne
craindrais aucun mal, parce que tu es avec moi,
c'est ton bâton (ta massue pour lutter contre
les bêtes fauves) et ta boulette (pour
remédier à mes propres
écarts), qui me rassurent. »
Pensez au
Psaume 103: « C'est Lui
qui pardonne toutes tes iniquités, qui
guérit toutes tes infirmités, qui
retire ta vie de la fosse, qui t'enveloppe de
gratuité et de compassion, qui rassasie
ta bouche de biens, tellement que
ta jeunesse est renouvelée comme celle de
l'aigle. Pensez à ce cantique, à la
pensée si pleine, si abondante que les mots
manquent pour l'écouler, qui ouvre
l'épître aux
Éphésiens.
« Béni soit Dieu qui nous a
bénis de toutes sortes de
bénédictions dans les lieux
célestes en Jésus-Christ. C'est en
Lui qu'il nous a élus ; c'est en Lui
que nous avons la rédemption par son
sang ; c'est en Lui que nous sommes devenus
héritiers ; c'est en Lui qu'ayant cru,
nous sommes scellés du Saint-Esprit qui
avait été promis. »
Le salut est un, parce qu'il est
l'oeuvre d'un Dieu parfaitement sage et qui n'a pas
préparé un remède insuffisant
à notre misère. Là, au
contraire, où le péché a
abondé, la grâce a
débordé par-dessus.
Du Rocher de Jacob, toute
l'oeuvre est parfaite....
De tous nos ennemis, il sait quel est le
nombre.
Le salut est un, parce que Dieu n'est pas comme
l'homme qui avait commencé une tour, sans
pouvoir en achever la construction. Ses serviteurs
peuvent dire : « Je suis
persuadé que Celui qui a commencé la
bonne oeuvre en vous, la rendra parfaite pour le
jour de Christ. » Et le fidèle
peut chanter avec assurance :
Ce qu'il t'a plu de
commencer,
Sans se lasser, ta main l'achève.
II -
Mais si le salut est un, on peut
distinguer en lui des parties ou des
éléments, non
séparés mais distincts. Saint Paul
les énumère parfois sans s'astreindre
à être complet ni
à suivre toujours le même ordre. Il
dit par exemple,
Romains 8: « Ceux qu'il a
préconnus, il les a aussi
prédestinés à être
conformes à l'image de son Fils, et ceux
qu'il a prédestinés, il les a aussi
appelés, et ceux qu'il a appelés, il
les a aussi justifiés ; et ceux qu'il a
justifiés, il les a aussi
glorifiés. » Dans
1 Cor. 6. 11, ou lit :
« Vous avez été
lavés, vous avez été
sanctifiés, vous avez été
justifiés au nom du Seigneur
Jésus-Christ et par l'Esprit de notre
Dieu. » Nous lisons dans
1 Pierre 1. 2 :
« élus selon la prescience de Dieu
le Père, en sainteté de l'Esprit,
pour l'obéissance et l'aspersion du sang de
Jésus-Christ. »
Cette distinction dans les
éléments du salut correspond à
une distinction dans l'état de l'homme
pécheur. Quand on dit que l'homme est
pécheur, l'on dit une chose complexe
où l'analyse peut distinguer des
misères diverses, car c'est dire tout
d'abord qu'il est ignorant, ignorant des
choses les plus élémentaires et qu'il
aurait le plus besoin de savoir ; bien plus,
il est égaré, fourvoyé
à fond, ne sachant plus où se
tourner, comme la brebis qui a voulu suivre son
propre chemin.
Quand ou pense que tous les hommes, sans
aucune exception, aspirent au bonheur, le
recherchent avidement, et qu'il en est si peu, si
peu à qui l'on ose demander en les regardant
fixement : « Êtes-vous
heureux ? »
Malgré les enseignements des
moralistes qui se croient sûrs de leur
affaire, malgré les expériences de
milliards d'individus, le chemin du bonheur, loin
d'être large et battu à y marcher les
yeux fermés, est un sentier mal frayé
et que bien peu découvrent.
Et que faut-il penser de l'homme
lui-même ? Est-il bon et est-ce la
société qui le corrompt ? ou
est-il mauvais tellement qu'il
pervertit tout ce qu'il touche ? Grands et
durables débats là-dessus, plus
animés que jamais, puisque c'est une des
questions capitales engagées dans
l'agitation socialiste contemporaine.
Mais l'homme n'est pas seulement
ignorant, égaré ; il est
coupable, car son ignorance est souvent une
conséquence directe d'attitudes
volontairement prises. Sans aller ordinairement
à ce péché absolument
conscient, absolument voulu, perpétré
en pleine lumière, que l'Écriture
appelle le péché à la mort, ou
le péché contre le Saint-Esprit, ou
le péché irrémissible, il y a
toujours un élément de
liberté, partant de responsabilité
dans la conduite que l'homme adopte, dans les actes
qu'il commet. Les avocats blanchissent leurs plus
mauvais clients en remontant à leur
éducation, à leur
hérédité ; et il y a
là des facteurs d'une importance
indéniable ; mais s'ils émeuvent
facilement les jurés, la conscience des
accusés est-elle aussi aisée à
rassurer ? Ne peut-elle pas leur rappeler
qu'ils ont repoussé
délibérément bien des sages
avis, de bienfaisantes influences, des mains
affectueusement tendues avant de verser dans le
crime et dans la honte ?
« J'ai péché,
j'ai péché contre toi proprement et
j'ai fait ce qui est mal à tes
yeux, » voilà l'aveu auquel est
amené tout homme sincère.
Coupable ! Y a-t-il un trait plus
perçant, une douleur plus poignante que
celle qu'enferment ces mots que le pécheur
s'adresse à lui-même :
« Tu es coupable ! » La
pensée de la mort est très
redoutée, cependant l'on a vu les hommes se
plaire à la braver, peindre sur les murs de
leurs salles de fêtes ces
célèbres danses des morts, la chanter
avec toutes ses horreurs qu'une civilisation
raffinée s'efforce de
dissimuler. Mais les hommes se sont-ils jamais
raillés de leur culpabilité ? Le
drame antique peint souvent le coupable poursuivi
par la Némésis et par les Furies, et
vous savez quelle expression dramatique Shakespeare
a donnée aux remords de la
conscience.
Sans doute, le péché ne
pèse guère à la conscience
endormie, mais, qu'elle se réveille, et vous
verrez s'il est facile de lui faire croire que les
péchés sont pardonnés. Les
plus formelles déclarations de Dieu, un
message d'anges n'y suffirait pas. Il y faut les
angoisses de Gethsémané, le
Eli ! Eli ! lamma sabachtani ? et
le : Tout est accompli ! de
Golgotha.
Et ne pensez pas qu'il ne s'agisse dans
ce sentiment de culpabilité que de choses
graves, de ces crimes si honteux ou si odieux
qu'ils font de l'homme un fuyard qui voudrait
être loin de partout. Ce que l'on n'a pas
fait, ce que l'on n'a pas été,
tourmente d'une manière non moins
douloureuse.
L'imagination rudimentaire du Moyen
Âge a pu se complaire dans des descriptions
bien grossières des tourments des
damnés ; j'ai souvent pensé que
pour rendre un homme malheureux d'une douleur
inconsolable, pour lui arracher des larmes
amères et lui donner des grincements de
dents, Dieu n'aurait qu'à montrer à
ce malheureux ce qu'il aurait pu devenir, ce qu'il
aurait pu faire si, même né dans le
péché et dans la corruption, il avait
répondu à l'intention de Dieu
à son égard, accepté l'appel
au salut qui lui était adressé, mis
à profit les grâces qui avaient
été à sa disposition. Qui
consolera d'un échec complet alors que Paul
parlait d'un échec partiel, d'une partie de
sa vie comme de celle d'un avorton ? Oh !
ces avortements de
créatures qui auraient pu
être si belles, si pures, si utiles !
Oh ! ces vies dont il n'a été
mis à profit qu'une si minime partie !
Oh ! que de grâces
perdues,
Que de lueurs disparues,
Que d'inutiles douleurs,
Que de funestes bonheurs !
Si du moins nous pouvions dire au moment
où nous faisons ces tristes
découvertes : « Ce triste
passé est clos, une nouvelle ère
commence. Ma volonté, qui vient de se
ressaisir, va mettre un mur de séparation
entre les deux parties de ma vie. Il y aura un
autrefois et un maintenant aussi
différents l'un de l'autre que le jour et la
nuit. » Beaucoup l'ont dit, beaucoup
l'ont cru, l'ont espéré, l'ont
voulu ; beaucoup ont chanté d'avance
cette merveilleuse transformation. Mais comme il a
fallu déchanter ! Par dessous et
à travers ce barrage que l'on croyait
profond et parfaitement étanche, la vie avec
son impulsion originelle, ses habitudes prises, ses
goûts déformés parfaitement
fixés, ses liaisons aux personnes et aux
choses demeurées les mêmes, avec ce
sous-conscient obscur où vivent avec nous
les ancêtres de la famille, les
ancêtres du pays, les
générations lointaines, la race,
l'espèce ; la vie passée coule
à pleins bords, s'infiltre partout et fait
de nos grandes résolutions des fétus
de paille qui tourbillonnent avec le
courant.
Comme l'a dit Jérémias
Gotthelf, ce robuste moraliste suisse,
dégagé de toute mièvrerie
sentimentale : « Les jeunes gens
viennent au monde avec des idées toutes
battant neuves, mais le monde est vieux,
très vieux et il suit toujours son
même chemin. »
L'homme n'est pas seulement coupable il
est mauvais, il est corrompu, et,
comme l'a dit Sainte-Beuve, il ne mûrit pas
en vieillissant, il durcit par places, pourrit par
d'autres.
Bonnes intentions, bonnes
résolutions, les flagellations, la
claustration, le jeûne à extinction,
la castration n'y suffisent pas. Le virus a tout
infecté. C'est une constitution à
refaire.
Et ce n'est pas la fin de cette triste
analyse de l'état de péché de
l'homme. Il faudrait rappeler ici toutes les
conséquences funestes qui en ont
été, en sont et en seront la suite.
Misère, maladies, infirmités,
difformités, deuils, labeur excessif,
déceptions, bonheurs transformés en
sources de larmes, et tant de choses qui manquent
et dont l'absence fait languir ; et puis les
suites lointaines de nos paroles, de nos
écrits, de nos exemples, les
hérédités tristement
fécondes, qui dira tout ce qu'il y a de
funeste dans une vie dominée par le
péché ?
Comment parler enfin de ce qui attend
l'homme au sortir d'une existence sans
réveil de l'âme, sans repentance, sans
réconciliation avec Dieu, sans
régénération !
Oh ! qui connaîtrait
la misère,
Qu'aux pécheurs promit ton
courroux,
Devant toi, Dieu saint et
sévère,
Passerait sa vie à genoux !
a écrit Vinet.
C'est en face de cette immense
détresse que se présente Celui qui
est le remède préparé par Dieu
lui-même, Jésus-Christ.
III -
Dans son office général de
Médiateur unique, parfait et
définitif entre Dieu et les hommes, on peut
aussi distinguer trois charges
spéciales : Il est le prophète
d'abord, annoncé par Moïse, le
témoin fidèle et
véritable. La première partie de
son ministère a été surtout
une oeuvre d'enseignement. Quand les foules
recherchent en lui le guérisseur des malades
et que ses apôtres, enchantés d'une
telle vogue, viennent le surprendre au milieu de
son recueillement en lui disant :
« Tous te cherchent, » il leur
répond : « Allons-nous-en aux
bourgades des environs afin que j'y prêche
aussi. »
À la prédication par la
parole, il ajoute celle de l'exemple. À
l'une et à l'autre celle du Saint-Esprit qui
illumine également pour nous ses paroles et
sa vie ; voilà ce qui correspond et
répond à notre ignorance.
Dès que Jésus eut
amené ses disciples à
reconnaître en lui par une intuition
profonde, le Fils du Dieu vivant, il ouvrit le
second chapitre de son enseignement et leur
enseigna d'autorité ses humiliations,
ses souffrances et sa mort que suivrait, le
troisième jour, sa
résurrection. Il y revint souvent dès
lors, mais son enseignement sur ce point se heurta
à une résistance absolue. Le
rôle de Jésus comme
sacrificateur et comme victime, comme
Agneau de Dieu, ne fut compris par les disciples
que lorsqu'ils eurent constaté le
néant de leurs vertus au milieu de la crise
de la réjection de leur Maître.
Dès lors la croix prit sa place centrale
dans leurs coeurs et dans leur message. On sait
quelle place l'épître aux
Hébreux fait au Christ comme
Sacrificateur saint,
éternel et comme victime unique et
pleinement suffisante. Voilà ce qui
répond à notre culpabilité et
au besoin d'un intercesseur autorisé,
efficace et permanent auprès de
Dieu.
Enfin Jésus est Roi, mais
un roi qui a pour caractéristique de
remédier à toutes les impuissances de
ses sujets, de leur communiquer la vie, de leur
procurer toutes les délivrances dont ils ont
et auront besoin, jusqu'à ce qu'ils soient
arrivés à la perfection individuelle,
à la perfection sociale, aboutissant
elle-même à la perfection
extérieure et cosmique. Voilà ce qui
remédie à notre mort spirituelle,
à toutes nos misères, à toutes
les souffrances.
Jésus-Christ nous a été
fait de la part de Dieu : Sagesse, Justice et
Sanctification, Rédemption.
IV -
Ces grâces sont unies intimement, et tout
particulièrement la justice et la
sanctification, comme le fait bien sentir le texte
grec.
Il n'y a qu'à lire saint Paul
pour être au clair sur ces deux grâces
de la justification et de la sanctification. Il n'y
a eu qu'à reprendre ses enseignements aux
XVIme et XIXme siècles pour rouvrir les
trésors de la grâce divine
méconnue par la sagesse humaine, toujours
disposée à rendre à l'homme la
tâche et le mérite surtout de son
relèvement.
St-Paul rappelle, dès les
premiers versets de son épître aux
Romains, que ce qui est révélé
dans l'Évangile c'est la Justice de
Dieu, sur le principe ou sur la base de la foi
et pour la foi.
Dieu est Amour, mais cet amour se
réalise dans l'ordre et non dans
l'arbitraire ou le caprice. Chaque créature
dans l'Univers doit occuper sa place
spéciale, remplir sa fonction
déterminée dans l'ensemble pour que
s'opère, dans l'harmonie universelle,
l'épanchement de l'amour divin et que Dieu
soit tout en tous (1).
Ce que St-Paul avait donc cherché
dès sa première jeunesse, ce qu'il
voit être l'aspiration la meilleure de son
peuple, c'est la justice, une attitude, des
dispositions, une vie en tout conformes à la
volonté de Dieu. Il avait cru y être
arrivé pour son compte, quand tout
l'édifice de sa justice s'écroula et
que s'écrivirent, dans sa conscience
réveillée, ces mots
désespérés : Il n'y a
point de juste, non pas même un seul.
Après avoir enlevé
à tout homme païen ou juif le moindre
espoir d'arriver à une justice que Dieu
puisse reconnaître, St-Paul dit :
« Mais maintenant la justice de Dieu est
manifestée, sans la loi, mais la loi et les
prophètes lui rendant témoignage,
justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ
envers tous ceux et sur tous ceux qui
croient ; car il n'y a pas de
différence, car tous ont péché
et n'atteignent pas à la gloire de Dieu, et
ils sont justifiés gratuitement, par sa
grâce, par la rédemption qui est en
Jésus-Christ. »
Et il peut dire triomphalement au
début du
chapitre
5 : « Étant donc
justifiés au moyen de la foi, nous avons la
paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ. »
Ces termes :
justifiés, justification, ont
passablement disparu de notre vocabulaire
religieux. Ils sont très rares dans les
cantiques tenus pour les plus
évangéliques. Le mot justification
sans doute est peu propre, à entrer dans
la langue des vers, mais le mot
justifié s'y prêterait fort
bien.
Il est vrai que la chose y est, ou
à peu près, mais le mot précis
manque, et l'on peut craindre qu'en perdant les
mots on ne perde un peu des choses qu'ils
expriment.
La prédication moderne
s'étudie à éviter le langage
biblique devenu, dit on, par trop cliché,
phraséologie banale. On peut se demander si,
au point de vue pédagogique, c'est une
pensée très juste que de
dérouter les esprits par une terminologie
toute différente de celle de la Bible
où la piété doit s'alimenter.
En tout cas faut-il bien prendre garde, dans ce
transvasage que l'on juge nécessaire, de ne
rien perdre de la liqueur précieuse de
l'Évangile.
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