Étude personnelle sur ce que
dit la Bible
au sujet du
salut
9.
L’épître aux Hébreux, un
condensé d'enseignement
L'épître aux Hébreux est
d'une très grande richesse en ce qui
concerne l'enseignement sur le salut. De plus, elle
contient des textes très
controversés. C'est pourquoi j'ai
trouvé intéressant d'approfondir
l'étude de cette épître pour
voir ce que l'Esprit a voulu dire à ce sujet
pour notre instruction. En définitif, ce
dernier chapitre va reprendre les points principaux
abordés précédemment.
9.1 Présentation de la
structure de l’épître et des
thèmes abordés
Il m’a semblé important de faire
tout d’abord un résumé des
thèmes abordés dans cette
épître dans les différents
chapitres qui la composent afin d’avoir une
vue d’ensemble du message que l’auteur
voulait communiquer à ses lecteurs, et donc
indirectement à nous. Bien entendu, ce
« découpage » n’est
qu’une façon de faire parmi tant
d’autres.
La première remarque qui peut être
faite, c’est que cette épître
n’est introduite par aucune salutation. Nous
ne connaissons donc ni son auteur, ni ses
destinataires, bien qu’un grand nombre de
commentateurs s’accorde pour dire qu’elle
était destinée aux Hébreux,
d’où son titre
« épître aux
Hébreux ». La seule introduction
que l’auteur nous fait est la
présentation de Jésus, figure
centrale de cette lettre aux Hébreux, dont
le
verset 3 du premier chapitre est un
résumé de ce qu’il est et de ce
qu’il a fait, thèmes abordés
tout au long des 13 chapitres composant ce
livre:
...et qui, étant le reflet de sa gloire
et l'empreinte de sa personne (= Dieu), et
soutenant toutes choses par sa parole puissante, a
fait la purification des péchés et
s'est assis à la droite de la majesté
divine dans les lieux très hauts... -
Hébreux 1.3
Le reste du
chapitre 1 est une
présentation de Jésus comme Fils de
Dieu en soulignant sa grandeur, sa
supériorité face aux anges, sa
divinité et son caractère
éternel.
C’est seulement au début du
chapitre 2
(versets 1 à 3) que
l’auteur s’adresse directement à
ses lecteurs, en s’incluant dans une
première exhortation à rester
attachés « aux choses que nous
avons entendues ». La suite de ce
chapitre est un exposé de l’abaissement
volontaire de Jésus qui est devenu homme
pour offrir le salut.
Le
chapitre 3 commence par
« c’est pourquoi »,
(expression que nous étudierons plus en
détail par la suite) nous invitant ainsi
à considérer
(c’est-à-dire à regarder avec
une grande attention, examiner) Jésus,
« l’apôtre et le souverain
sacrificateur de la foi » ainsi que
sa fidélité et ce qu’il a
fait.
C’est à partir de la seconde partie
du
verset 6 jusqu’à
Hébreux 4.11 que l'auteur
expose sa deuxième exhortation
accompagnée d’avertissements, en
utilisant un passage de l’Ancien Testament
concernant le peuple d’Israël
incrédule dans le désert pour nous
encourager à ne pas tomber dans le
même piège.
Le passage
d’Hébreux 4.14
à 5.10 continue la
présentation de Jésus comme souverain
sacrificateur selon l’ordre de
Melchisédek, mettant l’accent sur la
proximité que nous pouvons avoir avec Dieu
à travers lui, de par la vie terrestre
qu’il a eue, où il a vécu dans
un corps d’homme tout en restant sans
péché. Ce passage comporte aussi une
3ème exhortation à tenir ferme
(4.14).
Ensuite, les versets entre
Hébreux 5.11
et 6.3 sont des reproches
adressés aux lecteurs quant au niveau de
leur vie et de leur entendement spirituels qui est
bien bas par rapport à leurs années
de conversion. Mais l’auteur ne veut pas
revenir sur les principes de base et continue son
exposé.
Nous retrouvons au
chapitre 6, versets 4 à
8, un sérieux avertissement quant au
salut suivi d’une illustration, puis de cela
découle l’exhortation des
versets 9 à 12 à
ne pas se relâcher, à
persévérer.
Les
versets 13 à 20 parlent
de l’immuabilité des promesses de Dieu
et de l’espérance que peut avoir le
chrétien. Ensuite, le passage
d’Hébreux 6.20 à
8.6 nous présente le
sacrificateur Melchisédek et la
supériorité de son sacerdoce venue
remplacer celui d’Aaron qui faisait partie de
l’ancienne alliance.
« Jésus est par cela même
le garant d’une alliance plus
excellente. »
(7.22).
Dans
Hébreux 8.7-13,
l’auteur nous montre par un extrait des
paroles de Jérémie le prophète
(Jérémie 31.31-34) que cette nouvelle
alliance avait déjà été
annoncée dans l’Ancien Testament. Le
chapitre 9, aux versets 1
à 10, nous décrit en quelques
phrases le tabernacle et le service de
l’ancienne alliance, en nous montrant que cela
n’est que des symboles, que
« l’ombre des choses
célestes » pour reprendre
l’expression
d’Hébreux 8.5.
Le « mais » du verset 11
introduit la différence entre cette ancienne
alliance et la nouvelle en nous exposant
l’oeuvre et le sacrifice parfait de
Jésus-Christ qui a apporté son propre
sang dans le lieu très saint pour notre
purification. Ce sacrifice a été
offert une fois pour toute, il est pleinement
suffisant contrairement aux sacrifices des taureaux
et des boucs dont le sang ne pouvaient que couvrir
et non ôter les péchés, et qui
donc devaient être
répétés chaque année
(Hébreux 9.11-10.18).
Tout l’exposé sur le sacrifice parfait
de Jésus nous conduit maintenant aux
privilèges que cela nous donne à nous
croyants, c’est-à-dire une libre
entrée dans le sanctuaire et un souverain
sacrificateur. Nous retrouvons cela des
versets 19 à 22. Puisque
nous avons de tels privilèges, l’auteur
nous exhorte aux
versets 23 à 25 afin de
tout faire pour les garder.
Ensuite vient le passage délicat
d’Hébreux 10.26-39 qui
expose le péché volontaire et ses
conséquences, mais où l’auteur
exhorte ses lecteurs à se souvenir de leur
parcours avec Christ et donc de l’importance
à persévérer, à vivre
par la foi.
Le
chapitre 11 nous donne la
définition de ce qu’est la foi, et
illustre cela par des exemples d’hommes et de
femmes qui ont cru et tenu bon jusqu’au bout.
De cela, l’apôtre en tire une
exhortation pour nous croyants, afin que nous
gardions nos regard sur Jésus
(Hébreux 12.1-3) et que
nous ne méprisions pas le châtiment
que le Père peut nous infliger
(12.4-8) afin que nous nous
soumettions à lui
(v.6) et que nous participions
à sa sainteté
(v.10-17).
Les
versets 18 à 24 nous
montre d’une manière imagée que
ce n’est pas vers la loi (le mont du
Sinaï) que nous nous sommes approchés,
mais auprès de la montagne de Sion (la
grâce et la gloire à venir).
Le reste de cette lettre
(Hébreux 12.25-13.19)
comporte encore quelques instructions
supplémentaires et un avertissement afin
d’écouter ce que Dieu nous a dit.
L’apôtre conclue en donnant une
bénédiction et les salutations qui
l’accompagnent
(Hébreux 13.20-25).
9.1.1 Encore quelques remarques
préliminaires...
Lorsque j’ai lu cette lettre aux
Hébreux, un petit mot a attiré mon
attention: « c’est
pourquoi ». En effet, tout au long de
ce livre, cette expression revient 14 fois (dans la
version Second). C’est d’ailleurs
l’épître qui l’utilise le
plus. J’ai donc décidé de
regarder d’un peu plus près son
utilisation.
Généralement, elle est
utilisée par l’auteur pour amener une
conclusion à son développement et
ainsi étayer son argumentation. Pour exposer
certaines vérités et ses
exhortations, nous voyons que l’auteur de
cette épître utilise beaucoup de
passages de l’Ancien Testament. Ces textes
devaient être bien connus de ses lecteurs que
l’on suppose être des Juifs convertis
à l’Évangile (c’est ce qui
est communément admis, mais
l’expression
« Hébreux » n’est
pas mentionnée une seule fois dans cette
épître).
Ainsi l’apôtre donne un éclairage
nouveau à ces éléments de
l’ancienne alliance, sur
« l’ombre des choses à
venir »
(Colossiens 2.17), comme les
sacrifices d’animaux par exemple ou la
sacrificature. Cela lui permet ensuite de faire le
lien avec la nouvelle alliance dont nous sommes
bénéficiaires en Jésus et
d’en tirer des conclusions pratiques nous
concernant.
Nous voyons donc qu’il utilise ces principes
d’argumentation tout au long de sa lettre,
d’où les nombreux
« c’est pourquoi »
introduisant les exhortations et les avertissements
que nous allons développer par la suite.
D’ailleurs, Jésus utilisait aussi
beaucoup cette expression. Cela est
particulièrement frappant quand on lit
l’évangile de Matthieu
(7.24;
10.32;
11.22;...) par exemple.
Grâce au survol général de ce
livre, nous pouvons maintenant nous attarder un peu
plus longuement sur certains passages ayant attrait
au thème de cette étude.
9.2. L’oeuvre de
Jésus et les bénéfices pour
les croyants
Nous voyons par le résumé
précédent que le grand thème
de cette épître est l'abaissement de
Jésus qui s'est offert pour nous. Au travers
de nombreux passages, nous découvrons
l’oeuvre et les sentiments de Jésus en
notre faveur:
* Jésus est saint, innocent,
sans tache, séparé des
pécheurs, et plus élevé que
les cieux
(Hébreux 7.26-27;
4.15).
* Son sacrifice est suffisant, il s'est offert
lui-même une fois pour toutes
(Hébreux 7.27;
9.26-28;
10.12-14).
* Il a fait l’expiation, la purification des
péchés
(Hébreux 1.3;
2.17-18;
9.14;
13.12).
* Il sauve parfaitement étant l’auteur
d’un salut éternel
(Hébreux 7.25;
5.9;
9.12;
10.10-14).
* Il est pour nous un souverain sacrificateur
miséricordieux
(Hébreux 2.17-18;
4.14-15;
6.20).
* En lui, nous entrons dans une nouvelle alliance
avec Dieu
(Hébreux 8.6;
9.15).
* Il comparaît pour nous devant la face de
Dieu
(Hébreux 9.24).
* Il peut secourir ceux qui sont tentés
(Hébreux 2.17-18).
* Il peut compatir à nos faiblesses
(Hébreux
2.17-18;
4.15).
* Il intercède en notre faveur
(Hébreux 7.24-27).
N’est-ce pas merveilleux et incroyable tout
ce qu’il a fait pour nous? Et grâce
à cette oeuvre merveilleuse de la croix,
nous pouvons:
*Être sanctifiés par
l'offrande du corps de Jésus-Christ une fois
pour toutes
(Hébreux 10.10).
*Nous approcher du trône de la grâce
avec assurance
(Hébreux 4.16).
*Obtenir miséricorde, trouver grâce,
être secourus dans nos besoins
(Hébreux 4.16).
*Être appelés
“frères” de Jésus
(Hébreux 2.11, 17).
*Avoir une libre entrée dans le sanctuaire
(Hébreux 10.19).
De quelle grâce, de quel amour et de quels
privilèges nous sommes au
bénéfice!
9.3 Les avertissements
d'Hébreux concernant le salut
Il est vrai que nous pourrions rester seulement
sur les versets mentionnés ci-dessus qui
sont bel et bien la vérité.
Cependant, par le résumé du
départ, nous avons vu que cette lettre
était ponctuée d’avertissements.
Or ne pas les prendre en considération
équivaudrait à supprimer une partie
de la Parole de Dieu... Voilà pourquoi nous
allons nous attarder un peu sur quelques-uns de ces
passages dans la suite de ce chapitre.
9.3.1 Hébreux 1.14-2.3: négliger un si grand
salut
“Ne sont-ils pas tous des
esprits au service de Dieu, envoyés pour
exercer un ministère en faveur de
ceux qui doivent hériter du
salut? C'est pourquoi nous devons
d'autant plus nous attacher aux choses
que nous avons entendues, de peur que nous ne
soyons emportés loin d'elles.
Car, si la parole annoncée par
des anges a eu son effet, et si toute transgression
et toute désobéissance a reçu
une juste rétribution, comment
échapperons-nous en négligeant un si
grand salut...?” -
Hébreux 1.14-2.3
Dans le dernier verset du
chapitre 1, il est question des
anges oeuvrant en faveur « de ceux qui
doivent hériter du salut ». Et
comme l’auteur de cette épître se
situe, lui et ses lecteurs, dans cette
catégorie de personnes, il introduit son
exhortation par cette petite expression
« c’est pourquoi ».
Nous pourrions donc paraphraser ce
verset 1 la manière suivante:
« Puisque nous sommes de ceux qui
doivent hériter du salut, nous devons
d’autant plus nous attacher aux choses que
nous avons entendues... »
Mais pourquoi donc s’attacher aux choses
entendues, à la prédication du salut
(comme nous le montre
Hébreux 2.3-4), alors
qu’ils sont dans la catégorie de ceux
qui doivent hériter du salut,
c’est-à-dire des croyants? La
réponse à cette question vient dans
la suite du verset 1: « de peur que
nous ne soyons emportés loin
d’elles ».
Alors que la version Louis Second laisse
sous-entendre que nous subirions une force (qui
pourrait être le courant du monde, la
volonté de la chair...) qui nous
entraînerait loin de la parole (que nous
ne soyons emportés = position passive)
si nous ne nous attachons pas à elle, les
versions Darby et David Martin apportent un autre
éclairage. En effet, elles nous mettent dans
une position d’acteurs (de peur que nous ne
nous écartions, nous ne les laissions
écouler) avec donc l’idée de
choix. Quant à la version Ostervald, elle
est beaucoup plus radicale et nous pourrions dire
qu’elle arrive directement à la
conséquence qu’entraîne le fait
de ne plus s’attacher à ce que nous
avons entendu: « de peur que nous ne
périssions ».
Mais que nous subissions les pressions du monde ou
que nous soyons dans une position plus active et
que ce soit un choix, le résultat reste le
même: au final, l’apôtre veut
mettre en évidence qu’il est possible
pour des chrétiens de s’éloigner
de la parole annoncée s’ils ne sont pas
fermement attachés!
Mais on pourrait répliquer que
s’éloigner de la Parole ne veut pas
encore dire perdre son salut. Il est vrai que ce
verset 1 ne le dit pas explicitement (mis à
part la version Ostervald). Mais il suffit de lire
la suite pour comprendre la gravité des
propos de l’auteur: « comment
échapperons-nous en négligeant un si
grand salut? ».
Toutes les autres versions
précédemment citées emploie la
même traduction, très proche de la
Second: « Comment
échapperons-nous si nous négligeons
un si grand salut? ». Et la note de
Darby de dire que négliger veut aussi dire
dans ce passage « mépriser, tenir
pour rien ».
Dans ce verset, l’auteur ne parle pas de
personnes qui refusent un si grand salut, ce qui
correspondrait aux païens qui, dans un choix
délibéré, rejetteraient
l’Évangile, mais il est bien
écrit « en
négligeant » un si grand
salut. Le dictionnaire, nous donne la
définition suivante de négliger:
ne pas s'occuper de quelque chose, apporter
moins de soin à quelque chose qu'il ne
serait nécessaire. Synonyme de
délaisser. (7)
Or on ne peut négliger quelque chose
qu’on ne possède pas! Je peux
négliger mes plantes vertes en oubliant de
les arroser, mais je ne peux pas négliger
celles de mon voisin avec lequel je n’ai aucun
contact. Ce ne sont pas les miennes. Cela nous
conduit à la même conclusion que celle
du verset 1: l’apôtre parle bien de
chrétiens qui ont reçu le salut, qui
le possèdent.
Car, si la parole annoncée
par des anges a eu son effet, et si toute
transgression et toute désobéissance
a reçu une juste rétribution, comment
échapperons-nous en négligeant un si
grand salut...? -
Hébreux 2.2-3
L’apôtre tire un constat du
passé, en regardant l’histoire
d’Israël et mettant en évidence
les conséquences des transgressions. Par
cela, il veut montrer à ses lecteurs que si
dans l’ancienne alliance la
désobéissance aux commandements
était punie, maintenant que nous avons un
moyen de salut pleinement efficace, nous ne
pourrons pas échapper à la
colère de Dieu si nous le
négligeons.
Ainsi, par cette question, il laisse ses lecteurs
réfléchir à cette question du
salut et peut-être aussi faire le point pour
savoir où ils en sont dans leur propre
vie... Ce premier avertissement sert en quelque
sorte d’introduction à tous ceux qui
vont venir où l’auteur
développera davantage son argumentation sur
les divers aspects de ce thème, ce que nous
verrons dans la suite de cette étude.
9.3.2 Hébreux 3 & 4: se détourner du Dieu vivant ou le
contre-exemple d'Israël
Lecture:
Hébreux 3.6-19
6 mais Christ l'est
(fidèle) comme Fils sur sa maison; et sa
maison, c'est nous, pourvu que nous retenions
jusqu'à la fin la ferme confiance et
l'espérance dont nous nous glorifions.
7 C'est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit:
Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
8 N'endurcissez pas vos
coeurs, comme lors de la révolte,
Le jour de la tentation dans le désert,
9 Où vos pères me tentèrent
Pour m'éprouver, et ils virent mes oeuvres
Pendant quarante ans.
10 Aussi je fus irrité contre cette
génération, et je dis: Ils ont
toujours un coeur qui s'égare. Ils n'ont pas
connu mes voies.
11 Je jurai donc dans ma colère: Ils
n'entreront pas dans mon repos!
12 Prenez garde,
frères, que quelqu'un de vous
n'ait un coeur mauvais et incrédule,
au point de se détourner du Dieu
vivant.
13 Mais exhortez-vous les uns les autres chaque
jour, aussi longtemps qu'on peut dire: Aujourd'hui!
afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par
la séduction du péché.
14 Car nous sommes devenus participants de Christ,
pourvu que nous retenions fermement
jusqu'à la fin l'assurance que nous
avions au commencement,
15 pendant qu'il est dit:
Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
N'endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la
révolte.
16 Qui furent, en effet, ceux qui se
révoltèrent après l'avoir
entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis
d'Égypte sous la conduite de Moïse?
17 Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant
quarante ans, sinon contre ceux qui
péchaient, et dont les cadavres
tombèrent dans le désert?
18 Et à qui jura-t-il qu'ils n'entreraient
pas dans son repos, sinon à ceux qui avaient
désobéi?
19 Aussi voyons-nous qu'ils ne purent y entrer
à cause de leur
incrédulité.
Par le
verset 6, nous voyons que nous
sommes la maison de Jésus. D’autres
passages confirment cette pensée
(1 Corinthiens 3.16,
2 Corinthiens 6.16,
Éphésiens 2.22,...).
Pourtant, cette vérité est suivie
d’une condition:
...pourvu que nous retenions
jusqu'à la fin la ferme
confiance et l'espérance dont nous nous
glorifions.
Cette même pensée revient par la
suite au
verset 14.
Par cette condition, l’apôtre encourage
ses lecteurs à persévérer
jusqu’à la fin. Mais pourquoi donc? Il
va nous l’expliquer dans les versets suivants.
Il décide d’utiliser un épisode
bien connu de l’Histoire d’Israël
pour en faire un parallèle avec la vie du
chrétien.
Les
versets 7 à 11 rappellent
donc au lecteur la révolte du peuple
d’Israël contre son Dieu tout au long des
40 ans dans le désert, et notamment à
Kadès-Barnéa
(Nombres 14 = l’épisode
des 12 espions). Suite à cela,
l’Éternel résolut de ne pas
faire entrer ces hommes dans le pays promis, mis
à part Caleb et Josué qui
étaient restés droits et avaient
gardé confiance en Dieu.
En se référant à
l’Histoire du peuple de Dieu, l’auteur
veut avertir les croyants et c’est ce
qu’il fait à partir du
verset 12:
Prenez garde,
frères, que quelqu'un de
vous n'ait un coeur mauvais et
incrédule, au point de se
détourner du Dieu vivant.
Paroles au combien percutantes! En effet, nous
voyons par l’expression
« frères » que
l’apôtre s’adresse bel et bien
à des chrétiens qui sont
passés par l’expérience de la
nouvelle naissance, car ce n’est qu’ainsi
que nous pouvons recevoir ce titre. Il est vrai que
nous pourrions peut-être avancer qu’il
s’adressait ainsi à ses lecteurs parce
qu’ils étaient également Juifs
(ce qui n’est qu’une supposition), comme
l’a fait Paul à la synagogue
(Actes 13.26), mais cet argument ne
tient pas. En effet, la suite du verset nous montre
bien que ces personnes ont eu une expérience
de Dieu, car pour se détourner de
quelqu’un, il faut d’abord s’en
être approché!
L’avertissement donné, ainsi que la
suite des versets s’adressent donc bien
à des chrétiens. Est-ce donc possible
qu’un chrétien ait « un
coeur mauvais et incrédule »
et se révolte contre Dieu? Etant
donné les versets suivants, nous sommes
obligés de répondre par
l’affirmative. L’apôtre va
même jusqu’à envisager
l’endurcissement chez ces mêmes
personnes, l’endurcissement étant la
phase ultime de l’incrédulité
(v. 13: ...afin qu'aucun de vous
ne s'endurcisse par la
séduction du péché).
L’auteur de cette épître va
d’ailleurs anticiper ces questions en donnant
comme argument le
verset 16:
Qui furent, en effet, ceux qui se
révoltèrent après l'avoir
entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis
d'Égypte sous la conduite de Moïse?
Si donc Israël, le peuple choisi par Dieu,
ce peuple sauvé de l’esclavage en
Egypte symbole de notre libération de
l’esclavage du péché, si ce
peuple a pu se révolter contre
l’Éternel, le fait qu’un
chrétien le fasse aussi est tout à
fait envisageable. Nous ne sommes pas meilleurs
qu’eux, ce qui est arrivé dans le
passé peut aussi arriver de nos jours,
d’où le « prenez
garde! » qui retentit au
verset 12 et l’exhortation du
verset 15 (passage repris du
Psaume 95.7-8):
Aujourd'hui, si vous entendez sa
voix, n'endurcissez pas vos coeurs.
Juste en passant, il est intéressant de
souligner que cette exhortation est adressée
à des chrétiens, comme nous
l’avons vu plus haut, alors que nous, nous
utilisons plutôt ce verset pour avertir les
païens, pour
l’évangélisation...
L’apôtre Paul, dans sa première
lettre aux Corinthiens, avait aussi utilisé
cette même période de l’Histoire
d’Israël pour inviter ces lecteurs
à ne pas commettre les mêmes erreurs
que leurs pères (lire
1 Corinthiens 10.1-12) dont
« la plupart d'entre eux ne furent
point agréables à Dieu, puisqu'ils
périrent dans le
désert »
(v.5). Ainsi, il est facile de tirer
un parallèle entre ces versets et le
chapitre 3 d’Hébreux, et de dire avec
Paul:
Ces choses leur sont
arrivées pour servir d'exemples, et
elles ont été
écrites pour notre instruction,
à nous qui sommes parvenus à la fin
des siècles. Ainsi donc, que celui
qui croit être debout prenne garde de tomber!
-
1 Corinthiens 10.11-12
Les Israélites avaient bien
commencé, dans la victoire, mais ils n'ont
pas persévéré. Voilà
pourquoi l’auteur de
l’épître aux Hébreux
réitère son exhortation à
« retenir fermement
jusqu’à la fin l’assurance que
nous avions au commencement »
(3.14).
Pour continuer notre réflexion, relevons,
toujours dans ce même chapitre
d’Hébreux 3, les
caractéristiques qui pourraient nous
empêcher d’entrer dans le repos de Dieu,
tout comme elles ont empêchées les
Israélites d’entrer dans le pays
promis:
* l’endurcissement du coeur
notamment par la séduction du
péché
(v.8,
13,
15)
* tenter, éprouver Dieu (v.9)
* un coeur qui s’égare, ne
connaît pas les voies de Dieu, se
détourne du Dieu vivant
(v.10, 12)
* un coeur mauvais et incrédule
(v.12)
* la révolte
(v.8,
16)
* le péché
(v.17)
* la désobéissance
(v.18 +
4.6)
* l’incrédulité
(v.19)
Nous l’avons vu au
verset 11, la conséquence de
ces comportements, le jugement qui en a
découlé, fut
l’impossibilité pour le peuple
d’Israël d’entrer dans le repos de
Dieu (en tout cas pour la génération
sortie d’Égypte).
Le chapitre 4 va développer ce thème
du repos, qui, pour nous chrétiens, est
encore disponible et accessible par la foi (Pour
nous qui avons cru, nous entrons dans le repos,...
v.3). Ainsi, nous voyons que toutes
les exhortations du chapitre
précédent ont été
écrites dans le seul but que nous, croyants,
soyons attentifs à la Parole
annoncée, aux avertissements (v.2), pour
entrer dans ce repos que Dieu nous propose.
Efforçons-nous donc
d'entrer dans ce repos, afin que personne
ne tombe en donnant le même
exemple de désobéissance. -
Hébreux
4.11
9.3.3 Hébreux 6: les chrétiens sont-ils
concernés?
Lecture:
Hébreux 6.4-6
4 Car il est
impossible que ceux qui
ont été une fois
éclairés, qui ont
goûté le don céleste, qui ont
eu part au Saint-Esprit,
5 qui ont goûté la bonne parole de
Dieu et les puissances du siècle à
venir,
6 et qui sont tombés, soient
encore renouvelés et amenés à
la repentance, puisqu'ils crucifient
pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent
à l'ignominie.
A propos du passage d’Hébreux 6,
certaines personnes pensent que ce sérieux
avertissement ne peut pas s’adresser à
de véritables chrétiens ayant fait
l’expérience du salut. Pour eux
l’expression « ceux qui ont
été une fois
éclairés » ne concerne
que ceux qui ont eu une première
expérience avec Christ ou sa Parole et qui
ne se seraient pas réellement engagés
avec lui. Mais en méditant sur ce passage,
nous verrons qu’il y a trois expressions qui
nous font dire le contraire.
...qui ont été une fois
éclairés...
Cette même expression revient un peu plus
loin, en
Hébreux 10.32 (en grec, on
retrouve les deux fois le mot
« photizo »). Regardons
donc le contexte pour comprendre de qui il est
question dans ce deuxième passage:
Souvenez-vous de ces premiers
jours, où, après avoir
été
éclairés, vous avez
soutenu un grand combat au milieu des souffrances,
d'une part, exposés comme en spectacle aux
opprobres et aux afflictions, et de l'autre, vous
associant à ceux dont la position
était la même. En effet, vous avez eu
de la compassion pour les prisonniers, et vous avez
accepté avec joie l'enlèvement de vos
biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et
qui durent toujours. -
Hébreux 10.32-34
Après lecture de ces versets, nous voyons
bien qu’il ne peut s’agir que de
croyants! En effet nous voyons qu’ils:
- ont soutenu un grand combat au milieu des
souffrances
- ont été exposés comme en
spectacle aux opprobres et aux afflictions
- ont eu de la compassion pour les prisonniers
- ont accepté avec joie
l’enlèvement de leurs biens... et
pourquoi donc?
...parce qu’ils avaient des biens meilleurs
et qui durent toujours!!!
Or seuls des chrétiens peuvent avoir un tel
comportement et surtout une telle espérance
face à l’avenir. De ce fait, nous
pouvons conclure qu’il n’y a aucune
raison pour que « ceux qui ont
été une fois
éclairés » dans le passage
d’Hébreux 6.4 ne soient pas
aussi des croyants.
...et qui sont tombés...
Au
verset 6, les versions Darby et
Osterwald utilisent comme Second le terme de
« tomber », mais j’aime
bien la Bible annotée qui donne un autre
éclairage avec cette expression:
« qui ont fait
défection... » Le dictionnaire
donne cette définition: le fait d'abandonner
ce à quoi on était lié, un
parti, une opinion, des alliés, une
cause,...
Ce verset d’Hébreux 6.6 est la seule
place dans le Nouveau Testament où ce terme
(en grec « parapipto »)
est employé. Les notes en lien avec les
numéros Strong nous donnent quelques
précisions quant à la traduction de
ce mot:
1) tomber à
côté d'une personne ou d'une chose,
retomber hors de
2) glisser de côté
2a) dévier du droit
chemin, se détourner, errer
2b) faire une erreur
2c) chuter (de la vraie foi), de l'adoration de
l'Éternel
Là encore, ces définitions nous
montrent qu’il est bien question de croyants
car on ne peut dévier du chemin
étroit que si on y était
déjà engagé...
... soient encore renouvelés et
amenés à la repentance...
Une fois de plus, si nous nous arrêtons
sur les mots que le Saint-Esprit a inspirés,
nous réalisons que cet avertissement ne peut
s’adresser qu’à des
chrétiens. En effet, dans ce verset il est
question qu’ils « soient
changés de nouveau par
la repentance » (version David
Martin), ce qui nous montre que la conversion
avait déjà eu lieu. Cette
idée de répétition se retrouve
dans les versions Second, Darby, Ostervald et la
Bible Annotée qui emploient le terme de
« renouveler », mais elle est
encore plus frappante dans la version King James -
« If they shall fall away, to renew
them again unto repentance,... » -
où le mot
« again », qui signifie
encore, à nouveau, renforce le mot
renouveler.
Maintenant que nous avons démontré
que ce texte s’adressait bien à des
chrétiens, regardons d’un peu plus
près le contenu de cet avertissement. Comme
nous l’avons vu au verset 6, il est question
de chrétiens qui sont tombés et pour
lesquels la repentance n’est plus
possible.
Comment cela peut-il se produire? Qu’est-ce
qui peut bien conduire un homme ou une femme dans
une telle position de non-retour? La réponse
se trouve dans les chapitres
précédents. En effet, les
exhortations du chapitre 3 à ne pas endurcir
son coeur sont en lien très étroit
avec l’avertissement d’Hébreux
6.4-6. L’apôtre les a données
afin que ses lecteurs ne se retrouvent pas dans ce
cas de figure où il serait impossible pour
eux de revenir à la repentance parce
qu’ils auraient été trop loin
dans l’endurcissement du coeur dont la source
est le péché (cf.
Hébreux 3.13).
Il ne s’agit donc pas d’un
péché occasionnel, mais cet
état est bien le fruit d’un
endurcissement volontaire et progressif qui
amène à ne plus vouloir de
Christ.
Oui, ils ont eu part au Saint-Esprit, mais si
l’Esprit saint peut travailler les coeurs,
reprendre les consciences et avertir pour un temps,
l’endurcissement conduit à
l’attrister et l’empêche
d’agir, tout comme une terre dure et
sèche ne se laisse plus
pénétrer par l’eau...
En refusant d’écouter les
avertissements que Dieu leur a donnés, en
s’endurcissant dans le péché
alors qu’ils ont toute la connaissance de la
volonté de Dieu vu qu’ils ont
« goûté la bonne parole
de Dieu », ils rejettent
l’oeuvre de Christ comme la foule qui
criât à Pilate:
« crucifie-le,
crucifie-le! »...
9.3.4 Hébreux 10: le péché
volontaire
Lecture:
Hébreux 10.26-39
26 Car, si nous
péchons volontairement
après avoir reçu la
connaissance de la vérité, il ne
reste plus de sacrifice pour les
péchés,
27 mais une attente terrible
du jugement et l'ardeur d'un feu qui
dévorera les rebelles.
28 Celui qui a violé la loi de
Moïse meurt sans miséricorde, sur la
déposition de deux ou de trois
témoins;
29 de quel pire
châtiment pensez-vous que sera
jugé digne celui qui aura
foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura
tenu pour profane le sang de l'alliance, par
lequel il a été sanctifié,
et qui aura outragé l'Esprit de la
grâce?
30 Car nous connaissons celui qui a dit:
A moi la vengeance, à moi la
rétribution! et encore: Le Seigneur jugera
son peuple.
31 C'est une chose terrible que de tomber entre les
mains du Dieu vivant.
32 Souvenez-vous de ces premiers jours, où,
après avoir été
éclairés, vous avez soutenu un grand
combat au milieu des souffrances,
33 d'une part, exposés comme en spectacle
aux opprobres et aux tribulations, et de l'autre,
vous associant à ceux dont la position
était la même.
34 En effet, vous avez eu de la compassion pour les
prisonniers, et vous avez accepté avec joie
l'enlèvement de vos biens, sachant que vous
avez des biens meilleurs et qui durent
toujours.
35 N'abandonnez donc pas votre assurance, à
laquelle est attachée une grande
rémunération.
36 Car vous avez besoin de
persévérance,
afin qu'après avoir accompli la
volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous
est promis.
37 Encore un peu, un peu de temps: celui
qui doit venir viendra, et il ne tardera pas.
38 Et mon juste vivra par la foi; mais,
s'il se retire, mon âme ne prend
pas plaisir en lui.
39 Nous, nous ne sommes pas de
ceux qui se retirent pour se
perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver
leur âme.
Comme nous le montre ce petit mot
« car »(8)
du
verset 26, cet avertissement
découle des exhortations de l'auteur des
versets précédents
(v.23-25). En effet, les lecteurs
étaient encouragés à retenir
fermement la profession de leur espérance,
à veiller les uns sur les autres, à
s'exciter à l'amour, à ne pas
abandonner leur assemblée et à
s'exhorter réciproquement... tout ce qui est
nécessaire pour se tenir
éveillés. Et si l'apôtre,
inspiré par le St-Esprit, leur a
recommandé cela, c'est bien parce qu'il
connaissait les conséquences d'un
relâchement spirituel, conséquences
dont il fait part dans les versets cités
ci-dessus.
...si nous péchons
volontairement...
La première remarque que nous
pouvons faire est que l'apôtre s'inclut dans
cet avertissement vu qu'il est écrit
« si nous
péchons... ». Donc nous
pouvons en conclure que même un
chrétien avancé dans la foi doit se
sentir concerné par cette mise en garde.
Les notes liées aux termes grecs
(numéros strong) de l'Online Bible
« volontairement » (en grec,
« hekousios ») nous donne
l'éclairage suivant:
1) volontairement, avec son propre accord,
spontanément
1a) du péché avec
obstination, opposé au péché
commis sans réflexion et qui vient de
l'ignorance ou de la faiblesse
Ce « péché
volontaire » est donc bien un état
d'endurcissement comme nous l'avons vu
précédemment.
...après avoir reçu la
connaissance de la vérité...
Ce qui fait toute la gravité de ce
péché volontaire, c'est qu'il a lieu
après avoir reçu la
connaissance de la vérité. Comme nous
l'avons déjà vu, la
vérité peut être la
vérité de la parole de Dieu (Ta
parole est la vérité.
Jean 17.17) ou Jésus
lui-même, la parole faite chair (Je suis
le chemin, la vérité,
et la vie.
Jean 14.6). Nous voyons dans
l'Évangile de Jean ce que connaître la
vérité nous apporte:
...vous connaîtrez la
vérité, et la
vérité vous affranchira. -
Jean 8.32
Mais il nous faut pas oublier le verset
précédent où Jésus
lui-même nous montre la condition qui y est
liée, à savoir demeurer dans sa
parole, ce qui signifie aussi obéir à
ses commandements.
Et il dit aux Juifs qui avaient
cru en lui: Si vous demeurez dans
ma parole, vous êtes vraiment mes
disciples... vous connaîtrez la
vérité, et la vérité
vous affranchira. -
Jean 8.31-32
Ainsi recevoir la vérité n'est pas
une fin en soi, mais il y a tout une
démarche de persévérance qui
doit suivre, comme nous le montre aussi ce verset:
Ainsi donc, comme vous avez
reçu le Seigneur Jésus-Christ,
marchez en lui, étant
enracinés et
fondés en lui, et
affermis par la foi,
d'après les instructions qui vous ont
été données... -
Colossiens 2.6-7
Nous pouvons donc avoir reçu cette
connaissance de la vérité, mais
ensuite c'est à nous de tenir fermes et de
persévérer dans ce que nous avons
reçu pour ne pas tomber dans ce cas de
figure dont il est question dans ce chapitre 10
d'Hébreux, dont les conséquences sont
terribles.
On pourrait peut-être me répliquer que
cette « connaissance de la
vérité » ne veut pas
dire une conversion pleine et entière, mais
juste une première approche, une
connaissance intellectuelle. Mais cet argument peut
être réfuté en regardant les
versets qui parlent de la connaissance dans le
Nouveau Testament. Nous voyons en effet qu'elle est
toujours mentionnée après la
repentance, ou en tout cas dans un contexte qui
s'adresse à des chrétiens. Voici
quelques versets:
...Dieu notre Sauveur, qui veut
que tous les hommes soient sauvés
et
parviennent à la connaissance de
la vérité. -
1 Timothée 2.4
...il doit redresser avec douceur les adversaires,
dans l'espérance que Dieu leur
donnera la repentance pour arriver à
la connaissance de la
vérité,... -
2 Timothée 2.25
En effet, si, après
s'être retirés des
souillures du monde, par la
connaissance du Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, ils s'y engagent de
nouveau et sont vaincus, leur dernière
condition est pire que la première. -
2 Pierre 2.20
Il en est parmi eux qui s'introduisent dans les
maisons, et qui captivent des femmes d'un esprit
faible et borné, chargées de
péchés, agitées par des
passions de toute espèce,
apprenant toujours et ne pouvant jamais
arriver à la connaissance de la
vérité. -
2 Timothée 3.5
Or ce dernier verset est très clair. Ces
personnes ont l'apparence de la
piété, elles apprennent toujours et
ont donc sans nul doute de bonnes connaissances
« théoriques ». Mais
Dieu est formel, ils n'ont pas cette
« connaissance de la
vérité »! Nous voyons donc
que cet avertissement
d'Hébreux 10.26-27 s'adresse
à la même population
qu'Hébreux 6.4-6,
« ceux qui ont été une
fois éclairés », et les
conséquences sont donc les mêmes,
comme nous allons le voir.
De plus, l'expression « par lequel il
a été
sanctifié »
(Hébreux 10.29), en parlant du
sang de l'alliance, nous prouve qu'il est bel et
bien question d'un chrétien qui a
expérimenté le pardon de ses
péchés, et montre bien son
état de « sauvé »
avant sa rebellion...
...il ne reste plus de sacrifice pour les
péchés...
Pour comprendre cette phrase terrible, il
nous faut la remettre dans le contexte de cette
épître (cf. 9.5 Le paradoxe de
l'épître aux Hébreux). En
effet, par différents passages de l'Ancien
Testament, l'apôtre a développé
comment l'ancienne alliance a été
abolie pour être remplacée par une
bien plus excellente dont Christ est le
médiateur
(Hébreux 8.7). Donc si les
sacrifices de l’ancienne alliance ont
été aboli et si par notre
comportement rebelle, nous méprisons la
grâce de la nouvelle alliance qui nous est
offerte, que reste-t-il pour le pardon de nos
péchés? Rien! Car seul le sang de
Jésus est efficace! Il est impossible de
trouver de nouveaux moyens de salut, car...
Il n'y a de salut en aucun
autre; car il n'y a sous le ciel aucun
autre nom qui ait été donné
parmi les hommes, par lequel nous devions
être sauvés. -
Actes 4.12
Ainsi, comment avoir « une libre
entrée dans le sanctuaire »
(v.19), comment s'approcher de Dieu
« les coeurs purifiés d'une
mauvaise conscience, et le corps lavé d'une
eau pure »
(v.22) si nous foulons aux pieds le
sang de Jésus par notre endurcissement dans
le péché? En effet, le seul moyen est
le sang de Jésus
(v.19).
Voici une illustration, peut-être un peu
simpliste il est vrai, mais qui peut nous aider
à comprendre ce qui vient d’être
dit. En effet, nous pourrions comparer le
changement d’alliance à un changement
de monnaie, comme cela s’est passé en
France il y a quelques années. Depuis que le
changement de monnaie a eu lieu, il est impossible
d'acheter quoique ce soit avec les Francs
français. Si donc nous avons accepté
de les convertir en Euros, nous pouvons
bénéficier de leurs
« bienfaits », en achetant ce
qui nous est nécessaire pour vivre, par
exemple. Mais admettons que pour une raison ou une
autre, nous « foulions aux
pieds » les Euros, que nous les
méprisions, nous nous retrouverions alors
dans l’impossibilité d’acheter
quoi que ce soit...
...mais une attente terrible du jugement et
l'ardeur d'un feu qui dévorera les
rebelles...
Le jugement terrible qui tombera sur de
telles personnes qui ont méprisé la
grâce est la seule chose qui reste. C'est
donc là la conséquence finale, et
combien tragique, d'un tel comportement...
Soyons donc de ceux qui disent avec l'apôtre:
Mais pour nous, nous
n'avons garde de nous soustraire [à notre
Maître] ; ce serait notre perdition
; mais nous persévérons
dans la foi, pour le salut de l'âme. (David
Martin)
Mais pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se
retirent pour la perdition, mais de ceux qui
croient pour la conservation de
l’âme. (Darby) -
Hébreux 10.39
9.4 Synthèse des
avertissements de l'épître aux
Hébreux
Après s'être arrêtés
sur les avertissements de cette
épître, nous voyons qu'il y a une
harmonie entre ces différentes exhortations
qui se rejoignent. En effet, nous avons à
faire à:
La même population: des
chrétiens
... ceux qui doivent hériter
du salut...
...ceux qui ont été une fois
éclairés, qui ont goûté
le don céleste, qui ont eu part au
Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne
parole de Dieu et les puissances du siècle
à venir...
(6.4-5)
...après avoir reçu la connaissance
de la vérité...
(10.26)
...le sang de l'alliance, par lequel il a
été sanctifié...
(10.29)
Le même problème: le
péché volontaire
...en négligeant un si grand
salut...
(2.3)
...et qui sont tombés,...
(6.6)
Car, si nous péchons volontairement...
(10.26)
Les mêmes conséquences:
l'impossibilité d'être à
nouveau restauré
Car il est impossible... (qu'ils)
...soient encore renouvelés et amenés
à la repentance...
(6.6)
...il ne reste plus de sacrifice pour les
péchés, mais une attente terrible du
jugement et l'ardeur d'un feu qui dévorera
les rebelles. (10.26-27)
La même raison du jugement: le
mépris du Fils de Dieu
...puisqu'ils crucifient pour leur
part le Fils de Dieu et l'exposent à
l'ignominie.
(6.6)
...celui qui aura foulé aux pieds le Fils de
Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de
l'alliance, par lequel il a été
sanctifié, et qui aura outragé
l'Esprit de la grâce...
(10.29)
9.5 Le paradoxe de
l'épître aux
Hébreux
Avant d'aller plus loin, je vous invite à
relire tranquillement la première partie de
ce chapitre, celle qui parle de l'oeuvre de
Jésus et les bénéfices pour le
croyant (cf.
chapitre 9.2).
Alors que ces passages parlent de
sécurité, de la
fidélité, de l’amour de
Jésus pour les siens, les avertissements que
nous venons de lire retentissent comme un coup de
tonnerre dans un ciel bleu!
Nous nous retrouvons donc devant ce qui semble a
priori comme un paradoxe. En effet, d'un
côté, l'auteur nous expose
Jésus comme étant un souverain
sacrificateur miséricordieux, qui nous
propose une alliance nouvelle, meilleure que la
précédente, qui nous sanctifie, qui
est là pour nous secourir dans nos
faiblesses et intercéder pour nous, et dans
cette même lettre viennent s'entremêler
des mises en garde quant à notre salut, nous
parlant même d'un état où le
retour en arrière, la repentance n'est plus
possible...
Dès lors comment comprendre ce paradoxe?
Comment expliquer que ces textes cohabitent dans la
même épître? Loin de moi
prétendre expliquer tout ce mystère,
mais j'aimerais néanmoins partager quelques
réflexions sur ce sujet.
9.5.1 Place des mises en garde
dans cette épître
Tout d'abord, il est important de
préciser qu'une vérité
n'exclut pas l'autre! Il ne sert à rien de
nier les textes parlant de l'oeuvre parfaite de
Jésus, ni les avertissements concernant la
perte du salut. Si ces deux points sont dans la
Bible, c'est qu'ils ont leur place. Si Dieu ne peut
se contredire, cela signifie que ces deux aspects
sont essentiels et complémentaires.
Dès lors, comment expliquer la place de ces
mises en garde dans cette lettre? Tout d'abord, il
est à relever que cette épître
est l'une de celles qui parle le plus de l'oeuvre
de Jésus et de son ministère
sacerdotal en notre faveur. En mettant un tel
accent sur Christ, son oeuvre et le résultat
de son sacrifice, cela ne fait que renforcer la
gravité, la solennité des textes
contenant les avertissements.
Il faut comprendre que ces mises en garde ne sont
pas là pour minimiser l’oeuvre de
Jésus, mais au contraire pour faire prendre
conscience au chrétien la grandeur de
l'oeuvre de grâce accomplie à la
croix, du prix et du sérieux du salut et
donc de sa propre responsabilité face
à son comportement.
Dieu nous a créés en tant
qu’être humain responsable, assumant la
conséquence de ses actes, et la nouvelle
naissance ne change pas ce principe, comme nous le
montre ce verset du Nouveau Testament:
Ne vous y trompez pas:
on ne se moque pas de Dieu. Ce
qu'un homme aura semé, il le moissonnera
aussi. Celui qui sème pour sa
chair moissonnera de la chair la
corruption; mais celui qui sème
pour l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie
éternelle. -
Galates 6.7-8
Ainsi donc notre comportement, notre conduite en
tant que chrétien a son importance! Et
vouloir rester dans un état de
péché, quelqu'en soit la raison,
c'est retourner à ce que nous avions vomi
(2 Pierre 2.22), et cela montre que
nous n’avons pas compris l’horreur du
péché, la sainteté de Dieu et
l’amour de Jésus. C'est mépriser
son oeuvre accomplie à la croix et donc le
sang de l'alliance nouvelle, comme
Hébreux 10 en parle.
Malgré tout l'amour et la compassion de
notre Dieu, il nous faut aussi nous rappeler que
« notre Dieu est aussi un feu
dévorant. »
(Hébreux 12.29).
Ces exhortations peuvent sembler dures. L'auteur de
cette épître en était
conscient, c'est pourquoi il écrit encore,
en guise de conclusion:
Je vous prie, frères, de
supporter ces paroles d'exhortation, car je vous ai
écrit brièvement. -
Hébreux 13.22
Supportons donc ces paroles inspirées par
le St-Esprit, méditons-les et prenons-y
garde!
9.5.2 La clé du paradoxe
ou les conditions pour avoir la vie
La clé de ce paradoxe pourrait
peut-être se trouver dans une idée qui
revient tout au long de cette épître:
Retenons fermement
la profession de notre espérance, car
celui qui a fait la promesse est
fidèle. -
Hébreux 10.23
Car nous sommes devenus participants de Christ,
pourvu que nous retenions fermement
jusqu'à la fin l'assurance que
nous avions au commencement,... -
Hébreux 3.14
...demeurons fermes dans la
foi que nous professons. -
Hébreux 4.14
...nous dont le seul refuge a
été de saisir
l'espérance qui nous était
proposée. - Hébreux 6.18
Cette foi, cette espérance est
nécessaire à la vie
chrétienne, et les exemples
d'Hébreux 11 sont là
pour nous le prouver. Si le salut est gratuit, si
celui qui a fait la promesse est fidèle pour
la tenir, notre part est de retenir fermement ce
qui nous a été donné
gratuitement, cette espérance merveilleuse
dont il est question dans cette
épître, mais il est vrai que cela
demande des efforts.
D'ailleurs, si nous comparons différentes
versions pour le passage
d'Hébreux 10.23, nous voyons
que pour conserver cette « pleine
certitude de l'espérance »
(versions Ostervald, Martin et Bible
Annotée), une démarche est
nécessaire; il faut de l'
« ardeur » (Ostervald), du
« soin » (Martin), du
« zèle » (Bible
annotée, Second) ou de la
« diligence » (Darby). Tous ces
synonymes montrent bien qu'il y a un effort
à faire, à fournir.
Il est intéressant aussi de noter que
l'apôtre termine son épître par
des exhortations qui me semblent être la
réponse aux avertissements donnés.
Après avoir montré la grandeur du
salut dont nous sommes au bénéfice,
après avoir démontré les
conséquences de l'incrédulité
et de l'état continuel de
péché, l'auteur nous explique par les
exhortations
du chapitre 12 comment faire pour
conserver cette espérance, pour
persévérer dans ce chemin
étroit. En voici les points-clés:
Rejeter le péché
Nous donc aussi, puisque nous
sommes environnés d'une si grande
nuée de témoins, rejetons
tout fardeau, et le péché qui nous
enveloppe si facilement, et
courons avec
persévérance
dans la carrière qui nous est ouverte...
(v.1)
Garder les yeux fixés sur
Jésus, l'exemple parfait
... ayant les regards
sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui
lui était réservée, a souffert
la croix, méprisé l'ignominie, et
s'est assis à la droite du trône de
Dieu. Considérez, en
effet, celui qui a supporté contre
sa personne une telle opposition de la
part des pécheurs, afin que vous ne vous
lassiez point, l'âme
découragée. Vous n'avez pas encore
résisté jusqu'au sang, en luttant
contre le péché.
(v.2-4)
Ne pas mépriser le châtiment de
Dieu (comme Israël l'a fait), mais le
supporter
Et vous avez
oublié l'exhortation qui vous est
adressée comme à des fils: Mon fils,
ne méprise pas le châtiment
du Seigneur, et ne perds pas courage
lorsqu'il te reprend; Car le Seigneur châtie
celui qu'il aime, Et il frappe de la verge tous
ceux qu'il reconnaît pour ses fils.
Supportez le châtiment:
c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel
est le fils qu'un père ne châtie pas?
Nos pères nous châtiaient pour peu de
jours, comme ils le trouvaient bon; mais
Dieu nous châtie pour notre bien,
afin que nous participions à sa
sainteté. Il est vrai que
tout châtiment semble d'abord un sujet de
tristesse, et non de joie; mais il
produit plus tard pour ceux qui ont
été ainsi exercés un fruit
paisible de justice.
(v.5-11)
L'obéissance
D'ailleurs, puisque nos
pères selon la chair nous ont
châtiés, et que nous les avons
respectés, ne devons-nous pas à bien
plus forte raison nous soumettre au
Père des esprits, pour avoir la vie?
(v.8)
Ce qui rejoint
Hébreux 5.9:
(C’est lui
Jésus)...qui, après avoir
été élevé à la
perfection, est devenu pour tous ceux
qui lui obéissent l'auteur
d'un salut éternel,...
Il est intéressant de noter que
l’apôtre parle d’un salut
éternel, mais qu’il est bien
conditionnel, vu qu’il est destiné
« pour tous ceux qui lui
obéissent ». Quant à
l’expression « un salut
éternel », nous pourrions
faire les mêmes remarques que celles faites
dans le chapitre
2 sur la vie éternelle.
La sanctification
Fortifiez donc vos mains
languissantes et vos genoux affaiblis; et suivez
avec vos pieds des voies droites, afin que ce qui
est boiteux ne dévie pas, mais plutôt
se raffermisse. Recherchez la paix avec
tous, et la sanctification, sans laquelle personne
ne verra le Seigneur. Veillez à
ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu;
à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant
des rejetons, ne produise du trouble, et que
plusieurs n'en soient infectés.
(v.12-15)
Dieu nous châtie pour notre bien, afin que
nous participions à sa
sainteté.
(v.10)
La persévérance
...courons avec
persévérance dans la
carrière qui nous est ouverte...
(v.1)
...afin que vous ne vous lassiez
point, l'âme
découragée.
(v.3)
Écouter la voix de Dieu
Gardez-vous de refuser d'entendre
celui qui parle; car si ceux-là n'ont pas
échappé qui refusèrent
d'entendre celui qui publiait les oracles sur la
terre, combien moins
échapperons-nous, si nous nous
détournons de celui qui parle du haut des
cieux...
(v.25)
Ce verset fait écho avec la
première exhortation de cette
épître, en
Hébreux 2.2-3:
Car, si la parole annoncée par des anges
a eu son effet, et si toute transgression et toute
désobéissance a reçu une juste
rétribution, comment échapperons-nous
en négligeant un si grand salut...?
Toutes ces exhortations rejoignent celle de
l'apôtre Paul, non pas que le salut
s'acquiert par des oeuvres, loin de là, mais
comme nous le disions, c'est à nous de
travailler pour garder ce précieux
trésor:
Ainsi, mes bien-aimés,
comme vous avez toujours obéi,
travaillez à votre
salut avec crainte et
tremblement, non seulement comme en ma
présence, mais bien plus encore maintenant
que je suis absent... -
Philippiens 2.12
10. Conclusion
Ainsi, suite à cette étude, je
peux affirmer que j’ai l’assurance de mon
salut. Je sais que je le possède et je ne
crains pas de le perdre tant que je marche dans le
chemin étroit et que je ne m’en
détourne pas. Il est vrai qu’il y a
dans la Bible des versets qui nous montrent
clairement que l’on peut perdre son salut,
mais ils sont là non pour me faire vivre
dans la crainte, mais pour que je sois vigilante
tous les jours de ma vie, et que je continue ma vie
chrétienne avec le même but:
Jésus-Christ!
En guise de conclusion, j'aimerais encore partager
l’illustration suivante que j'ai beaucoup
aimée. Il me semble qu'elle explique et
résume bien comment tenter de comprendre le
paradoxe de cette épître aux
Hébreux, et du reste de la Bible, en ce qui
concerne cette question de salut.
« Pour répondre
aux besoins divers des âmes, les deux faces
de notre condition terrestre doivent nous
être également
présentées. Nous avons un abîme
à traverser pour parvenir sur la rive
escarpée du salut éternel ; la
grâce de Dieu a jeté un pont sur cet
abîme. Engagé sur l'étroit
passage, je pourrais être saisi de crainte,
de doute, de découragement : voici
à ma droite une barrière, c'est
l'assurance de la foi fondée sur la
grâce éternelle de mon Dieu. Ou bien,
je pourrais me laisser choir par une
présomption orgueilleuse, une fausse
sécurité, un relâchement
charnel : voici à ma gauche une autre
barrière, c'est l'avertissement solennel qui
me montre la possibilité effrayante de me
perdre.
Ainsi prémuni, l'enfant de Dieu ne se
rejettera ni à droite ni à gauche,
mais marchera droit vers le but, et il y parviendra
pour donner toute gloire à la grâce de
son
Dieu. (9)»
***
|