Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Lettres de Direction spirituelle inédites




PRÉFACE

À lire les lettres de Félix Neff, on ne peut que se sentir très petit. L'évangéliste des Hautes-Alpes n'a pas laissé d'œuvre littéraire. Il a laissé sa courte vie, une vie d'homme, simple et droite, mais une vie remplie de l'Esprit. Les lettres permettent au lecteur un contact d'un prix inestimable avec l'homme, et avec l’œuvre qu'il écrivit, comme l'Apôtre, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, dans les cœurs.

Il y a une grande beauté dans une vie achevée. Tant que la vie se fait,
nul n'en discerne le plan, que Dieu seul connaît. Quand la fin est venue, plus encore le recul du temps, tout s'éclaire dans la destinée de celui qui a vécu en communion avec son Dieu. Par la foi et par l'obéissance, il a suivi un plan, mystérieux encore pour lui. Dieu est fidèle, et la vie de l'homme qui s'est confié en lui, est un chef-d’œuvre, réalisé par l’architecte divin, malgré les faiblesses et les chutes de son enfant.

Ainsi en est-il de Félix Neff. Aussi faut-il lire les Lettres de direction spirituelle après la Biographie extraite de ses lettres. Chaque lettre donnera une richesse plus grande à l'esprit qui l'abordera dans une atmosphère toute baignée de la connaissance de l'auteur. La brève et ardente destinée de l'évangéliste se retrouve tout entière présente en ces messages. Chacun d'eux part du cœur, et va
au cœur pour g produire une transformation spirituelle, que Neff se représente toujours avec clairvoyance et avec précision. Les Lettres sont toutes nourries de la réalité des montagnes et des vallées des Hautes-Alpes, plus encore de la réalité humaine, des êtres concrets, simples montagnards, âmes précieuses, au contact desquelles s'affinait son expérience, et dont on ne peut pas séparer la destinée de celle de l'évangéliste. Quelle signification profonde la mort, dont nous connaissons, nous, la date, donne aux lignes qui furent dictées de son lit de maladie !

En Félix Neff, les qualités de l'homme se retrouvent dans les lettres et dans le style. Il n'a pas suivi le cycle des études théologiques ; mais il n'est pas un ignorant, et son esprit n'a rien de médiocre. Il apprécie les études, particulièrement celles qui portent sur le concret, l'histoire, l'histoire naturelle. L'écriture porte un tant soit peu la marque de l'époque, qui fut,
on le sait, sujette à l'emphase ; mais la personnalité de Neff domine ce penchant et s'affirme dans sa simplicité, à travers même les quelques formes qui risquent de nous paraître vieillies. Il y a dans le style une marque personnelle, on voudrait presque dire une griffe : l'homme est un chrétien sans titres ni diplômes qui va droit au but, au cœur de l’homme à qui il parle. Les comparaisons ont de vives couleurs ; elles sont nettes et pleines de bon sens.

Quant au fond, c'est bien de direction spirituelle qu'il s'agit. Pour Neff, le christianisme ne se sépare pas des âmes. Il est doctrine certes, et Neff a une certitude réfléchie de la vérité absolue qu'il apporte. Sur la Révélation parfaite de Dieu. en Jésus-Christ, sur l'autorité des Saintes-Écritures, sa pensée ne vacille pas un instant. Mais, de même que toute la révélation biblique est concentrée en Jésus-Christ dans son Incarnation, de même toute la doctrine que prêche Neff n'existe que parce qu'elle prend corps dans des êtres de chair. La vérité est lumière et puissance de vie elle prend possession des hommes, au prix des durs combats de la prière et de la prédication fidèle. Elle modèle ensuite leur vie spirituelle. Jamais Neff n'accepte de dévier vers la spéculation abstraite qui, semblable à la poulie folle qui n'entraîne aucun engrenage, se soustrait au contrôle des choses créées, et du même coup perd toute emprise sur elles, C’est pourquoi la pensée, qui s'exprime dans les Lettres, est pénétrée de l'esprit que leur auteur voulait voir régner dans les cercles d'édification mutuelle, qui caractérisent le Réveil de Mens et des Hautes-Alpes. Neff a reconstitué là, dans l'expérience vécue, ce que les Moraves de leur côté, les Méthodistes du leur, avaient jugé, eux aussi, indispensable à la vie
chrétienne. Dans ces groupes, chaque chrétien a un ministère à exercer, selon le don reçu de Dieu. Si Neff exerce une direction, c'est en vertu des dons que Dieu lui a confiés. On imagine cependant que, dans la conversation, il devait savoir amener chaque âme à être en bénédiction aux autres ; en sorte que, sans oublier le ministère éminent qu'il exerça au milieu de ses frères, on peut dire que les Lettres entrent dans ce partage de la vie spirituelle, cette édification réciproque, cet amour concret, qui constituent, d'après le Nouveau Testament, le propre de l'Eglise de Jésus-Christ.

Grâce à cette conception si profonde, si simple, et si scripturaire de la vie chrétienne, Neff sut éviter le piège du sectarisme. Il ne voyait nulle nécessité de grouper les croyants réveillés en une nouvelle organisation ecclésiastique. Il saluait avec joie les conversions authentiques, partout où elles ce produisaient. Par la direction spirituelle, par l'édification mutuelle, le Réveil voulait prendre place au dedans même du cadre transmis par la coutume : ce n'est pas à dire que ce cadre fût
par lui-même satisfaisant ou qu'il représentât une donnée intangible ! Le Réveil est un vin nouveau pour lequel il faut toujours une outre neuve. Mais ce qui semble avoir été dans l'esprit de Neff, et ce qu'il a pu commencer de réaliser, grâce à l'indépendance relative dont il jouissait dans les Hautes-Alpes, c'est une transformation de l'église obtenue du dedans et par des moyens spirituels.

Quel eût été le développement de la pensée et de l’action de Neff s'il eût vécu plus longtemps, on ne peut le prévoir. La lettre à M Fivaz, du 6 mai 1821– Neff a vingt-quatre ans ! – témoigne cependant d'une maturité et d'une clairvoyance. telles, qu'on ne voit pas ce que Neff aurait pu changer par la suite. Et pourquoi y changerait-on quelque chose aujourd'hui ? Dans quelle autre voie pourrait-on engager un réveil, surtout dans une situation. comme est la nôtre aujourd'hui, où les églises ne sauraient plus compter sur l'appui de l'État pour combattre la prédication de l'Évangile de la grâce, et où le peuple de ces églises éprouve certainement un besoin profond de l'entendre ?

Deux traits de la personnalité de Neff, en dehors des questions de pensée, sont particulièrement attachants. J'ai nommé le désintéressement, et le courage. Neff travaille réellement pour Jésus-Christ, et Jésus-Christ seul. Avec une prodigalité dont il s'est peut-être repenti, il a donné sa santé en un dévouement obscur, dont notre amour actuel du confort ne saura pas mesurer la qualité : car qui de nous mesurerait – et il faudrait que l’instrument de mesure fût notre propre corps – les marches dans la neige et dans la nuit, les escalades, ta vie sans foyer, sans le secours d'une femme, sans la caresse d'un enfant mais le désintéressement était plus profond encore : désintéressement de tout titre et de fout honneur, désintéressement de tout ce qui n'était pas la nouvelle naissance d'une âme aux pieds de Jésus crucifié. À ce désintéressement total, s'allie le courage de celui qui a pris au sérieux les paroles du Christ relatives à la persécution que doivent subir ses disciples. « Cela ne finira pas... tant que vous resterez fidèle », disait-il en parlant des difficultés suscitées à son ami, le pasteur André Blanc. Mot admirable du « caporal au cœur d'acier », comme l'appelait Ami Bost, du sergent d'artillerie devenu témoin de Jésus, et qui fit
sa tâche en trouvant tout naturel de recevoir des coups.

Nous l'aimons et nous le sentons près de nous par l’esprit. Nous l'admirons et nous le louons. Prenons garde. S'il pouvait revenir parmi nous et lire tout cela ? Prenons garde qu'il ne nous dit alors, citant le Maître : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes, et que vous dites : Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes... » Il ne convient pas de mettre Neff au rang de ces morts dont on orne les tombeaux. Plutôt qu'il soit un prophète vivant au milieu de nous, et que, par la grâce de Dieu, lecteur ami, tu lises, afin de devenir toi-même un prophète vivant aujourd'hui.

L. DALLIÈRE.



AVANT-PROPOS

Il faut se réjouir que soient étudiées, de plus en plus, et avec tant d'attention, les questions de psychologie religieuse.
Cependant, à trop analyser les anomalies de la vie intérieure, on peut arriver à les croire absolument inévitables ou incurables ; et bien souvent, l'incertitude – voire Je doute – prennent figure d'humilité.

Nous avons besoin d'études sur la psychologie de la conversion et sur la mystique chrétienne qui puissent faire mieux comprendre ce que doit être une existence Conforme à l'Évangile, et servir à la développer, et, s'il le faut, à la redresser.

D'autre part, toute maladie spirituelle doit recevoir le traitement qu'elle réclame.
Que de problèmes se posent, que de situations déconcertantes et souvent tragiques : doutes, difficultés ou orgueil intellectuel, questions morales, une certaine critique biblique, milieu, et combien d'autres écueils se dressent à l'encontre de la vie de l'esprit. N'avons-nous pas, presque tous, côtoyé de tels abîmes, n'en sommes-nous pas revenus meurtris ; et plus d'une défaillance ne s'explique-t-elle pas par la solitude en une heure de crise ?

N'atténuons pas notre responsabilité, elle est presque toujours entière. Mais certains états sont parfois d'ordre psychologique ou physiologique. Satan le sait et excelle à nous torturer par des perplexités, des scrupules, une défiance de nous-mêmes, dont l'origine est fort complexe.

Certaines âmes sont plus tourmentées que d'autres, mais nous sommes tous physiquement et psychiquement des malades, a dit Frommel : et la vie spirituelle la plus saine et la plus authentique connaît l'accablement ou la sécheresse.
Aussi avons-nous besoin de brancards, de direction. Sans doute Dieu l'exerce sans intermédiaire, mais il nous permet aussi de trouver l'avertissement qui trouble ou la parole qui apaise dans la bouche ou sous la plume de tel de ses envoyés.

Nous publions ces pages uniquement pour permettre à plusieurs de trouver les indications, les éclaircissements, les remèdes indiqués par des serviteurs de Dieu qualifiés. Après en avoir bénéficié, ils deviendront eux-mêmes les ouvriers de cette action spirituelle que Neff ne cessait de prescrire, avec les directives appropriées dès que la guérison était en bonne voie.

Dieu veuille se servir à nouveau de ces
Lettres pour faire trouver aux uns le lait spirituel et pur, à d'autres la nourriture solide, puis à tous le vouloir et le faire. Celui qui les a écrites était et demeure un spécialiste en la matière dont les écrits sont toujours actuels ; il fut surtout de ceux qui dispensèrent avec droiture la parole de la vérité.

S. LORTSCH.

Nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance à Mlle C. Gay, petite-fille d'Antoine Blanc, qui a pris la peine de copier à notre intention de nombreuses pages, toutes inédites, de ses précieuses archives de famille ; à MM. les pasteurs E. et L. Marchand qui nous ont confié plusieurs lettres également inédites et à M le pasteur Forissier dont l'aide et les conseils ont contribué plus qu'il ne nous permettrait de le dire à la publication de ce volume.
Nous avons indiqué par * les lettres copiées par Mlle Gay ; par ** celles communiquées par M. E. Marchand ; par *** quelques détails complémentaires extraits de A. Bost,
Lettres de Félix Neff, 2 vol., 1842.


Table des matières

 

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