Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Lettres de Direction spirituelle inédites




À Antoine Blanc et aux Vaudois Du Piémont.

LE RÉVEIL DES VALLÉES VAUDOISES.

I. – La première rencontre de Neff avec Antoine Blanc.

Au début du siècle dernier vivaient à Briançon deux frères, Jacques et Joseph Blanc, descendant d'une ancienne famille vaudoise de France. Joseph, désireux de posséder une Bible de famille, était allé près de Genève acheter une Bible in-folio d'Ostwald, qu'il transporta sur son dos, dans un sac de peau, voyageant de nuit à travers les montagnes. Il arriva enfin à Briançon les pieds gelés, et toute la famille reçut la grande Bible avec une joie et une vénération sans égales.
Cependant les deux frères, privés de tout secours religieux, allèrent se fixer en Piémont, afin de se sentir moins isolés.

En 1824, le fils cadet de Jacques Blanc, Antoine, perdit son premier enfant ; profondément abattu il se rendit, pour se distraire, en simple curieux à la dédicace du temple de Freyssinières
(1).

Félix Neff attendait la petite caravane des Vallées du Piémont et lui fit un accueil cordial. Dès leur arrivée, il eut en vue la conversion de ses hôtes.

« Je connus, écrivit
(2) Antoine Blanc quelques années après, un peu la nécessité d'une repentance le soir même de mon arrivée, dans une dispute qu'eut M. M..... (un pasteur libéral des Vallées vaudoises aussi venu à cette dédicace) avec M. Neff Je reconnus que M. M....., pasteur, que j'avais toujours tenu pour l'un des plus savants, ne répondait pas par la Bible à la multitude de passages de la Parole de Dieu que lui citait M Neff, et je me sentais entraîné, sans doute par une force divine, à pencher du côté de M. Neff, ne pouvant pas ne pas accepter la Parole de Dieu que je croyais véritable. J'étais intérieurement dépité contre M. M....., non seulement de ce qu'il ne se défendait pas par d'autres passages, mais surtout de ce qu'il sortait de la douceur en se défendant par des raisons qui ne se trouvaient pas dans la Bible...

« Après la dédicace, je voulus m'en revenir en passant par Briançon, et je fus tout étonné de ce que M. Neff voulait aussi y venir ; j'ai compris ensuite que c'était seulement pour me parler de mon âme en chemin, car nous marchâmes une journée ensemble. Il ne cessa de parler pour me convaincre de péché et de la nécessité de me convertir. Tandis qu'il parlait du monde plongé dans le mal, je l'aidai de mon mieux ; mais quand il voulait me prouver que j'étais aussi plongé dans le mal, je n'ai jamais voulu le croire ; ma conscience mondaine ne me reprochait rien et j'ai rendu toute sa peine, son voyage, le dessein de Dieu inutiles à mon égard, et je le quittai comme s'il eût été un homme hors de bon sens. Il me donna alors quelques traités en me recommandant de les lire avec attention, puisqu'il mettait en doute mon salut. Mais quand je me rappelle ses soupirs, sa tristesse... Ah ! il priait pour ma pauvre âme, morte dans ses péchés...
La prière du juste faite avec ferveur est d'une grande efficacité..., béni sois-tu, ô mon Dieu, de ce que tu l'as exaucée.
« De retour chez moi, j'oubliai bientôt tout ce qu'il m'avait dit, pour ne plus me souvenir que de sa personne exaltée. »

Mais Neff aborda à nouveau la question du salut en lui écrivant ces lignes qui n'ont pas vieilli.



Il. – À Antoine Blanc.

DE QUOI VOTRE ÂME EST-ELLE EN SOUCI ?
COMMENT GOÛTER LA DOUCEUR DE L'ÉVANGILE.

Guillestre, 21 novembre 1824.

MONSIEUR,

Quoique je n'aie pas eu l'avantage de passer beaucoup de temps avec vous, j'ai néanmoins conservé votre souvenir, comme celui d'une vieille connaissance, soit parce que l'étroite et bien précieuse amitié qui me lie avec votre estimable aîné (
3) semble se reproduire avec ceux qui lui appartiennent, soit plutôt parce qu'il se trouve, entre votre caractère et le mien, une analogie sensible ; quoi qu'il en soit, et sans chercher quelle en est la cause, je puis vous dire que, depuis le jour où nous nous sommes quittés, j'ai bien souvent pensé à vous et désiré vous revoir...

Celui qui, emporté par le tourbillon du monde ou endormi dans les bras d'une dangereuse sécurité, n'a jamais réfléchi sérieusement sur son sort à venir, sur la justice de Dieu et la corruption de l'homme ; celui qui se contente de suivre la foule sans se donner la peine d'examiner où elle va ; celui-là, dis-je, ne peut comprendre une telle inquiétude [l'inquiétude du chrétien pour le salut de ceux qui lui sont chers], et serait tenté de la tourner en ridicule, comme une folie ou même de s'en offenser. Mais c'est justement alors qu'elle est plus fondée, car, moins un homme pense à son âme, plus il se croit en sûreté, et plus ceux qui connaissent la vérité ont raison de craindre pour lui.

Nous dormons tous sur le bord d'un abîme et au milieu de nos plus cruels ennemis, ne voyant ni le danger, ni le secours, et méprisant également l'un et l'autre. Jetez les yeux autour de vous, descendez dans votre propre cœur, ne serez-vous pas forcé d'avouer qu'il n'est rien au monde dont on soit moins en souci que de son âme, que rien ne cause moins de regrets que d'avoir offensé Dieu, et qu'on cherche sa paix, sa joie, son bonheur, partout ailleurs qu'en Jésus-Christ.

On ne tremble que pour son corps, on redoute les persécutions de ceux qu'on appelle ennemis, adversaires, et l'on ne craint nullement celui qui peut
jeter dans la géhenne l'âme et le corps. On dispute volontiers, souvent avec aigreur et toujours avec vanité, sur des points de doctrine, mais on n'en sent point la force, on n'en goûte point la douceur : on fait consister la religion dans un vain extérieur. Quand on a la liberté des cultes, qu'on sait répondre en controverse, on dit que tout va bien et on s'endort là-dessus comme les vierges folles, sans s'inquiéter si l'on est prêt, si. l'on a de l'huile dans sa lampe. On met ordre à tout ce qui est temporel, on sème dans la saison, on ne laisse passer ni foire ni marché où l'on espère faire quelque profit, et l'on croit être sage ; tandis qu'on renvoie d'un jour à l'autre l'affaire qui seule mérite d'être appelée importante.

On se plaint de l'instabilité des choses d'ici-bas et on n'en cherche point de plus solides. On se plaint de l'inconstance et de l'ingratitude des hommes, et l'on néglige le seul ami fidèle qui nous demande notre cœur., On parle quelquefois de la mort, du jugement dernier, de l'enfer, mais avec une légèreté, une gaieté qui annoncent l'incrédulité du cœur ou, du moins, sa folie. On parle du salut, de la gloire éternelle, mais avec une indifférence, une tiédeur qui prouvent bien que ce n'est pas là que
nous avons notre trésor. On parle de Dieu, sans respect et sans crainte, et du Sauveur, sans amour, sans reconnaissance. Combien paraîtrait ridicule celui qui, dans une société, même de gens regardés comme les plus pieux, exprimerait avec affection ces sentiments de l'Apôtre : l'amour de Christ nous presse (II Cor. V : 14). Je ne vis plus, mais le Christ vit en moi (Gal Il : 20). Il me tarde de déloger pour être avec Christ (Phil. I : 23). O quand entrerai-je et me prosternerai-je devant l'Éternel ? Mon âme a soif du Dieu vivant (Ps, XLII). Ces exclamations d'une âme ardente qui aime son Sauveur et son Dieu sont réservées pour donner une chaleur artificielle aux discours de la chaire, mais elles sont bannies de la conversation familière, parce que le sentiment qui les a dictées n'est nulle part dans les cœurs et que s'il se trouvait chez quelqu'un, il serait une discordance trop désagréable avec la glace de tous les autres.

L'Apôtre saint Paul ne voulait savoir
que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié, " et les chrétiens d'aujourd'hui savent tout, excepté cela. Vous avez trop de jugement pour ne pas reconnaître que ce tableau est fidèle, quoique bien incomplet. Qu'en pensez-vous donc maintenant ! Croyez-vous que ce soit pour se créer une Église comme celle-là que le Fils de Dieu est venu mourir sur la terre ? Pouvez-vous raisonnablement penser que le vrai christianisme se réduise à l'insignifiante et stérile dévotion dont on se contente aujourd'hui ? Oh ! non, certainement, vous ne le pensez pas, ce serait déshonorer l'Évangile, ou du moins ne le point connaître. Je suis donc bien persuadé que vous reconnaissez qu'en fait de religion, tout est dans un funeste relâchement et que vous-même êtes bien loin de faire exception ; vous reconnaissez cela, j'en suis sûr, mais en êtes-vous vivement affecté ? (Permettez-moi ces questions, qu'une sincère amitié m'oblige à vous adresser). La vue de la mort, si triste, dans laquelle gît tout ce qui a le bruit de vivre , vous remplit-elle de tristesse ? Êtes-vous bien sérieux sur votre propre salut ?

Je crains bien, mon cher Monsieur, qu'une malheureuse légèreté, trop naturelle aux hommes d'ailleurs raisonnables, ne vous empêche de peser mûrement l'importance de ces choses. On a si peu l'habitude de s'en occuper tout de bon, qu'il paraît étrange de se recueillir
véritablement et de descendre dans son coeur une bonne fois pour faire te compte de ses voies. Cependant, je puis bien vous l'assurer, ce n'est qu'après avoir profondément médité et ardemment invoqué l'assistance du Saint-esprit, qu'on parvient à connaître et la grandeur du mal et l'efficacité du remède. Jamais un esprit léger et gai n'annonça un coeur humilié, froissé, brisé, et ce n'est qu'à celui-là que Dieu regarde et prend plaisir.

Il y a abondance de grâce et de secours en Jésus, mais pour y participer, il faut aller à lui, et nul n'y va que ceux qui sont travaillés et chargés, ceux qui ont soif, qui sentent leur misère et en gémissent, ce n'est qu'à ceux-là qu'on peut vraiment annoncer la bonne nouvelle et donner des consolations ; car il n'y a qu'eux qui puissent en faire cas et s'en réjouir. Il est absurde de consoler ceux qui sont dans la joie et de fortifier ceux qui sont déjà trop insensibles, et de tranquilliser ceux qui sont déjà trop tranquilles. Malheur à ceux qui disent paix quand il n'y a point de paix, qui font égarer mon peuple, en disant à ceux qui me méprisent : vous aurez la paix, et à ceux qui marchent dans la dureté de leur coeur : il ne vous arrivera point de mal ! (Jérémie VI : 14 ; XXIII : 17).

On aura beau blâmer ceux qui dénoncent hautement les terribles jugements du Seigneur et qui ne craignent pas d'ébranler, de troubler les consciences, de porter dans les âmes une salutaire frayeur, il n'en demeure pas moins vrai qu'il n'y a que des âmes vraiment effrayées, alarmées, travaillées, qui puissent goûter la douceur de l'Évangile et s'attacher à Jésus-Christ ;
sentez votre misère et pleurez, dit saint Jacques. Bienheureux ceux qui pleurent, dit Jésus. Il n'y a que les violents, Les bouillants, qui ravissent le royaume de Dieu ; en vain la tiède philosophie voudrait-elle aplanir ce chemin, élargir cette porte, ce sera toujours la porte étroite, le chemin étroit, comme du temps de Jésus-Christ. Si donc nous voulons entrer dans ce royaume de gloire, quittons la voie large et la multitude qui la suit, et attachons-nous à Jésus, ce Sauveur si peu connu, si peu aimé de ceux pour qui il a versé son sang ; fermons l'oreille au vain langage du monde et aux tromperies de notre coeur orgueilleux, écoutons la voix du bon Berger, qui se tient à la porte et qui frappe ; cherchons-le pendant qu'il se trouve, invoquons-le tandis qu'il est près. Crions à lui, du sein de notre misère et de nos ténèbres, comme le pauvre Bartimée, et si le monde ou le démon veulent nous faire taire, crions encore plus fort (Luc XVIII : 89). Ce bon Sauveur entendra nos prières et ne tardera pas à nous délivrer. *



III. – La réponse d'Antoine Blanc.

« Je fus étonné, continuait Antoine Blanc à son correspondant, quelque temps après, de recevoir une lettre de sa part ; il m'y parlait avec une telle franchise de mon âme, que je reconnus que véritablement j'avais besoin de me convertir ; je ne sais ce que je lui répondis, et pour faire taire ma conscience qui voulait se réveiller, je me jetai davantage dans le monde. »

Antoine Blanc fut cependant plus troublé qu'il ne le reconnaît, car Neff apprécia sa réponse : « Il paraissait ; dit Neff, se trouver dans un grand embarras, convaincu de sa misère, effrayé de sa totale impuissance, il voulait néanmoins sortir par lui-même de ce labyrinthe. Il me pressait d'aller le voir et d'annoncer dans son pays cette Parole vivante si peu connue. »

« Deux mois après, écrit Antoine Blanc, je reçus encore une lettre qui ne fit pas plus d'effet que la première. 
»
Voici cette lettre qui ne fut cependant pas inutile a son destinataire. Elle s'adresse à ceux dont la conscience n'a été que troublée.



IV. – A Antoine Blanc.

CE QUI NOUS RÉVÈLE LE VÉRITABLE ÉTAT DE NOTRE ÂME. COMMENT DÉVELOPPER LA VIE CHRÉTIENNE.

Guillestre, le 21 janvier 1825.

..... Le Seigneur qui fait beaucoup de choses avec peu de moyens, a daigné bénir le peu de paroles que j'ai pu vous adresser de bouche ou par écrit. Oui, cher Monsieur, c'est déjà une grande oeuvre de l'Esprit de Dieu, que cette connaissance qu'il vous a donnée de votre état naturel ; l'homme abandonné à ses propres lumières ne sait voir en lui que vertus, mérites, beauté, sagesse, etc..., il ne connaît rien de toute sa misère ; un voile, comme vous le dites fort bien, est tiré sur le tableau odieux de ses souillures, et il s'irrite contre quiconque veut le déchirer ; c'est au Seigneur seul, qui est La lumière du monde, qu'il est réservé d'éclairer le coeur ténébreux de ses créatures, C’est lui seul qui malgré notre sotte résistance déchire ce voile trompeur et nous montre à nu l'état hideux de notre âme ; ô combien alors nos vaines prétentions nous paraissent folles J Combien nous rougissons de notre orgueil, combien nous nous méprisons nous-mêmes, à peine pouvons-nous comprendre comment nous avons pu avoir si longtemps une opinion si avantageuse de notre coeur.

Vous en êtes sans doute étonne et cependant vous n'avez vu encore que les bords de cet abîme ; plus vous remuerez ce cloaque, plus il exhalera de puanteur, plus vous creuserez et plus cette mine d'iniquité sera abondante ; les efforts que vous ferez pour vaincre cette résistance de votre coeur vous convaincront chaque jour davantage de votre totale impuissance pour tout ce qui est bien... Vous verrez tout cela, ou vous ne seriez pas de la race déchue du premier Adam.

Sans doute, c'est une triste découverte, une bien pénible expérience que celle-là. Il est bien décourageant de ne trouver en soi que péché ; mais c'est un travail nécessaire et quiconque n'a pas sondé son coeur jusqu'au fond, quiconque n'a pas été comme abîmé sous le poids de son iniquité, n'a nulle part au royaume de Dieu ; le Sauveur n'est venu
chercher et sauver que ce qui était perdu, et quiconque ne s'est jamais senti perdu ne saurait être sauvé ; ce n'est pas là sans doute l'opinion de tout le monde, mais c'est l'expérience de tous les vrais chrétiens et j'espère que bientôt vous le comprendrez aussi.

Si j'en juge d'après votre lettre, vous avez bien jusqu'à un certain point senti cette misère de votre coeur, qui nous rend incapables de plaire à Dieu dans notre état naturel ; mais passé cela, vous n'y voyez encore goutte dans le mystère du salut. Je vous vois d'ici vous débattant dans vos chaînes, dans les filets du péché, suant sang et eau pour tâcher de gravir les inaccessibles rochers du Sinaï. Cher ami, ce n'est pas là qu'il faut aller ; votre délivrance est en Golgotha, et vous n'avez pas l'air de vous diriger de ce côté-là.

Vous me dites que si vous étiez près de moi, vous trouveriez des forces dans les miennes. Hélas ! si vous saviez qui je suis, vous ne parleriez pas de la sorte ! Ne savez-vous pas ce que dit le grand apôtre Paul :
Je ne suis pas capable par moi-même d'une bonne pensée, mais je puis tout en Christ qui me fortifie. Je le vois bien, vous ne trouvez pas la porte et vous voulez entrer par les fenêtres, mais ce n'est pas le chemin indiqué de Dieu. Le voici : Je suis, a dit Jésus, le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jean XIV : 6). Je suis la porte, si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé (Jean X : 9). Est-ce là que vous passez ? Vous n'êtes pas le premier, bien s'en faut, que j'ai vu ainsi embarrassé. Vous n'y entendez rien ; vous prétendez d'abord vous changer, vous corriger, vous régénérer ; puis quand tout cela sera fait, ou du moins bien commencé, vous viendrez en faire offrande à Jésus-Christ afin qu'il vous admette gracieusement au nombre de ses vrais enfants ; n'est-ce pas à peu près votre plan ? Si c'est bien là votre projet, quittez-le tout à fait, jamais vous n'arriverez par ce chemin-là.

Commencez
avant toute chose par demander et obtenir votre réconciliation avec Dieu ; allez pour cet effet, tel que vous êtes, vous jeter aux pieds de Jésus, comme l'enfant prodigue alla vers son père ; il n'attendit pas d'avoir regagné ce qu'il avait dissipé, il n'attendit pas même de s'être procuré quelques vêtements décents pour se présenter à son père ; ses seuls titres étaient sa profonde misère d'un côté et de l'autre la grande miséricorde de son père. Croyez que c'est justement pour des pécheurs comme vous et moi, c'est-à-dire qui n'ont absolument aucun mérite et qui ne peuvent trouver en eux-mêmes aucune ressource, que le Sauveur est venu s'offrir en sacrifice. Ne dites pas que vous n'avez pas assez de repentance, pas assez de foi, que votre coeur est encore trop orgueilleux, trop endurci, etc... Tous ces beaux prétextes ne sont que des ruses de Satan, qui, déguisé en ange de lumière, vous éloigne de Jésus, sous prétexte d'une extrême humilité, nous faisant entendre qu'il y aurait de la présomption à prendre pour soi l'appel gracieux du Sauveur... Mais je vous dis là tout ce que vous trouverez bien mieux dans les livres que vous avez emportés de chez M. votre oncle, Eloi Cordier ; surtout dans celui intitulé : Le Miel découlant du Rocher. C'est celui-là même qui m'a ouvert les yeux dans le temps où, comme vous, je ne savais de quel côté me tourner...(4).

Il est nécessaire que vous vous appliquiez à la lecture, à la méditation, surtout
à la prière, et que pour retirer quelques fruits de ces exercices, vous fuyiez les occasions de dissipation et de mondanité, comme absolument contraires à l'oeuvre indispensable de votre salut. Jésus-Christ ne se tient pas dans les compagnies joyeuses des mondains. Vous le trouverez dans la retraite et le recueillement ; d'ailleurs, si un jour vous le connaissez comme votre unique Sauveur, vous ne voudrez plus vivre un moment sans lui, et vous n'aurez pas besoin qu'on vous exhorte à rompre avec tout ce qui pourrait vous éloigner de lui *

Antoine Blanc répondit-il à cette seconde lettre ? Toujours est-il que Neff continua la correspondance, tenant son ami au courant de ses travaux dans les Hautes-Alpes, et, affligé du déplorable état des églises vaudoises, l'exhorta à se sauver d'une génération perverse et à chercher la perle de grand prix.


Table des matières

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1. On trouvera le récit de cette dédicace dans : Félix Neff, Biographie extraite de ses lettres, p. 101.
2. Lettre du 18 avril 1831 à S.D. Tourn, communiquée par Mlle C. Gay.
3. André Blanc, pasteur à Mens, qui dut lui-même sa conversion a Neff.
4. A drop of honey out of the Roca : Christ, fut écrit par Thomas Wilcock avant l'incendie de Londres (1666). Thomas Wilcock était un pasteur baptiste connu pour sa grande largeur de vues. Il fut cependant emprisonné à Newgate deux ou trois fois et souffrit beaucoup parce qu'il n'appartenait pas à l'église officielle. Son traité fut le moyen de très nombreuses conversions. Très souvent réédite, il se trouve actuellement à la Librairie des Bons Semeurs, 56, rue Vauvenargues, Paris.

 

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