Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA VIE DE JOHN ET DE BETTY STAM





AVANT-PROPOS

 

AUX JEUNES, EN TOUS LIEUX,
QUI ONT DEVANT EUX
LES GRANDES POSSIBILITÉS
D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN,
JE DÉDIE CES PAGES

M. G. T.


Ce récit n'est pas un panégyrique ; c'est une simple narration de faits. Et rien ne peut être plus éloquent que des faits de ce genre. Il n'est pas nécessaire qu'on nous dise qu'il fait jour lorsque le soleil brille. Au-dessus du portique donnant accès à la galerie où sont évoqués quelques-uns des plus grands héros d'ici-bas, on peut lire ces brèves paroles d'appréciation divine : « Eux, dont le monde n'était pas digne. »

Peu de personnes ressentent la perte causée par le départ de John et de Betty Stam pour la Maison du Père, au même degré que les membres de la Mission dont ils faisaient partie (The China Inland Mission). Une foi, un amour, une piété de la qualité des leurs, sont parmi nos plus précieux trésors ; les plus précieux, après la riche moisson d'âmes que Dieu nous accorde. Les noms si chers de ceux dont nous évoquons la mémoire s'ajoutent à la liste de nos martyrs ; à ce jour, soixante-quatorze.

Songez à tout ce que cela implique d'enrichissement pour ce champ de Mission, où Dieu - dans ses serviteurs - a été vu comme « l'Agneau immolé ». Jésus est mort pour racheter ; eux sont morts en publiant - pour lui obéir - l'oeuvre glorieuse de la rédemption. Aujourd'hui encore, le Seigneur a besoin de disciples prêts à vivre, et s'il le faut, à mourir pour Lui, afin qu'Il voie le fruit « du travail de son âme et soit satisfait ».

Durant toute l'éternité, nous vivrons et régnerons avec Christ ; mais pourrons-nous encore faire des sacrifices pour Lui ? Quand le péché, la douleur et la mort ne seront plus, quand les larmes de tous les yeux seront essuyées, aurons-nous encore le privilège de partager la communion de ses souffrances « en cherchant ceux qui sont perdus » pour les amener au salut ?

Le sourire qui resta sur la figure de John Stam longtemps après qu'il fut tombé sur le flanc de cette colline en Chine, nous fait comme pénétrer jusque dans la gloire céleste où il est entré. La douceur de la petite orpheline qu'on chérit aujourd'hui dans le monde entier, nous dit certainement quelque chose de la tendresse avec laquelle le Seigneur accepta le parfum très précieux de la vie de la mère, vie répandue par amour pour Lui ; quelque chose aussi de l'Amour qui est maintenant le partage de Betty Stam et par lequel elle est consolée à jamais.
À nous de saisir, maintenant, l'occasion de servir.

« Seigneur, accorde-nous la grâce
De marcher sur leur trace ! »

M. G. T.

237, West School Lane, Philadelphie.



CHAPITRE PREMIER

Un Foyer Hollandais

« Nous découvrons que nos grands problèmes sont peu de chose pour sa Puissance et que nos petites choses sont grandes pour son Amour. »

Jacob STAM, LL.B.

Dans le plus ancien quartier de Paterson [New-Jersey], s'élève une maison de modeste apparence, que construisit Peter Stam pour sa famille, qui s'accroissait rapidement. On y arrive par un escalier assez raide qui monte de la rue. Cette maison est la plus élevée de Temple Hill. De la tourelle qui surmonte le grenier, la vue s'étend sur la ville et les environs, jusqu'aux plus proches collines, sur la vallée de l'Hudson et jusqu'à New-York, dont l'imposant profil se détache sur le ciel.

Les parents Stam avaient six fils et trois filles ; John était le cinquième garçon. Ainsi, la maison était remplie de jeunesse et de musique. On y parlait l'anglais, généralement ; mais aussi le hollandais, car les parents venaient de Hollande ; et ils avaient soigneusement conservé non seulement la langue, mais aussi les précieuses qualités du pays natal.

Peter Stam était venu aux États-Unis pour y chercher fortune. Il y trouva des biens d'un ordre très supérieur. Une dame lui avait fait cadeau d'un Nouveau Testament anglo-hollandais, en demandant à Dieu que le petit livre pût lui faire du bien. Pour apprendre l'anglais, le jeune homme se mit à le lire avec ardeur. Mais bientôt, oubliant l'anglais, il se trouva en face de la grande question du salut ; et il se vit lui-même à la lumière des Écritures :

« Le Livre me disait que j'étais un pécheur. Et comme de juste, mon orgueil protestait. Le Livre m'apprenait que j'étais perdu. Je fis mon possible pour ne pas le croire. Mais, continuant de lire, je fus obligé de reconnaître et de confesser que j'étais bien vraiment un pécheur. Jusque-là j'avais vécu uniquement pour moi...

« J'appris aussi, dans le Livre, que Dieu m'aimait. « Il a tant aimé le monde (donc moi aussi), qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. »

« Alors j'acceptai l'offre faite. Je crus la Parole de Dieu, et reçus Christ comme mon Sauveur. Je livrai ma vie à Celui qui était mort pour moi, et avec le secours de sa grâce, contraint par son amour, je me mis à vivre pour les autres. »

Avec la bénédiction de Dieu, ce ministère ne cessa de se développer, et Peter Stam devint bientôt le serviteur de tous à Paterson, pour l'amour de Jésus. À la prison, dans les hôpitaux et les asiles, dans les plus pauvres quartiers, dans les rues, partout, on rencontrait sa haute silhouette bien connue dans la cité. Cette activité charitable était purement bénévole, et, à côté, Peter Stam avait ses travaux d'entrepreneur. Que de maisons il éleva dans les environs de Paterson, ville qui ne cessait alors de s'accroître ! Travail consciencieux, solide : il était bien rare qu'un client eût quelque réclamation à formuler. Les affaires de l'entrepreneur prospérèrent rapidement ; il y ajouta l'achat et la vente de terrains, une affaire d'assurance et un chantier de bois. Celui-ci faisait les délices des enfants, qui s'y amusaient royalement.

La seconde grande bénédiction qui attendait Peter Stam, en Amérique, ce fut d'y rencontrer une jeune Hollandaise chrétienne, qui devint sa femme. Elle descendait d'une famille de huguenots français, réfugiés en Hollande. Dès ses premières années, la jeune fille avait trouvé en Jésus, son Sauveur. Comme Peter Stam, elle résidait à Paterson. Chrétiens tous deux, ils avaient les mêmes aspirations religieuses, le même idéal, et ils fondèrent ensemble un heureux foyer où naquirent neuf enfants.

Il y avait, près de Temple Hill, un très bon collège où s'exerçait une excellente influence chrétienne sur les jeunes. C'est là que furent envoyés les enfants Stam. Cependant, c'est surtout à la maison que ceux-ci apprirent à aimer le Seigneur. Là, les parents donnaient à Dieu la toute première place. Trois fois par jour, quand la famille se réunissait pour les repas autour de la grande table, et avant que fussent apportés les plats, on priait et on lisait un chapitre de la Bible. Chacun avait son livre et lisait quelques versets. Aujourd'hui, il en est encore ainsi, et c'est une bénédiction que d'assister à ces cultes de famille où la divine Présence se fait si vivement sentir. C'est ainsi que la Bible prit la première place à ce foyer, et dans l'éducation des enfants. C'est ainsi que, tout naturellement, elle fut à la base des relations entre parents et enfants, et des enfants entre eux.
Un autre lien qui unissait aussi les membres de la famille, c'était l'amour des livres et de la musique.
« Nous avons été élevés avec des livres, me dit la soeur aînée ; et tous, nous avons eu des leçons de musique. Père n'a rien épargné pour que nous en eussions d'excellentes, et combien nous avons joui de notre orchestre familial ! »
Les soirées musicales étaient l'un des événements de la vie de famille, et cela fut certainement l'une des choses qui aidèrent à préserver les jeunes des influences mondaines.

M. Stam exerçait une sérieuse discipline à son foyer, où son autorité était incontestée. Tout en aimant tendrement les siens, il n'admettait pas ce qui allait à l'encontre de ses principes. Il ne fallait pas que ses enfants pussent dire, au sujet du tabac ou du théâtre ou de la danse : « Papa trouvait que c'était bien. » Le père et la mère étaient d'accord sur tous ces points, et ils l'étaient aussi pour essayer de faire oublier la fête mondaine refusée, en proposant quelque autre chose pour la remplacer : ainsi, un voyage à New-York, ou au bord de la mer, un très bon concert, ou un nouvel instrument de musique qui manquait encore à l'orchestre des jeunes gens, et qui leur procurait un durable plaisir.

Notons aussi que les parents savaient se priver personnellement de certaines choses par amour pour leurs enfants. Ainsi, ils n'avaient point chez eux de poste de T.S.F., bien que ceci eût pu leur être utile.

« Mais, dit M. Stam, nous avions vu trop souvent des jeunes gens se délecter de ce qui était un poison pour leurs âmes. Et les âmes de nos enfants avaient pour nous infiniment plus de valeur que le monde entier. Et puis, nos fils et nos filles aimaient la Parole de Dieu. Jamais ils ne se plaignirent de ce qu'on la lisait trois fois le jour, et avant chaque repas. Nous parlions avec eux, nous leur disions notre responsabilité de parents chrétiens, nous priions ensemble. Enfin, avec le secours de Dieu, nous veillions à ce que nos actes fussent en accord avec notre profession chrétienne. Si souvent, hélas, ce sont les parents eux-mêmes qui sont une pierre d'achoppement sur la route de leurs propres enfants ! »

L'oeuvre d'évangélisation commencée par M. Stam, et dont toute la famille s'occupait, se développait aussi rapidement que ses affaires. L'amour s'ouvre un chemin, et les petits débuts de River Street donnèrent naissance a ce qu'on nomme maintenant « The Star of Hope Mission » (La Mission de l'Étoile de l'Espérance). C'est dans une ancienne écurie pour chevaux de louage, écurie fermée depuis longtemps et où ne vivaient plus que des légions de rats et d'araignées, que M. Stam édifia la jolie salle d'évangélisation de la Mission, salle qui contient six cents places assises et à laquelle il ajouta les dépendances nécessaires. Des personnes de toutes les nationalités sont touchées par « The Star of Hope Mission », et des centaines ont été gagnées à Christ par ses ouvriers : réunion de plein air ou de cottage, visites à domicile ou dans les prisons, les hôpitaux, les asiles. De nombreux jeunes gens convertis devinrent élèves missionnaires, et furent dirigés sur divers champs de mission. La Parole de Dieu est répandue par les soins de la « Star of Hope » en quarante langues différentes, etc. « Ebenezer » est la devise de la famille et de la mission [« Jusqu'ici, l'Éternel nous a secourus »] ; mais, comme M. Stam aime à le dire « pour nous, cela signifie que l'Éternel a tout fait ».

Sous de telles influences, on pourrait supposer que John donna de bonne heure son coeur à Dieu. De fait, ses frères et soeurs étaient tous convertis, et tous étaient entrés au service de la « Star of Hope ». Quant à lui, il avait probablement des difficultés spéciales à surmonter, et plus longtemps qu'eux, il chercha sa voie. Enfin, il avait montré une nature très indépendante, mais il était en même temps toujours prompt à obliger. Il cousait ses boutons pour que sa mère n'eût pas à le faire ; et s'il y avait quelque travail de jardinage, John s'en acquittait volontiers. Comme écolier, il laisse le souvenir d'un élève extrêmement poli, et fidèle dans les petites choses.

M. Stam était prêt à faire faire des études classiques au jeune homme, mais celui-ci refusa ; il préférait une préparation commerciale. Aussi, en quittant le collège chrétien de Paterson, il entra dans une école commerciale dont il suivi les cours pendant deux ans.

Années difficiles, durant lesquelles le jeune garçon, déjà un homme par la stature, fut une énigme pour ses parents et pour lui-même. Il essayait d'édifier sa propre vie sans la grâce et le secours de Dieu, et c'est ce qui provoquait son état misérable, bien qu'il ne s'en rendît pas compte. À la Mission fondée par son père, John avait été le témoin de conversions et de changements extraordinaires, lorsque les coeurs s'ouvraient pour recevoir le Sauveur et sa puissance de salut. Mais quant à lui, il n'était ni voleur, ni hors la loi, ni ignorant de l'Évangile. Depuis son enfance, il connaissait la Parole de Dieu et il y croyait. Cependant, comme le fils de la parabole, il se trouvait dans « un pays éloigné », où sa situation était d'autant plus dangereuse qu'il se complaisait en sa propre justice.

On a dit de la conversion qu'elle était un processus graduel - ou soudain - par lequel un moi jusque-là divisé, consciemment mauvais et malheureux, s'unifiait, devenait bon et heureux, en acceptant les réalités divines. C'est exactement le changement qui s'opéra en John Stam lorsqu'il se ressaisit, et alla vers son Père céleste. Jamais il n'oublia cette heure. Il se trouvait dans la salle d'évangélisation dont nous avons parlé, et il écoutait la prédication d'un évangéliste aveugle qui donnait une série de réunions spéciales. En l'entendant, John Stam se sentit perdu ; il se vit sans espoir de salut en dehors de Christ. L'enfer devint pour lui quelque chose d'horriblement réel, l'affreux aboutissement d'une vie sans Christ. Qui n'a point connu cette conviction de péché, où l'âme semble être déjà devant le tribunal de Dieu, sous une éclatante lumière, ne peut comprendre cette expérience. De ce moment commença le travail intérieur qui aboutit à la conversion. C'est à son pupitre, dans une salle de cours de l'École commerciale, que John se donna définitivement au Seigneur. La chose eut lieu en l'année 1922, au printemps.

Désormais, il savait qu'il ne s'appartenait plus. Et quelle joie il ressentait de s'être enrôlé au service du meilleur des maîtres. Il continua de suivre des cours commerciaux ; puis, durant six ans, occupa diverses situations dans les bureaux à Paterson et à New-York. Cependant, il ne désirait plus comme autrefois gagner beaucoup d'argent, et réussir dans la vie. De plus en plus, il s'intéressait aux biens éternels.

Lorsqu'il s'était donné à Christ, une certaine timidité l'avait empêché de se déclarer ouvertement. Il redoutait qu'on l'invitât à prendre la parole dans les réunions de plein air ; aussi faisait-il de longs détours pour ne point passer près d'un groupe où l'on chantait ou prêchait. Ce fut une invitation de son père qui brisa la réserve où il se cantonnait. Comme l'été était venu, et que les réunions en plein air n'avaient pas commencé, John demanda ce qu'attendaient ceux qui en étaient chargés.
« Tu n'as qu'à y aller, John, répondit le père commence, toi-même. »
« Ce coup droit me fit chanceler, écrivit John, peu après, à l'un de ses amis ; mais j'allai de l'avant. Il le fallait. Et Dieu a béni ce premier travail en public, bien que je le fisse à contre-coeur. Il m'a délivré de la crainte que j'avais de voir sourire des camarades de classe. Il a versé sa joie et sa bénédiction en mon coeur. »

La crainte avait si complètement disparu que, ce même été, John parla en public presque chaque soir, en compagnie de son plus jeune frère Neal, rendant témoignage au Seigneur Jésus-Christ. Le jeune homme était devenu une nouvelle créature, unifiée, ayant conscience d'être dans le droit chemin, et heureuse. Changement extraordinaire qui eut des répercussions dans tous les domaines de sa vie.

En effet, après sa conversion, John Stam se développa aussi bien intellectuellement que spirituellement. Il commença d'aimer la lecture, et il lut de nombreux livres. L'amour du beau s'éveilla en lui à ce moment-là. Enfin, au lieu de s'absorber en lui-même, il s'intéressa davantage aux autres. Comme il faisait chaque jour le voyage de Paterson à New-York, en compagnie de trois jeunes gens dont l'un savait le grec, il lui vint le désir d'employer les heures de chemin de fer et de bateau à prendre des leçons de grec ; ce qu'il fit.

New-York élargit son horizon. Des fenêtres de son bureau, il voyait, par delà Battery Park, des navires de toutes provenances, et en partance pour tous les pays, même les plus éloignés. Il lui arriva de traverser à pied l'Île de Manhattan dans toute sa longueur ; ou bien, il explorait les riches quartiers où s'étalaient l'opulence et le luxe - Broadway et la Cinquième Avenue ; ou encore le Ghetto, la ville chinoise, Pushcart Lane, Greenwich Village, et d'autres quartiers que visitent les étrangers et les artistes. Déjà, les humains, et leurs caractères si divers, l'intéressaient davantage que les musées ou les livres.

Peu à peu, il se sentit appelé à s'occuper du salut des autres, et cet appel résonna dans son coeur, avec toujours plus de force. Alors, convaincu que Dieu le voulait directement à son service, il résigna ses fonctions malgré les protestations véhémentes et presque indignées de son employeur. Durant les mois qui suivirent, il s'occupa dans la Mission fondée par son père ; puis, il obtint d'aller à Chicago et d'entrer à l'Institut Biblique Moody pour y continuer ses études. Et cette démarche avait un caractère particulier qui jette beaucoup de lumière sur la mentalité du jeune homme.


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