LA VIE DE
JOHN ET DE BETTY STAM
CHAPITRE XI
« Tu es Digne... »
Un cantique de triomphe retentit aux cieux.
Écoutez Pouvons-nous en saisir le
sens ?
« L'Agneau qui a
été immolé est digne de
recevoir la puissance, les richesses, la sagesse,
la force, l'honneur, la gloire et la
louange. »
(Apoc. 5 : 12).
C'est un cantique de joie et de louange,
et comme l'Alléluia de l'univers.
Et quels sont les chanteurs ? Ce
sont ceux qui ont été rachetés
de « toute tribu, de toute langue, de
tout peuple, et de toute nation » ;
nombreux sont ceux qui viennent de la fournaise
à l'affliction, mais leurs larmes sont
maintenant taries à jamais. Ce cantique est
comme l'écho sublime de tous « les
cantiques de la nuit »
(Job 35 : 10). Chants d'ici-bas,
lesquels jaillirent de coeurs qui souffraient avec
leur Seigneur, et pour Lui.
Le chrétien chante ; il
chante dans l'épreuve. Les murs de la prison
retentirent des louanges de Dieu que chantaient
Paul et Silas ; et les épîtres de
Pierre, qui traitent de la souffrance, sont aussi
celles où il est question d'une joie
indicible et glorieuse.
Le chrétien est le plus grand de
tous les paradoxes : « un être
corrompu, et cependant purifié ;
mortel, et cependant immortel ; déchu
et cependant exalté bien au-dessus des
principautés et des puissances ;
attristé et cependant toujours
joyeux » (1).
Sa tristesse est féconde en
bénédictions pour les autres. De
sorte que l'ennemi dépasse son but. Non
seulement il est incapable de nuire vraiment
à l'enfant de Dieu, mais il ne peut
empêcher le triomphe de la
Vérité, bien qu'il essaye de
l'éteindre dans le sang.
Quand Patrick Hamilton fut
brûlé vif en Écosse, quelqu'un
osa dire aux persécuteurs :
« Si vous voulez continuer à faire
mourir par le feu, vous ferez bien de le faire dans
une cave, car la fumée du bûcher
d'Hamilton a ouvert les yeux de centaines de
personnes. »
« Et il en est toujours ainsi,
dit Spurgeon. Les saints qui souffrent sont une
semence de vie. »
Cette semence a été
répandue dans le monde entier par la vie et
le martyre de John et de Betty Stam, par les
tribulations de l'enfant qu'ils laissent
derrière eux, et la moisson,
l'étonnante moisson en est faite dans le
monde entier, où elle est l'occasion d'une
profonde reconnaissance. Pourquoi, lors du service
célébré en souvenir des
martyrs, à l'Institut Moody, sept cents
étudiants se sont-ils levés pour
consacrer leur vie à l'oeuvre missionnaire,
où que ce soit que Dieu les appelle ?
D'où vient qu'en de nombreux pays, des
jeunes comprennent le privilège du sacrifice
et de la souffrance, eu communion avec
Christ ?
Quels fruits cette douloureuse
tragédie a-t-elle donc
portés ?
Quels fruits ? - Elle a ouvert les
sources profondes de la foi et de l'amour dans un
nombre incalculable de coeurs. Et avec quelle
puissance elles coulent aujourd'hui ! Comme
elles manifestent l'unité profonde qui unit
les enfants de Dieu ! Tout récemment,
par un seul courrier, le professeur et Mme Scott
reçurent des lettres de sympathie de
nombreux pays : d'Autriche, de
Nouvelle-Zélande, d'Allemagne, d'Arabie, de
Suède, de Hong-kong, du Canada, de
l'Angleterre et des États-Unis. Et ce ne
sont pas seulement des lettres en provenance de
nombreux pays qui sont reçues ; mais
aussi des dons, et plus particulièrement
pour la petite Hélène Priscille. Dons
de chrétiens inconnus et de modeste
situation, dons de chrétiens chinois, dons
de pasteurs, de missionnaires, d'un
évêque, dons de l'Assemblée
générale d'une grande église,
dons d'étudiants, de collèges, et
plus particulièrement du « Wilson
College », où Betty étudia.
Le professeur James Gray, de l'Institut biblique
Moody, écrivit à M. et Mme Stam de
Paterson :
« Il n'est pas
nécessaire que je vous parle de la
maturité spirituelle atteinte par votre fils
et sa femme et de ce qu'ils furent dans notre
milieu d'étudiants où l'on se
souviendra d'eux avec amour, et pendant longtemps,
à cause du témoignage qu'ils ont
rendu à Christ par leurs vies, aussi bien
que par leurs lèvres...
« J'ai la confiance que,
même dans votre immense douleur, vous avez eu
la force d'élever les yeux et de contempler
la gloire où ils sont entrés,
lorsque, de l'autre côté du voile, ils
ont rencontré leur Sauveur, Celui pour qui
ils sont morts. Point d'honneur plus
élevé, ici-bas, ne saurait être
accordé à des parents
chrétiens, que celui qui est maintenant le
vôtre, et je demande : à Dieu
qu'Il vous fortifie dans le sentiment d'une sainte
joie en songeant à leur mort
triomphante. »
Dans une ville de l'Ouest des États-Unis,
un Hollandais vint trouver le pasteur de son
église pour lui remettre deux chèques
de cinquante dollars chacun ; l'un des deux
pour la « China Inland
Mission ». Et ce faisant, il dit avec une
vive émotion - « Nous ne sommes
pas riches, mais nous avons le nécessaire.
Peter Stam a donné son fils John. Qu'est-ce
que cela, en comparaison ? »
Un jeune homme qui avait
étudié avec Betty Scott
écrivit, en apprenant sa mort :
« Je suis Billie, celui
qui sonnait du cor à l' « Indian.
Hill Camp ». C'est Betty qui me conduisit
alors au Seigneur, c'est elle qui m'a donné
ma première Bible... Son amitié a
été pour moi très
précieuse ; et je pense qu'en ce
moment, vous serez heureux d'avoir des nouvelles de
l'un de ceux qu'elle a amenés à
Christ. Le salut est si précieux que nous ne
pouvons autrement qu'aimer l'instrument qui nous a
conduits au Seigneur. »
Au « Wilson College », il y
eut aussi un service commémoratif. Tous les
auditeurs pleuraient. « Ce fut l'un des
plus émouvants services auxquels nous ayons
jamais assisté », écrivit
l'un des étudiants. Le Recteur, le
professeur Warfield, bien qu'alité depuis
des semaines, avait voulu se lever quand même
pour prononcer le discours. Ci-après,
quelques lignes écrites par l'un des membres
de la Faculté, à propos du service
religieux à la chapelle :
« Le professeur
Warfield occupait l'un des premiers sièges,
tout à fait en avant. Aussitôt
après le sermon et tout tremblant, il monta
sur l'estrade. Alors d'une voix brisée par
l'émotion, il parla de Betty et du
bébé, réclamant la petite
Hélène pour le Collège, en
termes touchants et paternels
(2).
« Et maintenant nous attendons les
développements merveilleux de la grâce
divine, les fruits du sacrifice. »
L'un de nos collaborateurs, en Chine, qui
considère les choses du point de vue divin
et éternel, a écrit les lignes
suivantes au professeur et à Mme
Scott :
« Tous, de quelque
manière, nous nous acheminons vers la Maison
céleste. Votre chère fille et son
mari y sont allés dans un char de feu.
Maintenant, ils sont en pleine vigueur ; et
leurs vies, leurs personnalités, leur
travail, leur témoignage, sont connus dans
chaque ville et chaque cité de notre pays.
Une longue vie ne donne pas nécessairement
l'assurance de pouvoir accomplir pour Christ la
centième partie de ce qu'ils ont fait en un
seul jour... »
Une missionnaire, en Chine, dit quelques-unes
des réflexions qu'elle entendit lorsqu'elle
raconta la fin tragique des jeunes martyrs.
« Hier, dix-sept jeunes
femmes étaient là, autour de la
table, lorsque je racontai l'histoire de Betty et
de son mari. Ce fut une heure
mémorable...
« Et penser, dit l'une
d'elles, qu'un jour, ce petit bébé
nous dira : « Ma mère a
donné sa vie, afin que vous puissiez
connaître Jésus... »
Mais si nous revenons aux membres de la famille,
à ceux qui sont le plus
éprouvés, quelles sources
jaillissantes de foi et d'amour ont
été comme ouvertes dans leurs coeurs
par ce deuil ! Nous avons dans leurs lettres
comme des échos du chant de triomphe qui
retentit au ciel. À son père et
à sa mère, M. et Mme Scott,
Hélène, leur fille (Mme Mahy),
écrit :
« Bien chers Papa et Maman,
vous n'avez pas besoin de m'entendre dire combien
nous vous aimons, combien nous
pensons à vous et prions
pour vous, en ces sombres jours. Assurément,
vous connaissez vos enfants, et vous savez combien
nous sommes, tous unis en cette heure, chacun de
nous, bien qu'il soit difficile de trouver des
paroles pour s'exprimer...
« Mais j'ai devant les
yeux une si radieuse vision de Betty et de John,
debout et tenant les palmes de la victoire,
chantant un cantique d'allégresse parce
qu'ils ont tout donné à leur
Maître, que je ne puis m'abandonner aux
larmes, comme les gens trouveraient sans doute
raisonnable que je le fisse. Les pleurs semblent si
mesquins, quand, en dernière analyse, tout
était si manifestement entre les mains de
Dieu seul. Toutefois, je suis profondément
affligée à cause de
vous... »
L'autre lettre, pleine de réconfort, est
écrite par l'un des jeunes frères de
Betty, étudiant au College Davidson :
« ... Bien des
personnes considéreront comme une
épouvantable tragédie la mort de
Betty et de John, et ils estimeront probablement
que ce deuil doit nous jeter dans la douleur et le
désespoir. Mais je ne puis pas voir les
choses sous ce jour parce que je suis
chrétien, et que je discerne la main de Dieu
en tout cela. Au lieu de nous jeter dans
l'abattement, cela nous a comme remplis d'une plus
grande confiance en Dieu, et d'un plus vif
désir de le servir. Certes, nous ne
comprenons pas tout, maintenant ; mais un
jour, nous comprendrons.
« Dans l'oeuvre de
Dieu, la valeur d'une vie n'est pas mesurée
à sa longueur, mais à la
qualité du service ; par
l'accomplissement des desseins divins dans cette
vie. Certainement, Ses desseins ont
été accomplis dans la vie de Betty et
dans celle de John, et ils s'accomplissent
encore : ainsi leur service est
achevé. »
Le frère aîné, qui
était à la Faculté de
Princeton, fut douloureusement atteint
personnellement, et extrêmement
affligé à cause de ses parents.
Cependant, il écrivit :
« Comme je connais
votre foi, j'ai l'assurance que vous n'avez pas
sombré sous l'épreuve. Être
chrétien, cela signifie
qu'aucune des épreuves de cette vie n'est
trop lourde pour nous, car nous discernons la main
de Dieu, dans l'épaisseur de
l'obscurité... Nous avons Dieu
Lui-même, Lui qui fait toutes choses bien,
selon son infinie sagesse et sa bonté. C'est
Lui qui nous garde et qui soutient nos coeurs, en
ce moment.
« Je sais - et peut-être
votre expérience est-elle identique à
la mienne ? - que cet horrible meurtre m'a
arraché violemment à la
léthargie spirituelle dans laquelle je
m'enlisais, et bien que nous pensions donner ce que
nous avions de meilleur, ce n'était pas
assez ; notre consécration manquait de
profondeur et de cette puissance pour le
témoignage que nous devrions avoir, en tant
qu'ambassadeurs de Dieu auprès des hommes.
Que Dieu daigne communiquer à l'Eglise
entière une nouvelle puissance, par cette
tragédie ; plus de consécration,
plus de fidélité dans le
témoignage pour la cause de Christ, pour
laquelle, tous les vrais disciples, au cours de
tous les siècles, ont été
prêts à mourir
(3). »
Du Congo, Harry Stam, qui avait appris, par
câblogramme, le meurtre de son frère,
écrivit :
« ... Combien
douloureux, et cependant, combien glorieux !
Combien douloureux, si nous songeons au
péché et à la haine qui sont
au coeur de l'homme ! Et la mort demeure
toujours l'ennemie ! Mais combien glorieuse
leur bienvenue dans les cieux, lorsqu'ils ont
rencontré leur Seigneur et Sauveur, face
à face ! De sorte que nous les envions
presque, en une certaine mesure, en pensant
à l'infinie tendresse avec laquelle le
Seigneur a dit à chacun d'eux :
« Cela va bien... tu as été
fidèle... »
« Nous ne supposons pas
que les blessures ne font pas souffrir ; mais
nous savons que depuis des années vous nous
avez donnés à Dieu, et j'ai la
certitude qu'Il vous multipliera
ses consolations comme Il le
fait pour nous. Quant à moi, il m'est
difficile de voir autre chose que la gloire en
toute cette affaire... Chaque jour,
j'expérimente davantage qu'il est
merveilleux de se reposer dans Sa volonté
qui est parfaite. « Heureux celui qui ne
se scandalisera pas à cause de
moi », dit le Seigneur. »
Dans sa douleur, une dame de Paterson
s'écria: « Oh ! pourquoi
sont-ils allés
là-bas ? »
Et Mr. Stam père
répondit :
« Parce qu'ils y ont
été contraints par leur amour pour
Christ. Ils aimaient le Seigneur, et à
cause, de leur amour pour Lui ils aimaient les
Chinois ; c'est pourquoi, ils allèrent
en Chine. Nous avons été heureux de
les voir partir, et nous aurions été
si heureux de les voir repartir, parce que nous ne
regardons pas aux choses visibles. Ils ne
désiraient pas gagner de l'argent, ni jouir
de leurs aises, mais ils voulaient gagner des
âmes... »
« John et Betty
voyaient les choses du point de vue céleste,
écrit de son côté le professeur
Scott. Ceci étant, toutes les autres choses
prennent leurs proportions
normales. »
Un point de vue céleste ! Que Dieu
en soit béni ! Bien des jeunes
considérant la vie et ses
possibilités de service sont amenés
à voir les choses du même point de vue
céleste, où les voyaient aussi John
et Betty. De l'Université Washington and
Lee, dans l'État de Virginie, le fils d'un
missionnaire assassiné, dont nous avons
parlé précédemment (J.-W.
Winson), écrivit les ligues suivantes
à M. et Mme Stam :
« Comme mon père
a été saisi et tué par les
bandits dans le nord de la Chine, il y a trois ans,
je me sens libre de venir à vous, et de vous
dire toute ma sympathie. Mais quel privilège
béni que d'avoir dans sa famille des
bien-aimés qui sont allés
jusqu'à la limite du service pour le
Maître ! Pour moi, cette joie a pris la
place de la souffrance... »
Et un frère du jeune homme,
étudiant a la même Université
et qui se prépare pour la Mission,
ajoute :
« Je suis si heureux de
savoir que la petite fille est sauvée. Qui
sait ? Peut-être, quelque jour,
entrera-t-elle aussi au service du Seigneur, et,
avec son secours, peut-être sera-ce en ce
pays de Chine, où je suis né, et que
j'aime. »
Lorsque le professeur Glover écrivit
à une amie de Betty Stam, qui s'était
déjà offerte pour un poste de la
« China Inland Mission », il
souligna ce qu'était la situation en Chine,
afin d'éprouver la vocation de la jeune
fille. La réponse de celle-ci
l'émut :
« Je crois,
écrivit-elle, que j'ai bien pris en
considération toutes les
possibilités, et que j'ai compté ce
que pouvait être le prix... Ces
événements tragiques et terribles ne
me font pas reculer, mais plutôt ils
m'amènent à revêtir comme
à nouveau l'armure de
l'Esprit. »
« Il s'agit là de jeunes
recrues, dira-t-on peut-être
d'étudiants qui ne connaissent rien du champ
missionnaire. » Sans doute ; mais il
y a aussi les témoignages qui nous arrivent
d'Anwhei et d'ailleurs. Au sujet des condisciples
de John et de Betty Stam, de leurs collègues
dans le champ missionnaire, M. Hanna
écrit :
« Nous bénissons
Dieu pour la fermeté de nos collaborateurs
en ces temps d'épreuve. Pas une note
d'hésitation ou de
découragement ; tous demeurent
fidèles et constants, « joyeux
dans l'espérance, patients dans
l'affliction, persévérants dans la
prière. »
Tous ceux qui demeurent fidèles à
notre Mission, disons avec plus d'exactitude, tous
ceux qui demeurent fidèles au Seigneur dans
les endroits exposés du Champ missionnaire,
tous ceux-là comprendront la vision de Betty
Stam, en relation avec notre Chef incomparable, et
qu'elle décrit dans les lignes
suivantes :
« Oh ! les langues
de feu autour de Lui ! Rouges, ardentes,
brûlantes. Mais, de Son regard divin,
embrassant le monde, le Fils de. l'Homme l'aima, et
marcha jusqu'au CALVAIRE. »
Quels sont les fruits de cette
tragédie ?
Par elle, les fleuves de la
puissance et des bénédictions divines
ont été libérés.
Certes, il n'y eut jamais de tragédie plus
épouvantable que celle du Calvaire. Le Fils
unique de Dieu descendant au fond des abîmes
de la souffrance et de l'humiliation !
À cause de cela même Dieu put
agir : « C'est pourquoi Dieu aussi
l'a souverainement élevé. »
Bien plus encore. Ce ne fut pas seulement la
puissance divine qui fut libérée,
mais aussi les sources de l'Amour divin. Le
Seigneur lui-même nous l'a dit :
« C'est pour cela que mon Père
m'aime, parce que je donne ma vie... pour mes
brebis. »
(Saint Jean 10 :
15-17).
N'y a-t-il pas derrière ces
mots : « C'est pourquoi Dieu
aussi... », un grand principe, un
principe inébranlable. Betty Stam en eut
comme une vision lorsqu'elle écrivit dans
son Chant d'Appel :
« Corps, âme, esprit,
donnez-moi tout. »
Car le sacrifice, en portant aux autres
l'Évangile rédempteur, ouvre toutes
grandes les réserves de la puissance et de
l'amour divins.
C'est aussi l'enseignement du
Cantique de Victoire :
« Tu es digne CAR tu as
été immolé. » Et
c'est encore l'expérience de ceux qui, au
cours des siècles, « ont suivi
l'Agneau quelque part qu'Il aille ».
C'est enfin l'expérience que nous faisons
aujourd'hui : nous voyons toute une moisson
qui s'élève du sacrifice. Les vies
immolées de John et Betty ont comme
libéré des forces divines, dont
l'action ne peut être actuellement
mesurée.
Quelle est notre part dans ce
glorieux mouvement en avant de la Grâce
rédemptrice ? Qu'y a-t-il dans nos vies
qu'Il puisse récompenser ? Qu'y a-t-il
qui puisse recevoir l'approbation de son
Amour ?
- UN CHANT D'APPEL
- Le Sauveur, en quittant cette terre
où nous sommes,
- (Voilà longtemps, oh bien
longtemps !)
- Donna cet ordre aux siens :
« Dites à tous les hommes
- Dieu vous aime ; Il vous aime
tant !
- Aux pécheurs, à la
fois coupables et victimes,
- Dites qu'Il pardonne leurs crimes,
- Et que je rends plus blancs que
neige les lépreux,
- Puisque mon sang coula pour
eux ! »
Seigneur Jésus, unique
source de la grâce,
- Nous avons entendu Ta voix !
- Tu nous as dit : « Si
vous m'aimez, suivez ma trace,
- Allez, en portant votre croix,
- Allez ! Je soutiendrai,
fidèle à ma promesse,
- Par ma force, votre faiblesse ;
- Malgré le monde entier, vous
resterez debout,
- Corps, âme, esprit, donnez-moi
tout ! »
Oh ! voyez, oh ! voyez
ces troupeaux innombrables,
- Noyés de honte et de douleur,
- Qui s'en vont à la mort,
éperdus, misérables,
- Brebis sans bercail, sans
pasteur !
- Le grand Jour va venir, le jour
où doit paraître
- Celui qui nous appelle ainsi...
- À cet appel d'amour,
répondons : « Divin
Maître,
- J'accours : me voici, me
voici ! »
Betty STAM.
(Imité par R. S.).
UN APPEL A LA PRIÈRE
Alors que nous envoyions notre manuscrit
à l'imprimeur (manuscrit anglais), nous
recevons du professeur C.-E. Scott, de Tsinan, une
lettre importante, mettant l'accent sur le besoin
urgent de prière pour nos frères en
la foi qui souffrent en Chine en ce moment. Il
souligne le dévouement de M. Chang
Hsuisheng, qui donna sa vie en essayant de
protéger celle des deux jeunes
missionnaires, et le courage de
l'évangéliste Lo qui osa se porter au
secours de la petite Hélène
Priscille :
« Ces
événements nous ont apporté
une nouvelle révélation de la
puissance de la prière pour ceindre de force
spirituelle de faibles chrétiens, en face
d'un danger qui les menace personnellement. Le
courage et le complet oubli d'eux-mêmes, de
l'évangéliste Lo et de Mr. Chang,
sont d'autant plus remarquables qu'ils semblaient
tous deux assez indécis, quelques jours
auparavant, sur ce qui est du simple devoir
chrétien. L'évangéliste Lo
était timide, craintif ; Mr. Chang
reculait lorsqu'il s'agissait de rendre
témoignage au Dieu vivant et vrai. Mais,
l'automne dernier, John et Betty avaient
envoyé une demande de prière en
faveur de « ces deux enfants en
Christ ». Et le Seigneur a exaucé
ces prières de façon magnifique et
comme Il le peut faire. À la timidité
avait succédé à l'heure du
danger un oubli complet de soi, une ferveur
d'esprit, une témérité
magnifique, chez ces deux chrétiens
autrefois si craintifs ; et leur courage a
émerveillé et ému, par toute
la terre, tous ceux qui ont eu connaissance de ces
faits... Ceci illustre le grand aphorisme de
l'apôtre Paul : « Dieu ne nous
a pas donné un esprit de crainte, mais un
esprit de puissance, d'amour et de
prudence. »
« Discuter sur le
courage chrétien dans la
sécurité de nos confortables foyers,
est une chose ; c'est une tout autre affaire
pour ces hommes, et pour tous ceux qui leur sont si
noblement associés, que d'être
prêts à donner leurs vies pour l'amour
de Christ.
« En tout ceci, il y a
un message pour nous, message que nous formulerons
en empruntant les paroles de Samuel :
« Dieu garde que je pèche contre
l'Éternel en cessant de prier pour
vous. » Par la pratique, renouvelons
notre conviction du devoir et du privilège
de la prière, en faveur des chrétiens
de Chine ; plus particulièrement pour
ceux qui sont faibles en la foi, pour ceux qui
n'ont pas encore trouvé la joie et
l'assurance en Christ ; pour les malades, pour
ceux dont la vie est exposée à la
mort du fait des méchants. La prière
rend le faible, fort ; le lâche,
courageux ; l'infidèle, fidèle.
La prière véritable, aujourd'hui
encore, change les choses, et transforme les
individus. »
- O Christ, viens au secours de tes
héros, là-bas,
- Qui livrent pour ton Nom de terribles
combats
Les flots dévastateurs,
l'ombre pleine d'obstacles,
- Tout est contre eux... Pour eux,
Seigneur, fais des
miracles !
Ils sont à
l'avant-garde, ils s'attendent à Toi,
- Soutiens, par ton Esprit, leur vaillance
et leur foi
Contre tant d'ennemis ils sont
une poignée,
- Mais Tu te tiens près d'eux... La
bataille est gagnée !
-
- Cantique missionnaire, par Margaret-E.
Sangster.
Imité par R. S.
APPENDICE
N.-B. - Les éditeurs de la 21
édition de ce livre ont cru bien faire en
donnant à leurs lecteurs les détails
suivants pris dans plusieurs journaux
américains. C'est à Tsing-Tao que les
grands-parents d'Hélène-Priscille
Stam sont missionnaires.
Dernières nouvelles
d'Hélène-Priscille Stam
À Tsing-Tao, l'ancienne colonie
allemande, règnent une grande agitation et
une grande angoisse.
La belle ville, si
délicieusement située entre la mer et
les montagnes, le port superbement
aménagé par l'Amiral Oscar von
Truppel, les bâtiments magnifiques,
érigés à grand renfort de
millions de marks-or, tout ce qui faisait l'orgueil
des Allemands avant la guerre de 1914, et qui,
depuis 1918, avait été
restitué au gouvernement chinois, cette
ville riche et prospère devait être
détruite.
Devant l'envahisseur japonais, les
autorités chinoises avaient
décidé de faire sauter la ville, et
avaient avisé la population qu'elle
eût à évacuer.
Aussi les trains, que les foules
prenaient d'assaut dans toutes les gares, s'en
allaient, vers l'intérieur du pays, trois ou
quatre fois trop chargés.Les gens restaient
assis de longues heures devant les gares,
espérant encore trouver un train.
Les fuyards, assez fortunés,
qui ne trouvaient pas de place dans les trains,
louaient, à des prix exorbitants, des
véhicules de toutes sortes, pour gagner au
plus vite les villages voisins et s'y perdre dans
la multitude des gens obscurs qu'on ne peut
rançonner.
Un grand conseil de guerre se tenait
dans l'ancien palais du gouvernement. À
minuit, l'ordre devait être
exécuté de détruire tout ce
qui faisait la richesse et la gloire de la grande
cité - quais majestueux où les plus
grands steamers pouvaient charger d'innombrables
cargaisons, moulins, arsenaux, ponts, palais,
magasins, tout devait être anéanti
pour que l'ennemi n'en profitât pas. Au
large, des canonnières
japonaises s'apprêtaient
à détruire ce que les Chinois
auraient laissé debout, et à
poursuivre sur les routes, par avion, les fuyards.
La crainte des représailles ajoutait encore
à la panique.
Pendant ce temps, la petite
Hélène-Priscille Stam dormait
paisiblement (4)...
Pourtant, pas aussi tranquillement
qu'à l'ordinaire. Sans doute qu'aux oreilles
de cette enfant de trois ans quelque rumeur
inquiétante était parvenue, ou bien
sentait-elle instinctivement une angoisse
ambiante : les enfants sensibles ont de ces
intuitions.
Tout à coup, elle
s'éveilla et commença à
chanter doucement dans son lit :
- Source féconde,
- Salut du monde,
- Le sang de Christ est Ce divin
Frère,
- Sur le Calvaire
- Est mort pour l'homme perdu.
- Oui, je veux croire,
- Oui, je puis croire
- Que Jésus-Christ est mort pour
moi.
- Sa mort sanglante et triomphante
- Me rend libre par la foi
(5).
Par la porte ouverte, la grand'mère
entendit la petite voix claire :
- Es-tu là,
grand'maman ?
- Oui, ma chérie !
Un petit soupir de satisfaction
- Oh ! quel bonheur !
Après un instant de silence,
la petite voix s'éleva de nouveau, et le
doux chant retentit à travers les
ténèbres de la nuit de
Tsing-Tao :
- Je suis la lumière
- A dit le Seigneur,
- Avec moi, mon frère,
- Donne-Lui ton coeur.
- Le monde est plein d'ombre,
- Brillons, brillons bien,
- Toi dans ton coin sombre,
- Et moi dans le mien.
- Grand'maman, la chambre est froide, mais moi,
j'ai bien chaud dans mon lit. Et toi ?
- Moi aussi, ma chérie.
- Et quand vient la nuit sombre,
- Je veux dire au Seigneur,
- Tu me vois sous son ombre.
- Garde-moi ta faveur.
chanta de nouveau la petite voix claire de celle
que tous les chrétiens de Chine appellent
« le bébé du
miracle ».
- Grand'maman, le Seigneur nous
donne la nuit pour que nous puissions dormir,
n'est-ce pas ? Et il nous donne le jour pour
que nous puissions aller à l'école de
Mary K... ?
La voix devenait de plus en plus
faible à mesure que les mots
s'égrenaient dans la nuit : la petite
Hélène était entrée
dans le pays des rêves.
La flotte ennemie qui sillonnait les
eaux dans la mer, au large du port, ne l'effrayait
pas...
Cependant, avant que minuit
eût sonné, l'ordre de destruction
avait été révoqué... Et
la nuit s'acheva paisiblement pour la famille qui
avait mis sa confiance en son Dieu.
- Ainsi, il donne le sommeil à ses
bien-aimés.
- Tu gardes les tiens dans une paix
parfaite,
- Parce qu'ils ont mis leur espoir en
Toi...
- Mais les méchants sont comme une
mer agitée...
Rêvait-elle, la petite enfant du miracle,
en cette nuit de décembre, au message des
anges de Bethléem ?
Paix sur la terre aux hommes de
bonne volonté !
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