SERMONS
SERMON XII
LES ADIEUX À LA PAROISSE.
L’Éternel
n’abandonnera point son peuple, à cause
de son grand nom ; parce que
l’Éternel a voulu vous faire son
peuple. Et pour moi, Dieu me garde que je
pèche contre l’Éternel, et que
je cesse de prier pour vous ! mais je vous
enseignerai le bon et droit chemin. Craignez
seulement l’Éternel, et servez-le en
vérité, de tout votre coeur ;
car vous avez vu les choses magnifiques qu’il
a faites en votre faveur ; que si vous
persévérez à faire le mal,
vous serez consumés.
I. Sam. XII. 22-25.
Ce n’est pas sans une grande
émotion, et un pénible serrement de
coeur, que j’ai vu approcher cette
journée, dans laquelle je dois prendre
congé de vous, et vous parler pour la
dernière fois comme un de vos conducteurs
spirituels. Dès longtemps j’ai
pressenti cette séparation, et dès
longtemps je l’ai redoutée comme une
des épreuves les plus pénibles de ma
vie. Vous êtes le premier troupeau que
j’aie été appelé à
diriger dans la voie du salut, vous êtes les
prémices de mon ministère ;
c’est ici que le Seigneur m’a fait la
grâce de porter d’abord la bonne
nouvelle, et c’est ici que j’en ai vu les
premiers fruits. Comment donc, ne vous aurais-je
pas dans mon coeur ? - Ah ! je puis bien
vous dire dans le langage de St. Paul :
O Corinthiens ! notre bouche s’est
ouverte pour vous ; notre coeur s’est
élargi ; vous n’êtes pas
à l’étroit au-dedans de
nous ;
(2. Cor. VI. 11. 12.) et nous savons
aussi que votre coeur s’est ouvert pour nous,
car vous nous avez donné des
témoignages d’affection, qui ne
s’effaceront jamais de notre mémoire. -
Mais, maintenant que je dois aller publier ailleurs
les miséricordes du Sauveur qui nous a
aimés, et conjurer d’autres âmes
d’être réconciliées avec
Dieu ; j’ai demandé, et je demande
encore au Seigneur, de m’accorder du moins
cette grâce ; c’est qu’avant
de m’éloigner de vous, je puisse vous
adressez une dernière exhortation, qui
contribue à rendre sérieux les uns et
à fortifier la foi des autres. Oui, je lui
demande avec ardeur, que son Esprit soit sur moi,
pendant que je vous parlerai, afin que ce que je
dirai, je le dise, non point de moi-même,
mais véritablement comme ambassadeur du Dieu
vivant, vous parlant en
sincérité ; comme de la part du
Seigneur, et en la présence de Dieu en
Jésus-Christ ;
(2. Cor. II. 17.) en sorte que ce
discours ne soit pas comme l’airain qui
résonne, mais qu’il soit
accompagné d’une
démonstration d’Esprit et de puissance.
(1. Cor. II. 4.) - Voilà mon
voeu le plus ardent ; voilà ce qui seul
pourra adoucir l’amertume de cette
journée, et donner un caractère
auguste et sacré à l’adieu que
je dois vous dire. Et j’ai cette confiance en
mon Dieu, que ma prière sera entendue de
lui, et que sa bénédiction descendra
sur celui qui vous portera sa parole et sur vous
qui l’écouterez.
Tandis que je lisais l’Écriture, en
pensant à la circonstance présente,
j’ai été frappé des
paroles que je vous ai lues ; et qui furent
adressées aux Israélites par le
Prophète Samuel, au moment où il
résignait sa charge de Juge.
L’Éternel n’abandonnera point
son peuple, etc. Ce texte me paraît
renfermer, en substance, toutes les idées
dont je dois vous entretenir dans ce discours.
J’y vois:
- 1°. une promesse solennelle de Dieu à
votre égard ; L’Éternel
n’abandonnera point son peuple, à cause
de son grand nom, parce que l’Éternel a
voulu vous faire son peuple.
- 2°. La ligne de conduite que vous devez
suivre ; craignez seulement
l’Éternel, et servez-le en
vérité, de tout votre coeur, car vous
avez vu les choses magnifiques qu’il a faites
en votre faveur ; que si vous
persévérez à faire mal, vous
serez consumés.
- 3°. Les devoirs qu’il me reste à
remplir envers vous ; mais pour moi, Dieu
me garde de pécher contre
l’Éternel, et que je cesse de prier
pour vous, mais je vous enseignerai le bon et droit
chemin.
Éternel mon Dieu et mon Saveur ! parle
toi-même à ce peuple, et que la voix
de ton ministre ne soit qu’un instrument pour
porter les oracles de ta bouche ! Parle
Seigneur ! avec cette efficace, qui
pénètre irrésistiblement les
âmes ! Que ceux qui
s’égarent encore dans les sentiers du
monde, ouvrent les yeux sur leurs dangers, et
recherchent l’éternelle
délivrance que tu as donnée à
ton peuple ; que les
fidèles soient réjouis,
fortifiés, perfectionnés par la
considération de tes promesses
immuables ; que ce jour soit un jour de
conversion et de salut ; qu’ainsi, ton
chétif serviteur puisse s’en aller en
paix, consolé par le spectacle de tes
miséricordes, envers cette portion de ton
héritage. Amen !
I. L’Éternel
n’abandonnera point son peuple, à cause
de son grand nom. Ces paroles nous rappellent
d’abord, que le Seigneur a ici un vrai peuple.
- Oui, cette foule qui vient remplir ce saint
parvis, ne se compose pas seulement de
Chrétiens de nom ; il y a ici plus que
des apparences, l’Évangile n’a pas
été annoncé en vain, il a
été porté dans plusieurs
âmes par le St. Esprit ; il en est
plusieurs qui peuvent chanter avec actions de
grâces le cantique des rachetés, et
s’égayer en celui qui les a
sauvés de la condamnation et de la mort. Je
t’en bénis, ô Seigneur mon
Dieu ! tu m’as accordé cette joie
ineffable, de voir ta Parole germer et fructifier
chez quelques-uns ; je t’en bénis,
ô toi Auteur de toute grâce, de qui
procèdent la volonté et
l’exécution ! plusieurs de
ceux-ci se sont réveillés à
salut, et portent ton Évangile écrit
dans leurs coeurs, par ton esprit, ô Dieu
vivant ! - L’Éternel a ici un
peuple, un peuple qui, sorti de l’esclavage et
des ténèbres, marche vers la
Jérusalem éternelle, après
avoir cru et connu, que miséricorde lui a
été faite par le sang de
l’Agneau. Ce peuple est sans doute
clairsemé dans la multitude, il est sans
doute bien peu nombreux si on le compare à
la troupe des enfants du monde ;
il est sans doute aussi bien faible, bien
chargé encore d’infirmités et de
souillures, il tient encore par bien des attaches
au monde, dont il devrait être
entièrement distinct par ses sentiments et
par ses habitudes, mais enfin, ce peuple
existe ; et maintenant, que devons-nous lui
dire de la part du Seigneur ? - Ce que dit
Samuel aux Israélites :
L’Éternel n’abandonnera point
son peuple, à cause de son grand
nom.
Il ne l’abandonnera point,
c’est-à-dire, qu’il
l’affermira et qu’il
l’accroîtra.
Il l’affermira. Pauvres
âmes ! qui sentez encore continuellement
l’influence de la chair et d’une nature
rebelle ; qui gémissez chaque jour, au
milieu d’un combat si souvent marqué
par vos tristes infidélités ;
âmes qui avez cru au nom du Seigneur
Jésus, mais qui êtes encore si faibles
et si chancelantes ! écoutez cette
parole puissante : L’Éternel
n’abandonnera point son peuple. - Oui,
chers et bien aimés ! si votre
péché et votre condamnation vous ont
été sérieusement
manifestés, si vous avez tourné vos
regards vers Jésus mourant, et cru pour
vous-mêmes à l’efficace de son
sacrifice pour vos péchés, si vous
avez été scellés de cet
Esprit, qui rend témoignage à notre
esprit, que nous sommes enfants de Dieu ;
(Rom. VIII. 16.) ayez confiance,
l’Éternel est avec vous, et pour la vie
et pour la mort. L’oeuvre, qui doit encore se
faire en vous, est bien grande sans doute, mais le
Seigneur est riche pour vous et saura
l’accomplir.
Du glaive de son Esprit, il coupera ces
misérables liens qui vous retiennent dans la
souillure ; il retranchera par degrés
ces penchants du vieil homme, qui tyrannisent
encore vos coeurs ; sa lumière jaillira
de plus en plus dans vos
ténèbres ; sa houlette sera
votre appui ; vous marcherez avec lui et par
lui, et il vous rassasiera de vie et de
délivrance. Puisqu’il m’aime
avec affection, dit le Seigneur, je le
délivrerai ; je le mettrai en une haute
retraite, parce qu’il connaît mon
nom ; il me réclamera et je
l’exaucerai ; je serai avec lui dans ses
détresses, je l’en retirerai et je le
glorifierai.
(Ps. XCI. 14. 15.) - Oh ! que
c’est pour le fidèle, une chose
précieuse, de pouvoir ainsi se reposer
sous les bras éternels,
(Deut. XXXIII. 27.) et d’y
trouver la paix, même au milieu des plus
furieux orages ! Oh ! que le Seigneur est
bon, de nous avoir ainsi pris à lui, pour
nous diriger lui-même, pour être en
nous l’Alpha et l’Oméga, le
commencement et la fin
(Apoc. I. 8.) de l’oeuvre du
salut ! O Israël ! il n’y en
a point qui soit semblable au Dieu fort, qui vient
à ton aide et qui veut être le
bouclier de ton secours ; tes ennemis seront
domptés, ta chaussure sera de fer et
d’airain, et ta force durera autant que tes
jours ; tu habiteras en sûreté,
ton oeil sera tourné vers le pays de la
promesse et les cieux distilleront la
rosée.
(Deut. XXXIII. 25. 26. 28. 29.)
Et pourquoi Dieu soutiendra-t-il ainsi son
peuple ? - C’est à cause de son
grand nom, nous dit le texte,
c’est-à-dire, pour sa propre gloire. -
Or en quoi met-il sa gloire ?
- Esaïe répondra, qu’il met sa
gloire à nous faire grâce et
à avoir pitié de nous.
(Esaïe XXX. 18.) - Voilà
tout son amour pour son peuple. Et pour que vous ne
puissiez pas mettre en doute cet amour du Seigneur,
écoutez ce que dit St. Paul aux
Hébreux : Dieu voulant montrer
encore mieux aux héritiers de la promesse,
la fermeté immuable de son conseil, il y a
fait intervenir le serment, afin que par ces deux
choses invariables, (savoir la promesse et le
serment) et dans lesquelles il est impossible
que Dieu mente, nous eussions une ferme
consolation, nous qui avons notre recours à
retenir fortement l’espérance qui nous
est proposée.
(Héb. VI. 17. 18.)
L’entendez-vous, âmes
fidèles ! Dieu a promis, et il a
ajouté à la promesse de
bénédiction un serment par
lui-même ; pouvait-il faire davantage
pour donner une pleine confiance aux
siens ?
Il ne faut cependant pas nous le dissimuler ;
ces promesses magnifiques ne peuvent
s’adresser encore qu’à un petit
nombre de ceux qui m’écoutent, car ce
sont les promesses que le Seigneur ne fait
qu’à ceux qui ont cru et qui ont
reçu le sceau de son Esprit. Mais, si le
nombre des fidèles manifestés est
encore petit au milieu de vous, j’ai confiance
que ce nombre s’augmentera. car n’est-il
pas évident, pour parler avec mon texte, que
le Seigneur a voulu vous faire son
peuple ? Peut-on douter qu’il
n’ai voulu commencer ici une grande oeuvre de
miséricorde ! N’en avons-nous pas
une preuve irrécusable, non seulement dans
la foi ferme et éclairée, qui
s’est manifestée chez plusieurs, mais
encore dans le travail secret qui se fait chez un
beaucoup plus grand nombre ?
Combien n’en est-il pas, qui sans avoir encore
trouvé le repos dans le sein du Sauveur, ont
cependant commencé à sentir le
fardeau de leurs péchés, et à
en gémir devant Dieu ! Combien
n’en est-il pas, qui soupirent en secret
après une délivrance qui leur est
encore inconnue, et qui,
dégoûtés d’un monde qui
les a si souvent trompés, sentent le besoin
d’une autre paix que celle qu’il
donne ! - Maintenant, c’est vous que
j’atteste, âmes
travaillées ! c’est vous que je
conjure au nom du Seigneur, de considérer
que sa voix vous appelle, et qu’il vous
destine à augmenter son peuple
fidèle. Vous êtes déjà
marquées pour obéir à
Jésus-Christ, et pour avoir part à
l’aspersion de son sang ;
(1. Pierre I. 2.) vous êtes des
épis jaunissants pour la moisson qui se
prépare; esclaves d’un maître
cruel, vous secouez vos chaînes, regardant de
toutes parts si personne ne viendra les briser.
Ah ! captifs gémissants et
désolés ! écoutez la voix
de liberté qui se fait entendre sur les
saintes montagnes et qui doit ébranler vos
coeurs ; écoutez la parole de celui qui
déclare qu’il est venu ouvrir aux
prisonniers la porte de leur prison ;
(Esaïe LXI. 1.) oui
écoutez, et apprenez que Christ a
payé votre rançon et que si vous vous
confiez en lui de tout votre coeur, vous serez
sauvés éternellement avec tout son
peuple. O vous qui êtes notre plus
chère espérance pour
l’accroissement du peuple saint, ne repoussez
pas la liberté et la vie qui vous sont
offertes !
Cependant, j’ai confiance, que les
miséricordes de mon Dieu ne seront pas
seulement le partage de ceux qui ont
commencé à sentir la plaie de leur
âme et le besoin de guérison, mais
qu’elles s’étendront aussi
à plusieurs de ceux qui jusqu’ici sont
restés insensibles. L’Esprit de
l’Éternel ne peut-il pas
souffler sur ces tués et les faire
revivre ?
(Ezéch. XXXVII. 9.) Ne peut-il
pas, de ces pierres même, susciter des
enfants à Abraham ? (Matth. III.
9.) Ne peut-il pas faire croître la petite
famille jusqu’à mille personnes,
(Esaïe LX. 22.) et remplir son
Église de vie et de gloire ? - Oui,
après avoir commencé une si belle
oeuvre, nous pouvons avoir l’espérance
qu’il l’agrandira et qu’il
l’étendra. Ses promesses et
l’expérience que nous avons de ses
bontés envers nous, en sont les gages, et ce
que nous avons vu jusqu’ici, n’est que
l’aurore d’un jour plus beau. Ah !
puissé-je lorsque je serai absent de corps,
être souvent réjoui en esprit, non
seulement en apprenant l’affermissement de
ceux qui ont cru, mais encore le réveil de
ceux qui maintenant dorment encore !
Puissé-je entendre souvent cette heureuse
nouvelle, touchant ce troupeau ! “Il
marche dans la foi, il se fortifie, le règne
de Dieu s’y avance comme la lumière
qui augmente son éclat, jusqu’à
que le jour soit en sa perfection. ”
(Prov. IV. 18.) Voilà, ô
Seigneur mon Dieu ! les consolations que
j’attends de ta bonté
inépuisable.
Maintenant, M. C. F., considérons par quel
chemin Dieu conduit à cet heureux
résultat le peuple qui lui appartient :
ce sera le sujet de notre seconde partie.
II. Craignez seulement
l’Éternel, et servez-le en
vérité de tout votre coeur.
Craignez l’Éternel,
c’est-à-dire, redoutez par-dessus
tout de ne pas entrer dans ses desseins à
votre égard et de résister à
sa volonté. Voilà le premier point
sur lequel Samuel insista auprès des
Israélites, et sur lequel nous devons
insister nous-mêmes auprès de vous.
Oui, souvenez-vous, que c’est ce grand Dieu
seul qui fait mourir et qui fait vivre, qui fait
descendre au sépulcre et qui en fait
remonter, que les hommes ne prévaudront
point contre sa force irrésistible,
et que ceux qui contestent contre lui, seront
brisés.
(1. Sam. II. 6. 9. 10.) Ne vous
laissez donc pas effrayer par les méchants,
par leurs artifices, par leurs menaces et par leurs
vains discours. Plusieurs chercheront à vous
retenir dans le tourbillon des joies du
siècles et à vous détourner du
droit sentier ; plusieurs essaieront de vous
troubler par des railleries, arme dont on ne manque
guères de se servir contre ceux qui veulent
vivre selon Dieu. Mais rappelez-vous alors, que
ce monde passe avec sa convoitise,
(1. Jean II. 17.) que bientôt
il ne sera qu’un monceau de ruines, que toute
cette scène visible va disparaître
pour faire place aux éternelles
réalités, et qu’alors malheur
à ceux qui se seront éloignés
du Seigneur et qui auront rejeté son joug.
Écoutez-moi, dit
l’Éternel, vous qui connaissez la
justice, peuple dans le coeur duquel est ma
loi ; ne craignez point
l’opprobre des hommes, et ne soyez point
effrayés de leurs injures ; car la
teigne les rongera comme un habit, et la gerce les
dévorera comme la laine ; mais ma
justice subsistera toujours, et mon salut durera
d’âge en âge.
(Esaïe LI. 7. 8.)
Servez l’Éternel en
vérité, voilà la seconde
direction contenue dans le texte. Faites-y
attention, M. C. F., on peut servir
l’Éternel, et non pas selon la
vérité. On peut le servir selon les
idées relâchées du monde, ou
selon le caprice de sa propre imagination. On peut
se faire à soi-même un Dieu qui
n’est pas le vrai Dieu, et un Christ qui
n’exista jamais. On peut ainsi,
s’appuyant sur l’esprit de l’homme
et non pas sur la Parole éternelle,
s’envelopper d’une atmosphère
d’illusion et de mensonge, pour y dormir
jusqu’à son dernier jour. Ah !
Dieu vous préserve d’une erreur si
funeste, qui en vous donnant une apparence de paix
pendant toute la vie, vous conduirait à
être éternellement perdu. Dieu vous
préserve de ce faux christianisme, qui est
le roseau cassé, sur lequel
s’appuient tant d’âmes
abusées ! - Servez
l’Éternel en vérité,
c’est-à-dire, selon
l’Évangile. Il n’y a qu’un
seul Dieu Sauveur, c’est celui que la Bible
nous annonce, et c’est cette Bible seule qui
doit être votre guide et votre
lumière, pour apprendre à le
connaître comme il veut être connu, et
à le servir comme il veut être servi.
Or qu'elles sont les doctrines fondamentales que
cette Bible nous annonce ?
C’est que nous sommes par notre nature,
morts dans nos fautes et dans nos
péchés, dignes d’être
haïs, déchus de la gloire de Dieu et
enfants de colère ; mais que Dieu qui
est riche en miséricorde, par sa grande
charité, dont il nous a aimés, nous a
rendu la vie par Christ ; qu’en
lui nous avons la rémission des
péchés par son sang, que nous
sommes sauvés par grâce, par la foi,
que cela ne vient point de nous, que c’est un
don de Dieu, que ce n’est pas par les oeuvres,
afin que personne ne se glorifie. Que
toutefois, malgré que nous ne soyons pas
sauvés par nos oeuvres, mais par pur
grâce, nous sommes cependant
créés en Jésus-Christ pour les
bonnes oeuvres, pour lesquelles Dieu nous a
préparés, afin que nous y marchions.
(Eph. I. 7.
II. 1. 3. 4. 5. 8. 9. 10. -
Rom. III. 22. -
Tite III. 3.) - Maintenant prenez-y
garde, M. C. F., il n’y a point d’autre
Évangile que celui-là ; toute
autre doctrine est une falsification du vrai
Évangile de Dieu ; et malheur !
malheur ! à celui qui irait chercher
ailleurs que dans cette doctrine de vie, un
remède pour son âme et un appui pour
le jour des rétributions. - Oui, ô nos
bien-aimés ! vous, pour qui nous sommes
en perplexité et en angoisse à cette
heure ! que Dieu daigne lui-même, par
son St. Esprit, imprimer si profondément sa
vérité dans vos âmes, que rien
au monde ne puisse vous faire abandonner cet unique
fondement d’espérance ! Qu’il
vous donne, ce bon Dieu, d’opposer toujours
cet Évangile, comme un mur d’airain,
aux adversaires, afin que leurs attaques viennent
s’y briser !
et que lorsqu’il faudra sortir du tombeau pour
paraître devant le Juge des vivants et des
morts, vous soyez trouvés revêtus de
la justice de Christ, et non pas des lambeaux
souillés d’une sagesse mondaine, qui
tournerait alors à votre éternelle
confusion ! Servez l’Éternel en
vérité.
Servez-le de tout votre coeur, ajoute encore
le Prophète. - Ce n’est pas dans les
formes, ou dans les opinions, ou dans le langage,
que réside le vrai culte ; il doit
partir du coeur. Ah ! prenez-y donc
garde ; ce n’est pas assez d’avoir
dans l’Esprit une conviction conforme à
la vérité de l’Évangile,
ce n’est pas assez de prendre parti pour
Christ et pour ses fidèles disciples, ce
n’est pas assez de confesser de bouche son
grand Nom ; il faut que les affections soient
changées, que le coeur de pierre soit
ôté, que le coeur de chair soit
mis à la place, que l’âme soit
régénérée par la
puissance de l’Esprit de Dieu, et qu’on
en voie les fruits dans une vie
d’humilité, de renoncement, de
charité, en un mot de bonnes oeuvres ;
hors de là, il n’y a point de
Chrétien.
Or, M. C. F., souffrez que je saisisse
l’occasion présente, qui sera
peut-être la dernière, pour faire
à chacun de vous, devant le Dieu qui doit
nous juger, cette question bien redoutable et bien
solennelle : “Avez-vous cru de coeur
à l’Évangile de la
grâce ? Pouvez-vous en
sincérité répéter avec
St. Paul : C’est une chose certaine et
digne d’être entièrement
reçue, que Christ est venu dans le monde
pour sauver les pécheurs, dont je suis le
premier, et miséricorde m’a
été faite ?
(1. Tim. I. 15. 16.)
Êtes-vous assurés devant Dieu pour le
jugement qui se prépare ? Votre
âme a-t-elle été
réveillée et
régénérée par le
souffle vivant de l’Esprit, et sentez-vous le
témoignage et la puissance de cet Esprit de
grâce ?” - Répondez devant
Dieu, âmes immortelles !
répondez, comme il faudra répondre
à l’appel de Christ, au moment
où il viendra faire le grand discernement
des boucs et des brebis ; bientôt il
paraîtra sur les nuées et nous irons
devant son Tribunal ; bientôt, oui
bientôt, quelques jours encore ! - Et
où irez-vous alors ? - À la
droite, ou à la gauche ? - Près
de Dieu, ou loin de Dieu ? - Avec ceux qui
auront eu la vie, ou avec ceux qui seront
restés dans la mort ?
O nos bien-aimés ! à ces
questions redoutables, comment ne serions-nous pas
effrayés pour vous! car, si nous savons que
parmi vous il en est plusieurs à qui la
bénédiction est assurée dans
le sang du Sauveur, nous savons aussi que le grand
nombre est encore hors de Christ et sans
espérance. Et c’est à
ceux-là que nous disons avec supplication et
avec angoisse : ” Prenez pitié de
vos âmes, et allez chercher un refuge
auprès de Jésus ; il est venu
ôter la malédiction, et voulez-vous
rester sous la malédiction ? Il vous
annonce, et votre misère sans ressource, et
le pardon qu’il vous a acquis ;
refuserez-vous toujours d’y croire ?
Oh ! que Dieu vous donne enfin de regarder
à la croix avec une pleine confiance en
celui qui y est mort pour vous !” Oui,
donne-leur d’y croire, ô mon Dieu !
Réveille, réveille Israël qui
sommeille ; fais tomber abondamment ta
rosée sur ton héritage
épuisé ; rétablis-le, et
forme-toi ici un grand peuple, qui te serve en
vérité et de tout son coeur.
De tout son coeur ! Hélas !
ceci me rappelle une classe nombreuse parmi vous,
M. C. F., celle des disciples qui flottent
çà et là, dont le coeur est
partagé, qui voudraient allier les deux
maîtres incompatibles, Dieu et le monde, et
qui ainsi sont inconstants dans toutes leurs
voies.
(Jaques I. 8.) Ah ! nous
voudrions pouvoir dire à ces personnes,
toute l’affliction qu’elles nous ont
causée, par leurs infidélités
continuelles et ouvertes. Que le monde nous afflige
par un débordement habituel de vanité
et de souillure, nous en gémissons sans
doute avec amertume, mais cette conduite ne nous
étonne point. Mais, que ceux qui confessent
le nom de Jésus et qui déclarent lui
appartenir, soient en scandale aux fidèles
et même au monde, par des transgressions
ouvertes de la loi de Dieu, telles que la violation
du Dimanche, un luxe opposé à la
simplicité chrétienne, et des
habitudes de dissipation et de
frivolité ; oh ! voilà ce
qui déchire le coeur du ministre de Dieu
mille fois plus que tout le reste, et ce qui nous a
souvent fait dire avec douleur : “Mon
Dieu ! est-ce là ton peuple ?
Sont-ils tes enfants, ceux qui veulent ainsi
partager leur coeur et qui ne savent rien te
sacrifier ? - Seigneur ! augmente-leur
la foi, et que de tels scandales disparaissent
du milieu de ceux qui confessent ton
nom !”
Assurément, il serait bien utile, M. C. F.,
pour diminuer de pareils scandales, que tous ceux
qui ont cru à l’Évangile,
s’attachassent aussi à ces
préceptes de l’Évangile, qui
veulent que les chrétiens s’exhortent
et se reprennent mutuellement, dans le sentiment
d’une commune charité. Oui, il serait
bien désirable que cette franchise salutaire
devint plus commune parmi vous, pour
éclairer ceux qui pèchent par
ignorance et pour soutenir les faibles. Ainsi,
marchant ensemble et selon une même
règle, vous avanceriez dans votre
pèlerinage, en glorifiant celui qui vous a
rachetés, et en vous édifiant les uns
les autres, jusqu’à ce que vous
arrivassiez à la demeure de la perfection et
du repos.
Gloire, vie, paix et bénédiction de
la part du Seigneur, à ceux qui suivront le
chemin que nous venons de vous tracer, et qui
serviront l’Éternel selon la
vérité et de tout leur coeur ! -
Mais quel sera le partage des autres ? - Notre
texte l’annonce : Si vous
persévérez à faire le mal,
vous serez consumés.
Oh ! écoutez ceci, vous tous qui
résistez encore au Dieu fort et à son
Oint ! Écoutez ceci, vous qui persistez
à vouloir suivre les voies de vos passions,
du monde et de sa sagesse trompeuse ! Vous,
pécheurs audacieux et endurcis ! Vous,
pharisiens orgueilleux, qui prétendez vous
sauvez par vos propre justices ! Et vous
aussi, demi-disciples, qui malgré les
avertissements les plus solennels, ne cherchez en
Christ qu’un supplément à ce que
vous croyez qui vous manque, et non pas le tout
du salut !
Écoutez la déclaration de la Parole
de vérité : Si vous
persévérez à faire ce mal,
vous serez consumés. - Non, on ne se
joue pas de Dieu, et l’homme moissonnera,
selon qu’il aura semé ;
(Gal. VI. 7.) si vous ne vous
convertissez, vous périrez ;
(Luc XIII. 3.) si vous n’allez
pas à Christ pour avoir le pardon, vous
demeurerez sans pardon ; si vous ne vous jetez
dans l’arche de salut que Dieu vous offre au
milieu de la tempête, le gouffre vous
engloutira et il n’y aura plus d’espoir.
Il y a sans doute, dans la main de
l’Éternel, un vase inépuisable
de miséricorde ; mais il y a aussi dans
sa main, une coupe de colère de jugement,
qu’il versera sur ceux qui auront
repoussé jusqu’à la fin, les
tendres invitations de sa bonté. Pensez-vous
que votre insouciance et votre dureté feront
mentir la Parole de Dieu, et empêcheront la
menace de s’exécuter ? Non,
non ; il a parlé, et ce qu’il a
dit, s’accomplira en son temps. Il n’y a
de salut qu’en Christ, et celui qui ne sera
pas trouvé en Christ, dans la foi en Christ,
dans la vie de Christ, sera perdu. - Âmes si
souvent appelées, et toujours en vain !
vous trouverez peut-être ces paroles dures,
surtout dans un jour tel que celui-ci, et vous
voudriez peut-être que j’usasse de plus
de support ; mais, jugez-en
vous-mêmes ; comment pourrais-je user de
support aux dépens de la
vérité ? Comment pourrai-je
panser votre plaie à la
légère, pour la laisser devenir
une plaie mortelle ?
Ah ! ne nous reprochez pas une rigueur que
votre état rend nécessaire, et que
notre qualité de ministre de Christ
réclame impérieusement. Une grande
charge nous est imposée, et
jusqu’à la fin nous devons la remplir,
quoiqu’il en coûte, à nous et
à vous. Vous le comprendrez mieux encore,
par ce que nous reste à vous dire.
III. Pour moi, dit le
Prophète, et nous le disons avec lui,
Dieu me garde de pécher contre
l’Éternel, et que je cesse de prier
pour vous, mais je vous enseignerai le bon et droit
chemin. Il y a un chemin, un seul chemin de
salut, dressé sur l’abîme du
péché et de la mort, c’est
Christ. Il est la porte, il est le chemin, la
vérité et la vie, nul ne vient au
Père que par lui.
(Jean X. 9. -
Jean XIV. 6.) C’est là
le fondement de l’Écriture, et
l’Évangile que nous vous avons
annoncé. Malheur à nous ! si
nous n’annoncions pas cet Évangile, ou
si nous allions le falsifier ! Nous serions
les meurtriers des âmes, et leur sang nous
serait redemandé au grand jour.
Considérez donc bien, M. C. F., tout ce que
cette charge a de redoutable, et mettez-vous un
moment à notre place, afin de comprendre
quelle fidélité nous devons mettre
dans notre conduite à l’égard de
l’Église de Dieu. - Hélas !
nous sentons le besoin pressant de nous humilier
devant lui, et en votre présence, à
cause de la grande infirmité qui a
accompagné notre ministère au milieu
de vous. Nous ne vous avons pas toujours
parlé avec assez de franchise ; nous
avons souvent passé sous silence ce que nous
aurions dû proclamer hautement ;
nous avons négligé
bien des devoirs, que nous aurions dû remplir
avec zèle, soit en public, soit en
particulier. Que Dieu, dans sa miséricorde,
daigne nous pardonner ces fautes, pour l’amour
de son Fils, en qui nous avons cru, et qui est
notre seul espoir !
- Mais au milieu de ces souvenirs amers, nous avons
du moins une consolation, c’est que nous vous
avons annoncé le grand, l’unique salut
par le sang de la croix, et que nous avons
conjuré les pécheurs de le saisir.
C’est là un témoignage que notre
conscience nous rend, et que vous devez nous rendre
vous-mêmes. - Ce devoir que nous avons
rempli, nous voulons le remplir jusqu’à
la fin, puisque c’est là le point
capital, la pierre angulaire de
l’Évangile. Nous voulons que nos
dernières paroles auprès de vous,
soient Jésus-Christ et
Jésus-Christ crucifié ;
(1. Cor. II. 2.) nous voulons
déclarer encore à ceux qui
s’égarent, que hors de Christ, il
n’y a que la mort éternelle : et
quelque sévérité qu’ils
puissent trouver dans ces derniers avertissements,
il faut qu’ils les entendent, parce que
c’est là la charge du Dieu fort, et que
nous ne pouvons pas la changer. Celle grande
vérité, nous la proclamerons partout
où le Seigneur nous appellera ; et nous
espérons qu’il nous fera encore la
grâce de pourvoir rendre gloire à
cette doctrine de réconciliation, quand nous
serons couchés sur le lit de la mort. Oui,
puissent nos lèvres glacées
répéter encore à cette heure
dernière, il n’y a point de salut en
aucun autre,
(Act. IV. 12.) il n’y a point
d’autre Sauveur que lui.
Vous dire la vérité
jusqu’à la fin, c’est notre
premier devoir ; le second, c’est de
prier pour vous. - Ah ! qu’il me sera
doux de remplir cette dernière
obligation ! si je m’éloigne de
vous de corps, je me reprocherai de vous en esprit,
et je penserai à vous devant le trône
du Seigneur. Je lui demanderai, comme je le fais
à cette heure, que sa
bénédiction et sa paix reposent
abondamment sur vous tous ; que ceux qui sont
dans le bon chemin, y demeurent fermes, et soient
des flambeaux resplendissants au milieu des
ténèbres du monde ; que ceux qui
sont encore chancelants, soient
perfectionnés de jour en jour ;
surtout, que cette classe nombreuse, qui
jusqu’ici a été
entièrement étrangère à
l’Évangile, connaisse enfin cet
Évangile de paix, et y trouve le
remède à ses déplorables
égarements ; - que Christ habite au
milieu de vous, comme au milieu de son
peuple ; que l’enfant apprenne à
bégayer son nom, avec émotion et
reconnaissance ; que le jeune homme cherche
auprès de ce bon Maître, un appui
contre les passions orageuses, et un bouclier
pour éteindre les traits enflammés du
malin ;
(Ephés. VI. 16.) que ce nom de
Christ soit invoqué soir et matin dans les
familles ; qu’il y fasse régner la
paix, l’union, le support ; et que ce
grand nom vienne encore consoler le vieillard
à son heure dernière, et donner une
teinte céleste au couchant de ses jours.
- Je demanderai au Seigneur, que sa
bénédiction repose sur vos
magistrats, qu’il leur donne la
fermeté, la fidélité, la
crainte de l’Éternel et le désir
d’avancer sa gloire, que cette
bénédiction repose aussi en abondance
sur vos conducteurs spirituels, en sorte que leur
travail au milieu de vous soit selon la
vérité et pour la conversion
d’un grand nombre. - Je lui demanderai enfin,
qu’après ce court pèlerinage sur
la terre d’exil, nous nous retrouvions tous
ensemble dans le temple éternel, pour y
chanter le cantique des bienheureux, et voir Dieu
face à face.
Mais, chers et bien-aimés ! tandis que
je combattrai ainsi pour vous
auprès du Seigneur de gloire,
j’ai aussi cette confiance, que vous
prierez vous-mêmes pour celui qui vous aura
quittés, et que vous implorerez pour lui les
grâces dont il sent chaque jour davantage le
besoin dans son ministère ; que vous
demanderez que ses nouveaux travaux soient
bénis, qu’il ne sème pas en vain
la semence de la Parole, et que Dieu lui donne la
joie d’en voir quelque fruit. Vous le ferez,
j’aime à le croire, et cette
pensée sera bien douce pour mon coeur.
Maintenant, ô Éternel ! daigne
exaucer les requêtes qu’a
prononcées ton serviteur en faveur de
ceux-ci ; sois-leur propice, pour l’amour
de ton nom ; sanctifie-les par ta
vérité, ta Parole est la
vérité ;
(Jean XVII. 17.) que ton Soleil de
justice luise sur eux, que la croix de ton Fils
soit leur refuge ; que ta grâce, ta
force et ta paix, leur soient multipliées et
demeurent sur eux à toujours !
Amen !
FIN.
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