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TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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COMMENT S'OCCUPER DES ÂMES ?



INTRODUCTION

Ces lignes ont été écrites et destinées primitivement à une seule personne. Si nous les avons développées et publiées, ce n'est pas que nous ayons la prétention de venir en aide à Dieu, ni de soumettre ses voies à une méthode ; nous savons qu'elles sont aussi variées dans l'ordre spirituel que dans celui de la nature. Mais Dieu nous ayant fait la grâce d'être ses collaborateurs, nous entrons nécessairement pour une part de responsabilité dans son oeuvre, et nous pouvons constater tous les jours, combien notre service peut être fécond, salutaire et béni, quand il est fait avec intelligence et fidélité, et combien aussi il peut être néfaste et même causer un préjudice irréparable, quand nous faisons des fautes.

Nous voudrions donc, en toute humilité, faire part à nos frères de quelques leçons apprises au cours de notre expérience. Elles sont le fruit de bien des angoisses, de bien des regrets, de bien des observations et de bien des études dans le plus sacré des domaines.
Que Dieu, notre unique ressource, nous enseigne et nous rende capables de toute bonne oeuvre !

Bienne, Novembre 1911.

F. W.

 


Comment s'occuper des âmes

Au sens général, l'expression « âme » signifie, dans les Écritures, la partie spirituelle de l'homme en contraste avec le corps (1 Pierre 1, 9 ) ; dans un sens plus spécial, l'âme se distingue de l'esprit (1 Thess. 5, 23). Dans beaucoup de passages, l'âme est considérée comme l'élément responsable de notre être, et de là le plus important. Si l'âme est perdue, tout est perdu. C'est pourquoi Jésus dit : « Que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier, et qu'il fasse la perte de son âme ? » (Matth. 16, 26.)

Deux grandes puissances se disputent la possession de ce bien. D'un côté, Satan, le grand séducteur, et de l'autre, Jésus-Christ, le Sauveur des hommes. Pour l'une ou pour l'autre, il faut donc que les âmes se décident. Le Prince de ce monde n'a qu'un leurre à offrir ; pourtant une fois, il a proposé tous les royaumes de la terre et leur gloire. C'était le plus grand prix qu'il pût présenter. Jésus, lui, a donné sa vie.

Le monde n'a pas le sens de la valeur d'une âme, c'est pourquoi, souvent, le prince des ténèbres les obtient à bon marché. Esaü lui a vendu la sienne pour un plat de lentilles ; Judas, la sienne pour trente pièces d'argent. Les maîtres de cette servante de Philippes, délivrée par Paul d'un esprit de python, sont préoccupés de leurs revenus, et les Gadaréniens de leurs pourceaux. Quand Jésus eut libéré, deux démoniaques, et qu'à cette occasion leurs pourceaux périrent dans la mer, ils le prièrent tout simplement de s'en aller de leur territoire. Deux âmes délivrées d'une misère inexprimable : cela ne leur disait rien ! Le matérialisme avait englouti le sens qu'ils pouvaient avoir pour le bien de leurs propres âmes et de celles des autres.


I

Comment s'occuper des âmes pendant la conversion ?

 

Mort dans ses fautes et dans ses péchés (Eph. 2, 1) - telle est la condition de l'homme naturel, et sans une intervention divine il ne peut pas se convertir. Cette intervention lui est assurée par la parole du Seigneur : « Et moi, si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi-même » (Jean 12, 32).

Le moment décisif dans l'histoire d'une âme est celui où la lumière divine brille sur son chemin. Malgré son état de mort, elle peut ouvrir les yeux pour recevoir cette lumière, elle peut aussi les fermer. Si, comme fit le gouverneur Félix, elle les ferme (Actes 24, 25), il en résultera l'endurcissement ; si elle les ouvre, et se laisse conduire par cette lumière au jugement d'elle-même et à la foi, elle subira une résurrection spirituelle : « .... étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'opération de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts » (Col. 2, 12).

Notre tâche consiste donc à amener les âmes à Christ. Ce n'est ni une morale, ni une théorie, ni un dogme seulement que nous leur apportons, si nécessaires qu'ils soient, mais une personne vivante. « Nous ne conduisons pas les âmes à la croix », comme l'a si bien dit quelqu'un, « il n'y a personne à la croix ; nous ne les conduisons pas au tombeau, le tombeau est vide ; mais nous les conduisons au Christ crucifié et glorifié, assis à la droite de Dieu. »

Le premier but à poursuivre dans une âme, c'est son réveil. Le Saint-Esprit définit ainsi ce ministère en s'adressant à Paul : « .... Je t'envoie pour ouvrir leurs yeux, pour qu'ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu » (Actes 26, 18). Nous devons donc leur ouvrir les yeux sur leur état de corruption et sur le danger de la perdition éternelle auquel elles sont exposées ; et ensuite les conduire à la source de la grâce et de la paix.

« Le sage gagne les âmes » (Prov. 11, 30). Non pas en les attirant à lui d'une manière charnelle ; car la sagesse divine unit dans une sainte austérité la haine du péché et l'amour du pécheur : mais en leur découvrant, sans ménagement, leur plaie afin de la guérir.

Nous aurons à nous adresser tour à tour à l'intelligence, à la conscience et au coeur ; chaque cas particulier demande une direction particulière. Le Saint-Esprit qui sonde les coeurs nous la donnera. Jésus, le parfait Serviteur est notre modèle. Combien différente était la manière dont Il s'occupait des âmes !

Chez Nicodème (Jean III), Il s'adresse d'abord à la conscience. Dans un entretien sur la nécessité et la nature de la nouvelle naissance, Il opère le travail de démolition indispensable à cette dernière. Coup sur coup, l'orgueil du pharisien est atteint. v. 3 son orgueil naturel ; v. 10 : son orgueil spirituel ; v. 11 son incrédulité ; et ainsi le terrain fut préparé au magnifique message qui commence par le verset 15.

Avec la Samaritaine (Jean 4), Il procède autrement, Il commence par le coeur. Il excite sa curiosité en lui faisant comprendre qu'il y a des biens qu'elle ignore, et cela dans un langage comme les enfants le comprennent, comme cette simple femme y était habituée : « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t'eût donné de l'eau vive » (v. 10). Il vante l'eau vive, afin d'éveiller en elle des besoins spirituels et de provoquer cette demande : « Donne-moi de cette eau » (v. 15). Ensuite Il s'adresse à sa conscience, et lui dévoile, d'une manière infiniment délicate, même indirecte, son péché. Quel exemple dans la souveraine Sagesse s'occupant de l'âme d'une femme pauvre et pécheresse, mais pourtant si assoiffée, comme Elle l'épargne et la conduit avec tendresse à la source des eaux vives ! Qu'il fait bon suivre cet entretien jusqu'au moment où il se révèle à son âme comme le Messie. Lui, le Seigneur de gloire arrivé fatigué à la fontaine, est rassasié d'avoir trouvé un adorateur pour son Père, et elle, la pauvre femme est si rafraîchie, qu'elle laisse sa cruche et court à la ville pour rendre témoignage de lui.

Chez Nathanaël, Jésus s'adresse en premier lien à l'intelligence (Jean 1, 48. 49). Il suffisait d'une révélation de sa Toute-Science pour écarter les derniers préjugés de cet Israélite intègre et bien préparé et le convaincre que Jésus de Nazareth était le Christ.

Au fond, toute conversion est le fruit d'une révélation du Seigneur (Matth. 11, 25-27). Prêchons Christ aux âmes de manière à ce qu'elles puissent le rencontrer dans notre prédication.

En général, nous devrons consacrer beaucoup de temps et de soins au côté négatif de l'oeuvre. « Nous sommes collaborateurs de Dieu ; vous êtes le labourage de Dieu », écrit Paul aux Corinthiens (1 Cor. 3, 9).

Rappelons-nous que sur quatre sortes de terrains, dans lesquels est tombée la semence de la Parole divine (dans la parabole du semeur), il n'y en a qu'un de bon (Matth. 13, 1-9). C'est pourquoi la parole sera toujours de saison : « Défrichez pour vous un terrain neuf et ne semez pas au milieu des épines » (Jér. 4, 3). Dans Jérémie 1, 10, Jéhovah emploie quatre expressions pour décrire le côté négatif dans le travail du prophète : « Arracher », « démolir », « détruire » et « renverser », et seulement deux pour le côté positif : « bâtir » et « planter ».

Non seulement les âmes sont mortes dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais souvent elles sont ensevelies sous les décombres que la propre justice et une fausse religion ont accumulées sur elles pendant des années, et il faut un travail énergique et considérable pour les amener au jour. Il ne s'agit de rien moins que de la conquête d'une forteresse, et les remparts de l'ennemi ne tombent que devant les attaques répétées de la foi. Nos armes sont divinement puissantes (2 Cor. 10, 4). Heureux celui qui, dans ce travail, procède en connaissance de cause et conscient du but qu'il veut atteindre.

Le « coeur honnête et bon » de la parabole (Luc 8, 15) dans lequel la semence de la parole divine peut produire du fruit à maturité, c'est le « coeur brisé » (Ps. 51, 17). Dans ce coeur les épines et les pierres n'entravent plus la croissance ; la parole ayant été reçue avec foi, une entière soumission a triomphé des obstacles. Elle a créé un terrain aplani sur lequel on peut édifier un travail nouveau.

Mais que faire du coeur impénitent, enlacé dans les voies de sa volonté propre et de sa mondanité ? Une connaissance profonde du coeur de l'homme et une perception divine seront d'un grand secours à un serviteur de Dieu. Il y a des cas où la présentation trop exclusive de la grâce, constitue tout simplement un danger. « Si l'on use de grâce envers le méchant, il n'apprend pas la justice ; dans le pays de la droiture il fait le mal et il ne voit pas la majesté de l'Éternel » (Es. 26, 10).

Alors il faut employer le marteau de la loi pour briser le pécheur endurci et le rendre accessible à la grâce : « Ma parole n'est-elle pas... comme un marteau qui brise le roc ? » (Jérém. 23, 29). Sans connaissance du péché, point de conversion ; or, la connaissance du péché vient par la loi (Rom. 3, 20). Les hommes sont souvent si ignorants au point de vue spirituel qu'on est obligé de mettre le doigt sur la plaie et de leur nommer leurs péchés par leurs noms.

Il est vrai que toute conversion est l'oeuvre de la grâce plus d'un coeur de pierre a été remué par l'amour et la grâce de Dieu. Mais la question se pose toujours : où la loi et la grâce doivent être appliquées ? Si nous nous tenons dans le conseil secret de l'Éternel (Jérém. 23, 18-22) il nous donnera la direction de son Saint-Esprit ; car c'est Lui qui convaincra le monde de péché, de justice et de jugement (Jean 16, 8). Que de fois le Serviteur parfait a placé des hommes sous la loi pour mettre à nu l'état de leur coeur, les convaincre de péché et leur prouver l'absolue nécessité de la grâce ! (Luc 10, 25-37 ; 18, 18-25.)

Nous pouvons avoir instruit une âme sur le chemin du salut aussi clairement que possible, avoir placé devant elle la vie et la mort, avoir servi à la réveiller même, ce n'est pas encore tout, il faut qu'elle soit appelée, c'est-à-dire amenée à une décision.

Cela est si vrai que Jésus dit : Je suis venu « appeler » des pécheurs à la repentance (Matth. 9, 13), et que parmi les titres donnés aux saints, dans les Écritures, est celui d' « appelés » (Rom. 1, 6). Comment auraient-ils pu répondre s'ils n'avaient été appelés ? L'âme peut voir le chemin du salut ouvert devant elle ; mais paresseuse de nature, elle a besoin d'un puissant coup d'éperon pour y entrer. N'oublions pas que mille liens l'attachent au monde et au péché, qu'elle redoute l'opinion des hommes ; elle craint la souffrance. À ce moment suprême, le Dieu de ce siècle lui présente le renoncement et la gloire dans de fausses proportions. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour l'amener à une décision. Les peines éternelles et la félicité éternelle ; l'horreur du péché et la beauté de Christ ; Son oeuvre parfaite, ses souffrances et sa gloire ; la sévérité de Dieu, son amour et sa grâce ; tout doit nous servir pour atteindre le but.

L'appel.

L'appel est lui-même quelque chose de sacré. Puissions-nous ne jamais l'adresser sans être l'organe du Saint-Esprit ! La seule pensée qu'il pourrait provoquer un refus et devenir fatal à une âme, suffirait pour nous empêcher de nous servir jamais de ce moyen. Et pourtant, nous ne devons pas nous laisser arrêter, Dieu veut que tous les hommes parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tim. 2, 3-7) ; ils ne peuvent être sauvés autrement et, malgré la responsabilité qu'elle entraîne, la vérité doit être placée devant eux. Mais cette considération doit au moins nous porter à rechercher avant tout la direction du Saint-Esprit et à nous occuper des âmes avec une extrême prudence et sagesse.
C'est une terrible déception pour une âme quand elle a fait un pas qui ne se légitime pas ; et cette déception peut devenir pour elle une cause de doutes et de tentations. N'exerçons jamais de pression charnelle sur elles, ne jouons pas avec leurs sentiments et leurs nerfs, mais ayons toujours en vue la conscience et le coeur. Je ne veux pas dire que ce soient les seules, mais les meilleures conversions proviennent d'une profonde conviction de péché. Ces réserves faites, un appel direct, adressé à une âme en temps opportun peut lui être d'une grande utilité. Que d'âmes qui attendent, et ne savent que faire, jusqu'à ce qu'un serviteur de Dieu décidé vienne et leur dise comme Ananias à Saul - « Et maintenant, que tardes-tu ? » (Actes 22, 16.)

Comme nous l'avons déjà dit, la grâce de Dieu seule peut rendre l'homme capable de se convertir. L'un vient comme l'enfant prodigue et, sans cette grâce n'aurait pas le courage de venir ; l'autre vient comme Saul de Tarse, et la perspective de choses meilleures seule, lui donne la force de renoncer à ses prérogatives (Phil. 3, 7-9).

L'homme légal qui ne voit en Dieu qu' « un homme dur moissonnant où il n'a pas semé et recueillant où il n'a pas répandu » (Matth. 25, 24), n'éprouve aucun désir de le servir. Et dans ces conditions, nous serions tous les mêmes. Mais quand l'amour et la grâce ont fait leur oeuvre, les âmes le servent de franche volonté. La connaissance de Dieu est la source de toute transformation.

Pour être utile aux âmes, il est nécessaire d'entrer dans leurs difficultés particulières. Si nous avons affaire à des âmes liées au ritualisme d'une Église romaine, grecque ou autre, éclairons-les sur le sujet, mais ne leur ôtons pas ce qu'elles ont, sans le remplacer par quelque chose de meilleur. Si elles nous font le reproche de ne pas avoir de prêtre, annonçons-leur notre grand et Souverain Sacrificateur, Jésus-Christ, et le sacerdoce universel des croyants ; si elles cherchent en vain parmi nous une onction, instruisons-les sur l'onction que nous avons reçue du Saint (1 Jean 2, 20) ; si c'est l'encens qui leur fait défaut, faisons-leur comprendre que le seul encens agréable à Dieu est « la bonne odeur de Christ » dans une vie d'obéissance et de prières (2 Cor. 2, 14-16). Des âmes droites préféreront bienvite la réalité divine aux ombres instituées par les hommes. En tout cas il faut que tous les faux appuis leur soient enlevés et qu'elles apprennent à se confier en Dieu seul.

La conversion.

La manière dont l'Évangile est annoncé peut beaucoup contribuer à ce qu'une conversion soit foncière et que la vie chrétienne qui en résulte soit saine on non. Beaucoup d'âmes n'obtiennent jamais de l'eau pure. L'Évangile qu'elles entendent est un mélange de loi et de grâce, si ce n'est trop souvent le maigre repas de la morale humaine ou même les cendres de la philosophie. Puissions-nous être pour les âmes un « messager, un interprète, un entre mille », comme dit Élihu (Job 33, 23), « pour montrer à l'homme ce qui, pour lui, est la droiture », c'est-à-dire pour lui montrer le droit chemin. Et que fait-il ? Il le mène à la repentance avec ce précieux encouragement : « J'ai trouvé une propitiation » (v. 24).

Le droit chemin ? D'après l'Écriture sainte, toute la prédication évangélique ne se résume qu'en deux mots : repentance et foi. Jean-Baptiste a prêché la repentance et a annoncé celui qui devait venir (Matth. 3, 7-12) ; Jésus (Marc 1, 15) et ses apôtres (Actes 20, 21) ont prêché « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ ». Il est de la plus haute importance que nous communiquions aux âmes, sur ces deux points, des notions justes.

La repentance.

La repentance n'est pas, comme elle a souvent été comprise, une expiation du péché, ni seulement une affaire de sentiments, bien qu'elle ait sa source dans une profonde douleur, mais elle est, d'après 2 Cor. 7, 8-10, le fruit d'une tristesse opérée par le Saint-Esprit au sujet du péché ; elle consiste à rompre avec le péché et à venir à Christ. Il est inutile qu'une âme repentante cherche des mobiles nobles en elle-même ; elle ne peut rien produire, sinon juger son péché, s'humilier et venir à Christ telle qu'elle est. L'enfant prodigue est venu poussé par la faim, mais l'important était qu'il vînt. Un élément essentiel de la repentance, c'est la confession des péchés qui a de si grandes promesses. « Je t'ai fait connaître mon péché, et je n'ai pas couvert mon iniquité ; et toi tu as pardonné l'iniquité de mon péché » (Ps. 32, 5).

Exhortons les âmes à faire table rase de leurs péchés, à examiner leur vie à la lumière de Dieu et à réparer les torts causés éventuellement aux hommes. Dieu est un Dieu saint et Il veut avoir des gens propres. Une conversion qui ne règle pas à fond le passé ne peut subsister. C'est étonnant que les hommes prient tellement pour le pardon de leurs péchés, alors que l'Écriture les y exhorte très peu, et qu'ils cachent en même temps si soigneusement leurs péchés ; tandis que l'Écriture nous exhorte partout à les confesser. C'est que la confession implique la nécessité de les abandonner (Prov. 28, 13).

Un des principaux indices d'une repentance foncière, c'est qu'elle conduit à la paix. Une préoccupation maladive de soi-même, des plaintes incessantes sur ses péchés et sur sa corruption naturelle, surtout le refus des consolations divines, proviennent d'un reste de propre justice et d'orgueil mal déguisé. La repentance de plus d'une âme trouverait dans les paroles suivantes sa plus juste expression : « Je déplore de ne pas avoir l'honneur d'être meilleur et d'avoir mieux vécu. » La vraie repentance n'est pas de l'orgueil froissé, mais de l'humilité ; elle juge le « moi » et donne gloire à Dieu en acceptant le conseil divin de sa grâce.

Si sincère que soit la repentance, elle ne peut, par elle-même, donner la paix à l'âme. La foi seule le peut. Elle est la condition inévitable de la foi, le terrain dans lequel seul elle peut prendre racine et se développer.

Qu'est-ce donc que

La foi ?

La foi est bien, comme beaucoup pensent, une adhésion de l'intelligence à la vérité de Dieu ; mais elle est plus, elle est une adhésion du coeur. Nous pouvons, de notre intelligence, reconnaître une vérité et pourtant lui rester étrangers ; le coeur, au contraire, prend parti pour elle, et en rapporte les conséquences à soi.

Dieu a parlé, et la foi le prend au mot. La foi s'appuie sur les oracles de Dieu et, par eux, nous met en rapport avec Dieu.

Un trait caractéristique de la foi, c'est qu'elle a pour objet la Personne et l'oeuvre de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. La valeur que cette oeuvre a pour Dieu détermine la valeur qu'elle a pour la foi. Et comme cette oeuvre est parfaite, la foi mène toujours au repos. La même bienveillance qui repose sur le Fils bien-aimé de Dieu, repose aussi sur ceux qui, par la foi, ont été rendus parfaits en Lui. Dieu a donné, et la foi prend ; c'est pourquoi la foi a souvent le sens de propriété : « Celui qui croit au Fils, a la vie éternelle » (Jean 3, 36).

Dieu a frayé une voie, et la foi y entre et introduit le salut de Dieu dans l'expérience de notre vie. La foi est donc la main vide qui s'empare du don de Dieu, la dernière ressource d'un homme indigne, coupable et ruiné. C'est le dernier pas qu'un homme, dans sa misère, puisse encore faire et le premier dans le chemin de la délivrance, parce que la foi ne cherche rien dans l'homme, mais tout dans la grâce de Dieu.

À cet égard, la foi est facile, quand les difficultés de la propre justice et de l'orgueil sont vaincues ; mais à un autre égard - combien elle peut paraître difficile à certaines âmes ! C'est bien comme Sauveur que la foi accepte Jésus, en premier lieu, et n'y trouve que gain, mais elle voit aussi en lui le Seigneur établi de Dieu. Or, il s'agit de renoncer à tous les droits sur sa propre personne et sa propre vie et de faire acte de reddition devant Lui. Et l'homme se défend ; c'est pourquoi mainte conversion est si hésitante. Le roi déchu éprouve comme une chose difficile de céder ses prétendus droits en faveur d'un autre. Mais si cet autre est Celui qui « nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous » (Eph. 5, 2), "par la meurtrissure meurtrissure nous avons été guéris » (1 Pier. 2, 24), alors ce n'est plus difficile : c'est un besoin du coeur, un acte de reconnaissance. La foi ne consiste donc pas seulement à accepter Christ, elle consiste aussi à se donner à Lui.

On s'est demandé si l'appel divin : « Mon fils, donne-moi ton coeur » (Prov. 23, 26) se rapporte à la conversion. Ce qui est certain, c'est que le don de nous-mêmes à Dieu en est une partie essentielle. Les saints de la Macédoine « se sont premièrement donnés eux-mêmes au Seigneur, puis à nous, par la volonté de Dieu », écrit l'apôtre Paul (2 Cor. 8, 5). Jésus-Christ « qui nous a été fait de la part de Dieu justice », nous a aussi été fait « sainteté » (1 Cor. 1, 30). Le même précieux sang qui me donne droit au pardon, constitue pour Dieu le droit de me posséder tout entier.

Ce sont des choses qu'il importe d'enseigner, car une conversion qui n'est pas en même temps un acte de consécration est plus que douteuse, seulement la grâce doit être présentée en premier lieu, car il faut une grande confiance pour se donner au Seigneur, et sa connaissance seule peut en rendre l'âme capable.

Nous comprenons dès lors combien grande est la révolution que la foi provoque dans une âme, elle met la grâce divine en rapport avec la culpabilité et la misère humaines et ramène l'homme à Dieu. C'est ce qui explique aussi que la repentance et la foi sont inséparablement liées. La repentance est le motif de la foi. La foi compte avec le grand fait de la croix où le péché est jugé et avec la résurrection, source d'une vie nouvelle. La foi est la chose la plus grande que Dieu puisse réclamer de l'homme, celle qui contient toutes les autres, et la seule que l'homme puisse lui donner.

Courte a été la période de l'indépendance relative dont l'homme jouissait dans le jardin d'Eden. Il n'appartenait pas alors au royaume des ténèbres, ni à Dieu, de la même manière que maintenant. Par sa chute, il a perdu cette indépendance, et il ne la retrouvera jamais. Il sera ou l'esclave de Satan, ou l'esclave de Jésus-Christ. Et quoiqu'il ne puisse pas se dégager des griffes de l'ennemi, il lui reste le privilège glorieux, digne d'un être créé libre, de pouvoir se décider pour l'un ou pour l'autre. Oh ! puissent les âmes s'en montrer toujours dignes et en faire un bon usage ! Se décident-elles pour Christ, alors Il rompt leurs liens, et elles deviennent participantes de la plus glorieuse des libertés, celle de la Rédemption.

C'est là la conversion. Elle consiste dans un acte de volonté, que l'homme est appelé à faire, et par lequel il se décide pour Dieu (comp. Jean 5, 40 et Apoc. 22, 17). Le mot lui-même fait supposer que le coeur humain a toujours besoin d'un objet : les ténèbres ou la lumière, les idoles ou Dieu. Des idoles, il doit se convertir au Dieu vivant et vrai (1 Thess. 1, 9).

La grandeur de la responsabilité qui incombe à l'homme rend nécessaire qu'il soit instruit exactement sur le plan divin du salut. Comment fera-t-il un pas de cette importance s'il ne connaît pas le terrain sur lequel il entre ? Aussi nous semble-t-il que c'est un tort de pousser un homme à une décision sans lui avoir préalablement fait connaître les bases de la Rédemption. Mais ces bases une fois posées, c'est-à-dire la propitiation par le sang de Christ, le jugement du vieil homme à la croix, la justification dans la résurrection de Christ, alors nous n'avons pas seulement le devoir, mais le droit de l'engager à prendre la position que Dieu lui a faite en Christ, en rompant avec le péché et en croyant en Lui. Il a été mis dans le cas de le faire. Puissions-nous tellement lui révéler la beauté de Christ que son coeur soit captivé et gagné par lui !

En quoi consiste, à proprement parler, « l'obéissance de la foi » (Rom. 1, 5 ; 16, 26) et, dans quel rapport se trouve-t-elle avec notre impuissance ?

Cette question est capitale dans l'oeuvre de l'évangélisation ; car elle nous servira à placer sur son vrai terrain la responsabilité de l'homme. Or, nous pouvons en quelque mesure, baser cette responsabilité sur la nature, la conscience, la loi ; mais en dernier ressort, c'est la croix qui décide dans cette question. L'homme qui aura entendu l'Évangile ne sera pas perdu parce qu'il est né pécheur (il faut qu'il le sache), ni parce qu'il n'aura pas accompli la loi (il ne le peut pas), mais uniquement parce qu'il aura rejeté Christ. C'est là le péché volontaire pour lequel il ne reste plus de sacrifice (Hébr. 10, 26 ).

Dieu ne réclame pas que nous expiions nos péchés. Il y a pourvu par le sang de son propre Fils. Il ne demande pas davantage que nous nous rendions meilleurs, c'est impossible, mais il veut qu'avec nos péchés, nous venions à Christ pour être pardonnés ; - qu'avec notre vieil homme, nous venions à Christ pour le dépouiller dans sa mort et que nous reconnaissions dans le Ressuscité notre vie. C'est ce que nous pouvons. L'obéissance de la foi s'appui pour chaque pas sur le Seigneur.

Dieu n'attend plus rien de la chair, elle a été pleinement manifestée et jugée à la croix. Elle ne saurait le contenter dans ses efforts, ni le surprendre dans ses chutes. Il en a fini avec elle. Nous aussi, nous devons en avoir fini avec elle.


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