Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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COMMENT S'OCCUPER DES ÂMES ?



II
Comment s'occuper des âmes après la conversion ?

Quand une fois les âmes sont sauvées, alors elles ont besoin de soins minutieux. Des dangers les menacent de droite et de gauche, et sur ce nouveau chemin la lumière est indispensable. Quand le diable voit qu'une âme lui échappe, il essaye de la fourvoyer, afin de la rendre, si possible, inoffensive pour son règne. Pour les uns, il réussit en leur faisant prendre la vie chrétienne au rabais ; pour les autres, en les égarant dans une fausse sanctification. Combien de vies chrétiennes ont été paralysées et rendues infructueuses par le péché et par des doctrines de sanctification erronées !
Le diable pèche toujours en eau trouble. Il est dès lors de la plus haute importance de ne pas toucher aux lignes de démarcation divines ; de faire la différence entre des domaines qui, pour Dieu, ne s'accordent jamais ; de distinguer entre les ténèbres et la lumière ; entre la loi et la grâce ; entre la chair et l'esprit ; entre le monde et l'Eglise de Dieu (2 Cor. 6, 11-18), et de conduire les âmes hors du labyrinthe de la confusion chrétienne. « Vous qui aimez l'Éternel, haïssez le mal » (Ps. 97, 10). La séparation d'avec le mal est la condition fondamentale de la communion avec Dieu. Un chemin droit contribuera beaucoup à la santé et au développement de l'âme. Dès le commencement, apprenons aux âmes à embrasser le but de leur vocation et de leur élection (2 Pierre 1, 10, 11 ; Eph. 1, 4 ; Rom. 8, 29). Il faut qu'elles sachent que la justification et la nouvelle naissance ne sont pas le but final, mais le point de départ d'une course qui doit aboutir à la perfection. L'apôtre Paul s'efforçait de présenter « tout homme parfait en Christ » (Col. 1, 28).

La première chose que nous avons à faire, c'est bien

d'affermir les âmes dans la foi.

Barnabas, étant arrivé à Antioche dans un moment de réveil « et, avant vu la grâce de Dieu.... les exhortait tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur coeur » (Actes 11, 23). Examinons si elles ont brûlé tous leurs vaisseaux derrière elles et si elles ne se sont pas réservé une secrète issue pour la retraite. La foi des élus a ce sceau : qu'en dépit de toutes les difficultés du chemin (Rom. 8, 33-39), elle persévère jusqu'au bout (Matth. 24, 24). Volontiers je demande aux âmes qui se convertissent, si elles sont décidées à rompre avec tout péché et à suivre l'Agneau où qu'Il aille, malgré l'opprobre et la souffrance. Il se peut que des âmes se fassent, comme Pierre, des illusions sur leur force ; mais si elles sont droites, les pénibles expériences qu'elles feront, serviront à les guérir de leur confiance propre.

Des âmes intègres ne craindront rien autant que l'apostasie. Et de quel côté se tourneront-elles quand tous les appuis humains viendront à manquer et qu'elles douteront même de leur propre fidélité ? Que faire ? En présence de tous ces dangers intérieurs et extérieurs, sinon se confier en Celui qui est immuable ! Grâces à Dieu, dans sa main, nous sommes en sécurité. « Personne ne peut les ravir de la main de mon Père », dit Jésus (Jean 10, 29). Et Paul écrit aux Corinthiens : « Il vous affermira jusqu'à la fin, pour être irréprochables en la journée de notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ, notre Seigneur, est fidèle » (1 Cor. 1, 8, 9). Ainsi donc, Dieu s'est engagé à amener au but tous ceux qu'Il a appelés à la communion de son Fils, et sa fidélité est la garantie de cet engagement. Envers ceux qui se sont privés de cette communion, à cause d'un interdit, comme Judas, Il n'a pris aucun engagement. Aucune puissance ne peut sauver et garder une âme qui ne veut pas se séparer du mal et se confier à Dieu. C'est précisément ce qui a fait de Judas un « enfant de perdition ».

Mais, diront quelques âmes, ne puis-je pas m'arracher moi-même de sa main ? Cette question nous permet de jeter un regard dans la réalité même de la conversion. Des âmes qui se sont livrées entièrement et pour toujours au Seigneur ne veulent pas, ne peuvent pas s'en arracher parce qu'Il les a prises. Et si elles sont près de glisser, elles font l'expérience que « le Père qui est plus grand que tous » est aussi plus grand que leur coeur, et qu'Il les tient par la main droite (Ps. 73, 23). Mais il fallait cette salutaire crainte pour les pousser à s'assurer en Lui, car le Seigneur ne peut garder que ceux qui lui ont donné leur confiance.

La question de la persévérance finale se résout, en général, déjà au commencement. Des âmes au coeur partagé ne peuvent subsister. Bien que nous ayons reçu le salut à titre de grâce, il n'en est pas moins lié à une foi qui, soumise aux plus rudes épreuves, persévère jusqu'au bout. La persévérance finale est donc la preuve du salut (Col. 1, 22, 23 ; Hébr. 3, 6, 14), en ce qu'elle rend manifeste la réalité de la conversion. Si l'apostasie survient, tout est mis en question, la conversion et la nouvelle naissance, et nous ne pouvons pour le moment donner autre chose à cette âme, que ce troublant avertissement : qu'elle est sur le chemin de la perdition (Phil. 3, 17-19 ; 1 Jean 2, 19).

Dans ce domaine, une saine doctrine et des soins intelligents sont d'une grande importance pour l'avenir des âmes. Que de fois nous avons trop vite consolé des âmes réveillées et arrêté l'oeuvre de la repentance avant qu'elle ait atteint le fond. Nous nous sommes attiré ce reproche : « Ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple légèrement, disant : Paix, paix ! et il n'y avait point de paix » (Jérém. 6, 14) ; et la conséquence en était que les âmes sont retournées en arrière. Souvent il est aussi arrivé que de nouveaux convertis ont été trop loués et mis en avant, et quand ils n'ont pas été capables de supporter cette épreuve, ils sont tombés dans le piège du diable (1 Tim. 3, 6).

L'évangéliste bien connu, des Hautes-Alpes, Félix Naef, raconte qu'une fois deux jeunes filles s'étaient converties pendant son absence. À son retour il ne leur en exprima pas même sa joie, afin de ne rien gâter dans leurs relations encore si délicates avec le Seigneur. Tenons compte des dangers particuliers à une âme et prenons garde de l'appuyer du bon côté. Si nous avons affaire à des âmes superficielles qui se bercent facilement dans une fausse sécurité, alors cherchons à éveiller en elles le sentiment de la responsabilité en leur montrant que si elles n'affermissent pas leur vocation et leur élection par une marche digne de Dieu, l'oeuvre commencée peut être compromise. Des avertissements et des exhortations comme Hébr. 3, 12-19 ; 2 Pierre 1, 10, 11 ; 2, 20-22 ont déjà servi à inspirer une sainte frayeur à maintes âmes et les ont poussées à rompre avec tout ce qui pouvait empêcher leurs relations avec Christ. Si, au contraire, nous avons affaire à des âmes sérieuses, craintives, qui doutent facilement et sans raison de leur salut, affermissons-les dans la grâce et rappelons-leur la promesse du bon Berger : « Personne ne les ravira de ma main. » Les dangers ne manquent pas dans la vie, mais le Père et le Fils se sont donnés la main pour garder la brebis chèrement acquise (Jean 10, 28, 29). Notre sécurité est donc dans la fidélité de Dieu qui se dispense envers celui qui croit.

Un enseignement présentant la grâce divine et la responsabilité humaine, dans de justes proportions, servira beaucoup aussi à donner aux âmes l'équilibre nécessaire. Si l'on prêche trop exclusivement la grâce, elles deviennent indolentes ; si, par contre, c'est la responsabilité, elles tombent sous la loi ; faisons comme la Parole de Dieu elle-même qui les unit toutes les deux, en se servant de chaque leçon de la grâce pour nous exciter à une marche digne de Dieu.

Combien souvent parmi les nouveaux convertis, tout estencore vacillant ! Ils regardent tantôt à Christ, tantôt à eux-mêmes, et chancellent entre l'espérance et le doute !

1. Qu'en est-il de l'Assurance du salut ?

Moody conseille de ne jamais dire à une âme qu'elle est sauvée, elle doit en acquérir la conviction intérieure par le témoignage de la Parole et de l'Esprit de Dieu. Mais nous pouvons cependant lui aider.

Une grande difficulté se trouve parfois dans les sentiments. Montrons à l'âme que si notre salut est basé sur la Personne et l'oeuvre de Christ (1 Jean 5, 11, 12), l'assurance du salut est basée sur Sa Parole, c'est-à-dire sur le témoignage qu'Il rend à ceux qui croient en Lui (v. 13).

Si nous accordons à ce témoignage la foi qu'il mérite, indépendamment des impressions intérieures, le Saint-Esprit ne tardera pas à rendre témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom. 8, 16). Les sentiments dépendent, en général, de l'objet dont nous nous occupons, mais ils ne sont pas une preuve concluante de la sécurité de notre position.

Souvent l'assurance du salut est ébranlée par le péché. La communion est interrompue et l'âme troublée et inexpérimentée ne peut pas encore faire la différence entre une communion, qui a cessé et une position qui demeure, et cette confusion la jette dans une profonde angoisse. D'après ce qui précède, il sera facile de reconnaître si l'âme veut retourner à son ancien train de vie, ou si la faute n'a été qu'accidentelle et qu'elle s'en repent.

L'âme véritablement convertie ne peut plus vivre dans le péché, auquel nous sommes morts (Rom, 6, 2). Elle y a renoncé et elle le considère comme un malheur. Pour de telles âmes, il y a une consolation : Si notre communion avec Dieu repose sur la marche et peut être interrompue par n'importe quelle faute, notre position en Christ repose sur la grâce de Dieu et est aussi certaine, en tant que nous demeurons dans la foi, que la position de Christ, notre Représentant, à la droite de Dieu.

Néanmoins le péché est toujours quelque chose de grave et de solennel dans la vie d'un enfant de Dieu. C'est une chose terrible de déshonorer Celui qui nous a aimés et de contrister le Saint-Esprit par lequel nous avons été scellés pour le jour de la Rédemption. La relation si intime qui nous unit à Lui, source de tant de bénédictions et d'une félicité si parfaite, est lésée ; le péché nous rend indignes du Seigneur. Il nous attire la discipline de notre Père ; il compromet notre témoignage, et, au lieu de continuer notre course avec joie et de servir au triomphe de la cause de Dieu, nous sommes couchés dans le découragement.

Convainquons les âmes que le péché n'est plus pour elles et qu'elles sont appelées à une constante communion avec Dieu. « Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas » (1 Jean 2, 1).

Ce sera un sujet d'affermissement pour les âmes de faire cette différence : Notre position en Christ dépend de la foi ; notre communion avec le Père, avec le Fils et avec les frères dépend d'une marche dans la lumière (Comp. Rom. 8, 1 et 1 Jean 1, 3, 7).

Toutefois, l'âme troublée ne peut être heureuse si sa communion avec Dieu n'est rétablie. La fidélité de Dieu lui fait sentir toute son indignité. Mais dans sa miséricorde, Dieu a pourvu à une restauration. Jean continue : « ... et si quelqu'un a péché, nous avons un Avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste. Et Lui est la propitiation pour nos péchés.... » (v. 1, 2). La confession est alors le chemin sur lequel le pardon et la purification se trouvent (1 Jean 1, 7, 9). Plus nous prenons le péché au sérieux, plus nous le jugeons dans ses premières manifestations, moins il aura d'empire sur nous et plus aussi notre communion sera constante.

Satan mettra naturellement tout en oeuvre pour retenir loin de Christ des âmes blessées ; il sait qu'en gagnant du temps il gagne aussi du terrain. Ne nous laissons pas retenir, nous tomberions plus bas et finalement serions obligés de venir à Lui plus misérables encore. Suivons la voie tracée dans Hébr. 10, 19-22. L'âme qui a confessé son péché ne doit pas non plus douter du pardon et de la purification qui lui sont garantis par la fidélité et la justice de Dieu (1 Jean 1, 9).

Marchons dans la lumière comme Dieu Lui-même est dans la lumière ! La communion interrompue d'une manière durable nous expose à faire naufrage quant à la foi.

Dans la vie d'un enfant de Dieu, lorsque par ignorance, par négligence, par endurcissement, des péchés n'ont pas été réglés, ils peuvent lui attirer de sérieuses dispensations. Aussi longtemps que le péché n'a pas été confessé, il est pour l'ennemi une occasion de tenter et d'accuser l'enfant de Dieu, et finalement Dieu permettra à Satan de le cribler. C'est l'expérience que fit Pierre (Luc 22, 31) et que fit aussi David quand il eut dénombré le peuple (Comp. 2 Sam. 24, 1 et 1 Chr. 21, 1). Mais si nous confessons nos péchés, le divin Avocat intervient et par la puissance de son sang Il gagne toujours notre cause. D'autre part, Il ne peut se charger que des causes qui lui sont confiées.

Le légalisme est certainement aussi un obstacle à l'assurance du salut. Des âmes nouvellement nées ont la vue courte et font souvent dépendre la fidélité de Dieu de leur propre fidélité. Ont-elles été infidèles, elles s'imaginent que la fidélité de Dieu a pris fin. Grâces à Dieu, il n'en est point ainsi (2 Tim. 2, 13). Il nous a aimés, non parce que nous aurions été aimables, mais parce qu'Il est amour ; Il nous a sauvés non sur le principe de quelque mérite, mais sur le principe de sa grâce, et Il reste le Même et garde sa Parole à ses saints (Hébr. 6, 18), indépendamment des vicissitudes de leur vie. Israël l'a éprouvé quand Balack voulut le maudire (Nomb. 23, 19-20), et l'éprouvera encore dans les jours d'une restauration future. « Car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11, 29).

Toutefois il nous faut aussi reconnaître que si notre assurance est liée à l'immutabilité de Dieu, il y a de nombreuses bénédictions qui sont liées à notre fidélité et à notre obéissance. Mais la connaissance de la grâce illimitée de Dieu courbera toujours un croyant sincère dans la poussière, le remplira d'adoration et l'excitera à la sanctification.

Si toutes ces instructions ne suffisent pas pour rassurer une âme et qu'elle doute encore, il faut qu'une cause plus profonde soit à la base de son incertitude. Peut-être un interdit, une rancune, un lien d'iniquité quelconque fait obstacle au cours des bénédictions divines. Dans ce cas, il n'y a qu'une issue : la repentance. Parfois aussi, la crise de la conversion a été incomplète, et il manque la confession du Nom de Jésus pour amener l'âme à une pleine éclosion. « Car du coeur on croit pour obtenir la justice, et de la bouche on fait confession pour obtenir le salut » (Rom. 10, 10).

2. Qu'en est-il de l'affranchissement du péché et de la consécration à Dieu ?

Chaque enfant de Dieu a renoncé au péché et s'est livré à Christ, autrement il ne serait pas un enfant de Dieu ; il est en Christ, et toute la perfection de sa Personne et de son oeuvre lui est mise en compte. Et pourtant il peut se trouver dans des perplexités morales telles qu'il ne sait plus en sortir. Peut-être a-t-il fait la découverte que sa chair est aussi mauvaise depuis la conversion qu'avant, et l'ignorance, l'infidélité et le légalisme lui ont préparé plus d'une défaite et ravi bien des bénédictions. De quel prix est alors un bon conseil !

En général, ces âmes prennent le chemin des efforts propres et se placent sous le « tu dois » de la loi. Le seul avantage qui en résulte est de leur faire connaître la corruption irrémédiable de leur chair et leur incapacité de la combattre (Rom. 7, 18), car la loi est la puissance du péché (v. 5 et 1 Cor. 15, 56). Heureux celui qui, par ces exercices, en vient à désespérer complètement de lui-même et s'écrie avec Paul : « Misérable homme que je suis » ! (Rom. 7, 24).

Dirigeons cette âme dans le chemin de Dieu, qui seul mène au but et qui consiste dans l'oeuvre de Christ. Apprenons-lui à marcher par la foi. Les trois points suivants peuvent lui être utiles :

a) Christ est mort et a été ressuscité pour nous. Non seulement Il a versé son sang en propitiation pour nos péchés, mais Il a subi dans sa chair sainte le jugement du péché. Sa résurrection est la source d'une vie nouvelle. Cette oeuvre a été faite sans nous et en dehors de nous; l'homme n'y a contribué autrement qu'en crucifiant, dans sa méchanceté, le Saint et le Juste. Donc, le jugement du péché et la résurrection sont, dans les pensées de Dieu, un fait accompli, indépendamment de notre foi ou de notre incrédulité.

b) Par un acte de foi accompli une fois pour toutes, nous avons été placés en Christ et rendus participants de son oeuvre. En nous convertissant, nous avons reconnu la corruption de la chair, la validité de son jugement exécuté à la croix, la gloire de Christ comme du seul homme qui, dès lors, ait droit d'existence, et nous avons fait l'application de cette oeuvre à notre cas personnel si bien qu'elle est entrée dans l'expérience de notre vie. La mort de Christ est devenue notre mort ; sa résurrection, notre résurrection ; sa vie, notre vie. Aussi, l'apôtre ne dit pas que nous avons à mourir au péché, mais que nous « sommes morts » (Rom. 6, 2) et que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5, 24). Dieu tient compte à la foi de l'oeuvre de son Fils bien-aimé.

c) Si nous avons été faits un avec Christ, dans sa mort et dans sa résurrection, par la foi, il est évident que cette unité ne peut être réalisée pratiquement que par une activité de foi continuelle. Selon que nous regardons à Lui et non pas à nous, le Saint-Esprit nous en fait éprouver la puissance. L'apôtre, après avoir déclaré (que Christ « est mort une fois pour toutes au péché », mais en ce « qu'Il vit, Il vit à Dieu », nous exhorte à cette activité de foi en ces termes : « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6, 11). Voilà un chemin qui mène infailliblement au but. Le jeune croyant est tenté de mettre l'expérience avant la foi, et c'est une source de faiblesse, mais une réalité qui est en Christ, ne peut être vécue que par la foi.

« D'entre les morts », ayant été « faits vivants » (v. 13), nous sommes exhortés à un sacrifice de reconnaissance. Et que donnerons-nous, si ce n'est nous-mêmes et nos membres qui viennent d'être délivrés du péché. C'est notre consécration. Et Dieu accepte ce qu'on lui donne sur la base du sacrifice de Christ. L'exhortation de l'apôtre : « livrez-vous vous-mêmes à Dieu.... et vos membres à Dieu comme instruments de justice » (v. 13) a, parait-il, dans l'original, le sens d'un continuel fait accompli. La consécration se fait, en effet, lors de la conversion, mais il s'agit ensuite d'agir en conséquence. Et quelque complète qu'elle ait été en principe, nous faisons la découverte qu'en pratique elle dépend de notre fidélité de tous les jours, Tel domaine n'a pas encore été affranchi, et placé dans la dépendance du Seigneur. La chair occupe encore les yeux, la langue ou les pensées. Pourquoi ? Parce que notre repentance et notre foi sont si imparfaites et qu'ici et là nous avons cédé au mal. Et ces lacunes ne peuvent être comblées qu'en nous jugeant nous-mêmes et en devenant plus conscients de ce que nous sommes et de ce que nous avons en Christ. Si nous allons au Seigneur avec nos inconséquences et que nous avons recours à sa grâce, elles seront corrigées et le Seigneur entrera toujours plus en possession de ses droits.

Respectons donc le sceau de propriété (Eph. 1, 13) que le Seigneur a mis sur nous et ne le lui contestons pas.

Quiconque se considère comme étant la propriété du Seigneur ne disposera plus de sa personne, de sa vie, de ses biens. Il est un esclave chèrement acquis et ne veut vivre que pour lui (2 Cor. 5, 14, 15).

Que notre coeur ne soit jamais partagé ! Que pour nous, vivre soit Christ (Phil. 1, 21). Que sa gloire soit notre but ; son amour, notre mobile ; sa grâce, notre ressource !

Quel profond sujet de tristesse de voir des chrétiens qui ont perdu la conscience de leur consécration, oubliant qu'ils ont été mis à part pour Dieu. Le lien de dépendance qui les unit au Seigneur peut devenir si lâche, qu'ils ne se rendent plus compte quand ils font leur volonté propre.

Le légalisme

qui compromet toute la vie chrétienne ne peut être extirpé que par un complet brisement (Rom. 7). Bien qu'il ait dans l'ignorance de l'homme un terrain fertile, son siège principal se trouve pourtant dans la propre justice et la propre confiance de nos coeurs. Or, quand Dieu réussit à briser un homme tellement qu'il désespère de lui-même, l'heure bénie d'une cure d'âme efficace a sonnée. Détournons les regards de cet homme de lui-même et les dirigeons sur Christ. S'il s'écrie : « Je suis indigne ! » apprenons-lui à se cramponner à la Rédemption que nous avons par son sang » (Eph. 1, 7) ; elle consiste dans une plénitude de vie, de paix et de joie ! Ici, c'est en effet le sang de Christ qui entre en considération, parce qu'il est le prix de notre rachat, la seule base sur laquelle Dieu puisse bénir en justice un indigne.

S'il gémit sous la puissance du péché, rendons-le attentif au jugement exécuté par Dieu sur l'homme en la chair. Ici, c'est la croix qu'il faut relever, car c'est par elle, qu'en la sainte Personne de notre substitut, Dieu a condamné le péché dans la chair (Gal. 2, 19, 20 ; Rom. 8, 3).

Et enfin, s'il reconnaît son incapacité totale au bien, montrons-lui le fleuve des eaux vives qui coule en Jésus-Christ. Ici, c'est la résurrection qui sera notre ressource, parce qu'elle est la manifestation d'une puissance et d'une vie nouvelles (Eph. 1, 19 ; Rom. 6, 4). Si, par la foi, il s'appuie sur ces glorieuses vérités, le Saint-Esprit en réalisera la puissance en lui.

Quand Paul, en Rom. 7, regarde en lui-même le résultat de son analyse, c'est un « misérable homme ». Si, en Rom. 8, il regarde à Christ, Il découvre la loi de l'Esprit de vie qui m'a, dit-il, « affranchi de la loi du péché et de la mort » (v. 2). Par cet Esprit, il est conduit (v. 14) il marche et accomplit la juste exigence de la loi (v. 4). Par lui, il mortifie les actions du corps (v. 13). Par lui, il prie (v. 27). C'est ainsi que, par l'effondrement complet de ses capacités propres, l'homme passe du terrain légal et d'une vie de défaites sur celui de la grâce.

En Jésus-Christ, ce n'est ni notre indignité, ni nos mérites ; ni notre faiblesse, ni notre force qui entrent en compte, mais la puissance de son sang, de sa croix et de sa résurrection. Renonçons donc à nous-mêmes et confions-nous dans le Seigneur !

De la loi, nous sommes affranchis de la même manière que du péché : par la mort, afin que nous soyons « à un autre, à Celui qui est ressuscité d'entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu » (Rom. 7, 4).

Sous la loi, notre âme était unie au premier Adam, et le fruit de cette union était le péché. Sous la grâce, elle est unie à Christ, et le fruit en est la justice.
La loi dit : « Tu aimeras » ; la grâce dit : « Dieu a tellement aimé le monde. » La loi exige et ne donne rien ; la grâce répand l'amour de Dieu dans nos coeurs. Dans l'amour de Dieu nous avons un mobile puissant (2 Cor. 5, 14), et dans sa grâce une ressource intarissable. La loi demande des capacités au bien, la grâce ne demande que de la confiance. Le pauvre, le faible, l'indigne, ne peuvent vivre que de grâce.

Il n'y a qu'un état normal pour l'enfant de Dieu, c'est d'être rempli du Saint-Esprit. Satan cherche à nous dépouiller, de nos biens, comme les Madianites dépouillaient les enfants d'Israël de leurs récoltes. Résistons-lui. Soyons fermes dans la foi !

Tentations.

Ici et là nous trouvons des âmes sujettes à de terribles tentations. Les blasphèmes les plus graves résonnent à leurs oreilles, et si elles ne discernent pas qu'ils viennent du dehors, elles s'en croient responsables, et sont torturées par la crainte d'avoir blasphémé contre le Saint-Esprit (Matth. 12, 24), d'avoir commis le péché irrémissible (v. 31, 32).

Cette crainte même peut servir de moyen pour les rassurer. Si elles avaient blasphémé contre le Saint-Esprit, elles n'en éprouveraient pas de repentir, parce que l'Esprit attrait cessé de travailler en elles. Que ces âmes n'entrent pas en discussion avec l'ennemi, mais qu'elles lui résistent, comme fit Jésus au désert ; il s'enfuira d'elles (Matth. 4, 11 ; 1 Pierre 5, 9).

En général, le combat de la foi est rude. C'est par légions que les ennemis assaillent le chrétien, changeant sans cesse de tactique. Une connaissance exacte de l'affranchissement, tel que nous l'avons exposé plus haut, la vigilance, la confiance que Dieu peut le garder de toute chute (Jude 24), lui seront d'un grand secours, mais il lui faut l'armure complète de Dieu (Eph. 6, 10-17).

À côté de cela, l'Écriture contient de précieux stimulants pour soutenir notre coeur dans cette sainte guerre. La révélation de Jésus-Christ (1 Pierre 1, 7) ; la sainteté de Celui qui nous a appelés (v. 15) ; la justice du Père qui, « sans acception de personnes, juge selon l'oeuvre de chacun » (v. 17) ; le prix de notre rachat (v. 18) ; l'incorruptibilité de la semence par laquelle nous avons été régénérés (v. 23) ; les souffrances de Christ (4, 1) ; la fin de toutes choses (v. 7) sont, dans la pensée de l'apôtre Pierre, autant d'encouragements pour notre marche. Servons-nous en pour soutenir nos frères. Toutes ces ressources existent, mais elles sont inutiles à quiconque n'en fait pas usage.

- Un jeune homme m'avait raconté ses chutes. Je lui parlai de Rom. 6. Quel ne fut pas mon étonnement quand il me dit qu'il connaissait ces vérités, mais qu'elles n'avaient pas de puissance sur lui. J'étais désarmé. Je lui demandai alors comment il vivait, s'il lisait la Bible tous les jours. « Non », me dit-il. Tout était expliqué : le jeune homme s'était privé de la grâce de Dieu (Hébr. 12, 15).

Il est nécessaire, quand l'ennemi nous a porté quelque coup fatal, d'en examiner les causes. Le Seigneur nous en fera toujours retirer quelque profit pour l'avenir.

Le désert.

Le désert est le théâtre de beaucoup d'afflictions, mais aussi celui d'exercices salutaires. Là, notre foi est à l'épreuve, ses lacunes sont mises au jour, et la grâce qui seule peut les combler est rendue indispensable si nous voulons glorifier Dieu. Bénissons Dieu pour le désert, car sans lui nous serions privés de bien des grâces nécessaires à notre développement spirituel.

Le but du désert est de nous faire acquérir la connaissance de nous-mêmes (Deut. 8, 2). De même que la vase du fond de la mer est remuée par l'orage, de même les pensées secrètes du coeur sont mises à nu par les circonstances de la vie. Parfois un travail fait dans les meilleures intentions satisfait, puis placé dans une lumière nouvelle il est tout autre ; des fautes oubliées revivent sous la pression des jugements qu'elles entraînent, et c'est un grand point d'acquis quand un chrétien apprend à se juger à la lumière de Dieu, tellement qu'il s'écrie : « J'ai horreur de moi-même ! » (Job 42, 6). C'est une des conditions premières pour une vie chrétienne stable, parce qu'elle est étroitement liée à la connaissance de Dieu. Sans elle, nous n'en finirons jamais avec nous-mêmes (Es. 2, 22) ; sans elle Christ n'aura jamais la place qui lui revient. Si douloureuses que soient ces expériences, elles ne doivent pas nous décourager, elles sont là pour nous amener à vivre de foi, à « vivre de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu » (Deut. 8, 3). Le désert est le chemin où la chair échoue dans ses meilleures entreprises, mais où la grâce triomphe et suffit.

Pour traverser le désert à la gloire de Dieu, il nous faut la soumission et la confiance. Quand un enfant de Dieu a appris à se courber devant les dispensations de son Père céleste, à ne pas murmurer à Mara, à se contenter de la manne, de l'eau du rocher, de la colonne de nuée et de feu, il a acquis un bon degré dans la piété. C'est ainsi que nous sommes dépouillés de nous-mêmes et enrichis en Dieu. L'apôtre Paul avait « appris » dans le désert à être content de son sort (Phil. 4, 11), il avait remporté une telle victoire sur les circonstances qu'il pouvait chanter dans sa prison.

Entourons ceux qui souffrent de beaucoup d'amour et de sympathie. Il y a de merveilleuses dispensations dans la vie. Pensons à Job, à David, à Jonas, à Daniel ! C'étaient des âmes criblées ! Enveloppées des difficultés les plus grandes, elles étaient encore harcelées par l'ennemi et par leurs semblables tellement que leur foi était éprouvée à l'extrême. Puissions-nous ne pas être des consolateurs fâcheux, ne jamais travailler à l'encontre des intentions de Dieu. Nous n'avons pas à couvrir le péché, nous ne devons pas davantage en chercher où il n'y en a pas. Dieu donne à ces âmes l'occasion de prouver si elles l'aiment pour Lui-même ou pour quelque avantage terrestre (Job. 1, 2 ; Ps. 73). Il les fera sortir du creuset purifiées comme l'or ; leurs liens seuls seront consumés. Et ces voies douloureuses les auront amenées à glorifier le Seigneur, comme elles n'en auraient jamais été, capables autrement.

Questions.

Quelles que soient les questions qui nous seront posées, appliquons-nous à y répondre par la Parole de Dieu et suivons l'exemple de l'apôtre Paul qui n'avait mis « aucune réserve à annoncer » aux Éphésiens, « tout le conseil de Dieu » (Actes 20, 27). Avec la Parole de Dieu seulement, nous pourrons subsister au Jour de Christ, tandis que les idées et les traditions humaines seront consumées comme du bois, du chaume ou du foin (1 Cor, 3, 11-15). Une chrétienté déchue nous le permettra volontiers, pour autant que nous ne serons pas en désaccord avec des systèmes existants. Et pourtant, il n'y a qu'une autorité concernant la doctrine du salut, la vie chrétienne ; concernant l'Eglise de Dieu, son administration et sa discipline ; concernant le baptême et la cène du Seigneur ; et cette autorité est la Parole de Dieu.

Nous savons qu'il y a des cas où il est difficile de donner un conseil : quand des âmes sont isolées, elles chercheront leur nourriture où elles la trouveront, mais quand il y a un troupeau d'enfants de Dieu ou seulement deux ou trois, comme dit Jésus (Matth. 18, 20), voulant se réunir selon le modèle apostolique et dans la seule dépendance de son Esprit, les trois points suivants sont à considérer :

1. Unité de tous les enfants de Dieu (Jean 11, 51, 52 ; 17, 22, 23).
2. Séparation d'avec le monde (2 Cor. 6, 17).
3. Soumission au Seigneur et à sa Parole, comme étant la seule autorité dans l'Eglise (Eph. 1, 22, 23).

Il est vrai qu'on nous en voudra beaucoup de nous éloigner des sentiers battus ; on nous concédera le droit d'évangéliser, mais on taxera d'égoïste et de sectaire tout ce qui passe cette limite. Et pourtant, il n'est point indifférent pour la prospérité spirituelle des âmes, qu'aucune page de la Bible ne leur soit fermée et qu'elles soient conduites dans toute la vérité.

L'union des saints avec le monde, sur le terrain de l'Eglise, est un grand péché devant Dieu ; c'est la doctrine de Balaam que le Seigneur reproche à l'Eglise de Pergame et l'exhorte à se repentir. (Apoc. 2, 14, 16).

Dieu a tracé une ligne de démarcation entre la lumière et les ténèbres, entre Israël et les nations, entre l'Eglise et le monde, et on ne l'effacera pas impunément. Dans l'Ancienne Alliance, elle consistait en types, dans la Nouvelle, elle consiste dans la croix de Christ. De même, d'après Eph. 2, 13-16, la croix est le moyen de notre unité. Que notre glorieux Seigneur Lui-même, dans sa grâce infinie, réunisse ses bien-aimés autour de Lui, en attendant qu'Il vienne !

Tout

ce que nous avons dit sur la cure d'âme peut se résumer en un mot : Communion avec Dieu.

Beaucoup d'âmes ne comprendront jamais, au point de vue dogmatique, Rom. 6, 7 et 8, et pourtant elles réalisent les vérités qui y sont contenues, parce qu'elles ont communion avec le Père et avec le Fils.

N'étant pas chimiste, je ne puis analyser l'eau que je bois, et pourtant cette eau me désaltère, parce que je l'absorbe.

La communion avec Dieu est une source de repos (Ps. 62), de force (Ps. 27, 1-8), de fécondité (Ps. 52, 8, 9), de joie (Ps. 43 ; Jean 15, 9-12 ; 1 Jean 1, 3, 4), de paix (Phil. 4, 7). Elle ne consiste pas dans le pardon de nos péchés, pas dans un don quelconque, mais dans le fait que le Seigneur même est l'objet de nos coeurs. Et le Seigneur suffit !

Je ne connais qu'un cas où un chrétien peut être malheureux ; non pas quand il est malade, persécuté, tenté, non ! mais quand sa communion avec le Seigneur est interrompue.

« La conversion », a dit quelqu'un, « est le commencement d'une éternelle communion avec Dieu ». Prenons garde à nous et à nos frères afin que cette communion devienne toujours plus constante et plus profonde. Elle subsiste et tombe selon que nous marchons dans la lumière. Le croyant est appelé à ne pas pécher, c'est pourquoi les Israélites devaient ôter le levain de leurs maisons dès le premier jour de la fête de Pâques (Ex. 12, 13-20 ; 1 Cor. 5, 6-8).

Dans la maison aspergée de sang, le plus grand pécheur était à l'abri, le péché n'en trouvait point. Le croyant n'est jamais considéré dans les Écritures comme vivant dans le péché. Mais s'il avait le malheur d'y tomber, « si quelqu'un a péché », comme dit l'Écriture (1 Jean 2, 1), Dieu a pourvu à une réhabilitation : « nous avons un Avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste, et lui est la propitiation pour nos péchés ». Quelle grâce ! Ne tolérons pas de péché entre Dieu et nous ! Si nous sommes consciencieux pour lui confesser nos fautes, notre communion sera de moins en moins interrompue.

Du sein de cette forteresse, que le combat de la vie est facile ! Quand nous demeurons en Jésus, Il se charge de toutes nos responsabilités et nous munit pas à pas de tout ce qu'il nous faut. Au sein de cette retraite, les ennemis nous apparaissent vaincus et désarmés. Comme David (Ps. 27, 4) subordonnons tout à ce suprême désir : Être tous les jours de notre vie dans la maison de l'Éternel, et contempler sa beauté !

FIN


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