Commentaire sur
l'épître aux Romains
PRÉFACE.
C'est une erreur
extrêmement pernicieuse, quoiqu'elle soit
très-répandue, que la Bible est un
livre difficile à entendre, et que les
hommes, en général, ne peuvent en
acquérir une connaissance suffisante
qu'autant que le sens leur en est expliqué
par les savants, ou qu'ils la lisent aidés
d'un commentaire ou d'une confession de foi.
Il est vrai qu'à cause de l'abondance des
idées et de la concision du style qui y est
jointe, on trouve quelques passages particuliers
des Saintes Écritures, dont la liaison ou le
sens ne peuvent être saisis aisément,
niais cela n'est nullement applicable à leur
contenu en général. La
difficulté que l'on trouve quelquefois
à les comprendre, vient souvent de ce que
l'on est préoccupé de l'idée
qu'elles sont obscures. Il est vrai que dans ce
qu'elles contiennent, « il y a des choses
difficiles à entendre ; »
(II. Pier. III. 16) cela vient de la nature du plan de
la rédemption, et de la limitation des
facultés de l'homme. Mais le langage des
écrits sacrés, relatif à ces
choses, et autant qu'ils peuvent être
entendus, est cependant suffisamment clair ;
encore qu'à cause de l'orgueil du cœur
humain, et de son aversion pour une soumission sans
réserve à Dieu, il lui soit difficile
de les recevoir dans le sens simple et direct
qu'ils présentent. « Cette parole
est dure, qui la peut ouïr ? »
(Jean VI. 60)
Cependant les hommes qui cherchent à entrer
dans le royaume des cieux comme de petits enfants,
et qui lisent la Bible avec un désir
réel d'être instruits des choses de
Dieu, trouveront qu'elle est écrite d'une
manière telle, et qu'elle donne des
directions si claires et si intelligibles, qu'on
peut la lire
couramment, (Hab. II. 2) et que les fous ne s'y égareront
point. (Esa. XXXV. 8) Si l'ancienne dispensation
était comparativement obscure, s'il y avait
un voile sur la face de Moïse, « ce
même voile est aboli par
Christ ; » (II. Cor. III. 14) et même sous cette ancienne
économie, il était ordonna à
tous les Israélites de conserver dans leur
cœur et dans leur entendement les paroles
consignées dans les
écrits de Moïse.
(Deut. XI. 1. 8) A des
époques fixes la loi devait leur être
lue publiquement, afin qu'ils l'entendissent, et
qu'ils apprissent à craindre
l'Éternel. (Jos. VIII. 34.35) De fausses interprétations y
furent pourtant mêlées, et au temps de
la venue du Sauveur, elle était presque
« anéantie par les traditions des
anciens, parce qu'on enseignait des doctrines, qui
n'étaient que des commandements d
hommes. » (Marc VII. 3. 15)
Pendant le temps que le Seigneur resta sur la
terre, les prédictions qui avaient
été faites relativement à la
simplicité de sa doctrine, et qu'il avait
données comme des preuves de sa mission,
furent pleinement accomplies. (Esa. XXIX. 18. XXXV. 5.
8.
Matt. XI. 5) Quoiqu'il enseignât
ordinairement par des paraboles, elles
étaient assez intelligibles à tous
ceux qui avaient des oreilles pour entendre, et la
seule raison pour laquelle les Juifs
« n'entendaient pas son langage, c'est
parce qu'ils ne pouvaient pas écouter sa
parole. » (Jean VIII. 43. VI. 60)
Mais après que « la seule
oblation » (Héb. X. 14) pour le péché eut
été offerte, et que les types et les
figures de la loi Mosaïque eurent reçu
leur accomplissement, alors le temps arriva
où Jésus déclara à ses
apôtres qu'il leur parlerait
« ouvertement et non plus en paraboles. »
(Jean XVI. 25) Aussi lorsqu'ils furent pleinement
instruits par ses leçons et par l'infusion
du Saint-Esprit, ils parlèrent avec
« une grande clarté, (1) »
(II. Cor. III. 12)
Dans aucun de leurs discours ou de leurs
épîtres nous ne trouvons rien de
semblable à cette manière parabolique
d'enseigner, mais tout ce qui est relatif au
royaume des cieux et au grand salut, est
déclaré par eux dans un langage
simple, intelligible et tel qu'il est
employé dans l'usage ordinaire.
Leur commission n'était point limitée
à instruire les savants et les riches, elle
s'étendait aux ignorants, aux pauvres,
à tous les hommes. « Ils
étaient débiteurs tant aux Grecs
qu'aux Barbares, tant aux sages, qu'aux
ignorants. » (Rom. I. 14) Leurs discours étaient
adressés sans distinction à tous ceux
qui voulaient y faire attention ; leurs
épîtres étaient écrites
aux églises composées d'hommes de
toutes les classes de la société.
Quand il ordonnait que ses épîtres
fussent communiquées à ces
assemblées où il y avait
beaucoup de simples esclaves, « de
pauvres de ce monde qui
étaient riches en foi, »
(Jacq. II. 5) l'Apôtre Paul voulait que ce
fut par la lecture : « Quand cette
épître, aura été
lue entre vous, faites qu'elle soit aussi
lue, en l'église des
Laodicéens, et vous aussi lisez celle qui, est venue de
Laodicée. (Col. IV. 16) Je vous conjure par le Seigneur, que
cette épître soit lue à tous les saints
frères. » (I. Thess. V. 27) II n'indique pas une seule fois que
ses épîtres ne soient pas suffisamment
intelligibles par elles-mêmes, et cependant
beaucoup de personnes croient que, sans une
explication, on ne peut en tirer que peu
d'avantages.
Puisque les écritures de l'Ancien Testament
étaient ainsi lues à tout le
peuple ; puisque le Seigneur Jésus qui
en appela si souvent à leur
témoignage dans le cours de son
ministère, n'a jamais fait entendre qu'elles
fussent écrites d'une manière trop
obscure pour être comprises, et qu'au
contraire il approuve que l'on s'en enquière diligemment ;
(Jean V, 39)
puisque les
Apôtres adressaient leurs discours, qui nous
ont été conservés dans le
livre des Actes, à des foules
composées d'hommes de toutes les
classes ; puisqu'ils ont adressé leurs
écrits, non pas à des personnes
distinguées par leur rang ou par leurs
connaissances, non pas exclusivement
« aux Évêques et aux
Diacres » mais à « tous
les Saints » (Phil, I. 1) pour l'usage immédiat de tous
les saints frères qui en étaient les
dépositaires, comme nous l'apprenons par les
suscriptions des épîtres, n'est-il pas
évident que toutes ces écritures, ces
discours et ces épîtres, sont faits
pour les hommes de toutes les classes et
adaptés à leur
capacité ?
Pourquoi donc représenterait-on la lecture
des Saints Livres, soit comme dangereuse, soit
comme illégale pour le plus grand nombre des
hommes ? ou pourquoi conserverait-on le
préjugé de penser qu'on ne peut les
lire avec profit et avantage qu'autant qu'elles
sont expliquées de quelque
manière ? Cette dernière opinion
a, par d'autres moyens, les mêmes
résultats que l'autre ; celui
d'interdire la lecture de la Bible aux hommes
simples, ou du moins de ne pas permettre qu'ils la
connaissent dans son éclat, dans sa
simplicité et dans sa beauté
naturelle.
L'on peut, à la vérité, se
servir quelquefois utilement des commentaires comme
de secours subordonnés ; mais si on les
place avant les Saintes Écritures, si on les
met au même rang, ou si on
les considère comme indispensables pour
qu'elles puissent être utiles et
intelligibles, alors les paroles de l'esprit de
Dieu, qui dans leur disposition, leur style et leur
expression sont les plus convenables pour procurer
une instruction et une édification
réelles et spirituelles, alors ces paroles
sont dégradées et placées dans
un rang secondaire.
On croit avoir trouvé une route plus courte
et plus facile pour parvenir aux connaissances
divines, et le loisir de ceux qui n'ont que peu de
temps à donner à la lecture, est
employé à parcourir les écrits
d'hommes sujets à l'erreur, dans lesquels il
n'y a de bon que ce qui est tiré de la
parole de Dieu. Enseigner à la regarder
comme inintelligible sans commentaire, c'est la
rendre actuellement inintelligible. « Que
sert, le prix dans la main du fou pour acheter la
sagesse, vu qu'il n'a point de
sens ? » (Prov. XVII. 16)
Le texte sacré est négligé
pendant que le commentaire qui l'accompagne,
l'harmonie, ou l'abrégé sont lus
comme le principal moyen
d'édification !
Il était absolument nécessaire que
les écritures, qui renferment une
révélation de la volonté de
Dieu envers l'humanité, fussent
écrites d'une manière intelligible
pour tous, puisque c'est par les paroles qu'elles
contiennent que les hommes seront jugés au
dernier jour. (Jean XII. 48) C'est un avertissement pour tous
ceux qui y ont accès, de se mettre
eux-mêmes à portée de
connaître leur contenu. Il est ordonné
aux croyants de s'exhorter l'un l'autre
(I. Thess, V. 11) et le Seigneur « a
donné des Pasteurs et des Docteurs pour
travailler à la perfection des saints, pour
l'œuvre du ministère, pour
l'édification du corps de Christ,
(Eph. IV. 11. 12) mais afin de profiter des
instructions de ces hommes non inspirés, il
est nécessaire d'être capable de juger
s'ils parlent suivant les oracles de Dieu,
« s'ils ne sont, pas de faux docteurs,
qui introduisent couvertement des sectes de
perdition, (II. Pier. II. 1) » d'éprouver toutes
choses à la seule épreuve
infaillible, (I. Thess, V. 21) en un mot d'eu appeler
« à la Loi et, au
témoignage, car s'ils ne parlent selon cette
parole-ci, certainement il n'aura point de
lumière pour eux. » (Esa. VIII. 20)
Les écritures seules, sans aucun autre
secours, « sont capables de rendre les
hommes sages à salut, par la foi en
Jésus-Christ. » ( I. Tim. III. 15. Luc XVI. 29. 31) Elles doivent donc être le but
principal des études de
tous les Chrétiens et c'est, en
résultat, dans ces écritures et non
pas dans les systèmes et les confessions de
foi que les hommes ont composés que la
véritable doctrine doit être
apprise.
L'étude de ces livres est l'œuvre la
plus utile à laquelle un homme puisse
s'occuper et la vraie intelligence de ce qu'ils
contiennent est la plus riche des acquisitions.
Plus il est soigneux de les lire avec
prière, plus, comme David, il les
médite nuit et jour, (Ps. I. 2)
et plus, comme ce saint Roi. il y prend
de plaisir ; (Ps. CXIX. 23. 48.
78.
148) plus
il éprouve qu'ils sont plus doux que le
miel ; (Ps. XIX. 11) plus il trouve qu'ils ont
été préparés pour
être « une lampe à ses pieds
et une lumière à ses
sentiers. » (Ps. CXIX. 105)
On peut lire quelques parties des écritures
plus souvent que d'autres, mais toutes doivent
trouver leur place. Les parties
prophétiques, même celle qu'il est le
plus difficile d'entendre, ne doivent point
être passées. On doit au contraire les
lire avec attention ; elles donneront toujours
aux hommes pieux de toutes les classes, de grands
sujets d'édification. Elles
présentent la souveraineté,
l'autorité, la sagesse, la sainteté,
la bonté, la sévérité
et la miséricorde de Dieu dans toutes ses
dispensations, sous un point de vue tel,
qu'encore que l'on ne puisse en comprendre le but
particulier, elles produisent sur les esprits les
effets les plus heureux. Il en est de même
pour toutes les parties de l'écriture, quel
qu'en soit le sujet, de sorte que le
chrétien qui s'en enquiert diligemment,
qu'il soit instruit ou qu'il ne le soit pas, en
tirera toujours plus de fruit que de tous les
livres composés par les hommes. Il doit
donc, d'après cette raison, non-seulement
lire quelques parties détachées de la
parole de Dieu, mais la considérer comme lui
étant remise dans son ensemble, par le
Père des lumières, pour guider ses
pas « dans la maison où il a
demeuré comme voyageur »
(Ps. CXIX. 54) jusqu'à ce que
« ses yeux contemplent le Roi en sa
beauté, et regardent la terre
éloignée. (Esa. XXXIII, 17) Toute l'écriture est
divinement inspirée et utile pour enseigner,
pour convaincre, pour corriger et pour instruire
selon la justice, afin que l'homme de Dieu soit
accompli et parfaitement, instruit pour toute bonne
œuvre. » (II. Tim. III. 16. 17)
En lisant les écritures, plusieurs personnes
sont disposéesà
penser que Dieu est plus éloigné de
nous que des hommes auxquels il parlait dans les
Saints Livres ; la connaissance de Dieu
rectifiera cette erreur. Dieu ne peut être
plus éloigné de nous que d'eux. C'est
surtout en lisant l'ancien Testament qu'elles sont
portées à croire que les choses dont
il est parlé, n'ont que peu de rapport avec
nous. La connaissance que l'expérience donne
au chrétien, lui enseigne combien cette
opinion est fausse et lui apprend que la religion
est toujours la même espèce de liaison
entre Dieu et l'homme.
Étudier simplement la Bible sans
préjugés, est la mort de la
superstition, et de l'erreur. Quelques hommes en
font l'objet de leurs méditations,
d'après les dispositions
particulières de leur esprit ; s'ils
parvenaient à la lire toute entière
pour saisir l'ensemble de ce qu'elle contient, ils
se réveilleraient comme d'un songe. Ils
seraient étonnés de voir
l'humilité, la douceur, le caractère
saint et céleste de cette simple religion de
l'écriture, sur laquelle ils sont plus ou
moins aveuglés. « Dessille mes
jeux, afin que je regarde aux merveilles de ta
loi : je suis voyageur en la terre ; ne
cache point de moi tes commandements. »
(Ps. CXIX. 18. 19)
On peut trouver beaucoup de plaisir à la
lecture de la Bible ; on y rencontrera une
grande variété d'instructions sages,
un grand nombre de faits remarquables, beaucoup de
sublimité et la poésie la plus
élevée ; mais en
s'arrêtant à cela, on reste en
arrière de la fin principale que l'on doit
se proposer. « Car le témoignage
de Jésus, est l'esprit de
prophétie. » (Apoc. XIX. 10) Le grand secret dans l'étude
de l'écriture, est d'y découvrir
Jésus-Christ qui est le chemin et la vérité
et la vie. (Jean XIV. 6) « Enquérez-vous
diligemment des écritures, car vous estimez
avoir par elles la vie éternelle, et ce sont
elles qui portent témoignage de
moi. »
Cependant comme les Saintes Écritures sont
le grand dépôt de la
vérité, qu'elles contiennent le
témoignage de Jésus, il est
convenable non-seulement de les méditer pour
notre édification, (Jean V. 39) mais encore d'appeler, autant qu'il
nous est possible, l'attention des autres sur les
trésors qu'elle renferment ; de
s'efforcer de montrer leur vérité et
leur excellence ; de graver dans l'esprit des
autres le sentiment de leur
importance. Car plus ou est
pénétré de leur sens, plus ils
paraît clair et évident, et plus on
est richement récompensé de ses soins
pour s'en enquérir.
Les écritures contiennent un trésor
inépuisable de vérités
divines. Il était ordonné aux
Israélites « de les enseigner
soigneusement à leurs enfants, de s'en
entretenir quand ils demeureraient en leurs
maisons, quand, ils voyageraient, quand ils se
coucheraient et quand ils se
lèveraient. » (Deut. VI. 7)
II est ordonné
aussi aux chrétiens de se parler les uns aux
autres pour s'édifier, s'exhorter et se
consoler, (I. Cor. XIV. 3) comme aussi de prêcher
l'évangile au monde : « Que
chacun selon le don qu'il a reçu, l'emploie
pour le service des autres comme bons dispensateurs
de la différente grâce de Dieu. Si
quelqu'un parle, qu'il parle comme annonçant
les paroles de Dieu. Si quelqu'un administre, qu'il
administre comme par la puissance que Dieu lui en a
fournie, afin qu'en toutes choses Dieu soit
glorifié par Jésus-Christ, auquel
appartient la gloire et la force, aux
siècles des siècles.
Amen. » (I. Pier. IV. 10. 11)
Plus nous lisons les écrits inspirés,
plus nous les méditons, plus nous conversons
ensemble sur leur sujet, plus nous fixons sur eux
l'attention des autres, et plus, par la
bénédiction de Dieu, nous pouvons
espérer de nous instruire de sa
volonté et d'en tirer un avantage
réciproque.
C'est avec un vif désir de produire ces
heureux effets, et avec de ferventes prières
à Dieu pour les obtenir ; c'est pour
exciter à la
lecture réfléchie des Saintes
Écritures elles-mêmes,
et pour tâcher
d'éloigner les préjugés qui en
empêchent l'usage, que les réflexions
suivantes sur l'épître aux Romains
sont soumises au lecteur.
Il est facile d'apercevoir que le plan qui a
été suivi n'est point celui d'un
simple commentaire pour l'explication du texte. En
même temps que l'on tente de donner le vrai
sens de chaque passage, on y a joint souvent des
remarques sur la doctrine et sur la pratique ;
on a répondu aux objections, et les
principaux sujets qui se sont
présentés ont été
traités avec quelque étendue.
En s'occupant des diverses parties de cette
épître si abondante, on a eu
l'occasion de traiter des principaux points de la
révélation, et de présenter
sous divers points de vue « la doctrine
qui est selon la piété, »
(1. Tim. VI. 3) C'est l'objet que l'auteur a eu
partout en vue et comme il a
été à portée de
consulter quelques-uns des meilleurs livres
Anglais, il en a emprunté tout ce qu'il a
cru utile à son dessein, afin de rendre
l'ensemble de son ouvrage aussi instructif qu'il
lui était possible. Il a toujours eu pour
but de donner le sens exact de chaque passage sans
l'étendre ni le restreindre, et de montrer
la liaison d'une partie des Saintes
Écritures avec l'autre. Il a cherché
à appuyer et à éclaircir tout
ce qu'il a avancé par des citations
nombreuses.
Comme l'unité de la parole de Dieu est
parfaite, les passages qui, d'après une vue
superficielle paraissent opposés, doivent,
s'ils sont bien entendus, parler le même
langage. Si quelqu'un établit dans la Bible
une suite d'idées opposées à
une autre, il est dans « une grande
erreur, parce qu'il ne connaît pas les
écritures. » (Marc XII, 27. 24)
L'auteur a été aussi soigneusement en
garde contre le danger de ne donner qu'une vue
partielle
des écritures.
Quelques personnes évitent soigneusement de
parler des doctrines particulières de
l'évangile, et d'autres de s'occuper des
devoirs de la loi. Ce mal est d'autant plus grand
qu'il y
a une telle liaison
entre les différentes parties de la
volonté de Dieu qui nous a été
révélée, que si quelqu'une
était abandonnée, le reste ne serait
pas seulement incomplet, mais injuste.
Celui qui entend véritablement les
écritures, s'apercevra bientôt qu'il y
a une connexion si inséparable entre toutes
ces vérités, que l'une ne peut
être complètement admise ou
rejetée, que l'on n'admette ou que l'on ne
rejette toutes les autres, et qu'aucune ne peut
être éloignée, sans faire tort
à la beauté et à la
plénitude du système
général.
Il y a d'autres personnes qui pensent que l'on doit
cacher
quelques-unes des
vérités de Dieu, de peur que l'on
n'en abuse. D'après cette idée
absurde, on se tait souvent sur ce qui est
écrit de la souveraineté de Dieu, de
ses desseins éternels, et de la
liberté de sa grâce ; une telle
sagesse est de l'arrogance, elle est de
l'impiété ; il n'y a point de
vérité dont des esprits et charnels
et corrompus ne puissent abuser et dont l'abus
n'ait eu lieu dans beaucoup d'occasions : mais
est-ce une raison pour les
cacher ?
Retiendrons-nous les
vérités que les prophètes, que
Jésus lui-même ont
déclarées, que ses apôtres ont
enseignées à toutes
les églises ? Non ; nous devons
les proclamer clairement, et les proclamer
pleinement. Nous, devons faire nos efforts pour
empêcher que l'on n'en abuse, et pour que les
pécheurs connaissent que s'ils tordent la
parole de Dieu, ils le font pour leur propre
perdition. (II. Pier. III. 16)
O que n'y a-t-il plus d'assujettissement à
la sagesse de Dieu ! Que n'a-t-on une
conviction profonde et intérieure que tout
ce qu'il a ordonné est, par cela même,
le plus sage et le meilleur ! On ne
chercherait plus dès lors différentes
manières de donner des
interprétations qui anéantissent ce
qui est clairement contenu dans sa parole. Mais au
contraire tous se joindraient de tout leur
cœur à l'Apôtre pour
s'écrier : « O profondeur des
richesses de la sagesse et de la connaissance de
Dieu ! Que ses jugements sont
incompréhensibles, et ses voies impossibles
à trouver » ! ( Rom. XI. 33)
II y a un grand nombre de ceux qui s'appellent
eux-mêmes chrétiens qui voudraient
écarter tout ce qui est mystérieux dans la parole de Dieu, et recevoir
seulement comme en faisant partie, ce qui est
d'accord avec leurs préventions et leurs
préjugés. C'est se tromper
entièrement sur la nature de la
révélation et substituer à sa
place une création de leur propre
imagination ; c'est décider avec
arrogance ce que Dieu doit avoir dit, et non pas se
soumettre avec humilité à ce qu'il a
dit. On doit cependant recevoir sa
vérité telle qu'il l'a
présenté, ou elle n'est pas
reçue du tout.
La Bible ne vient pas nous demander notre opinion
sur son contenu. Elle nous présente une
constitution de grâce que nous devons
recevoir, quoique nous ne puissions point la
comprendre complètement. Mais sous tous les
rapports, ce qui est contenu dans la Bible est
convenable pour convaincre celui qui s'en enquiert
sérieusement, qu'elle est « la
parole de Dieu. »
Les mystères qui y sont contenus confirment
plutôt qu'ils ne combattent cette conclusion,
car un livre qui s'annoncerait comme
révélé de Dieu, et cependant
ne contiendrait pas de mystères, se
réfuterait par cette seule circonstance.
L'incompréhensibilité est
inséparable de Dieu et de toutes ses
œuvres, même des moins
considérables, comme la croissance d'un brin
d'herbe. Les mystères des écritures
sont sublimes, intéressants et utiles ;
ils déploient les perfections
divines, établissent un
fondement pour notre espérance, et nous
commandent l'humilité, le respect, l'amour
et la reconnaissance. Ce qui est
incompréhensible doit être
mystérieux ; mais il peut être
intelligible en tant qu'il est révélé, et
quoique ces mystères puissent être
liés avec des choses au-dessus de notre
raison, ils n'énoncent rien qui implique
contradiction avec elle.
Celui-là, ne peut point être
appelé un croyant qui garde seulement les
doctrines dans lesquelles la
révélation lui paraît d'accord
avec les décisions de sa raison, et qui
rejette le témoignage de Dieu pour tout ce
qu'il ne suppose pas raisonnables.
Nous pouvons conclure delà le jugement que
nous devons porter de ceux qui affirment sans
hésiter, que les préceptes moraux,
leur sanction, et les plus évidentes
vérités de la Bible forment sa partie
essentielle et qu'il est peu important de croire le
reste et surtout les choses qui sont
mystérieuses à un certain
point ; que personne, si ce n'est des bigots
à l'esprit rétréci, ou un
peuple ignorant et faible, ne peut faire fond sur
des opinions spéculatives. « Mais
celui qui ne croit point Dieu, il l'a fait
menteur ; car il n'a point cru au
témoignage que Dieu a rendu de son
fils, » ( I. Jean V. 10) et de la vie éternelle qui
est donnée aux pécheurs par lui.
Telle est la doctrine uniforme des écritures
et la contredire équivaut à rejeter
entièrement la révélation
divine.
Pourrait-on supposer que les prophètes et
les apôtres eussent reçu leur mission,
que le fils de Dieu eût été
manifesté, fût mort en croix et
ressuscité des morts, seulement pour
enseigner que Dieu approuvait
l'honnêteté, la tempérance, la
véracité, la bonté, et qu'il
désapprouvait les vices contraires ? ou
que les innombrables témoignages que les
écritures contiennent sur les
mystères de la nature divine, sur la
personne du Rédempteur, sur l'oeuvre de la
rédemption, sur l'influence du Saint-Esprit,
sur la distribution gratuite de sa grâce,
pussent être révoqués en doute
sans crime, pourvu que les hommes fussent moraux
dans leur conduite les uns envers les autres ?
ou que Dieu ait également pour
agréables ceux qui outragent ainsi sa
véracité, et ceux qui se soumettent
implicitement à ce qu'il
enseigne et croient à son
témoignage ? (2) S'il en
était ainsi, où serait la
différence entre l'infidèle et le
croyant ?
Tous, excepté ceux qui s'avouent
athées, reconnaîtront la convenance de
plusieurs préceptes et la
vérité de quelques doctrines qui sont
d'accord avec celles qu'annonce la parole de Dieu.
Mais l'infidèle les admet comme
décision de la raison, et non comme des
témoignages de Dieu, et beaucoup de ceux qui
prennent le nom de chrétiens, rejettent sans
hésiter tout ce qui ne leur paraît pas
s'accorder avec la même règle de
penser ; de sorte qu'en se confiant les uns et
les autres sur leurs propres raisonnements,
« ils s'appuient sur leur
prudence, » (Prov. III. 5) et font Dieu menteur, lorsque son
témoignage contredit leurs audacieuses
assertions.
L'idée si répandue que les
vérités de doctrine sont beaucoup
moins importantes que les autres, est donc
subversive de la révélation, et dans
le fait, elle est la plus dangereuse, comme la plus
plausible espèce
d'incrédulité.
C'est la doctrine de la révélation
divine plutôt que ses préceptes, qui
fournit les principaux moyens d'avancer la
sainteté. L'amour de Dieu est moins
excité par le précepte,
tu aimeras le Seigneur
ton Dieu, que par la
découverte de ses perfections adorables et
de son amour pour nous. Les articles fondamentaux
de la religion chrétienne relatifs au plan
étonnant de l'œuvre de la
rédemption, sont admirablement
disposés pour produire la sainteté du
cœur et de la vie ; ils sont la source la
plus abondante d'où elle puisse
dériver. Aussi est-ce avec la plus grande
exactitude que l'évangile est appelé
la vérité qui est selon la
sainteté (Tite l. 1)
et le mystère de la piété
(I. Tim. III. 16). II est la connaissance de
l'expiation de Christ « qui purifie la
conscience des œuvres
mortes pour servir le Dieu vivant ;
(Heb. IX. 14) la foi purifie le
cœur. » (Act. XV. 9) La croyance que le Père a
envoyé son Fila pour être le sauveur
du monde, suppose la croyance que le monde avait
besoin de ce salut et par conséquent celle
du mal infini du péché et de
l'obligation infinie où nous sommes
d'accomplir nos devoirs ; et cette
dernière conviction suppose la connaissance
et la croyance de la gloire et de la perfection
infinies de Dieu, d'où provient cette
obligation. Or une telle connaissance de Dieu ne
peut qu'avoir une grande influence sur nos actions.
Les démons même sont affectés
par leur croyance. « Les démons
croient, et tremblent ; »
(Jacq. II. 19) et lorsque les hommes ont du
caractère de Dieu qui leur est
révélé, une idée telle
que les démons l'ont de sa
sévérité, elle les conduit
à l'amour, au respect, à la
reconnaissance et les excite à accomplir
avec joie tous leurs devoirs.
La souveraineté de Dieu dans toutes ses
dispensations, d'un côté, et de
l'autre, la responsabilité de l'homme, la
nécessité absolue de la grâce
efficace de Dieu pour le salut, et l'obligation
où est le fidèle « de
combattre le bon combat de la foi, » sont
énoncées partout dans les
écritures. Ces vérités, si
bien d'accord entr'elles ; sont comme toutes
celles de l'évangile, éclaircies par
l'histoire de l'ancien Testament ; il fut
souvent rappelé aux Israélites qu'ils
ne devaient point la possession de la terre
promise, à leur courage ni à leur
force, et ils ne l'avaient point obtenue cependant
sans déployer leur force et leur courage.
« Ce n'a point été par ton
épée ou par ton arc. »
(Jos. XXIV. 12)
La même idée est partout
manifestée dans tout le cours de leur
histoire. Lorsque Dieu leur commandait de
« monter pour faire la
guerre, » et leur promettait le
succès, ils en étaient certains par
l'influence de l'Éternel, et lorsqu'ils se
confiaient à leur propre force, leurs
ennemis « les poursuivaient comme font
les abeilles. ( Deut. I. 44) Lorsque Moïse élevait sa
main, Israël était alors le plus fort,
mais, quand il reposait sa main, alors Amalek
était le plus, fort. (Exod. XVII, 11) Ce n'est point par leur
épée qu'ils ont conquis, le pays, et
ce n'a point été leur bras qui les a
délivrés, mais ta droite et ton bras,
et la lumière de la face. parce que tu les
affectionnais. » (Ps. XLV. 4) C'est ainsi qu'il est dit :
« la délivrance des justes vient
de l'Éternel. (Ps. XXXVII. 39) »
Mais si quelqu'un abusait de cette
vérité et « changeait la
grâce de notre Dieu en dissolution,
(Jude 4) » qu'il se souvienne que
« s'il vit selon la chair, il mourra.
(Rom. VIII. 13) Ne vous, abusez point ; Dieu ne
peut être moqué ; car ce que
l'homme aura semé, il le moissonnera aussi,
c'est pourquoi celui qui sème à sa
chair, moissonnera aussi de la chair la
corruption ; mais celui qui sème
à l'esprit, moissonnera de l'esprit la vie
éternelle. » (Gal. VI. 7. 8) Soit qu'il le croie ou non, ces
dernières déclarations sont
entièrement conformes à la doctrine
de la grâce efficace, et de la justification
par la foi sans les œuvres, et elles sont
également vraies ; et ce n'est point en
écartant l'une ou l'autre de ces
vérités que l'on fera du bien aux
âmes des hommes, mars plutôt en
publiant pleinement l'une et l'autre, comme elles
nous sont enseignées dans la parole de
l'Éternel.
Dans l'état actuel, « nous
marchons par la foi et non par la vue,
(2. Cor. V. 7) nous connaissons en partie et nous
prophétisons, en partie. Mais quand la
perfection sera venue, alors ce qui est en partie
sera aboli..... Car nous voyons maintenant par un
miroir, obscurément, mais alors nous verrons
face à face ; maintenant je connais en
partie, mais alors je connaîtrai selon que
j'ai été aussi connu. »
(1. Cor. XIII. 9. 10. 12) La
lumière de l'éternité nous
découvrira dans la plénitude de leur
nature, de leur beauté et de leur
évidence, beaucoup de ces choses qu'à
présent nous ne voyons qu'indistinctement.
Mais dans toutes les périodes de notre
existence, c'est notre devoir constant et notre
privilège ineffable d'écouter, avec
une soumission filiale, tout ce que Dieu enseigne
et commande. Ce n'est pas d'ailleurs le moyen de
convertir les infidèles que d'abandonner
quelque partie de la vérité divine.
Pour être utile à eux aussi bien
qu'aux autres, le chrétien ne doit pas
« éviter d'annoncer tout le
conseil de Dieu. » (Act. XX. 27) Nous devons placer les grandes et
efficaces doctrines de l'évangile dans le
point de vue le plus remarquable ; nous ne
devons point les passer légèrement ni
même en parler froidement, mais d'une
manière telle, qu'elle montre que nous en
connaissons la vérité, et que nous en
sentons l'importance.
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