Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains


PRÉFACE.

C'est une erreur extrêmement pernicieuse, quoiqu'elle soit très-répandue, que la Bible est un livre difficile à entendre, et que les hommes, en général, ne peuvent en acquérir une connaissance suffisante qu'autant que le sens leur en est expliqué par les savants, ou qu'ils la lisent aidés d'un commentaire ou d'une confession de foi.
Il est vrai qu'à cause de l'abondance des idées et de la concision du style qui y est jointe, on trouve quelques passages particuliers des Saintes Écritures, dont la liaison ou le sens ne peuvent être saisis aisément, niais cela n'est nullement applicable à leur contenu en général. La difficulté que l'on trouve quelquefois à les comprendre, vient souvent de ce que l'on est préoccupé de l'idée qu'elles sont obscures. Il est vrai que dans ce qu'elles contiennent, « il y a des choses difficiles à entendre ; » (
II. Pier. III. 16) cela vient de la nature du plan de la rédemption, et de la limitation des facultés de l'homme. Mais le langage des écrits sacrés, relatif à ces choses, et autant qu'ils peuvent être entendus, est cependant suffisamment clair ; encore qu'à cause de l'orgueil du cœur humain, et de son aversion pour une soumission sans réserve à Dieu, il lui soit difficile de les recevoir dans le sens simple et direct qu'ils présentent. « Cette parole est dure, qui la peut ouïr ? » (Jean VI. 60)

Cependant les hommes qui cherchent à entrer dans le royaume des cieux comme de petits enfants, et qui lisent la Bible avec un désir réel d'être instruits des choses de Dieu, trouveront qu'elle est écrite d'une manière telle, et qu'elle donne des directions si claires et si intelligibles, qu'on peut
la lire couramment, (Hab. II. 2) et que les fous ne s'y égareront point. (Esa. XXXV. 8) Si l'ancienne dispensation était comparativement obscure, s'il y avait un voile sur la face de Moïse, « ce même voile est aboli par Christ ; » (II. Cor. III. 14) et même sous cette ancienne économie, il était ordonna à tous les Israélites de conserver dans leur cœur et dans leur entendement les paroles consignées dans les écrits de Moïse. (Deut. XI. 1. 8) A des époques fixes la loi devait leur être lue publiquement, afin qu'ils l'entendissent, et qu'ils apprissent à craindre l'Éternel. (Jos. VIII. 34.35) De fausses interprétations y furent pourtant mêlées, et au temps de la venue du Sauveur, elle était presque « anéantie par les traditions des anciens, parce qu'on enseignait des doctrines, qui n'étaient que des commandements d hommes. » (Marc VII. 3. 15)

Pendant le temps que le Seigneur resta sur la terre, les prédictions qui avaient été faites relativement à la simplicité de sa doctrine, et qu'il avait données comme des preuves de sa mission, furent pleinement accomplies. (
Esa. XXIX. 18. XXXV. 5. 8. Matt. XI. 5) Quoiqu'il enseignât ordinairement par des paraboles, elles étaient assez intelligibles à tous ceux qui avaient des oreilles pour entendre, et la seule raison pour laquelle les Juifs « n'entendaient pas son langage, c'est parce qu'ils ne pouvaient pas écouter sa parole. » (Jean VIII. 43. VI. 60) Mais après que « la seule oblation » (Héb. X. 14) pour le péché eut été offerte, et que les types et les figures de la loi Mosaïque eurent reçu leur accomplissement, alors le temps arriva où Jésus déclara à ses apôtres qu'il leur parlerait « ouvertement et non plus en paraboles. » (Jean XVI. 25) Aussi lorsqu'ils furent pleinement instruits par ses leçons et par l'infusion du Saint-Esprit, ils parlèrent avec « une grande clarté, (1» (II. Cor. III. 12)

Dans aucun de leurs discours ou de leurs épîtres nous ne trouvons rien de semblable à cette manière parabolique d'enseigner, mais tout ce qui est relatif au royaume des cieux et au grand salut, est déclaré par eux dans un langage simple, intelligible et tel qu'il est employé dans l'usage ordinaire.
Leur commission n'était point limitée à instruire les savants et les riches, elle s'étendait aux ignorants, aux pauvres, à tous les hommes. « Ils étaient débiteurs tant aux Grecs qu'aux Barbares, tant aux sages, qu'aux ignorants. » (
Rom. I. 14) Leurs discours étaient adressés sans distinction à tous ceux qui voulaient y faire attention ; leurs épîtres étaient écrites aux églises composées d'hommes de toutes les classes de la société. Quand il ordonnait que ses épîtres fussent communiquées à ces assemblées où il y avait beaucoup de simples esclaves, « de pauvres de ce monde qui étaient riches en foi, » (Jacq. II. 5) l'Apôtre Paul voulait que ce fut par la lecture : « Quand cette épître, aura été lue entre vous, faites qu'elle soit aussi lue, en l'église des Laodicéens, et vous aussi lisez celle qui, est venue de Laodicée. (Col. IV. 16) Je vous conjure par le Seigneur, que cette épître soit lue à tous les saints frères. » (I. Thess. V. 27) II n'indique pas une seule fois que ses épîtres ne soient pas suffisamment intelligibles par elles-mêmes, et cependant beaucoup de personnes croient que, sans une explication, on ne peut en tirer que peu d'avantages.

Puisque les écritures de l'Ancien Testament étaient ainsi lues à tout le peuple ; puisque le Seigneur Jésus qui en appela si souvent à leur témoignage dans le cours de son ministère, n'a jamais fait entendre qu'elles fussent écrites d'une manière trop obscure pour être comprises, et qu'au contraire il approuve que l'on s'en
enquière diligemment ; (Jean V, 39) puisque les Apôtres adressaient leurs discours, qui nous ont été conservés dans le livre des Actes, à des foules composées d'hommes de toutes les classes ; puisqu'ils ont adressé leurs écrits, non pas à des personnes distinguées par leur rang ou par leurs connaissances, non pas exclusivement « aux Évêques et aux Diacres » mais à « tous les Saints » (Phil, I. 1) pour l'usage immédiat de tous les saints frères qui en étaient les dépositaires, comme nous l'apprenons par les suscriptions des épîtres, n'est-il pas évident que toutes ces écritures, ces discours et ces épîtres, sont faits pour les hommes de toutes les classes et adaptés à leur capacité ?
Pourquoi donc représenterait-on la lecture des Saints Livres, soit comme dangereuse, soit comme illégale pour le plus grand nombre des hommes ? ou pourquoi conserverait-on le préjugé de penser qu'on ne peut les lire avec profit et avantage qu'autant qu'elles sont expliquées de quelque manière ? Cette dernière opinion a, par d'autres moyens, les mêmes résultats que l'autre ; celui d'interdire la lecture de la Bible aux hommes simples, ou du moins de ne pas permettre qu'ils la connaissent dans son éclat, dans sa simplicité et dans sa beauté naturelle.
L'on peut, à la vérité, se servir quelquefois utilement des commentaires comme de secours subordonnés ; mais si on les place avant les Saintes Écritures, si on les met au même rang, ou si on les considère comme indispensables pour qu'elles puissent être utiles et intelligibles, alors les paroles de l'esprit de Dieu, qui dans leur disposition, leur style et leur expression sont les plus convenables pour procurer une instruction et une édification réelles et spirituelles, alors ces paroles sont dégradées et placées dans un rang secondaire.

On croit avoir trouvé une route plus courte et plus facile pour parvenir aux connaissances divines, et le loisir de ceux qui n'ont que peu de temps à donner à la lecture, est employé à parcourir les écrits d'hommes sujets à l'erreur, dans lesquels il n'y a de bon que ce qui est tiré de la parole de Dieu. Enseigner à la regarder comme inintelligible sans commentaire, c'est la rendre actuellement inintelligible. « Que sert, le prix dans la main du fou pour acheter la sagesse, vu qu'il n'a point de sens ? » (
Prov. XVII. 16)
Le texte sacré est négligé pendant que le commentaire qui l'accompagne, l'harmonie, ou l'abrégé sont lus comme le principal moyen d'édification !

Il était absolument nécessaire que les écritures, qui renferment une révélation de la volonté de Dieu envers l'humanité, fussent écrites d'une manière intelligible pour tous, puisque c'est par les paroles qu'elles contiennent que les hommes seront jugés au dernier jour. (J
ean XII. 48) C'est un avertissement pour tous ceux qui y ont accès, de se mettre eux-mêmes à portée de connaître leur contenu. Il est ordonné aux croyants de s'exhorter l'un l'autre (I. Thess, V. 11) et le Seigneur « a donné des Pasteurs et des Docteurs pour travailler à la perfection des saints, pour l'œuvre du ministère, pour l'édification du corps de Christ, (Eph. IV. 11. 12) mais afin de profiter des instructions de ces hommes non inspirés, il est nécessaire d'être capable de juger s'ils parlent suivant les oracles de Dieu, « s'ils ne sont, pas de faux docteurs, qui introduisent couvertement des sectes de perdition, (II. Pier. II. 1) » d'éprouver toutes choses à la seule épreuve infaillible, (I. Thess, V. 21) en un mot d'eu appeler « à la Loi et, au témoignage, car s'ils ne parlent selon cette parole-ci, certainement il n'aura point de lumière pour eux. » (Esa. VIII. 20)

Les écritures seules, sans aucun autre secours, « sont capables de rendre les hommes sages à salut, par la foi en Jésus-Christ. » (
I. Tim. III. 15. Luc XVI. 29. 31) Elles doivent donc être le but principal des études de tous les Chrétiens et c'est, en résultat, dans ces écritures et non pas dans les systèmes et les confessions de foi que les hommes ont composés que la véritable doctrine doit être apprise.
L'étude de ces livres est l'œuvre la plus utile à laquelle un homme puisse s'occuper et la vraie intelligence de ce qu'ils contiennent est la plus riche des acquisitions. Plus il est soigneux de les lire avec prière, plus, comme David, il les médite nuit et jour, (
Ps. I. 2) et plus, comme ce saint Roi. il y prend de plaisir ; (Ps. CXIX. 23. 48. 78. 148) plus il éprouve qu'ils sont plus doux que le miel ; (Ps. XIX. 11) plus il trouve qu'ils ont été préparés pour être « une lampe à ses pieds et une lumière à ses sentiers. » (Ps. CXIX. 105)

On peut lire quelques parties des écritures plus souvent que d'autres, mais toutes doivent trouver leur place. Les parties prophétiques, même celle qu'il est le plus difficile d'entendre, ne doivent point être passées. On doit au contraire les lire avec attention ; elles donneront toujours aux hommes pieux de toutes les classes, de grands sujets d'édification. Elles présentent la souveraineté, l'autorité, la sagesse, la sainteté, la bonté, la sévérité et la miséricorde de Dieu dans toutes ses dispensations, sous un point de
vue tel, qu'encore que l'on ne puisse en comprendre le but particulier, elles produisent sur les esprits les effets les plus heureux. Il en est de même pour toutes les parties de l'écriture, quel qu'en soit le sujet, de sorte que le chrétien qui s'en enquiert diligemment, qu'il soit instruit ou qu'il ne le soit pas, en tirera toujours plus de fruit que de tous les livres composés par les hommes. Il doit donc, d'après cette raison, non-seulement lire quelques parties détachées de la parole de Dieu, mais la considérer comme lui étant remise dans son ensemble, par le Père des lumières, pour guider ses pas « dans la maison où il a demeuré comme voyageur » (Ps. CXIX. 54) jusqu'à ce que « ses yeux contemplent le Roi en sa beauté, et regardent la terre éloignée. (Esa. XXXIII, 17) Toute l'écriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger et pour instruire selon la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement, instruit pour toute bonne œuvre. » (II. Tim. III. 16. 17)

En lisant les écritures, plusieurs personnes sont disposéesà penser que Dieu est plus éloigné de nous que des hommes auxquels il parlait dans les Saints Livres ; la connaissance de Dieu rectifiera cette erreur. Dieu ne peut être plus éloigné de nous que d'eux. C'est surtout en lisant l'ancien Testament qu'elles sont portées à croire que les choses dont il est parlé, n'ont que peu de rapport avec nous. La connaissance que l'expérience donne au chrétien, lui enseigne combien cette opinion est fausse et lui apprend que la religion est toujours la même espèce de liaison entre Dieu et l'homme.
Étudier simplement la Bible sans préjugés, est la mort de la superstition, et de l'erreur. Quelques hommes en font l'objet de leurs méditations, d'après les dispositions particulières de leur esprit ; s'ils parvenaient à la lire toute entière pour saisir l'ensemble de ce qu'elle contient, ils se réveilleraient comme d'un songe. Ils seraient étonnés de voir l'humilité, la douceur, le caractère saint et céleste de cette simple religion de l'écriture, sur laquelle ils sont plus ou moins aveuglés. « Dessille mes jeux, afin que je regarde aux merveilles de ta loi : je suis voyageur en la terre ; ne cache point de moi tes commandements. » (
Ps. CXIX. 18. 19)

On peut trouver beaucoup de plaisir à la lecture de la Bible ; on y rencontrera une grande variété d'instructions sages, un grand nombre de faits remarquables, beaucoup de sublimité et la poésie la plus élevée ; mais en s'arrêtant à cela, on reste en arrière de la fin principale que l'on doit se proposer. « Car le témoignage de Jésus, est l'esprit de prophétie. » (
Apoc. XIX. 10) Le grand secret dans l'étude de l'écriture, est d'y découvrir Jésus-Christ qui est le chemin et la vérité et la vie. (Jean XIV. 6) « Enquérez-vous diligemment des écritures, car vous estimez avoir par elles la vie éternelle, et ce sont elles qui portent témoignage de moi. »
Cependant comme les Saintes Écritures sont le grand dépôt de la vérité, qu'elles contiennent le témoignage de Jésus, il est convenable non-seulement de les méditer pour notre édification, (
Jean V. 39) mais encore d'appeler, autant qu'il nous est possible, l'attention des autres sur les trésors qu'elle renferment ; de s'efforcer de montrer leur vérité et leur excellence ; de graver dans l'esprit des autres le sentiment de leur importance. Car plus ou est pénétré de leur sens, plus ils paraît clair et évident, et plus on est richement récompensé de ses soins pour s'en enquérir.

Les écritures contiennent un trésor inépuisable de vérités divines. Il était ordonné aux Israélites « de les enseigner soigneusement à leurs enfants, de s'en entretenir quand ils demeureraient en leurs maisons, quand, ils voyageraient, quand ils se coucheraient et quand ils se lèveraient. » (
Deut. VI. 7)
II est ordonné aussi aux chrétiens de se parler les uns aux autres pour s'édifier, s'exhorter et se consoler, (I. Cor. XIV. 3) comme aussi de prêcher l'évangile au monde : « Que chacun selon le don qu'il a reçu, l'emploie pour le service des autres comme bons dispensateurs de la différente grâce de Dieu. Si quelqu'un parle, qu'il parle comme annonçant les paroles de Dieu. Si quelqu'un administre, qu'il administre comme par la puissance que Dieu lui en a fournie, afin qu'en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appartient la gloire et la force, aux siècles des siècles. Amen. » (I. Pier. IV. 10. 11)
Plus nous lisons les écrits inspirés, plus nous les méditons, plus nous conversons ensemble sur leur sujet, plus nous fixons sur eux l'attention des autres, et plus, par la bénédiction de Dieu, nous pouvons espérer de nous instruire de sa volonté et d'en tirer un avantage réciproque.

C'est avec un vif désir de produire ces heureux effets, et avec de ferventes prières à Dieu pour les obtenir ; c'est pour
exciter à la lecture réfléchie des Saintes Écritures elles-mêmes, et pour tâcher d'éloigner les préjugés qui en empêchent l'usage, que les réflexions suivantes sur l'épître aux Romains sont soumises au lecteur.
Il est facile d'apercevoir que le plan qui a été suivi n'est point celui d'un simple commentaire pour l'explication du texte. En même temps que l'on tente de donner le vrai sens de chaque passage, on y a joint souvent des remarques sur la doctrine et sur la pratique ; on a répondu aux objections, et les principaux sujets qui se sont présentés ont été traités avec quelque étendue.
En s'occupant des diverses parties de cette épître si abondante, on a eu l'occasion de traiter des principaux points de la révélation, et de présenter sous divers points de vue « la doctrine qui est selon la piété, » (
1. Tim. VI. 3) C'est l'objet que l'auteur a eu partout en vue et comme il a été à portée de consulter quelques-uns des meilleurs livres Anglais, il en a emprunté tout ce qu'il a cru utile à son dessein, afin de rendre l'ensemble de son ouvrage aussi instructif qu'il lui était possible. Il a toujours eu pour but de donner le sens exact de chaque passage sans l'étendre ni le restreindre, et de montrer la liaison d'une partie des Saintes Écritures avec l'autre. Il a cherché à appuyer et à éclaircir tout ce qu'il a avancé par des citations nombreuses.
Comme l'unité de la parole de Dieu est parfaite, les passages qui, d'après une vue superficielle paraissent opposés, doivent, s'ils sont bien entendus, parler le même langage. Si quelqu'un établit dans la Bible une suite d'idées opposées à une autre, il est dans « une grande erreur, parce qu'il ne connaît pas les écritures. » (
Marc XII, 27. 24)

L'auteur a été aussi soigneusement en garde contre le danger de ne donner qu'une vue
partielle des écritures. Quelques personnes évitent soigneusement de parler des doctrines particulières de l'évangile, et d'autres de s'occuper des devoirs de la loi. Ce mal est d'autant plus grand qu'il y a une telle liaison entre les différentes parties de la volonté de Dieu qui nous a été révélée, que si quelqu'une était abandonnée, le reste ne serait pas seulement incomplet, mais injuste.
Celui qui entend véritablement les écritures, s'apercevra bientôt qu'il y a une connexion si inséparable entre toutes ces vérités, que l'une ne peut être complètement admise ou rejetée, que l'on n'admette ou que l'on ne rejette toutes les autres, et qu'aucune ne peut être éloignée, sans faire tort à la beauté et à la plénitude du système général.

Il y a d'autres personnes qui pensent que l'on doit
cacher quelques-unes des vérités de Dieu, de peur que l'on n'en abuse. D'après cette idée absurde, on se tait souvent sur ce qui est écrit de la souveraineté de Dieu, de ses desseins éternels, et de la liberté de sa grâce ; une telle sagesse est de l'arrogance, elle est de l'impiété ; il n'y a point de vérité dont des esprits et charnels et corrompus ne puissent abuser et dont l'abus n'ait eu lieu dans beaucoup d'occasions : mais est-ce une raison pour les cacher ? Retiendrons-nous les vérités que les prophètes, que Jésus lui-même ont déclarées, que ses apôtres ont enseignées à toutes les églises ? Non ; nous devons les proclamer clairement, et les proclamer pleinement. Nous, devons faire nos efforts pour empêcher que l'on n'en abuse, et pour que les pécheurs connaissent que s'ils tordent la parole de Dieu, ils le font pour leur propre perdition. (II. Pier. III. 16)
O que n'y a-t-il plus d'assujettissement à la sagesse de Dieu ! Que n'a-t-on une conviction profonde et intérieure que tout ce qu'il a ordonné est, par cela même, le plus sage et le meilleur ! On ne chercherait plus dès lors différentes manières de donner des interprétations qui anéantissent ce qui est clairement contenu dans sa parole. Mais au contraire tous se joindraient de tout leur cœur à l'Apôtre pour s'écrier : « O profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont incompréhensibles, et ses voies impossibles à trouver 
» ! ( Rom. XI. 33)

II y a un grand nombre de ceux qui s'appellent eux-mêmes chrétiens qui voudraient écarter tout ce qui est
mystérieux dans la parole de Dieu, et recevoir seulement comme en faisant partie, ce qui est d'accord avec leurs préventions et leurs préjugés. C'est se tromper entièrement sur la nature de la révélation et substituer à sa place une création de leur propre imagination ; c'est décider avec arrogance ce que Dieu doit avoir dit, et non pas se soumettre avec humilité à ce qu'il a dit. On doit cependant recevoir sa vérité telle qu'il l'a présenté, ou elle n'est pas reçue du tout.
La Bible ne vient pas nous demander notre opinion sur son contenu. Elle nous présente une constitution de grâce que nous devons recevoir, quoique nous ne puissions point la comprendre complètement. Mais sous tous les rapports, ce qui est contenu dans la Bible est convenable pour convaincre celui qui s'en enquiert sérieusement, qu'elle est « la parole de Dieu. »
Les mystères qui y sont contenus confirment plutôt qu'ils ne combattent cette conclusion, car un livre qui s'annoncerait comme révélé de Dieu, et cependant ne contiendrait pas de mystères, se réfuterait par cette seule circonstance. L'incompréhensibilité est inséparable de Dieu et de toutes ses œuvres, même des moins considérables, comme la croissance d'un brin d'herbe. Les mystères des écritures sont sublimes, intéressants et utiles ; ils déploient les perfections divines, établissent un fondement pour notre espérance, et nous commandent l'humilité, le respect, l'amour et la reconnaissance. Ce qui est incompréhensible doit être mystérieux ; mais il peut être intelligible en tant qu'il
est révélé, et quoique ces mystères puissent être liés avec des choses au-dessus de notre raison, ils n'énoncent rien qui implique contradiction avec elle.

Celui-là, ne peut point être appelé un croyant qui garde seulement les doctrines dans lesquelles la révélation lui paraît d'accord avec les décisions de sa raison, et qui rejette le témoignage de Dieu pour tout ce qu'il ne suppose pas raisonnables.
Nous pouvons conclure delà le jugement que nous devons porter de ceux qui affirment sans hésiter, que les préceptes moraux, leur sanction, et les plus évidentes vérités de la Bible forment sa partie essentielle et qu'il est peu important de croire le reste et surtout les choses qui sont mystérieuses à un certain point ; que personne, si ce n'est des bigots à l'esprit rétréci, ou un peuple ignorant et faible, ne peut faire fond sur des opinions spéculatives. « Mais celui qui ne croit point Dieu, il l'a fait menteur ; car il n'a point cru au témoignage que Dieu a rendu de son fils, » (
I. Jean V. 10) et de la vie éternelle qui est donnée aux pécheurs par lui.
Telle est la doctrine uniforme des écritures et la contredire équivaut à rejeter entièrement la révélation divine.

Pourrait-on supposer que les prophètes et les apôtres eussent reçu leur mission, que le fils de Dieu eût été manifesté, fût mort en croix et ressuscité des morts, seulement pour enseigner que Dieu approuvait l'honnêteté, la tempérance, la véracité, la bonté, et qu'il désapprouvait les vices contraires ? ou que les innombrables témoignages que les écritures contiennent sur les mystères de la nature divine, sur la personne du Rédempteur, sur l'oeuvre de la rédemption, sur l'influence du Saint-Esprit, sur la distribution gratuite de sa grâce, pussent être révoqués en doute sans crime, pourvu que les hommes fussent moraux dans leur conduite les uns envers les autres ? ou que Dieu ait également pour agréables ceux qui outragent ainsi sa véracité, et ceux qui se soumettent implicitement à ce qu'il enseigne et croient à son témoignage ? (
2) S'il en était ainsi, où serait la différence entre l'infidèle et le croyant ?
Tous, excepté ceux qui s'avouent athées, reconnaîtront la convenance de plusieurs préceptes et la vérité de quelques doctrines qui sont d'accord avec celles qu'annonce la parole de Dieu. Mais l'infidèle les admet comme décision de la raison, et non comme des témoignages de Dieu, et beaucoup de ceux qui prennent le nom de chrétiens, rejettent sans hésiter tout ce qui ne leur paraît pas s'accorder avec la même règle de penser ; de sorte qu'en se confiant les uns et les autres sur leurs propres raisonnements, « ils s'appuient sur leur prudence, » (
Prov. III. 5) et font Dieu menteur, lorsque son témoignage contredit leurs audacieuses assertions.
L'idée si répandue que les vérités de doctrine sont beaucoup moins importantes que les autres, est donc subversive de la révélation, et dans le fait, elle est la plus dangereuse, comme la plus plausible espèce d'incrédulité.

C'est la doctrine de la révélation divine plutôt que ses préceptes, qui fournit les principaux moyens d'avancer la sainteté. L'amour de Dieu est moins excité par le précepte,
tu aimeras le Seigneur ton Dieu, que par la découverte de ses perfections adorables et de son amour pour nous. Les articles fondamentaux de la religion chrétienne relatifs au plan étonnant de l'œuvre de la rédemption, sont admirablement disposés pour produire la sainteté du cœur et de la vie ; ils sont la source la plus abondante d'où elle puisse dériver. Aussi est-ce avec la plus grande exactitude que l'évangile est appelé la vérité qui est selon la sainteté (Tite l. 1) et le mystère de la piété (I. Tim. III. 16). II est la connaissance de l'expiation de Christ « qui purifie la conscience des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant ; (Heb. IX. 14) la foi purifie le cœur. » (Act. XV. 9) La croyance que le Père a envoyé son Fila pour être le sauveur du monde, suppose la croyance que le monde avait besoin de ce salut et par conséquent celle du mal infini du péché et de l'obligation infinie où nous sommes d'accomplir nos devoirs ; et cette dernière conviction suppose la connaissance et la croyance de la gloire et de la perfection infinies de Dieu, d'où provient cette obligation. Or une telle connaissance de Dieu ne peut qu'avoir une grande influence sur nos actions. Les démons même sont affectés par leur croyance. « Les démons croient, et tremblent ; » (Jacq. II. 19) et lorsque les hommes ont du caractère de Dieu qui leur est révélé, une idée telle que les démons l'ont de sa sévérité, elle les conduit à l'amour, au respect, à la reconnaissance et les excite à accomplir avec joie tous leurs devoirs.

La souveraineté de Dieu dans toutes ses dispensations, d'un côté, et de l'autre, la responsabilité de l'homme, la nécessité absolue de la grâce efficace de Dieu pour le salut, et l'obligation où est le fidèle « de combattre le bon combat de la foi, » sont énoncées partout dans les écritures. Ces vérités, si bien d'accord entr'elles ; sont comme toutes celles de l'évangile, éclaircies par l'histoire de l'ancien Testament ; il fut souvent rappelé aux Israélites qu'ils ne devaient point la possession de la terre promise, à leur courage ni à leur force, et ils ne l'avaient point obtenue cependant sans déployer leur force et leur courage.
« Ce n'a point été par ton épée ou par ton arc. » (Jos. XXIV. 12)
La même idée est partout manifestée dans tout le cours de leur histoire. Lorsque Dieu leur commandait de « monter pour faire la guerre, » et leur promettait le succès, ils en étaient certains par l'influence de l'Éternel, et lorsqu'ils se confiaient à leur propre force, leurs ennemis « les poursuivaient comme font les abeilles. (
Deut. I. 44) Lorsque Moïse élevait sa main, Israël était alors le plus fort, mais, quand il reposait sa main, alors Amalek était le plus, fort. (Exod. XVII, 11) Ce n'est point par leur épée qu'ils ont conquis, le pays, et ce n'a point été leur bras qui les a délivrés, mais ta droite et ton bras, et la lumière de la face. parce que tu les affectionnais. » (Ps. XLV. 4) C'est ainsi qu'il est dit : « la délivrance des justes vient de l'Éternel. (Ps. XXXVII. 39) »

Mais si quelqu'un abusait de cette vérité et « changeait la grâce de notre Dieu en dissolution, (
Jude 4) » qu'il se souvienne que « s'il vit selon la chair, il mourra. (Rom. VIII. 13) Ne vous, abusez point ; Dieu ne peut être moqué ; car ce que l'homme aura semé, il le moissonnera aussi, c'est pourquoi celui qui sème à sa chair, moissonnera aussi de la chair la corruption ; mais celui qui sème à l'esprit, moissonnera de l'esprit la vie éternelle. » (Gal. VI. 7. 8) Soit qu'il le croie ou non, ces dernières déclarations sont entièrement conformes à la doctrine de la grâce efficace, et de la justification par la foi sans les œuvres, et elles sont également vraies ; et ce n'est point en écartant l'une ou l'autre de ces vérités que l'on fera du bien aux âmes des hommes, mars plutôt en publiant pleinement l'une et l'autre, comme elles nous sont enseignées dans la parole de l'Éternel.

Dans l'état actuel, « nous marchons par la foi et non par la vue, (
2. Cor. V. 7) nous connaissons en partie et nous prophétisons, en partie. Mais quand la perfection sera venue, alors ce qui est en partie sera aboli..... Car nous voyons maintenant par un miroir, obscurément, mais alors nous verrons face à face ; maintenant je connais en partie, mais alors je connaîtrai selon que j'ai été aussi connu. » (1. Cor. XIII. 9. 10. 12) La lumière de l'éternité nous découvrira dans la plénitude de leur nature, de leur beauté et de leur évidence, beaucoup de ces choses qu'à présent nous ne voyons qu'indistinctement. Mais dans toutes les périodes de notre existence, c'est notre devoir constant et notre privilège ineffable d'écouter, avec une soumission filiale, tout ce que Dieu enseigne et commande. Ce n'est pas d'ailleurs le moyen de convertir les infidèles que d'abandonner quelque partie de la vérité divine. Pour être utile à eux aussi bien qu'aux autres, le chrétien ne doit pas « éviter d'annoncer tout le conseil de Dieu. » (Act. XX. 27) Nous devons placer les grandes et efficaces doctrines de l'évangile dans le point de vue le plus remarquable ; nous ne devons point les passer légèrement ni même en parler froidement, mais d'une manière telle, qu'elle montre que nous en connaissons la vérité, et que nous en sentons l'importance.


Table des matières


(1)
- clarté. C'est ici le sens de ce mot. Voyez comme il est traduit par Martin, Jean X. 24. XI. 14. XVI. 25. 29.

(2) Les enthousiastes les plus égarés n'ont jamais rêvé une absurdité plus grossière que celle que soutiennent les personnes qui pensent que Dieu, souverainement sage, a donné une révélation à l'homme, l'a confirmée par des miracles et des prophéties, l'a établie dans le monde par les travaux et les souffrances de ses serviteurs et par la crucifixion de son Fils bien-aimé, et qu'en résultat cette révélation ne contient rien que ce que nous pouvions connaître sans elle !
Bien plus encore ; qu'elle est conçue dans un tel langage qu'elle fournit à ceux qui la croient le plus implicitement et qui lui obéissent avec le plus de respect, l'occasion de soutenir des opinions et d'adopter des pratiques erronées, mauvaises en elles-mêmes et d'une conséquence dangereuse pour l'humanité.

 

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