Commentaire sur
l'épître aux Romains
DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
PREMIÈRE
PARTIE.
CHAP. I. A VIII.
L'apôtre Paul, qui par
la grâce de Dieu, avait travaillé
beaucoup plus que tous les autres apôtres,
(1. Cor XV. 10) reçut l'honneur d'être
appelé à écrire quatorze des
épîtres apostoliques, dont treize sont
souscrites de son nom. Son épître aux
Romains qui est la première dans l'ordre
qu'où leur a donné, quoique d'autres
aient été écrites avant elle,
l'épître aux Romains est, dans ce
nombre, une des plus étendues et des plus
instructives, elle comprend sommairement toutes les
grandes doctrines de l'évangile et des
dispensations divines dans les différents
âges du monde. Elle doit être
étudiée avec la plus grande attention
par tous ceux qui désirent d'être bien
instruits de ce qui regarde le royaume de Dieu.
Elle est écrite pour tous les disciples de
Christ dans tous les pays et jusqu'à la fin
des siècles aussi bien que pour ceux qui
habitaient à Rome du temps de
l'Apôtre ; les premiers ont autant que
les autres l'obligation de connaître ce
qu'elle contient et de lui obéir ; de
même que la loi de Moïse était
destinée à toutes les
générations des Israélites
jusqu'à la venue du Messie, aussi bien
qu'à la génération à
laquelle elle fut adressée de la montagne de
Sinaï.
On est généralement d'accord que
cette épître a été
écrite de Corinthe à la fin de l'an
57, ou dans l'an 58 ; et cette opinion est
fondée sur les raisons suivantes.
La première fois que Paul vint à
Corinthe, il y trouva Aquila et Priscille,
« un peu auparavant venus
d'Italie, » en conséquence de
l'Édit de Claude (Act. XVIII. 2.) qui avait été
publié dans la onzième année
de son règne, l'an de Jésus-Christ
51.
Il demeura à Corinthe plus de
dix-huit mois avant d'aller en
Syrie, (Act. XVIII. 11. 18), et
dut par conséquent partir de celle ville au
commencement de l'an 53. Dans son voyage en Syrie,
il toucha à Éphèse, il
descendit à Césarée,
d'où il alla à Jérusalem et
ensuite à Antioche, « et y ayant
séjourné quelque temps, il s'en alla,
et traversa tout de suite la contrée de
Galatie et de Phrygie, fortifiant tous les
disciples. »
(Act.. XVIII. 19. 23)
Ensuite « après avoir
traversé tous les quartiers d'en haut, il
vint à
Éphèse, » (Act. XIX.1.) où il demeura environ trois
ans, (Act. XX, 31. ) avant d'aller en
Macédoine : il fit plusieurs
exhortations dans ces quartiers-là, et vint
en Grèce. (Act. XX. 1. 2.) C'est apparemment à celle
époque qu'il prêcha l'évangile
sur les frontières de l'Illyrie.
(Rom. XV. 19.) Le but de son voyage en
Grèce, était de recevoir la collecte
que les églises d'Achaïe avaient faite
pour les Saints de Judée. (II. Cor. IX. 1-5.)
Ayant passé trois mois en Grèce,
(Act. XX.
3.) il paraît,
d'après la longueur présumée
de ces voyages, qu'il partit avec ces collectes
dans les premiers mois de l'an 58 ; et il dit
dans cette épître même, qu'il
allait à Jérusalem pour assister les
Saints. (Rom. XV. 25.) C'était sept ans entiers
après que les Juifs et les Chrétiens
eurent été bannis de Rome, et environ
trois ans après leur retour ; car
Claude étant mort dans l'année 54,
l'exécution de son édit finit avec sa
vie, et son successeur ne l'ayant point
renouvelé, les Juifs et les Chrétiens
retournèrent à Rome, où
l'église à laquelle cette
épître est adressée,
était déjà établie dans
la troisième année de
Néron.
La ville de Corinthe est désignée
comme le lieu d'où elle a été
écrite, avec cette circonstance, qu'elle fut
envoyée par Phoebé, Diaconesse de
l'église de Cenchrée, partie
orientale de Corinthe. Les salutations de
Gaïus ou Gaïus, hôte de
l'Apôtre, et celles d'Eraste, procureur de la
ville (Rom. XVI. 23.) sont des preuves, additionnelles de
ce fait. Car il parait (1. Cor. I. 14) que Gaïus habitait Corinthe,
ainsi qu'Eraste. (II. Tim. IV. 20.)
L'obscurité supposée de
l'Épître aux Romains est
alléguée par quelques personnes,
comme une excuse pour ne point lui donner
l'attention qu'elle mérite. Voici comment
Claude réfute cette objection.
« II est certain que la première
et principale cause de ce qu'on trouve cette
épîtreobscure,
vient du défaut de ceux qui la lisent ou qui
entreprennent de l'expliquer ; car au lieu de
tâcher d'entrer dans le véritable sens
de Paul, ils veulent au contraire accommoder le
sens de Paul, à leurs propres
préoccupations et à leurs
idées, ce qui les jette dans des
difficultés insurmontables. Il
y en a même, qui malicieusement
travaillent à l'obscurcir, parce que les
pensées de cet Apôtre et son sens
naturel ne leur plaisent point. Ils donnent la
géhenne à leur esprit, jusqu'à
inventer des extravagances pour éluder ce
qui de soi-même est plus clair que le jour,
parce qu'il ne s'accorde pas avec leurs
préjugés. Mais de cette
manière, il n'y aura rien de clair au monde.
J'ose assurer que si, en lisant et relisant
diverses fois cette épître avec
attention, non par pièces ou par lambeaux,
mais toute entière, sans détourner la
vue ailleurs, en prenant garde à son but et
à la suite de son discours, et en comparant
une partie avec l'autre, on y apporte une
sincère attention, non-seulement on
l'entendra, mais on la trouvera claire et incapable
de recevoir divers sens. » (1)
Nous trouvons dans cette épître de
fréquentes allusions aux opinions des Juifs.
Le plus grand nombre des Israélites,
étant dans l'erreur sur la nature et sur le
but de l'économie Mosaïque,
s'opposaient avec force à l'évangile,
sous le prétexte qu'il ne s'accordait pas
avec les premières révélations
divines dont ils étaient les
dépositaires, et que, par conséquent,
il ne pouvait venir de Dieu.
Pour réfuter cette objection, les
apôtres avaient soin de montrer que les
doctrines de l'évangile étaient
contenues dans les écrits de Moïse et
des Prophètes, et qu'aucune des opinions
contraires à la doctrine chrétienne,
que les Docteurs Juifs prétendaient
déduire de l'ancien Testament,
n'étaient fondées sur son
autorité. Paul ramène souvent ce
sujet de discussion, principalement dans cette
épître et dans celles qui sont
adressées aux Galates et aux Hébreux.
Il y prouve que les sacrifices et les
purifications, sous la dispensation légale,
n'étaient pas des expiations réelles
pour le péché, et que
l'obéissance à la loi n'était
nulle part proposée comme moyen de
justification ; qu'au
contraire la loi, qui marquait si clairement aux
hommes leurs devoirs, les condamnait par la
malédiction qu'elle prononçait contre
toute transgression, et qu'elle montrait ainsi la
nécessité où était
l'homme de ne point établir sa justification
devant Dieu sur l'obéissance à ses
commandements, mais de la chercher dans le Messie
promis.
C'est en présentant souvent ce sujet et en
montrant que la doctrine qu'il enseignait,
était sous tous les rapports, conforme aux
anciennes révélations divines, et que
la voie de la justification avait été
la même avant et depuis la proclamation de la
loi, que Paul réfute les différentes
erreurs des Juifs, par lesquelles ils combattaient
avec opiniâtreté l'évangile.
C'était ce qui était le plus
nécessaire, parce que ces erreurs, qui
pouvaient s'insinuer dans l'esprit des croyants,
tendaient à « les détourner
de la grâce de Christ, à les
transporter à un autre
évangile, » (Gal. I. 6)
et à causer des divisions entr'eux. Comme il
était reconnu universellement que la
révélation des Juifs était de
Dieu, il était de la plus grande importance
de prouver que la nouvelle
révélation, en même temps
qu'elle mettait fin à la loi de Moïse,
était si loin d'être contraire
à cette dispensation qu'elle en était
l'accomplissement.
Nous allons présenter une vue
générale de chacun des
différents chapitres.
Cette division a été suivie pour la
commodité des citations, quoique l'on sache
bien qu'il n'y avait au commencement aucune
distinction ni de chapitres, ni de versets. C'est
en général la traduction de Martin
que nous avons suivie, elle n'a été
changée que lorsqu'il a été
nécessaire.
Les mots chrétien, fidèle, croyant, saint, sont employés dans le
commentaire dans leur véritable sens. Dans
le langage des écritures, ces mots sont
synonymes. Nous n'y trouvons pas plus l'expression
de mauvais
chrétiens que
celle de mauvais
saints. Les hommes
peuvent à la vérité professer
d'être ce qu'ils ne sont pas, mais en vain
ceux qui finalement seront condamnés
auraient paru chrétiens pendant un temps,
ils ne l'ont jamais été dans le
fait ; c'est d'eux que l'apôtre Jean
dit : « ils sont sortis d'entre
nous, mais ils n'étaient point d'entre nous,
car s'ils eussent été d'entre nous,
ils fussent demeurés avec nous, mais c'est
afin qu'il fût manifesté que tous ne
sont point d'entre nous. » (l. Jean II. 19)
Chap. I.
DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
Dans la souscription de son
épître, l'Apôtre affirme que
l'évangile était prêché
pour l'accomplissement des promesses de Dieu faites
par les prophètes dans les écritures,
et que Jésus le Messie, était, quant
à sa nature humaine, de la semence de David,
mais que, quant à sa nature divine, il avait
été déclaré fils de
Dieu, par sa résurrection d'entre les
morts.
Paul assure encore ceux à qui il
écrit, qu'il a été fait
apôtre par Christ lui-même dans le
dessein de proclamer l'évangile parmi toutes
les nations. C'est à ce titre qu'il
était autorisé à écrire
aux saints de Rome, qu'il s'était souvent
proposé de visiter quoiqu'il en eût
été empêché jusqu'alors.
Cependant il avait toujours le désir d'aller
prêcher à Rome
l'évangile ; quoiqu'il fût
généralement combattu ou
négligé, il n'en avait point de
honte, parce qu'il était le mode par lequel
Dieu avait pourvu au salut de chacun de ceux qui le
croiraient ; du Juif à qui il avait
été premièrement
prêché et puis aussi du Grec. Il
annonçait ainsi que le Juif ne pouvait pas
être sauvé par la loi de Moïse,
non plus que le Gentil par la loi de sa conscience,
ou par la connaissance qu'il avait pu
acquérir de Dieu par les œuvres de la
création.
C'est ainsi que dans le 16e et le 17e verset, qui sont comme une clef, non
seulement de cette épître, mais aussi
de toutes les écritures, Paul, après
l'introduction générale, qui forme
l'adresse de son épître,
découvre son important sujet, la voie de
justification à laquelle Dieu a pourvu. Il
montre que cette voie est pleinement
déclarée.
Quand la promesse originaire du salut eut
été presque entièrement
oubliée, Dieu la renouvela à
Abraham ; et à cause de l'inclination
qu'a l'homme à se séparer de son
créateur, il fit encore une alliance avec
les descendants d'Abraham. (Gal. III. 16) Cette alliance qui avait l'ombre des
biens à venir, (Héb. X. I) conservait en parabole la
connaissance du salut de Dieu, qu'elle couvrait
comme avec un voile ; à la fin le
Sauveur prédit étant apparu, avant
fait propitiation pour le péché et
amené la justice des siècles,
(Dan. IX. 24) la proclamation de cet
événement fut la bonne nouvelle que
la grande promesse que Dieu avait faite à
l'homme de la délivrance était
accomplie. Ainsi tout ce qui était relatif
à la justice que Dieu avait
préparée au lieu de celle que l'homme
avait perdue, était
dévoilé. Jusqu'alors elle avait
été à quelques égards
cachée dans des promesses en partie
obscures, dans des prédictions plus ou moins
enveloppées d'ombres, et sous les
différentes institutions de
l'économie Judaïque, ce qui
était représenté par le voile
qui couvrait la face de Moïse, et que les
regards de plusieurs personnes ne pouvaient
pénétrer. Mais alors « ce
voile, même était aboli par Christ.
(II. Cor. III. 13. 14) Dans l'évangile la justice de
Dieu est dévoilée
et l'homme qui est
justifié, par la foi, vivra »
Ayant annoncé que l'évangile est la
puissance de Dieu en salut, l'Apôtre continue
à montrer que tous les hommes ont besoin de
ce salut, parce qu'aucun ne peut obtenir la faveur
de Dieu, ou échapper à sa
colère par ses propres œuvres, Car
quoique les personnes ignorantes pussent imaginer
que leurs vertus supposées seraient une
expiation pour leurs vices, cependant il
était certain, que la colère de Dieu
avait été
révélée contre toute
espèce et tout degré
d'impiété et d'injustice ; et
tous les hommes, quelles que fussent les occasions
qu'ils avaient eues de connaître la
volonté de Dieu, étaient
trouvés coupables et exposés à
sa colère, parce qu'ils retenaient
injustement la vérité captive et
qu'ils agissaient en opposition avec leurs
connaissances et la conviction de leurs
consciences.
Pour éclaircir cette proposition, Paul prend
d'abord pour exemple les païens
civilisés, parce qu'ayant porté
jusqu'au plus haut degré les facultés
de leur esprit, leur philosophie pouvait être
considérée comme étant la plus
grande perfection où puissent atteindre les
hommes par la raison, non éclairée du
flambeau de la révélation divine.
D'après cela, ce devait être chez eux
plutôt que partout ailleurs, que l'on devait
être parvenu à toute la connaissance
de Dieu, et à toute la pureté des
mœurs, où puisse atteindre la nature
humaine. Cependant quoiqu'ils fussent si instruits
sur d'autres sujets, les Grecs et les Romains
étaient, dans leur religion, insensés
au plus haut point, et dans leurs mœurs,
corrompus au-delà de toute expression. Car
quoique la connaissance de l'existence et de
quelques-unes des perfections du vrai Dieu,
eût existé parmi eux dès les
premiers âges, et qu'elle fût
manifestée par les œuvres
de la création, ils
avaient perdu cette connaissance, et
étaient, par conséquent,
« sans
excuse. »
Leur impiété et leur injustice
prouvaient que c'était l'effet de leurs
dispositions dépravées, plutôt
que celui de leur défaut de connaissances.
Ils supprimaient injustement la
vérité, et ils ne glorifiaient pas
comme Dieu, le créateur de toutes
choses ;
au contraire, par
leurs raisonnements insensés, ils avaient
perdu cette connaissance, au point que leurs
cœurs étaient entièrement
aveuglés. Cet ainsi que les philosophes, qui
se proclamaient eux-mêmes sages,
étaient devenus fous en matière de
religion, car leurs institutions publiques avaient
changé la gloire du Dieu incorruptible en
l'image de l'homme corruptible, des oiseaux, des
quadrupèdes, des insectes, qu'ils
regardaient comme les objets de leur culte et
qu'ils servaient avec les rites les plus impurs et
les plus détestables.
C'est pour cela que Dieu avait abandonné ces
sages prétendus, et les hommes de toute
condition, qui l'avaient si excessivement
déshonoré, à se
déshonorer eux-mêmes par la luxure la
plus brutale et dont l'Apôtre fait une
description particulière. Il observe
qu'ainsi ils recevaient en eux-mêmes la juste
récompense de leur erreur, de sorte que les
abominables impuretés qu'ils pratiquaient,
qu'ils avouaient et qui étaient
autorisées par leurs institutions,
étaient à la fois l'effet naturel et
la juste punition de l'idolâtrie, qui
était établie parmi eux comme
religion nationale.
De plus, comme ils ne s'étaient pas
souciés de garder la connaissance du vrai
Dieu, il les avait livrés à un esprit
dépourvu de tout jugement, de sorte qu'ils
avaient perdu la connaissance du juste et de
l'injuste et qu'ils s'abandonnaient à toute
sorte d'injustice, de débauches et
d'impureté ; et quoique leurs
consciences leur fissent connaître que ceux
qui commettaient de tels crimes, étaient
dignes de mort, ils étaient arrivés
à ce degré de dépravation, que
non seulement ils s'en rendaient eux-mêmes
coupables, mais qu'ils approuvaient ceux qui les
commettaient.
La peinture que l'Apôtre fait dans ce
chapitre de la religion et de la morale des
païens civilisés, quoique honteuse pour
la nature humaine, doit être l'objet d'une
attention particulière. C'est une
réfutation complète de
ceux qui soutiennent que la
raison naturelle est suffisante pour conduire le
genre humain, à de justes notions de la
religion, de la sainteté du cœur et de
la pureté de la conduite ; et comment
aurait-il été possible que sans
révélation l'homme eût pu
jamais connaître par quel moyen le
pécheur
pouvait être
rétabli dans la faveur de Dieu ?
Comment ceux qui étaient méchants
pouvaient-ils apprendre à faire le
bien ? Comment l'homme se justifierait-il
devant le Dieu fort ? et qui tirerait le pur
de l'impur ?
(Job. IX. 2. XIV. 4)
Mais ce qui est
impossible à l'homme est possible à
Dieu, et lui seul pouvait enseigner comment ces
grands objets seraient accomplis. « Nous
proposons, » dit l'Apôtre, parlant
en son nom et en celui des autres messagers de
Dieu, « nous proposons une sagesse qui
n'est point de ce monde ni des princes de ce
siècle qui vont être anéantis,
mais, nous proposons la sagesse de Dieu qui est en
mystère, c'est-à-dire, cachée,
laquelle Dieu, avait, dès avant, les
siècles, prédestinée à
notre gloire, et laquelle aucun des princes de ce
siècle n'a connue, car s'ils l'eussent
connue, jamais ils n'eussent crucifié le
Seigneur de gloire.
Mais ainsi qu'il est écrit, ce sont des
choses, que l'œil n'a point vues, et que
l'oreille n'a point ouïes, et qui ne sont
point montées au cœur de l'homme,
lesquelles Dieu a préparées pour ceux
qui l'aiment. » (I. Cor. II. 6-9)
Cette sagesse est
donc totalement différente de la sagesse du
monde, et lui est même contraire en plusieurs
choses ; elle est « la sagesse de
Dieu en mystère ; » elle est
le dessein mystérieux de glorifier son saint
nom et toutes ses perfections dans la
rédemption des pécheurs, par
l'incarnation et le sacrifice expiatoire de son
Fils. Ces choses étaient ordonnées et
décidées avant que le monde
commençât, afin de conduire à
une gloire éternelle le peuple qu'il avait
choisi. Mais elles sont entièrement
cachées à l'homme à moins
qu'il ne les apprenne par révélation,
et que par la foi, il ne reçoive avec
simplicité ces lumières.
Quelle humilité, quelle reconnaissance,
quelle gratitude ne doivent donc pas avoir ceux
à qui cette connaissance a été
accordée, de l'avoir reçue de leur
bon père céleste ! Avec quel
mélange d'horreur et de pitié ne
voient-ils pas les docteurs infidèles
modernes, esclaves volontaires de Satan,
découvrir comme les puissants de l'ancien
monde, leur malice contre
l'Éternel et contre son Oint, et, sans
même avoir la prétention de rien
mettre à la place, employer tous leurs
efforts pour détourner l'attention des
pauvres créatures mortelles et
pécheresses, de cette lumière
céleste qui seule est capable de les
conduire à la félicité et
à Dieu ! « Mais celui qui
habite dans les cieux, se rira d'eux ; le
Seigneur s'en moquera. (Ps. II. 4)
Ainsi a dit le Seigneur l'Éternel, voici je
mettrai pour fondement une pierre en Sion ;
une pierre éprouvée, la pierre de
l'angle le plus précieux, pour être un
fondement solide ; celui qui croira ne sera
pas confus. (Esa. XXVIII. 16. Rom. IX. 33) Or celui qui tombera sur cette
pierre en sera brisé, et elle
écrasera celui sur qui elle tombera.
(Matt. XXI. 44) »
Chap. II.
DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
Ayant montré
l'état de coulpe et de rébellion dans
lequel étaient plongés les
païens idolâtres qui ignoraient la voie
de salut que Dieu avait préparée,
l'Apôtre poursuit en prouvant que
ceux-là même qui avaient
été favorisés de la
révélation de ce salut, mais qui ne
le recevaient pas, étaient tous dans la
même situation. Il en revient donc aux Juifs
inconvertis, qui pendant qu'ils jugeaient les
Gentils dignes de mort à cause de leur
méchanceté, étaient
eux-mêmes, comme l'Apôtre l'affirme,
sous la même condamnation.
Pour démontrer qu'il en était ainsi,
il observe que la sentence de condamnation
portée par Dieu, et qui, par la
malédiction de la loi, atteignait ceux qui
commettaient ces choses, était reconnue par
tous, être conforme à la
vérité. Mais quoique tout Juif
fût condamné par la malédiction
de la loi de Moïse, tous cependant
espéraient le salut parce qu'ils
étaient enfants d'Abraham, (Matt. III. 9) et parce qu'ils jouissaient du
bienfait de la loi écrite.
Afin de leur montrer combien cette espérance
était vaine, Paul demande si eux, qui
condamnaient les Gentils pour leurs crimes et qui
cependant commettaient les mêmes choses,
imaginaient de pouvoir échapper au juste
jugement de Dieu ? En entretenant ces notions,
ils se faisaient de fausses idées de leurs
privilèges, qui leur avaient
été accordés, non pas pour
leur donner la licence de commettre le
péché, mais pour les conduire
à la repentance envers Dieu, et à
avoir foi en ses promesses et en sa
bonté ; de sorte que comme leurs
cœurs endurcis et impénitents abusaient
de ces privilèges, au lien d'assurer leur
salut, ils devaient augmenter
leur punition dans le jour de la colère et
du juste jugement de Dieu.
Ayant parlé du jour du jugement,
l'Apôtre déclare que tout homme sera
jugé selon ses œuvres, et il montre les
principes d'après lesquels ce jugement sera
rendu. Dans ce jour, tout homme, Juif ou Gentil,
qui aura fait ce qui est droit aux yeux de Dieu, en
obéissant à la vérité
de l'évangile, recevra la vie
éternelle. Il est évident que
l'Apôtre ne veut nullement dire que soit le
Juif, soit le Gentil, pourront être
sauvés par leurs propres œuvres, sans
avoir de foi au Messie, mais qu'en
« obéissant à la
vérité, » et en persévérant dans
les bonnes œuvres qui dérivent de la
foi, le Gentil parviendra à la vie
éternelle, tandis que, sans cette foi, le
Juif tombera sous la condamnation.
Supposer que le sens de ce discours est que ceux
qui auraient entendu l'évangile sans y
croire, ou que ceux qui n'en ayant point
connaissance, n'auraient pas accompli parfaitement
la loi sous laquelle ils sont placés,
pussent être sauvés par cette voie,
c'est une absurdité qui ferait avancer
à l'Apôtre des principes subversifs et
de ses arguments dans toute cette
épître, et de la doctrine qu'il
enseigne dans toutes les autres.
Il a eu plusieurs raisons pour proposer d'abord
cette doctrine de cette manière couverte et
pratique. Il évitait par là de
dégoûter d'abord les Juifs avant de
leur déclarer plus explicitement
l'évangile pour lequel il ne fait ici
qu'ouvrir la voie ; il annonçait que
ceux qui connaissaient réellement la loi de
Moïse, et qui lui obéissaient,
embrassaient l'évangile, et que les Juifs
infidèles ne refusaient pas d'obéir
à la vérité, parce qu'ils
aimaient la sainteté de la loi, maïs
par obéissance à l'injustice.
Dès-lors ceux qui auront obéi
à la vérité étant
sauvés « de leurs
péchés » (Matt. I. 21) par Jésus-Christ,
hériteront la gloire et
l'immortalité, comme ceux qui, à la
fin, auront été trouvés
« dans leurs
péchés » seront
condamnés. Car lorsque Dieu, dans ce jour,
jugera les secrets des hommes, non seulement leur
conduite extérieure, mais leurs dispositions
intérieures, leurs pensées et leurs
désirs ; qu'il les jugera par
Jésus-Christ suivant l'évangile que
Paul prêchait, ceux qui auront cherché
leur justification dans la loi écrite qu'ils
ont reçue, seront condamnés, car ce
sont ceux-là seulement qui obéissent
parfaitement à une loi, qui
peuvent être
justifiés par elle. D'un autre
côté, tous ceux qui ont
péché sans avoir une loi
écrite ou publiée parmi eux,
périront sans être jugés par
une loi écrite ou publiée, mais parce
qu'ils ont péché contre la loi de
leur conscience, ce qui rendra leur condamnation
juste, (2)
Ensuite pour montrer aux Juifs infidèles,
combien vainement ils plaçaient
l'espérance de leur salut dans leurs
privilèges extérieurs, l'Apôtre
recherche qu'elle est l'efficacité de leur
loi, et de leurs privilèges pour les
conduire à de bonnes pratiques. Il fait
l'énumération de ces
privilèges et demande comment il arrivait
que les Israélites, quoiqu'ils eussent le
vrai modèle de la connaissance et de la
vérité, dans la loi, quoiqu'ils se
considérassent comme les guides des aveugles
Gentils, n'avaient pas su apprendre eux-mêmes
à s'empêcher de violer
évidemment la loi, de plusieurs
manières dont il fait mention. En même
temps et pour prouver que ce n'était pas
sans fondement qu'il accusait les Juifs de cette
grossière immoralité, il cite leurs
propres écritures qui déclaraient que
le nom de Dieu était blasphémé
à cause de leur iniquité.
Enfin, parce que les Juifs attendaient leur salut,
de leur qualité d'enfants d'Abraham, et de
cette alliance nationale que Dieu leur avait
accordée, parce qu'ils se glorifiaient de
leur circoncision, comme d'un signe de leur
descendance d'Abraham, (3)
l'Apôtre leur enseigne que cette
circoncision, quoiqu'elle fût une preuve de
leur descendance, ne leur servirait pas s'ils
violaient la loi, mais que dans ce cas, ils ne
seraient pas meilleurs que les
Gentils incirconcis ; car
une forme extérieure de religion, ne pouvait
être utile sans le changement de cœur et
la piété intérieure que Dieu
acceptera dans ceux qui sont incirconcis ; car
celui-là n'est point un vrai Juif, ou un
vrai fils d'Abraham selon l'esprit, qui l'est
seulement par la descendance et la profession
extérieure ; mais
celui-là seul est fils d'Abraham, et
héritier de la promesse dans le sens vrai et
spirituel, qui a la vraie circoncision, celle du
cœur, et où se trouve cette
circoncision, quoique cet homme ne reçoive
pas de louange des hommes, il la recevra
assurément au jour du jugement de. Dieu, qui
le reconnaîtra pour être de son peuple
et lui conférera les
bénédictions qu'il a promises
à Abraham et à sa semence.
Chap. III.
DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
Comme les raisonnements
précédents étaient contraires
aux préjugés des Juifs,
l'Apôtre introduit ici un homme de cette
nation qui fait l'objection suivante : si
notre qualité de descendants d'Abraham et
les autres privilèges dont nous jouissons,
ne nous procurent aucune faveur au jour du
jugement, et si le défaut de ces
privilèges n'exclut pas les Gentils du
salut, quelle est donc la prééminence
du Juif sur le Gentil, et quel est l'avantage qu'il
a ?
L'Apôtre réplique que les Juifs comme
nation, jouissaient de grands avantages, surtout
parce qu'ils étaient ceux à qui
était confiée la
révélation écrite de Dieu, qui
attestait la venue de la semence d'Abraham, du
Messie, et le salut qui devait être son
ouvrage.
Mais, dit encore le Juif, quel bien nous revient-il
de ces oracles, si la plus grande partie de notre
nation n'a point cru en celui que vous dites
être la semence d'Abraham ? Notre
incrédulité n'occasionnera-t-elle pas
notre réjection et cela ne
détruira-t-il pas la fidélité
de Dieu, qui a promis d'être son Dieu et
celui de sa postérité dans leurs
âges !
L'Apôtre nie cette conséquence, parce
qu'encore qu'une grande partie de la
postérité naturelle d'Abraham ait
été
rejetée à cause de son
incrédulité, la
fidélité de Dieu n'était point
anéantie par là, qu'au contraire,
elle était établie
conformément à ses menaces.
Mais, réplique le Juif, si notre injustice,
en rejetant Jésus comme le Messie,
établit la fidélité de Dieu,
Dieu n'est-il pas injuste en nous détruisant
pour cette raison ?
Nullement, répond l'Apôtre, car si le
péché ne pouvait point être
justement puni lorsqu'il est suivi de
conséquences heureuses, comment Dieu jugerait-il le
monde ?
Cette réponse
ne satisfaisant pas le Juif, il presse son
objection d'une manière plus forte : si
la vérité de Dieu, en
exécutant ses menaces contre nous, comme
nation, a fait abonder sa gloire par notre
mensonge, quand nous affirmons que Jésus
n'est pas le Messie, pourquoi sommes-nous punis
comme pécheurs pour avoir fait une chose qui
a contribué si fortement à sa
gloire ?
L'Apôtre ajoute alors à cette
objection, et demande pourquoi il ne dit pas aussi
ce qu'on accusait calomnieusement les apôtres
de pratiquer et même
d'ordonner :
faisons le mal pour qu'il en arrive le bien.
Il repousse avec
horreur cette pernicieuse doctrine en
déclarant juste la condamnation de ceux qui
soutiennent cette maxime.
C'est tout ce qu'il juge à propos de dire
sur ce sujet dans cet endroit, dans le dessein de
réfuter plus complètement, comme il
le fait ensuite aux Chap. VI,
VII et
VIII, et
l'objection et la calomnie.
L'Apôtre ayant affirmé que la
prééminence des Juifs sur les
Gentils, consistait dans les avantages dont ils
jouissaient comme étant les
dépositaires des oracles de Dieu ; le
Juif demande : ne reconnaissez-vous pas que
nous surpassons les Gentils, par l'excellence de
notre caractère, et qu'à cause de
cela nous avons des droits à être
justifiés par la loi ?
Nullement, répond l'Apôtre, car nous
avons déjà prouvé que tous,
soit Juifs, soit Gentils, sont sous le
péché, et par conséquent,
qu'il est impossible qu'ils soient justifiés
par aucune loi.
Pour appliquer plus complètement cette
doctrine aux Juifs, et d'une manière telle
qu'ils ne pussent y répondre, l'Apôtre
cite plusieurs passages de leurs propres
écritures qui affirment, de la
manière la plus forte, la culpabilité
de l'homme. Puisque ces passages, par
l'universalité des termes dans lesquels ils
sont conçus, étaient applicables
à tous les hommes, il
n'y avait point de doute que les Juifs
eux-mêmes ne dussent se les appliquer. C'est
pourquoi Juifs et Gentils, tous étant
pécheurs, la bouche de tout homme qui aurait
prétendu que l'on pouvait atteindre la
justification par les œuvres, est
effectivement fermée, soit que Dieu se soit
manifesté à lui dans les œuvres
de la création, dans les déclarations
de la conscience, ou dans les
révélations écrites. Tout le
monde ayant ainsi péché, était
devant Dieu condamné et digne de
punition.
L'Apôtre étant arrivé pas
à pas à la grande conclusion qu'il
voulait établir, il l'énonce comme le
résultat de tous les raisonnements qu'il a
faits jusqu'alors : c'est pourquoi nulle chair ne sera
justifiée devant lui par les œuvres de
la loi,
car par la loi est
donnée la connaissance du
péché. Ni Juif ni Gentil, ne peut être
justifié par les œuvres d'aucune loi,
parce que toute loi demandant, sous peine de mort,
une obéissance parfaite, son seul
résultat est de montrer aux pécheurs
qu'ils sont sous la condamnation, sans leur donner
la plus légère espérance de
miséricorde ; de sorte que les
pécheurs ne peuvent entretenir aucune
espérance de la vie éternelle, qui ne
soit fondée sur un mode de justification
différent de celui d'aucune loi.
Cette nécessité du plan de
justification, qu'il a annoncé au
commencement de son épître, comme
ayant été établi par Dieu, et
comme étant, depuis la venue de
Jésus-Christ, complètement
dévoilé, cette
nécessité étant ainsi
prouvée, Paul revient à cet objet, et
c'est ici qu'il commence à l'exposer
pleinement.
Puisque la loi de Dieu, sous quelque forme qu'elle
soit connue, demande une obéissance
parfaite, pour que la justification puisse venir
par elle, et que nul homme n'est capable de rendre
une telle obéissance, il y a donc
une justice à laquelle Dieu a pourvu
sans loi.
Elle est
entièrement distincte de l'obéissance
personnelle des hommes à la loi, puisque
l'obéissance passée n'a aucune
influence sur la justification du pécheur,
et que son obéissance subséquente a
des fins différentes. Cette justice,
quoiqu'elle fût alors nouvellement
dévoilée ouvertement, n'était
pas une découverte nouvelle, car elle
était attestée par la loi et les
Prophètes. La
loi cérémonielle en était le
type ; la sévérité de la
loi morale et ses terribles malédictions,
prédictions du Messie en
rendaient témoignage ; la foi et
espérance des anciens croyants la
reconnaissaient, et l'ancien Testament tout entier,
s'il était bien entendu, enseignait aux
hommes à l'attendre et à
y placer leur confiance.
Cette justice de Dieu par la foi en
Jésus-Christ, est imputée ou
comptée à tous les croyants sans
exception, elle est placée sur eux comme un
vêtement, elle est un don libre de Dieu,
accordé aux pécheurs au moyen de
l'expiation que Jésus-Christ a faite pour le
péché, par le sacrifice de
lui-même et l'obéissance parfaite avec
laquelle il a accompli la loi de Dieu. Ainsi Dieu
conformément à sa justice, pardonne
aux pécheurs qui croient, tant à ceux
qui avaient cru avant la venue de Christ,
qu'à ceux qui ont cru depuis cet
événement, leur imputant sa justice,
par la foi. Car avec Dieu, il n'y a point de
distinction de personnes dans le plan de la
justification des hommes, parce que tous ont
péché et sont destitués de sa
gloire. De sorte que quels que soient la nature et
le degré des crimes qu'ils ont commis,
quelle que soit leur patrie, quelque rang ou
quelque capacité qu'ils aient, il n'y a
point en eux de différence, quant à
la manière dont ils seront justifiés
devant Dieu.
Non-seulement tout croyant obtient son pardon, mais
encore il est honorablement acquitté, comme
s'il n'y avait point de charges contre lui ;
il est réputé juste, et comme tel a
droit aux récompenses de la justice. Celui
qui est justifié n'a donc aucun sujet de se
glorifier, tout sujet de se glorifier est
entièrement exclu, vu qu'il est
justifié par la grâce et la
miséricorde infinie de Dieu, non-seulement
sans qu'il l'ait mérité, mais d'une
manière directement contraire à ce
qu'il a mérité.
Ayant ainsi déclaré le plan de
l'évangile pour la justification et
montré qu'elle n'est point fondée sur
les œuvres des hommes, mais sur la grâce
gratuite de Dieu et sur l'expiation pour le
péché par la mort de Christ,
l'Apôtre énonce sa seconde grande
conclusion : Nous
concluons donc que l'homme est justifié par
la foi, sans les œuvres de la loi.
Sans cela, sa
première conclusion que « par les
œuvres de la loi nulle chair ne sera
justifiée devant
Dieu, »
n'aurait eu d'autre
résultat que de plonger les pécheurs
dans le désespoir.
L'Apôtre observe ensuite que Juifs et
Gentils, étant tous sous le gouvernement du
même Dieu, ils ne peuvent avoir les uns et
les autres qu'une même voie de justification
pour tous, savoir la foi, et comme les
incrédules affirmaient qu'enseigner une
justification gratuite par la foi sans les
œuvres de la loi, c'était
anéantir la loi, il déclare que cette
doctrine n'anéantit pas la loi, mais qu'au
contraire, elle l'établit dans tout son
honneur, dans ses préceptes et dans sa
sanction. La preuve de cette assertion étant
un objet d'une grande importance, Paul renvoie
à une autre partie de cette
épître à la traiter dans toute
son étendue.
Ainsi l'Apôtre, dans ces trois premiers
chapitres, a établi clairement que tous les
hommes, avant leur conversion, sont
pécheurs, sous la condamnation. Dans le
premier, il prouve qu'encore que l'existence et la
puissance de Dieu soient manifestées par ses
œuvres, la nature de l'homme est si
dépravée qu'il était
tombé dans l'idolâtrie, et que,
malgré la condamnation de sa propre
conscience, il s'était plongé dans
toute espèce de vices.
Il démontre dans le second, que là
même ou on jouissait des avantages de la
révélation, ceux dont les cœurs
n'étaient pas circoncis, c'est-à-dire
changés par la grâce de Dieu,
étaient aussi dépravés que les
autres et compris sous la même
condamnation.
Dans celui-ci, considérant tous les hommes
sous un seul point de vue, soit qu'ils aient ou non
entendu parler du Sauveur, il montre que les
écritures de l'ancien Testament prononcent
la même sentence contre tous. Tous par leur
nature sont des pécheurs sous la
condamnation ; sous ce rapport, il
n'y a point de différence entre
eux. Mais comme l'homme est entièrement
dépouillé de justice en
lui-même, il a été pourvu pour
sa justification, à une justice qu'il
reçoit seulement par la foi, et dans
laquelle ne tiennent aucune place, ni son
obéissance, ni aucune sorte d'œuvres
qu'il ait pu faire.
Que ce que dit ici l'Apôtre se rapporte, non
pas à loi cérémonielle des
Juifs, mais à la loi morale sous laquelle
tous les hommes, se trouvent placés, qu'ils
soient Juifs ou Gentils, dans tous les temps et
dans tous les lieux, c'est
évident par les citations tirées de
l'Ancien Testament du v. 10 au v. 18, par lesquelles il prouve que tous
les hommes sont pécheurs, et arrive à
sa conclusion que tous les hommes sont coupables
devant Dieu, qu'ils sont coupables dans toutes les
parties de leur conduite, et qu'ils n'ont pas la
crainte de Dieu devant leurs yeux. Par
conséquent, par les œuvres de la loi,
aucun homme vivant ne sera justifié devant
Dieu.
L'Apôtre affirme dans un autre endroit que la
loi de Moïse n'était point contraire
aux promesses de Dieu, et ne proposait point
d'autre voie de justification devant lui. Les
hommes étant pécheurs il était
impossible par la nature des choses, qu'aucune loi
pût avoir un tel effet. « Si la loi
eût été donnée pour
pouvoir vivifier, véritablement la
justification serait de la loi, mais
l'écriture a renfermé tous les hommes
sous le péché, (4)
afin que la promesse par la foi en
Jésus-Christ fût donnée
à ceux qui croient. »
(Gal. III. 21. 22) Il affirme encore que « si
la justification, est par la loi, Christ est donc
mort inutilement » (Gal. II. 21) C'est une vérité
évidente par elle-même, soit que la
justification dérive de la loi de
Moïse, ou de toute autre sous laquelle les
hommes aient été jamais
placés.
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