Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE VIII.

(suite)

 30. (31) Que dirons-nous donc à ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Paul fait ici une pause soudaine et solennelle, pour demander,
que dirons-nous donc à toutes ces choses ? Rien ne peut être dit contre elles, et il est impossible de trop les recommander. Quel usage ferons-nous de ces vérités consolantes ?
Quelle conclusion en tirerons-nous ?
Y a-t-il quelque réponse qui put diminuer la consolation que l'on y trouve ?
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
Sur un tel fondement l'intérêt éternel du chrétien, n'est-il pas assuré ?
Et quoiqu'ils « aient à combattre non (seulement) contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les Seigneurs du monde, gouverneurs des ténèbres de ce siècle ; contre les malices spirituelles qui sont dans les lieux célestes, (
Eph. VI. 12) quoique, par eux-mêmes, ils ne puissent rien produire, (Jean XV. 5) cependant ils peuvent toutes choses en Christ qui les fortifie, (Phil. IV. 13) et ils seront plus que vainqueurs. (Rom. VIII. 36-37) Ne crains point, car, je suis avec toi ; ne sois point étonné, car je suis ton Dieu, Je t'ai fortifié et je t'ai aidé, même je t'ai maintenu par la dextre de ma justice. (Esa. XLI. 10) Ne crains point, car je t'ai racheté, je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi Car je suis l'Éternel ton Dieu, le Saint d'Israël, ton Sauveur. » (Esa. XLIII. I. 3)
Je ne craindrai point, répond le fidèle. « Je me confie en Dieu, je ne craindrai rien ; que me fera la chair ? (
Ps. LVI. 5) Même quand je marcherais par la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi. » (Ps. XXIII. 4)

31. (32) Lui qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ?

« Toutes choses viennent de Dieu qui nous a réconciliés
avec lui par Jésus-Christ. » (II. Cor. V. 18) Lorsque la sainteté de Dieu et les péchés eurent fermé la voie du bonheur à ses enfants ; l'amour libre de l'Éternel pour des rebelles et des ennemis, l'engagea à leur donner son Fils, comme garant et comme expiation.
Son Père ne l'épargna pas, mais le livra à l'ignominie et à la mort, malgré sa dignité et son excellence personnelle, la perfection de son obéissance et son amour inconcevable pour lui.

Ainsi Jésus s'est chargé de la malédiction de tous ses fidèles, et a expié leur coulpe, lors même qu'ils étaient encore ses ennemis. Et Dieu, en vertu de cette expiation et par son choix éternel, les ayant appelés à être en paix avec lui, leur ayant enseigné à l'aimer et à le servir, on ne peut point supposer qu'il veuille à présent leur retenir quelque chose : le don de tout ce qui existe dans le ciel et sur la terre, la création toute entière, même la jouissance éternelle du Créateur lui-même comme leur héritage, n'était point une preuve d'amour aussi grande que celle d'avoir donné son Fils pour expier leurs péchés sur la croix ; leur ayant ainsi accordé le plus grand bien, il ne leur en refusera aucun autre.
La connaissance de ceci donne une pleine assurance que Dieu conférera toutes ses bénédictions.

Celui qui n'épargna pas son propre Fils, (1) Nul argument ne pouvait jamais avoir plus de force que celui-là auprès de créatures susceptibles d'être persuadées et capables d'obligation. Il porte à la fois la conviction dans l'entendement, inspire au coeur toute forte de pensées tendres et dévotes, et est une source continuelle d'espérance et de gratitude.

32-33. (33-34) Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie Qui sera celui qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui plus est, qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, et qui même prie pour nous.

Il n'est pas au pouvoir de la création entière d'élever une accusation qui puisse faire condamner les élus de Dieu. Ceux qu'il a « élus en Christ, avant la fondation du monde, afin qu'ils fussent saints et irrépréhensibles devant lui en amour ; ceux qu'il a
prédestinés pour les adopter à lui par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté.... en qui nous sommes faits son héritage, ayant été prédestinés, suivant la résolution de celui, qui accomplit avec efficace toutes choses, selon le conseil de sa volonté ; » (Eph. I. 4. 5. 11) ceux enfin que Dieu a justifiés, qui est ce qui les condamnera ?
Cette citation est tirée d'Esaïe ; (
Esa. L. 8. 9) ce sont, dans sa prophétie, les paroles de Jésus-Christ lui-même, le premier élu de Dieu, (Esa. XLII. 1. Matt. XII. 18) et en qui sont élus (Ephés. I. 4) tous ceux que Dieu lui a donnés. Elles sont relatives à son incarnation et à la peinture qu'il fait de sa confiance dans son Père céleste qui le soutiendra comme son serviteur juste. (Esa. LIII. 11)

Cette même expression de triomphe, ce même langage de la plus entière confiance en Dieu, appartient, comme nous voyons ici, à tous ceux qui ont été faits une même plante avec Christ, dans la ressemblance de sa mort et de sa résurrection. Car quel est celui qui peut dire quelque chose à la charge des élus de Dieu, lorsque Dieu même les a justifiés à un tel prix.
Satan peut-être les accusera, le monde les insultera, mais Dieu lui-même plaide leur cause. Il prononce qu'ils sont justes, impose silence à leurs accusateurs, pacifie leurs consciences, et montre sa loi magnifiée et sa justice satisfaite dans l'obéissance et les souffrances de leur Garant.

Si le juge qui est le plus grand de tous, qui a une juridiction absolue les absout et les déclare libres, toutes les charges sont anéanties aussitôt qu'il a prononcé qu'une âme est
juste. Christ est celui qui est mort. Par l'aspersion de son sang infiniment précieux, la coulpe de tous ceux qui sont un avec lui est éloignée pour toujours, « Son sang purifie de tout péché, (I. Jean I. 7) car par une seule oblation, il a rendu parfaits pour toujours, ceux qui sont sanctifiés. » (Héb. X. 14)

Dieu est donc juste, lorsqu'il justifie ceux qui croient en Jésus. Si d'un côté, on représente la sentence prononcée par la loi, de l'autre, on répond qu'elle ne peut pas être satisfaite deux fois, qu'elle l'a été en Jésus qui représente les fidèles.
Celui qui se réfugie vers lui, et s'unit à lui pour la vie, ne peut mourir une seconde fois. Ils ne peuvent pas mourir, ceux pour qui il est mort, ou, pour mieux dire ressuscité, ils doivent être dans une pleine assurance, parce qu'il est évident que, dans sa mort, tout est acquitté ; cela est évident, puis qu'étant leur caution et saisi pour leur délit, et étant une fois prisonnier de la mort, il est cependant sorti libre. Ceci dissipe tellement les charges qu'on ne peut plus les poursuivre. Sa justice est à toi qui crois en lui. Toute citation doit être d'abord adressée à Christ, et si on ne le saisit, on ne peut avoir de recours sur toi qui es en lui et es un avec lui. D'ailleurs pour preuve que tout était accompli, il a été élevé aux plus grands honneurs, au-dessus des principautés et des puissances, il est assis à la droite de son Père et gouverne l'univers pour ses élus.
Ce passage fait allusion au
Psaume CX, où l'empire de Christ, après la résurrection, est annoncé. Jésus intercède donc pour que tout soit accordé aux croyants, pour qu'ils soient conduits dans leur héritage, et qu'ils vivent pour voir accomplir tout ce qui est stipulé en leur faveur dans son alliance. « Ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, il s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. » (Héb. X. 12)

Son intercession avait été prédite par Esaïe. Il a intercédé pour les transgresseurs ; (
Esa. LIII. 12) il comparaît devant la face de Dieu pour ceux qu'il a rachetés, (Héb. IX. 24) et il peut sauver tous ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. (Héb. VII. 25)

L'intercession du Souverain Sacrificateur des Juifs, le jour de l'expiation, lorsqu'il entrait dans le saint des saints, où il portait le sang du sacrifice, était un type de l'intercession de Christ, et il en est parlé dans les écritures, avec un rapport marqué à sa mort. « II portera les péchés de plusieurs et intercédera pour les transgresseurs. (
Esa. LIII. 12) il est entré une fois dans les lieux saints, avec son propre sang et non avec le sang des veaux ou des boucs, après avoir obtenu une rédemption éternelle. » (Héb. IX. 12) De sorte que son intercession, étant une conséquence de ce qu'il s'est donné lui-même en sacrifice pour le péché, est fondée sur sa mort. Il présente son propre sang.
C'est par la considération de sa vie qui avait suivi sa mort, que Jésus fortifia son serviteur Jean ; lorsque celui-ci le contempla dans une robe sacerdotale de gloire, quoiqu'il ressemblât encore à celui qu'il avait vu dans son état d'humiliation, il tomba à ses pieds comme mort, mais Christ étendit sa main droite sur lui en signe d'amour et de protection et lui dit : « ne crains point : je vis, mais j'ai été mort, et voici je suis vivant aux siècles des siècles : Amen. Et je tiens les clefs de l'invisible état et de la mort, » (
Apoc. I. 18)

Pour rassurer son disciple bien-aimé, il ne lui rappela pas qu'il lui avait été un bon et fidèle serviteur, qu'il avait tout abandonné pour le suivre, mais il dirigea son attention, sur sa propre mort et sa nouvelle vie, comme le fondement assuré de sa confiance. Dans les épîtres qui suivent, qui sont adressées aux sept églises, sous la dictée de Jésus lui-même, il prélude à ce qu'il doit dire à chacune d'elles en leur faisant de
lui-même, une peinture adaptée aux exhortations, aux consolations, ou aux reproches qui suivent.

Le témoignage de Jésus, c'est l'esprit de prophétie et le sujet de la commission apostolique ; tout mène à lui et tout est accompli en lui ; « il est le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts, le prince des rois de la terre. (
Apoc. I .5) Quiconque croit en lui, ne saurait être confus. (Rom, IX. 33) A lui qui nous a aimés et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, qui nous a fait rois et sacrificateurs à Dieu son Père, à lui soient la gloire et la force aux siècles des siècles : Amen. (Apoc. I. 6) »

Rien donc, de ce qui est nécessaire ou désirable, ne peut manquer à celui qui croit en Jésus, à celui qui aime Dieu ; il est pourvu contre le péché et la souillure de remèdes convenables et efficaces. Aucun péché ne peut excéder le mérite du sang du Rédempteur. Aucune convoitise ne peut résister au pouvoir de sa grâce victorieuse.
L'Apôtre, dans ce passage, conduit le fidèle jusqu'à la source d'où émanent toutes les bénédictions qu'il possède actuellement, ou dont il espère la jouissance, c'est-à-dire, l'amour éternel d'un Dieu immuable. C'était la bonté spontanée de ce Dieu qui lui suggérait d'employer des moyens pour son rétablissement, et le plan en était si étendu, si achevé et si accompli dans toutes les parties qu'il n'y a point de pouvoir, ni d'artifice qui fussent capables d'en arrêter l'exécution.
Ainsi celui que Dieu a appelé par sa grâce, est hors de tout danger puisqu'il est affermi par la toute-puissance. Lorsqu'il regarde dans le passé, la prédétermination de Dieu avant le commencement des temps, et dans l'avenir, la gloire qui l'attend lorsque le temps ne sera plus, il peut courageusement défier tout pouvoir ennemi, en disant
qui intentera accusation contre les élus de Dieu ?

34-36. (35-36) Qui est-ce qui nous séparera de l'amour de Christ ? Sera-ce l'oppression, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la famine, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée ? Ainsi qu'il est écrit ; nous sommes livrés à la mort pour l'amour de toi tous les jours, et nous sommes estimés comme des brebis de la boucherie. Au contraire, en toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.

Dans la contemplation des glorieuses vérités développées ci-dessus, Paul qui peu auparavant s'écriait :
Misérable que je suis ! triomphe et dit, qui est-ce qui nous séparera de l'amour de Christ ? tant est grande la différence entre le fidèle considéré en lui-même, ou considéré en Christ. En lui-même il est malheureux et misérable, pauvre, aveugle et nu. « Mais grâces soient rendues à Dieu qui le fait toujours triompher en Jésus-Christ. » (II. Cor. II. 14) Lorsqu'il se voit lui-même en Christ, il se voit riche, tranquille et heureux ; il se glorifie en lui au-dessus de toutes les prospérités, et malgré toutes les adversités du monde, il vit en Christ. Il y vit content et paisible, libre de tous les dangers et de tous ses ennemis.

Peu auparavant, l'Apôtre avait demandé
qui accusera les élus de Dieu. Il demande à présent qui pourra les séparer de lui. Tous les troubles et les maux de la vie, accumulés au-dedans et au dehors, pourront-ils séparer le croyant de celui que son coeur aime, de celui dont il porte la livrée qui est amour, et sous l'ombre duquel il a désiré de s'asseoir ? (Cant. II. 3. 4)

Il est vrai que ceux qui placent toute leur confiance en Christ et qui ne se glorifient en rien, sinon en la croix de Christ, doivent être haïs ; et méprisés par le monde ; ils sont comptés, comme des hommes indignes de vivre, « 
livrés à mort et estimés comme des brebis de la boucherie, » (Ps. XLIV. 12) et depuis le temps où Caïn tua son frère parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles d'Abel étaient justes, (I. Jean III. 12) depuis cette époque jusqu'à nos jours, dans tous les temps et dans tous les pays, cette déclaration s'est trouvée vraie, (2)
Le monde a pris le nom de chrétien, les hommes peuvent s'appeler eux-mêmes de ce titre, et se ranger sous une des dénominations de ceux qui sont désignés par ce nom : mais en vain ils en prennent le nom et la profession extérieure :
L'âme charnelle est inimitié contre Dieu.

L'amélioration des institutions politiques et la protection de lois plus équitables, pour lesquelles tous les chrétiens doivent rendre des grâces à Dieu, peuvent les défendre à la vérité, contre les actes extérieurs de violence, mais aucun d'eux ne peut réchapper au scandale de la croix. Il pourra se montrer sectateur de quelqu'autre religion ; il pourra faire profession d'une sorte de christianisme perverti, et paraître invoquer le nom de Christ, tandis qu'il ne se fiera qu'à ses propres oeuvres pour devenir agréable à Dieu, et le monde le tolérera et l'applaudira peut-être ; mais si renonçant à sa propre justice, il met toute son espérance dans le Sauveur crucifié, (
Phil. III. 9) si sa vie correspond à la doctrine et montre qu'il la professe réellement, le monde sera en armes contre lui, et il éprouvera de mille manières la vérité de ce que disent sur ce sujet les écritures, du commencement jusqu'à la fin ; car on doit toujours se rappeler que les coeurs et les esprits des hommes non régénérés, qui prennent le nom de chrétien, sont aussi aveuglés par leur aversion pour la religion spirituelle, et par l'amour du monde et du péché, que pouvaient l'être ceux des Juifs ou des Païens.

Ceux qui ont haï et persécuté Christ et ses Apôtres professaient qu'ils étaient les adorateurs de Dieu, tout comme les prétendus chrétiens le font aujourd'hui, et ils étaient bien plus zélés pour leur religion, d'après l'idée qu'ils s'en étaient faite, que la masse de ceux que l'on nomme chrétiens, ne l'est à présent.
Or si la vraie religion est la même qu'elle était alors, si elle est prêchée et mise en pratique de la même manière, et avec le même zèle qu'elle le fut alors, si, d'un autre côté, l'esprit du monde est le même dans tout âge et dans tout pays, les mêmes persécutions doivent en être la suite. Hors, cependant que l'indifférence et la tiédeur pour la religion ne paralysent l'inimitié charnelle du coeur, ou que les lois n'enchaînent les mains de ceux qui, s'ils le pouvaient, seraient les persécuteurs, et même alors leurs bouches et leurs plumes montreront du moins leur méchanceté profonde contre la vérité et ses zélés amis.

L'indiscrétion et les méprises de ceux-ci ont pu fournir des occasions et donner quelque avantage à leurs ennemis, mais la plus parfaite sagesse, la douceur et la charité la plus vive, n'auraient pu désarmer leur inimitié, et l'auraient bien plutôt exaspérée, « Mes frères ne vous étonnez point si le monde vous hait. (
I. Jean III. 13) Si le monde vous hait, a dit Jésus, sachez que j'en ai été haï avant vous. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi, s'ils ont épié ma parole, ils épieront aussi la vôtre. (Jean XV. 18. 20. Voy. Luc XI. 53. 54) S'ils ont appelé le père de famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi ses domestiques ! (Matt. X. 25) « Ainsi ils ont été lapidés, ils ont été sciés, ils ont souffert de rudes épreuves, ils ont été mis à mort par le tranchant de l'épée.... d'autres ont été éprouvés par des moqueries, par des coups, par des liens, par la prison.... desquels le monde n'était pas digne. (Héb. XI. 36. 37)
Or tous ceux aussi qui veulent vivre selon la piété en Jésus-Christ, souffriront persécution. » (
II. Tim. III. 12) (3)

Mais toutes ces choses pourront-elles séparer les fidèles de Christ ? Elles ne prouvent ni défaut d'amour pour son peuple, ni indifférence pour lui ; elles sont au contraire l'accomplissement de plusieurs déclarations qu'il a faites à ses disciples.
C'est par ces moyens qu'il les détache de leur amour naturel pour le monde, qu'il les éloigne des tentations et des pièges, qu'il leur fait préférer la louange de Dieu à la louange du monde ; qu'il leur montre l'horrible nature du péché, l'état de rébellion contre Dieu dans lequel le monde est plongé, et la vérité de la parole de Dieu adaptée à tous les âges, ce qui prouve sa divine origine céleste.
C'est ainsi qu'il enseigne aux croyants à confesser qu'ils sont sur la terre comme étrangers et voyageurs, et à désirer le meilleur qui est l'héritage céleste. Dans toutes ces choses ils sont plus que vainqueurs, non seulement ils ne sont point subjugués par elles, mais ils les font contribuer à leur sécurité et à leur triomphe futur.
C'est pour cela qu'ils « prennent plaisir dans les infirmités, dans les injures, dans les nécessités, dans les persécutions, et dans les angoisses pour Christ. (
II. Cor. XII. 10) Et je vous dis, à vous mes amis, ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui après cela ne sauraient faire rien davantage, mais je vous montrerai qui vous devez craindre, craignez celui qui a la puissance après qu'il a tué, d'envoyer dans la géhenne. Oui, je vous dis, craignez celui-là. (Luc XII. 4. 5)
Élevez vos yeux vers les cieux et regardez en bas vers la terre, car les cieux s'évanouiront comme la fumée et la terre sera usée comme un vêtement, et ses habitants mourront pareillement, mais mon salut demeurera à toujours et ma justice ne sera point anéantie. Écoutez-moi, vous qui savez ce que c'est de la justice, peuple dans le coeur duquel est ma loi, ne craignez point l'opprobre des hommes et ne soyez point honteux de leurs reproches, car la teigne les rongera comme un vêtement, et le ver les dévorera comme la laine, mais ma justice demeurera à toujours et mon salut dans tous les âges. » (
Esa. LI. 6. 7. 8)

37-38. (38-39) Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les Anges, ni les Principautés, ni les Puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l'amour de Dieu, qu'il nous a monté en Jésus-Christ notre Seigneur.

L'Apôtre après avoir, pour ainsi dire, défié toutes les choses qui semblent pouvoir s'opposer à la marche du chrétien dans son voyage vers les cieux, après avoir assuré son triomphe sur tout ce qui y accumule la tribulation, l'angoisse, la persécution, la famine, la nudité, le péril ou l'épée, continue avec la même confiance, et donne l'assurance d'une victoire pleine et finale contre tout le pouvoir imaginable de toutes les créatures.
Ni la mort
, ni la vie, ni même les anges, les principautés et les puissances, quand on pourrait les supposer liguées contre le fidèle ; ni les choses présentes ni celles qui sont à venir, aucune chose enfin dans le vaste cercle de l'univers, ni au-dessus, ni au-dessous, aucune créature, quelle que soit son nom, quelque influence, qu'on lui attribue, ne pourra le séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ son Seigneur.

La partie des saintes écritures qui vient de fixer notre attention, nous montre le solide fondement de la paix, de la consolation et de la joie qui est préparée pour le serviteur de Jésus-Christ. Les autres hommes peuvent, s'ils le veulent, se faire d'autres imaginations et se vanter, mais les saints sont les seuls qui aient des soutiens et des secours assez puissants contre tous les hasards possibles, et c'est d'eux que l'Apôtre parle dans ce chapitre d'une manière si élevée et si magnifique. Il rassure les croyants en Christ, relativement à ces deux grands maux, la condamnation future et les afflictions présentes. L'une ne peut les atteindre, et les autres ne peuvent les blesser. Pour être garantis de la première, ils ont les paroles claires de l'évangile et le sceau de l'esprit ; et ce premier privilège qui est le plus grand, étant assuré, leur garantit également le second qui est le moindre.

Ils sont affranchis de la condamnation, et non seulement ils en sont délivrés, mais encore ils ont un droit à un royaume et l'assurance de l'obtenir. L'affliction pourrait-elle les blesser ? Au lieu de leur nuire elle leur est utile. Non seulement elle ne peut leur enlever leur couronne, mais elle les y conduit, elle est la voie qui les y mène directement. « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui. » (
II. Tim. II. 12) Il y a plus, toutes choses deviennent avantageuses aux enfants de Dieu. Prises séparément elles peuvent, sous leur aspect actuel, paraître mauvaises, mais prises dans leur ensemble, elles concourent toutes pour son bien. Dans leur nature propre elles peuvent être des poisons, mais mêlées et préparées par le Seigneur, elles deviennent des remèdes.

Les enfants de Dieu ont un bonheur tel que les choses les plus fâcheuses, lorsqu'elles se trouvent dans leurs voies, changent de nature et leur deviennent avantageuses. Cela est l'effet de leurs prières qui ont en elles un charme divin. Ils exhalent les tendres expressions de leur amour pour Dieu, de cet amour qui leur imprime le caractère de
ceux qui aiment Dieu, et le signe de son amour pour eux est gravé dans leurs coeurs.
L'Apôtre les conduit à cet amour de Dieu comme à la source d'où tout découle, C'est de lui que viennent toutes leurs consolations, tous leurs privilèges ; de là viennent leur foi et leur amour qui leur rendent propres ces consolations. Le trésor qui renferme en lui tous les biens, Jésus-Christ lui-même, est le don libre qui est accordé par l'amour souverain de Dieu. Il est le plus grand de tous et assure ainsi toutes les autres choses qui sont infiniment moindres.

Contre des arguments aussi puissants on ne peut alléguer ni difficultés, ni afflictions.
L'amour de Dieu ! S'il est pour nous, qui fera contre nous ?
Quand ce serait tout le monde, ce tout même n'est rien, Il a été jadis dans le néant. C'est Dieu, c'est notre Dieu qui nous aime, qui est pour nous, qui l'a fait être quelque chose, et qui, s'il le veut, peut le replonger dans le néant ; Ce qu'il y a de meilleur en lui, n'est rien auprès de cet
autre don que Dieu a répandu sur nous, et, ayant accordé celui-là, certainement s'il y avait dans ce monde quelqu'autre chose qui pût être un bien, elle ne nous manquerait pas. « Lui qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ? »

Les hommes sont ordinairement occupés à d'autres événements qui regardent
eux et les leurs ; de ce que deviendra l'un ou l'autre ; de ce qui arrivera à celui-ci ou à celui-là ; mais une fois que la conscience est occupée à la recherche de Dieu, l'âme réveillée, reconnaissant le danger qu'elle court de la mort éternelle, toutes ses craintes, toutes les questions qu'elle se fait, sont absorbées par celle-ci : « Suis-je condamné ou non ? Mon péché est-il pardonné ou non ? »
Et une réponse satisfaisante à cette question, calme toutes les alarmes ; l'âme se repose tranquillement sur son Créateur, et abandonne entre ses mains tous ses autres intérêts. « Qu'il me plonge dans l'indigence et l'humiliation, qu'il me frappe et me châtie, s'il a pardonné mon péché, tout est bien. »

Délivrée de ce fardeau, elle marche à son aise, et peut même se réjouir de toutes les autres charges qui lui sont imposées. Elle se trouve libre comme un homme débarrassé d'un poids qui l'écrasait. « O que bienheureux est celui de qui la transgression est pardonnée, » (
Ps. XXXII. 1) et a été chargée sur Christ, qui est fort pour en porter le fardeau tout entier, pour l'ôter, pour la détruire, ce que jamais nous n'aurions pu faire ; non, elle nous aurait perdus pour toujours.

Le mot qui exprime dans l'original, que « l'Agneau de Dieu,
ou le péché du monde, » (Jean I. 29) a les deux sens et répond à l'un et à l'autre. « Il a porté nos langueurs et il a chargé nos douleurs » (Esa. LIII. 4) les ôtant pour toujours. Au lieu de ce fardeau, combien est doux et léger le seul engagement qu'il exige de nous, de l'aimer et de lui obéir comme à notre Rédempteur ! Si nous le suivons et si nous portons sa croix, il sera notre force, il portera elle et nous. C'est ici le grand point qui assure la tranquillité du coeur, que nous soyons délivrés du poids de la condamnation de nos péchés.

Comment se peut-il que des hommes qui ont écouté ces grandes vérités, prennent encore tant de souci de celles qui sont étrangères à cet objet ?
Vous qui mangez, qui buvez, qui employez tout votre temps au travail, au négoce, aux peines ou aux plaisirs de cette terre, que pensez-vous donc de l'éternité ?
Est-ce donc peu de chose à vos yeux que périr pour toujours ? et après un petit nombre de jours passés en choses vaines, de tomber sous la colère éternelle de Dieu ?
Et vous qui avez part à cet état libre et bienheureux, d'où vient que vos esprits sont si froids, qu'ils s'occupent si rarement de ces pensées ?
Pourquoi ne vous réjouissez-vous pas toujours dans le Seigneur en pensant en vous-mêmes avec joie : que le monde aille comme il voudra, mes péchés me sont pardonnés ? qu'il se trompe à mon égard, qu'il m'accuse tant qu'il lui plaira, mon Dieu m'a acquitté dans son Christ qui m'aime, qui vit pour intercéder pour moi.
« Sans doute, dira quelqu'un, ils sont bienheureux ceux qui peuvent parler ainsi ; mais hélas ! je n'ai point cette assurance ! Nul ne peut intenter accusation contre les élus de Dieu, il est vrai ; mais c'est là la plus grande difficulté : suis-je un de ces élus ? »

Le but de l'Apôtre, en spécifiant ainsi les caractères qui indiquent l'élection de ceux qui ont droit à cette consolation, n'a point été de la rendre obscure et douteuse, bien loin de là, il cherche à l'étendre le plus possible et à la rendre en même temps aussi claire qu'elle peut l'être à ceux qui y ont quelque part. Il les désigne par l'acte primitif de l'amour qui s'attache à eux, tel qu'il leur est manifesté actuellement par les effets qui le suivent, et qu'il produit dans ceux qui sont élus, appelés et rendus conformes à l'image de Jésus-Christ, tant par son Esprit qui est en eux, que par les souffrances extérieures qu'ils éprouvent dans le monde. C'est ainsi qu'étant les enfants de Dieu, ils sont conduits par son Esprit Saint, et qu'ils ne marchent pas selon la chair, mais selon l'esprit.

Il est vrai que la considération de toutes ces choses, regardées comme le caractère du fidèle, comme l'image de Dieu en lui, comme le sceau de son élection à la vie, doivent fermer la bouche à la vaine confiance de ceux qui, quoique mondains et charnels, professent extérieurement la religion de Jésus, et elles leur montrent que leurs prétentions à lui appartenir sont une vraie illusion.

Certainement si quelqu'un reste dans l'amour du péché, et prend la chair pour conducteur, ce guide aveugle et maudit le conduira dans l'abîme. Quelle folie ! quelle impudence n'est-ce pas de l'homme qui suit la convoitise de son coeur, d'imaginer et de s'assurer lui-même qu'il aura part à une rédemption, qui consiste, en grande partie, à délivrer ceux qui en sont les objets, du pouvoir de leurs iniquités, en renouvelant leurs coeurs, en les réunissant à Dieu, et en les animant de son amour ?

La grande preuve de ton élection, est l'amour. Ton amour pour Dieu est un témoignage certain de l'amour qu'il a eu pour toi dès l'éternité. C'est par ce caractère que sont désignés ici-bas les élus ? ils aiment Dieu, et si tu l'aimes, tu trouves en cela même le signe de ton élection.
Si tu le choisis, c'est un effet et une preuve de ce que lui-même t'a choisi auparavant ; et comme son amour pour toi est indissoluble, il en sera de même de celui que tu as pour lui ; de sorte que son amour rend le tien assuré, il a prise sur ton coeur, il ne t'abandonnera pas et ne souffrira pas non plus que tu l'abandonnes. Tout est retenu par sa force, il ne veut point te perdre, et ne souffrira pas que personne
(quelqu'un) t'arrache de ses mains.

Jésus-Christ est l'intermédiaire de cet amour ; il est le noeud qui lie ensemble Dieu et l'homme, auquel il est intimement uni par sa nature personnelle ; et les hommes en lui et par lui sont unis à son père. C'est ainsi que dans les derniers versets de ce chapitre, l'amour de Dieu est appelé d'abord
l'amour de Christ, et ensuite l'amour de Dieu en Christ.
L'âme est d'abord attirée vers le Fils de Dieu, comme plus voisin, et conduite ensuite par lui à l'amour primitif de Dieu qui émane de Christ, et qui nous est encore donné par lui. Telle est la base solide de la persévérance des saints, que des hommes qui raisonnent faux sur ces matières mettent en doute, ou même rejettent absolument par leurs propres suppositions. Car si nos résolutions et notre propre force, étaient la seule chose sur laquelle nous pussions nous reposer, combien facilement ne pourrions-nous pas être ébranlés !

Ainsi l'Amour de Dieu en Christ est non seulement désigné ici comme le plus haut degré de bonheur, duquel nous ne pouvons être séparés, mais encore comme le principe de la persévérance qui l'assure de nous, et qui nous assure de lui.
Il ne se séparera pas de nous. Il n'y a point d'orgueil à un chrétien, c'est au contraire la plus vraie humilité de triompher et de se glorifier en cet amour. Il est la grande et universelle assurance, la consolation et la victoire des Saints.

Tous les croyants en Jésus-Christ doivent considérer, avec la plus grande attention, les différents motifs d'espérance détaillés plus haut, et ils doivent recevoir une pleine consolation de cette portion remarquable de l'Écriture que nous venons d'étudier.
Ce ne sont point les paroles d'un homme, mais celles de Dieu. Celui qui l'aime peut bien défier la création toute entière de le séparer de son amour lorsqu'il lit dans ce chapitre que, quoique toutes les créatures et lui-même dans cette vie soupirent et soient en travail, cependant toutes les choses qui lui arrivent dans le cours de son pèlerinage terrestre concourent à son bien ; que le Saint-Esprit intercède pour lui dans son coeur ; que Jésus-Christ intercède pour lui devant le trône ; que c'est Dieu lui-même qui l'a élu de toute éternité, que c'est lui qui l'a appelé lui qui l'a justifié, lui qui le glorifiera !

Fin du Tome Premier.


Table des matières

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(1) Christ est appelé le propre Fils de Dieu, pour le distinguer de tous les autres qui sont ses fils, soit par la création, soit par l'adoption..
Le mot
propre Fils, a beaucoup plus de force que le mot , son Fils. C'est dans le même sens que Jésus a dit que Dieu était son propre Père. (Jean V. 18.)
Lorsque Jésus dit, « mon Père travaille jusqu'à maintenant, et je travaille aussi, « les Juifs entendirent ces paroles, comme signifiant que Dieu était son propre Père et qu'il se faisait égal à Dieu en perfection et en opération. La puissance divine manifestée dans le miracle qu'il fit à cette occasion, prouva que Jésus était le Fils de Dieu ; il soutenait sa prérogative d'agir comme le fait le Père, sans être assujetti aux règles données à ses créatures et à ses sujets.
Dieu acheva l'oeuvre de la création en six jours et se reposa le septième. Mais il agit sans cesse en soutenant l'existence de l'univers, et en conservant, par son influence, le cours de la nature.
Le Fils concourt à cet ouvrage par l'union de volonté et d'opération, « soutenant toutes choses par sa parole puissante. » (
Héb. I. 3.) Son affirmation était que si Dieu travaillait le jour du Sabbat sans le violer, il ne le violait pas non plus en travaillant ce jour-là.
Sa conclusion ne pouvait être bonne à moins que le Père et le Fils ne fussent d'une même dignité. D'après cela les Juifs regardèrent ces paroles comme un blasphème, comme étant l'assertion qu'il était égal à Dieu. La nation entière regardait Dieu comme le Père des Juifs, et ils n'auraient pas accusé Jésus de blasphème, pour avoir employé cette expression, s'ils ne l'avaient expliquée dans un sens aussi élevé, et aussi déterminé. Ainsi, en disant que Dieu
était son propre Père, Jésus se faisait égal à Dieu.

(2) Dès l'ouverture de l'écriture, la voie du salut et la haine du monde contre ceux qui la suivent, sont annoncées l'une et l'autre dans une promesse, et manifestées l'une et l'autre par un exemple. (
Gen. III. 15. IV. 3-8.) Ainsi Dieu lui-même a mis « de l'inimitié entre la semence du serpent et la semence de la femme, »
Lorsque l'amour à cause de la vérité,
II. Jean I. 2, succède à cette inimitié, c'est un signe décisif de la régénération. I. Jean III. 12. 15. Jusqu'alors tous les hommes sont comme les Juifs qui s'opposaient au Seigneur, et à qui il disait : « Le père dent vous êtes issus, c'est le diable. » Jean VIII. 44.

 

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