Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
VIII.
(suite)
30. (31)
Que
dirons-nous donc à ces
choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera
contre nous ?
Paul fait ici une pause soudaine et solennelle,
pour demander, que
dirons-nous donc à toutes ces choses ?
Rien ne peut
être dit contre elles, et
il est impossible de trop les recommander. Quel
usage ferons-nous de ces vérités
consolantes ?
Quelle conclusion en tirerons-nous ?
Y a-t-il quelque réponse qui put diminuer la
consolation que l'on y trouve ?
Si Dieu est pour
nous, qui sera contre
nous ?
Sur un tel fondement l'intérêt
éternel du chrétien, n'est-il pas
assuré ?
Et quoiqu'ils « aient à combattre
non (seulement) contre la chair et le sang, mais
contre les principautés, contre les
puissances, contre les Seigneurs du monde,
gouverneurs des ténèbres de ce
siècle ; contre les malices
spirituelles qui sont dans les lieux
célestes, (Eph. VI. 12) quoique, par eux-mêmes, ils ne
puissent rien produire, (Jean XV. 5) cependant ils peuvent toutes choses
en Christ qui les fortifie, (Phil. IV. 13) et ils seront plus que vainqueurs.
(Rom. VIII. 36-37) Ne crains point, car, je suis avec
toi ; ne sois point étonné, car
je suis ton Dieu, Je t'ai fortifié et je
t'ai aidé, même je t'ai maintenu par
la dextre de ma justice. (Esa. XLI. 10) Ne crains point, car je t'ai
racheté, je t'ai appelé par ton nom,
tu es à moi Car je suis l'Éternel ton
Dieu, le Saint d'Israël, ton
Sauveur. » (Esa. XLIII. I. 3)
Je ne craindrai point, répond le
fidèle. « Je me confie en Dieu, je
ne craindrai rien ; que me fera la
chair ? (Ps. LVI. 5) Même quand je marcherais par
la vallée de l'ombre de la mort, je ne
craindrais aucun mal, car tu es avec
moi. » (Ps. XXIII. 4)
31. (32)
Lui
qui n'a point épargné son propre
Fils, mais qui l'a livré pour nous tous,
comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes
choses avec lui ?
« Toutes choses viennent de Dieu qui nous
a réconciliés avec
lui par Jésus-Christ. »
(II. Cor. V. 18) Lorsque la sainteté de Dieu
et les péchés eurent fermé la
voie du bonheur à ses enfants ; l'amour
libre de l'Éternel pour des rebelles et des
ennemis, l'engagea à leur donner son Fils,
comme garant et comme expiation.
Son Père ne l'épargna pas, mais le
livra à l'ignominie et à la mort,
malgré sa dignité et son excellence
personnelle, la perfection de son obéissance
et son amour inconcevable pour lui.
Ainsi Jésus s'est chargé de la
malédiction de tous ses fidèles, et a
expié leur coulpe, lors même qu'ils
étaient encore ses ennemis. Et Dieu, en
vertu de cette expiation et par son choix
éternel, les ayant appelés à
être en paix avec lui, leur ayant
enseigné à l'aimer et à le
servir, on ne peut point supposer qu'il veuille
à présent leur retenir quelque
chose : le don de tout ce qui existe dans le
ciel et sur la terre, la création toute
entière, même la jouissance
éternelle du
Créateur lui-même
comme leur héritage, n'était point
une preuve d'amour aussi grande que celle d'avoir
donné son Fils pour expier leurs
péchés sur la croix ; leur ayant
ainsi accordé le plus grand bien, il ne leur
en refusera aucun autre.
La connaissance de ceci donne une pleine assurance
que Dieu conférera toutes ses
bénédictions.
Celui qui
n'épargna pas son propre Fils,
(1) Nul argument ne
pouvait jamais avoir plus de force que
celui-là auprès de créatures
susceptibles d'être persuadées et
capables d'obligation. Il porte à la fois la
conviction dans l'entendement, inspire au coeur
toute forte de pensées tendres et
dévotes, et est une source continuelle
d'espérance et de gratitude.
32-33.
(33-34) Qui intentera accusation contre les
élus de Dieu ? Dieu est celui qui
justifie Qui sera celui qui
condamnera ? Christ est celui qui est mort, et
qui plus est, qui est
ressuscité, qui aussi est à la droite de
Dieu,
et qui
même prie pour nous.
Il n'est pas au pouvoir de la création
entière d'élever une accusation qui
puisse faire condamner les élus de Dieu.
Ceux qu'il a « élus en Christ,
avant la fondation du monde, afin qu'ils fussent
saints et irrépréhensibles devant lui
en amour ; ceux qu'il a
prédestinés
pour les adopter
à lui par Jésus-Christ, selon le bon
plaisir de sa volonté.... en qui nous sommes
faits son héritage, ayant été
prédestinés,
suivant la
résolution de celui, qui accomplit avec
efficace toutes choses, selon le conseil de sa
volonté ; » (Eph. I. 4. 5. 11) ceux
enfin que Dieu a
justifiés, qui est ce qui les
condamnera ?
Cette citation est tirée d'Esaïe ;
(Esa. L. 8. 9) ce sont, dans sa prophétie,
les paroles de Jésus-Christ lui-même,
le premier élu de Dieu, (Esa. XLII. 1. Matt. XII. 18) et en qui sont élus
(Ephés. I. 4) tous ceux que Dieu lui a
donnés. Elles sont relatives à son
incarnation et à la peinture qu'il fait de
sa confiance dans son Père céleste
qui le soutiendra comme son serviteur juste.
(Esa. LIII. 11)
Cette même expression de triomphe, ce
même langage de la plus entière
confiance en Dieu, appartient, comme nous voyons
ici, à tous ceux qui ont été
faits une même plante avec Christ, dans la
ressemblance de sa mort et de sa
résurrection. Car quel est celui qui peut
dire quelque chose à la charge des
élus de Dieu, lorsque Dieu même les a
justifiés à un tel prix.
Satan peut-être les accusera, le monde les
insultera, mais Dieu lui-même plaide leur
cause. Il prononce qu'ils sont justes, impose
silence à leurs accusateurs, pacifie leurs
consciences, et montre sa loi magnifiée et
sa justice satisfaite dans l'obéissance et
les souffrances de leur Garant.
Si le juge qui est le plus grand de tous, qui a une
juridiction absolue les absout et les
déclare libres, toutes les charges sont
anéanties aussitôt qu'il a
prononcé qu'une âme est
juste. Christ est
celui qui est mort. Par l'aspersion de son sang infiniment
précieux, la coulpe de tous ceux qui sont
un avec lui est éloignée
pour toujours, « Son sang purifie de tout
péché, (I. Jean I. 7) car par une seule oblation, il a
rendu parfaits pour toujours, ceux qui sont
sanctifiés. » (Héb. X. 14)
Dieu est donc juste,
lorsqu'il justifie ceux qui croient en
Jésus. Si d'un côté, on
représente la sentence prononcée par
la loi, de l'autre, on répond qu'elle ne
peut pas être satisfaite deux fois, qu'elle
l'a été en Jésus qui
représente les fidèles.
Celui qui se réfugie vers lui, et s'unit
à lui pour la vie, ne peut mourir une
seconde fois. Ils ne peuvent pas mourir, ceux pour
qui il est mort, ou, pour mieux dire
ressuscité, ils doivent être dans une
pleine assurance, parce qu'il est évident
que, dans sa mort, tout est acquitté ;
cela est évident, puis qu'étant leur
caution et saisi pour leur délit, et
étant une fois prisonnier de la mort, il est
cependant sorti libre. Ceci dissipe tellement les
charges qu'on ne peut plus les poursuivre. Sa
justice est à toi qui crois
en lui. Toute citation doit
être d'abord adressée à Christ,
et si on ne le saisit, on ne peut avoir de recours
sur toi qui es en lui et es un avec lui. D'ailleurs
pour preuve que tout était accompli, il a
été élevé aux plus
grands honneurs, au-dessus des principautés
et des puissances, il est assis à la droite
de son Père et gouverne l'univers pour ses
élus.
Ce passage fait allusion au Psaume CX, où l'empire de Christ,
après la résurrection, est
annoncé. Jésus intercède donc
pour que tout soit accordé aux croyants,
pour qu'ils soient conduits dans leur
héritage, et qu'ils vivent pour voir
accomplir tout ce qui est stipulé en leur
faveur dans son alliance. « Ayant offert
un seul sacrifice pour les péchés, il
s'est assis pour toujours à la droite de
Dieu. »
(Héb. X. 12)
Son intercession avait été
prédite par Esaïe. Il a
intercédé pour les
transgresseurs ; (Esa. LIII. 12) il comparaît devant la face de
Dieu pour ceux qu'il a rachetés,
(Héb. IX. 24) et il peut sauver tous ceux qui
s'approchent de Dieu par lui, étant toujours
vivant pour intercéder pour eux.
(Héb. VII. 25)
L'intercession du Souverain Sacrificateur des
Juifs, le jour de l'expiation, lorsqu'il entrait
dans le saint des saints, où il portait le
sang du sacrifice, était un type de
l'intercession de Christ, et il en est parlé
dans les écritures, avec un rapport
marqué à sa mort. « II
portera les péchés de plusieurs et
intercédera pour les transgresseurs.
(Esa. LIII. 12) il est entré une fois dans
les lieux saints, avec son propre sang et non avec
le sang des veaux ou des boucs, après avoir
obtenu une rédemption
éternelle. »
(Héb. IX. 12) De sorte que son intercession,
étant une conséquence de ce qu'il
s'est donné lui-même en sacrifice pour
le péché, est fondée sur sa
mort. Il présente son propre sang.
C'est par la considération de sa vie qui
avait suivi sa mort, que Jésus fortifia son
serviteur Jean ; lorsque celui-ci le contempla
dans une robe sacerdotale de gloire, quoiqu'il
ressemblât encore à celui qu'il avait
vu dans son état d'humiliation, il tomba
à ses pieds comme mort, mais Christ
étendit sa main droite sur lui en signe
d'amour et de protection et lui dit :
« ne crains point : je vis, mais
j'ai été mort, et voici je suis
vivant aux siècles des siècles :
Amen. Et je tiens les clefs de l'invisible
état et de la mort, »
(Apoc. I. 18)
Pour rassurer son disciple bien-aimé, il ne
lui rappela pas qu'il lui avait été
un bon et fidèle serviteur, qu'il avait tout
abandonné pour le suivre, mais il dirigea
son attention, sur sa propre mort et sa nouvelle
vie, comme le fondement assuré de sa
confiance. Dans les épîtres qui
suivent, qui sont adressées aux sept
églises, sous la
dictée de Jésus lui-même, il
prélude à ce qu'il doit dire à
chacune d'elles en leur faisant de lui-même, une peinture adaptée aux
exhortations, aux consolations, ou aux reproches
qui suivent.
Le témoignage de Jésus, c'est
l'esprit de prophétie et le sujet de la
commission apostolique ; tout mène
à lui et tout est accompli en lui ;
« il est le témoin fidèle,
le premier-né d'entre les morts, le prince
des rois de la terre. (Apoc. I .5) Quiconque croit en lui, ne saurait
être confus. (Rom, IX. 33) A lui qui nous a aimés et qui
nous a lavés de nos péchés
dans son sang, qui nous a fait rois et
sacrificateurs à Dieu son Père,
à lui soient la gloire et la force aux
siècles des siècles : Amen.
(Apoc. I. 6) »
Rien donc, de ce qui est nécessaire ou
désirable, ne peut manquer à celui
qui croit en Jésus, à celui qui aime
Dieu ; il est pourvu contre le
péché et la souillure de
remèdes convenables et efficaces. Aucun
péché ne peut excéder le
mérite du sang du Rédempteur. Aucune
convoitise ne peut résister au pouvoir de sa
grâce victorieuse.
L'Apôtre, dans ce passage, conduit le
fidèle jusqu'à la source d'où
émanent toutes les
bénédictions qu'il possède
actuellement, ou dont il espère la
jouissance, c'est-à-dire, l'amour
éternel d'un Dieu immuable. C'était
la bonté spontanée de ce Dieu qui lui
suggérait d'employer des moyens pour son
rétablissement, et le plan en était
si étendu, si achevé et si accompli
dans toutes les parties qu'il n'y a point de
pouvoir, ni d'artifice qui fussent capables d'en
arrêter l'exécution.
Ainsi celui que Dieu a appelé par sa
grâce, est hors de tout danger puisqu'il est
affermi par la toute-puissance. Lorsqu'il regarde
dans le passé, la
prédétermination de Dieu avant le
commencement des temps, et dans l'avenir, la gloire
qui l'attend lorsque le temps ne sera plus, il peut
courageusement défier tout pouvoir ennemi,
en disant qui
intentera accusation contre les élus de
Dieu ?
34-36.
(35-36) Qui est-ce qui nous séparera
de l'amour de Christ ? Sera-ce l'oppression,
ou l'angoisse, ou la
persécution, ou la famine, ou la nudité,
ou le péril, ou l'épée ?
Ainsi qu'il est écrit ; nous sommes
livrés à la mort pour l'amour de toi
tous les jours, et nous sommes estimés comme
des brebis de la boucherie. Au contraire, en toutes
ces choses, nous sommes plus que
vainqueurs par celui qui nous a
aimés.
Dans la contemplation des glorieuses
vérités développées
ci-dessus, Paul qui peu auparavant
s'écriait : Misérable que je suis !
triomphe et dit,
qui est-ce qui nous
séparera de l'amour de Christ ?
tant est grande la
différence entre le fidèle
considéré en lui-même, ou
considéré en Christ. En
lui-même il est malheureux et
misérable, pauvre,
aveugle et nu. « Mais grâces soient
rendues à Dieu qui le fait toujours
triompher en
Jésus-Christ. » (II. Cor. II. 14)
Lorsqu'il se voit
lui-même en Christ, il se voit riche,
tranquille et heureux ; il se glorifie en lui
au-dessus de toutes les prospérités,
et malgré toutes les adversités du
monde, il vit en Christ. Il y vit content et
paisible, libre de tous les dangers et de tous ses
ennemis.
Peu auparavant, l'Apôtre avait demandé
qui accusera les
élus de Dieu.
Il demande à présent qui pourra les
séparer
de lui. Tous les
troubles et les maux de la vie, accumulés
au-dedans et au dehors, pourront-ils séparer
le croyant de celui que son coeur aime, de celui
dont il porte la livrée qui est amour, et sous l'ombre duquel il a
désiré de s'asseoir ?
(Cant. II. 3. 4)
Il est vrai que ceux qui placent toute leur
confiance en Christ et qui ne se glorifient en
rien, sinon en la croix de Christ, doivent
être haïs ; et
méprisés par le monde ; ils sont
comptés, comme des hommes indignes de vivre,
« livrés à mort et
estimés comme des brebis de la
boucherie, » (Ps. XLIV. 12) et depuis le temps où
Caïn tua son frère parce que ses
oeuvres étaient mauvaises et que celles
d'Abel étaient justes, (I. Jean III. 12) depuis cette époque
jusqu'à nos jours, dans tous les temps et
dans tous les pays, cette déclaration s'est
trouvée vraie, (2)
Le monde a pris le nom de chrétien, les
hommes peuvent s'appeler eux-mêmes de ce
titre, et se ranger sous une des
dénominations de ceux qui sont
désignés par ce nom : mais en
vain ils en prennent le nom et la profession
extérieure : L'âme charnelle est
inimitié contre Dieu.
L'amélioration des institutions politiques
et la protection de lois plus équitables,
pour lesquelles tous les chrétiens doivent
rendre des grâces à Dieu, peuvent les
défendre à la vérité,
contre les actes extérieurs de violence,
mais aucun d'eux ne peut réchapper au
scandale de la croix. Il pourra se montrer
sectateur de quelqu'autre religion ; il pourra
faire profession d'une sorte de christianisme
perverti, et paraître invoquer le
nom de Christ, tandis qu'il ne
se fiera qu'à ses propres oeuvres pour
devenir agréable à Dieu, et le monde
le tolérera et l'applaudira
peut-être ; mais si renonçant
à sa propre justice, il met toute son
espérance dans le Sauveur crucifié,
(Phil. III. 9) si sa vie correspond à la
doctrine et montre qu'il la professe
réellement, le monde sera en armes contre
lui, et il éprouvera de mille
manières la vérité de ce que
disent sur ce sujet les écritures, du
commencement jusqu'à la fin ; car on
doit toujours se rappeler que les coeurs et les
esprits des hommes non
régénérés, qui prennent
le nom de chrétien, sont aussi
aveuglés par leur aversion pour la religion
spirituelle, et par l'amour du monde et du
péché, que pouvaient l'être
ceux des Juifs ou des Païens.
Ceux qui ont haï et persécuté
Christ et ses Apôtres professaient qu'ils
étaient les adorateurs de Dieu, tout comme
les prétendus chrétiens le font
aujourd'hui, et ils étaient bien plus
zélés pour leur religion,
d'après l'idée qu'ils s'en
étaient faite, que la masse de ceux que l'on
nomme chrétiens, ne l'est à
présent.
Or si la vraie religion est la même qu'elle
était alors, si elle est
prêchée et mise en pratique de la
même manière, et avec le même
zèle qu'elle le fut alors, si, d'un autre
côté, l'esprit du monde est le
même dans tout âge et dans tout pays,
les mêmes persécutions doivent en
être la suite. Hors, cependant que
l'indifférence et la tiédeur pour la
religion ne paralysent l'inimitié charnelle
du coeur, ou que les lois n'enchaînent les
mains de ceux qui, s'ils le pouvaient, seraient les
persécuteurs, et même alors leurs
bouches et leurs plumes montreront du moins leur
méchanceté profonde contre la
vérité et ses zélés
amis.
L'indiscrétion et les méprises de
ceux-ci ont pu fournir des occasions et donner
quelque avantage à leurs ennemis, mais la
plus parfaite sagesse, la douceur et la
charité la plus vive, n'auraient pu
désarmer leur inimitié, et l'auraient
bien plutôt exaspérée,
« Mes frères ne vous
étonnez point si le monde vous hait.
(I. Jean III. 13) Si le monde vous hait, a dit
Jésus, sachez
que j'en ai
été haï avant vous. S'ils m'ont
persécuté, ils vous
persécuteront aussi, s'ils ont
épié ma parole, ils épieront
aussi la vôtre. (Jean XV. 18. 20. Voy. Luc XI. 53. 54) S'ils ont appelé le
père de famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi
ses domestiques ! (Matt. X. 25) « Ainsi ils ont
été lapidés, ils ont
été sciés, ils ont souffert de
rudes épreuves, ils ont été
mis à mort par le tranchant de
l'épée.... d'autres ont
été éprouvés par des
moqueries, par des coups, par des liens, par la
prison.... desquels le monde n'était pas
digne. (Héb. XI. 36. 37)
Or tous ceux aussi qui veulent vivre selon la
piété en Jésus-Christ,
souffriront persécution. »
(II. Tim. III. 12) (3)
Mais toutes ces choses pourront-elles
séparer les fidèles de Christ ?
Elles ne prouvent ni défaut d'amour pour son
peuple, ni indifférence pour lui ;
elles sont au contraire l'accomplissement de
plusieurs déclarations qu'il a faites
à ses disciples.
C'est par ces moyens qu'il les détache de
leur amour naturel pour le monde, qu'il les
éloigne des tentations et des pièges,
qu'il leur fait préférer la louange
de Dieu à la louange du monde ; qu'il
leur montre l'horrible nature du
péché, l'état de
rébellion contre Dieu dans lequel le monde
est plongé, et la vérité de la
parole de Dieu adaptée à tous les
âges, ce qui prouve sa divine origine
céleste.
C'est ainsi qu'il enseigne aux croyants à
confesser qu'ils sont sur la terre comme
étrangers et voyageurs, et à
désirer le meilleur qui est
l'héritage céleste. Dans toutes ces
choses ils sont plus que vainqueurs, non seulement
ils ne sont point subjugués par elles, mais
ils les font contribuer à leur
sécurité et à leur triomphe
futur.
C'est pour cela qu'ils « prennent plaisir
dans les infirmités, dans les injures, dans
les nécessités, dans les
persécutions, et dans les angoisses pour
Christ. (II. Cor. XII. 10) Et je vous dis, à vous mes
amis, ne craignez point ceux qui tuent le corps et
qui après cela ne sauraient faire rien
davantage, mais je vous montrerai qui vous devez
craindre, craignez celui qui a la puissance
après qu'il a tué, d'envoyer dans la
géhenne. Oui, je vous dis, craignez
celui-là. (Luc XII. 4. 5)
Élevez vos yeux vers les cieux et regardez
en bas vers la terre, car les cieux
s'évanouiront comme la fumée et la
terre sera usée comme un vêtement, et
ses habitants mourront pareillement, mais mon salut
demeurera à toujours et ma justice ne sera
point anéantie. Écoutez-moi, vous qui
savez ce que c'est de la justice, peuple dans le
coeur duquel est ma loi, ne craignez point
l'opprobre des hommes et ne soyez point honteux de
leurs reproches, car la teigne les rongera comme un
vêtement, et le ver les dévorera comme
la laine, mais ma justice demeurera à
toujours et mon salut dans tous les
âges. » (Esa. LI. 6. 7. 8)
37-38.
(38-39)
Car je
suis assuré que ni la mort, ni la
vie,
ni les
Anges, ni les
Principautés, ni les Puissances, ni les choses
présentes, ni les choses à
venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni
aucune autre créature, ne nous pourra
séparer de l'amour de Dieu, qu'il nous a
monté en Jésus-Christ
notre Seigneur.
L'Apôtre après avoir, pour ainsi dire,
défié toutes les choses qui semblent
pouvoir s'opposer à la marche du
chrétien dans son voyage vers les cieux,
après avoir assuré son triomphe sur
tout ce qui y accumule la tribulation, l'angoisse,
la persécution, la famine, la nudité,
le péril ou l'épée, continue
avec la même confiance, et donne l'assurance
d'une victoire pleine et finale contre tout le
pouvoir imaginable de toutes les
créatures.
Ni la mort,
ni la vie, ni
même les anges, les principautés et
les puissances, quand on pourrait les supposer
liguées contre le fidèle ; ni
les choses présentes ni celles qui sont
à venir, aucune chose enfin dans le vaste
cercle de l'univers, ni au-dessus, ni au-dessous,
aucune créature, quelle que soit son nom,
quelque influence, qu'on lui attribue, ne pourra le
séparer de l'amour de Dieu en
Jésus-Christ son Seigneur.
La partie des saintes écritures qui vient de
fixer notre attention, nous montre le solide
fondement de la paix, de la consolation et de la
joie qui est préparée pour le
serviteur de Jésus-Christ. Les autres hommes
peuvent, s'ils le veulent, se faire d'autres
imaginations et se vanter, mais les saints sont les
seuls qui aient des soutiens et des secours assez
puissants contre tous les hasards possibles, et
c'est d'eux que l'Apôtre parle dans ce
chapitre d'une manière si
élevée et si magnifique. Il rassure
les croyants en Christ, relativement à ces
deux grands maux, la condamnation future et les
afflictions présentes. L'une ne peut les
atteindre, et les autres ne peuvent les blesser.
Pour être garantis de la première, ils
ont les paroles claires de l'évangile et le
sceau de l'esprit ; et ce premier
privilège qui est le plus grand,
étant assuré, leur garantit
également le second qui est le moindre.
Ils sont affranchis de la condamnation, et non
seulement ils en sont délivrés, mais
encore ils ont un droit à un royaume et
l'assurance de l'obtenir. L'affliction
pourrait-elle les blesser ? Au lieu de leur
nuire elle leur est utile. Non seulement elle ne
peut leur enlever leur couronne, mais elle les y
conduit, elle est la voie qui les y mène
directement. « Si nous souffrons avec
lui, nous régnerons aussi avec
lui. » (II. Tim. II. 12)
Il y a plus, toutes
choses deviennent avantageuses aux enfants de Dieu.
Prises séparément elles peuvent, sous
leur aspect actuel,
paraître mauvaises, mais prises dans leur
ensemble, elles concourent toutes pour son bien.
Dans leur nature propre elles peuvent être
des poisons, mais mêlées et
préparées par le Seigneur, elles
deviennent des remèdes.
Les enfants de Dieu ont un bonheur tel que les
choses les plus fâcheuses, lorsqu'elles se
trouvent dans leurs voies, changent de nature et
leur deviennent avantageuses. Cela est l'effet de
leurs prières qui ont en elles un charme
divin. Ils exhalent les tendres expressions de leur
amour pour Dieu, de cet amour qui leur imprime le
caractère de ceux qui aiment Dieu, et le signe de son amour pour eux est gravé dans leurs
coeurs.
L'Apôtre les conduit à cet amour de
Dieu comme à la source d'où tout
découle, C'est de lui que viennent toutes
leurs consolations, tous leurs
privilèges ; de là viennent leur
foi et leur amour qui leur rendent propres ces
consolations. Le trésor qui renferme en lui
tous les biens, Jésus-Christ lui-même,
est le don libre qui est accordé par l'amour
souverain de Dieu. Il est le plus grand de tous et
assure ainsi toutes les autres choses qui sont
infiniment moindres.
Contre des arguments aussi puissants on ne peut
alléguer ni difficultés, ni
afflictions. L'amour
de Dieu ! S'il
est pour nous, qui fera contre nous ?
Quand ce serait tout le monde, ce tout même
n'est rien, Il a été jadis dans le
néant. C'est Dieu, c'est notre Dieu qui nous
aime, qui est pour nous, qui l'a fait être
quelque chose, et qui, s'il le veut, peut le
replonger dans le néant ; Ce qu'il y a
de meilleur en lui, n'est rien auprès de cet
autre don
que Dieu a
répandu sur nous, et, ayant accordé
celui-là, certainement s'il y avait dans ce
monde quelqu'autre chose qui pût être
un bien, elle ne nous manquerait pas.
« Lui qui n'a point épargné
son propre Fils, mais qui l'a livré pour
nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi
toutes choses avec lui ? »
Les hommes sont ordinairement occupés
à d'autres événements qui
regardent eux
et les
leurs ; de ce que deviendra l'un ou
l'autre ;
de ce qui arrivera
à celui-ci
ou à
celui-là ;
mais une fois que la
conscience est occupée à la recherche
de Dieu, l'âme réveillée,
reconnaissant le danger qu'elle court de la mort
éternelle, toutes ses craintes, toutes les
questions qu'elle se fait, sont absorbées
par celle-ci : « Suis-je
condamné ou non ? Mon
péché est-il pardonné ou
non ? »
Et une réponse satisfaisante à cette
question, calme toutes les alarmes ;
l'âme se repose tranquillement sur son
Créateur, et abandonne entre ses mains
tous ses autres
intérêts. « Qu'il me plonge
dans l'indigence et l'humiliation, qu'il me frappe
et me châtie, s'il a pardonné mon
péché, tout est bien. »
Délivrée de ce fardeau, elle marche
à son aise, et peut même se
réjouir de toutes les autres charges qui lui
sont imposées. Elle se trouve libre comme un
homme débarrassé d'un poids qui
l'écrasait. « O que bienheureux
est celui de qui la transgression est
pardonnée, » (Ps. XXXII. 1) et a été
chargée sur Christ, qui est fort pour en
porter le fardeau tout entier, pour l'ôter,
pour la détruire, ce que jamais nous
n'aurions pu faire ; non, elle nous aurait
perdus pour toujours.
Le mot qui exprime dans l'original, que
« l'Agneau de Dieu, ou le
péché du monde, » (Jean I. 29) a les deux sens et répond
à l'un et à l'autre. « Il a
porté nos langueurs et il a chargé
nos douleurs » (Esa. LIII. 4) les ôtant pour toujours. Au
lieu de ce fardeau, combien est doux et
léger le seul engagement qu'il exige de
nous, de l'aimer et de lui obéir comme
à notre Rédempteur ! Si nous le
suivons et si nous portons sa croix, il sera notre
force, il portera elle et nous. C'est ici le grand
point qui assure la tranquillité du coeur,
que nous soyons délivrés du poids de
la condamnation de nos péchés.
Comment se peut-il que des hommes qui ont
écouté ces grandes
vérités, prennent encore tant de
souci de celles qui sont étrangères
à cet objet ?
Vous qui mangez, qui buvez, qui employez tout votre
temps au travail, au négoce, aux peines ou
aux plaisirs de cette terre, que pensez-vous donc
de l'éternité ?
Est-ce donc peu de chose à vos yeux que
périr pour toujours ? et après
un petit nombre de jours passés en choses
vaines, de tomber sous la colère
éternelle de Dieu ?
Et vous qui avez part à cet état
libre et bienheureux, d'où vient que vos
esprits sont si froids, qu'ils s'occupent si
rarement de ces pensées ?
Pourquoi ne vous réjouissez-vous pas
toujours dans le Seigneur en pensant en
vous-mêmes avec joie : que le monde
aille comme il voudra, mes péchés me
sont pardonnés ? qu'il se trompe
à mon égard, qu'il m'accuse tant
qu'il lui plaira, mon Dieu m'a acquitté dans
son Christ qui m'aime, qui vit pour
intercéder pour moi.
« Sans doute, dira quelqu'un, ils sont
bienheureux ceux qui peuvent parler ainsi ;
mais hélas ! je n'ai point cette
assurance ! Nul ne peut intenter accusation
contre les élus de Dieu, il est vrai ;
mais c'est là la plus grande
difficulté : suis-je un de ces
élus ? »
Le but de l'Apôtre, en spécifiant
ainsi les caractères qui indiquent
l'élection de ceux qui ont droit à
cette consolation, n'a point
été de la rendre obscure et douteuse,
bien loin de là, il cherche à
l'étendre le plus possible et à la
rendre en même temps aussi claire qu'elle
peut l'être à ceux qui y ont quelque
part. Il les désigne par l'acte primitif de
l'amour qui s'attache à eux, tel qu'il leur
est manifesté actuellement par les effets
qui le suivent, et qu'il produit dans ceux qui sont
élus, appelés et rendus conformes
à l'image de Jésus-Christ, tant par
son Esprit qui est en eux, que par les souffrances
extérieures qu'ils éprouvent dans le
monde. C'est ainsi qu'étant les enfants de
Dieu, ils sont conduits par son Esprit Saint, et
qu'ils ne marchent pas selon la chair, mais selon
l'esprit.
Il est vrai que la considération de toutes
ces choses, regardées comme le
caractère du fidèle, comme l'image de
Dieu en lui, comme le sceau de son élection
à la vie, doivent fermer la bouche à
la vaine confiance de ceux qui, quoique mondains et
charnels, professent extérieurement la
religion de Jésus, et elles leur montrent
que leurs prétentions à lui
appartenir sont une vraie illusion.
Certainement si quelqu'un reste dans l'amour du
péché, et prend la chair pour
conducteur, ce guide aveugle et maudit le conduira
dans l'abîme. Quelle folie ! quelle
impudence n'est-ce pas de l'homme qui suit la
convoitise de son coeur, d'imaginer et de s'assurer
lui-même qu'il aura part à une
rédemption, qui consiste, en grande partie,
à délivrer ceux qui en sont les
objets, du pouvoir de leurs iniquités, en
renouvelant leurs coeurs, en les réunissant
à Dieu, et en les animant de son
amour ?
La grande preuve de ton élection, est
l'amour. Ton amour pour Dieu est un
témoignage certain de l'amour qu'il a eu
pour toi dès l'éternité. C'est
par ce caractère que sont
désignés ici-bas les
élus ? ils aiment Dieu, et si tu
l'aimes, tu trouves en cela même le signe de
ton élection.
Si tu le choisis, c'est un effet et une preuve de
ce que lui-même t'a choisi auparavant ;
et comme son amour pour toi est indissoluble, il en
sera de même de celui que tu as pour
lui ; de sorte que son amour rend le tien
assuré, il a prise sur ton coeur, il ne
t'abandonnera pas et ne souffrira pas non plus que
tu l'abandonnes. Tout est retenu par sa force, il
ne veut point te perdre, et ne souffrira pas que
personne (quelqu'un) t'arrache de ses mains.
Jésus-Christ est l'intermédiaire de
cet amour ; il est le noeud qui lie ensemble
Dieu et l'homme, auquel il est intimement uni par
sa nature personnelle ; et les hommes en lui
et par lui sont unis à son père.
C'est ainsi que dans les derniers versets de ce
chapitre, l'amour de Dieu est appelé d'abord
l'amour
de Christ, et ensuite l'amour de Dieu en Christ.
L'âme est
d'abord attirée vers le Fils de Dieu, comme
plus voisin, et conduite ensuite par lui à
l'amour primitif de Dieu qui émane de
Christ, et qui nous est encore donné par
lui. Telle est la base solide de la
persévérance des saints, que des
hommes qui raisonnent faux sur ces matières
mettent en doute, ou même rejettent
absolument par leurs propres suppositions. Car
si nos résolutions et notre propre
force, étaient la seule chose sur laquelle
nous pussions nous reposer, combien facilement ne
pourrions-nous pas être
ébranlés !
Ainsi l'Amour de Dieu en Christ est non seulement
désigné ici comme le plus haut
degré de bonheur, duquel nous ne pouvons
être séparés, mais encore comme
le principe de la persévérance qui
l'assure de nous, et qui nous assure de lui.
Il ne se séparera pas de nous. Il n'y a
point d'orgueil à un chrétien, c'est
au contraire la plus vraie humilité de
triompher et de se glorifier en cet amour. Il est
la grande et universelle assurance, la consolation
et la victoire des Saints.
Tous les croyants en Jésus-Christ doivent
considérer, avec la plus grande attention,
les différents motifs d'espérance
détaillés plus haut, et ils doivent
recevoir une pleine consolation de cette portion
remarquable de l'Écriture que nous venons
d'étudier.
Ce ne sont point les paroles d'un homme, mais
celles de Dieu. Celui qui l'aime peut bien
défier la création toute
entière de le séparer de son amour
lorsqu'il lit dans ce chapitre que, quoique toutes
les créatures et lui-même dans cette
vie soupirent et soient en travail, cependant
toutes les choses qui lui arrivent dans le cours de
son pèlerinage terrestre concourent à
son bien ; que le Saint-Esprit
intercède pour lui dans son coeur ; que
Jésus-Christ intercède pour lui
devant le trône ; que c'est Dieu
lui-même qui l'a élu de toute
éternité, que c'est lui qui l'a
appelé lui qui l'a justifié, lui qui
le glorifiera !
Fin du Tome
Premier.
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