Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE VIII.

(suite)

23-24. (24-25) Car ce que nous sommes sauvés, c'est en espérance ; or l'espérance qu'on voit, n'est point espérance ; car pourquoi même. quelqu'un espérerait-il ce qu'il voit ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons point, c'est que nous l'attendons par la patience.

Les fidèles ne sont encore sauvés qu'en espérance. Ils ont reçu, seulement, des arrhes et des avant-goûts de leur salut. Ils gémissent sous le poids du fardeau dont ils sont chargés, et leurs corps sont sous la sentence de la mort temporelle ; s'ils étaient en pleine possession de leur salut, la foi ne ferait plus alors la conviction des choses espérées, comme on ne peut pas non plus appeler espérées les choses dont on jouit.
Cela est d'accord avec ce que l'Apôtre dit ailleurs lorsqu'il exhorte les fidèles de Philippes à s'employer à leur salut,
(Phil. II. 12) et lorsqu'il remarque que, maintenant, le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. (Rom. XIII. 11) Cette attente a de l'influence sur toute leur conduite tant qu'ils sont ici-bas : « Voyez quel amour le Père a eu pour nous que nous soyons appelés les enfants de Dieu mais le monde ne nous connaît point parce qu'il ne l'a point connu. Mes bien-aimés, nous sommes maintenant les enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'est pas encore manifesté, or nous savons que lorsqu'il sera apparu, nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu'il est, et quiconque a cette espérance, en lui, se purifie comme lui aussi est pur. » (I. Jean III. 1-3)

C'est cette espérance de la gloire future dans laquelle se réjouissent ceux qui sont justifiés par la foi, comme il est dit plus haut. (
Rom. V. 2) Ainsi ils sont sauvés en espérance.
Dans ce monde plusieurs choses diverses sont l'objet de nos espérances et souvent nous ne les obtenons point ; mais cet espoir des fidèles ne peut jamais être trompé. (
Rom. V. 5) C'est l'espérance des biens réservés aux enfants de Dieu dans les cieux, et dont ils ont eu connaissance par la parole de vérité de l'Évangile. (Col. I. 5) C'est l'espérance de la vie éternelle, que Dieu, qui ne peut mentir, avait promise avant les temps éternels, (Tit. I. 2) et dont hériteront ceux qui « demeurent dans la foi, étant fondés et fermes et n'étant point, transportés hors de l'espérance de l'Évangile. » (Col. I. 23)

C'est ainsi que les fidèles sont animés par l'espérance d'une glorieuse liberté lorsque tout mal et toute imperfection aura cessé, lorsqu'ils seront mis en pleine possession d'un bonheur tel qu'on a le droit de l'attendre des richesses d'un divin amour, et de l'efficacité du sang et de la médiation de Jésus.

Ayant pris pour refuge l'espérance qui leur était proposée, ils ont une ferme consolation ; (
Héb. VI. 18) ils attendent au moyen de l'Esprit, l'espérance de la justice par la foi ; (Gal. V. 5) ils ne voient point, à la vérité, l'objet de leur espérance, mais cette espérance d'une jouissance à venir de ce bien invisible, doit les encourager et les faire attendre avec patience.

25-26. (26-27) De même aussi l'Esprit soulage de sa part nos faiblesses. Car nous ne savons pas comme il faut ce que nous devons demander, mais l'Esprit lui-même prie pour nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer. Mais celui qui sonde les coeurs connaît quelle est l'affection de l'Esprit ; car il prie pour les Saints, selon Dieu.

Les fidèles « ont besoin de patience afin qu'après avoir fait la volonté de Dieu, ils reçoivent l'effet de sa promette. » (
Héb. X. 36) Mais cette patience n'est point parfaite, comme elle le devrait être et ils sont souvent près de « perdre cette fermeté qu'ils ont fait paraître et qui sera bien récompensée. » (Héb. X. 35) Aussi l'Apôtre présente-t-il ici un autre fondement à leur consolation : le Saint-Esprit les soulage dans leur faiblesse. Ils n'ont encore rien connu comme il le faut connaître. ( I. Cor. VIII. 2) Ils ne savent même pas, comment ils prieront ainsi qu'ils doivent le faire. Mais le Saint-Esprit qui habite en eux, intercède pour eux par des soupirs qui proviennent de sentiments qu'ils ne peuvent exprimer, et Dieu qui connaît l'état des coeurs, indépendamment des pensées qui naissent en eux (I. Sam. XVI. 7) ou des paroles qui les expriment, interprète ces soupirs ; car il sait ce que l'Esprit désire.

Cet Esprit intercède pour les Saints, suivant la volonté et les ordres de Dieu ; il leur a été promis pour être leur avocat et résider en eux ; (
Jean XIV. 16. 17) il opère en eux la patience et la résignation dans les afflictions, il les prépare à leur délivrance, et convertit les soupirs qui n'étaient qu'une expression vague de leur détresse en raisons qu'ils adressent à Dieu pour qu'il les délivre. Nous voyons dans l'écriture que Jésus, pendant son état d'humiliation, soupira ou frémit deux fois dans son esprit. (Jean XI, 33. 38) C'est ainsi que les chrétiens ont souvent le coeur plein de demandes à Dieu, dont ils ne peuvent pas entendre complètement le sens ; c'est le Saint-Esprit de Dieu qui intercède dans leurs coeurs. Le fidèle faible et ignorant pourrait craindre que des prières aussi confuses ne fussent incapables de monter au ciel. Mais il est assuré par ce passage, de la manière la plus consolante, qu'elles seront entendues, non suivant ses conceptions imparfaites, mais suivant le sens complet du bienheureux Esprit, dont les saints mouvements, quoique imparfaitement exprimés, et même conçus imparfaitement par le croyant, sont cependant parfaitement entendus de Dieu. Toute prière qui lui est agréable est le langage de son Esprit.

27. (28) Or nous savons aussi que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, c'est-à-dire, de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté.

C'est ici un autre fondement solide de la confiance des saints, au milieu de leurs souffrances actuelles. Tout ce qui arrive dans l'ordre de la providence à ceux qui aiment Dieu, à ceux qu'il a appelés à la réconciliation avec lui, d'après son dessein éternel, tous les événements qui influent sur eux, quelque fâcheux qu'ils soient en eux-mêmes, quelque désagréables qu'ils paraissent dans le premier moment, sont sous la direction de leur Père céleste et les préparent à la dernière félicité et à l'état de gloire qu'il leur destine.

Les dispositions de la Providence sont sans doute le premier objet que l'Apôtre a en vue dans ce passage, mais comme elles deviennent souvent des
occasions de péché, les fidèles ne pourraient être sûrs que toutes ces choses contribuent au bien, s'ils en exceptaient absolument les effets de leur péché et de leur folie.
À la vérité, les péchés des fidèles ne sont pas toujours disposés par la Providence, pour augmenter leur grâce présente ou leur gloire future. Sous ce rapport, ils éprouvent des pertes et sont sauvés comme par le feu, cependant l'ensemble de tout ce qui les concerne, concourt à l'exécution d'un plan complexe, dont le but est de les conduire à l'héritage préparé pour eux, et plusieurs de leurs erreurs et de leurs fautes, étant l'occasion et l'objet d'un profond repentir, agissent éminemment pour leur humiliation, et augmentent ainsi leur amour et leur reconnaissance.

Les histoires de l'ancien Testament, représentent les choses spirituelles et célestes, par les choses naturelles et terrestres, elles abondent en exemples qui confirment cette consolante vérité.
Jacob n'ayant point la confiance qu'il devait avoir dans l'Éternel, dans l'Éternel qui, comme il le reconnut à son lit de mort, avait pris soin de le paître depuis sa naissance jusqu'alors, (
Gen. XLVIII. 15) s'écria en parlant de Joseph et de Benjamin, toutes ces choses sont contre moi, (Gen. XLII. 36) et cependant en résultat elles concoururent à son bien d'une manière remarquable.
Moïse disait à Israël, la nation typique ; « Dieu t'a fait marcher par ce désert grand et terrible, désert de serpents, même de serpents brûlants, et de scorpions, aride.... afin de t'humilier et de t'éprouver pour te faire enfin du bien. » (
Deut. VIII. 15. 16)
La même vérité est constatée de la manière la plus frappante par l'histoire de David et par celle toute opposée de Saül, où chaque chose qui lui arrivait concourait à sa ruine finale ; et telle est la part réservée au méchant. « L'Éternel garde tous ceux qui l'aiment, mais il exterminera tous les méchants. (
Ps. CXLV. 20) L'Éternel renverse le train des méchants. » (Ps. CXLVI. 9)

C'est d'après les mêmes principes, que Paul disait aux fidèles de Corinthe ; « toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit celles qui sont à venir, toutes choses sont à vous, » (
I. Cor. III. 21. 22) et qu'en leur parlant de leurs souffrances, il répétait « Car toutes choses sont pour vous, afin que cette grande grâce abonde à la gloire de Dieu par le remerciement de plusieurs. C'est pourquoi ne nous relâchons point, mais, quoique notre homme extérieur déchoie, toutefois l'intérieur, est renouvelé de jour en jour. (II. Cor. IV. 15-17) »

En un mot, le croyant ne doit rien redouter de ce qui peut lui arriver de dehors, et la considération que toutes choses concourent pour son bien final, non seulement deviendra pour lui une source de consolation, mais encore tendra à l'empêcher, soit de mépriser les châtiments du Seigneur, soit de perdre courage lorsqu'il est repris par lui : (
Héb. XII. 5) deux extrêmes auxquels la nature humaine a toujours de l'inclination.
Ceux en faveur de qui toutes choses concourent pour le bien, sont ceux qui aiment Dieu. L'Apôtre a déjà déclaré que l'amour de Dieu est répandu par le Saint-Esprit, dans le coeur de ceux qui ont été justifiés par la foi, et à qui cet Esprit Saint a été donné. Le Seigneur manifeste et confirme ainsi l'amour dont il les a aimés en les rachetant par prix et par pouvoir, en les lavant de leurs péchés par le sang et en les préparant pour un royaume éternel, où ils verront sa face et se réjouiront dans sa gloire. La connaissance de cet amour produit en eux un amour réciproque pour lui : « Nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier. (
I. Jean IV. 19) J'aime l'Éternel, car il a exaucé ma voix et mes supplications, car il a incliné son oreille vers moi, c'est pourquoi je l'invoquerai durant mes jours. » (Ps. CXVI. 1. 2)

Les enfants de Dieu l'adorent et l'admirent ; ils abandonnent sans réserve leurs coeurs à lui ; ils le contemplent, ils se plaisent en lui comme en leur Dieu, leur Sauveur et leur héritage ; ils regardent la faveur comme plus précieuse que la vie ; il est le soleil de leurs âmes. S'il lui plaît d'élever sur eux la clarté de sa face, tout est bien, et ils ne mettent aucun grand intérêt à toutes les autres choses ; ils estiment une heure passée à contempler délicieusement ses glorieuses perfections, et à exprimer le désir qu'ils ont de le posséder, plus que des milliers d'autres ; et lorsque leur amour est le plus fervent, ils sont pleins de honte de le trouver si faible ; ils se plaignent, ils s'indignent contre eux-mêmes de ce qu'ils ne l'aiment pas davantage. Souvent cela les rend impatients de leur départ ; ils voudraient laisser les consolations terrestres qui leur sont les plus chères pour pouvoir le voir tel qu'il est, sans voile et sans nuage ; car ils savent qu'alors et seulement alors, ils l'aimeront comme ils doivent le faire.

Être aimé de Dieu et l'aimer surpasse tout ce qu'on peut désirer, tout ce dont on peut jouir sous les cieux. L'homme n'a d'autre objet qui puisse remplir entièrement son affection que Dieu. Il en est plusieurs autres qui peuvent le troubler et le tourmenter, mais aucun dont l'amour puisse le satisfaire et le mettre en paix. Soit qu'il s'aime lui-même ou qu'il aime les êtres qui sont hors de lui, il est toujours dans la peine et dans l'agitation ; il n'est point lui-même un objet suffisant de son affection. Il faut que celui à qui il est uni par l'amour, ajoute à sa nature et la perfectionne ; que ce soit un être plus élevé que lui, que ce soit le plus élevé de tous, le Père des Esprits, qui seul peut le rendre accompli et le bénir.
Le commandement qui lui ordonne de l'aimer est « d'une très grande étendue. » (
Ps. CXIX. 96) L'âme gênée et embarrassée dans toutes les autres choses trouve en Dieu seulement assez d'étendue pour son amour. C'est lui « que l'on peut aimer de toute son âme et de toute sa pensée. (Matt. XXII. 37) Je marcherai au large parce que j'ai recherché tes commandements. » (Ps. CXIX. 45)

Ce que la nature perverse regarde comme un rude esclavage, est, lorsqu'on le connaît bien, la seule liberté, et cela parce que la loi est amour, un amour tel qu'il peut complètement satisfaire l'âme.

D'après le degré auquel l'amour est dans l'âme, elle devient semblable à ce qu'elle aime, ou même elle devient une avec lui. Lorsqu'elle aime les choses grossières et basses, elle devient basse et grossière ; et ainsi lorsqu'elle aime Dieu, elle devient divine (
I. Pier. I. 4) et elle est unie à lui.
Quoique l'homme soit déchu de cet état, il y est appelé de nouveau ; quoique dégénéré et maudit dans sa nature pécheresse, cependant le fidèle est renouvelé en Christ ; le commandement d'aimer Dieu est renouvelé en lui, et un nouveau moyen de l'accomplir lui est indiqué.
L'amour est la source abondante et perpétuelle de sa prompte obéissance, et elle rend son coeur joyeux du service de Dieu. L'homme qui l'aime se confie en lui ; il est préparé à tous les événements, aux calamités de la guerre, de la peste, de la famine, de la misère et de la mort, et dans la nuit profonde de l'affliction, il se repose sur Dieu. « Voilà qu'il me tue, dit Job, je ne lasserai pas d'espérer en lui. » (
Job. XIII. 15) Non seulement quoique je meure, mais quand il me tue, quand je vois sa main levée pour me détruire, c'est de cette main elle-même que j'attends mon salut.

Aimer Dieu, non seulement se complaire en lui et désirer sa présence, mais l'aimer en désirant ardemment sa gloire, en le servant, en souhaitant qu'il soit honoré par toutes ses créatures, en se soumettant avec douceur, avec une résignation complète et volontaire à tout ce qu'il ordonne, en étant prêt à tout faire et à tout souffrir pour lui, telle est l'oeuvre et la joie du Chrétien.
Loin de lui, tous les plaisirs bas et mondains, toute l'obscurité des trompeuses gloires terrestres, toutes les grandes tentatives et les vertus héroïques du monde (
I. Pier. I. 4) Elles ont leur mesure et leurs bornes ; leur fin est le mensonge. L'amour de Dieu seul est une perfection et un plaisir de l'âme, sans limites et sans fin, qui commencent ici-bas et seront accomplis là-haut. Le bonheur de la Gloire est la perfection de la sainteté, l'accomplissement de l'amour de Dieu.

Ceux qui aiment Dieu ont été d'abord ses ennemis, mais ils sont appelés par lui à la réconciliation, suivant son propos arrêté. L'écriture nous fournit des témoignages positifs que tous les pas successifs de la grâce dans le temps, sont conformes « au dessein arrêté dès les siècles, lequel il a établi, en Jésus-Christ. » (
Eph. III. 11) Ce dessein était entièrement souverain, gracieux et libre. Il n'éprouvait l'influence d'aucun motif ou d'aucune cause étrangère à Dieu même. Il est représenté comme étant le bon plaisir de sa volonté, lequel il avait premièrement arrêté en lui-même ; « C'est la résolution de celui qui accomplit avec efficace toutes choses selon le conseil de sa volonté : » (Eph. I. 5. 9. 11) Il est indépendant de toute oeuvre et de toute bonté dans ceux qui en sont les objets : « non selon nos oeuvres, mais, selon son propre dessein et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ dans les temps éternels. » ( II. Tim. I. 9) C'est un dessein particulier déterminé, fixe et inaltérable, qui doit infailliblement atteindre son but. Ce dessein éternel renferme tout le plan de la grâce divine, relativement au salut des hommes, qui existaient dans la pensée de Dieu avant qu'aucun d'eux n'eût l'existence.

28. (29) Car ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères.

Ce verset et le suivant confirment ce qu'à dit l'Apôtre que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, et qui sont appelés suivant son dessein éternel, parce qu'ils ont été prédestinés à une gloire éternelle.
Dans le verset précédent, il a tracé les privilèges des saints, et leur amour pour Dieu, en remontant jusqu'à leur vocation suivant sa prédétermination et son dessein. Il va expliquer, à présent, comment ils parviennent à aimer Dieu, et commençant par la prédestination, il trace les opérations successives de la grâce dans leur vocation, leur justification, jusqu'à leur glorification.

« Ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils. 
» Paul dit ici d'une partie du genre humain, qu'elle est distinguée du reste, parce qu'elle a été préconnue de Dieu, Le mot connaissance signifie souvent dans l'écriture, d'après le sens de l'Hébreu, l'affection et le choix. (Ps. XXXIII. 11. Prov. XIX. 21. Héb. VI. 17)
Paul dit aux Corinthiens, si un homme aime Dieu, il est connu de lui, (
I. Cor. VIII. 3) et aux Galates, dans le même sens, « maintenant que vous avez connu Dieu ou plutôt que vous avez été connus de Dieu. » (Gal. IV. 9) C'est encore de la même manière que Dieu disait à Israël par son Prophète, « Je vous ai connus, seuls entre toutes les familles de la terre. » (Amos III. 2) Au dernier jour le Seigneur dira à ceux qui seront à sa gauche, je ne vous ai jamais connus, (Matt. VII. 23) c'est-à-dire qu'il ne les aime ni ne les approuve, quoique leurs caractères et leurs actions soient bien connus de lui.

Le mot composé
pré-connaissance est employé souvent dans l'écriture, pour signifier la connaissance générale anticipée de ce qui doit arriver. (II. Pier. III. 17) Mais dans ce passage il n'est point parlé d'une connaissance anticipée générale, mais d'une connaissance particulière, comme le montrent tant la forme de l'expression que le sens et la liaison de la phrase.
L'Apôtre ne parle pas ici de
tous, mais de quelques-uns. Il ne veut pas dire non plus qu'ils mériteront l'amour de Dieu plus que les autres, puisque cela serait en contradiction avec la sentence qu'il a prononcée plus haut contre la race humaine, (Rom. III, 10) et la déclaration expresse que tous ont péché et sont entièrement privés de la gloire de Dieu. (Rom. III. 22) La base de la pré-connaissance divine ne peut être qu'ils deviendront justes par eux-mêmes, car les écritures tout entières, nous attestent qu'aucun fils d'Adam ne peut le faire.

Cette pré-connaissance se rapporte à eux comme à des êtres déchus et coupables, comme à des objets de grâce et de miséricorde, et non de récompense, Dieu qui ne pouvait prévoir en eux aucun bien, si ce n'est celui qui viendrait de lui (comme l'Apôtre ajoute) les a « prédestinés à être conformes à l'image de son Fils. »
La pré-connaissance, dont il est ici parlé, comprend donc nécessairement l'idée du choix, de l'élection de ses fidèles pour être les objets en qui la grâce de sa rédemption serait glorifiée, et c'est la même chose que cet amour éternel, dont il est dit que Dieu les a aimes. « Je t'ai aimé d'un amour éternel, c'est pourquoi j'ai prolongé envers toi ma gratuité. » (
Jér. XXXI. 3)

Pierre se sert de l'expression de
pré-connaître (I. Pier. l, 20) dans le même sens que dans le verset qui nous occupe. Ceux à qui cet Apôtre s'adresse sont élus, non selon quelque chose qu'ils eussent en eux-mêmes, mais « selon la pré-connaissance de Dieu le père en sanctification d'esprit, à l'obéissance et à l'aspersion du sang de Jésus-Christ. » (I. Pier. l. 2)
Un peu plus loin, dans le même chapitre, il signifie
pré-ordonné, (I. Pier. I. 20) et est employé avec ce dernier sens par Paul, parlant du résidu qu'il y avait en Israël et qui avait été sauvé par l'élection de grâce. (Rom. XI. 2) Ainsi cette pré-connaissance de Dieu, signifie son dessein éternel de faire de ces élus ses enfants, et ce qui en est la suite, de répandre sur eux toute sorte de bénédictions.

Ceux que Dieu à préconnus, il les a prédestinés, ou ordonnés d'avance, pour être conformes à l'image de son Fils. Le Seigneur Jésus, le premier élu de Dieu est le type ou le modèle sur lequel tous les enfants de Dieu doivent être formés. Les hommes furent créés au commencement à la ressemblance de Dieu ; mais ils la perdirent dans leur premier père, de qui il est dit qu'il engendra un fils à sa propre ressemblance, (
Gen. V. 1.3) communiquant ainsi à sa postérité la nature corrompue qui était devenue la sienne : ce qui est né de la chair est chair. (Jean III. 6) Mais comme Dieu voulait sauver une partie de cette race tombée, il voulut aussi qu'une nouvelle naissance spirituelle rétablît sa ressemblance dans ses élus. C'est ce qui doit être accompli par l'incarnation de son Fils, qui est la splendeur de sa gloire, et l'empreinte de sa personne. (Héb. 1. 3) C'est pourquoi ces élus doivent être conformés à son image, et « comme ils ont porté l'image de celui qui est tiré de la poussière, ils porteront aussi l'image du céleste ( I. Cor. XV. 49) Ils sont nés de nouveau par l'Esprit. (Jean III. 5)
Contemplant, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur à face découverte, ils sont transformés en la même image de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit. (
II. Cor. III. 18)

Ils sont faits participants de la nature divine et reçoivent tout ce qui appartient à la vie et à la piété par la connaissance de celui qui les a appelés par sa gloire et par sa vertu. (
II. Pier. I. 2.3)

Ils sont l'ouvrage de Dieu créé en Jésus-Christ. » (
Ephés. II. 10) Dans ce monde, il est vrai ils n'ont pas encore atteint le but ou ne sont pas rendus accomplis, mais ils poursuivent ce but pour tâcher d'y parvenir, c'est pourquoi ils ont été pris par Jésus-Christ » (Phil. III. 12) pour leur perfection complète dans un état à venir. Ce sera leur entière conformité à l'image du Fils de Dieu, à laquelle leurs corps auront part.

« Pour nous notre bourgeoise est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Sauveur, le Seigneur, Jésus-Christ qui transformera notre corps d'humiliation afin qu'il soit rendu semblable à son corps glorieux, selon cette efficace par laquelle il peut même s'assujettir toutes choses ». (
Phil. III. 21)

La conformité à Christ est ce à quoi sont prédestinés ceux que Dieu a préconnus. Elle est l'effet et non la cause de cette pré-connaissance, l'amour de Dieu ou la conformité à l'image de Christ ne peut, en aucune manière, prendre son origine chez l'homme.
Paul avait déjà rappelé à ceux à qui il adressait des consolations si encourageantes, qu'ils avaient été les ennemis de Dieu, et que Dieu les avait réconciliés avec lui.
L'apôtre Jean s'adressant aux fidèles qui avaient reçu l'onction de Dieu et qui l'aimaient, s'écrie, « en ceci est l'amour, non que nous ayons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés, » et il ajoute peu après, « nous l'aimons par ce qu'il nous a aimés le premier. (
I. Jean IV. 10. 19) Dieu qui est riche en miséricorde par son grand amour duquel il nous a aimés » lorsque nous étions morts en nos fautes. II nous a vivifiés ensemble avec Christ, par la grâce duquel vous êtes sauvés. » (Eph. II. 4. 5)

Ainsi le salut de ceux que Dieu prédestine à être conformes à l'image de son Fils, ce salut qui est entièrement d'accord avec la sagesse éternelle et avec toutes ses perfections, vient en même temps de celui dont les jugements sont incompréhensibles et dont les voies sont impossibles à trouver.

L'élection contient donc deux choses ; la pré-connaissance et la prédestination ; elles sont distinguées ici.
L'une, est le choix des personnes qui sont de Dieu et c'est la pré-connaissance.
L'autre est la destination de ces personnes à être conformes à l'image de son Fils en sainteté et en bénédiction.
La première est la désignation du but qu'il faut atteindre, l'autre celle du moyen d'y parvenir.

Ceux dont il est parlé ici, sont prédestinés à être conformes à l'image du Fils de Dieu, pour qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères. Il a été promis au Messie, « qu'il se verrait de la postérité, qu'il jouirait du travail de son âme et en serait rassasié ; le serviteur juste de Jéhovah, en justifiera plusieurs par la connaissance qu'ils auront de lui. 
» (Esa. LIII. 10. 11)
Comme ils lui sont tous donnés, ainsi tous iront à lui : « Tout ce que mon Père me
donne viendra à moi. » (Jean VI. 37) Jésus, comme le bon berger, les appelle ses brebis et assure, devant ses ennemis, qu'elles seront toutes sauvées. « Mes brebis entendent ma voix et je les connais et elles me suivent, et moi je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais et personne ne les ravira de ma main ; mon Père qui me les a données est plus grand, que tous et personne ne peut les ravir des mains de mon Père. Moi et le Père sommes un. (Jean. X. 27-30) Glorifie ton fils afin que ton fils te glorifie, comme tu lui as donné pouvoir sur tous les hommes afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. » (Jean XVII. 1. 2)

Ainsi plusieurs sont
donnés à Jésus, comme la récompense de l'oeuvre de sa médiation ; et parce qu'il devait conduire à la gloire plusieurs enfants qui participaient de la chair et du sang, il a dû y participer aussi, et d'après ce qui avait été prédit de lui, il n'a point pris à honte de les appeler ses frères. (Héb. II. 10. 14) Ils naîtront tous une seconde fois, et le Saint-Esprit, qui lui avait été donné sans mesure, demeure aussi en eux.
Participant ainsi de son Esprit et contemplant sa gloire comme dans un miroir, ils sont transformés dans la même image. (
Héb. II. 10. 14) Ils sont faits à la ressemblance de celui qui est saint, innocent, sans tâche, séparé des pécheurs, (Héb. VII. 26) mais parmi tous ses frères, Christ est le premier-né.

Les saints sont appelés les premiers-nés, (
Héb. XII. 23) parce que sous la loi, les premiers-nés appartenaient spécialement à Dieu, et héritaient de plus d'honneur et de biens que leurs frères. Mais Christ est appelé le premier-né ou le premier engendré de toute la création, (1) (Col. I. 15) parce que dans son incarnation, il était engendré pour être l'héritier et le Seigneur de toutes choses, (Héb. I. 2. Act. X. 36) pour avoir le premier rang sur toutes choses parce que toutes avaient été créées pour lui et par lui.
Ayant été engendré par le St-Esprit, il est appelé fils de Dieu (
Luc I. 35) et c'est relativement à cette incarnation qu'il est dit dans les Psaumes : « Je t'établirai l'aîné et le souverain sur les Rois de la terre. » (Ps. LXXXIX. 28)
Et encore, quand Dieu introduit dans le monde « son Fils premier-né, il est dit que tous les Anges de Dieu l'adorent. » (
Héb. I. 6) Ils l'ont adoré comme Jéhovah, séant (siégeant) sur son trône haut élevé, (Esa. VI. 1-3. Jean XII. 41) comme la parole éternelle qui était avec Dieu, et qui était Dieu. (Jean I. 1)
Mais comme nous l'avons déjà vu, lorsqu'il prit la nature d'homme pour accomplir l'oeuvre de la rédemption qu'il avait entreprise comme l'une des personnes de la glorieuse Divinité, il dût être ordonné à tous les Anges de l'adorer dans son nouveau caractère de serviteur du Père. C'est lorsqu'il fut fait chair, que, comme dit l'apôtre Jean, nous avons contemplé sa gloire, comme la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité. (
Jean I. 14)

Le Messie est aussi appelé le Fils aîné, ou le premier engendré d'entre les morts, parce qu'il est le premier qui soit ressuscité des morts pour ne plus mourir ; aucun autre que lui n'est encore ressuscité pour une vie immortelle et incorruptible. L'annonce prophétique contenue dans les paroles du Psalmiste : « J'ai sacré mon roi sur Sion la montagne de ma sainteté.... l'Éternel a dit : tu es mon Fils, je t'ai aujourd'hui engendré.... je te donnerai les nations pour ton héritage, » (
Ps. II. 6. 8) Cette annonce fut accomplie par sa résurrection, (Act. XIII. 33) lorsque son royaume, que l'on avait déjà proclamé être proche, fut enfin établi.

Dans le passage que nous considérons, Jésus est appelé le premier-né parmi plusieurs frères, comme étant, sous tous les rapports, leur chef et leur conducteur, et comme ayant une prééminence sur toutes choses. Ce sont eux qui sont prédestinés à être conformes à son image, soit en sainteté, soit en gloire ; (
II. Cor. III. 18..Phil. III. 18) ils sont sanctifiés sur la terre, ils contempleront sa gloire dans le monde céleste et ils la partageront avec lui. « Sanctifie-les par ta vérité, » dit celui que le Père exauce toujours. « Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée ; Père, mon désir est touchant ceux que tu m'as donnés, que là, où je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire, laquelle tu m'as donnée. (Jean XVII. 17. 22-24)

Ceux qui par la prédestination de Dieu, seront rendus conformes à l'image de son Fils, sont
plusieurs. « Plusieurs viendront, dit le bienheureux Sauveur, de l'orient et de l'occident ; et du septentrion et du midi, qui seront à table dans le royaume de Dieu. (Matt. VIII. 11. Luc XIII. 29)
Je regardai, dit Jean, et voici, une grande multitude de gens que personne ne pouvait compter, de toutes, nations, tribus, peuples et langues, lesquels se tenaient devant le trône, en présence de l'agneau, vêtues de longues robes blanches, et ayant des palmes en leurs mains. » (
Apoc. VII. 9)

29. (30) Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

Ceux qui sont prédestinés sont appelés. Il les a appelés par sa grâce, (
Rom. IX. 23. 24) c'est-à-dire, sans aucun rapport à aucune chose qu'ils eussent méritée. La vocation efficace, est la première opération intérieure de la grâce sur ceux qui sont élus. Ils ne sont pas seulement appelés extérieurement, comme le sont un grand nombre de ceux qui ne sont point élus.
L'écriture parle de la vocation universelle de l'évangile adressée à tous les hommes, mais celle-ci, n'est point liée avec le salut d'une manière inséparable : car dans ce sens, Christ a dit, « il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus ; 
» (Matt. XXII. 14) au lieu qu'ici et dans plusieurs autres endroits, il est question de la vocation efficace : ceux qu'il a. prédestinés, il les a aussi appelés. L'Apôtre parlant des vaisseaux de miséricorde que Dieu a préparés pour sa gloire dit qu'ils ont été appelés d'entre les Juifs et les Gentils, (Gal. l. 15) Cette dernière vocation est quelque chose de plus que le ministère extérieur de la parole qui es commun à tous ceux qui l'entendent ; elle est plus que les effets partiels et temporaires qu'elle produit sur quelques-uns d'entr'eux, (Matt. XIII, 1. 7) et elle est toujours attribuée à l'opération de Dieu par l'influence du Saint-Esprit. Lors même que les moyens extérieurs sont employés de la manière la plus avantageuse, c'est Dieu seul qui donne l'accroissement. (I. Cor. III. 6. 7) C'est lui qui ouvre les coeurs, (Act. XVI. 14) qui donne des coeurs nouveaux, (Ezech. XXXVI. 26. 27) qui y grave sa loi (Jér. XXXI. 33) et qui sauve Ses enfants, non selon des oeuvres de justice qu'ils aient faites, mais selon sa miséricorde par le lavement de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit. (Tit. III. 5)

Les croyants sont appelés efficacement, de sorte qu'ils répondent à la vocation et sont convertis par elle. « Car à vous et à vos enfants, est faite la promesse, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur notre Dieu en
appellera à soi. (Act. Il. 39) Celui qui vous appelle est fidèle, c'est pourquoi il fera ces choses en vous, » (I. Thess. V. 24) c'est-à-dire ; qu'il les conservera sans reproche à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ. « Ceux qui sont appelés reçoivent l'accomplissement de la promesse qui leur a été faite d'un héritage éternel. (Héb. IX. 15)

Ce qu'entendent les écrivains sacrés dans les passages ci-dessus, par le mot
appeler, c'est donc ce que Dieu opère dans la régénération et la conversion des pécheurs, quand il accompagne sa parole de sa force, et de son esprit (I. Thess, I. 5)
Lorsque Christ les appelle ainsi, ils croient en lui sur le champ (
Matt. IV. 19. 22. IX. 9) La grâce est communiquée et le pécheur devient une nouvelle créature ou une nouvelle création. La régénération n'est point un acte qui se fasse graduellement, elle s'effectue tout à la fois. Cependant, comme dans le commencement, la foi est souvent faible, il est quelquefois difficile pour celui qui a reçu cette nouvelle vie de connaître exactement le premier moment où elle lui a été accordée. Mais comme l'enfant nouveau-né, est aussi complètement possesseur de la vie, quoique ce ne soit point dans toute sa vigueur, que l'homme parvenu à un âge mûr, de même la vie spirituelle est aussi bien possédée dans le moment de la régénération, qu'elle peut l'être dans la suite, et avant ce moment elle n'existait pas.
Il n'y a point de milieu entre la vie et la mort ; un homme est mort dans le péché, ou il est vivifié, en recevant le Saint-Esprit,(
Eph. II. 5) ou il est en Christ, ou il est hors de Christ. (Eph. II. 12. 13) Dieu a commencé en lui une bonne oeuvre, (Phil. I. 6) ou il ne l'a point commencée.

Par le moyen de la parole accompagnée de l'influence du Saint-Esprit, Dieu éclaire l'entendement et fait voir la vérité à la conscience. Il dit : « réveille-toi, toi qui dors et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclairera 
» (Eph. V. 14) II prophétise sur des os secs et l'Esprit entre en eux. (Ezech. XXXVII. l. 10) Ainsi la même grâce exercée dans l'élection des Saints, est exercée aussi dans leur vocation et leur régénération ; sans elle, ils resteraient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés.

Ceux qui sont appelés sont aussi
justifiés. Impies jusqu'au moment où ils sont appelés en ce moment même, ils sont justifiés ; car à celui qui ne fait point les oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice. Aussi ils ont été instantanément absous de la coulpe et réputés justes, comme s'ils avaient parfaitement obéi à la loi de Dieu. Croyant au témoignage de Dieu et étant justifiés par la foi, ils sont de même sanctifiés, c'est-à-dire, séparés pour Dieu, étant faits participants de la nature divine, car ils étaient prédestinés à être conformes à l'image du Fils de Dieu ; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
La glorification des Saints sera l'accomplissement du grand plan de la rédemption, relativement au peuple de Dieu, qui a été « appelé par le Dieu de toute grâce, à sa gloire éternelle, en Jésus-Christ. » (
I. Pier. V. 10)
L'Apôtre joignant ensemble tout ce qui à rapport aux fidèles, soit dans le temps, soit dans l'éternité qui l'a précédée ou dans celle qui le suivra, parle d'eux ici comme s'ils étaient déjà glorifiés, comme si ce qui est dans les desseins de Dieu, était déjà arrivé. C'est ainsi qu'avant sa mort, Christ parle de son corps comme étant déjà donné, (
Luc XXII. 19) et déjà rompu. (I. Cor. XI. 24)

Dans ces versets, le plan du salut est développé devant nous dans son commencement, dans ses progrès intermédiaires et dans sa fin.
Son principe est le dessein de Dieu et sa fin la gloire éternelle de ceux qui sont élus par lui. Il appelle à la foi en Christ, à la repentance et au renouvellement de la vie ceux qu'il a prédestinés. Il justifie pleinement, par la justice de Christ, ceux qu'il a appelés, et enfin il glorifiera ceux qu'il a justifiés.

Ceux qui s'opposent à cette doctrine désunissent le système entier du salut. Ils nient qu'il y ait une connexion indissoluble entre les progrès successifs de la grâce tels qu'ils sont liés dans le discours de l'Apôtre, et que ces diverses expressions soient relatives aux mêmes objets individuels. Ils supposent que Dieu peut avoir préconnu et prédestiné quelques hommes qu'il n'appelle pas ; qu'il en appelle qu'il ne justifie pas, et qu'il en justifie d'autres qu'il ne glorifie pas.
C'est contredire ouvertement le langage très positif de l'écriture qui déclare. ici que
ceux qu'il a préconnus il les a aussi prédestinés, et que ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, que ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés, et que ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

Il est impossible de trouver des paroles qui expriment plus précisément quelle est la liaison indissoluble qui existe entre toutes les parties de cette série, et que ce sont les mêmes individus dont il est question dans toutes.
Ce sont les brebis qui sont données à Christ, pour lesquelles il a donné sa vie, desquelles il a dit : « Je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. » (
Jean X. 15. 28. 29)

Les degrés successifs de la grâce qui précèdent l'admission dans la vie éternelle, ont d'abord pour but et pour objet la gloire de Dieu et ensuite la glorification des élus. Si ce but n'était pas rempli et assuré d'une manière infaillible, le plan entier de la grâce divine aurait été frustré, mais cela est impossible ; car Dieu a, de toute éternité, décrété d'une manière absolue de donner la vie éternelle à ceux qu'il a élus, et son conseil est immuable et subsistera. (
Esa. XLVI. 10. Ps. XXXIII. 11. Prov. XIX. 21. Rom. IX. 11. Héb. VI. 17) Il l'a promis dès l'éternité et il ne peut mentir. (Tit. I. 2) Il a envoyé son Fils au monde pour racheter par son sang, ceux qu'il lui avait donnés et les conduire à la gloire, (Héb. II. 10) « et sa volonté est que celui qu'il a envoyé ne perde rien de ce qu'il lui a donné, mais qu'il le ressuscite au dernier jour. » (Jean VI. 39)

Nous trouvons ailleurs, exactement la même doctrine qui est exposée dans ce passage.
C'est par lui (par Dieu selon sa souveraine élection) que vous êtes en Jésus-Christ, qui vous a été fait d& la part de Dieu, (par l'ordre de Dieu ) sagesse, (dans votre vocation) justification, (par l'imputation de sa justice) sanctification (en vous rendant conformes à son image) et rédemption, (en vous donnant la gloire éternelle) (I. Cor. I. 30) on le voit encore établi, de la manière la plus claire, dans ces autres paroles : « Nous devons toujours rendre grâce à Dieu pour vous, de ce que Dieu vous a élus dès le commencement, pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la croyance de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre évangile, afin que vous possédiez la gloire qui nous a été acquise par notre Seigneur Jésus-Christ. » (II. Thess. II. 13. 14)


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(1) Le Seigneur lui-même s'appelle , le commencement ou la tête.
Apoc. I. 8., et, le commencement de la création ! son principe ou sa cause efficiente. Apoc. III. 14.
Ovide emploie dans le même sens le mot abstrait
origo, comme agent ou cause efficiente.
IIIe opifex rerum mundi melioris
origo

 

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