Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
VIII.
(suite)
23-24.
(24-25)
Car ce
que nous sommes sauvés, c'est en
espérance ; or l'espérance qu'on
voit,
n'est
point espérance ; car pourquoi
même. quelqu'un espérerait-il ce qu'il
voit ? Mais si nous espérons ce que
nous ne voyons point, c'est que nous l'attendons par la
patience.
Les fidèles ne sont encore sauvés
qu'en espérance. Ils ont reçu,
seulement, des arrhes et des avant-goûts de
leur salut. Ils gémissent sous le poids du
fardeau dont ils sont chargés, et leurs
corps sont sous la sentence de la mort
temporelle ; s'ils étaient en pleine
possession de leur salut, la foi ne ferait plus
alors la conviction des choses
espérées, comme on ne peut pas non
plus appeler espérées les choses dont
on jouit.
Cela est d'accord avec ce que l'Apôtre dit
ailleurs lorsqu'il exhorte les fidèles de
Philippes à s'employer à leur salut,
(Phil. II. 12) et lorsqu'il remarque que,
maintenant, le salut est plus près de nous
que lorsque nous avons cru. (Rom. XIII. 11) Cette attente a de l'influence sur
toute leur conduite tant qu'ils sont ici-bas :
« Voyez quel amour le Père a eu
pour nous que nous soyons appelés les
enfants de Dieu mais le monde ne nous connaît
point parce qu'il ne l'a point connu. Mes
bien-aimés, nous sommes maintenant les
enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'est pas
encore manifesté, or nous savons que
lorsqu'il sera apparu, nous lui serons semblables,
car nous le verrons tel qu'il est, et quiconque a
cette espérance, en lui, se purifie comme lui aussi
est pur. » (I. Jean III. 1-3)
C'est cette espérance de la gloire future
dans laquelle se réjouissent ceux qui sont
justifiés par la foi, comme il est dit plus
haut. (Rom. V. 2)
Ainsi ils sont sauvés en
espérance.
Dans ce monde plusieurs choses diverses sont
l'objet de nos espérances et souvent nous ne
les obtenons point ; mais cet espoir des
fidèles ne peut jamais être
trompé. (Rom. V. 5)
C'est l'espérance des biens
réservés aux
enfants de Dieu dans les cieux, et dont ils ont eu
connaissance par la parole de vérité
de l'Évangile. (Col. I. 5)
C'est l'espérance de la vie
éternelle, que Dieu, qui ne peut mentir,
avait promise avant les temps éternels,
(Tit. I. 2)
et dont hériteront ceux qui
« demeurent dans la foi, étant
fondés et fermes et n'étant point,
transportés hors de l'espérance de
l'Évangile. » (Col. I. 23)
C'est ainsi que les fidèles sont
animés par l'espérance d'une
glorieuse liberté lorsque tout mal et toute
imperfection aura cessé, lorsqu'ils seront
mis en pleine possession d'un bonheur tel qu'on a
le droit de l'attendre des richesses d'un divin
amour, et de l'efficacité du sang et de la
médiation de Jésus.
Ayant pris pour refuge l'espérance qui leur
était proposée, ils ont une ferme
consolation ; (Héb. VI. 18) ils attendent au moyen de l'Esprit,
l'espérance de la justice par la foi ;
(Gal. V. 5)
ils ne voient point, à la
vérité, l'objet de leur
espérance, mais cette espérance d'une
jouissance à venir de ce bien invisible,
doit les encourager et les faire attendre avec
patience.
25-26.
(26-27) De même aussi l'Esprit
soulage de sa part nos faiblesses. Car nous ne
savons pas comme il faut ce que nous devons
demander, mais l'Esprit lui-même prie pour
nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer.
Mais celui qui sonde les coeurs connaît quelle
est l'affection de l'Esprit ; car il prie pour
les Saints, selon Dieu.
Les fidèles « ont besoin de
patience afin qu'après avoir fait la
volonté de Dieu, ils reçoivent
l'effet de sa promette. » (Héb. X. 36) Mais cette patience n'est point
parfaite, comme elle le devrait être et ils
sont souvent près de « perdre
cette fermeté qu'ils ont fait paraître
et qui sera bien
récompensée. »
(Héb. X. 35) Aussi l'Apôtre
présente-t-il ici un autre fondement
à leur consolation : le Saint-Esprit
les soulage dans leur faiblesse. Ils n'ont encore
rien connu comme il le faut connaître. (
I. Cor. VIII. 2) Ils ne savent même pas,
comment ils prieront ainsi qu'ils doivent le faire.
Mais le Saint-Esprit qui habite en eux,
intercède pour eux par des soupirs qui
proviennent de sentiments qu'ils ne peuvent
exprimer, et Dieu qui connaît l'état
des coeurs, indépendamment des
pensées qui naissent en eux (I. Sam. XVI. 7) ou des paroles qui les expriment,
interprète ces soupirs ; car il sait ce
que l'Esprit désire.
Cet Esprit intercède pour les Saints,
suivant la volonté et les ordres de
Dieu ; il leur a été promis pour
être leur avocat et résider en
eux ; (Jean XIV. 16. 17) il opère en eux la patience
et la résignation dans les afflictions, il
les prépare à leur délivrance,
et convertit les soupirs qui n'étaient
qu'une expression vague de leur détresse en
raisons qu'ils adressent à Dieu pour qu'il
les délivre. Nous voyons dans
l'écriture que
Jésus, pendant son état
d'humiliation, soupira ou frémit deux fois
dans son esprit. (Jean XI, 33. 38)
C'est ainsi que les
chrétiens ont souvent le coeur plein de
demandes à Dieu, dont ils ne peuvent pas
entendre complètement le sens ; c'est
le Saint-Esprit de Dieu qui intercède dans
leurs coeurs. Le fidèle faible et ignorant
pourrait craindre que des prières aussi
confuses ne fussent incapables de monter au ciel.
Mais il est assuré par ce passage, de la
manière la plus consolante, qu'elles seront
entendues, non suivant ses conceptions imparfaites,
mais suivant le sens complet du bienheureux Esprit,
dont les saints mouvements, quoique imparfaitement
exprimés, et même conçus
imparfaitement par le croyant, sont cependant
parfaitement entendus de Dieu. Toute prière
qui lui est agréable est le langage de son
Esprit.
27. (28)
Or
nous savons aussi que toutes choses contribuent au
bien de ceux qui aiment Dieu, c'est-à-dire,
de
ceux qui sont appelés selon son propos
arrêté.
C'est ici un autre fondement solide de la confiance
des saints, au milieu de leurs souffrances
actuelles. Tout ce qui arrive dans l'ordre de la
providence à ceux qui aiment Dieu, à
ceux qu'il a appelés à la
réconciliation avec lui, d'après son
dessein éternel, tous les
événements qui influent sur eux,
quelque fâcheux qu'ils soient en
eux-mêmes, quelque désagréables
qu'ils paraissent dans le premier moment, sont sous
la direction de leur Père céleste et
les préparent à la dernière
félicité et à l'état de
gloire qu'il leur destine.
Les dispositions de la Providence sont sans doute
le premier objet que l'Apôtre a en vue dans
ce passage, mais comme elles deviennent souvent des
occasions
de
péché, les fidèles ne
pourraient être sûrs que toutes ces
choses contribuent au
bien, s'ils en
exceptaient absolument les effets de leur
péché et de leur folie.
À la vérité, les
péchés des fidèles ne sont pas
toujours disposés par la Providence, pour
augmenter leur grâce présente ou leur
gloire future. Sous ce rapport, ils
éprouvent des pertes et sont sauvés
comme par le feu, cependant l'ensemble de tout ce
qui les concerne, concourt à
l'exécution d'un plan complexe, dont le but
est de les conduire à l'héritage
préparé pour eux, et plusieurs de
leurs erreurs et de leurs fautes, étant
l'occasion et l'objet d'un profond repentir,
agissent éminemment pour leur humiliation,
et augmentent ainsi leur amour et leur
reconnaissance.
Les histoires de l'ancien Testament,
représentent les choses spirituelles et
célestes, par les choses naturelles et
terrestres, elles abondent en
exemples qui confirment cette consolante
vérité.
Jacob n'ayant point la confiance qu'il devait avoir
dans l'Éternel, dans l'Éternel qui,
comme il le reconnut à son lit de mort,
avait pris soin de le paître depuis sa
naissance jusqu'alors, (Gen. XLVIII. 15) s'écria en parlant de Joseph
et de Benjamin, toutes
ces choses sont contre moi, (Gen. XLII. 36) et cependant en résultat
elles concoururent à son bien d'une
manière remarquable.
Moïse disait à Israël, la nation
typique ; « Dieu t'a fait marcher
par ce désert grand et terrible,
désert de serpents, même de serpents
brûlants, et de scorpions, aride.... afin de
t'humilier et de t'éprouver pour te faire
enfin du bien. » (Deut. VIII. 15. 16)
La même vérité est
constatée de la manière la plus
frappante par l'histoire de David et par celle
toute opposée de Saül, où chaque
chose qui lui arrivait concourait à sa ruine
finale ; et telle est la part
réservée au méchant.
« L'Éternel garde tous ceux qui
l'aiment, mais il exterminera tous les
méchants. (Ps. CXLV. 20) L'Éternel renverse le train
des méchants. » (Ps. CXLVI. 9)
C'est d'après les mêmes principes, que
Paul disait aux fidèles de Corinthe ;
« toutes choses sont à vous, soit
Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le
monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses
présentes, soit celles qui sont à
venir, toutes choses sont à
vous, » (I. Cor. III. 21. 22) et qu'en leur parlant de leurs
souffrances, il répétait
« Car toutes choses sont pour vous, afin
que cette grande grâce abonde à la
gloire de Dieu par le remerciement de plusieurs.
C'est pourquoi ne nous relâchons point, mais,
quoique notre homme extérieur
déchoie, toutefois l'intérieur, est
renouvelé de jour en jour. (II. Cor. IV. 15-17) »
En un mot, le croyant ne doit rien redouter de ce
qui peut lui arriver de dehors, et la
considération que toutes choses concourent
pour son bien final, non seulement deviendra pour
lui une source de consolation, mais encore tendra
à l'empêcher, soit de mépriser
les châtiments du Seigneur, soit de perdre
courage lorsqu'il est repris par lui :
(Héb. XII. 5) deux extrêmes auxquels la
nature humaine a toujours de l'inclination.
Ceux en faveur de qui toutes choses concourent pour
le bien, sont ceux qui aiment Dieu. L'Apôtre
a déjà déclaré que
l'amour de Dieu est répandu par le
Saint-Esprit, dans le coeur de ceux qui ont
été justifiés par la foi, et
à qui cet Esprit Saint a été
donné. Le Seigneur manifeste et confirme
ainsi l'amour dont il les a aimés en les
rachetant par prix et par pouvoir, en les lavant de
leurs péchés par le sang et en les
préparant pour un royaume éternel,
où ils verront sa face et
se réjouiront dans sa gloire. La
connaissance de cet amour produit en eux un amour
réciproque pour lui : « Nous
l'aimons, parce qu'il nous a aimés le
premier. (I. Jean IV. 19) J'aime l'Éternel, car il a
exaucé ma voix et mes supplications, car il
a incliné son oreille vers moi, c'est
pourquoi je l'invoquerai durant mes
jours. »
(Ps. CXVI. 1. 2)
Les enfants de Dieu l'adorent et l'admirent ;
ils abandonnent sans réserve leurs coeurs
à lui ; ils le contemplent, ils se
plaisent en lui comme en leur Dieu, leur Sauveur et
leur héritage ; ils regardent la faveur
comme plus précieuse que la vie ; il
est le soleil de leurs âmes. S'il lui
plaît d'élever sur eux la
clarté de sa face, tout est bien, et ils ne
mettent aucun grand intérêt à
toutes les autres choses ; ils estiment une
heure passée à contempler
délicieusement ses glorieuses perfections,
et à exprimer le désir qu'ils ont de
le posséder, plus que des milliers
d'autres ; et lorsque leur amour est le plus
fervent, ils sont pleins de honte de le trouver si
faible ; ils se plaignent, ils s'indignent
contre eux-mêmes de ce qu'ils ne l'aiment pas
davantage. Souvent cela les rend impatients de leur
départ ; ils voudraient laisser les
consolations terrestres qui leur sont les plus
chères pour pouvoir le voir tel qu'il est,
sans voile et sans nuage ; car ils savent
qu'alors et seulement alors, ils l'aimeront comme
ils doivent le faire.
Être aimé de Dieu et l'aimer surpasse
tout ce qu'on peut désirer, tout ce dont on
peut jouir sous les cieux. L'homme n'a d'autre
objet qui puisse remplir entièrement son
affection que Dieu. Il en est plusieurs autres qui
peuvent le troubler et le tourmenter, mais aucun
dont l'amour puisse le satisfaire et le mettre en
paix. Soit qu'il s'aime lui-même ou qu'il
aime les êtres qui sont hors de lui, il est
toujours dans la peine et dans l'agitation ;
il n'est point lui-même un objet suffisant de
son affection. Il faut que celui à qui il
est uni par l'amour, ajoute à sa nature et
la perfectionne ; que ce soit un être
plus élevé que lui, que ce soit le
plus élevé de tous, le Père
des Esprits, qui seul peut le rendre accompli et le
bénir.
Le commandement qui lui ordonne de l'aimer est
« d'une très grande
étendue. » (Ps. CXIX. 96) L'âme gênée et
embarrassée dans toutes les autres choses
trouve en Dieu seulement assez d'étendue
pour son amour. C'est lui « que l'on peut
aimer de toute son âme et de toute sa
pensée. (Matt. XXII. 37) Je marcherai au large parce que j'ai
recherché tes commandements. »
(Ps. CXIX. 45)
Ce que la nature perverse
regarde comme un rude
esclavage, est, lorsqu'on le connaît bien, la
seule liberté, et cela parce que la loi est
amour, un amour tel qu'il peut complètement
satisfaire l'âme.
D'après le degré auquel l'amour est
dans l'âme, elle devient semblable à
ce qu'elle aime, ou même elle devient une
avec lui. Lorsqu'elle aime les choses
grossières et basses, elle devient basse et
grossière ; et ainsi lorsqu'elle aime
Dieu, elle devient divine (I. Pier. I. 4) et elle est unie à lui.
Quoique l'homme soit déchu de cet
état, il y est appelé de
nouveau ; quoique
dégénéré et maudit dans
sa nature pécheresse, cependant le
fidèle est renouvelé en Christ ;
le commandement d'aimer Dieu est renouvelé
en lui, et un nouveau moyen de l'accomplir lui est
indiqué.
L'amour est la source abondante et
perpétuelle de sa prompte obéissance,
et elle rend son coeur joyeux du service de Dieu.
L'homme qui l'aime se confie en lui ; il est
préparé à tous les
événements, aux calamités de
la guerre, de la peste, de la famine, de la
misère et de la mort, et dans la nuit
profonde de l'affliction, il se repose sur Dieu.
« Voilà qu'il me tue, dit Job, je
ne lasserai pas d'espérer en
lui. » (Job. XIII. 15) Non seulement quoique je meure, mais
quand il me tue, quand je vois sa main levée
pour me détruire, c'est de cette main
elle-même que j'attends mon salut.
Aimer Dieu, non seulement se complaire en lui et
désirer sa présence, mais l'aimer en
désirant ardemment sa gloire, en le servant,
en souhaitant qu'il soit honoré par toutes
ses créatures, en se soumettant avec
douceur, avec une résignation
complète et volontaire à tout ce
qu'il ordonne, en étant prêt à
tout faire et à tout souffrir pour lui,
telle est l'oeuvre et la joie du
Chrétien.
Loin de lui, tous les plaisirs bas et mondains,
toute l'obscurité des trompeuses gloires
terrestres, toutes les grandes tentatives et les
vertus héroïques du monde (I. Pier. I. 4) Elles ont leur mesure et leurs
bornes ; leur fin est le mensonge. L'amour de
Dieu seul est une perfection et un plaisir de
l'âme, sans limites et sans fin, qui
commencent ici-bas et seront accomplis
là-haut. Le bonheur de la Gloire est la
perfection de la sainteté, l'accomplissement
de l'amour de Dieu.
Ceux qui aiment Dieu ont été d'abord
ses ennemis, mais ils sont appelés par lui
à la réconciliation, suivant son
propos arrêté. L'écriture nous
fournit des témoignages positifs que tous
les pas successifs de la grâce dans le temps,
sont conformes « au dessein
arrêté dès les siècles,
lequel il a établi, en
Jésus-Christ. » (Eph. III. 11) Ce dessein était
entièrement souverain,
gracieux et libre. Il n'éprouvait
l'influence d'aucun motif ou d'aucune cause
étrangère à Dieu même.
Il est représenté comme étant
le bon plaisir de sa volonté, lequel il
avait premièrement arrêté en
lui-même ; « C'est la
résolution de celui qui accomplit avec
efficace toutes choses selon le conseil de sa
volonté : » (Eph. I. 5.
9.
11)
Il est
indépendant de toute oeuvre et de toute
bonté dans ceux qui en sont les
objets : « non selon nos oeuvres,
mais, selon son propre dessein et selon la
grâce qui nous a été
donnée en Jésus-Christ dans les temps
éternels. » ( II. Tim. I. 9) C'est un dessein particulier
déterminé, fixe et
inaltérable, qui doit infailliblement
atteindre son but. Ce dessein éternel
renferme tout le plan de la grâce divine,
relativement au salut des hommes, qui existaient
dans la pensée de Dieu avant qu'aucun d'eux
n'eût l'existence.
28. (29)
Car
ceux qu'il a préconnus, il les a aussi
prédestinés à être
conformes à l'image de son
Fils,
afin
qu'il soit le premier-né entre plusieurs
frères.
Ce verset et le suivant confirment ce qu'à
dit l'Apôtre que toutes choses contribuent au
bien de ceux qui aiment Dieu, et qui sont
appelés suivant son dessein éternel,
parce qu'ils ont été
prédestinés à une gloire
éternelle.
Dans le verset précédent, il a
tracé les privilèges des saints, et
leur amour pour Dieu, en remontant jusqu'à
leur vocation suivant sa
prédétermination et son dessein. Il
va expliquer, à présent, comment ils
parviennent à aimer Dieu, et
commençant par la prédestination, il
trace les opérations successives de la
grâce dans leur vocation, leur justification,
jusqu'à leur glorification.
« Ceux qu'il a préconnus, il les a
aussi prédestinés à être
conformes à l'image de son
Fils. »
Paul dit ici d'une
partie du genre humain, qu'elle est
distinguée du reste, parce qu'elle a
été préconnue de Dieu, Le mot
connaissance
signifie souvent dans
l'écriture, d'après le sens de
l'Hébreu, l'affection et le choix.
(Ps. XXXIII. 11. Prov. XIX. 21. Héb. VI. 17)
Paul dit aux Corinthiens, si un homme aime Dieu, il
est connu de lui, (I. Cor. VIII. 3) et aux Galates, dans le même
sens, « maintenant que vous avez connu
Dieu ou plutôt que vous avez
été connus de Dieu. »
(Gal. IV. 9) C'est encore de la même
manière que Dieu disait à Israël
par son Prophète, « Je vous ai
connus, seuls entre toutes les familles de la
terre. » (Amos III. 2) Au dernier jour le Seigneur dira
à ceux qui seront à sa gauche,
je ne vous ai jamais
connus, (Matt. VII. 23) c'est-à-dire qu'il ne les
aime ni ne les approuve, quoique leurs
caractères et leurs actions soient bien
connus de lui.
Le mot composé pré-connaissance
est employé
souvent dans l'écriture,
pour signifier la connaissance
générale anticipée de ce qui
doit arriver. (II. Pier. III. 17)
Mais dans ce passage
il n'est point parlé d'une connaissance
anticipée générale, mais d'une
connaissance particulière, comme le montrent
tant la forme de l'expression que le sens et la
liaison de la phrase.
L'Apôtre ne parle pas ici de tous,
mais de quelques-uns.
Il ne veut pas dire
non plus qu'ils mériteront l'amour de Dieu
plus que les autres, puisque cela serait en
contradiction avec la sentence qu'il a
prononcée plus haut contre la race humaine,
(Rom. III, 10) et la déclaration expresse
que tous ont péché et sont
entièrement privés de la gloire de
Dieu. (Rom. III. 22) La base de la
pré-connaissance divine ne peut être
qu'ils deviendront justes par eux-mêmes, car
les écritures tout entières, nous
attestent qu'aucun fils d'Adam ne peut le
faire.
Cette pré-connaissance se rapporte à
eux comme à des êtres déchus et
coupables, comme à des objets de grâce
et de miséricorde, et non de
récompense, Dieu qui ne pouvait
prévoir en eux aucun bien, si ce n'est celui
qui viendrait de lui (comme l'Apôtre ajoute)
les a « prédestinés
à être conformes à l'image de
son Fils. »
La pré-connaissance, dont il est ici
parlé, comprend donc nécessairement
l'idée du choix, de l'élection de ses
fidèles pour être les objets en qui la
grâce de sa rédemption serait
glorifiée, et c'est la même chose que
cet amour éternel, dont il est dit que Dieu
les a aimes. « Je t'ai aimé d'un
amour éternel, c'est pourquoi j'ai
prolongé envers toi ma
gratuité. » (Jér. XXXI. 3)
Pierre se sert de l'expression de pré-connaître
(I. Pier. l, 20) dans le même sens que dans le
verset qui nous occupe. Ceux à qui cet
Apôtre s'adresse sont élus, non selon quelque chose qu'ils
eussent en eux-mêmes, mais « selon
la pré-connaissance de Dieu le père
en sanctification d'esprit, à
l'obéissance et à l'aspersion du sang
de Jésus-Christ. » (I. Pier. l. 2)
Un peu plus loin, dans le même chapitre, il
signifie pré-ordonné, (I. Pier. I. 20) et est employé avec ce
dernier sens par Paul, parlant du résidu
qu'il y avait en Israël et qui avait
été sauvé par
l'élection de grâce. (Rom. XI. 2) Ainsi cette pré-connaissance
de Dieu, signifie son dessein éternel de
faire de ces élus ses enfants, et ce qui en
est la suite, de répandre sur eux toute
sorte de bénédictions.
Ceux que Dieu à préconnus, il les a
prédestinés, ou ordonnés
d'avance, pour être conformes à
l'image de son Fils. Le Seigneur Jésus, le
premier élu de Dieu est le type ou le
modèle sur lequel tous les enfants de Dieu
doivent être formés. Les hommes furent
créés au commencement à la
ressemblance de Dieu ;
mais ils la perdirent dans leur premier
père, de qui il est dit qu'il engendra un
fils à sa propre ressemblance, (Gen. V. 1.3) communiquant ainsi à sa
postérité la nature corrompue qui
était devenue la sienne : ce qui est
né de la chair est chair. (Jean III. 6) Mais comme Dieu voulait sauver une
partie de cette race tombée, il voulut aussi
qu'une nouvelle naissance spirituelle
rétablît sa ressemblance dans ses
élus. C'est ce qui doit être accompli
par l'incarnation de son Fils, qui est
la splendeur de sa
gloire, et l'empreinte de sa personne.
(Héb. 1. 3)
C'est pourquoi ces
élus doivent être conformés
à son image, et « comme ils ont
porté l'image de celui qui est tiré
de la poussière, ils porteront aussi l'image
du céleste ( I. Cor. XV. 49) Ils sont nés de nouveau par
l'Esprit. (Jean III. 5)
Contemplant, comme dans un miroir, la gloire du
Seigneur à face découverte, ils sont
transformés en la même image de gloire
en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit.
(II. Cor. III. 18)
Ils sont faits participants de la nature divine et
reçoivent tout ce qui appartient à la
vie et à la piété par la
connaissance de celui qui les a appelés par
sa gloire et par sa vertu. (II. Pier. I. 2.3)
Ils sont l'ouvrage de Dieu créé en
Jésus-Christ. » (Ephés. II. 10) Dans ce monde, il est vrai ils n'ont
pas encore atteint le but ou ne sont pas rendus
accomplis, mais ils poursuivent ce but pour
tâcher d'y parvenir, c'est pourquoi ils ont
été pris par
Jésus-Christ » (Phil. III. 12) pour leur perfection complète
dans un état à venir. Ce sera leur
entière conformité à l'image
du Fils de Dieu, à laquelle leurs corps
auront part.
« Pour nous notre bourgeoise est dans les
cieux, d'où aussi nous attendons le Sauveur,
le Seigneur, Jésus-Christ qui transformera
notre corps d'humiliation afin qu'il soit rendu
semblable à son corps glorieux, selon cette
efficace par laquelle il peut même
s'assujettir toutes choses ».
(Phil. III. 21)
La conformité à Christ est ce
à quoi sont prédestinés ceux
que Dieu a préconnus. Elle est l'effet et
non la cause de cette pré-connaissance,
l'amour de Dieu ou la conformité à
l'image de Christ ne peut, en aucune
manière, prendre son origine chez
l'homme.
Paul avait déjà rappelé
à ceux à qui il adressait des
consolations si encourageantes, qu'ils avaient
été les ennemis de Dieu, et que Dieu
les avait réconciliés avec lui.
L'apôtre Jean s'adressant aux fidèles
qui avaient reçu l'onction de Dieu et qui
l'aimaient, s'écrie, « en ceci est
l'amour, non que nous ayons aimé Dieu, mais
en ce qu'il nous a aimés, » et il
ajoute peu après, « nous l'aimons
par ce qu'il nous a aimés le premier.
(I. Jean IV. 10. 19) Dieu
qui est riche en miséricorde par son grand
amour duquel il nous a aimés »
lorsque nous étions morts
en nos fautes. II nous a vivifiés ensemble
avec Christ, par la grâce duquel vous
êtes sauvés. » (Eph. II. 4. 5)
Ainsi le salut de
ceux que Dieu prédestine à être
conformes à l'image de son Fils, ce salut
qui est entièrement d'accord avec la sagesse
éternelle et avec toutes ses perfections,
vient en même temps de celui dont les
jugements sont incompréhensibles et dont les
voies sont impossibles à trouver.
L'élection contient donc deux choses ;
la pré-connaissance et la
prédestination ; elles sont
distinguées ici.
L'une, est le choix des personnes qui sont de Dieu
et c'est la pré-connaissance.
L'autre est la destination de ces personnes
à être conformes à l'image de
son Fils en sainteté et en
bénédiction.
La première est la désignation du but
qu'il faut atteindre, l'autre celle du moyen d'y
parvenir.
Ceux dont il est parlé ici, sont
prédestinés à être
conformes à l'image du Fils de Dieu, pour
qu'il soit le premier-né entre plusieurs
frères. Il a été promis au
Messie, « qu'il se verrait de la
postérité, qu'il jouirait du travail
de son âme et en serait
rassasié ; le serviteur juste de
Jéhovah, en justifiera plusieurs par la
connaissance qu'ils auront de
lui. »
(Esa. LIII. 10. 11)
Comme ils lui sont tous donnés, ainsi tous
iront à lui : « Tout ce que
mon Père me donne viendra à moi. »
(Jean VI. 37) Jésus, comme le bon berger,
les appelle ses brebis et assure, devant ses
ennemis, qu'elles seront toutes sauvées.
« Mes brebis entendent ma voix et je les
connais et elles me suivent, et moi je leur donne
la vie éternelle, et elles ne
périront jamais et personne ne les ravira de
ma main ; mon Père qui me les a
données
est plus grand, que
tous et personne ne peut les ravir des mains de mon
Père. Moi et le Père sommes un.
(Jean. X. 27-30) Glorifie ton fils afin que ton fils
te glorifie, comme tu lui as donné pouvoir
sur tous les hommes afin qu'il donne la vie
éternelle à tous ceux que tu lui as
donnés. »
(Jean XVII. 1. 2)
Ainsi plusieurs sont donnés à Jésus, comme la
récompense de l'oeuvre de sa
médiation ; et parce qu'il devait
conduire à la gloire plusieurs enfants qui
participaient de la chair et du sang, il a dû
y participer aussi, et d'après ce qui avait
été prédit de lui, il n'a
point pris à honte de les appeler ses
frères. (Héb. II. 10. 14) Ils naîtront tous une seconde
fois, et le Saint-Esprit, qui lui avait
été donné sans mesure, demeure
aussi en eux.
Participant ainsi de son Esprit et contemplant sa
gloire comme dans un miroir, ils sont
transformés dans la même image.
(Héb. II. 10. 14) Ils sont faits à la
ressemblance de celui qui est saint,
innocent, sans tâche,
séparé des pécheurs,
(Héb. VII. 26) mais parmi tous ses frères,
Christ est le premier-né.
Les saints sont appelés les
premiers-nés, (Héb. XII. 23) parce que sous la loi, les
premiers-nés appartenaient
spécialement à Dieu, et
héritaient de plus d'honneur et de biens que
leurs frères. Mais Christ est appelé
le premier-né ou le premier engendré
de toute la création, (1) (Col. I. 15) parce que dans son incarnation, il
était engendré pour être
l'héritier et le Seigneur de toutes choses,
(Héb. I. 2. Act. X. 36) pour avoir le premier rang sur
toutes choses parce que toutes avaient
été créées pour lui et
par lui.
Ayant été engendré par le
St-Esprit, il est appelé fils de Dieu
(Luc I. 35)
et c'est relativement à cette incarnation
qu'il est dit dans les Psaumes :
« Je t'établirai
l'aîné et le souverain sur les Rois de
la terre. » (Ps. LXXXIX. 28)
Et encore, quand Dieu introduit dans le monde
« son Fils premier-né, il est dit
que tous les Anges de Dieu l'adorent. »
(Héb. I. 6) Ils l'ont adoré comme
Jéhovah, séant (siégeant) sur son trône haut
élevé, (Esa. VI. 1-3. Jean XII. 41) comme la parole éternelle qui
était avec Dieu, et qui était Dieu.
(Jean I. 1)
Mais comme nous l'avons déjà vu,
lorsqu'il prit la nature d'homme pour accomplir
l'oeuvre de la rédemption qu'il avait
entreprise comme l'une des personnes de la
glorieuse Divinité, il dût être
ordonné à tous les Anges de l'adorer
dans son nouveau caractère de serviteur du
Père. C'est lorsqu'il fut fait chair, que,
comme dit l'apôtre Jean, nous avons
contemplé sa gloire, comme la gloire du Fils
unique du Père, plein de grâce et de
vérité. (Jean I. 14)
Le Messie est aussi appelé le Fils
aîné, ou le premier engendré
d'entre les morts, parce qu'il est le premier qui
soit ressuscité des morts pour ne plus
mourir ; aucun autre que lui n'est encore
ressuscité pour une vie immortelle et
incorruptible. L'annonce prophétique
contenue dans les paroles du Psalmiste :
« J'ai sacré mon roi sur Sion la
montagne de ma sainteté.... l'Éternel
a dit : tu es mon Fils, je t'ai aujourd'hui
engendré.... je te donnerai les nations pour
ton héritage, » (Ps. II. 6. 8) Cette annonce fut accomplie par sa
résurrection, (Act. XIII. 33) lorsque son royaume, que l'on avait
déjà proclamé être
proche, fut enfin
établi.
Dans le passage que nous considérons,
Jésus est appelé le premier-né
parmi plusieurs frères, comme étant,
sous tous les rapports, leur chef et leur
conducteur, et comme ayant une
prééminence sur toutes choses. Ce
sont eux qui sont prédestinés
à être conformes à son image,
soit en sainteté, soit en gloire ;
(II. Cor. III. 18..Phil. III. 18) ils sont sanctifiés sur la
terre, ils contempleront sa gloire dans le monde
céleste et ils la partageront avec lui.
« Sanctifie-les par ta
vérité, » dit celui que le Père exauce
toujours. « Je leur ai donné la
gloire que tu m'as donnée ;
Père, mon désir est touchant ceux que
tu m'as donnés, que là, où je suis,
ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils
contemplent ma gloire, laquelle tu m'as
donnée. (Jean XVII. 17. 22-24)
Ceux qui par la prédestination de Dieu,
seront rendus conformes à l'image de son
Fils, sont plusieurs.
« Plusieurs
viendront, dit le bienheureux Sauveur, de l'orient
et de l'occident ; et du septentrion et du
midi, qui seront à table dans le royaume de
Dieu. (Matt. VIII. 11. Luc XIII. 29)
Je regardai, dit Jean, et voici, une grande
multitude de gens que personne ne pouvait compter,
de toutes, nations, tribus, peuples et langues,
lesquels se tenaient devant le trône, en
présence de l'agneau, vêtues de
longues robes blanches, et ayant des palmes en
leurs mains. » (Apoc. VII. 9)
29. (30)
Et
ceux qu'il a
prédestinés, il les a aussi
appelés ; et ceux qu'il a appelés, il
les a aussi justifiés ; et ceux qu'il a
justifiés, il les a aussi
glorifiés.
Ceux qui sont prédestinés sont
appelés. Il les a appelés par sa
grâce, (Rom. IX. 23. 24) c'est-à-dire, sans aucun
rapport à aucune chose qu'ils eussent
méritée. La vocation efficace, est la
première opération intérieure
de la grâce sur ceux qui sont élus.
Ils ne sont pas seulement appelés
extérieurement, comme le sont un grand
nombre de ceux qui ne sont point élus.
L'écriture parle de la vocation universelle
de l'évangile adressée à tous
les hommes, mais celle-ci, n'est point liée
avec le salut d'une manière
inséparable : car dans ce sens, Christ
a dit, « il y a beaucoup
d'appelés, mais peu
d'élus ; »
(Matt. XXII. 14) au lieu qu'ici et dans plusieurs
autres endroits, il est question de la vocation
efficace : ceux
qu'il a. prédestinés, il les
a aussi appelés. L'Apôtre parlant des vaisseaux
de miséricorde que Dieu a
préparés pour sa gloire dit qu'ils
ont été appelés d'entre les
Juifs et les Gentils, (Gal. l. 15) Cette dernière vocation est
quelque chose de plus que le ministère
extérieur de la parole qui es commun
à tous ceux qui l'entendent ; elle est
plus que les effets partiels et temporaires qu'elle
produit sur quelques-uns
d'entr'eux, (Matt. XIII, 1. 7) et elle est toujours
attribuée à l'opération de
Dieu par l'influence du Saint-Esprit. Lors
même que les moyens extérieurs sont
employés de la manière la plus
avantageuse, c'est Dieu seul qui donne
l'accroissement. (I. Cor. III. 6. 7) C'est lui qui ouvre les coeurs,
(Act. XVI. 14) qui donne des coeurs nouveaux,
(Ezech. XXXVI. 26. 27) qui y grave sa loi (Jér. XXXI. 33) et qui sauve Ses enfants, non selon
des oeuvres de justice qu'ils aient faites, mais
selon sa miséricorde par le lavement de la
régénération et le
renouvellement du Saint-Esprit. (Tit. III. 5)
Les croyants sont appelés efficacement, de
sorte qu'ils répondent à la vocation
et sont convertis par elle. « Car
à vous et à vos enfants, est faite la
promesse, et à tous ceux qui sont loin,
autant que le Seigneur notre Dieu en
appellera
à soi.
(Act. Il. 39) Celui qui vous appelle est fidèle, c'est pourquoi il
fera ces choses en vous, »
(I. Thess. V. 24) c'est-à-dire ; qu'il les
conservera sans reproche à la venue de notre
Seigneur Jésus-Christ. « Ceux qui
sont appelés
reçoivent
l'accomplissement de la promesse qui leur a
été faite d'un héritage
éternel. (Héb. IX. 15)
Ce qu'entendent les écrivains sacrés
dans les passages ci-dessus, par le mot
appeler,
c'est donc ce que Dieu opère dans la
régénération et la conversion
des pécheurs,
quand il accompagne
sa parole de sa force, et de son esprit
(I. Thess, I. 5)
Lorsque Christ les appelle ainsi, ils croient en
lui sur le champ (Matt. IV. 19. 22. IX. 9) La
grâce est communiquée et le
pécheur devient une nouvelle créature
ou une nouvelle création. La
régénération n'est point un
acte qui se fasse graduellement, elle s'effectue
tout à la fois. Cependant, comme dans le
commencement, la foi est souvent faible, il est
quelquefois difficile pour celui qui a reçu
cette nouvelle vie de connaître exactement le
premier moment où elle lui a
été accordée. Mais comme
l'enfant nouveau-né, est aussi
complètement possesseur de la vie, quoique
ce ne soit point dans toute sa vigueur, que l'homme
parvenu à un âge mûr, de
même la vie spirituelle est aussi bien
possédée dans le moment de la
régénération, qu'elle peut
l'être dans la suite, et avant ce moment elle
n'existait pas.
Il n'y a point de milieu entre la vie et la
mort ; un homme est mort dans le
péché, ou il est vivifié, en
recevant le Saint-Esprit,(Eph. II. 5) ou il est en Christ, ou il est hors
de Christ. (Eph. II. 12. 13) Dieu a commencé en lui une
bonne oeuvre, (Phil. I. 6) ou il ne l'a point
commencée.
Par le moyen de la parole accompagnée de
l'influence du Saint-Esprit,
Dieu éclaire l'entendement et fait voir la
vérité à la conscience. Il
dit : « réveille-toi, toi qui
dors et te relève d'entre les morts, et
Christ t'éclairera » (Eph. V. 14)
II prophétise
sur des os secs et l'Esprit entre en eux.
(Ezech. XXXVII. l. 10) Ainsi la même grâce
exercée dans l'élection des Saints,
est exercée aussi dans leur vocation et leur
régénération ; sans elle,
ils resteraient morts dans leurs fautes et dans
leurs péchés.
Ceux qui sont appelés sont aussi
justifiés.
Impies jusqu'au
moment où ils sont appelés en ce
moment même, ils sont justifiés ;
car à celui qui ne fait point les oeuvres,
mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa
foi lui est imputée à justice. Aussi
ils ont été instantanément
absous de la coulpe et réputés
justes, comme s'ils avaient parfaitement
obéi à la loi de Dieu. Croyant au
témoignage de Dieu et étant
justifiés par la foi, ils sont de même
sanctifiés, c'est-à-dire,
séparés pour Dieu, étant faits
participants de la nature divine, car ils
étaient prédestinés à
être conformes à l'image du Fils de
Dieu ; et ceux qu'il a justifiés, il
les a aussi glorifiés.
La glorification des Saints sera l'accomplissement
du grand plan de la rédemption, relativement
au peuple de Dieu, qui a été
« appelé par le Dieu de toute
grâce, à sa gloire éternelle,
en Jésus-Christ. » (I. Pier. V. 10)
L'Apôtre joignant ensemble tout ce qui
à rapport aux fidèles, soit dans le
temps, soit dans l'éternité qui l'a
précédée ou dans celle qui le
suivra, parle d'eux ici comme s'ils étaient
déjà glorifiés, comme si ce
qui est dans les desseins de Dieu, était
déjà arrivé. C'est ainsi
qu'avant sa mort, Christ parle de son corps comme
étant déjà donné,
(Luc XXII. 19) et déjà rompu.
(I. Cor. XI. 24)
Dans ces versets, le plan du salut est
développé devant nous dans son
commencement, dans ses progrès
intermédiaires et dans sa fin.
Son principe est le dessein de Dieu et sa fin la
gloire éternelle de ceux qui sont
élus par lui. Il appelle à la foi en
Christ, à la repentance et au renouvellement
de la vie ceux qu'il a prédestinés.
Il justifie pleinement, par la justice de Christ,
ceux qu'il a appelés, et enfin il glorifiera
ceux qu'il a justifiés.
Ceux qui s'opposent à cette doctrine
désunissent le système entier du
salut. Ils nient qu'il y ait une connexion
indissoluble entre les progrès successifs de
la grâce tels qu'ils sont liés dans le
discours de l'Apôtre, et que ces diverses
expressions soient relatives aux mêmes objets
individuels. Ils supposent que Dieu peut avoir
préconnu et prédestiné
quelques hommes qu'il n'appelle pas ; qu'il en
appelle qu'il ne justifie pas, et qu'il en justifie
d'autres qu'il ne glorifie pas.
C'est contredire ouvertement le
langage très positif de l'écriture
qui déclare. ici que ceux qu'il a préconnus il
les a aussi prédestinés, et
que ceux
qu'il a
prédestinés, il les a
aussi appelés, que ceux qu'il a appelés, il
les a aussi justifiés, et que
ceux qu'il a justifiés, il
les a aussi glorifiés.
Il est impossible de trouver des paroles qui
expriment plus précisément quelle est
la liaison indissoluble qui existe entre toutes les
parties de cette série, et que ce sont les
mêmes individus dont il est question dans
toutes.
Ce sont les brebis qui sont données à
Christ, pour lesquelles il a donné sa vie,
desquelles il a dit : « Je leur
donne la vie éternelle, elles ne
périront jamais, et personne ne les ravira
de ma main. » (Jean X. 15. 28. 29)
Les degrés successifs de la grâce qui
précèdent l'admission dans la vie
éternelle, ont d'abord pour but et pour
objet la gloire de Dieu et ensuite la glorification
des élus. Si ce but n'était pas
rempli et assuré d'une manière
infaillible, le plan entier de la grâce
divine aurait été frustré,
mais cela est impossible ; car Dieu a, de
toute éternité,
décrété d'une manière
absolue de donner la vie éternelle à
ceux qu'il a élus, et son conseil est
immuable et subsistera. (Esa. XLVI. 10. Ps. XXXIII. 11. Prov. XIX. 21. Rom. IX. 11. Héb. VI. 17) Il l'a promis dès
l'éternité et il ne peut mentir.
(Tit. I. 2)
Il a envoyé son Fils au monde pour racheter
par son sang, ceux qu'il lui avait donnés et
les conduire à la gloire, (Héb. II. 10) « et sa volonté est
que celui qu'il a envoyé ne perde rien de ce
qu'il lui a donné, mais qu'il le ressuscite
au dernier jour. » (Jean VI. 39)
Nous trouvons ailleurs, exactement la même
doctrine qui est exposée dans ce passage.
C'est par lui
(par Dieu selon sa
souveraine élection) que vous êtes en
Jésus-Christ, qui vous a été
fait d& la part de Dieu, (par l'ordre de Dieu )
sagesse,
(dans votre vocation) justification, (par l'imputation de sa justice)
sanctification
(en vous rendant
conformes à son image) et rédemption, (en vous donnant la gloire
éternelle) (I. Cor. I. 30) on le voit encore établi, de
la manière la plus claire, dans ces autres
paroles : « Nous devons toujours
rendre grâce à Dieu pour vous, de ce
que Dieu vous a élus dès le commencement, pour le
salut, par la sanctification de l'Esprit
et par la croyance de
la vérité, à quoi il vous a
appelés
par notre
évangile, afin que vous possédiez
la gloire
qui nous a
été acquise par notre Seigneur
Jésus-Christ. » (II. Thess. II. 13. 14)
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