Saints en Christ
CINQUIÈME JOUR
Sainteté et rédemption
Consacre-moi (sanctifie-moi) tout
premier-né parmi » les enfants
d'Israël.
(Ex. XIII, 2.)
Car tout premier-né
m'appartient ; le jour où j'ai
frappé tous les premiers-nés
d'Égypte, je me suis consacré tous les premiers-nés en
Israël tant des hommes que des animaux :
ils m'appartiendront. Je suis
l'Éternel.
(Nomb. III, 13.)
Car je suis l'Éternel
qui vous ai fait monter du pays d'Égypte
pour être votre Dieu. Vous vous sanctifierez
et vous serez saints, car je suis saint.
(Lév. XI. 44,45).
Je te rachète, je
t'appelle par ton nom tu es à moi.
(Esaïe XLIII, 1.)
Nous avons vu, en Horeb, comment la
première mention qui soit faite du mot
saint dans l'histoire de l'homme
déchu était liée à
l'inauguration d'une période nouvelle dans
la révélation de Dieu, savoir :
la rédemption. Dans la pâque, nous
avons la première indication de ce qu'est la
rédemption, et c'est là que commence
le plus fréquent usage du mot saint.
Dans la fête des pains sans levain, nous
avons le symbole du dépouillement de ce qui
est vieux, et le revêtement de ce qui est
nouveau, faits auxquels doit conduire la
rédemption par le sang. Des sept jours de
cette fête il est dit : « Le
premier jour vous aurez une sainte
convocation » ; la
réunion du peuple racheté pour
commémorer sa délivrance est une
sainte assemblée ; ils se
réunissent sous la protection de leur
Rédempteur, le Saint. Aussitôt
qu'Israël a été racheté
de l'Égypte, les premières paroles de
l'Éternel sont :
« Consacrez-moi (ou sanctifiez-moi) tous
les premiers-nés, car tout premier-né
m'appartient », parole qui nous
révèle combien l'idée de
propriété est une des pensées
centrales de la rédemption, comme de la
sanctification : l'anneau qui les lie l'une
à l'autre. Et quoique le mot employé
ici n'indique que le premier-né, ces
premiers-nés sont considérés
comme le type du peuple entier.
Nous savons comment toute croissance, toute
organisation part d'un centre autour duquel la vie
de l'organisme se répand en cercles qui vont
s'élargissant. Si la sainteté dans la
race humaine doit être vraie, réelle,
aussi libre qu'est celle de Dieu, elle doit
être le résultat d'un
développement que celui qui la cherche
s'approprie. Ainsi, les premiers-nés sont
sanctifiés, puis les sacrificateurs à
leur place, comme types de ce que tout le peuple
doit être en tant que premier-né de
Dieu parmi les nations, son plus précieux
joyau, « une nation sainte ».
Cette idée de propriété dans
sa relation à la rédemption et
à la sanctification ressort avec une
clarté particulière lorsque Dieu
parle de l'échange des sacrificateurs
prenant la place des premiers-nés.
(Nomb. III, 11-13). « Voici
j'ai pris les Lévites du milieu des enfants
d'Israël à la place de tous les
premiers-nés, des premiers-nés des
enfants d'Israël. Car ils me sont
entièrement donnés du milieu
les enfants d'Israël
(Nomb. VIII, 16) ; je les ai
pris pour moi à la place des
premiers-nés, de tous les
premiers-nés des enfants
d'Israël... ; le jour où j'ai
frappé tous les premiers-nés dans le
pays d'Égypte, je me les suis
consacrés ».
(Vers. 17).
Essayons maintenant de saisir la relation qui
existe entre la rédemption et la
sainteté. En Éden, nous avons vu ce
qu'était la sanctification, par
l'Éternel, du septième jour : il
en prit possession, il le bénit, il s'y
reposa. Et nous avons vu que là où
Dieu entre et s'y repose, là aussi est la
sainteté. Plus l'objet dans lequel il entre
est digne de lui, plus la sainteté qu'il y
apporte est complète. Le septième
jour fut sanctifié comme un temps mis
à part pour la sanctification de l'homme. Au
premier pas que Dieu fit faire à l'homme
pour le conduire à la sainteté,
— le commandement de ne pas manger de l'arbre
de la connaissance du bien et du mal, —
l'homme tomba. Dieu ne renonça pas à
son dessein, mais il allait prendre pour
l'accomplir un chemin plus long et
différent. Après vingt-cinq
siècles d'une préparation lente mais
nécessaire, il se révèle
maintenant comme le Rédempteur. Il livre
à l'oppression et à l'esclavage un
peuple qu'il s'était choisi et formé
pour lui-même, afin que leurs coeurs, soient
préparés par là à
désirer ardemment la délivrance et
à faire bon accueil au Libérateur.
Par une série de miracles puissants, il se
montre à eux comme le Conquérant, le
Vainqueur de leurs ennemis ; puis, par le sang
de l'agneau pascal sur les linteaux de leurs
portes, il leur enseigne ce qu'est la
rédemption, non seulement la
rédemption d'un injuste despote terrestre,
mais du juste jugement que leurs
péchés avaient mérité.
La pâque doit être pour eux la
transition qui, des choses visibles et temporelles,
les élèvera aux choses invisibles et
spirituelles ; elle leur
révélera Dieu non seulement comme le
Puissant, mais comme le Saint ; en les
affranchissant non seulement de la maison de
servitude, mais encore de l'ange destructeur.
Puis les ayant ainsi rachetés, il leur
déclare maintenant qu'ils sont siens.
Pendant leur séjour au pied du Sinaï et
dans le désert, la pensée qu'ils sont
maintenant le peuple de l'Éternel, peuple
qu'il s'est acquis par la puissance de son bras et
afin de le sanctifier pour lui-même comme il
est saint, est sans cesse rappelée à
Israël. Le but de la rédemption est la
possession, et le but de cette possession est la
ressemblance à Celui qui est en même
temps Rédempteur et divin
Propriétaire ; ressemblance,
c'est-à-dire sainteté. Nous devons
bien nous rendre compte que la rédemption et
la sainteté sont inséparables. Elles
ne peuvent exister l'une sans l'autre. Seule la
rédemption conduit à la
sainteté. Si je poursuis la
sainteté, je dois m'en tenir à cette
expérience claire et complète, c'est
que je suis un racheté, et que, comme tel,
je suis la propriété même de
Dieu. On regarde trop souvent le côté
purement négatif de la rédemption,
c'est-à-dire la délivrance de
l'esclavage, tandis que la gloire de la
rédemption gît bien plus encore dans
l'élément positif, savoir : que
nous avons été rachetés pour
que nous fussions la propriété
même du Rédempteur. La pleine
possession d'une maison implique l'occupation de
cette demeure ; si je possède une
maison sans l'occuper, elle peut devenir la demeure
de tout ce qui est impur et mauvais. Dieu m'a
racheté et m'a fait sa
propriété afin de prendre
complètement possession de moi. Il dit de
mon âme : « Elle
m'appartient », et il veut que son droit
de propriété soit reconnu et rendu
parfaitement évident. Le lieu où Dieu
a pu entrer et dont il a pu prendre entière
et complète possession devient par là
même la demeure de la parfaite
sainteté
(1). C'est la
rédemption qui donne à Dieu ses
droits et son pouvoir sur moi ; c'est la
rédemption qui m'affranchit pour que Dieu
puisse posséder et bénir ; c'est
la rédemption vécue,
réalisée, et remplissant mon
âme qui me donnera l'assurance et qui me fera
faire l'expérience que toute sa puissance
veut opérer, agir en moi. En Dieu, la
rédemption et la sanctification sont une
seule et même chose ; plus la
rédemption prend possession de mon âme
comme une divine réalité, plus je me
sais intimement lié au Dieu
rédempteur, le Saint.
Et c'est précisément la
sainteté, la sainteté seule qui donne
l'assurance et la jouissance de la
rédemption. Si j'essaie
d'apprécier la rédemption à
moins que cela, je pourrai être
déçu. Si je manque de vigilance et
que je devienne négligent, je devrai
trembler à la seule pensée de me
reposer sur une rédemption qui n'aurait pas
pour objet la sainteté. Dieu dit à
Israël : « Je vous ai fait
monter du pays d'Égypte pour être
votre Dieu ; c'est pourquoi vous vous
sanctifierez et vous serez saints, car je suis
saint ».
(Lév. XI, 44, 45). C'est Dieu,
le Rédempteur, qui nous a faits siens, et
qui nous appelle à être saints ;
que la sainteté soit donc aussi pour nous la
partie la plus essentielle, la plus
précieuse de la rédemption :
l'abandon de nous-mêmes à Celui qui
nous a pris pour que nous fussions à lui, et
qui a entrepris de nous faire siens
entièrement.
Une seconde leçon qui nous est donnée
ici, c'est la relation qui existe entre l'oeuvre de
Dieu et celle de l'homme dans le travail de la
sanctification. Dieu dit à Moïse :
« Sanctifiez-moi tous les
premiers-nés ». Et plus
loin : « Je me suis consacré
tous les premiers-nés en
Israël ». Ce que Dieu dit, il le
fait de manière à ce que cela se
fasse par nous, et que nous nous l'appropriions.
Quand il nous dit que nous sommes rendus saints en
Christ Jésus, que nous sommes ses saints, il
ne parle pas seulement du but qu'il a en vue, mais
de ce qu'il a fait en réalité. Nous
avons été sanctifiés par une
seule offrande en Christ, et par une nouvelle
création en lui. Mais cette oeuvre a un
côté humain. L'appel à
être saints, à poursuivre la
sainteté, la parfaite sainteté nous a
été adressé. Dieu nous a fait
siens, et nous permet de dire que nous lui
appartenons, mais il attend maintenant de nous que
nous lui cédions une place toujours plus
grande, que nous lui laissions une entrée
toujours plus libre et plus complète dans
les lieux les plus intimes et les plus secrets de
notre être intérieur afin qu'il les
remplisse de sa plénitude. La
sainteté n'est pas une chose que nous
apportions à Dieu ou que nous fassions pour
lui. La sainteté est ce qu'il existe de Dieu
en nous. Dieu nous a faits siens dans la
rédemption afin que nous puissions Le faire
nôtre dans la sanctification. Et notre
oeuvre, à nous, en devenant saints, c'est de
lui apporter notre vie entière, sans aucune
réserve, et de la placer sous
l'assujettissement de la règle de ce Dieu
saint, mettant chacun de nos membres et chacune de
nos capacités sur son autel.
Et ceci nous donne la réponse à la
question de savoir quels rapports existent entre ce
qu'il peut y avoir de soudain et ce qu'il peut y
avoir de graduel dans la sanctification :
entre le fait que cette sanctification peut
être une fois pour toutes complète, et
qu'elle est cependant imparfaite et demande
à être achevée. Ce que Dieu
sanctifie est saint, d'une sainteté divine
et parfaite en tant que don de Dieu ; l'homme
doit se sanctifier en reconnaissant, en maintenant,
en développant cette sainteté,
relativement à ce que Dieu a
sanctifié.
Dieu a sanctifié le sabbat ; l'homme
doit le sanctifier, c'est-à-dire le garder
comme un jour saint. Dieu sanctifia les
premiers-nés comme étant sa
propriété ; Israël devait
les sanctifier, les traiter et les donner à
Dieu comme saints. Dieu est saint ; nous
devons le sanctifier en le reconnaissant comme le
Saint, en adorant, en honorant cette
sainteté. Dieu a sanctifié son saint
nom ; son nom est saint, nous sanctifions ce
nom ou nous l'honorons quand nous le craignons,
quand nous nous y confions et que nous l'employons
comme une révélation de sa
sainteté. Dieu a sanctifié Christ, et
Christ s'est sanctifié lui-même,
manifestant ainsi, par une volonté et une
action personnelles, une parfaite conformité
à la sainteté dont Dieu l'avait
sanctifié. Dieu nous a sanctifiés en
Jésus-Christ ; nous devons être
saints en nous livrant nous-mêmes à la
puissance de cette sainteté, en la
pratiquant, en la manifestant dans toute notre
marche et dans toute notre vie. Pour employer une
expression fort usitée de nos jours :
le don divin objectif (de la sainteté), qui
nous a été accordé une fois
pour toutes, nous devons nous l'approprier comme
une propriété subjective ; nous
devons nous purifier nous-mêmes, achever
notre sanctification. Rachetés en vue de la
sainteté, nous devons, de même que ces
deux pensées n'en font qu'une dans le plan
et l'oeuvre de Dieu pour nous, n'en faire qu'une
seule pensée dans notre coeur et dans notre
vie.
Quand Esaïe annonça la seconde, la
vraie rédemption, il lui fut donné
plus clairement et plus complètement
qu'à Moïse de révéler le
nom de Dieu comme Celui qui est « le
Rédempteur, le Saint
d'Israël ».
(Esaïe XLVII, 4). Plus nous
étudierons ce nom et le sanctifierons, et
adorerons Dieu sous ce nom-là, plus ces deux
mots nous paraîtront
inséparables ; et nous verrons alors,
comment, de même que le Rédempteur est
le Saint, de même les rachetés sont
aussi des saints. Esaïe dit en parlant d'un
« chemin frayé » qu'on
appellera la « voie
sainte » : « Les
rachetés seuls y marcheront ». La
rédemption, qui vient de la sainteté
de Dieu, doit aussi y conduire. Nous comprendrons
qu'être rachetés en Christ, c'est
être saints, en Christ, et l'appel du Dieu
qui nous a rachetés acquerra une nouvelle
signification : Je suis saint, soyez
saints.
O Seigneur Dieu, le Saint
d'Israël et son Rédempteur ! je
t'adore dans une profonde humilité. Je
confesse avec confusion que je t'ai longtemps
cherché davantage comme le Rédempteur
que comme le Saint. J'ignorais que ce fût en
tant que Saint que tu nous as rachetés, que
la rédemption fût le résultat
et le fruit de ta sainteté, que la
participation à ta sainteté fût
son but suprême et sa plus grande
beauté. Je ne pensais qu'à être
racheté de la servitude et de la mort, comme
Israël ; et je ne comprenais pas que,
sans, communion avec toi et sans conformité
à ta vie, la rédemption perdrait
toute sa valeur. Dieu très saint ! je
te loue pour la patience avec laquelle tu as
supporté l'égoïsme et la lenteur
à comprendre de tes rachetés. Je te
bénis et je te loue pour l'enseignement de
l'Esprit de ta sainteté, enseignement qui
conduit tes saints, et moi avec eux, à voir
comment c'est ta sainteté, et l'invitation
à en devenir participants, qui donne
à la rédemption sa juste
valeur ; et comment c'est pour toi, le Saint,
et afin que nous fussions tiens,
possédés et sanctifiés par
toi, que nous avons été
rachetés. Je te bénis de ce que tu
m'accordes la grâce de croire que tu veux
accomplir en moi, qui suis saint en Christ
tes glorieuses promesses, selon la grandeur de
ta puissance. Amen.
1° « La rédemption par son
sang ». Nous rencontrons le sang sur le
seuil du chemin qui conduit à la
sainteté. Ce n'est que lorsque nous
connaissons la sainteté de Dieu comme un
feu, et que nous courbons la tête devant le
jugement qu'elle prononce, que nous pouvons
apprécier la valeur du sang, ou la
réalité de la rédemption.
Aussi longtemps que nous ne pensons à
l'amour de Dieu que comme bonté, nous
pouvons faire efforts pour être
bons ; la foi en Dieu éveillera
en nous le besoin, puis la joie d'être
saints en Christ.
2° Avez-vous compris le droit de
propriété que Dieu a sur ceux qu'il a
rachetés ? Laissez à Dieu
l'entière possession, la complète
disposition de tout votre être. La
sainteté vient de lui ; notre
sainteté, à nous, c'est de le laisser
lui, le Saint, être tout en nous.
|