Saints en Christ
ONZIÈME JOUR
Le Saint d'Israël
Car je suis
l'Éternel, votre Dieu, qui vous ai fait
monter du pays d'Égypte pour être
votre Dieu.
(Lév. XI, 45.)
Le prêtre sera
saint
pour toi.
car je suis saint,
moi
l'Éternel qui vous sanctifie.
(Lév. XXI, 8.)
Je suis l'Éternel, ton
Dieu, le Saint
d'Israël, ton
Sauveur. — Ainsi parle l'Éternel, votre
Rédempteur, le Saint d'Israël
— Je suis
l'Éternel, votre Saint, le Créateur d'Israël,
votre Roi.
(Esaïe XLIII, 3,
14,15.)
Dans le livre de l'Exode nous avons vu Dieu
faisant provision de sainteté pour son
peuple. Dans les jours saints, les lieux saints,
les personnes saintes, les choses saintes et les
services saints, il enseignait à son peuple
que tout ce qui l'entoure, lui, le Saint, que tout
ce qui veut s'approcher de lui doit être
saint. Il ne voulait demeurer qu'au milieu de la
sainteté ; son peuple devait être
un peuple saint. Mais il n'est pas fait mention
là de Dieu lui-même comme Saint. Dans
le livre du Lévitique nous faisons un pas de
plus (1). D'abord
nous voyons Dieu parler de sa propre
sainteté, et faire de cette sainteté
une justification de la sainteté
réclamée par lui de son peuple, en
même temps que la garantie et la puissance de
ce peuple. Sans cela la révélation de
la sainteté serait incomplète, et
l'appel à la sainteté impuissant. La
vraie sainteté viendra à nous quand
nous apprendrons que Dieu lui-même seul est
saint. C'est lui, le Saint, qui seul
sanctifie ; c'est lorsque nous venons à
lui et que nous sommes liés à lui par
l'amour et l'obéissance que sa
sainteté nous est communiquée.
Du Pentateuque au livre d'Esaïe, le
prophète, il est rarement fait mention du
nom de Dieu comme Saint, mais dans le livre de ce
prophète, qu'on a pu appeler le
prophète-évangéliste, nous l'y
trouvons vingt-six fois, et sa vraie signification
est révélée par la
manière avec laquelle ce nom est lié
au nom du Sauveur et Rédempteur. Les
sentiments de joie, de confiance et de louanges
avec lesquels un peuple racheté regarderait
à son Libérateur sont tous
mentionnés en relation avec le nom du Saint.
« Pousse des cris de joie et
d'allégresse, habitant de Sion ! car il
est grand au milieu de toi, le Saint
d'Israël ».
(Esaïe XII, 6). « Les
pauvres feront du Saint d'Israël le sujet de
leur allégresse ».
(Esaïe XXIX, 19). « Tu
te réjouiras en l'Éternel et tu
mettras ta gloire dans le Saint
d'Israël ».
(Esaïe XLI, 16). En Éden
nous avons vu que le Dieu créateur
était aussi le Dieu qui sanctifie,
perfectionnant ainsi l'oeuvre de ses mains.
En Israël nous avons vu que Dieu, le
Rédempteur, était en même temps
le Dieu qui sanctifie le peuple qu'il s'est choisi
pour lui-même. Ici, dans le livre
d'Esaïe, nous voyons que c'est ce Dieu qui
sanctifie, lui, le Saint, qui doit amener la grande
rédemption de la nouvelle Alliance, et cela
en tant qu'il est le Saint, le Rédempteur.
Dieu rachète parce qu'il est saint : la
sainteté sera la rédemption
amenée à sa perfection. La
rédemption et la sainteté se trouvent
dans des relations personnelles avec Dieu. La clef
du secret de la sainteté offerte à
tout croyant se trouve dans cette parole :
« Ainsi parle l'Éternel, votre
Rédempteur, le Saint d'Israël : Je
suis l'Éternel, votre Saint ».
S'approcher du Saint, le reconnaître, le
posséder, et être
possédé par lui, c'est la
sainteté.
Si la sainteté de Dieu est la seule
espérance de notre sainteté, il est
juste que nous cherchions à savoir ce qu'est
cette sainteté. Et remarquons tout d'abord
que, quoique cette sainteté de Dieu nous
soit souvent présentée comme un
attribut divin, il est difficile de la mettre sur
le même pied que les autres attributs. Les
autres attributs ont tous rapport à quelque
caractère spécial de la nature
divine ; la sainteté, au contraire,
semble exprimer ce qui fait l'essence même ou
la perfection de l'Être divin lui-même.
Aucun des attributs ne peut être donné
comme indiquant tout ce qui appartient à
Dieu ; mais l'Écriture parle du saint
nom de Dieu, de son saint jour, de sa sainte
demeure, de sa sainte Parole.
Dans le mot saint nous avons l'expression la
plus juste possible pour exprimer le sommaire de
toutes les perfections divines, la description de
ce qu'est la divinité. Nous parlons des
autres attributs comme de perfections divines, mais
ici, dans la sainteté, nous avons la seule
expression que le langage humain puisse employer
pour la perfection divine elle-même. C'est
pourquoi les théologiens ont une si grande
difficulté à donner une
définition qui exprime assez exactement ce
que ce mot signifie
(2). Le mot
original hébreu, qu'il dérive d'une
racine signifiant séparer, mettre
à part, ou d'une autre signifiant
briller, exprime l'idée d'une chose
distincte des autres, séparée d'elles
par une excellence supérieure. Dieu est
différent et séparé de tout ce
qui a été créé, et il
se tient séparé de tout ce qui n'est
pas Dieu ; en tant que le Saint il maintient
sa gloire et sa perfection divines contre tout ce
qui voudrait y porter atteinte. « II n'y
a point d'autre Saint que
l'Éternel ». — « A
qui me comparerez-vous pour que je lui
ressemble ? » dit le Saint. En tant
que le Saint, Dieu est, en effet,
l'Incomparable ; la sainteté lui
appartient à lui seul ; il n'y a rien
de semblable dans les cieux et sur la terre, sinon
lorsqu'il communique cette sainteté. Par
conséquent, notre sainteté devra
consister, non dans une séparation humaine
dans laquelle nous chercherions à imiter
celle de Dieu, non, mais à entrer dans ce
qui constitue sa séparation, lui appartenir
tout entiers, être mis à part par lui
et pour lui.
À cette dernière idée est
rattachée intimement l'idée de
l'exaltation. « Ainsi parle le
Très-Haut, dont la demeure est
éternelle et dont le nom est
saint ».
(Esaïe LVII, 15). C'était
le Saint que le prophète vit sur un
trône très élevé,
l'objet de l'adoration des séraphins.
(Esaïe VI). Dans
le Psaume XCIX il est
spécialement parlé de la
sainteté de Dieu en relation avec son
exaltation : « Exaltez
l'Éternel, notre Dieu, et prosternez-vous
devant son marchepied ! Il est
saint ! » — « Il est
élevé au-dessus de tous les
peuples ». Pour cette raison aussi sa
sainteté est souvent mise en rapport avec sa
gloire et sa majesté. (Voir le
sixième jour). Et ici nous verrons que notre
sainteté n'est que cette pauvreté
d'esprit, cette humilité qui nous viennent
lorsque la fierté de l'homme est
humiliée, et que le Seigneur seul est
exalté.
Et maintenant si nous demandons d'une
manière plus précise en quoi consiste
cette séparation et cette exaltation, nous
en venons à penser à la pureté
divine, et cela non seulement sous son aspect
négatif, comme haine, horreur du
péché, mais avec
l'élément plus positif de la
beauté parfaite. Parce que nous sommes
pécheurs et que la révélation
de la sainteté de Dieu nous est faite dans
un monde de péché, il est juste et
convenable que la première impression, que
l'impression qui demeure, soit celle d'une
pureté infinie, qui ne peut soutenir la vue
du péché, et en la présence de
laquelle le pécheur doit se cacher la face
et trembler. La justice de Dieu, défendant,
condamnant, punissant le péché, a ses
racines dans sa sainteté, elle est l'un de
ses deux éléments : la puissance
dévorante et destructive du feu consumant.
« Le Dieu saint sera sanctifié par
la justice »
(Esaïe V, 16) ; la
sainteté du Dieu saint est
révélée et maintenue par la
justice. La lumière ne révèle
pas seulement ce qui est impur, afin qu'il soit
purifié, mais elle est encore en
elle-même d'une beauté infinie. Aussi
quelques-uns des hommes les plus saints que
l'Église ait connus n'ont-ils pas
hésité de parler de la
sainteté de Dieu comme de la beauté
infinie de l'Être divin, la parfaite
pureté et la beauté de cette
lumière inaccessible dans laquelle Dieu
habite. Et si la sainteté de Dieu doit
devenir nôtre, doit demeurer sur nous, entrer
en nous, il doit y avoir sans cesse dans notre
âme la crainte salutaire qui fait trembler
à la pensée de contrister par nos
péchés l'infinie sensibilité
du Dieu saint ; et, en même temps, en
parfaite harmonie avec ce saint tremblement, le
désir ardent, profond, de contempler la
beauté de l'Éternel, une vive
admiration de sa gloire divine et un don joyeux et
complet de soi-même à Dieu.
Mais nous devons faire un pas de plus. Quand Dieu
dit : « Je suis saint ; je suis
l'Éternel qui vous
sanctifie », nous voyons qu'un des
principaux éléments de sa
sainteté est celui-ci, c'est qu'elle cherche
à se communiquer, à rendre les hommes
participants de sa propre perfection et des
bénédictions qu'elle apporte ;
ce qui n'est pas autre chose que l'amour. Dans la
merveilleuse révélation qui, dans le
livre d'Esaïe, nous enseigne ce qu'est le
Saint pour son peuple, nous devons prendre garde de
tordre la précieuse parole. Il n'y
est pas dit, en effet, que quoique Dieu soit
le Saint, qu'il haïsse le péché,
et qu'il doive le punir et le détruire,
néanmoins il veut nous sauver. Nullement.
Mais nous y voyons, au contraire, que parce
qu'il est le Saint,
précisément à cause
qu'il est le Saint, dont la joie et les
délices sont de sanctifier, il veut
être le Libérateur de son peuple.
C'est à rechercher la sainteté,
à la contempler, à mettre en elle
notre confiance et à nous en réjouir
que nous sommes invités pardessus toute
autre chose. Le Dieu saint est le Dieu qui
sanctifie ; il nous rachète et nous
sauve afin de gagner notre confiance, afin de nous
attirer à lui, comme à Celui qui est
saint, et afin que par un attachement personnel
à lui-même nous puissions apprendre
à obéir, à devenir un
même esprit avec lui, à être
saints comme il est saint.
La sainteté divine est donc cette perfection
infinie de la divinité, dans laquelle la
justice et l'amour sont en parfaite harmonie,
harmonie d'ailleurs dont elle procède et
qu'elles révèlent l'une et l'autre.
C'est cette énergie de la vie divine dans la
puissance de laquelle Dieu reste non seulement
éloigné de toute faiblesse et de tout
péché de la créature, mais
encore par laquelle il cherche incessamment
à élever la créature à
une union avec lui et à une pleine
participation de sa propre pureté et de sa
perfection. La gloire de Dieu, comme Dieu, comme le
Dieu de la rédemption, c'est sa
sainteté. C'est en cela que, même
au-dessus de tout ce que nous pouvons concevoir, la
séparation et l'exaltation de Dieu consiste
réellement. « Dieu est
lumière » ; par sa
pureté infinie il révèle
toutes ténèbres et n'a cependant
aucune communion avec les ténèbres.
Il les juge et les condamne ; il en
délivre le pécheur et
l'élève jusqu’à la
communion de sa propre pureté et de sa
félicité. Voilà le Saint
d'Israël.
C'est ce Dieu-là qui nous parle et nous
dit ; « Je suis l'Éternel,
votre Dieu, je suis saint, je
sanctifie ». C'est dans la contemplation
pleine d'adoration de sa sainteté, dans un
abandon plein de confiance à cette
sainteté, dans une communion d'amour avec
lui, le Saint, que nous pouvons être rendus
saints. Mon frère, veux-tu être
saint ? Écoute, et, dans le silence et
le recueillement d'une âme qui a foi en Dieu,
laisse descendre dans ton âme les paroles
qu'il t'adresse, lui, ton Saint, « le
Saint d'Israël ». Viens à
lui, et réclame-le comme ton Dieu, et
demande de lui tout ce que, comme Dieu saint, qui
sanctifie, il peut faire pour toi. Souviens-toi que
la sainteté c'est lui-même. Viens
à lui ; adore-le ; donne-lui
gloire. Ne cherche pas, ou, plutôt, ne
lui demande pas une sainteté qui
puisse se trouver en toi-même ; que ton
moi soit dans la poussière ; et
sois heureux que la sainteté vienne de lui
uniquement. Selon que sa présence remplira
ton coeur, que sa sainteté et sa gloire
seront ton unique désir, que sa sainte
volonté et son amour feront tes
délices, enfin, selon que le Dieu saint sera
tout en toi, tout pour toi, dans cette mesure tu
seras saint de la sainteté qu'il aime
à voir chez les siens. Et selon que
jusqu'à la fin tu ne verras rien à
admirer en toi, et qu'en lui tu ne verras que
beauté, dans cette mesure encore tu
comprendras qu'il t'a revêtu de sa gloire, et
tu trouveras ta sainteté dans cet hymne du
peuple de Dieu : « Il n'y a point
d'autre saint que toi, ô
Éternel ! » « Soyez
saints, car je suis saint ».
O Dieu ! nous avons entendu
encore une fois la merveilleuse
révélation que tu nous as faite de
Toi : « Je suis
saint ». Et comme nous avons senti
combien ta sainteté est infiniment
exaltée au-dessus de toutes nos
pensées, nous avons entendu ton appel plus
merveilleux encore : « Soyez
saints, car je suis saint ». Et alors
que nous ne savions comment arriver à
comprendre de quelle manière nous devions
devenir saints comme toi-même es saint, nous
avons entendu ta voix nous dire encore cette parole
admirable : « Je vous
sanctifie. Je suis votre Saint ».
Amen.
1° Ce Saint, c'est Dieu, le Tout-Puissant.
Avant de se révéler à
Israël comme le Saint, il s'était fait
connaître à Abraham comme le
Tout-Puissant, qui ressuscite les morts.
(Héb. XI, 19). Dans toute votre conduite
avec Dieu, en vue de la sainteté,
souvenez-vous qu'il est le Tout-Puissant, qui peut
faire en vous des merveilles. Dites souvent :
« Gloire à Celui qui peut, par la
puissance qu'il déploie en nous, faire
infiniment au delà de tout ce que nous
demandons et pensons ! »
2° Ce Saint est le Dieu juste, un feu
consumant. Jetez-vous vous-mêmes dans ce feu,
afin que tout ce qu'il y a en vous de criminel, de
coupable soit détruit. Lorsque vous vous
placez sur l'autel, attendez-vous à ce que
le feu y descende. Et « livrez, consacrez
vos membres à Dieu comme des instruments de
justice ».
3° Ce Saint est le Dieu d'amour. Il est votre
Père ; livrez-vous à lui, afin
que le Saint-Esprit crie en vous ;
« Abba ! » (Père)
en d'autres termes, afin de le laisser y
répandre abondamment l'amour du Père.
La sainteté de Dieu, c'est son amour
paternel ; notre sainteté, c'est notre
ressemblance comme enfants du Père. Soyez
simples, aimants, confiants.
4° Ce Saint, c'est Dieu. Qu'il soit bien
réellement Dieu pour vous ! Qu'il
gouverne tout, remplisse tout, fasse toute l'oeuvre
en vous. Adorez-le ; approchez-vous de
lui ; vivez avec lui, en lui et pour lui. Il
veut être, lui, votre sainteté.
|