Saints en Christ
DOUZIÈME JOUR
Le Dieu trois fois saint
Je vis le
Seigneur assis sur un trône très
élevé. Des séraphins se
tenaient au-dessus de lui. Ils criaient l'un
à l'autre et disaient : Saint, saint, saint est l'Éternel des
armées ! Toute la terre est pleine de
sa gloire.
(Esaïe VI, 3.)
Ils ne cessaient de dire jour
et nuit : Saint ! saint ! saint
est le Seigneur
Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est,
et qui vient !
(Apoc. IV, 8.)
Ce n'est pas seulement sur la terre, mais aussi
dans le ciel que la sainteté de Dieu est son
principal et son plus glorieux attribut. Ce
n’est pas seulement sur la terre, mais aussi
dans le ciel que les élans de l'inspiration
et de l'adoration la plus élevée font
mention de sa sainteté. Les plus glorieux
des êtres vivants, ceux qui sont sans cesse
devant le trône de Dieu, mettent leur gloire
à adorer et à proclamer la
sainteté de Dieu. Il ne peut
assurément y avoir pour nous un honneur plus
grand que celui d'étudier, de
connaître et de proclamer hautement la gloire
du Dieu trois fois saint.
Après Moïse, nous le savons, Esaïe
a été le principal messager de la
sainteté de Dieu. L'un et l'autre, pour la
tâche qui leur incombait de faire
connaître le Dieu saint, avaient eu une
préparation spéciale. Moïse
avait vu le Saint dans le feu du buisson, et il
cacha sa face et craignit de regarder Dieu ;
il fut ainsi préparé à
être son messager et à le louer comme
le Dieu « magnifique en
sainteté ». Esaïe, lorsqu'il
entendit le cantique des séraphins et vit le
feu sur l'autel, et la maison qui se remplissait de
fumée, s'écria :
« Malheur à moi ! »
Ce ne fut que lorsque, dans le sentiment du besoin
qu'il avait d'être purifié, il eut
reçu l'attouchement du feu et en même
temps la purification de ses péchés,
qu'il se sentit capable de porter à
Israël l'Évangile du Saint comme son
Rédempteur. Que ce soit aussi avec un esprit
de crainte et d'humble adoration que nous
écoutions le cantique des séraphins,
et que nous cherchions à connaître le
Dieu trois fois saint ! Et que ce soit aussi
pour nous par le feu purificateur que nos
lèvres soient rendues capables de raconter
au peuple de Dieu que son Dieu est le Saint
d'Israël, leur Rédempteur !
La triple répétition du mot saint, a,
à travers tous les siècles de
l'histoire de l'Église chrétienne,
été mise en relation avec la sainte
trinité. Le cantique des quatre êtres
vivants devant le trône de Dieu rend
évidente la vérité de cette
pensée.
(Apoc. IV, 8). Car nous le trouvons
là suivi de l'adoration de « Celui
qui était, qui est et qui vient, le
Tout-Puissant » ; la source
éternelle, la manifestation actuelle dans le
Fils, et l'achèvement futur de la
révélation de Dieu par l'oeuvre de
l'Esprit dans son Église. Cette
vérité, la sainte trinité, est
souvent considérée comme une doctrine
abstraite, n'ayant que peu de portée pour la
vie pratique. Bien loin que ce soit le cas, une foi
vivante doit trouver là une de ses racines
les plus puissantes ; car une vue spirituelle
des relations et de l'oeuvre de chacune des
personnes de la trinité, et de la
réalité de leur unité vivante
est un élément essentiel d'une vraie
croissance dans la connaissance et l'intelligence
des choses spirituelles
(1).
Considérons ici la trinité
spécialement avec la sainteté de
Dieu, et comme la source de notre propre
sainteté. Que signifie que nous adorions le
Dieu trois fois saint ? Dieu n'est pas
seulement saint, mais il est encore Celui qui
sanctifie ; dans la révélation
des trois personnes de la trinité, nous
avons la révélation du moyen par
lequel Dieu nous sanctifie. La trinité nous
enseigne que Dieu s'est révélé
à nous de deux manières. Le Fils est
« la forme de Dieu », sa
manifestation lors qu’il se montre à
l'homme, l'image en laquelle s'est
incorporée sa gloire invisible, et à
laquelle l'homme doit être rendu conforme.
L'Esprit est la puissance de Dieu, agissant
dans l'homme et le conduisant à cette
image.
En Jésus-Christ, Celui qui était en
forme de Dieu a pris la forme d'un homme, et la
sainteté divine a été
littéralement manifestée sous la
forme d'une vie humaine et des membres d'un corps
humain. Une nature humaine nouvelle et sainte a
été formée en Christ afin de
nous être communiquée. Dans sa mort,
sa propre sainteté a été
rendue parfaite par une obéissance humaine,
et ainsi la puissance du péché a
été conquise, brisée. Par
conséquent, dans la résurrection, et
par l'Esprit de sainteté, Jésus fut
déclaré Fils de Dieu, avec le pouvoir
de nous communiquer sa vie. Là, l'Esprit de
sainteté fut débarrassé des
entraves qui empêchaient son oeuvre, et il
obtint le pouvoir d'entrer dans l'homme et d'y
demeurer. Le Saint-Esprit fut répandu comme
le fruit de la résurrection et de
l'ascension. Et l'Esprit est maintenant la
puissance de Dieu en nous, agissant pour nous
élever et pour nous conduire à
Christ, pour reproduire sa vie et sa
sainteté en nous, pour nous rendre capables
de recevoir et de manifester pleinement dans notre
vie Celui qui nous a sauvés. Christ vient
d'en haut comme l'incorporation de la
sainteté invisible de Dieu ; le
Saint-Esprit nous élève de notre
poussière à la rencontre de Christ et
nous rend capables de recevoir et de nous
approprier tout ce qui est en lui.
La trinité que nous adorons est le Dieu
trois fois saint ; le mystère de la
trinité est le mystère de la
sainteté ; la gloire et la puissance de
la trinité sont en même temps la
gloire et la puissance du Dieu qui sanctifie. Il y
a Dieu, qui habite une lumière inaccessible,
un feu consumant d'amour pur et saint, qui
détruit tout ce qui lui résiste, et
élève à sa pureté et
à sa sainteté tout ce qui se soumet
à lui. Il y a le Fils, qui se jette dans ce
feu consumant, soit que ce feu se manifeste dans la
félicité éternelle du ciel,
soit qu'il se manifeste dans l'explosion du
courroux de Dieu sur la terre ; le Fils,
dis-je, s'y jette comme une vivante et volontaire
offrande pour en être l'aliment, comme aussi
pour être la révélation du
pouvoir qu'il a de détruire et de sauver.
Enfin, il y a l'Esprit de sainteté, feu
puissant, dont les flammes s'étendent de
tous côtés, convainquant de
péché, jugeant comme Esprit de feu et
transformant pour lui donner son propre
éclat et sa propre sainteté
tout ce qu'il peut atteindre. Toutes les relations
qui existent entre ces trois personnes divines, et
qui existent entre elles et nous, ont leur source
et leur signification dans la
révélation de Dieu comme le Saint.
Dans la mesure où nous le connaissons et
où nous avons part à sa vie, dans,
cette mesure nous connaîtrons sa
sainteté et y participerons. Et comment le
connaîtrons-nous ? Apprenons à
connaître la sainteté de Dieu comme le
font les séraphins : en adorant le Dieu
trois fois saint. Couvrons-nous la face et
joignons-nous sans cesse au cantique
d'adoration : « Saint !
saint ! saint est l'Éternel des
armées ! » Que chaque fois
que nous méditons la Parole, chaque
prière que nous adressons au Dieu saint,
chaque acte de foi en Christ, le Saint et le Juste,
que tout service que nous faisons dans une humble
dépendance du Saint-Esprit soit accompli
dans l'esprit d'adoration de ce cantique :
« Saint ! saint ! saint
est l'Éternel notre
Dieu ! »
Apprenons à connaître la
sainteté de Dieu comme Esaïe l'a fait,
lui qui était un des messagers choisis de
Dieu pour révéler et pour
interpréter à son peuple le nom du
Saint d'Israël. La préparation du
prophète comme tel avait eu lieu dans une
vision qui le fit pousser le cri :
« Malheur à moi ! Car mes
yeux ont vu le Roi, l'Éternel des
armées ! » Prosternons-nous
dans le silence devant le Saint, jusqu'à ce
que notre beauté même soit
changée en corruption. Puis, croyons au feu
purificateur de l'autel, à la vertu de
l'attouchement du charbon ardent pris sur l'autel,
charbon qui non seulement consume, mais purifie les
lèvres et le coeur, et leur fait tenir ce
langage : « Me voici,
envoie-moi ».
(Esaïe VI, 8). Oui, adorons,
soit comme les séraphins, soit comme le
prophète, qui était tout
tremblant ; adorons jusqu'à ce que nous
sachions que notre service aussi est accepté
pour publier hautement la louange du Dieu trois
fois saint.
Saint ! saint ! saint ! Si nous
devons être, en effet, les messagers du Dieu
saint, cherchons à comprendre toute la
signification de ce triple cri d'adoration :
Saint ! le Père, Dieu au-dessus
de nous, haut élevé, qu'aucun homme
n'a vu ni ne peut voir, dont la sainteté est
inaccessible, mais qui, dans sa sainteté,
s'approche de nous pour nous sanctifier. Saint,
le Fils, Dieu avec nous,
révélant dans une vie humaine la
sainteté divine, la conservant au milieu de
ses souffrances et de sa mort pour nous, et
préparant pour son peuple une nature et une
vie saintes. Saint, l'Esprit, Dieu en
nous, la puissance de la sainteté en
nous, nous faisant atteindre et embrasser la
stature de Christ, et transformant notre vie
intérieure par une union et une communion
avec Celui par qui et en qui nous sommes saints.
Saint ! saint ! saint ! tout est
sainteté. Ce n'est que sainteté,
parfaite sainteté. Voici ce qu'est la
sainteté cachée et
inaccessible ; une sainteté
manifestée et maintenue dans une vie
humaine ; une sainteté
communiquée et faite nôtre. Le
mystère de la sainte trinité est le
mystère de la vie chrétienne, le
mystère de la sainteté. Les Trois
sont un ; et nous devons nous
pénétrer toujours plus
profondément de cette vérité,
c'est qu'aucune des trois personnes de la
trinité ne travaille jamais
séparément ou d'une manière
indépendante l'une de l'autre. Le Fils
révèle le Père, et le
Père révèle le Fils. Le
Père ne se donne pas lui-même, mais
l'Esprit ; l'Esprit ne parle pas de
lui-même, mais il crie en nous :
« Abba ! » (Père).
Le Fils est notre sanctification, notre vie, notre
tout ; « toute plénitude
habite corporellement en lui ». Et
cependant nous devons sans cesse nous prosterner
aux pieds du Père pour qu'il
révèle en nous son Fils, pour qu'il
établisse Christ dans notre âme. Et le
Père n'établit point Christ en nous
sans l'Esprit ; nous devons donc demander
d'être puissamment fortifiés par
l'Esprit, afin que Christ habite en nous. Christ
donne l'Esprit à ceux qui croient en lui,
qui l'aiment et qui lui obéissent ; et
l'Esprit, à son tour, donne Christ, le forme
en nous et l'y fait habiter. Et ainsi dans chaque
acte d'adoration, à chaque pas dans la
croissance, dans chaque expérience
bénie que nous faisons de la grâce de
Dieu, les trois personnes de la divinité
sont activement engagées : le Dieu un
étant toujours trois, les trois toujours
un.
Enfants de Dieu, appelés à être
saints comme lui aussi est saint, oh !
prosternons-nous et adorons en sa sainte
présence ! Venez et couvrez-vous la
face ; détournez vos yeux et vos
esprits de la contemplation de choses qui
surpassent toute intelligence, et que votre
âme se recueille dans ce silence intime dans
lequel le culte du sanctuaire céleste peut
seul avoir lieu. Venez, et comme les
séraphins couvrez-vous les pieds ;
tenez-vous pour un peu de temps à
l'écart du bruit de votre activité et
de votre vie pressée, que ce bruit soit un
bruit mondain ou même un bruit religieux, et
apprenez à adorer. Venez, et quand vous vous
prosternerez dans l'humiliation qui vous convient,
la gloire du Saint brillera sur vous. Et lorsque
vous entendrez, que vous saisirez et chanterez le
cantique : Saint ! saint !
saint ! vous comprendrez comment dans
cette connaissance et ce culte du Dieu trois fois
saint se trouve la puissance qui peut vous rendre
saints.
« Soyez saints, car je suis
saint ».
Saint, saint, saint, Seigneur
Dieu tout-puissant, qui étais, qui es et qui
viens, je t'adore comme le Dieu trois fois saint.
Me couvrant la face et les pieds, je voudrais me
prosterner devant toi dans une profonde
humilité et dans le silence jusqu'à
ce que ta miséricorde me relève, et
m'élève comme sur des ailes d'aigle
pour contempler ta gloire.
Dieu des miséricordes qui m'as
appelé à être saint comme tu es
saint, oh ! révèle-moi quelque
chose de ta sainteté ! Lorsqu'elle
brille dans mon âme et fait mourir en moi ce
qui est charnel et terrestre, fais que
même les souillures les plus involontaires du
péché disparaissent de mon coeur, et
que les mouvements les plus imperceptibles de la
chair me deviennent intolérables.
Lorsqu'elle brille d'une divine lumière et
ravive en moi l'espérance d'être fait
participant de ta sainteté, fais grandir
dans mon âme la confiance, l'assurance que
toi-même tu veux me sanctifier
entièrement, et que tu veux même faire
de moi un messager de ta sainteté.
O Dieu trois fois saint ! je t'adore comme
mon Dieu ! SAINT. toi, LE
PÈRE, qui es saint et qui sanctifies, toi
qui as sanctifié ton propre Fils, et l'as
envoyé dans le monde afin que nous puissions
contempler la gloire de Dieu dans une figure
humaine, la face bénie de
Jésus-Christ ! SAINT, toi,
LE FILS, le Saint de Dieu accomplissant la
volonté du Père, et qui t'es
sanctifié toi-même pour nous, afin de
pouvoir être notre sanctification, notre
sainteté. SAINT, toi, LE
SAINT-ESPRIT ; l'Esprit de sainteté
qui, venant demeurer en nous, nous fait possesseurs
du Fils et de sa sainteté, nous rendant
ainsi participants de la sainteté de Dieu. O
mon Dieu ! je me prosterne devant toi, je te
rends le culte qui t'appartient, je t'adore. Que
l'adoration du ciel dont les accents se font
entendre incessamment soit, même ici-bas,
l'adoration que mon âme te rende sans
cesse ! Que le cantique de ce culte qui t'est
rendu par les séraphins et par tes
rachetés devant ton trône soit, dans
les profondeurs de mon âme, la note dominante
de ma vie : SAINT ! SAINT !
SAINT ! le Seigneur Dieu tout-puissant qui
étais, qui es et qui viens ! Amen.
1° L'idée, la pensée a
toujours besoin de distinguer, de
séparer : la vie seule renferme une
parfaite unité. Plus nous connaîtrons
le Dieu vivant, plus nous réaliserons
combien réellement le Père, le Fils
et le Saint-Esprit sont un. Dans chacun des actes
d'une personne les deux autres personnes sont
présentes. Il ne s'élève pas
une prière à Dieu que la
présence des trois personnes divines ne soit
nécessaire : au nom de Christ,
par l'Esprit, nous parlons au
Père.
2° Saisir ceci par la foi, c'est saisir le
secret de la sainteté. Le Dieu saint
au-dessus de nous, donnant et agissant sans
cesse ; le Saint de Dieu, Jésus-Christ,
le don vivant, qui a pris possession de nous, et en
qui nous sommes ; le Saint-Esprit, Dieu en
nous, par qui le Père agit et le Fils est
révélé ; voilà le
Dieu qui nous dit : « Je suis
saint ; je suis Celui qui
sanctifie ». Dans la parfaite
unité de l'oeuvre des trois personnes
divines se trouve la sainteté.
3° Il n'y a rien qui doive nous étonner
si l'amour du Père et la grâce du Fils
n'accomplissent pas davantage, lorsque la communion
du Saint-Esprit est peu comprise, peu
recherchée ou peu acceptée. Le
Saint-Esprit est le fruit et le couronnement de la
révélation divine, Celui par qui le
Fils et le Père viennent à nous. Si
vous voulez connaître Dieu, si vous voulez
être saint, vous devez être
enseigné et conduit par le Saint-Esprit.
4° Toutes les fois que vous rendez au Dieu
trois fois saint votre culte et que vous l'adorez,
écoutez attentivement si aucune voix ne se
fait entendre : « Qui
enverrai-je ? Qui ira pour
nous ? »
(Esaïe VI, 8). Et faites
entendre cette réponse : « Me
voici, envoie-moi », vous offrant
à être pour ceux qui vous entourent un
messager de la sainteté de Dieu.
5° Quand dans la méditation et
l'adoration vous avez cherché à
recevoir et à exprimer ce que la Parole de
Dieu vous a enseigné, alors vient le moment
pour vous de confesser votre ignorance et de vous
attendre à Dieu pour qu'il se
révèle lui-même à vous.
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