Saints en Christ
VINGT-HUITIÈME JOUR
Le chemin du lieu très saint
Puis donc, mes
frères, que le sang de Christ nous ouvre un libre
accès au lieu très saint,
par la
voie
récente et
vivante que Christ a inaugurée pour nous
à travers le voile, c'est-à-dire
à travers sa chair ; et puisque nous
avons un souverain
sacrificateur à la tête de la maison
de Dieu, approchons-nous de Dieu avec un coeur
sincère, dans la plénitude de la
foi.
(Héb X, 19-22.)
Quand le souverain sacrificateur entrait une
fois l'an dans le second tabernacle, au dedans du
voile, cela signifiait, nous dit
l'épître aux Hébreux,
« que le chemin du lieu très
saint n'avait pas encore été
ouvert ».
(Héb. IX, 8). Quand Christ
mourut, le voile fut déchiré ;
tous ceux qui servaient dans le lieu saint eurent
dès lors un libre accès dans le lieu
très saint, le chemin du lieu très
saint étant ouvert. L'auteur de
l'épître aux Hébreux passant
à l'application pratique de cette
vérité résume ainsi tout
l'enseignement : « Puis donc que le
sang de Christ nous ouvre un libre accès au
lieu très saint,
approchons-nous ». La rédemption
de Christ nous a ouvert le chemin du lieu
très saint et l'acceptation de cette
vérité nous conduit à rien
moins qu'à nous approcher et à
entrer. Les paroles de notre texte nous
suggèrent quatre précieuses
pensées concernant le lieu de
l'accès, le droit de l'accès, le
moyen de l'accès et la puissance que donne
l'accès.
Et d'abord le lieu où nous avons
accès. — Quel est le lieu dont nous
sommes invités à nous
approcher ? Les sacrificateurs en Israël
pouvaient entrer dans le lieu saint, mais ils
étaient toujours exclus du lieu très
saint, de la présence immédiate de
Dieu. Le voile une fois déchiré, le
sanctuaire devint accessible à tous. C'est
là maintenant que les croyants, comme
sacrificature royale, doivent vivre et marcher. Au
dedans du voile, dans le lieu très saint,
ceux en qui Dieu demeure ont leur chez soi, leur
home. Quelques chrétiens pensent que
cette parole
« approchons-nous » est une
invitation à la prière, et que, par
nos actes de culte, nous entrons dans le lieu
très saint. Mais non, quelque grand que soit
ce privilège, Dieu nous a appelés
à quelque chose d'infiniment plus grand
encore. Nous devons nous approcher et demeurer,
vivre notre vie de tous les jours et faire notre
oeuvre dans cette atmosphère du sanctuaire.
C'est la présence de Dieu qui sanctifie le
terrain, la présence immédiate de
Dieu en Christ qui fait de tout lieu un lieu
très saint. Il n'y a pas un instant de la
journée, pas une circonstance où le
croyant ne puisse demeurer à l'ombre du
Tout-Puissant.
En entrant par la foi dans la plénitude de
sa réconciliation avec Dieu tellement que
son union avec Christ est une vivante
réalité, en se livrant au
Saint-Esprit afin qu'il lui révèle la
présence du Dieu saint, le chrétien
habite réellement sans interruption dans le
lieu très saint, toujours plus près
de son Dieu.
Le droit à l’accès.
— Une pensée s'impose à
nous. N'est-ce pas là seulement un
idéal ? Cela peut-il bien devenir une
réalité, une expérience de la
vie journalière pour ceux qui connaissent
leur nature pécheresse ? Grâces
à Dieu, ce n'est point un idéal, mais
un état d'âme auquel tout croyant peut
arriver. C'est une possibilité parce que
notre droit d'accès repose non sur ce que
nous sommes, mais sur le sang de Jésus.
« Puis donc que le sang de Christ nous
ouvre un libre accès au lieu très
saint, approchons-nous ». La Pâque
nous a montré que la rédemption et la
sainteté à laquelle elle aspire
dépendaient de l'aspersion du sang.
L'aspersion du sang était indispensable pour
assurer l'accès auprès de Dieu, soit
dans le parvis, soit dans le lieu saint ou dans le
lieu très saint. Et maintenant que le sang
de Jésus a été répandu,
oh ! avec quelle puissance divine, avec quelle
éternelle efficacité et quelle
intense réalité nous avons
accès dans le lieu très saint. Nous
avons un libre accès par le sang de Christ.
« Les adorateurs, une fois
purifiés, ne sentent plus leur conscience
chargée de péché ».
(Héb. X, 2). Marchant dans la
lumière, le sang de Jésus les purifie
d'une purification incessante.
La conscience de notre indignité ne saurait
mettre obstacle à notre accès
auprès de Dieu, car cette liberté de
nous approcher repose dans la vertu toujours
infaillible, toujours active, toujours vivante du
précieux sang de Jésus. Il est
possible au croyant de demeurer dans le lieu
très saint.
Le moyen de l'accès. — On pense
à tort que ce qui est dit du chemin nouveau
consacré pour nous par le Sauveur ne
signifie autre chose que la liberté que nous
avons par son sang ; ce n'est pas le cas. Ces
paroles disent beaucoup plus :
« Puis donc que le sang de Christ nous
donne un libre accès, approchons-nous par le
chemin, par la voie récente qu'il a ouverte
pour nous ». C'est-à-dire qu'il a
inauguré pour nous un chemin pour que nous y
marchions comme il a marché
lui-même : « une voie
récente et vivante à travers le
voile, à travers sa chair ». Le
chemin dans lequel Jésus a marché
quand il a donné sa vie est le même
que nous devons suivre nous-mêmes. C'est le
chemin de la croix. Et le voile de la chair sainte
de Christ aurait-il été
déchiré afin que le voile de notre
chair pécheresse fût
épargné ? Non, certainement.
À mesure que nous marchons à travers
le voile déchiré de sa chair, nous y
trouvons en même temps et
immédiatement la nécessité que
notre chair soit déchirée et la force
nécessaire pour accomplir ce
déchirement, car suivre Jésus
signifiera toujours être conforme au
Crucifié. C'est en Jésus dont la
chair a été déchirée
que nous marchons. Il n'y a pas de chemin pour
arriver à Dieu sinon celui d'un
déchirement de la chair. Dans l'acceptation
de la vie et de la mort de Christ par la foi comme
force qui agit en nous, et de la puissance du
Saint-Esprit qui nous unit vraiment à
Christ, tous nous suivons Christ lorsqu'il passe
à travers le voile déchiré,
c'est-à-dire sa chair rompue pour nous, et
que nous devenons participants avec lui de sa
crucifixion et de sa mort. Le chemin de la croix
par lequel « j'ai été
crucifié » est le chemin à
travers le voile déchiré. La
destinée de l'homme, la communion avec Dieu
par la puissance du Saint-Esprit, ne peut
être atteinte que par le sacrifice de la
chair.
Et c'est ici que se trouve la solution d'un grand
mystère, pourquoi tant de chrétiens
restent-ils après tout
éloignés sans jamais entrer dans le
lieu très saint ? pourquoi la
sainteté de la présence de Dieu
est-elle si peu visible en eux ? Ils ont cru
qu'en Christ seulement la chair devait être
déchirée et non en eux-mêmes.
Ils ont cru que la liberté qu'ils
avaient dans et par le sang de Christ,
c'était là « la voie
nouvelle et vivante ».
Ils ont ignoré que le chemin d'une vraie et
complète sainteté, le chemin du lieu
très saint, ne saurait être atteint
que par le voile déchiré de la chair,
par la conformité à la mort de
Jésus. Voilà véritablement le
chemin qu'il a inauguré pour nous. Il est,
lui, le « chemin, chemin de renoncement
à soi-même » de sacrifice de
soi-même, de crucifixion. Et il prend avec
lui, dans ce chemin, tous ceux qui désirent
ardemment être saints de sa
sainteté.
La puissance d'accès. —
Quelqu'un redoute-t-il d'entrer dans le lieu
très saint à cause du
déchirement de la chair ou parce qu'il doute
de pouvoir le supporter ? Qu'il écoute
encore un instant, qu'il prête l'oreille
à cette parole : « Puis donc
que nous avons Jésus, le Fils de Dieu, un
grand souverain sacrificateur qui a
pénétré au haut des cieux,
approchons-nous avec assurance du trône de
grâce ». — « Puis
donc que nous avons un souverain sacrificateur
à la tête de la maison de Dieu,
approchons-nous ».
(Héb. X, 21). Non seulement
nous avons le lieu très saint, le sang qui
nous donne la hardiesse et le chemin à
travers le voile déchiré
inauguré pour nous, mais nous avons encore
le grand souverain Sacrificateur à la
tête de la maison de Dieu, le Sauveur vivant
et béni, qui nous invite à nous
approcher, qui nous aide et qui nous souhaite la
bienvenue : Christ est notre Aaron. Sur son
coeur, nos noms sont écrits ; il ne vit
que pour penser à nous et prier pour nous.
Sur son front, nous voyons le nom de Dieu :
Sainteté à l'Éternel !
Car dans sa sainteté, les
péchés de notre service sont
couverts.
En lui nous sommes acceptés,
sanctifiés, Dieu nous reçoit comme
ses saints. Dans la puissance de son amour et de
son Esprit, nous acceptons joyeusement la voie
qu'il a inaugurée pour nous et nous marchons
sur ses saintes traces dans le renoncement et le
sacrifice. Notre chair nous apparaît comme le
voile épais qui nous sépare du Dieu
saint, et dès lors nous demandons avec
ardeur que la crucifixion de la chair devienne en
nous par la puissance du Saint-Esprit une
bienheureuse réalité. Alors la gloire
du sanctuaire nous éclairant à
travers le voile déchiré, et le
précieux sang de Christ proclamant notre
liberté d'accès auprès de
Dieu, le grand souverain Sacrificateur nous invite
à nous approcher pour nous bénir.
Nous n'avons rien à craindre, nous
choisissons le chemin à travers le voile
déchiré comme celui que nous aimons
à parcourir et nous entrons désormais
sans arrière-pensée au dedans du
voile, dans le lieu très saint. Alors notre
vie ici-bas nous sera le garant de la vie à
venir, comme il est écrit (et remarquez que
nous retrouvons ici les quatre grandes
pensées de notre texte) : ce sont ceux
qui viennent de la grande tribulation,
c'est-à-dire au travers du voile
déchiré « Ils ont
lavé leurs robes et les ont blanchies dans
le sang de l'Agneau » ; leur
liberté d'entrée leur venait du sang.
« C'est pour cela qu'ils sont devant le
trône de Dieu », leur demeure dans
le lieu très saint !
« l'Agneau qui est là au milieu du
trône les paîtra », le grand
souverain Sacrificateur, le souverain Pasteur des
âmes, Jésus lui-même, sera leur
tout en tous.
Mon frère, vois-tu maintenant ce qu'est la
sainteté et comment on peut se la
procurer ? Ce n'est point quelque chose de
produit en toi-même. La sainteté,
c'est la présence de Dieu habitant en toi.
Elle t'est donnée lorsque tu habites d'une
manière consciente en la présence de
Dieu, faisant toute ton oeuvre et vivant toute ta
vie en sacrifice vivant acceptable par
Jésus-Christ et sanctifié par le
Saint-Esprit.
Oh ! ne sois plus craintif comme si cette vie
n'était pas pour toi. Regarde à
Jésus. Notre Frère aîné
a charge du temple, ayant reçu du
Père la liberté de nous montrer tout
ce que renferme le sanctuaire et de nous
révéler tous les secrets de la
présence du Père. L'entière
direction du temple a été remise dans
ses mains dans ce but, que les faibles et les
craintifs viennent avec confiance. Confie-toi
seulement en Jésus, en sa conduite et en sa
garde. « Christ t'a été
donné afin que tu saches comment on doit
se conduire dans la maison de
Dieu ».
« Soyez saints, car je suis
saint ».
O Dieu très saint !
comment te bénirai-je pour la liberté
que tu m'as donnée d'entrer dans le lieu
très saint et d'y demeurer ? Comment te
bénir pour le précieux sang qui
m’y a donné un libre
accès ? Comment te bénir pour
cette voie nouvelle et vivante à travers le
voile déchiré de la chair par lequel
aussi ma chair a été
crucifiée ? Comment, ô mon
Dieu ! te bénir pour le grand
Sacrificateur que tu as établi sur ta
maison, notre Sauveur vivant, Jésus-Christ,
avec qui et en qui nous osons paraître devant
toi ? Gloire à ton saint nom pour cette
merveilleuse et complète rédemption.
Je t'en supplie, ô mon Dieu ! donne-moi,
et à tous tes enfants, le sentiment vrai de
la réalité et de la
sûreté avec laquelle nous pouvons
passer notre vie entière au dedans du voile
dans ta présence immédiate.
Donne-nous l'Esprit de révélation, je
t'en prie, afin que nous puissions comprendre
comment, à travers le voile
déchiré, la gloire de ta
présence jaillit du lieu saint dans le lieu
très saint. Comment par l'effusion du
Saint-Esprit le royaume des cieux s'est
répandu sur la terre et comment tous ceux
qui s'abandonnent à cet Esprit peuvent
apprendre qu'en Christ ils sont si près, si
près de toi. O Père saint !
enseigne-nous par ton Esprit que c'est là,
en effet, la vie sainte : une vie en Christ,
vécue en la présence de ta sainte
majesté. O Dieu très saint ! je
m'approche et j'entre, je suis maintenant dans le
lieu très saint, je désire y
demeurer, en Christ, mon souverain Sacrificateur.
Amen.
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