SOCIÉTÉ
POUR LA DISTRIBUTION DE LIVRES RELIGIEUX
CANTON DE VAUD -
1829
N° XII
EXPLICATION
DE
LA
PARABOLE
DES DIX
VIERGES
Matth. XXV. 1 : 13
***********
1. Alors le royaume de Dieu sera
semblable à dix vierges, qui ayant pris
leurs lampes, s'en allèrent au-devant de
l'Époux.
2. Or, il y en avait cinq sages et cinq folles.
3. Les folles en prenant leurs lampes n'avaient
point pris d'huile avec elles.
4. Mais les sages avaient pris de l'huile dans
leurs vaisseaux avec leurs lampes.
5. Et comme l'Époux tardait à venir,
elles sommeillèrent toutes, et
s'endormirent.
6. or, à minuit, il se fit un cri,
disant : voici, l'Époux, sortez
au-devant de lui.
7. Alors toutes ces vierges se levèrent et
préparèrent leurs lampes.
8. Et les folles dirent aux sages :
Donnez-nous de votre huile, car nos lampes
s'éteignent
9. Mais les sages répondirent, en
disant : Nous ne pouvons vous en donner, de
peur que nous n'en ayons pas assez pour nous et
pour vous ; mais plutôt allez vers ceux
qui en vendent et en achetez pour
vous-mêmes.
10. Or, pendant qu'elles en allaient acheter,
l'Époux vint ; et celles qui
étaient prêtes entrèrent avec
lui dans la salle de noces
(Luc. XIII. 25. ), puis la porte fut
fermée.
11. Après cela, les autres vierges vinrent
aussi, et dirent ; Seigneur !
Seigneur ! ouvre-nous !
12. Mais il leur répondit, et dit ; En
vérité, je ne vous connais point.
13. Veillez donc ; car vous ne savez ni le
jour ni l'heure à laquelle le Fils de
l'homme viendra.
***********
Christ est l'Époux de son
Église : telle est l'image touchante
sous laquelle l'Esprit Saint se plaît
à nous représenter l'amour du Sauveur
pour ses fidèles, et les circonstances de
son dernier avènement.
Il est l'Époux de son Église, il l'a
aimée le premier ; il a pour elle un
amour gratuit, constant, inaltérable.
Il est venu d'abord dans une chair semblable
à celle qui est assujettie au
péché, sous la forme d'un
serviteur, en des vêtements teints de sang,
souffrant, persécuté, mis à
peine au rang des hommes
(Esaïe. XIII ;
Héb. II), ...
... dans la douleur, au milieu des larmes, sous
l'orage de la justice divine ; mais il doit
revenir au dernier jour, comme le Roi de gloire,
célébrer ses fêtes nuptiales,
juger les vivants et les morts, et faire entrer son
Épouse dans les palais éternels
Or, comme l'usage voulait, chez les anciens peuples
de l'Orient, dans la célébration des
noces, que l'époux, à la lueur des
flambeaux, et suivi de ses amis, allât
chercher son épouse, dans l'appareil de la
joie et du triomphe, tandis que les amies de
l'épouse, ordinairement au nombre de dix,
portant à la main des flambeaux, et
magnifiquement parées, allaient au-devant de
l'époux, pour se joindre à son
cortège, et pour en accroître la joie
et la solennité, notre
Seigneur a souvent emprunté cette image et
ses différents traits pour peindre son
second avènement.
- L'Époux, c'est
lui-même ;
- L'Épouse, c'est l'Église,
c'est l'assemblée des vrais
croyants ;
- L'arrivée de l'Époux, c'est
le retour du Christ, au jour du jugement ;
- Les amis de l'Époux, ce sont les
anges de sa puissance ;
- Les vierges, amies de l'Épouse, ce sont
les saints et les fidèles, ou plutôt
ce sont ici tous ceux qui passent pour être
saints et fidèles, tous ceux qui
réclament le nom de chrétiens ;
Leurs lampes, c'est la profession qu'ils font de la
religion de Christ ;
- L'huile et la lumière qu'elle
produit, c'est la Grâce du Saint-Esprit dans
le cœur ; c'est la foi qui opère,
qui se manifeste par l'amour, la charité,
par la lumière des bonnes œuvres ;
- L'heure de minuit représente ce
qu'il y aura de soudain et d'inattendu dans
l'arrivée de notre Maître ;
- Le palais de l'Époux enfin, c'est
le royaume des Cieux, c'est le séjour de la
sainteté, de la paix, des consolations et
des joies éternelles.
O Souverain ? disait le Psalmiste, en
parlant du Messie, ton Épouse est
à ta droite, parée d'or
d`Ophir ; elle est intérieurement toute
pleine de gloire. Les Vierges qui la suivent et qui
sont ses compagnes, te seront
présentées avec réjouissance
et avec allégresse ; elles entreront
dans le palais du Souverain
(Ps. XLV. 10-16)
Tel est l’emblème touchant et solennel
sous lequel nous est représenté
l'avènement du Seigneur. Voilà les
grandes scènes auxquelles, vous qui
m'écoutez, mes Frères, et moi qui
vous parle, nous devons tous y assister un
jour.
Cela est certain, comme il est certain que
l'Évangile est la Parole de Dieu, comme il
est certain que l'Église de Christ s'est
établie sur la terre, comme il est certain
que nous sommes ici rassemblés en son nom.
Ces paroles, dit l'Esprit Saint, sont les
vraies paroles de Dieu.
(Apoc. XIX. 9)
Quel rôle jouerons-nous donc en ce grand
jour ?
Que deviendrons-nous en ce moment
solennel ?
Quel regard jettera sur nous alors, du haut de son
trône, Celui qui sonde les reins et les
cœurs
(Ps. VII. 10) ?
Oh ! qu'il est important de résoudre
dès ici-bas une telle question !
Combien toute autre recherche paraît frivole
et superflue quand on la compare à
celle-là.
Combien les beaucoup de choses dont s'occupe
(Luc X. 41.) Marthe sur la terre
semblent vaines et souvent funestes ! Combien
il est frappant qu'une seule chose est
nécessaire ! Suivez donc le
développement simple et familier d'une
parabole où le Seigneur se plaît
à se mettre à la portée de
tous, et puisse cette méditation porter dans
vos cœurs le désir et le besoin de la
vigilance, la connaissance de votre
véritable condition, la pensée
sérieuse de l'avenir, la faim et la soif de
la justice ! Ainsi soit-il.
Le royaume des cieux au dernier jour, sera
semblable à dix vierges qui, ayant pris
leurs lampes, s'en étaient allées
au-devant de l'Époux.
Le royaume des Cieux désigne ici, comme
souvent ailleurs, l'ensemble des hommes qui portent
le nom de Chrétiens ; c'est
l'Église visible, en tant qu'elle se compose
de vrais fidèles et de Chrétiens
apparents.
Le royaume des Cieux sera semblable à dix
vierges.
À dix vierges. Par cette expression,
le Seigneur nous donne à connaître
d'abord, à quelle classe d'hommes la
leçon de cette parabole est surtout
adressée. Nous voyons qu'il veut
désigner des personnes dont la vie apparente
est régulière, et dont la conduite
extérieure est décente et
paisible.
Par les vierges folles, il ne faut donc pas
entendre des personnes qui vivent dans le
dérèglement : il ne s'agit pas
ici de ces hommes avec lesquels l'Apôtre Paul
(1. Cor. XV. 33) défend aux
Chrétiens d'entretenir aucune
familiarité, des larrons,
des impudiques, des profanateurs, des
médisants, des hommes outrageux, des
intempérants.
Le Seigneur désigne ici des personnes qui,
par la décence extérieure de leur
conduite, sont mises au rang des vrais
Chrétiens par les hommes, qui ne peuvent
connaître les secrets des consciences, et qui
ne peuvent juger que sur de lointaines
apparences.
Non seulement leur conduite extérieure est
régulière et décente ;
non seulement ce sont dix vierges ;
mais encore elles sont allées au-devant
de l'Époux ; elles font toutes
profession d'attendre Jésus, et de mettre en
lui quelque espèce de confiance, quoiqu'une
partie d'entre elles ne l'aient point connu, et
qu'elles ne soient point connues de lui, comme il
le leur déclarera bientôt
lui-même, parce qu'elles s'appuient sur leurs
propres mérites, et qu'elles n'ont point
senti qu'elles avaient besoin d'acheter de l'huile
pour leurs lampes.
Ce sont des Chrétiens de nom : on les
voit dans les temples ; ils prennent part
à la Sainte Cène ; ils font
profession d'espérer en Christ, les
introduira sûrement, pensent-ils, dans les
demeures éternelles, dès qu'il aura
vu les lampes qu'ils portent devant eux.
Mais il est encore un caractère qui est
commun aux dix vierges, ce sont ces lampes
mêmes quelles portent à la main.
Les Chrétiens, en effet, doivent briller
comme des flambeaux, dans le monde; ils doivent
porter devant eux la parole de vie et faire
luire leur lumière devant les hommes, afin
qu'en voyant leurs bonnes œuvres, on glorifie
leur Père qui est dans le Ciel
(Matth. V. 16). Car, la
Grâce qui donne le salut à tous les
hommes, a été manifestée, afin
que, renonçant à
l'impiété et aux passions mondaines,
nous vivions dans le présent siècle,
selon la tempérance, la justice et la
piété
(Tite II. 11).
C'est ainsi que les
Chrétiens doivent aller au-devant de leur
céleste Époux ; c'est ainsi
qu'ils doivent lui faire honneur et proclamer ses
louanges, en attendant qu'arrivés avec lui
dans le royaume des Cieux, ils soient
complètement transformés à son
image, de gloire en gloire, par l'Esprit du
Seigneur
(2. Cor. III. 18), pour parler avec
l'Écriture.
Les dix vierges, quoiqu'il y ait entre elles une
énorme différence, les dix vierges
ont donc toutes :
- le même nom ;
- elles vont toutes au-devant de
l'Époux ;
- elles portent toutes également des lampes
à la main ;
- elles font toutes la même
profession ;
- elles obtiennent toutes crédit
auprès du monde qui ne peut juger de la
différence qui les sépare ;
- elles se distinguent peu les unes des autres aux
yeux des hommes qui ne voient pas que la
lumière de plusieurs de ces lampes est
vacillante et passagère, et qui ne peuvent
point connaître les motifs secrets des
actions humaines.
Vous voyez donc clairement, ô vous qui
m'écoutez, combien cette parabole vous est
applicable, et combien elle peut vous être
utile, si vous vous en servez pour vous examiner
vous-mêmes, comme en la présence du
Seigneur.
Or, comme l'Époux tardait à venir,
les dix vierges s'assoupirent toutes et
s'endormirent, dit notre Seigneur ;
c'est-à-dire, que toutes également
s'étaient livrées en la
sécurité la plus profonde, quoique
les unes eussent dans leur cœur un fondement
solide à leurs espérances, comme nous
ne tarderons pas à le voir, tandis que les
autres n'avaient, pour les asseoir, qu'une
présomption fatale qu'elles appuyaient sur
leurs propres mérites, sur leurs lampes, sur
leur profession du Christianisme, et sur le nom
qu'elles portaient.
Toutes attendaient l'avenir sans aucune
inquiétude, mais tandis que
la sécurité des unes était
fondée, celle des autres ne reposait que sur
les illusions les plus funestes et les plus
trompeuses.
Or, comme l'Époux tardait à venir,
elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.
Hélas ! nous trouverons encore
cette image fidèle, si nous voulons reporter
ici nos regards sur l'Église ! Combien
cet assoupissement et ce sommeil, des dix vierges,
nous représente, d'une manière
frappante, l'indifférence et l'inconcevable
sécurité avec quelle tant de
personnes attendent la mort, le jugement,
l'éternité, sans avoir reçu
dans leur cœur les arrhes de
l'héritage éternel, sans avoir
éprouvé l'opération de cet
Esprit Saint qui témoigne à notre
esprit que nous sommes enfants de Dieu
(Rom. VIII. 16), pour parler avec
l'Apôtre Paul ; sans avoir, comme les
vierges sages aucun fondement sur lequel elles
puissent appuyer leur fatale
tranquillité !
En effet, comme le déclare notre Seigneur,
il y en avait cinq qui étaient sages, et
cinq qui étaient folles.
Le vrai sage aux yeux de Dieu, c'est celui qui
pense aux jours éternels, qui s'occupe des
intérêts de son âme, qui
s'attache aux choses d'en-haut, qui aime et qui
craint Dieu.
La vraie folie aux yeux de Dieu, c'est celle qui
néglige la seule chose
nécessaire, quelque habile qu'elle
puisse être d'ailleurs dans la poursuite des
vanités de la terre.
Or la folie des vierges folles consistait en ce
qu'en prenant leurs lampes, elles ne prirent
point d'huile avec elles ; tandis que les
sages, avec leurs lampes, prirent de l'huile dans
leurs vases.
Ce vase c'est le cœur, du bon trésor
duquel l'homme de bien tire de bonnes choses
(Matth. XII. 35.). C'est du
cœur que procèdent les œuvres que
Dieu doit juger au dernier
jour ; c'est aux motifs et aux affections du
cœur qu'il regarde ; c'est le cœur
qu'il faut changer.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
coeur
(Matth. XXII. 37.).
Mon enfant, donne-moi ton cœur.
Et quand je donnerais tout mon bien aux pauvres,
quand je livrerai mon corps aux flammes pour ma
religion, si je n'ai pas l'amour dans le
cœur, je ne suis rien
(1 Cor. XIII. 3).
L'huile qui doit remplir nos vases pour
entretenir dans nos lampes une lumière qui
puisse subsister en la présence du Seigneur,
c'est la Grâce de Dieu dans le
cœur ; c'est l'onction de l'Esprit
Saint dans le cœur
(1. Jean II. 20.) ; c'est la
foi dans le cœur ; et la
lumière que produit cette huile sainte,
c'est la charité,
c'est-à-dire, l'amour soit de Dieu,
soit du prochain ; ce sont les œuvres de
l'amour ; c'est la vraie charité qui
procède d'un cœur pur et d'une foi non
feinte
(2. Tim. I. 5).
L`huile, chez les Hébreux, était
l’emblème de la Grâce du
Seigneur, et de l'onction de son Esprit
Saint ; on devait oindre d'une huile sainte
tous les vases du sanctuaire, tous les rois, tous
les sacrificateurs, tous les
prophètes ; on devait avoir constamment
dans le tabernacle une provision d'une huile pure
pour y entretenir les lampes du chandelier
d'or ; et le prophète Zacharie, en nous
expliquant tous ces emblèmes, nous apprend
que Christ est l'olivier d'où procède
cette huile spirituelle qui doit remplir le
cœur des vrais Chrétiens. C'est lui qui
nous oint, dit l'Écriture ; c'est lui
qui nous baptise du Saint-Esprit et de feu
(Luc III. 16.)
Nous n'entrons dans ces détails que pour
vous faire comprendre ce que notre Seigneur veut
signifier ici.
Pour nous expliquer sans figure, cinq des vierges
étaient converties et
régénérées par le
Saint-Esprit, et les cinq autres
ne l'étaient pas.
Les unes avaient le cœur purifié par la
foi, et les autres n'étaient point
nées de nouveau, selon ce qui est
écrit : Nul, s'il n'est né de
nouveau d'eau et d'esprit, ne peut entrer dans le
Royaume des Cieux
(Jean III.) ; elles
étaient toujours au monde, au
péché, à
elles-mêmes.
Les unes, formées pour
l'éternité, avaient reçu
l'Esprit Saint dans leur cœur, pour arrhes de
leur héritage
(1. Cor. Il. 12.), comme le dit saint
Paul aux Corinthiens ; et comme il le dit aux
Romains ; elles avaient reçu cet
Esprit qui témoigne à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu ; tandis
que les autres n'avaient point l'Esprit d'adoption,
et n'avaient rien qui pût autoriser leur
funeste confiance.
Les unes avaient cette vraie foi, par laquelle
Dieu purifie le cœur des fidèles
(Act. XV. 9.), pour me servir de
l'expression de saint Pierre ; et les autres,
s'appuyant sur leur propre justice, ne
connaissaient pas Christ, et n'étaient pas
connues de lui, comme il le leur
déclarera bientôt lui-même.
Tel était donc l'état des vierges
sages et des vierges folles, lorsque, voyant que
l'Époux tardait à venir, elles
s'assoupirent toutes et s'endormirent.
Mais, sur le minuit il se fit un cri,
disant : Voici, l'Époux vient ;
sortez à sa rencontre.
Ce cri se fit entendre à minuit,
c'est-à-dire, au moment où l'on s'y
attendait le moins, c'est-à-dire, au moment
du sommeil le plus profond, c'est-à-dire au
milieu de la plus complète
sécurité.
Quelle image imposante de l'avènement du
Seigneur Jésus en la grande
journée ! Quelle image faite pour nous
frapper salutairement, et pour réveiller
dès à présent de leur sommeil,
tant d'âmes endormies !
Et nous aussi, nous entendrons tous au dernier
jour, cette voix solennelle qui portera l'effroi
dans les consciences :
Voici, l'époux vient ; sortez
au-devant de lui.
Oh ! combien sera terrible et majestueux ce
moment où le Fils de l'homme viendra avec
des flammes de feu, suivi de ses saints anges,
précédé de la trompette de
Dieu ; lorsque le cri d'en-haut et la
voix de l'archange se feront entendre à
toute la terre, lorsque tous les morts sortiront de
leurs tombeaux ; et que toutes les nations
comparaîtront en sa
présence !
Quel réveil que celui de l'univers en ce
moment solennel !
Quel réveil que celui qui sera causé
par ce cri pénétrant : Morts,
réveillez-vous, et comparaissez en
jugement ! »
Ici, mes frères, avant d'aller plus loin,
disons-nous bien une chose : c'est que, pour
chacun de nous, ce jour est très proche, et
que nous en sommes tout au plus à quelques
années. Le jour où la maladie viendra
nous apprendre que le temps de notre
délogement est arrivé ; le jour
où elle nous dira, comme au roi de
Juda : Prépare ta maison, car tu
t'en vas mourir
(Esaïe XXXVIII. 1.) ; ce
jour-là sera pour chacun de nous, le jour
où commenceront les scènes de
l'éternité ; le jour
après lequel il n'y aura plus de
temps ; le jour enfin où nous
entendrons, avec la trompette du jugement, ce grand
cri dont parle le Seigneur dans sa
parabole :
Voici, l'Époux vient ; sortez
au-devant de lui.
Puisque la fin de toutes choses est si proche
de chacun de nous, soyons attentifs à la
suite de cette parabole.
Quand ce cri se fut fait entendre aux dix vierges,
alors elles se levèrent toutes, dit
le Seigneur ; elles
apprêtèrent leurs lampes, et les
sages le firent aussi bien que leurs
compagnes ; car les hommes les mieux
préparés à la mort par une vie
toute consacrée au Seigneur, ont encore
besoin de se disposer à la rencontre de leur
Dieu, afin qu'ils soient trouvés
vêtus, et non pas nus
(2. Cor. V. 3.), pour parler
avec saint Paul.
Cependant, les vierges folles se
levèrent aussi ; nous dit
Jésus, et voulurent apprêter leurs
lampes ; mais à l'approche de
l'Époux et de son cortège, elles
virent avec terreur que leur lumière
s'éteignait.
Ces lampes sans huile ont pu donner quelque temps
une lueur passagère et trompeuse aux regards
des hommes ; mais, quand la mort est
là, quand le Seigneur est proche, quand
l'éternité s'avance ;
- alors les vierges folles reconnaissent leur
imprudence et la vanité des appuis qu'elles
s'étaient donnés ;
- alors on distingue mieux les vrais motifs des
actions par lesquelles on avait jusqu'alors
recherché l'approbation des hommes ;
alors on reconnaît qu'elles n'ont pas
procédé d'un cœur
dévoué sans partage au Seigneur,
qu'elles n'ont pas été faites avec un
désir simple et pur de plaire à
Dieu ;
- alors on voit s'éteindre dans les sombres
vapeurs de la vallée de l'ombre de la mort,
cette lampe sur laquelle on avait cru pouvoir
fonder une confiance présomptueuse.
Cependant, les vierges folles, saisies d'effroi,
s'adressèrent à leurs compagnes, et,
dans le trouble de leur âme, elles leur
dirent : Donnez-nous de votre huile, car
nos lampes s'éteignent.
C'est ainsi qu'on voit aux approches de la mort ces
Chrétiens de nom, qui, pendant le reste de
leur vie, voulurent servir à la fois Dieu et
le monde ; (
Matth. VI. 24.) c'est ainsi, dis-je,
qu'on les voit envier le sort des humbles
Chrétiens qu'ils méprisaient
naguère ; c'est ainsi qu'après
avoir raillé, comme exagération et
comme folie, la sagesse des sages, leur
détachement du monde et leur soumission
profonde aux préceptes de leur Maître,
ils voudraient maintenant changer de sort avec
eux.
Ils s'écrient, comme Balaam : Que je
meure de la mort des justes, et que ma fin soit
semblable à la leur
(Nombres XXIII. 10.) !
Ils voudraient pouvoir dire avec eux :
Toute mon espérance est au Seigneur, et
cette espérance ne
confond point, parce que l'amour de Dieu est
répandu dans nos cœurs par le
Saint-Esprit qui nous a été
donné
(Rom. V. 2. 5.).
Donnez-nous de votre huile, car nos lampes
s'éteignent.
Mais les sages répondirent : De peur
que nous n'en ayons pas assez pour nous et pour
vous, allez plutôt vers ceux qui en
vendent.
Remarquez bien ici la douceur et la sage
réserve de cette réponse. Elles ne
veulent, elles n'osent, elles ne peuvent satisfaire
le vœu de leurs compagnes, mais elles
n'ajoutent aucun reproche à leur
refus ; elles ne se vantent point de leur
prévoyance ; elles évitent tout
ce qui pourrait ajouter quelque douleur à
leur détresse ; et tout en leur disant
que leur demande est vaine ; que le juste
lui-même ne se sauve qu'avec peine,
(1 Pierre IV. 18.) et que chacun doit
porter son propre fardeau, elles s'empressent de
leur donner le seul conseil qui puisse encore les
sauver.
« Tandis qu'il en est temps, allez
plutôt vers ceux qui en vendent : ne
perdez pas un instant, nous n'avons
nous-mêmes rien que nous n'ayons
reçu.
Allez promptement au Père de tout don
parfait ; allez à Christ, de la
plénitude de qui nous avons toutes
reçu grâce pour grâce ;
allez à l'Esprit Saint qui distribue ses
dons comme il lui plaît ; priez avec
ardeur ; demandez et il vous sera
donné ; cherchez et vous trouverez
(Matth. VII. 7-11).
Allez à ce Dieu de bonté, qui vous
crie dans sa Parole : Si quelqu'un manque
de sagesse, qu'il la demande à Celui qui la
donne à tous libéralement, et elle
lui sera donnée.
(Jacq. I. 5)
O vous tous qui êtes
altérés, venez aux eaux !
O vous qui n'avez point d'argent, venez, achetez
sans argent et sans aucun prix, du vin et du lait.
Pourquoi employez-vous l'argent
pour ce qui ne rassasie
point ?
Prêtez l'oreille, et venez à moi.
Écoutez, et votre âme vivra ; et
je traiterai avec vous une alliance
éternelle
(Esaïe LV. 1. 2. 3.).
Venez à moi, vous tous qui êtes
travaillés et chargés, je vous
soulagerai, et vous trouverez du repos pour vos
âmes »
(Matth. XI. 28.).
Mais il n'est pas facile, à la
dernière période de sa vie de savoir
chercher et se procurer cette huile
précieuse, lorsqu'on a longtemps mis toute
sa confiance dans sa lampe, dans ses propres
forces, dans sa profession extérieure de
Christianisme, dans ses propres œuvres, dans
sa propre justice.
Il n'est pas facile de se repentir, de se jeter
dans les bras de la miséricorde divine avec
un abandon complet, lorsqu'on s'est endormi
jusqu'à l'arrivée de l'Époux
dans une sécurité fatale, dans une
orgueilleuse confiance.
En effet, ajoute notre texte : Pendant que
les vierges folles, dans leur détresse,
en allaient acheter, l'Époux arriva
dans sa pompe majestueuse et terrible, et celles
qui étaient prêtes,
c'est-à-dire, les vierges sages, couvertes
de la robe de noces, revêtues (selon
l'expression d'Esaïe) du manteau de la
justice
(Esaïe LIX. 17.), et portant
dans leurs cœurs la foi, l'espérance et
l'amour ; les vierges sages
entrèrent avec l'Époux dans la salle
des noces, dans le repos éternel, dans
la société des saints et des anges,
avec les Abraham, les Moïse, les David, les
St. Jean, les St. Paul, et toutes ces belles
âmes que l'Esprit Saint a purifiées,
et que le Seigneur s'est acquises pour
toujours.
L'Époux vint, dit notre texte, et
celles qui étaient prêtes
entrèrent avec lui aux noces, et la porte
fut fermée.
O bonheur des vierges sages ! O repos
éternel ! O sûreté
parfaite ! O transports de joie ! La
porte fut fermée derrière les vierges
sages, elle fut fermée
pour toujours !
Le paradis céleste ne sera donc plus ouvert
comme l'était celui d'Eden, d'où
notre premier père a pu sortir ! Quand
les fidèles seront entrés au royaume
des Cieux, la porte sera fermée ; aucun
ennemi ne pourra plus les séparer de l'amour
du Seigneur ; Satan sera lié de
chaînes éternelles ; toute
larme sera essayée de leurs yeux
(Apoc. VII. 17.) pour toujours ;
ils ne pécheront plus ; ils ne se
sépareront plus ; ils vivront dans
l'éternel repos des bienheureux !
Celui qui vaincra, a dit notre Maître,
j'en ferai une colonne dans le temple de mon
Dieu, et il n'en sortira jamais
(Apoc. III. 12.) !
Mais si c'est un jour de triomphe et de bonheur
pour les vierges sages, quel épouvantable
moment pour les folles ! La porte est
fermée, fermée pour
toujours ! Il y avait un temps pour
l'épreuve, et maintenant l'épreuve a
cessé : il y avait un temps pour
remplir ses lampes, et maintenant il n'y a plus
de temps ; elles sont laissées dans les
ténèbres du dehors, loin de la face
du Seigneur, là où il y a des pleurs
et des grincements de dents
(Apoc. X. 6. ;
Matth. VIII. 12.)
Après cela, les autres vierges vinrent
aussi, et dirent : Seigneur, Seigneur,
ouvre-nous ! Mais leurs instances furent
vaines, et le Seigneur ne répondit à
leurs cris que par ces mots terribles : En
vérité, en vérité, je
vous le dis, je ne vous connais pas.
Sentence accompagnée d`une affirmation
solennelle, et qui revient à celle-ci qu'il
prononce ailleurs : J'ai juré dans
ma colère que jamais ils n'entreront dans
mon repos
(Héb. IV. 3.).
Ici, mes frères, replions-nous sur
nous-mêmes.
Hélas ! que de personnes parmi nous
reconnaissent vaguement qu'il leur manque un
principe de vie, que leur cœur n'est point
encore changé ;
qu'elles ont la même
tiédeur pour le service de Dieu, la
même langueur dans leurs prières, la
même passion pour le monde, et cependant
renvoient à la fin de leur vie un recours
à Christ, une conversion d'où
dépend leur sort éternel !
Elles se bercent dans une fatale confiance ;
elles se rassurent contre la pensée de
l'avenir, par la considération de leur
sainteté négative, de leur
assiduité au culte, de la décence de
leur conduite extérieure, et par le vain
espoir que, tôt ou tard, elles seront
à temps de fournir leurs lampes, et
d'acheter cette huile précieuse sans
laquelle nul ne peut entrer ans le royaume de
Dieu.
Oh ! combien de vierges folles attendent ainsi
les derniers jours pour aller vers ceux qui en
vendent !
Mais nous vous en conjurons, écoutez,
écoutez notre Juge qui nous déclare
ici que si nous différons encore, nous n'en
aurons pas le temps, nous ne le pourrons pas, et
qui termine sa parabole, en nous disant :
veillez, veillez donc, car vous ne savez le jour
ni l'heure à laquelle le fils de l'homme
doit venir.
Vos jours s'envolent et ne reviennent
plus ; vos années s'enfuient,
emportées comme par une ravine d'eau
(Psaume XC. 5) ; vous avancez
à grands pas vers le grand jour de Christ,
vous tous, qui que vous soyez, à quelque
âge que vous soyez dans la vie,
bientôt, bientôt, vous entendrez
annoncer que l'Époux arrive, qu'il
vous appelle, et qu'il faut aller au-devant de
lui.
N'attendez donc pas ces derniers et vains
avertissements que donne l'approche de la
mort ;
N'attendez pas que ce cri se fasse entendre :
Voici l'Époux ;
N'attendez pas, comme les vierges folles, votre
dernière maladie. Si vous appelez alors un
ministre de Christ auprès de votre lit de
mort, il vous dira bien sans doute, comme les
vierges sages : Allez
vers ceux qui en vendent ; il vous dira
bien que si la conversion est sincère et
chrétienne, quoique tardive, elle est encore
efficace ; il vous dira bien que,
jusqu'à la dernière heure de cette
vie de patience et d'épreuve, vous pouvez
recourir au Seigneur Jésus, qui est venu
chercher et sauver ce qui était perdu
(Matth. XVIII. 11.) ; il vous
dira bien avec l'Apôtre, que Christ est
puissant pour sauver parfaitement ceux qui
s'approchent de DIEU par lui
(Héb. VII. 25.).
Mais ce que personne ne pourra vous dire, c'est que
si vous différez encore ; vous en aurez
le temps ;
Mais ce que personne ne pourra vous dire, c'est que
vous ne trouverez pas la porte fermée, avant
que vous ayez acquis ce qui vous manque.
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il faut des
occasions favorables, c'est qu'il faut des appels
de l'Esprit Saint, pour faire cette emplette. Ce
qu'il y a de certain, c'est que si le Seigneur, le
Tout-Puissant, pour nous faire mieux
connaître que c'est lui qui change les
cœurs, et que sa Grâce est souveraine, a
voulu quelquefois opérer, sur un lit de
mort, ou dans le cachot d'un criminel, des
conversions véritables, et amener à
la foi d'une manière soudaine l'âme de
quelques pêcheurs, ces exemples sont
très rares.
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au contraire le
temps de l'approche de la mort et d'une
dernière maladie, bien loin d'être le
plus favorable pour leur conversion, comme se
l'imaginent les vierges folles, est
précisément celui qui est le plus
contraire.
Ce qu'il y a de certain, hélas l c'est que
sur un millier d'entre celles qui renvoient
à ce dernier moment, à peine en
est-il une seule qui puisse mettre à profit
un temps si précieux.
Pendant que cette pauvre âme,
réveillée pour un moment de son
assoupissement, s'adresse à son Juge sur son
lit de mort ; pendant
qu'elle s'efforce de recueillir ses pensées
pour recourir à notre grand Dieu et Sauveur
J.-C. ; pendant qu'elle s'efforce d'oublier
ses maux pour élever au Ciel ses regards et
ses affections ; pendant que dans ce trouble
qui la possède, elle ne sait par où
commencer, et que mille pensées confuses
viennent distraire sa dévotion, la mort
arrive ; l'Époux arrive ; le
jugement arrive, et ce pauvre pécheur est
perdu, et la porte est fermée pour toujours.
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni
l'heure à laquelle le fils de l'homme doit
venir.
Oh ! que chacun de nous, après cette
instruction, se demande donc à
lui-même :
Ai-je pris de l'huile dans mon vase ?
Est-ce que j'aime réellement Dieu ?
Ai-je ma joie dans son service ?
Suis-je converti ?
Mon cœur est-il changé ?
Puis-je dire que je marche selon l'Esprit, et que
si je mourrais cette semaine, je mourrais au
Seigneur, et que je ne trouverais pas la porte
fermée ?
Il est temps encore ; vous pouvez aller encore
vers ceux qui en vendent ; la porte
étroite vous est ouverte encore ; la
Parole de la réconciliation vous, est
annoncée encore ; Jésus vous
tend encore les bras, et vous crie. encore :
Ne voulez-vous pas venir à moi pour avoir
la vie
(Jean V. 40.) ? Ah !
Cherchez donc l' Éternel, pendant qu'il se
trouve ; invoquez-le, tandis qu'il est
près.
(Esaïe LV. 6.)
Dieu veuille donner efficace à sa Parole, et
répandre sur vous l'Esprit de grâce,
et de supplication, afin que vous regardiez vers
lui, et que vous soyez sauvés !
Amen.
CANTIQUE
Fidèles ! Éveillez-vous,
Soyons en prières
Recueillons, ranimons-nous
Dans notre arrière :
Du malin
Qui sans fin
Nos âmes assiège
Évitons le piège.
D'un pernicieux sommeil
Détestons le charme,
Craignons d'un fatal réveille
L'horreur et l'alarme ;
Qui s'endort
De la mort,
Au fond de l'abîme,
Devient la victime.
Veillons, ne comptons jamais
Sur nos propres forces ;
De la chair, de ses attraits,
Fuyons les amorces.
Notre coeur
Est menteur
Et cause lui-même
Son malheur extrême.
(Source:
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