Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LES SEPT PAROLES JÉSUS-CHRIST SUR LA CROIX




SEPTIÈME MÉDITATION.

  Alors Jésus criant à haute voix, dit : « Père, je remets mon esprit entre tes mains, » et ayant dit cela il expira.Luc XXIII, 46.

  Quelle impression éprouvons-nous en lisant dans les Évangiles la relation des derniers instants du Sauveur ? Le coeur ne se serre-t-il pas au récit de tant de douleurs, de tant d'opprobres, et quand on n'aurait pas le bonheur de croire, de savoir que ces douleurs, ces opprobres sont notre salut, que celui qui les endure est notre Maître, notre meilleur ami, notre frère, tout de même, et nous savons que cela eut lieu plus d'une fois, ne se sentirait-on pas disposé à partager l'impression de ceux des témoins de cette scène sanglante qui se retirèrent en se frappant la poitrine ?

Mais notre coeur oppressé, au récit, on peu presque dire, à la vue des souffrances de l'homme de douleurs, n'est-il pas soulagé, en l'entendant pousser ce cri de délivrance, ce cri qui annonce que les douleurs vont finir, que l'âme de Jésus va se reposer dans le sein d'un père : Père, je remets mon esprit entre tes mains.

C'est cette dernière parole de notre Maître sur la croix, qui doit maintenant faire le sujet de notre méditation. Et veuille celui qui l'a prononcée, nous y faire lui-même puiser les instructions, les consolations qu'elle peut, qu'elle doit nous offrir. Veuille-t-il, jusqu'au bout, soutenir, animer, bénir le travail de son serviteur, et votre attention, par son St.-Esprit. Amen.

I.

  Deux des Évangélistes disent que Jésus poussa un grand cri, puis qu'il rendit ou remit son esprit. St.-Luc est le seul qui nous ait transmis les paroles du Sauveur : Père, je remets, je dépose, ou plutôt, mot à mot : je déposerai, c'est-à-dire : je vais déposer mon esprit entre tes mains, Père... c'est le cri de la confiance, qui succède à celui de la terreur, de l'angoisse, presque du désespoir. Ce n'est plus comme tout à l'heure, Mon Dieu ! mon Dieu ! C'est Père !
Maintenant ce n'est plus : Pourquoi m'as-tu abandonné ? Le moment, où la colère de Dieu se déployait sur lui, comme sur le représentant des pécheurs, ce moment est passé ; son Dieu est redevenu son Père, et la main qui le frappait est redevenue la main paternelle, qui va recueillir son âme.
Jésus sent que son Dieu ne l'abandonne plus. Le Père ne voit plus en lui maintenant que son Fils bien-aimé, en qui il a mis tout son bon plaisir. Jésus peut dire : Le Père m'aime, parce que je quitte ma vie pour la reprendre. Père, je remets mon esprit entre tes mains.

Cet esprit, c'est l'âme humaine de Jésus. Ce n'est pas la Divinité qui habitait corporellement en lui, qui devait être remise entre les mains du Père, dont elle ne pouvait être, et dont elle ne fut jamais séparée, puisque Jésus lui-même a dit : Le père et moi, nous sommes un.
C'est cette âme humaine, unie au corps formé dans le sein de Marie, cette âme qui fut semblable à la nôtre, mais sans péché ; cette âme qui a éprouvé toutes les affections, toutes les infirmités innocentes de notre nature, la compassion, la joie, la tristesse, et même le trouble, la crainte et l'effroi ; cette âme qui craignit la mort et qui pourtant s'y rendit obéissante ; cette âme à laquelle le corps, cloué sur la croix, communiquait ses douleurs.

Cette âme, mon esprit, dit-il, je le déposerai entre tes mains, je te le remettrai. Je le remettrai ou le déposerai, expression qui marque bien ce qu'il y a de volontaire dans cette mort, et ce qu'en cela même, cette mort a de différent de la mort des autres enfants d'Adam.
Nous, quand nous mourons, notre âme nous est redemandée, dit le Seigneur lui-même ; nous subissons la mort, nous n'en fixons pas le moment. Lui, il expire, en déterminant lui-même le moment de sa mort, et en l'annonçant. Il meurt en possession de ses forces et de toutes ses facultés. Il meurt, parce qu'il le veut. Il n'a plus maintenant qu'à déposer son esprit entre les mains de son Père. Ses travaux, comme ses douleurs doivent finir. Il a fait toute l'oeuvre que le Père lui a donnée à faire ; il vient de le déclarer en prononçant la sixième, l'avant-dernière parole de la croix : Tout est accompli, et maintenant : Père, je remets mon esprit entre tes mains.
Tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix,
s'était écrié Siméon, alors que dans le temple de Jérusalem, il prit Jésus entre ses bras. Tu laisses aller, et selon la force de l'original : Tu délies ton serviteur. Et pourquoi ?
Mes yeux, disait le pieux vieillard, mes yeux ont vu ton salut. Siméon ne voyait le salut que dans le lointain, par la foi. Et Jésus lui, voit le salut de toutes les âmes rachetées par son sang précieux, par ses mérites, par son obéissance, par ses langueurs ; nos âmes, a moi qui vous parle et à vous qui m'écoutez et qui croyez en lui, nos âmes sauvées, notre condamnation attachée à la croix, les Principautés et les Puissances ennemies des hommes et de leur salut, qu'il emmène captives, et les « captifs du péché » dont il fait « tomber les fers. »

II peut dire, lui : Mes yeux ont vu ton salut, oui, mon Père, ton salut que j'ai opéré, ton pardon, ta grâce que j'ai conquis pour les pauvres pécheurs. Oui, tu délies ton serviteur... ou plutôt Jésus se délie lui-même ; il coupe les liens qui le retiennent encore à ce corps infirme et mortel, à cette terre maudite qu'il est venu bénir, Père, je remets mon esprit entre tes mains. Dernière parole de notre Sauveur, cri de confiance, de délivrance, chant de triomphe ; et pour nous parole d'enseignement, d'espérance, d'avertissement.

II.

  Père, je remets mon esprit entre tes mains. Ce cri, Jésus l'a poussé, cette parole, il l'a prononcée, non seulement pour lui, mais encore pour ses fidèles disciples. Lui, il sait bien il va et nous, nous le savons aussi ; il n'aurait donc pas besoin de nous dire à qui il remet son âme. Mais il veut nous montrer, où doivent aller les nôtres.
où je serai, a-t-il dit, vous y serez aussi ; là où je serai, là aussi sera mon serviteur. Son âme va auprès du Père déjà avant sa résurrection ; cette âme, ensuite unie à son corps glorieux, y retournera pour y rester jusqu'à son dernier avènement, à la résurrection des morts, et au jugement universel. Ainsi en est-il donc pour tout serviteur de Jésus, pour tous ceux qui s'endorment en Jésus. Il viendra répéter sur leur tombe ce cri victorieux qu'il fit retentir sur la tombe de Lazare : Sors de là ; il viendra accomplir sur leur tombe cette promesse solennelle : C'est ici la volonté du Père que je ressuscite ce qu'il m'a donné ; il viendra relever leur corps de la poudre et le rendre semblable à son corps glorieux, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses. Il est destiné à tous de mourir une fois, après quoi suit le jugement.
Quand il viendra juger les vivants et les morts, il mettra les siens à sa droite ; et quand il leur aura dit : Venez, les bénis de mon Père, il les introduira dans le Royaume qui leur a été préparé en héritage, dès la création du monde.
Mais déjà avant la résurrection et le jugement, bien auparavant, dès à présent, heureux les morts qui meurent au Seigneur. Oui certainement, dit l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux, et leurs oeuvres les suivent. Ceux qui meurent au Seigneur... ainsi ce n'est pas seulement son âme, mais les âmes de ceux qui meurent en lui, par conséquent de ceux qui croient en lui, qui sont heureuses dès à présent, qui se reposent de leurs travaux... Certainement, dit l'Esprit ; c'est l'Esprit de Christ, de celui qui a dit : Père, je remets mon âme entre tes mains.

Ce n'est pas seulement son âme qu'il remet entre les mains de son Père. « II a pris, » dit notre réformateur Calvin, « il a mis et compris comme en un faisceau, toutes les âmes de ses fidèles, afin qu'elles soient gardées et sauvées avec la sienne, » c'est-à-dire gardées avec la sienne, et sauvées par la sienne ; et à présent, c'est à lui-même que ses serviteurs remettent leurs âmes : Seigneur Jésus ! dit Étienne, reçois mon esprit ! C'est à lui qu'ils les remettent, parce qu'il a dit : Personne ne les ravira de ma main. Le Père, qui me les a données est plus grand que tous ; personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père sommes un.
Voilà, chrétiens, ce que disent d'abord pour nous ces derniers mots de Jésus sur la croix : Père, je remets mon esprit entre tes mains.

Mais le Seigneur Jésus, sur la croix, ne peut pas arriver tout de suite à cette douce confiance, avec laquelle il remet son esprit entre les mains de son Père. Il dut s'écrier auparavant, nous l'avons entendu : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ?
II dut sentir le pesant fardeau du péché, non des siens, il n'y eut jamais de péché en lui, mais des nôtres et de ceux de tout le monde, dont lui le saint et le juste était la propitiation.
Il dut sentir la colère de Dieu peser sur sa tête, l'abandon de Dieu désoler son âme, au moins quelques instants ; mais ensuite il s'écrie : C'est accompli, il se rend témoignage que la propitiation est achevée, la rançon acceptée, la justice de Dieu apaisée et glorifiée, et alors, enfin, il s'écrie : Père, je remets mon esprit entre tes mains.

Et pour nous aussi, chers frères, il y aura des moments où nous dirons : Mon Dieu ! mon Dieu ! avant les moments, ou entre les moments, où nous pourrons dire : Mon père ! Oui, il y a de tels moments, quelquefois épars dans toute une vie, quelquefois ramassés sur une époque de cette vie, des moments où les nuages nous voilent un temps le bleu du ciel, et les rayons du soleil de justice ; des moments, où nous nous sentons accablés par le fardeau de nos péchés, où il nous semble que Dieu nous a abandonnés.
Mais nous, n'abandonnons jamais l'espérance. Retenons toujours ferme notre espérance. Saisissons-nous des promesses de Dieu en Christ. En confessant nos péchés, en pleurant sur nos péchés, souvenons-nous que Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous nettoyer de toute iniquité. Souvenons-nous que Christ a payé notre dette, qu'il a tout accompli, et nous retrouverons par son Esprit, le calme, la joie, la paix, la force de dire à Dieu : Abbah, Père ! la force de nous relever, de recommencer et de poursuivre notre route.

Ces moments d'angoisse et de tristesse reviendront peut-être aux approches de notre heure dernière. L'ennemi des âmes, voyant avec regret les nôtres toucher au but, voudra leur tendre encore ce piège ; il voudra encore nous cribler, comme on crible le blé ; mais nous nous souviendrons que Jésus prie pour les siens, afin que leur foi ne défaille point.
Nous nous souviendrons qu'il a tout accompli, afin que tout soit accompli pour nous, et nous sentirons avec joie, qu'en effet bientôt tout va être accompli pour nous.
Nous sentirons l'efficace de la prière de Jésus, prière toute-puissante et pleine d'amour, et cette main aussi toute puissante et pleine d'amour, qui soutint et releva Pierre au milieu des flots, alors qu'il était près d'enfoncer. Nous lui crierons comme son Apôtre : Seigneur, sauve-moi, et bientôt nous pourrons lui dire : « Seigneur, tu m'as sauvé ; » nous pourrons lui dire avec ses saints : Tu m'as racheté, ô Dieu de vérité. Je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni aucune créature ne peut me séparer de la dilection de Dieu en Jésus-Christ. Comme Jésus-Christ lui-même, nous pourrons dire d'une voix forte, avec la force qu'il nous donnera, sa force qui s'accomplit dans l'infirmité : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Oui, Père plein de tendresse et de compassion ; Père, réconcilié avec moi par ton Fils, mon frère premier-né... je remets mon esprit entre tes mains.
Serais-je eu peine ? serais-je incertain d'être heureux auprès de toi ? Ton Fils nous a dit : Le Père lui-même vous aime ; et je sais qu'il y a des rassasiements de joie à ta droite pour jamais...

Père, je remets mon esprit entre tes mains.
Et puis, quand nous aurons ainsi remis entre ses mains, le salut et le bonheur éternel de notre âme, ce que nous avons de plus cher et de plus précieux ne lui remettrons-nous pas aussi toutes les pensées de notre esprit, tous les sentiments, toutes les espérances et tous les désirs de notre coeur, tout ce qui peut nous tenir au coeur avec sa permission, tout ce qu'il nous permet d'aimer, tout ce que nous pouvons aimer selon lui, tout ce qui peut encore nous intéresser dans ce bas monde, alors même que nous n'y serons plus ; le bonheur, et surtout le vrai bonheur, le bonheur éternel, le salut de nos parents, de nos amis, de nos enfants, de nos frères et soeurs selon la chair, et de nos frères et soeurs en Christ « de nos compagnons d'exil et d'héritage, » que nous devancerons dans l'éternité ; le sort de notre pays, qui nous sera cher encore sur les confins, sur le seuil même de la vraie et éternelle patrie ; la paix et la liberté pour l'Église de Jésus-Christ, et pour les enfants de Dieu ; l'avancement de son règne ici-bas, de son beau règne, règne de justice et de paix.

Avec quelle confiance ne mettrons-nous pas toutes ces choses, et bien d'autres, et toutes choses entre les mains de celui qui a établi son trône dans les cieux, et qui est plus puissant et plus sage que tous, comme aussi il est plus miséricordieux que tous, le seul bon, le Père de tous, le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu et notre Père. Père, je remets mon esprit entre tes mains.

Mais pour qu'il en soit ainsi pour nous, chers amis, il faut nous être donnés a Jésus,
il faut l'avoir reçu dans notre coeur par la foi, après avoir été rendus sérieux sur le salut de notre âme et nous être dit avec St.-Paul : C'est une chose certaine et digne d'être entièrement reçue, que Jésus-Christ est venu au monde sauver les pécheurs, dont je suis le premier.
II faut avoir cherché et trouvé le pardon de nos péchés au pied de cette croix, du haut de laquelle il nous parle maintenant, d'où il nous montre ses pieds et ses mains percés pour nous, d'où il nous fait voir par ses dernières paroles, et désirer la paix et le bonheur de ceux qui peuvent s'écrier en lui et alors par lui : Père, je remets mon esprit entre tes mains.

Où en êtes-vous à cet égard, chers amis ? C'est une chose entre vous et lui, et nous ne pouvons que vous dire et vous répéter : il n'y a point de salut en aucun autre ; il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé. Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez point vos coeurs.

Tournez-les vers celui qui vous les demande, vers celui qui vous appelle, peut-être depuis longtemps, et qui vous appelle encore, vers celui qui veut vous bénir, vous sauver, vers celui qui ne rejette aucun de ceux qui vont à lui ; ou plutôt, joignez-vous à nous pour lui demander instamment, qu'il tourne lui-même vos coeurs vers lui, qui est toujours puissant, pour sauver ceux qui s'approchent de Dieu par lui ; vers lui, par lequel seul vous pourrez remettre vos âmes entre les mains de son Père devenu le vôtre !
Qu'il n'ait plus sujet, s'il l'a eu jusqu'ici peut-être, de dire de vous : Ils ne veulent pas venir à moi pour avoir la vie ; mais au contraire, puissiez-vous vous appliquer cette promesse : C'est ici la volonté de celui qui m'a envoyé, que quiconque contemple le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et qu'ainsi vous vous prépariez, ou plutôt qu'il vous prépare lui-même à dire à votre départ de ce monde, dont le moment viendra enfin, et plutôt peut-être, que vous ne le pensez : Père, je remets mon esprit entre tes mains.

III.

  Mais nous, qui déjà avons cru au Seigneur Jésus, ses dernières paroles ne sont-elles pas pour nous aussi, un sérieux avertissement de le servir avec fidélité, avec persévérance ?
Tout est accompli... avait dit le Seigneur Jésus ; et ensuite, seulement ensuite : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Il pouvait dire à son Père et il avait dit en effet : J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire.
Et nous tous aussi, nous avons à faire une oeuvre que le Père nous a donnée, nous en avons une ou plus d'une qu'il a préparées devant nous afin que nous y marchions. Il les a mises devant nous, et en tout cas, si nous lui demandons sincèrement, ardemment, constamment, si nous le supplions de nous montrer sa volonté, de nous montrer notre chemin, il l'ouvrira devant nos yeux. Et quand l'un ou l'autre d'entre nous, nous n'aurions pas d'oeuvre particulière et personnelle à faire dans la société, dans la famille, dans l'église, auprès des ignorants, des pauvres, des malheureux ; quand nous n'aurions pas d'autre oeuvre à faire, il en est une qui ne nous manquera jamais sur cette terre d'épreuve et de passage, c'est la patience, souvent plus difficile que l'action, souvent plus pénible qu'une oeuvre proprement dite ; au reste elle est appelée une oeuvre dans la Parole. Que l'oeuvre, dit St.-Jacques, que l'oeuvre de la patience soit parfaite.

Et puis, il est pour nous une oeuvre qui les domine toutes, qui les comprend toutes, et celle-là même de la patience, et qui est elle-même une oeuvre de patience, c'est l'oeuvre de la sanctification ; c'est la lutte et le combat que le chrétien doit livrer sans cesse contre les restes du vieil homme, qui se débat encore ; contre les mauvais penchants, les mauvaises habitudes, contre les passions de la chair qui font la guerre à l'âme ; la vigilance et la prière contre les tentations du dehors et du dedans, contre les pièges de notre propre coeur, et contre les ruses de l'ennemi qui rode autour de nous, comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. C'est là sans doute une oeuvre pénible, difficile, dure à la chair et au sang.
Mais les enfants de ce siècle savent bien poursuivre avec ardeur et persévérance leurs entreprises pour les choses de ce monde ; ils savent bien s'imposer un travail pénible dans l'espérance d'un repos, d'une aisance qu'ils n'atteindront pas peut-être, et dont ils ne jouiront, en tout cas, que bien peu de temps ; et les enfants de lumière, moins sages en cela que les enfants du siècle, croiraient pouvoir se reposer sans avoir suffisamment travaillé, être couronnés sans avoir combattu selon les lois, recueillir les fruits sans avoir cultivé le champ avec beaucoup de peine !

Sans doute, c'est une oeuvre qui ne sera pas achevée ici-bas ; mais qu'il ne nous est pas permis d'abandonner, de suspendre, d'interrompre, ni de remettre.
Sans doute, nous ne pourrons pas arriver au point de dire comme notre Maître : J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire ; mais il faut au moins que nous puissions dire comme un de ses serviteurs : J'ai combattu le bon combat.

Il faut que nous puissions nous rendre le témoignage, ou plutôt que l'Esprit de Dieu nous rende le témoignage, que nous n'avons pas abandonné l'oeuvre qu'il nous a donnée à faire, que nous la poursuivons, que nous voulons la poursuivre jusqu'à notre dernier souffle.
Mais ce souffle, quand serons-nous appelés à le rendre ? Ce sera quand il le voudra. Cette nuit même, peut-être, notre âme nous sera redemandée. Nous ne savons ni le jour, ni l'heure, mais il faut que ce jour, cette heure, nous trouve prêts et faisant notre devoir. La nuit vient, pendant laquelle personne ne peut travailler. Travaillons donc pendant qu'il fait jour. Travaillons sous le regard, selon l'exemple et par la force de celui qui s'est écrié : Père, je remets mon esprit entre tes mains.

Le Seigneur a donc permis, chers et bien-aimés frères, que nous pussions achever un travail bien faible, bien imparfait, entrepris toutefois pour la gloire de son nom, et dans un amour toujours trop faible et trop imparfait aussi, et pourtant sincère pour l'Agneau, qui nous a rachetés à Dieu par son sang.

O qu'il nous donne à tous d'avoir bien compris, surtout du coeur, ces sept paroles de la croix, qui forment, à ce qu'il nous semble, ou du moins qui formeraient, mieux méditées que nous n'avons pu et su le faire, un cours complet d'instructions sur l'Évangile de Jésus-Christ ; ces paroles qui renferment ou supposent tout ce qui peut parler à notre coeur et à notre conscience, l'horreur du péché, la miséricorde de Dieu en Christ, l'amour de Jésus pour nous, pauvres pécheurs, et le plus beau modèle de patience, de charité, d'humilité, en un mot de sainteté, dans la personne du crucifié, de celui qui a souffert, nous laissant un exemple afin que nous suivions ses traces.

Puissent ces dernières paroles du Sauveur, que nous avons méditées ensemble, être pour nous plus qu'un enseignement, être pour nous une expérience !
Puissent-elles être un enseignement et une expérience pour le pauvre pécheur, votre pasteur, qui a trouvé une grande douceur a vous répéter les dernières paroles du Maître, et qui voudrait les répéter toute sa vie !
Ah ! s'il lui a été donné, comme il le souhaite et le demande à cette heure, de contribuer en quelque chose à votre édification, chers frères et paroissiens, et vous tous, chers lecteurs, priez pour lui, afin qu'il lui soit donné à son dernier jour de dire avec une légitime et joyeuse espérance : Père, je remets mon esprit entre tes mains.
Puissent ces paroles être un enseignement et une expérience pour nous tous, et pour chacun de nous.

Puissent, chers lecteurs, toutes les paroles et tous les enseignements de notre Maître vous amener à son Évangile et au pied de sa croix ! ou, si nous y sommes déjà venus, si déjà nous aimons à nous en tenir près, puissions-nous toujours plus fortement et plus doucement attirés par l'amour de Christ et par ses bonnes promesses, sentir croître tous les jours et augmenter dans nos coeurs la foi à cet amour, à ces promesses ; l'amour pour celui qui nous a aimés, pour celui gui a fait les promesses, pour le Chef et le Consommateur de la foi !

Puissions-nous nous unir toujours plus étroitement à lui ; puissions-nous parvenir à une entière communion avec lui, qui nous fasse dire à tous, à notre dernier jour, avec confiance, avec joie, avec une sainte impatience de le voir, de le trouver dans le Royaume, dans la maison de son Père : Père, je remets mon esprit entre tes mains !
Amen.


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