Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LES SEPT PAROLES JÉSUS-CHRIST SUR LA CROIX




SIXIÈME MÉDITATION.

  Et quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « Tout est accompli. »Jean XIX, 30.

  Tout est accompli... N'est-ce qu'un mot prononcé par un homme sur une croix, après qu'il a dit : J'ai soif, et qu'on lui a donné à boire du vinaigre ? Mais cet homme qui est sur une croix, c'est le Fils unique de Dieu, et ce vinaigre qu'on lui donne à boire, c'est l'accomplissement d'un oracle de Dieu, un des derniers d'une longue suite d'oracles, le dernier qui dût s'accomplir avant la mort de Jésus. Surtout ce qui est accompli, c'est l'oeuvre de Jésus, oeuvre telle, qu'il n'y en a jamais eu, et qu'il n'y en aura jamais de pareille. Cette oeuvre, c'est ce baptême de sang, dont il avait dit : Je dois être baptisé d'un baptême, et combien ne suis-je pas pressé qu'il s'accomplisse ?
Maintenant, voici l'heure où s'accomplit ce baptême, l'heure pour laquelle il est venu, où il peut s'écrier, où il s'écrie : Tout est accompli.

Voilà, sans doute, des paroles qui ouvrent une perspective immense, et pour ainsi dire, infinie. Mais quand de ce vaste tableau, nous ne ferions qu'esquisser quelques traits, la Bible en main, la Bible que nous avons méditée pour vous avec prières, ne célébrerions-nous pas bien ainsi ces saints jours, anniversaires des souffrances de notre divin Chef, de notre bon ami, de notre frère, de notre tout ? Ne travaillerons-nous pas ainsi avec succès, sous le regard de Dieu, les yeux, les mains et le coeur élevés vers lui, à nous préparer à cette Cène qui nous retrace la grande oeuvre de Christ, et qui est pour nous un signe et un sceau du salut qu'il nous a acquis, si nous la célébrons avec foi, vraiment en mémoire de lui ?

Veuille, Seigneur, être avec nous par ton Saint-Esprit et accomplir toi-même ton oeuvre dans nos coeurs ! Amen.

I.

  Tout est accompli. Ainsi lisons-nous dans nos Bibles en langues françaises. Ainsi sommes-nous accoutumés à prononcer cette parole du Sauveur. Il y a mot à mot dans l'original : C'est accompli, ou c'est fini. Toutefois, le sens est bien : tout est accompli. Que de choses, en effet, se sont accomplies sur la croix, et celles qui ne le sont pas encore ne peuvent l'être, qu'en vertu de ce qui est déjà accompli sur la croix.

Jésus-Christ a accompli d'abord toutes les figures, tous les types, toutes les prophéties de l'Ancien Testament qui se rapportaient au Messie. Il est venu, dit-il lui-même, accomplir la Loi et les Prophètes. Il les a accomplis dans sa vie ; il doit encore les accomplir dans sa mort.

Nous ne pouvons entrer dans tous les détails ; nous nous bornerons à quelques traits principaux. Il a accompli ce qui était figuré par l'Agneau de Pâque. Christ notre Pâque a été immolé pour nous, dit St.-Paul. Nouvel Isaac, de lui il a été dit : Le Père n'a point épargné son propre Fils, et comme Isaac monte Morija, Jésus gravit Golgotha chargé du bois du sacrifice. Comme le serpent d'airain, il est élevé pour nous guérir de la morsure de l'ancien serpent ; postérité de la femme, il écrasa la tête du serpent et celui-ci le blessa au talon.

Jésus aussi a été apprécié à trente pièces d'argent comme l'avait annoncé Zacharie. Et David, non plus, n'a pas chanté en vain les souffrances de ce Christ, en même temps son Seigneur et son Fils.
Ces trente pièces ont été comptées à l'un des douze, à celui qui mangeait le pain de Jésus, et qui a levé le talon contre lui, et elles ont été jetées dans le temple et ont servi à acheter le champ d'un potier.

Ajoutons à ces prophéties celles dont nous avons rappelé l'accomplissement dans notre précédente méditation, celle en particulier que Jésus accomplit quand il dit : J'ai soif, et qu'on lui donna du vinaigre.

Méditons aussi, chers frères, au pied de sa croix plantée entre celles de deux criminels, méditons ce LIIIe chapitre d'Esaïe, qui semble avoir été écrit en Golgotha, tant on y voit clairement Jésus, dans cet homme de douleur, méprisé comme le dernier des hommes, mis au rang des malfaiteurs.
Tout est accompli,
les types, les prophéties, tout cela est accompli.

Sur la croix Jésus accomplit aussi son obéissance à la volonté de son Père et à ses décrets éternels. Agneau déjà immolé avant la création du monde, il dit en entrant dans le monde : Ta loi est au-dedans de moi. Je viens faire ce qui est écrit de moi dans le livre de la Loi. Tu n'as point voulu de sacrifice, ni d'ablation pour le péché, mais tu m'as formé un corps.
Ce n'est pas assez que pendant toute sa vie, sa nourriture ait été de faire la volonté de celui qui l'a envoyé, il faut qu'il donne ce corps que Dieu lui a formé, qu'il donne sa chair pour la vie du monde. C'est le commandement qu'il a reçu de son Père. Afin qu'on sache, dit-il à ses disciples, dans la chambre haute, après le souper de la Pâque, afin qu'on sache que j'aime le Père et que je fais ce qu'il m'a commandé... Levez-vous ; partons d'ici.
Où va-t-il ? En Gethsémané.
Là, s'il dit d'abord : Père ! éloigne cette coupe de moi, il ajoute bientôt : Que ta volonté soit faite, et non la mienne. Ne boirais-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire ? Cette coupe, il l'épuise sur la croix ; cette volonté, il l'accomplit sur la croix, dans toute son étendue, dans toute sa rigueur. Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix.
Son obéissance est accomplie. Cela encore est accompli.

Sa charité encore est accomplie sur la croix. Sans doute, déjà il est venu au monde par charité. Vous connaissez, dit St.-Paul, la charité du Seigneur Jésus-Christ, qui étant riche, s'est fait pauvre pour nous. Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Sans doute sa charité a été l'oeuvre de toute sa vie, et pour faire passer toute sa charité devant vous, il faudrait vous raconter toute la vie de celui qui allait de lieu en lieu faisant du bien, d'auprès duquel nul ne se retirait sans avoir été appelé au salut, averti, encouragé ou repris, en même temps que consolé, soulagé ou guéri dans son corps.
Mais sa charité n'est pas encore accomplie, son amour n'a pas encore été assez grand, car, dit-il lui-même : Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Pour ses amis...
il eût pu dire pour ses ennemis, et son Apôtre le dit, son Apôtre, son serviteur, que presse la charité de Christ. Nous étions ennemis de Dieu, dit St.-Paul, et pour nous, ennemis de son Père, les siens par conséquent, il s'est laissé clouer sur une croix, et sur cette croix, tandis que son corps est torturé, et son âme serrée d'une tristesse indicible, il prie pour ceux qui l'ont suspendu à la croix, il ouvre le Ciel à un malfaiteur crucifié à ses côtés. Mais que ces traits particuliers de la charité de notre Maître, ne nous distraient pas de sa charité universelle, de sa charité pour tous. Il faut, dit-il, que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Quand j'aurai été élevé, j'attirerai tous les hommes à moi, parole bien digne d'avoir été conservée par le disciple que Jésus aimait, et qui avait été couché près de son sein, ce St.-Jean qui écrit aussi : En ceci, nous avons connu la charité, c'est qu'il a donné sa vie pour nous. Sur la croix est accomplie la charité de Jésus-Christ. Cela encore est accompli.

Mais pourquoi accomplit-Il ainsi sur une croix sa charité et son obéissance à la volonté de son Père ? Ceux qu'il appelle ses amis, ceux que, d'après son Apôtre, nous avons appelés ses ennemis, sont tous des pécheurs, des transgresseurs de la loi de Dieu, de cette loi dont il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les paroles qui sont écrites au livre de la Loi pour les accomplir. Il fallait donc que Jésus les accomplît pour nous, afin que nous ne fussions pas maudits. Et ce n'était pas assez qu'il accomplit la Loi dans sa vie toute sainte, lui qu'on ne pouvait convaincre de péché, et dans la bouche duquel il ne s'est jamais trouvé aucune fraude. Le salaire du péché c'est la mort.

Nous avons mérité la mort ; il faut qu'il souffre la mort. Quant à nous, c'est de la mort éternelle qu'il s'agit. Lui, Fils unique de Dieu, il ne doit ni ne peut souffrir la mort éternelle ; mais avec la mort temporelle, il faut qu'en quelques heures, s'amassent sur sa tête toutes les angoisses, toute la colère de Dieu, toute la malédiction que les pécheurs ont méritée, et qu'ils mériteront dans tous les siècles. Ainsi l'enseigne la Parole de Dieu : Celui qui n'avait pas connu le péché, Dieu l'a fait être péché pour nous.

Mystère insondable, et qui s'est accompli sur la croix. Là, la justice et la paix, la justice inflexible de Dieu, et la paix que, dans sa miséricorde, il veut accorder aux pécheurs, mais que, dans sa justice, il ne peut leur accorder, si quelqu'un ne paye pour eux ; la justice et la paix se sont embrassées. Ce baiser sanglant s'est donné en Golgotha, et nous en avons, si nous osons dire ainsi, nous en avons entendu le retentissement dans cette parole : Eloï ! Eloï ! Lama Sabachthani ! La justice de Dieu est satisfaite ; sa miséricorde est satisfaite. Ainsi sont accomplies à la fois les exigences de la Loi, et les exigences de la charité de Dieu. Cela encore est accompli.

Et par conséquent, et maintenant notre salut est accompli. Dieu a trouvé pour nous une rédemption éternelle. Il n'y a maintenant plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie. Qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, qui est ressuscité, qui s'est assis à la droite de Dieu, et qui prie pour nous ; et s'il a fallu qu'ainsi il ressuscitât, qu'ainsi il s'assît à la droite de Dieu, et qu'il prie encore, pour qui prie-t-il, pour qui est-il ressuscité, sinon pour ceux pour lesquels il est mort et en vertu de ce qu'il est mort pour eux ?

Son sacrifice, c'est toujours là la grande grâce, la première grâce du Dieu de qui nous recevons grâce sur grâce. Celui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui ?
C'est pour cela que St.-Paul ne veut savoir que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. C'est que sur la croix, notre salut est accompli ; tout est accompli.

II.

  Tout est accompli par Jésus ; ne reste-t-il rien à faire ? L'Évangile, je ne dis pas la Loi, mais l'Évangile, est plein de préceptes, d'exhortations. Que peuvent signifier les préceptes, les exhortations si tout est accompli ?
Mes frères, tout est accompli pour nous, et cependant tout n'est pas accompli en nous.

Il n'y a, disions-nous tout à l'heure d'après St.-Paul, il n'y a maintenant plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Il faut donc être en Jésus-Christ ; et d'abord par la foi.
Le salut est accompli, mais il faut saisir le salut, saisir la vie éternelle, comme le dit aussi St.-Paul. Il faut chercher le salut ; puis il faut l'accepter par la foi.
Nous avons une âme qui a besoin de salut, de pardon, de sanctification, de vie.
Nous avons une âme à sauver ; et dans un sens différent de celui du Seigneur, mais vrai, parce qu'il est conforme à toute la doctrine du Seigneur, Celui qui voudra sauver son âme, la perdra ; oui, celui qui voudra la sauver lui-même la perdra.

Nous imaginerons-nous pouvoir la sauver nous-mêmes ? Croirons-nous faire notre salut, acheter notre salut par nos oeuvres ?
Mais quelque nombre d'oeuvres que nous fassions, nous n'en ferons jamais plus que ce qui nous est commandé ; nous serons donc toujours des serviteurs inutiles. Encore, si nous faisions tout ce qui nous est commandé ; mais nous ne le faisons pas, et nous ne le ferons pas ; et même le Maître a dit : Hors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Non, rien, absolument rien. Nous ne pouvons donc faire de bonnes oeuvres, qu'en Christ, rien hors de lui.
Nous ne pouvons pas faire de bonnes oeuvres, pour être sauvés ; nous ne pouvons faire de bonnes oeuvres qu'en tant que nous sommes sauvés par Christ, par celui qui a tout accompli, qui a accompli sur la croix le salut des siens. Mais aussi, si le salut est accompli par lui, en son sang, sur la croix, dès lors, il n'y a point de salut à attendre, point de salut en aucun autre, aucun autre nom sous le ciel, qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. Il ne reste plus de sacrifice pour le péché. Comment donc échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut ?

Y aurait-il parmi nous quelqu'un, qui fût dans l'ignorance, dans l'incertitude à cet égard, dans l'erreur, selon nous, ou plutôt selon la Parole de Dieu ? nous le conjurons, comme du pied de la croix, d'y penser sérieusement, de se reconnaître un pauvre pécheur perdu, condamné, maudit, sans le sacrifice accompli sur la croix, ne pouvant être sauvé que par le sang de la croix ; et nous appuyons notre exhortation sur le même motif que St.-Paul : Nous vous supplions au nom de Jésus-Christ, de vous réconcilier avec Dieu ; car celui qui n'avait point connu le péché, Dieu l'a fait être péché, afin que nous devinssions justice devant Dieu par lui. Celle justice, est-il écrit, s'obtient par la foi.

Celui qui a dit sur la croix : Tout est accompli, n'a parlé que pour ceux qui croient en son nom.
Pour ceux qui ne croient pas en lui, rien n'est accompli que leur condamnation. Celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas au Fils n'aura point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
Crois
donc, qui que tu sois, si tu n'y crois pas encore, crois au Seigneur Jésus pour être sauvé.

Mais si, grâce à Dieu, nous n'en sommes plus à ce point, si nous avons cru à l'Évangile et au nom du Fils unique de Dieu, pour être sauvés, n'avons-nous plus rien à faire ?
Nous le répétons : Tout est accompli pour nous, mais tout n'est pas accompli en nous.

Il n'y a maintenant point de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ ; mais ceux-là, dit St.-Paul, ne marchent pas selon la chair, mais selon l'Esprit, et le même Apôtre écrit aux fidèles : Puisque nous avons de telles promesses, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, et accomplissons notre sanctification dans la crainte de Dieu.
Nous avons des souillures dont nous devons nous purifier ou nous conserver purs, il est un Esprit selon lequel nous devons marcher, c'est-à-dire agir, vivre ; nous avons une sanctification à accomplir, nous avons une tâche à accomplir, et pour cette tâche, à faire des efforts, et nous sommes appelés à faire des progrès dans cette sanctification et dans ces efforts.

Il faut laisser les choses qui sont derrière nous, et nous avancer vers celles qui sont devant nous, vers le but et le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. Eh ! ne nous y sentirons-nous pas appelés, ne nous y sentirons-nous pas poussés avec force, en face de la croix de Christ, de celui qui n'eut point de repos, qu'il n'eût accompli l'oeuvre que son Père lui avait donnée à faire, de celui qui nous a aimés, et qui ayant droit à tout notre amour, nous demande pour son service ces efforts, ce travail, que nous ne nous lassons pas de faire pour ceux qui nous aiment, et que nous aimons ici-bas. Oui, puisque nous avons de telles promesses, celles que Jésus a faites, ou plutôt déjà accomplies sur la croix en faveur de ceux qui croient en lui, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit et accomplissons notre sanctification dans la crainte de Dieu, d'un Dieu qui a inscrit sur la croix de son Fils, son horreur pour le péché et pour la souillure en même temps que son amour pour les pécheurs, d'un Dieu auquel nous devons craindre par dessus tout de déplaire, auquel nous devons désirer de plaire et de montrer notre reconnaissance et notre amour par notre obéissance, par notre zèle pour la sanctification et pour les bonnes oeuvres.

Voilà, chrétien, voilà, cher frère ou chère soeur, ce qu'il te reste à accomplir.
Mais, dis-tu, qui est suffisant pour ces choses ? L'esprit est prompt, mais la chair est faible, et l'esprit aussi participe à la faiblesse de la chair. Eh bien ! veux-tu raffermir les mains tremblantes et les genoux déjoints et faire à tes pieds un chemin droit ? Veux-tu reprendre courage, et avec ce courage aller en avant vers le but ? Veux-tu rejeter tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément ? Aie les yeux sur Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi, qui a souffert la croix.
Regarde à cette croix, où il a accompli ton salut ; il y a accompli aussi ta sanctification ; car, dit Saint-Paul, par une seule oblation, il a accompli pour toujours ceux qui sont sanctifiés.
C'est, en conséquence, aux mêmes personnes, qu'il est dit : Vous avez été lavés ; vous avez été justifiés... et vous avez été sanctifiés, au nom du Seigneur Jésus, et par l'Esprit de notre Dieu.
Regarde au ciel, regarde au Père ; (ne craignons pas de répéter les bonnes promesses de. sa Parole). Celui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui ?
Oui ; il te donnera, cher frère, chère soeur, si tu le demandes, il te donnera son Esprit, qui, selon la belle, la douce parole d'un Apôtre, soulage de sa part nos faiblesses, prend sa part de notre fardeau, sa grâce te suffira, sa force s'accomplira dans ton infirmité. Tu pourras tout en Christ qui te fortifie, en Christ qui s'est écrié sur la croix : Tout est accompli. Tu accompliras ce qu'il te commande ; non pas moi, diras-tu toutefois avec St.-Paul, dans une grande humilité, et dans une humilité d'autant plus grande, qu'il t'aura été donné de faire plus de choses ; non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est en moi. Ce ne sera pas sans beaucoup de gémissements, beaucoup de luttes, beaucoup de combats, et non plus sans beaucoup de prières. Ce ne sera pas non plus, hélas ! sans quelques chutes dont il faudra te relever douloureusement, en pleurant comme St.-Pierre ; mais tu verras, tu sentiras ton Sauveur, qui te tend la main ; et puis, tu sais qu'il reste un repos pour le peuple de Dieu. Arrivé à la fin du train de guerre assigné à l'homme sur la terre, tu pourras dire en Christ et par Christ : Tout est accompli, et enfin, et surtout arrivé au repos même, dire encore par lui, et avec lui à jamais : Tout est accompli.

St.-Jean nous dit qu'après ces mots, Jésus ayant baissé la tête, rendit l'esprit. Un autre Évangéliste nous rapporte une septième et dernière parole du Sauveur, qu'il nous reste à vous expliquer, et ce sera pour une autrefois, dans une autre méditation, si le Seigneur le permet. Mais avant de finir celle-ci, en nous répétant cette parole : Tout est accompli. ne nous dirons-nous point : II est une chose que nous n'aurons jamais accomplie, moins que toute autre peut-être, tant que nous serons dans ce corps, c'est d'aimer celui qui nous a tant aimés.
Vous connaissez sans doute, chers et bien-aimés, une belle pensée, une belle parole de St.-Paul : Ne soyez redevables à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres, c'est-à-dire : Quoi que vous puissiez faire et que vous fassiez, il est un point sur lequel vous serez toujours redevables, toujours en arrière de ce que vous devez, c'est l'amour que vous devez avoir les uns pour les autres, puisque nous devons nous aimer comme Christ nous a aimés ; et comment devons-nous donc aimer Christ lui-même !
Là-dessus ne sommes-nous pas tous, ne sommes-nous pas toujours en arrière, toujours redevables ?
Ah ! que nous sommes froids, chers frères, ou tièdes, si vous l'aimez mieux, si ce n'est pas pis encore, en face et au pied de sa croix ! Sommes-nous donc des créatures aimées de l'amour le plus tendre, de l'amour d'un Dieu ? Sommes-nous des pécheurs arrachés par cet amour à la condamnation, à la mort éternelle ?
Ayons le courage de le dire à lui-même, à celui qui peut nous changer. Seigneur ! comme celui qui te disait : Je crois ; subviens à mon incrédulité ; moi je te dis : « Je t'aime ; subviens à mon indifférence, à ma tiédeur. »

Oui, Seigneur, nous t'aimons encore, ou nous t'aimons déjà ; puisque nous sentons, et nous en gémissons, que nous ne t'aimons pas assez, que nous ne t'aimons pas comme nous le devrions, comme nous le voudrions. Répands ton amour dans nos coeurs par le St.-Esprit.
Tu sais, Seigneur, que tout n'est pas accompli en nous. Tu as dit à ton Père : Que ma joie soit accomplie en eux. Eh bien ! Seigneur, pour accomplir en nous ta joie, accomplis en nous ta volonté ; accomplis en nous ton règne ; accomplis en nous ton amour, accomplis en nous tout ce qui t'est agréable. Que ta charité nous presse enfin, et nous donne de ne plus vivre pour nous-mêmes, mais pour toi, cher et bon Sauveur, qui es mort et ressuscité pour nous !

O quand est-ce qu'ainsi nous pourrons dire, et mieux encore, quand est-ce que toi, Seigneur, qui sais toutes choses, tu pourras dire de nous : Tout est accompli !
Amen.


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