BOTANIQUE
BIBLIQUE
CHAPITRE XXXVI
Le Safran
L'aspic et le Safran,
la canne odorante et le cinnamome, avec toutes
sortes d'arbres d'encens ; la
myrrhe et l'aloès, avec
toutes les principales drogues aromatiques.
(Cant. IV, 14.)
Le Safran (en arabe Zafran),
croît à l'état sauvage dans
toutes les contrées du Levant, où on
le cultive aussi en grande quantité, de
même que dans le sud de l'Europe.
Celte plante bulbeuse produit en automne une fleur
violette (Crocus sativus.) Les feuilles,
très étroites, se montrent un peu
après la fleur. On appelle aussi Safran
ses pistils desséchés, qui sont
un objet de commerce.
Les anciens saupoudraient de Safran leurs
théâtres et leurs appartements ;
ils le mêlaient aussi au vin. On en fait
encore un grand usage dans la cuisine
orientale ; c'est un bon condiment, qui excite
les organes digestifs ; on s'en sert en outre
comme parfum et comme médicament stimulant
et antispasmodique.
Le fameux voyageur Chardin, décrivant des
noces célébrées à
Golconde, dans les Indes, raconte qu'on aspergeait
chacun des invités à son
arrivée avec de l'eau de rose colorée
de Safran. C'est un honneur qu'on fait du reste
à tout étranger, lorsqu'il est
reçu dans une maison opulente du
pays.
CHAPITRE XXXVII
La Mandragore
Les Mandragores jettent
leur odeur, et à nos portes il y a toutes
sortes de fruits exquis.
(Cant. VII, 13.)
La Mandragore a été longtemps
un sujet de discussion. Quelques écrivains
ont pensé que le mot original signifiait
simplement des fleurs, ou un petit nombre
de fleurs ; d'autres, que c'était
le Citron ou le Champignon, etc.
La Mandragore (Mandragora officinalis)
appartient à une famille (les
Solanées) qui produit des poisons
violents, et elle est elle-même fort
dangereuse.
Hasselquist l'a trouvée en abondance dans
une vallée non loin de Nazareth. Elle
croît aussi près du village de
Saint-Jean, à cinq kilomètres (une
lieue) de Jérusalem, et elle est
répandue dans le midi de l'Italie, de la
Grèce et de l'Espagne. La racine, longue et
charnue, est en général fourchue et a
souvent une ressemblance grossière avec le
corps humain ; cette forme a donné lieu
à la réputation dont a joui longtemps
la Mandragore et aux idées superstitieuses
répandues à son sujet ; on
prétendait, entre autres, que sa racine
avait la vertu de faire doubler l'argent avec
lequel on l'enfermait, mais pour
se la procurer, il fallait l'arracher, et comme
elle poussait alors des cris qui causaient la mort
de ceux qui les auraient entendus, on devait se
boucher les oreilles avant de procéder
à cette opération.
Mandragora
officinalis (Mandragore)
Elle n'a point de tige, mais une touffe de
feuilles longues et pointues, du milieu desquelles
sortent des fleurs rougeâtres, avec des raies
d'un pourpre foncé. Le fruit, de la grosseur
d'une prune, a une délicieuse odeur, quoique
celle des fleurs et des feuilles soit très
repoussante. Il est fort incertain, nous le
répétons, que ce soit la plante
citée dans notre passage, non plus que
Genèse XXX, 14.
CHAPITRE XXXVIII
Le Jonc et le Papyrus
Malheur au pays qui
fait ombre avec ses ailes, qui est au-delà
des fleuves de Cus ; qui envoie par mer des
ambassadeurs dans des vaisseaux de Jonc sur les
eaux.
(Es. XVIII, 1, 2.)
Le Jonc dont il est ici question est
très probablement le Papyrus (Cyperus
Papyrus), avec les tiges duquel on faisait des
embarcations.
Le coffret de Jonc dans lequel reposait, le
petit Moïse
(Ex. II, 3), était fait de
Papyrus ou bien des tiges du Scirpus lacustris,
autre plante aquatique.
Dans Es. XIX, 6 et
XXXV, 7, ainsi que dans
Job VIII, 11, les Joncs et les
Roseaux ne sont désignés que d'une
manière générale, sans qu'il
s'agisse d'une espèce plutôt que d'une
autre.
Le Papyrus, appelé Berd en
Égypte, a des tiges épaisses et
triangulaires de deux à trois mètres
(6 à 9 pieds) de hauteur.
Bruce a remarqué que l'un des angles est
constamment opposé au courant, comme pour
mieux résister au fil de l'eau en le
coupant. Une grande ombelle de fleurs en
épis brunâtres termine la plante.
Celle-ci est commune encore aujourd'hui en Nubie et
en Abyssinie, mais elle a disparu de la
Basse-Égypte, où elle était
très abondante sur les bords du Nil, au dire
des anciens.
C'est un accomplissement frappant
d'Esaïe XIX, 5-7 : Les
eaux de la mer manqueront et le fleuve
séchera et tarira, et l'on fera
détourner les fleuves ; les ruisseaux
des digues s'abaisseront et se sécheront,
les Roseaux et les Joncs seront coupés. Les
prairies qui sont auprès des ruisseaux et
sur l'embouchure du fleuve, et tout ce qui aura
été semé vers les ruisseaux,
séchera et sera jeté loin et ne sera
plus.
Du temps du prophète, le Nil avait sept
embouchures ; il n'en reste plus que deux.
Dès la plus haute antiquité, le
Papyrus était
employé en Égypte
de diverses manières, mais surtout pour la
fabrication du papier. Hérodote nous apprend
que ce papier était un article de commerce
longtemps avant lui. Il appelle la plante
Byblos ; c'était aussi son nom
égyptien ; de là le mot grec
Biblion, livre, d'où vient celui de
Bible.
Les voiles des bateaux étaient faites de
Byblos ; les prêtres portaient des
chaussures de la même substance, et
c'était aussi sur un rouleau de Byblos
qu'ils lisaient au peuple la liste de ses rois.
Sous la domination des Grecs, cette plante fut
employée en plus grande quantité que
jamais pour faire du papier. On
préférait alors pour cet usage le
Papyrus à la toile, au parchemin et aux
autres matières fibreuses. On s'en servit
aussi en Italie jusqu'au dixième
siècle, où le papier de coton lui
succéda ; celui-ci fut enfin
remplacé, au quatorzième
siècle, par notre papier de chiffons.
On fabriquait le papier de Papyrus avec la
pellicule ou écorce intérieure et
transparente de la tige ; on
réunissait, en les humectant avec de l'eau
du Nil, qui faisait l'office de colle, des morceaux
de cette pellicule sur des cadres, jusqu'à
ce qu'ils formassent une feuille unique de la
grandeur et de l'épaisseur voulues, puis on
les mettait en presse, et l'on faisait, enfin,
sécher la feuille au soleil.
« Je possède, dit le voyageur
Bruce, un volumineux et beau manuscrit
trouvé à Thèbes ; la
couverture en est de racine de
Papyrus, recouverte d'un Papyrus plus grossier,
puis de cuir, de la même manière qu'on
le ferait maintenant. Ce volume est du format d'un
petit in-folio, les feuillets sont écrits
des deux côtés avec une encre noire
foncée, et les caractères paraissent
avoir été tracés avec un
roseau. »
Quelques-uns des manuscrits sur Papyrus
trouvés dans les caisses des momies sont
parfaitement lisibles ; ce sont les plus
anciennes archives écrites que nous
connaissions.
Bruce fait remarquer aussi que les Abyssins font
encore de nos jours des bateaux de Jonc, semblables
à ceux des anciens Égyptiens dont les
monuments nous ont conservé la
représentation.
Les fleurs du Papyrus servaient aux anciens
à orner leurs temples et à couronner
les statues de leurs dieux. Les jeunes racines
étaient mâchées comme
aujourd'hui le bois de réglisse ; plus
vieilles et plus ligneuses, elles servaient de
combustible.
CHAPITRE XXXIX
L'Ortie
J'ai passé
près du champ d'un homme paresseux ;
tout y était monté en chardons, les
Orties en avait couvert le dessus.
(Prov. XXIV, 30, 31.)
Les enfants de Hammon
seront comme Gomorrhe, un lieu embarrassé
d'Orties.
(Soph. II, 9.)
L'Ortie croissant parmi les ruines des
palais déserts a présenté de
tout temps une vraie image de
désolation.
Notre Ortie commune (Urtica dioïca)
croît aussi à l'état
sauvage en Asie, en compagnie d'autres
espèces encore plus répandues et qui
ont le même aspect et les mêmes
propriétés, ainsi l'Urtica
membranacea et l'Urtica pilulifera.
CHAPITRE XL
Le Cumin
Celui qui laboure pour
semer, laboure-t-il toujours ? Ne cassera-t-il
pas et ne rompra-t-il pas les mottes de sa
terre ? Quand il en aura aplani le
dessus, ne sèmera-t-il
pas la vesce, ne répandra-t-il pas le Cumin,
et ne mettra-t-il pas le froment au meilleur
endroit ?
car son Dieu
l'instruit et l'enseigne touchant ce qu'il faut
faire, parce qu'on ne fait pas tourner la roue du
chariot sur le Cumin, mais on bat le Cumin avec un
fléau.
(Es. XXVIII, 24, 27.)
Le Cumin (Cuminum Cyminum) est une plante
annuelle de la famille des Ombellifères,
avec le feuillage du fenouil commun, mais bien
plus petite dans toutes ses parties.
Ses fleurs sont blanches ou rougeâtres et
disposées en ombelles serrées ;
les graines sont aromatiques et ressemblent par
leur goût à celles de l'anis. Les
Orientaux en sont très friands, et cultivent
abondamment le Cumin. Le Cumin est encore
mentionné dans
Matth. XXIII, 23.
|