BOTANIQUE
BIBLIQUE
CHAPITRE XLI
La Vesce
On ne foule point la
Vesce avec la herse et on ne tourne point la roue
du chariot sur le cumin ; on bat la Vesce avec
une verge et le cumin avec le bâton.
(Esaïe XXVIII, 27.)
C'est ici le seul endroit de la Bible où il
soit question de cette plante.
Nos traducteurs ont rendu le mot hébreu par
Vesce, espèce de pois très
fréquemment cultivée en Europe, mais
cette interprétation paraît
erronée.
On croit généralement qu'il s'agit
ici de la Nigelle ou Barbeau (Nigella
saliva), plante annuelle, à feuilles
profondément déchirées en
lanières étroites, à fleurs
bleuâtres, entourées d'un involucre
vert très découpé. Elle est
originaire d'Orient et d'Égypte ; on la
cultive beaucoup dans ce dernier pays, en Perse et
aux Indes.
Pline, parlant de l'Herbe aux épices
ou Nigelle, dit qu'on employait ses
graines dans les boulangeries pour assaisonner le
pain. Elles sont huileuses et d'une saveur piquante
semblable à celle du poivre, dont elles
tiennent lieu. De nos jours encore, on
prépare en Égypte une espèce
de pain ou de gâteau dont la croûte est
parsemée de ces graines, qu'on tire de la
Haute-Égypte. Les Arabes les nomment
semence noire ou semence
bénie ; elles communiquent au pain
une saveur aromatique et agréable ; on
dit de plus qu'elles le rendent salubre et excitent
l'appétit.
Le Cumin et la Nigelle se battent encore au
fléau, de la manière décrite
par le prophète
Esaïe.
CHAPITRE XLII
La Rose
Je suis la Rose de
Sçaron.
(Cant. II, 1.)
Le désert et le
lieu aride se réjouiront, et la solitude
sera dans l'allégresse et fleurira comme une
Rose.
(Esaïe XXXV, 1.)
Il semble singulier que les auteurs sacrés
ne fassent mention de la Rose que deux fois,
lorsqu'on sait combien les Orientaux aiment cette
gracieuse fleur. Et cependant il est permis de
douter que la fleur citée dans le premier
passage soit vraiment la Rose. Dans un temps
où les recherches critiques de ce genre
étaient rares, on ne mettait pas en doute la
Rose de Sçaron, et les anciens auteurs, qui
n'avaient jamais traversé les plaines de ce
nom, se plaisaient à décrire cette
Rose comme plus grande, plus belle que les
nôtres, avec une teinte d'un rouge
foncé. Depuis lors, les voyageurs n'ont
point vu de Rosiers dans les plaines de
Sçaron, mais bien d'abondants buissons de
Ciste à fleurs rosés (Cistus
creticus) (1), dont il pourrait bien être
question dans le Cantique des Cantiques. La fleur
du Ciste ressemble beaucoup,
pour la forme et la grandeur, à celle de
l'Églantier ; c'est
également un arbrisseau, mais plus bas et
sans épines.
Cistus creticus
(Cisite
Les détails
représentent, en allant de gauche à
droite et de haut en bas :
Un ovaire, surmonté du pistil ; une étamine ;
une
capsule
(fruit) et une
graine grossie.
On a aussi cherché la Rose de
Sçaron dans le Narcisse et d'autres
plantes bulbeuses à belles fleurs,
très abondantes en Palestine.
Nous ne nous arrêterons pas à cette
opinion et nous dirons que le passage d'Esaïe
peut fort bien s'appliquer à la
véritable Rose, dont plusieurs
espèces sauvages sont très
répandues en Orient.
La Rose de Phénicie, au feuillage
lustré et aux grandes fleurs blanches,
couvre de ses rameaux grimpants les haies du
littoral delà Syrie.
La Rosa sulfurca, aux fleurs d'un jaune
foncé, a été observée
dans la vallée de Balbeck, entre le Liban et
l'Anti-Liban.
Diverses autres espèces à fleurs
rosés couvrent les collines de la
Galilée. On y cultive en outre, dans les
jardins, la Rose à cent feuilles et
surtout la Rose de Damas ou Rose des
quatre saisons, avec les pétales de
laquelle on prépare l'eau ou essence de
rosés.
Le docteur Royle, frappé de ce que dans
plusieurs passages des livres apocryphes le Rosier
est indiqué comme croissant au bord des
eaux, tandis que c'est au contraire une plante des
lieux secs, présume qu'il s'agit du
Laurier rosé. Ce bel arbrisseau
croît partout en Orient, le long des
rivières et des torrents, et dès le
mois de mai en dessine au loin le cours par la
profusion de ses fleurs
rosés.
CHAPITRE XLIII
L'Arbre de Sittim
Tout homme chez qui il
se trouva du bois de Sittim, l'apporta.
(Exode XXXV, 24.)
Bethsaléel fit
l'arche de bois de Sittim.
(Exode XXXVII, 1.)
On suppose avec assez de vraisemblance que ce bois
était le produit d'une ou plusieurs
espèces d'Acacias ou Mimosas
abondants en Égypte, et qu'on retrouve
ça et là dans les contrées
désertes où le peuple de Dieu erra
pendant quarante ans.
C'étaient l'Acacia nilotica et
l'Acacia Seyal, arbres de dix mètres
(50 pieds) de haut, aux branches tortueuses, et
dont le feuillage léger tamise les rayons du
soleil. C'est probablement l'un de ces arbres qui
donnait son nom à la vallée de
Sittim, dont il est dit : II sortira une
fontaine de la maison de l'Éternel et elle
arrosera la vallée de Sittim.
(Joël III, 18.)
Les Acacias ou Mimosas forment un des traits les
plus caractéristiques des déserts de
l'intérieur de l'Afrique, et la Gomme
arabique, que l'on recueille avec soin, est une
exsudation de leur
écorce.
CHAPITRE XLIV
Le Myrte
Au lieu du buisson
croîtra le sapin et au lieu de l'épine
croîtra le Myrte ; et cela rendra
glorieux le nom de l'Éternel et sera un
signe perpétuel, qui ne sera jamais
retranché.
(Esaïe LV, 13.)
Paroles consolantes pour Israël, quand, dans
des jours de souffrance, il voyait poindre un
brillant avenir ! Elles ne le sont pas moins
aujourd'hui lorsque, attristé à la
vue des ténèbres qui couvrent les
pays païens et assombrissent bien des
contrées chrétiennes de nom, notre
coeur soupire après ces meilleurs temps
annoncés par le prophète.
Le Myrte (Myrtus communis) est, dans la
Bible, l'emblème de la paix et de la joie.
L'ange du Seigneur parla à Zacharie en se
tenant au milieu des Myrtes, et l'Éternel
répondit par de bonnes paroles de
consolation.
(Zach. I, 10, 13.)
Les solitudes montagneuses et les bords
encaissés des rivières de la
Palestine, où les Myrtes fleurissent et
donnent un ombrage gracieux, étaient bien
faits pour éveiller dans l'esprit des
sentiments d'amour et paix. Écoutons un
voyageur moderne qui se rendait de Beyrouth en
Galilée : « Notre route
passait à travers des
vignobles parsemés de jardins de
mûriers. De jolies fleurs sauvages
émaillaient les bords des sentiers ; le
laurier rosé était en pleine
floraison le long des petites rivières que
nous traversions ; souvent aussi un rosier
à fleurs blanches se montrait entre les
Myrtes odorants des haies. »
Le Myrte paraît avoir été
autrefois une des plantes favorites des
Orientaux ; les Hébreux l'employaient
dans la célébration de la fête
des Tabernacles : Allez à la
montagne et rapportez des rameaux d'oliviers, et
des rameaux d'autres arbres huileux, des rameaux de
Myrte, des rameaux de palmes, et des rameaux de
bois branchus, afin de faire des tabernacles.
(Néhém. VIII, 15.)
Les Juifs d'aujourd'hui agissent de même,
bien qu'ils soient étrangers dans leur
propre pays ; ils vont cueillir le Myrte dans
les vallées, le long des collines du Liban
et des rivières de la Galilée.
Chez les anciens Hébreux, le Myrte
était aussi un symbole de justice. Le mot
Hadassah, l'un des noms de la reine Esther,
signifie en hébreu : Myrte, et
un rabbin dit : « Elle s'appelait
Hadassah parce qu'elle était juste et qu'on
compare au Myrte ceux qui aiment la
justice. »
Les baies de Myrte étaient employées
comme épices.
CHAPITRE XLV
Le Buis
La gloire du Liban
viendra à toi : le sapin, l'orme et le
Buis serviront ensemble à parer le lieu, de
mon sanctuaire, et je rendrai glorieux le lieu de
mes pieds.
(Esaïe LX, 13.)
Le Buis (Buxus sempervirens) croît
dans les terrains calcaires et montagneux ; il
se trouve à l'état sauvage dans
plusieurs contrées de l'Asie, surtout en
Perse et sur le Caucase, où il atteint
souvent cinq mètres (15 pieds) de hauteur,
quoique son tronc soit comparativement mince. C'est
un arbuste très rustique, à feuilles
toujours vertes ; le Buis de nos jardins n'en
est qu'une variété naine.
L'espèce dont il est question dans la Bible
est très probablement le Buxus
longifolia, qui orne les coteaux des rives de
l'Oronte en Syrie et doit se retrouver dans les
districts montagneux de la Palestine ; il se
distingue de notre Buis commun par ses feuilles
plus allongées.
Le bois de Buis est fort recherché pour sa
dureté ; on s'en sert entre autres pour
les planches à graver. Les Romains
l'employaient à des ouvrages de marqueterie
et l'incrustaient d'ivoire.
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