Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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UN SAINT DES TEMPS MODERNES

FÉLIX NEFF


À la gloire

d'Oberlin et de Félix Neff

les apôtres et les civilisateurs

du Ban-de-la-Roche (Alsace

et du Val de Freissinières "Hautes-Alpes"

qui continuent la lignée de François-d'Assise

Le Saint de la Fraternité.

 

 Tracer le portrait idéal d'un chevalier, c'est tracer le portrait même de Saint-François d'Assise. Il fut un vrai chevalier du Christ. C'est l'explication de toute sa vie et comme le coeur de son coeur.

 Paul SABATIER

 

 Entre les Alpes de la Durance et de Fressinières et les Vosges du Ban-de-la-Roche, il y a le Ciel d'Assise !

 E. de VERNEJOUL

 


l. - L'Apôtre des Hautes-Alpes

Un nouvel Oberlin

(Briançon, Vallée de Freissinières, le Queyras et le Champsaur)

 

 Dès mon arrivée, Je pris cette vallée en affection. Je ressentis un désir ardent d'être pour ce pauvre peuple un nouvel Oberlin.

 FÉLIX NEFF.

 La vie de Félix Neff est un magnifique exemple d'énergie et de consécration entière à Dieu, bien digne de susciter des imitateurs parmi les jeunes à l'heure actuelle,

 A. BRIDEL.

 Que d'événements tragiques se sont passés au pied des mélèzes sept fois centenaires, mais aussi quelle révolution spirituelle sous l'influence de la voie pénétrante de ce prophète « commandé d'eu Haut » et que rendait insensible au froid le plus glacial le message de « l'Évangile qui réchauffé » !

Emm. CHRISTEN

 Pendant quatre ans, le « grand ami » s'était dépensé sans compter, usant la laine et le fourreau. Brusquement, ses forces le trahirent. Il mourut à l'âge de 31 ans. Neff laissait au val de Freissinières des villages vivants, des hommes et des femmes aux coeurs rayonnants de joie, une humble élite qui sur les rocs alpestres priait pour le monde.

 Benjamin VALLOTTON.

 

Vers lus au centenaire de Félix Neff

le 9 Août 1925

 

De sommets en sommets, dans ce noble horizon,
Les cimes qu'il aimait vont redire son nom !
À son appel le deuil fit place à l'espérance
Au pied de l'Alpe blanche où chante la Durance.
 
En s'oubliant soi-même, il cherchait la douleur ;
Sacrifiant sa vie. il offrit dans sa fleur
Un printemps éphémère au sol de « malheurance »*
Dont son âme connut l'invincible attirance.
 
Gloire à toi, Félix Neff, qui, dans ces lieux déserts
Où monte le sanglot de la Biaysse aux flots clairs
Comme un écho du sort mélancolique et rude
Des montagnards traqués dans cette solitude,
 
Tendais tes bras ouverts à ce peuple proscrit,
Renouvelant pour lui le grand geste du Christ,
Et dans ce Val fermé comme une sépulture
Prolongeais ton exil pour panser des blessures !
 
Pour ce « Réveil » béni tu laissas d'autres cieux
Où Genève se mire en un lac radieux,
Où plane la mouette, où la grève fleurie
Dort devant les glaciers de la libre Helvétie.
 
Gloire à toi ! Freissinière est à jamais ton fief
Ton souvenir y règne immortel, Félix Neff ;
Ce sol, tu l'as conquis sur la Mort, la souffrance.
Ton précoce tombeau paya sa délivrance !
 
De sommets en sommets, dans ce calme horizon,
Les cimes qu'il aimait vont redire son nom !
À son appel le deuil fit place à l'espérance
Au pied de l'Alpe blanche où chante la Durance.

 

(*) Vieux mot du terroir prolongeant l'écho d'un passé douloureux.

 

Il. - Le mot héroïque de Dormillouse

« la Malheurance »

 

Ne te désole pas, Sion, sèche tes larmes.
L'Éternel est ton Dieu ; ne soit plus en alarmes
Il te reste un repos sur la terre de paix.
L'Éternel te ramène et te garde à jamais.
      Félix NEFF.

 Ce pays est lait nid d'aigles où l'on n'est monté que pour mieux résister.

 Julie VALLOTTON.

 On vivait dans les écuries. Ou cuisait son pain noir une fois l'an. Ou disputait aux avalanches de maigres cultures, plus malheureux que les bêtes de somme.

 Benjamin VALLOTTON.

 Quel amour des âmes, quel dévouement ne faut-il pas avoir pour choisir librement un tel champ de travail ! L'hiver dure huit mois. Et c'est dans l'étable, pour profiter de la chaleur du bétail, que l'on se tient d'habitude.

 G. DUNANT.

 
C'est un legs du passé, ce mot : la Malheurance,
Mélancolique fleur du vieux parler de France.
Il éveille sans fin ces clameurs d'autrefois
Où se lamente encor tout un peuple Vaudois
Écoutant les tocsins dont résonne la cloche
Et, loin de ses foyers, fuyant de roche en roche
Il semble prolonger la terreur des hameaux
Quand tout le Val s'emplit de pleurs et de sanglots.
0 plainte monotone en sa désespérance,
Qu'on entend dans la plaine où s'enfuit la Durance,
Qui plane sur la cime et plane sur les flots.
Les tristes temps de « Malheurance »
Après les longs jours de souffrance
Ont fait place à la Délivrance,
Et le torrent plein de clarté
Chante dans les grands soirs d'été
L'hymne joyeux d'un peuple en liberté !

 

III - La Résurrection d'un peuple

 Comme Oberlin, dont il admirait profondément l'oeuvre, Neff fût un précurseur du christianisme social.

 Charles VALLOTTON.

 La foi d'Oberlin avait élevé son grand coeur au-dessus de toutes les barrières au milieu desquelles tant d'autres s'entravent. Il était absolument étranger à tout esprit de secte.

 Camille LEENHARDT.

 J'ai grandi dans le rayonnement de la grande figure d'Oberlin. Ce sauveur d'âmes a renouvelé l'aspect matériel de mon pays natal.

 T. FALLOT.

 C'est de l'apôtre alsacien du Ban-de-la-Roche que l'apôtre des Hautes-Alpes est le continuateur. Oberlin ne pensait pas qu'un autre continuerait, si loin dans l'espace et si près dans le temps, son sillon obstiné.

 G. DUNANT.

 
Cet apôtre au grand coeur fut le chrétien complet
Qui ne peut oublier, en un monde imparfait
Où la détresse humaine offre tant de mystères,
L'attitude du Christ penché sur nos misères ;
Sur les traces du Maître ému de tous les maux,
Pleurant devant nos deuils et portant nos fardeaux,
Neff parut dans le Val aux horizons funèbres,
Vrai semeur de lumière, ennemi des ténèbres.
Le peuple qui marchait dans l'ombre de la mort
Vit un Libérateur transfigurer son sort
Et des chants saluaient la Vie et sa lumière
Sur les sillons dorés devant l'humble chaumière.
Ces montagnards jadis graves, silencieux,
Ont redressé leurs fronts, souri devant leurs cieux,
Car loin du cauchemar des temps de « malheurance »
Sur les monts se levait l'aube de l'Espérance !

 

IV. - Aïeux Vaudois et Albigeois

 

 Sur le toit des monts vivaient çi et là, dans le Briançonnais, non loin de la frontière italienne, les descendants des Vaudois abandonnés à eux-mêmes parmi les rocailles, les ravines et les avalanches. Durant des siècles, du Languedoc, de la Provence, les persécutés gagnèrent ces forteresses que sont les hautes vallées alpestres. On les traqua, on mit leur tête à prix. Ceux qui bravèrent les dragonnades vécurent en marmottes ou en chamois, près des sources.

 Benjamin VALLOTTON.

 Laissez donc ces braves gens tranquilles ; ils sont meilleurs chrétiens que vous et moi.

 Louis XII

 Laissons tomber les noms qui nous divisent ; ne gardons que celui de Chrétiens.

 MICHEL DE L'HOSPITAL.

 Nous sommes des évangéliques, des catholiques évangéliques malgré les noms qu'on nous donne.

 Frédéric OBERLIN.

 

Sur un sol chargé. de tombeaux

Brillent vos mystiques flambeaux,
O Mont-Ségur, ô Dormillouse, (*)
Et les Albigeois de Toulouse,
Les Vaudois du pays d'Embrun,
Devant l'histoire ne font qu'un !
D'une invincible patience,
Ces martyrs de la conscience
Ont lassé le bras des bourreaux
Avec leurs âmes de héros.
Vers la Garonne ou la Durance,
Espérant contre l'espérance,
« Dieu premier servi » fut leur cri,
Leur étendard, la croix du Christ.
Et si d'Albi les vieilles pierres,
Si les roches de Freissinières
Sous le soleil éblouissant
Apparaissent teintes de sang ;
Si le Gave ou la Biaysse ont la même complainte
Où passent les sanglots d'une race contrainte
À choisir entre son bonheur
Ou l'abandon de son honneur,
C'est qu'ici les martyrs bravant tous les supplices,
Sans reculer devant les derniers sacrifices,
Ont de leurs milliers de tombeaux
Fait de surnaturels flambeaux !

(*) Mont-Ségur est la cime tragique du Pays de Foix, des Pyrénées Albigeoises évoquant le martyrologe du peuple Méridional debout contre Montfort pour défendre son indépendance. Dormillouse, près de la Vallouise, est la cime héroïque des Alpes Vaudoises.

 

V. - Le Val de Freissinières

 L'aspect de ce désert qui servit de retraite à la vérité le souvenir de tant de martyrs qui l'arrosèrent de leur sang les profondes cavernes où ils allaient en secret lire les Saintes Écritures, tout élève l'âme et inspire des sentiments difficiles à exprimer.

 Félix NEFF.

 Quelle lumière sur ce plateau qu'entourent des roches d'or ! Quelle puissance a ce bleu du ciel posé comme un toit sur les piliers des montagnes !

 Benjamin VALLOTTON.

 Vallée, grandiose et gracieuse à la fois. C'est d'une part, l'aspect verdoyant de la montagne, et d'autre part c'est en été, le climat sec, le beau fixe et la lumière prestigieuse du Midi... La vallée de Freissinières s'ouvre sur la vallée de la Durance. L'entrée de la vallée est très supérieure au niveau de la Durance ; on l'aperçoit d'en bas, juchée là-haut sur une terrasse de rochers aux teintes jaunes et rouges. C'est une sorte de redoute naturelle et lorsqu'on franchit le seuil de la vallée, l'on a presque l'impression de pénétrer dans une haute, citadelle alpestre, bien fermée, fièrement campée, dans un petit monde alpestre bien à part.

 Charles VALLOTTON.

 

Ton ciel italien, ô val de Freissinières,

Au dessus des glaciers resplendit triomphal
Et l'éclat souverain du soleil provençal
Illumine l'alpage et ses pins centenaires.
 
Tes blancs sommets ont vu des haines meurtrières
Ensanglanter leur neige et rougir le cristal
De l'onde d'un torrent qui sillonnait ce Val
Au pied des monts changés en douloureux calvaires !
 
Biaysse (*) aux flots transparents, dans la nuit, ta chanson
Est ce bruit monotone où passe le frisson
De tous ceux qui sont morts debout dans leur croyance.
 
Les jours de deuil sont loin ! Dans l'encens des genêts
La cascade sonore élève un chant de paix,
Et c'est l'hymne nouveau qu'emporte la Durance.

 

(*) Dans la Vallée de Fressinières, la Biaysse est le torrent rapide, la rivière limpide qui, de cascade en cascade, arrive au pied de Dormillouse et va rejoindre la Durance entre Briançon et Mont-Dauphin.

 


Table des matières

 

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