HISTOIRE DE
LA TERRE
CINQUIÈME JOUR.
Et Dieu dit : « Que les
eaux fourmillent d'un fourmillement
« d'âmes vivantes, et que
des êtres ailés volent sur la
terre (1),
sur la face de l'étendue
des cieux.
Et Dieu crée les grands monstres marins, et
toute âme vivante qui se remue, dont les eaux
ont fourmillé, selon leur espèce, et
tout être ailé qui vole, selon
son espèce. Et Dieu voit que c'est
bon.
Et Dieu les bénit en disant :
« Croissez et multipliez, et
remplissez les eaux dans les mers, et que les
êtres ailés se
multiplient en la terre. »
Et il y a un soir, et il y a un matin :
cinquième jour.
Le deuxième jour avait été
celui des eaux inférieures qui sont, en
partie du moins, devenues la mer, et de
l'étendue qui comprend avec l'éther,
l'atmosphère : le cinquième jour
est celui des animaux marins et des animaux
atmosphériques.
L'animal est nommé âme vivante,
et c'est ici que reparaît le mot de
créer. C'est que l'âme de
l'animal est, dans l'oeuvre des Six Jours, un fait
absolument nouveau ; elle est une substance
spirituelle que Dieu a tirée du
néant, et qui n'avait point son analogue
dans la plante, dans l'astre, dans les
éléments physiques. L'écrivain
inspiré n'aurait pu faire usage ici ni du
terme d'âme, ni de celui de
créer, si l'animal n'était,
comme le voulait Descartes, qu'une machine, ou si
la vie devait être rangée, comme
l'électricité, au rang des agents
physiques.
Mais l'esprit primesautier du croyant saisit
d'emblée, au travers des apparences
matérielles, l'essence invisible, et
découvre que l'animal est une âme, et
que c'est cette âme impalpable qui supporte
et fait mouvoir sa lourde demeure d'os et de chair,
ou de terre. Les panthéistes, sans doute,
accepteraient avec empressement cette
réduction de l'animal tout entier à
son âme seule ; mais le terme de
créer n'existe pas dans leur
langue.
Dieu crée les poissons et les oiseaux sans
ordonner aux eaux (2)
ni à l'air de concourir
à son oeuvre, tandis que la terre fait
sortir de son sein les végétaux,
et reçoit de Dieu l'ordre d'en faire
sortir les quadrupèdes. C'est que, en
vertu de la loi même du progrès, la
terre ferme qui est venue la dernière, est
supérieure à tout ce qui l'a
précédée, et tout
spécialement à la mer ; c'est
que l'air date de ce deuxième jour qui n'a
point reçu du Créateur une
approbation formelle ; c'est que la mer porte
la tache de son origine chaotique, et a quelque
affinité lointaine avec les
ténèbres et le
péché.
Ses monstres sont les symboles des grandes
puissances ennemies de Dieu, et son empire est le
théâtre de guerres sans fin entre ses
habitants.
Tout, dans le récit de la création
des animaux, nous les montre dans la plus intime
relation avec l'élément où ils
vivent. Ils se divisent dans le texte non point en
vertébrés et
invertébrés, ou en animaux à
sang chaud et à sang froid, mais en animaux
marins, aériens et terrestres, division qui
peut paraître fort étrange aux
naturalistes modernes, mais qui avait sa valeur et
sa nécessité dans les temps de
création.
Les animaux marins se subdivisent en deux classes,
d'après leur taille : la classe des
monstres, tels que les
cétacés, les requins, les sauriens
amphibies, et la classe de tous les poissons de
moindre taille, avec ceux des
invertébrés qui ne vivent pas sur la
terre ferme.
Le mot ROMES se dit en général de
tout petit animal qui échappe
aisément aux regards, soit qu'il se meuve
rapidement vers la surface des eaux, ou se
traîne dans leurs profondeurs, soit qu'il se
glisse dans l'herbe qui le cache.
Par gOPH il faut
entendre tout ce qui a des ailes, oiseau ou
insecte.
Ajoutons, en empiétant sur l'oeuvre du
sixième jour, que les animaux terrestres
comprennent : le bétail ou les
quadrupèdes domestiques ; les
animaux de la terre, qui sont les grands
quadrupèdes sauvages, et enfin les petits
quadrupèdes et les reptiles, lézards,
tortues, serpents, qui se glissent ou
rampent sur le sol.
Dans la Vision, les oiseaux sont
créés non point avec les
quadrupèdes, auxquels pourtant ils
s'associent nécessairement dans notre
esprit, mais avec les poissons qui habitent un
autre élément et nous sont
entièrement étrangers.
Certainement si cette cosmogonie était une
imagination humaine, on ne se serait pas plus
avisé de grouper ainsi les animaux que de
placer le soleil après la lumière et
les plantes avant le soleil. Et pourtant ne
fallait-il pas que les habitants du fluide
atmosphérique apparussent
le même jour que ceux du fluide des
mers ?
Les oiseaux, disait saint Basile, ne nagent-ils pas
dans l'air comme les poissons volent dans
l'eau ? Et les premiers ne sont-ils pas
ovipares comme les seconds ?
Les oiseaux, d'après la Vision, pouvaient se
nourrir des fruits et des graines que produisaient
les végétaux qui couvraient les
continents ; mais quelle pouvait être la
subsistance des animaux qui vivaient dans ces mers
à qui l'ordre n'avait point
été donné de produire toute
une flore particulière ?
Sans doute la terre ferme qui forme le bassin des
mers avait entendu, elle aussi, l'ordre du
Créateur et produit certaines espèces
de plantes, qui servaient de nourriture aux
espèces herbivores de poissons. Mais combien
les plantes marines sont peu nombreuses au prix de
celles des continents ! et quelle foule
immense d'habitants des mers qui se dévorent
les uns les autres !
Les abîmes et les rivages des océans
étaient ainsi, longtemps avant la chute de
l'homme, témoins de guerres continuelles et
d'affreux carnages. Ces scènes lugubres
semblaient du moins se dérober à
l'avance aux regards d'Adam en se cachant dans les
profondeurs d'un élément qui ne
devait pas être le sien. Toutefois la mort et
les habitudes carnivores n'en déparaient pas
moins la nature, et il y a là
d'indéchiffrables énigmes qui nous
ramènent à l'hypothèse d'une
ruine de la terre primitive occasionnée par
la chute des anges.
L'oeuvre des six jours est une restauration, une
purification lente et progressive d'un monde
souillé, et à chaque période
la bonté de la terre nouvelle n'est
toujours qu'une bonté relative, qu'un
moindre mal et qu'un acheminement vers un plus
grand bien.
Dieu bénit les animaux marins et les
volatiles en leur remettant, comme leurs empires,
la mer et l'air, qu'ils peupleront selon leurs
espèces. Au jour suivant nous
le verrons bénir, non les
animaux terrestres, mais l'homme, parce que c'est
à lui à couvrir de sa
postérité la terre ferme, et que la
bénédiction qui descend du ciel sur
un supérieur, descend à son tour sur
tous les inférieurs qui l'environnent.
Comparons maintenant le récit du
cinquième jour avec les découvertes
de la géologie.
Le soleil est plus ancien que l'animal, selon la
Vision. La géologie a découvert,
d'après la conformation des yeux, que la
lumière qui éclairait les plus
anciens animaux ne différait point de celle
qui nous luit aujourd'hui. Point donc, selon l'une
et l'autre autorité, d'animaux
antésolaires.
Ce qui est vrai de la lumière l'est
également de l'air et de l'eau. M. d'Orbigny
a établi « qu'aucune modification
appréciable n'existant dans les organes de
la respiration des êtres depuis les
époques les plus anciennes jusqu'à
l'époque actuelle, les milieux d'existence
sont restés les mêmes sur les
continents et dans les mers. »
Or la Genèse entend bien qu'il en soit
ainsi, puisque c'est au quatrième jour,
antérieurement aux animaux, que la terre a
subi sa dernière transformation en devenant
la planète du soleil. Mais des faits
constatés par M. d'Orbigny, il
résulte que, « si les
mammifères terrestres apparaissent longtemps
après les oiseaux et les animaux marins,
cette apparition tardive n'est point due à
un changement des milieux d'existence, qui aurait
dû exercer son influence sur les autres
classes, et qu'elle dépend donc de la
même puissance créatrice qui
auparavant, sans qu'aucune cause physique puisse
être invoquée, avait
déjà plusieurs fois repeuplé
les mers et les continents de leurs nombreux
habitants. »
Conclusion d'une immense portée, qui
détache de la nature les êtres
organiques pour les faire
dépendre d'autant plus de
Dieu, et qui nous explique toute la portée
de ces mots : Dieu créa
(3).
Les concordances que nous venons de signaler, entre
l'oeuvre du cinquième jour et la
géologie, quelque importantes qu'elles
puissent être, le sont moins encore que la
suivante, qui porte sur les classes d'animaux qui
ont été créées les
premières.
L'oeuvre des six jours suit manifestement la loi du
progrès : les plantes ont
précédé les animaux, les
animaux marins viennent avant les habitants de la
terre, et ceux-ci sont suivis de l'homme. Mais les
animaux marins qui ont été
créés tous ensemble le
cinquième jour, comprennent, dans le langage
de la science, les rayonnés, des
articulés, des mollusques et des
vertébrés.
Voilà donc l'animal-plante, le zoophyte, qui
se trouve le contemporain du poisson et même
de mammifères tels que les
cétacés ! Le milieu d'existence
prévaut ici en plein sur le progrès,
et tous les habitants d'un même
élément sont appelés
simultanément à l'existence sans le
moindre égard à leurs
différences de perfection.
Ce trait de la Vision génésiaque est
certainement fort étrange, mais ce qui l'est
bien plus encore, c'est que la géologie,
à son propre insu, a constaté
l'exacte vérité du récit
inspiré. Les naturalistes, en effet, qui
avaient, eux aussi, l'intime conviction que tout
dans la nature est réglé
d'après la loi du progrès, et qui
s'attendaient à ce que, dans les couches
successives de l'écorce terrestre, les
animaux se suivissent selon l'ordre de la grande
échelle des êtres, furent fort surpris
de voir dans les terrains de transition
apparaître subitement et à la fois des
représentants des quatre
grands embranchements du règne animal.
À cette vue, les uns saisirent sous un jour
tout nouveau les relations mutuelles des zoophytes,
des articulés, des mollusques et des
vertébrés, et
réformèrent toutes leurs idées
sur l'histoire de la vie organique ; d'autres
nièrent tout perfectionnement progressif des
êtres dans les âges du monde. Mais
comment cette découverte, si récente
et si imprévue, se trouve-t-elle
consignée depuis tant de siècles dans
la première page de la
Genèse ?
Le jour des animaux marins est aussi celui des
oiseaux et des insectes ailés, et nous avons
vu que d'après le texte sacré les
habitants de l'air peuvent avoir été
créés après ceux de la mer,
dans la dernière partie de ce
cinquième jour.
D'après la géologie, la
première période palaeozoïque
possédait déjà des animaux
terrestres respirant par des trachées, des
insectes coléoptères,
orthoptères et
névroptères ; et si les oiseaux
ne remontent pas aussi haut, au moins
existaient-ils déjà dans les terrains
triasiques.
Les animaux marins et les oiseaux du
cinquième jour vivaient à une
époque où la terre ferme était
depuis le troisième jour couverte de
végétaux. - La géologie
signale des plantes fossiles partout où elle
découvre des animaux, et pour elle ces deux
règnes sont toujours contemporains.
Ces concordances nous porteraient à
rapporter au cinquième jour, non seulement
les terrains de transition et ceux de la houille,
avec leurs animaux marins appartenant aux quatre
embranchements, mais aussi les terrains calcaires,
avec leurs gigantesques sauriens, qui seraient dans
un sens tout spécial les monstres de
la Vision, et dont la férocité
était telle qu'on a dit que « la
nature semblait ne les avoir mis au monde que pour
se détruire et
s'entre-dévorer
(4).
Mais ce parallélisme entre la Genèse
et la géologie prête le flanc à
deux graves objections.
La première est tirée de la
présence, dans les terrains de
l'époque primaire et de l'époque
secondaire ou calcaire, d'animaux terrestres qui,
dans la Vision, ne peuvent appartenir qu'au
sixième jour : tels sont les scorpions
de la houille, qui ne sont ni des habitants des
eaux, ni des animaux à ailes ; tels les
iguanodons, les mégalosaures, qui vivaient
sur un sol découvert et sec, et qu'on ne
peut pas même classer parmi les amphibies
pour les comprendre sous la vague
dénomination de monstres marins
(thaninim) ; tel encore le
mammifère de l'oolithe de Stonesfield, qui
paraît bien être un didelphe et non un
cétacé.
La seconde objection, c'est la difficulté de
retrouver, dans la série des époques
géologiques, le grand soir
cosmogonique qui sépare le
cinquième jour du sixième.
J'avais cru d'abord que ce soir-là pouvait
être la crise tellurique pendant laquelle se
sont déposés les terrains crayeux,
qui sont très épais et recouvrent
d'immenses régions. Surtout l'étage
supérieur de la craie semblait très
distinct des terrains tertiaires et en
géologie et en paléontologie :
il y avait là, d'une part, défaut de
continuité, tandis que les divers
étages des formations calcaires et de celles
de transition passent insensiblement de l'un
à l'autre dans telle ou telle
contrée ; d'autre part, changements
simultanés et complets dans le règne
animal et dans le règne
végétal.
Mais depuis lors les terrains crayeux, mieux
connus, ont paru se relier à ceux qui les
précèdent et à ceux qui les
suivent. D'ailleurs ils marqueraient une des
grandes stations dans le développement de la
terre, qu'encore ne serait-on pas en droit
de faire de leur époque le
temps d'une de ces grandes ruines extraordinaires
que la Vision désigne du nom de soirs. Car
le cataclysme pendant lequel s'est
déposée la craie, ne diffère
point dans sa puissance de destruction de ceux qui
ont mis fin aux terrains primaires, et qui ne sont
point pour nous un soir cosmogonique, tandis
que le soir du quatrième jour n'a pas
laissé après lui la moindre trace des
végétaux antésolaires.
Ce sont entre autres ces considérations qui
ont engagé M. le professeur Th. à
faire rentrer toute la longue série des
époques géologiques dans les limites
du sixième jour. Nous laisserons à
l'avenir le soin d'éclaircir ce point
obscur.
SIXIÈME JOUR.
Et Dieu dit : « Que la
terre fasse sortir des âmes vivantes
« selon leur espèce :
bétail, et ce qui se glisse et rampe, et
animal de terre, selon son
espèce. » Et il en est
ainsi.
Et Dieu fait les animaux de la terre selon leur
espèce, et le bétail selon son
espèce, et tout ce qui se glisse et rampe
sur le sol (ADAMAH) selon son espèce.
Et Dieu voit que c'est bon.
Et Dieu dit : « Faisons un
homme à notre image, selon notre
ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons
de la mer et sur les volatiles des cieux et sur le
bétail et sur toute la terre et sur
tout ce qui se glisse et rampe, se glissant et
rampant sur la terre. »
Et Dieu crée l'homme à son
image ; à l'image de Dieu il le
créa. Mâle et femelle il les
créa.
Et Dieu les bénit, et Dieu leur
dit : « Croissez et
multipliez, et remplissez la terre et
l'assujettissez, et dominez sur les poissons
de la mer et sur les volatiles des cieux et sur
tout animal qui glisse et rampe sur la
terre. »
Et Dieu dit : « Voici, je
vous ai donné toutes les
plantes produisant semence qui
sont sur la face de toute la terre, et tous
les arbres qui ont des fruits d'arbre produisant
semence. Cela vous sera pour nourriture. Et
à tous les animaux de la terre, et à
tous les volatiles des cieux, et à tout
ce qui se glisse et rampe sur la terre, en qui
il y a une âme vivante, (j'ai
donné) toute la verdure des plantes
pour nourriture. »
Et il en est ainsi.
Et Dieu voit tout ce qu'il a fait, et voici,
c'est très bon.
Et il y a un soir et il y a un matin :
sixième jour.
Au troisième jour correspond exactement le
sixième.
Ils se divisent l'un et l'autre en deux
moitiés, qui se terminent chacune par la
formule : Dieu voit que c'est bon. Ici
la terre ferme apparaît ; là elle
reçoit ses habitants.
La terre fait sortir ici les plantes,
là les animaux.
Ici trois classes de plantes, là trois
classes d'animaux.
Ici le végétal est la production la
plus parfaite de la terre lumineuse ;
là l'homme est celle de la terre
planétaire.
Nous avons déjà dit pourquoi Dieu
fait et ne crée pas les animaux
terrestres, qui sont une simple modification du
type animal créé le jour
précédent. Il ne nous reste
qu'à relever le mot d'Adamah qui
indique la formation de l ' humus, et qui
prépare la venue de l'homme,
Adam.
Au moment de créer l'homme, Dieu dit :
« Faisons-le à notre (et non
à mon) image. » Il
délibère avec lui-même. Mais ce
lui-même est une personne
distincte ; cette seconde personne divine est
l'Image visible du Dieu invisible, et cette Image
visible devient le type primordial d'après
lequel Dieu fait et le corps et l'âme de
l'homme. Il y a donc dans cette parole de Dieu une
allusion voilée au mystère de la
Trinité. On a prétendu que ce verbe
faisons était le pluriel de
majesté ; mais dans la Bible
entière l'Éternel dit : Je,
et laisse le Nous aux rois de la
terre.
L'image a trait à la forme
extérieure de l'homme, qui reflète
dans le monde de la matière la forme
spirituelle du Fils éternel de Dieu ;
la ressemblance, à ses
facultés morales, qui sont pareilles aux
perfections divines, et qui le rendent digne de
dominer avec puissance sur la terre comme Dieu
domine avec toute-puissance sur l'univers.
« Faisons l'homme à notre
image, .... et qu' (en vertu de sa nature
quasi-divine) ils
dominent.... »
Qu'ils dominent, dit le texte : l'homme
que Dieu va créer est donc un être
collectif, à la fois singulier et
pluriel ; c'est un être unique, mais qui
se multipliera au point de peupler
toute la terre. Il eût
été impossible d'établir d'une
manière plus formelle, plus simple et en
même temps plus ingénieuse
l'unité du genre humain.
La domination de l'homme s'étendra par les
animaux sur les éléments auxquels ils
appartiennent : le texte a soin de rappeler
la mer, les cieux ou l'air, la terre
ferme, en nommant les poissons, les oiseaux,
les quadrupèdes.
L'homme exercera son empire : comme
pêcheur et chasseur, sur les poissons
et les oiseaux du cinquième
jour ; comme pasteur, sur les animaux
domestiques du sixième jour ; comme
laboureur, sur la terre
elle-même ; enfin, par son industrie
et son commerce, sur tous les quadrupèdes de
petite taille.
Il est digne de remarque que le texte garde le
silence sur les animaux de la terre, par
lesquels il faut entendre les quadrupèdes
sauvages de grande taille, et en particulier les
bêtes féroces ; l'homme, en
effet, les détruira plutôt qu'il ne
dominera sur elles.
Mais l'homme ne sera pas chasseur avant
d'être nomade, pasteur avant de labourer le
sol. Quand Dieu lui parle et lui trace ses devoirs,
il place immédiatement après le
peuplement lent et progressif de la terre,
l'agriculture par laquelle nous nous l '
assujettissons, et, en dernier lieu, l'empire
sur les poissons, les oiseaux et les
petits quadrupèdes. Et
aussi verrons-nous dans l'histoire la civilisation
plus ancienne que la vie sauvage, la pêche et
la chasse.
Dieu donne à l'homme sa
nourriture : les plantes
légumineuses et les fruits des
arbres. Ovide, exprimant la tradition
universelle, dit exactement dans les mêmes
termes (5) :
Foetibus arboreis et quas humus educat,
herbis.
C'est là la vie du paradis. Avec la
chute commence la pénible culture des
céréales, et après le
Déluge Dieu permet la chair des animaux et y
ajoute le vin. Or, sur ce point encore, la science
arrive par de longs détours et de
pénibles études à la
vérité que la Genèse nous
révèle ou nous transmet.
« C'est une question, dit M. Flourens,
qui a beaucoup occupé les physiologistes, et
qu'ils n'ont point décidée, de savoir
quel a pu être le régime naturel, le
régime primitif de l'homme.... Aujourd'hui,
grâce à l'anatomie comparée....
il est très facile de voir que l'homme n'a
été primitivement ni herbivore, ni
carnivore.... mais frugivore
(6). »
C'est précisément ce que disent les
deux premières pages de la
Genèse.
Mais que signifie cette nourriture
végétale que Dieu donne à tous
les oiseaux et à tous les
quadrupèdes ? Que les plantes du
troisième jour avaient été
produites en vue des êtres vivants du
sixième jour ; que les instincts
carnivores ne devaient pas franchir les limites des
mers et faire invasion dans le domaine de
l'homme ; que jamais le sang n'aurait dû
se verser sur la terre ferme, et que ce
n'était qu'à cette condition que Dieu
déclarait très bonne l'oeuvre des Six
Jours. Tel est le sens simple et
littéral de la Vision, et c'est bien ainsi
que l'ont entendu et les prophètes
hébreux qui annoncent pour la fin de notre
monde un temps où l'agneau paîtra avec
le loup, et les peuples païens qui se
souvenaient d'un âge d'or où nulle
bête féroce ne répandait autour
d'elle la terreur.
Mais d'où viennent donc nos vautours et nos
tigres ?
La Genèse ne nous le dit pas, et nous ne
voyons que deux moyens de résoudre
l'énigme : une dernière
création d'animaux postérieure
à la chute, ou une révolution, en
quelque manière impossible, qui se serait
faite dans les instincts et les moeurs des animaux
qui d'herbivores seraient devenus carnivores.
Cependant le second chapitre de la Genèse
contient sur l'époque où l'homme fut
créé des détails si
remarquables, que nous devons les recueillir avec
soin. Mais il faut avant tout redresser les erreurs
qui, dans nos traductions, altèrent
profondément le sens de ce chapitre.
Le texte hébreu de ce second chapitre parle
de plantes, d'oiseaux, de quadrupèdes
créés en même temps que l'homme
et après lui, et il semble par là
contredire la Vision génésiaque, qui
place avant Adam l'apparition et des animaux et des
végétaux.
La contradiction n'existe que si l'on fait des six
jours cosmogoniques des jours de vingt-quatre
heures : elle disparaît dès qu'on
les prend pour de longues périodes qui sont
séparées les unes des autres par des
temps de ruine, et qui comprennent chacune
plusieurs époques distinctes. À ce
point de vue, le second chapitre nous donne le
récit très circonstancié de la
dernière époque du sixième
jour, où l'homme apparut sur la terre
(7).
La solution de la difficulté est aussi
simple que complète. Les Septante la
connaissaient-ils déjà, ou leur foi
triomphait-elle de leurs doutes ? Nous
l'ignorons, mais au moins les voit-on reproduire en
grec le texte hébreu avec
une scrupuleuse exactitude. Il n'en fut pas de
même de l'auteur de la Vulgate, qui eut peur
pour la Parole de Dieu, et qui crut devoir venir
à son aide en substituant aux parfaits
de l'original des plus-que-parfaite de
son invention.
Ses successeurs le copièrent, et c'est ainsi
que nos versions françaises et allemandes
présentent, à peu près toutes,
les mêmes fautes
(8). Les
rationalistes allemands ne manquèrent pas de
signaler ces fraudes pieuses et de mettre le second
chapitre aux prises avec le premier. On en
était là quand la géologie
vint, à son insu, donner à
l'Église les armes qu'elle cherchait pour
repousser ses adversaires, et l'objection qui
semblait invincible s'est convertie en une nouvelle
et lumineuse concordance entre la Bible et la
science humaine. Voici la traduction de cette page
inspirée :
Au jour que le Seigneur Dieu (Jéhova
Elohim) fit
(9) la
terre et les cieux, nul arbrisseau des champs n'est
encore sur la terre (arets), et nulle plante
(10) des champs
ne pousse encore ; car Jéhova Elohim
n'a pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y a
point d'homme pour cultiver le sol (ADAMAH).
Et une vapeur (11)
s'élève de la
terre, et elle a arrosé toute la face du
sol.
Et Jéhova Elohim forme
(12) l'homme
(ou Adam) de la poussière prise
du sol ; et il souffle dans ses narines (ou
sa face) un esprit (13)
de vie ; et Adam devient
âme vivante.
Et Jéhova Elohim plante
(14) un jardin
en Héden vers l''orient
(15), et il
place là l'homme qu'il a
formé.
Et Jéhova Elohim fait pousser du sol tout
arbre agréable à la vue et bon
à manger, et un arbre de vie au milieu du
jardin, et un arbre de la connaissance du bien et
du mal.
Et un fleuve était sortant
d'Héden pour arroser le jardin, et de
là il se partage, et il devenait quatre
têtes
(16). Le nom du
premier est Phison ; celui-ci est
circulant dans toute la terre de Chavila
où est l'or. Et l'or de cette terre
est bon ; là sont le
bdellion et la pierre de Schoham. Et le nom du
second fleuve est Gihon ; celui-ci est
circulant dans toute la terre de Cusch.
Et le nom du troisième est
Hiddekel ; celui-ci est passant
à l'orient d'Assur. Et le fleuve
quatrième, celui-là est le
Phrat.
Et Jéhova Elohim prend l'homme et le
dépose dans le jardin d'Héden pour
qu'il le cultive et qu'il le garde. Et
Jéhova Elohim ordonne à l'homme
disant : « De tout arbre du
jardin mange (mangeant) librement ; et
de l'arbre de la connaissance du bien et du mal,
n'en mange pas ; car au jour que tu en
mangeras tu mourras de mort. »
Et Jéhova Elohim dit :
« Il n'est pas bon que l'homme
soit seul ; je lui ferai une aide semblable
à lui. » Et Jéhova
Elohim forme (17)
du sol tout animal des champs et
tout volatile des cieux ; et il les
fait venir vers l'homme pour qu'il voie comment
il les nommera ; et tout ce que nommera
l'homme d'âmes vivantes, tel sera son nom. Et
l'homme donne des noms à tout le
bétail, et aux volatiles
des cieux et à tout animal des champs ;
et il ne se trouva point pour l'homme d'aide
semblable à lui. Et Jéhova Elohim
fait tomber un sommeil profond sur l'homme, et il
s'endort. Et il prend une de ses côtes et il
resserre la chair à sa place. Et
Jéhova Elohim façonne (construit) la
côte qu'il a prise de l'homme, en une femme
(ISCHAH). Et il la fait venir vers l'homme.
Et l'homme dit : « Celle-ci,
à cette fois, est « os de
mes os et chair de ma chair. À celle-ci on
donnera pour nom femme (ISCHAH) ;
car de l'homme (ISCH, lat. VIR) a
été prise celle-ci. C'est pourquoi
l'homme (ISCH) abandonnera son père
et sa mère et il s'attachera à sa
femme, et ils seront une seule
chair. » Et tous deux, l'homme et
sa femme, sont nus, et ils n'ont point de
honte.
Laissant de côté pour le moment tout
ce qui, dans ce chapitre, a trait à
l'état moral d'Adam, nous y voyons Dieu
suivre dans cette dernière partie de son
oeuvre un ordre tout nouveau : il commence ici
par l'homme, qui est la conclusion de l'ensemble,
revient ensuite en arrière jusqu'aux plantes
du troisième jour, puis forme en même
temps les oiseaux du cinquième et les
quadrupèdes du sixième, et finit par
la femme.
Toutefois cet ordre étrange a sa
raison : l'Adam primitif en qui est encore
renfermée cette moitié de
lui-même qui deviendra la femme, est un
être semblable aux plantes, chez qui les deux
sexes ne sont point séparés. Aussi
est-il formé pour ainsi dire en même
temps qu'elles, et placé dans un jardin
où il passe les premiers temps de son
existence dans leur seule compagnie.
Mais quand le moment approche où la femme
doit être tirée de l'homme, Dieu fait
apparaître les quadrupèdes et les
oiseaux qui préfigurent dans l'ordre des
choses naturelles les saintes relations du mariage.
On dirait que le roi de la terre, en apparaissant
dans son empire, y cause une agitation toute
pareille à celle que produit dans la
capitale l'entrée d'un monarque qui
vient prendre possession de son
trône : les antiques lois de la nature
sont suspendues, les différentes classes
d'êtres ne se présentent plus dans
leur ordre accoutumé, et tout se subordonne
aux désirs de celui à qui appartient
la domination.
Mais cette influence d'Adam sur la nature ne
s'étend pas à la terre
entière. Le second chapitre ne nous parle
que de ce qui se passe en Héden et dans le
Paradis ; il ouvre l'histoire de l'homme,
c'est-à-dire le récit de ce que
l'homme a fait ou vu, et c'est à ce point de
vue que se doivent expliquer les dix chapitres
suivants, qui renferment les destinées de
l'humanité primitive.
Héden ne peut être que
l'Arménie avec les contrées
avoisinantes, puisque c'était en
Héden que se trouvaient les sources de
l'Euphrate (Phrat) et du Tigre (Hiddekel).
Ce même nom reparaît dans les Livres
des Rois, dans Esaïe, dans Ezéchiel,
comme désignant quelque province de
l'Assyrie ou de la Médie
(1 Rois XIX,
12 ; Esaïe XXXVII, 12 ;
Ezéchiel XXVII, 20), et le
Zend-Avesta donne le nom d'Héden à
l'Aderbidjan, la patrie de Zoroastre.
Nous pouvons même indiquer la position exacte
du Paradis. Il n'avait qu'une issue, d'après
Gen. III. 24 : c'était
donc une contrée alpestre, une vallée
entourée de tous côtés par de
hautes et inaccessibles montagnes, qui laissaient
pour unique passage un étroit
défilé. Par ce défilé,
le fleuve d'Héden sortait du Paradis, et il
entrait dans de vastes plaines où il se
divisait en quatre bras, qui ne se
réunissaient plus, et qui allaient
même se jeter dans des mers
différentes.
Le premier de ces fleuves était le
Pison ; or l'Araxes portail aussi le nom de
Phasis dans son cours supérieur, et la
contrée où sont ses sources, c'est la
Phasiane des anciens ou le Pasin, qui est au
pied du Beng-Eul ou du mont des
Mille sources. Cette Phasiane était
donc l'immense jardin d'Adam. Ajoutons que vers
l'est, à une distance peu
considérable, est l'Ararat, qui sera le
point de départ de l'humanité
post-diluvienne, comme le Paradis a
été celui de la primitive
humanité.
Moïse, en donnant des détails si
précis sur la situation du jardin
d'Héden, a donc bien atteint son but, qui
était certainement de brider l'imagination
des Israélites et de repousser la fable
d'une translation du Paradis soit au delà de
l'Océan, soit dans les cieux. Mais il savait
aussi que ce lieu des délices avait
été détruit par quelque grande
révolution subséquente, sans doute
par le Déluge, et que la description qu'il
en donnait ne répondait plus à la
géographie de son temps.
Au reste cette description n'était pas de
Moïse, il l'avait reçue de patriarches
qui vivaient dans un temps où les
Assyriens n'avaient pas encore quitté
la Mésopotamie pour fonder leur capitale au
delà du Tigre, et où ce fleuve
formait la limite orientale de leur
territoire
(II, 14).
Au temps d'Adam, le Tigre et l'Euphrate
étaient les deux bras méridionaux du
grand fleuve de l'Héden, dont ils se
séparaient sans doute sur les hautes terres
de l'Arménie. Des deux bras septentrionaux,
l'un, le Pison ou Araxe, traversait les plaines
où s'est creusé plus tard le bassin
de la mer Caspienne, et qui, depuis le
Déluge, ont pris le nom de Chavila.
Ce nom vit encore dans ceux que les Slaves
donnent à ce lac immense. Chwalinskoye More,
et aux Chwalissi, qui habitaient vers le Volga
inférieur. Il paraît même que
Chwala a la même étymologie que Slawa,
et le nom de cette race slave qui a
été comme réservée pour
les derniers siècles de l'histoire, se
lirait donc déjà dans celui de
Chavila, à la seconde page de la
Genèse.
Cependant le Pison se jetait dans l'Océan
boréal en suivant la dépression de
terrain par laquelle la Caspienne
communiquait autrefois avec cette mer
extérieure. Il coulait le long du pied
oriental de l'Oural, qui, sur une longueur de mille
verstes, contient de l'or, et un or excellent,
ainsi que des pierres précieuses. La
plus belle de ces pierres était
désignée par le nom de schoham,
dont on ignore depuis longtemps le sens. Quant
au b'dolach, qui est le bdellion des Grecs,
il faut entendre par là une résine
odoriférante qui découle de certains
palmiers sur les bords du golfe Persique ; or,
avant le Déluge, la Sibérie, qui
était peuplée
d'éléphants, de rhinocéros,
d'hippopotames, de tigres, pouvait bien avoir aussi
le palmier du bdellion. Le Pison, d'après
cette explication, n'arrivait à la mer
qu'après un cours fort long et de grands
circuits.
Le Gihon en décrivait de pareils dans
la terre de Cusch. Placé dans le
texte entre le Pison et le Hiddekel, on ne peut le
chercher qu'entre l'Araxe et le Tigre,
c'est-à-dire sur le plateau de l'Iran et
peut-être dans le Touran. Or, un
géographe arménien du dixième
siècle de notre ère décrit la
Perse sous le nom de Khous (18),
et Eschyle, ainsi que d'autres
écrivains grecs, placent des
Éthiopiens ou Cuschites au centre de l'Asie,
dans le Touran. Sans doute il n'existe plus de
fleuve qui, venant de l'Arménie, arrose la
Médie, et, par un long contour, descende au
nord vers la mer Caspienne. Le seul fleuve qui s'y
soit jeté de mémoire d'homme, c'est
l'Oxus, qui arrive de l'est et descend du
Bélour ; mais (fait remarquable) il a
hérité du nom antique et se nomme le
Gihon.
Quelle que soit au reste l'explication qu'on
donnera du quadruple fleuve d'Héden, on sera
toujours conduit soit à accuser Moïse
d'une grossière erreur, soit à dire
que la surface de l'Arménie et des
régions avoisinantes a,
depuis Adam aux temps postdiluviens, subi de grands
changements dans son relief par le
soulèvement de nouvelles chaînes de
montagnes qui ont considérablement
modifié toute l'hydrographie de l'Asie
occidentale. Mais nous devons revenir aux
renseignements que le chapitre que nous
étudions, nous donne sur l'état de la
terre lors de la création d'Adam.
Alors, dans la région de l'Arménie,
qui peut-être venait de surgir du sein de la
mer, il n'y avait ni arbuste sauvage, ni
plante comestible, ni arbre
agréable à la vue ou bon à
manger, ni ronces et épines
(Genèse III, 18).
D'après la classification des
végétaux du troisième jour,
cette contrée n'aurait produit que des
herbes, des mousses, des graminées.
Le texte, d'ailleurs, ne nous dit rien des autres
pays, qu'on peut supposer à volonté
ou pareillement arides, ou ornés de la plus
luxuriante végétation.
Nous en dirons autant des quadrupèdes et des
oiseaux. Les océans, les lacs, les fleuves
avaient certainement leurs habitants de toute
espèce ; les terres fermes des
époques antérieures avaient sans
doute leur faune. Mais il est hors de contestation
que le Paradis était désert, et
qu'Adam y vécut quelque temps avant de voir
apparaître le bétail ou les
animaux qui sont devenus nos domestiques,
les bêtes sauvages des champs
et les oiseaux. On ne peut d'ailleurs
entendre par ces animaux créés
après lui que ceux qui pouvaient vivre dans
le climat de l'Arménie, et il est digne de
remarque que le texte ne mentionne nullement la
troisième classe des animaux terrestres,
ceux de petite taille, qui se glissent ou rampent
sur le sol.
Mais rien peut-être dans ce second chapitre,
où chaque mot est un sujet
d'étonnement, n'est plus étrange que
ce qui nous est dit de l'absence de la pluie,
et de cette vapeur qui
s'élevait de la terre et arrosait,
humectait toute la surface du sol.
L'atmosphère à cette
époque n'était donc pas à tous
égards ce qu'elle est devenue plus tard. On
ne voit pas au premier abord pourquoi
l'écrivain sacré entre, contre ses
habitudes, dans de tels détails de physique.
Veut-il peut-être appeler notre attention sur
cet humide humus d'où l'homme
va être tiré ? Ou
plutôt n'attache-t-il point ici à la
porte du Paradis un fil, qu'il laisse tomber pour
le reprendre à l'article de Caïn et des
Caïnites, qui ont été
tourmentés d'une manière inouïe
par le grand fléau de la sécheresse,
au temps de Méhujaël ?
Cependant cette atmosphère sans pluie
n'était point une tache qui
déparât la terre primitive. Tout au
contraire, à la fin du sixième jour
et au temps qui suivit immédiatement la
création d'Ève, tout était
très bon (19).
L'oeuvre des cinq autres jours
n'avait été que bonne :
celle du dernier élève la terre
à la plus haute perfection dont elle
était alors susceptible : les ruines du
chaos sont réparées, les
ténèbres domptées, les
éléments épurés, la
terre ferme couverte de végétaux,
l'air et les continents peuplés d'animaux,
et l'homme investi de sa royauté.
Telle a été l'oeuvre du
sixième jour. Si nous comparons cette partie
du récit inspiré avec la
géologie des terrains postérieurs
à la craie, nous voyons concorder la Bible
et la science dans les deux points
principaux : l'apparition des
mammifères après les animaux marins,
et celle de l'homme après les
mammifères.
Mais pour préciser davantage cet accord et
déterminer l'époque géologique
à laquelle correspond celle de la
création d'Adam, il faut arrêter son
opinion sur le déluge de Noé et le
diluvium géologique, et, faisant un pas de
plus, examiner l'oeuvre du septième
jour.
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