Tout ce que vous demanderez en priant. si vous croyez, vous le recevrez. Matth., XXI, 22.
Le culte étant le tribut d'adoration que les
chrétiens rendent à leur Dieu
Sauveur, là prière en est
l'élément principal.
La prière est un élan spontané
de l'âme vers Dieu par lequel le
fidèle épanche ses douleurs, confesse
ses fautes, exprime son amour et sa reconnaissance,
et sollicite du Père des lumières des
grâces nouvelles.
La prière ne s'adresse qu'à Dieu seul
par la seule intercession de
Jésus-Christ.
Pour être agréable à Dieu, il
faut que la prière soit fervente, confiante
et sincère, et accompagnée d'un
esprit de sainte activité.
Les protestants n'imposent jamais la prière
comme une tâche ou une punition : ils la
considèrent comme un doux et précieux
privilège, et croiraient offenser Celui
à qui ils s'adressent s'ils en faisaient une
occasion d'ennui et de
douleur.
Toutefois, il n'est rien de plus solennel que la
prière, et les protestants croiraient
commettre un acte de profanation, soit en
prononçant leurs prières dans des
carrefours et au coin des rues, soit en usant de
vaines redites que le Seigneur a condamnées.
Ils pensent que nous devons prier, comme l'a si
bien dit un chrétien éminent :
Avec la liberté d'un fils devant son père
Et le saint tremblement d'un pécheur devant Dieu.
Il résulte de ces principes que les
oraisons récitées par les mendiants
aux coins des rues, l'usage du chapelet, les
prières en langues inconnues du peuple, les
longues litanies, les supplications
adressées aux images, à la croix et
aux saints, sont des pratiques que les protestants
ne sauraient approuver et auxquelles ils se gardent
bien par conséquent de se joindre.
La prière individuelle pourrait à la
rigueur ne s'exprimer par aucune parole,
puisqu'elle est un mouvement de l'âme bien
plus qu'un acte extérieur et
cérémoniel. Mais dans notre
état d'infirmité terrestre les
paroles fixent nos idées, donnent une plus
grande réalité à nos
sentiments, et il est à craindre que celui
qui ne prierait jamais que mentalement ne finisse
bientôt par ne pas prier du
tout.
La prière orale ou exprimée par des
paroles peut être ou improvisée,
c'est-à-dire émanant
spontanément du coeur sans en avoir
prémédité l'expression, ou
être dirigée et soutenue par des
paroles écrites qu'on lit ou qu'on
récite de mémoire.
Comme il s'agit ici moins d'un principe que d'une
méthode, on devra choisir celui de ces deux
procédés qui facilite le plus les
élans d'une piété
sincère.
La prière spontanée ou
improvisée est bien celle qui paraît
la plus favorable à l'expression d'une vraie
dévotion. De l'abondance de votre coeur
laissez parler vos lèvres ; soyez
assurés que l'expression naïve de votre
foi et de votre douleur sera bien plus douce au
coeur du Père que les phrases les plus
sublimes que nous empruntons à la
piété d'un autre. Il faut, avant
tout, être simple, sincère, confiant,
fervent. Les enfants, mieux que les docteurs, nous
enseignent à prier.
Toutefois, rien ne nous autorise à exclure
des moyens propres à nourrir la
dévotion chrétienne l'usage des
prières composées par des
chrétiens éminents, ou que
nous-mêmes nous aurions composées dans
les moments les plus solennels de notre vie.
L'usage de ces prières, quand il est fait
avec intelligence et avec coeur,
ne doit pas être confondu avec un hypocrite
formalisme qui consisterait à faire de ces
prières ce que le Seigneur appelle de vaines
redites. Nous pouvons, dans une certaine mesure,
mettre nos sentiments à l'unisson des
sentiments exprimés dans une liturgie
chrétienne, et ce n'est pas sans raison que
le Seigneur nous a donné l'Oraison
dominicale et qu'il a consigné dans sa
Parole les prières des Moïse, des
David, des Daniel, et autres hommes
éminents !
On verra plus tard que dans notre culte public nous
avons admis une succession d'actes dont les uns
sont arrêtés d'une manière
liturgique, tandis que d'autres sont
abandonnés à la discrétion du
pasteur, combinant d'une manière heureuse,
à notre avis, les deux méthodes
indiquées plus haut.
Chez les protestants, la prière, comme tous
les autres actes du culte, se dit en langue
vulgaire. Nous réservons le chant pour les
psaumes et les cantiques. La prière doit
être prononcée d'une manière
naturelle. La prière est dite
indifféremment debout et à genoux.
Cette dernière position est d'ordinaire
réservée pour le culte de famille ou
particulier ; nous n'attachons d'ailleurs
qu'une importance très secondaire à
ces formes extérieures.
Dans plusieurs de nos Églises, il est
interdit de circuler pendant
l'acte de la prière, afin de lui conserver
toute sa solennité et de protéger
l'édification de ceux qui prient.
Il n'y a point de règle qui détermine
d'une manière absolue les heures qui doivent
être consacrées à la
prière particulière ; toutefois,
nous enseignons à nos enfants à prier
soir et matin ; il en est de même du
culte de famille ; aux repas, le chef de la
famille rend grâces à Dieu de ses
bienfaits.
Nous avons appris de la Parole de Dieu qu'il lui
est agréable de nous voir prier les uns pour
les autres ; non à titre
d'intercession, c'est-à-dire avec
l'idée que nous ayons aucun mérite
devant Dieu sur lequel nous puissions nous appuyer
pour solliciter des grâces en faveur de nos
frères, non avec la prétention de
croire que nos prières valent mieux que
celles des autres, Jésus-Christ seul
étant notre intercesseur peut seul offrir
les mérites infinis que réclame notre
pardon, mais parce que les prières des
chrétiens pour leurs frères sont des
actes de charité et de sympathie qui
plaisent au coeur du Père
céleste.
Nous prions pour ceux qui nous gouvernent ;
nous prions pour nos pasteurs, pour nos parents,
pour nos chefs, pour tous les chrétiens,
pour nos amis, même pour nos ennemis.
Nous ne prions pas pour les morts ; leur sort
est immuablement fixé ; ils sont entre
les mains du Seigneur, qui est leur juge. Entre
l'éternel bonheur et l'éternelle
mort, il y a un grand abîme que nul ne peut
franchir.
Travaillons et prions « pendant qu'il
fait jour. »
C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la porte du ciel. Gen., XXVIII, 17.
Naguère nos pères adoraient Dieu au désert, c'est-à-dire
au milieu
des bois ou à l'ombre des rochers, à
la lueur des torches ou sous l'ardeur du soleil
brûlant. Dans ces lieux agrestes, il semble
que la pensée des fidèles devait plus
aisément s'élever vers le Dieu
Sauveur, qui tantôt les délivrait,
comme par miracle, des atteintes de l'ennemi,
tantôt, dans des vues
incompréhensibles, les abandonnait au feu de
la persécution. Alors la vie
chrétienne était agitée par
toutes les vicissitudes et les dangers de
l'apostolat ; le culte avait aussi
revêtu un caractère particulier de
solennelle rudesse et de pieuse exaltation ;
mais nul doute qu'il était
fréquemment distrait par
l'inquiétude, la crainte
des surprises, les dangers des
temps et les intempéries des saisons. Dans
ces assemblées tumultueuses, l'ordre et le
silence étaient difficiles à obtenir,
et le recueillement devait en souffrir
beaucoup.
Aujourd'hui, grâces en soient rendues
à Dieu, il nous est permis de l'adorer en
toute sécurité dans des
édifices convenablement disposés,
où l'ordre, la propreté, la
décence tiennent la place de plus riches
ornements, et dans lesquels chacun de nous doit
apporter de saintes dispositions à la
prière et au recueillement.
Nous donnons habituellement le nom de Temples aux édifices
consacrés au culte,
et nous réservons le nom d'Église à l'assemblée chrétienne
qui s'y réunit. Toutefois, ce langage n'est
pas absolu.
Ceux qui sont étrangers à nos
coutumes remarqueront dans nos temples l'absence de
toute image peinte ou sculptée. Ce
soin scrupuleux que nous avons d'exclure toute
représentation des objets de la foi tient au
principe spiritualiste chrétien et
découle des ordres positifs que Dieu a
donnés à son peuple.
Comment pourrions-nous, sans une flagrante
inconséquence, pour ne pas dire une coupable
infidélité, admettre les images dans
nos temples et inscrire sur leurs murs ce second
commandement de la loi :
« Tu ne te feras aucune image
taillée, ni aucune ressemblance des choses
qui sont là-haut au ciel, ni ici-bas sur la
terre, ni dans les eaux plus basses que la
terre ; tu ne te prosterneras pas devant elles
et ne les serviras pas
(Exode,
XX, 4, 5.). »
Que les fidèles, en franchissant le seuil
sacré, se rappellent que le temple est une
maison de prière, la maison de Dieu,
où il reçoit ses enfants pour les
nourrir des enseignements de sa Parole, et que ce
lieu saint peut devenir, pour ceux qui y cherchent
le Seigneur, la porte du ciel, en leur offrant
l'occasion de se convertir pour être
sauvés.
Le fidèle se rend à sa place
accoutumée en gardant le plus profond
silence, soigneux de ne point troubler le
recueillement de ses frères
déjà réunis ; il adresse,
dans le fond de son âme, une prière
à Dieu pour lui demander l'assistance de son
esprit pendant le culte auquel il désire se
livrer ; après cet acte, il s'assied et
prête au service divin toute l'attention dont
il est susceptible, sans oublier le précepte
de l'Apôtre
(1
Cor., XI) :
« L'homme ne doit point tenir sa
tête couverte, car celui qui couvre sa
tête déshonore son chef, qui est
Jésus-Christ. »
Le chant religieux, qui commence et entrecoupe les
parties distinctes du service divin, tient aux
coutumes les plus anciennes et les plus
respectables. Dans tous les âges, les hommes
ont éprouvé le besoin d'exprimer leur
admiration pour le Créateur et pour ses
oeuvres par des chants solennels. Moïse
entonna plusieurs fois les louanges de
l'Éternel ; David descendait souvent de
son trône pour saisir la harpe et chanter des
hymnes qui, dans tous les âges, servirent
d'interprètes aux âmes pieuses ;
Jésus-Christ sanctionna cet usage en
chantant le cantique ou grand Hallel,
après avoir célébré la
Pâque avec ses disciples.
La traduction des psaumes bibliques qui composent
notre recueil est due originairement à
Clément Marot, l'un des premiers et des plus
célèbres poètes
français ; ils ont depuis
été retouchés par
Théodore de Bèze, et plus tard par
les docteurs de l'Église de Lausanne.
Les airs sont dus à un musicien d'un grand
mérite, nommé Goudimel, qui a
été le maître de Palestrina et
peut être considéré comme le
père de la musique française ;
à ces psaumes, empreints de grandeur et de
gravité, on a ajouté des cantiques
empruntés aux plus grands maîtres. Un
bon recueil, composé de ces divers
éléments, a été
publié par une commission
nommée dans ce but. Les
fidèles doivent se pénétrer de
l'esprit de recueillement et de sainte joie avec
lesquels il faut chanter les louanges de
Dieu ; cet acte équivaut à une
prière, et, quoique nous n'en prenions point
ici l'attitude, notre âme
s'élève vers le Très-Haut pour
exalter ses perfections, adorer ses voies, admirer
ses oeuvres, et implorer ses grâces les plus
signalées.
Après l'invocation du saint nom de Dieu, le
pasteur lit les commandements de Dieu. C'est
la loi du Sinaï dans toute sa noble et
terrible simplicité, sans commentaires, sans
retranchements. Le peuple l'écoute, debout,
dans l'attitude du respect, et comme en
présence du Seigneur, qui la publia de sa
montagne sainte avec tout l'appareil de sa gloire
et de sa sainteté.
Chacun doit faire un sérieux retour sur
lui-même pour sonder son coeur, interroger sa
vie passée et ses sentiments de chaque jour,
pour voir s'ils sont conformes à la sainte
volonté de Dieu, exprimée dans cette
loi : « Celui qui a violé le
plus petit de ses commandements, dit Jésus,
sera tenu le plus petit au royaume de Dieu ;
et celui qui a violé la loi en un seul
point, ajoute un apôtre, est coupable de
toute la loi. » Ces déclarations
et tant d'autres aussi clairement exprimées
sont de nature à jeter
l'âme du fidèle dans un état de
trouble et de confusion tel, qu'il éprouvera
le besoin de s'humilier profondément devant
Dieu ; et c'est pour répondre à
ce besoin que le pasteur prononce, au nom du
peuple, la. confession des péchés suivante :
« Seigneur Dieu, Père
éternel et tout-puissant, nous reconnaissons
et nous confessons, devant ta sainte
majesté, que nous sommes de pauvres
pécheurs, nés dans la corruption,
enclins au mal, incapables par nous-mêmes de
faire le bien, et qui transgressons tous les jours
et en plusieurs manières tes saints
commandements, ce qui fait que nous attirons sur
nous, par ton juste jugement, la condamnation et la
mort.
Mais, Seigneur, nous avons une vive douleur de
t'avoir offensé, et nous nous condamnons,
nous et nos vices, avec une sérieuse
repentance, recourant humblement à ta
grâce et te suppliant de subvenir à
notre misère. Veuille donc avoir
pitié de nous, Dieu très bon,
Père de miséricorde, et nous
pardonner nos péchés pour l'amour de
ton Fils Jésus-Christ, notre Sauveur.
Accorde-nous aussi et nous augmente continuellement
les grâces de ton Saint-Esprit, afin que,
reconnaissant de plus en plus nos fautes et en
étant vivement touchés, nous y
renoncions de tout notre coeur,
et que nous portions des fruits de sainteté
et de justice qui te soient agréables par
Jésus-Christ, notre Seigneur.
Amen ! »
Cette belle prière est l'ouvrage de
Théodore de Bèze. On pense qu'il la
proféra pour la première fois au
colloque de Poissy, alors que la cour de France
appela en sa présence les docteurs de
l'Église romaine et ceux de l'Église
réformée pour les entendre discourir
sur les sujets théologiques qui
distinguaient leur croyance.
La conférence commençait, lorsque
Théodore de Bèze rappela aux augustes
assistants qu'il convenait d'ouvrir la
séance par l'acte saint de la prière,
et il prononça, dit-on, aussitôt
l'invocation dont le texte a été
conservé jusqu'à nos jours, et
où l'on retrouve la substance, sinon presque
toutes tes expressions, de la confession des
péchés, telle qu'elle est en usage
dans notre culte public.
Cette prière est, comme on l'a très
bien dit, le recours de la misère de l'homme
à la miséricorde de Dieu. Elle
exprime le jugement que nous portons sur
nous-mêmes, la description de notre nature
déchue, l'aveu de nos fautes, de notre
douleur et de notre repentir. Après
s'être ainsi abaissé en
présence de la sainteté redoutable de
Dieu, le fidèle se jette dans les bras de sa
miséricorde, appuyé sur les
mérites de
Jésus-Christ, notre seul Intercesseur et
Sauveur auprès du Père ; il
supplie enfin le Seigneur d'achever en lui sa bonne
oeuvre, en lui accordant les grâces de son
Saint-Esprit, par lequel seul le chrétien
peut offrir à son Dieu des fruits qui lui
soient agréables.
Après le chant religieux et la lecture d'un
ou deux chapitres de la Parole de Dieu, que l'on
place, dans plusieurs Églises, au
commencement du culte, le pasteur offre à
Dieu une prière d'actions de grâces et
de louange ; puis il prononce un sermon.
Un sermon est l'explication, le
développement et l'application d'une portion
de la Parole de Dieu que l'on appelle le texte. Le
prédicateur expose, dans son
discours, le résultat de ses études
et de ses plus profondes méditations ;
il exhorte, il censure, il conseille, il console,
il instruit, il édifie ; à cet
effet, il met en oeuvre tout ce que Dieu lui a
donné de talents, de savoir et
d'éloquence.
Son but est de convaincre, de réveiller, de
convertir et d'amener les âmes à
Jésus-Christ, et il ne néglige aucun
moyen pour y parvenir.
Les fidèles, à leur tour,
écoutent avec attention et docilité,
soigneux de s'appliquer à eux-mêmes,
aux besoins de leur âme et aux exigences de
leur position particulière les exhortations
pastorales qui leur sont
adressées. Ils doivent être plus
désireux d'entendre d'utiles
vérités que des paroles
agréables ou émouvantes ; et ils
sont appelés, par les intérêts
même de la vérité, à
imiter la conduite des fidèles de
Bérée, qui consultaient soigneusement
les Écritures pour s'assurer si les
prédications qu'ils entendaient
étaient conformes à leurs
déclarations.
Dans la prière liturgique qui suit le
sermon, les voeux du peuple de Dieu deviennent plus
pressants encore ; il semble qu'à
l'imitation du patriarche des anciens temps, il
s'écrie : Seigneur ! je ne te
laisserai point aller que tu ne m'aies
béni !
Conformément aux ordres de
l'apôtre saint Paul, le pasteur prie pour le
monarque, pour les magistrats chargés
d'administrer la justice ; il prie pour les
pasteurs, pour les Églises, pour les
pauvres, les malades et les affligés, et
pour le troupeau réuni au nom de Dieu. Et,
comme les prières de l'homme sont
imparfaites, le peuple de Dieu ajoute à
celle que le pasteur lui dicte celle que
Jésus Christ, notre souverain Docteur, nous
a lui-même enseignée :
modèle admirable qui exprime à la
fois tous les besoins de notre faible nature et
toutes les richesses de la grâce de Dieu.
Le Symbole des apôtres, qui suit l'Oraison
dominicale, est la déclaration franche et
positive des croyances qui sont
communes aux chrétiens de tous les
âges, et qui nous servent à
nous-mêmes de point de ralliement. Cette
déclaration est convenable ; car il
faut que quiconque entre dans nos temples sache et
que nous sachions bien nous-mêmes quels sont
les principes qui nous unissent dans un sentiment
unanime d'amour chrétien et de conviction
religieuse. Le Symbole des apôtres date,
comme le titre le porte, des temps apostoliques.
Dans l'origine, il constatait uniquement la
croyance des chrétiens au Père, au
Fils et au Saint-Esprit. La fin est, dit-on, de
date plus récente.
La bénédiction, que le pasteur
ne donne pas, mais qu'il implore, est
empruntée à l'ordre même que
Dieu donna à Moïse, quand il lui
dit : « Tu béniras le
peuple, et tu diras : Que l'Éternel te
bénisse et te garde ; que
l'Éternel te regarde d'un oeil favorable et
te fasse grâce ; que l'Éternel
tourne vers toi sa face et te donne sa paix. Et il
arrivera alors que je bénirai mon
peuple. »
À quoi serviraient et nos chants, et nos
prières, et nos génuflexions, si Dieu
ne les bénissait et ne les acceptait dans sa
miséricorde et dans sa grâce ?
Que le fidèle courbe donc humblement la
tête, qu'il se recueille sérieusement,
qu'il demande, et pour lui-même et pour ses
frères assemblés, et pour le pasteur
qui les édifie, la sainte
bénédiction du
Seigneur ; qu'il se retire en silence,
soigneux de conserver en son coeur les salutaires
émotions que Dieu y a produites.
À la porte du temple, un dernier acte
l'attend, et c'est un acte de charité ;
il entend la voix pieuse des diacres de
l'Église qui s'écrient : Souvenez-vous des pauvres, au nom de
Dieu ! et chacun dépose dans le tronc une
offrande proportionnée à la mesure de
ses ressources et de sa charité, comme un
premier témoignage que la foi crée,
dans le coeur de l'homme, un principe d'amour
abondant en toutes sortes de bonnes oeuvres.
Voilà notre culte dans toute sa majestueuse
simplicité. Il a ses
défectuosités comme toute institution
humaine ; il nous reste à en retirer le
plus grand profit pour nos âmes en
l'entourant de notre respect et en le pratiquant
dans un esprit de sincérité, de
recueillement et de foi évangélique,
nous rappelant le précepte de
l'Apôtre :
Que tout se fasse avec ordre et
bienséance !
Toutes les fois que deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux. Matt., XVIII, 20.
On est convenu de nommer, chez nous, réunion religieuse une
assemblée
de
chrétiens appelés
par un sentiment commun de foi
évangélique ; assemblée
plus intime que le culte public, moins restreinte
que le culte de famille. Les réunions
religieuses sont nées du réveil
spirituel qui signale nos temps modernes ; les
progrès de la liberté en ont
favorisé l'extension ; les obstacles
que quelques membres de nos Églises,
timorés ou indifférents, ont cru
devoir leur opposer, loin de les détruire ou
de les restreindre, en ont seulement fait ressortir
la nécessité et les heureuses
conséquences.
C'est surtout dans les réunions religieuses
que s'est fait ressentir l'influence des
laïques pieux et leur ministère
évangélique ; ministère
dont il ne faudrait pas exagérer
l'étendue, mais dont il convient de
reconnaître la légitimité et
l'utile influence.
La manière dont les frères
s'édifient dans les réunions
religieuses ne saurait être
déterminée par aucune forme
liturgique ; car la spontanéité
en fait, avec la ferveur, le charme
principal ; d'ailleurs, il n'y a pas grand
danger de s'égarer quant aux formes, quand
tout l'appareil extérieur se réduit
à la lecture de la Parole de Dieu, aux
communications fraternelles, à la
prière et au chant des louanges de Dieu.
Il convient que, dans ce culte, la Parole
de Dieu domine, comme
élément essentiel et
prépondérant ;
Que les développements qu'on ajoutera
à cette Parole sainte soient simples et
donnés avec autant de discernement que
d'onction ;
Que les prières soient courtes, intimes,
sincères ; quelles consistent
plutôt en demandes humbles et ferventes qu'en
longues expositions et en vaines redites ;
Que le chant soit grave, pénétrant,
choisi avec goût (1), exécuté avec
soin.
Les réunions religieuses sont l'aliment
d'une piété expansive et
ardente ; elles pourraient servir de voile aux
empiétements d'un esprit sectaire qui
disparaîtra plus sûrement sous
l'influence d'un mouvement religieux et
consciencieux que sous les coups d'une exclusion
mesquine ou d'une injuste persécution.
Loin de nous l'idée que les réunions
religieuses nuiront à la
célébration du culte public. Le culte
public durera autant que le monde, parce qu'il y a
une tendance constante et naturelle chez les hommes
à apporter la sociabilité la plus
grande et la plus pompeuse dans l'expression de
l'adoration et de l'action de
grâces.
L'observation a prouvé que les âmes
qui recherchent avec avidité les
émotions douces et salutaires que l'on puise
dans le cercle étroit de quelques amis
chrétiens, sont aussi celles qui se plaisent
à grossir les assemblées solennelles,
et à rendre ainsi à leur Dieu-Sauveur
l'hommage le plus ostensible et le plus
éclatant de leur amour et de leur
reconnaissance.
Pour moi et ma maison nous servirons l'Éternel. Josué. XXIV. 15.
Il existe chez nous une pieuse et touchante coutume
à la pratique de laquelle nous ne saurions
apporter trop de soin, et qui, dans tous les
âges, a été pour les membres de
nos Églises une source de
bénédictions et de progrès
spirituels. Je veux parler du culte de
famille.
Chaque jour le père de famille réunit
ses enfants et ses serviteurs autour de la sainte
Parole de Dieu, et cette petite Église,
étroitement liée par le sang et
l'affection, se présente devant le Seigneur
pour lui rendre grâces de ses bienfaits et
s'instruire de ses révélations
célestes.
Ce culte, si simple et si touchant, est à la
fois le symptôme et l'aliment d'un vrai
développement de vie
religieuse. Il fut la force et la consolation de
nos pères pendant les mauvais jours :
il sera un élément de progrès
et de bénédiction pour nos enfants
s'ils en conservent la précieuse
tradition.
C'est encore ici un de ces actes qui demandent
l'élan de la ferveur bien plus que le frein
d'une forme liturgique ; néanmoins
quelques précautions, dictées par
l'expérience, peuvent lui imprimer un
caractère précieux de durée et
d'utilité pratique : choisir une heure
qui contrarie le moins possible l'ordre habituel de
la maison, afin qu'on ne soit point tenté
par certains dérangements de suspendre le
culte ou de ne le célébrer que d'une
manière irrégulière.
- Se bien dire d'avance que de la même
manière que, dans une maison bien
réglée, les repas ne souffrent aucun
retard, la prière de famille, repas
substantiel des âmes, ne doit, en aucune
manière, être interrompue ni
contrariée.
- Considérant que ce n'est pas la multitude
des paroles qui nourrit les âmes, mais
l'excellence de ces paroles, la
bénédiction d'en haut qui les
accompagne et les dispositions morales avec
lesquelles on les reçoit, il convient que le
culte de famille soit fort court. Il peut consister
dans la lecture d'un chapitre ou même d'une
portion d'un chapitre de l'Ancien ou
du Nouveau Testament,
accompagné d'une prière dans laquelle
le chef ou l'un des membres de la famille appelle
sur les siens et sur lui-même la
bénédiction de Dieu.
- Le dimanche soir on pourrait ajouter la lecture
de quelques pages d'un livre d'édification,
où les vérités de
l'Évangile seraient exprimées d'une
manière très simple et frappante. Il
convient que la chambre où se réunit
la famille soit disposée avec l'ordre et la
propreté qui annoncent, de la part de ceux
qui la changent momentanément en un temple
saint, un profond respect pour l'acte religieux qui
doit y être célébré.
Chrétiens, n'oubliez pas que Dieu accorde
des bénédictions spéciales aux
familles qui se réunissent pour le servir et
l'adorer !...
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