Le mot sacrement ne se
trouve point dans
la Bible. Ce fait seul devrait calmer toutes les
discussions dont il a été
l'occasion.
Nos théologiens définissent le
sacrement un signe ou une action
visible qui sert à désigner une
grâce cachée, et que
Jésus-Christ a ordonné à tous
ses disciples comme sceau de ses promesses et aussi
comme gage de leur attachement à sa personne
et à la foi qu'il leur a communiquée.
De là trois caractères qui
constituent essentiellement le sacrement :
1° Ils doivent être le signe visible d'une grâce cachée ;
2° Être institués par Jésus-Christ lui-même ;
3° Être obligatoires à tous les membres de l'Église.
Nous ne connaissons que deux
cérémonies qui réunissent tous
ces caractères essentiels : le
baptême et la sainte cène. En les
décrivant, nous ferons connaître
successivement et leur sens moral et leur forme
traditionnelle.
Le baptême qui nous sauve n'est pas celui qui consiste à nettoyer les ordures du corps, mais la réponse d'une bonne conscience devant Dieu. 1 Pierre, III, 21.
Destiné à représenter le
renouvellement de l'esprit et du coeur, le
baptême appartient, par son origine, aux
premiers âges du monde. Nous en retrouvons
les traces traditionnelles dans
les ablutions que pratiquent tant de peuples
idolâtres issus des races asiatiques, et dans
les purifications imposées sous la loi de
Moïse aux prosélytes qui
désiraient jouir des privilèges de
l'alliance.
Lorsque Jean-Baptiste vint au monde, il
prêcha « le baptême de
repentance, » non seulement aux
prosélytes, mais aux pharisiens qui se
disaient « enfants d'Abraham, »
montrant par là que le changement du coeur
ou la conversion est nécessaire à
tous, quelle que soit leur origine nationale et
religieuse.
Jésus-Christ trouva donc ce rite tout
établi au milieu du peuple ; il le
sanctifia par son exemple, il l'expliqua par sa
parole, il le recommanda par des prescriptions
positives. Il lui donna une destination plus
complète, plus spirituelle ; il
l'accompagna d'une grâce plus efficace ;
il était venu lui-même pour baptiser
les siens du Saint-Esprit et de feu.
L'usage de l'Église apostolique et les
coutumes d'une tradition vivante ont apporté
jusqu'à nous, sans interruption, à
travers la succession des siècles, la
pratique essentiellement évangélique
du saint baptême. Cependant nous ne pouvons
dire que cette forme sacramentelle soit parvenue
à nous sans altération. Dans
l'origine le baptême était
administré par immersion, c'est-à-dire
que les
néophytes étaient plongés en
entier dans l'eau, soit dans un fleuve, comme il
arriva à l'eunuque d'Éthiopie, soit
dans une piscine ou un baptistère, comme il
est à présumer que cela arriva
à Corneille et à ceux de sa
maison.
Le baptême étant confié
à ceux qui donnaient des signes de foi et de
renoncement au péché, les adultes
seuls y furent d'abord admis. Mais lorsque les
premiers chrétiens eurent des enfants, ils
éprouvèrent le besoin de les
consacrer, dès leurs plus tendres
années, par cet acte extérieur, comme
les Juifs le faisaient par la circoncision.
Mais comme les enfants des fidèles, à
cause de leur âge débile, ne pouvaient
prononcer eux-mêmes cette réponse
d'une bonne conscience, que saint Pierre
déclare seule rendre le baptême
efficace, on leur donna des répondants ou parrains qui
contractèrent en
leur nom les promesses qu'ils devaient apprendre
plus tard à accepter pour eux-mêmes,
lorsque, instruits des vérités de
l'Évangile, ils confirmeraient à la face de l'Église le voeu
fait lors de leur baptême.
Le baptême d'aspersion fut
bientôt substitué au baptême d'immersion, pour des causes de
prudence
hygiénique que chacun comprend.
D'après nos croyances protestantes,
l'enfant présenté au Seigneur par ses
parents, accompagné des
prières des fidèles, baptisé
au nom trois fois saint du Père, du Fils
et du Saint-Esprit, reçoit, aux yeux de
l'Église, les sceaux de la nouvelle
alliance, et devient enfant de
l'Église, l'objet de sa sollicitude
maternelle. Elle veillera sur ses premiers pas avec
un tendre intérêt ; elle le
nourrira du lait de l'instruction, et plus tard de
la nourriture plus substantielle qui est dans la
Parole ; elle le protégera contre les
ennemis de son âme ; elle le conduira
comme par la main jusqu'à ce qu'il ait
atteint à la stature d'homme fait.
Jésus-Christ a promis de baptiser son peuple
du Saint-Esprit ; l'enfant consacré par
le baptême est confié à la
garde du Saint-Esprit qui ne fait jamais
défaut à ceux qui l'invoquent.
Les enfants, qui par suite de la négligence
de leurs parents ou par suite de toute autre
circonstance, mourraient sans avoir
été baptisés, seraient-ils
condamnés devant Dieu ?... La Parole du
Seigneur ne le dit nulle part, et nous autorise
à être sans aucune inquiétude
à cet égard.
Quant à la forme consacrée dans nos
Églises pour la célébration du
baptême, elle est fort simple, comme tout ce
qui appartient au protestantisme français.
Peu de temps, et quelquefois immédiatement
après l'enregistrement à
l'état civil, les
enfants sont présentés au temple,
où l'on a soin de consigner dans un registre
presbytéral leurs noms et prénoms,
ceux de leurs père et mère et de
leurs parrains.
Il est d'usage que les parrains ne soient choisis
que parmi des personnes de notre communion, ayant
elles-mêmes ratifié le voeu de leur
baptême. Le service se fait dans le temple,
l'assemblée des fidèles y ayant forme
d'Église. La formule du culte est toute
liturgique. Un préambule expose la
corruption du coeur humain, la
nécessité de la nouvelle naissance,
la purification du coeur opérée par
la grâce du Saint-Esprit, dont l'eau est le
signe visible, les promesses attachées au
baptême, qui seront dispensées aux
enfants dès leur baptême, et
multipliées sur eux, à mesure qu'ils
avanceront dans la vie chrétienne.
Puis le pasteur prie en ces termes :
« Seigneur Dieu, Père
éternel, puisqu'il t'a plu, par ta
bonté infinie, de nous promettre que tu
seras notre Dieu et le Dieu de nos enfants, nous te
supplions d'accomplir cette promesse dans l'enfant
ici présent. Nous te l'offrons ; nous
te le consacrons, ô notre Dieu ! daigne
le prendre sous ta protection et le recevoir dans
ta sainte alliance. Et comme toute la
postérité d'Adam est dans un
état de corruption et de misère,
qu'il te plaise de te déclarer
le Dieu et le Sauveur de cet
enfant, et de le sanctifier par ton Esprit, afin
que, dès le moment où son âge
lui permettra de te connaître, il t'adore
comme son seul Dieu, et que, fidèle à
la communion de ton Fils, il obtienne toutes les
grâces promises dans l'Évangile ;
qu'il soit purifié de ses
péchés ; qu'il devienne une
nouvelle créature formée à ton
image, dans la sainteté et dans la justice,
et qu'il reçoive, enfin, le céleste
héritage que tu destines à tes
enfants ! Exauce-nous, Père de
miséricorde ! Nous t'invoquons au nom
de ton Fils Jésus-Christ, notre Seigneur.
Amen. »
Après cette prière, le pasteur fait
contracter aux parrains les promesses d'usage, qui
consistent à faire connaître à
l'enfant, à mesure qu'il avancera en
âge, la doctrine chrétienne, et
à l'engager à vivre selon la
règle que le Seigneur nous a donnée
dans sa loi. Il descend alors de la chaire ;
puis, s'approchant de l'enfant, il verse sur sa
tête quelques gouttes d'eau pure, en
prononçant cette parole sacramentelle : N., je te baptise au
nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit. Amen.
Puis il prononce une bénédiction sur
l'enfant, sur les parents et sur le peuple
chrétien, qui se retire en silence,
déposant comme de coutume des offrandes
à la bourse des pauvres.
Le baptême, tel que l'Église le
confère aux petits enfants, est une
dispensation conditionnelle à laquelle il
manque, pour la compléter, la participation
personnelle de celui qui en reçoit le
bienfait.
Il importe donc que l'enfant, admis dans
l'Église extérieure et visible par
l'eau sainte, apprenne à connaître les
conditions attachées à son admission
dans l'Église invisible. L'instruction
religieuse attend l'enfant dès ses premiers
pas dans la vie. À part les leçons
d'un père et d'une mère, qui
manqueraient au plus doux comme au plus respectable
de leurs devoirs, s'ils négligeaient de le
conduire dans les voies du Seigneur, il rencontre
à la salle d'asile, à l'école
proprement dite, et à l'école du
dimanche, un enseignement essentiellement empreint
de religion ; on met à sa disposition
une foule d'excellents ouvrages empruntés
à l'Angleterre, à la Suisse, à
l'Allemagne, ou produits par des chrétiens
nationaux aussi distingués par leurs
lumières que par leur
piété.
Dans plusieurs Églises, les pasteurs
réunissent, en un jour de la semaine, tous
les enfants des écoles, pour leur adresser
des instructions très simples et adorer avec
eux ce Seigneur plein d'amour,
dont la parole était : Laissez venir
à moi les petits enfants, et ne les
empêchez point.
Mais ces soins ne sont encore que les
préliminaires d'une oeuvre plus
sérieuse et plus complète.
L'adolescent, parvenu à l'âge de
quinze ou seize ans, est admis à faire
son instruction religieuse ; c'est
l'expression reçue.
À cet effet, il est spécialement
confié à un pasteur, qui, pendant un
temps plus ou moins long, un an environ, rarement
moins de six mois, l'appelle auprès de lui,
l'admet à un cours suivi de religion, en
développant les vérités
indiquées dans un catéchisme
confié à sa mémoire, exigeant
de son élève, lorsqu'il en est
capable, la rédaction d'un cahier d'analyses
qui a le double avantage d'obliger
l'élève à un travail
intérieur, tout au profit du
développement de ses facultés
intellectuelles et morales, et de fournir au
pasteur une donnée pour apprécier
l'intelligence et les progrès du
disciple.
Le jeune homme ou la jeune personne qui, pendant
cette instruction, reçoit le titre de catéchumène, contracte
ainsi,
pendant un temps assez long, des habitudes de
travail et de réflexion dirigés vers
les sujets les plus élevés de la
science évangélique, auxquelles
viennent s'unir aussi les
habitudes, plus salutaires encore, de la
piété domestique et de la
fréquentation assidue du culte public. C'est
une année bénie pour les jeunes gens
de l'Église, et plusieurs jettent, plus
tard, un souvenir mêlé de plaisir et
de regret sur une époque de leur existence
qu'ils ne craignent pas d'avouer comme la plus
sainte et la plus heureuse.
Le monde n'avait pas encore essayé sur eux
ses ruses et ses séductions ; alors
leur opinion sur les hommes n'était pas
désenchantée par de cruelles
expériences ; les passions n'avaient
pas encore torturé ces jeunes âmes, ni
les larmes sillonné ces jeunes fronts ;
la piété leur apparaissait dans tous
ses charmes, sans qu'ils pussent encore se
convaincre, par leur propre expérience, que
ses douceurs doivent s'acheter par des combats et
des sacrifices ; ils avaient trouvé
dans leur pasteur un ami, méconnu
jusqu'alors, mais désormais accepté,
reçu par le coeur, comme un guide, un
conseiller, auprès duquel on se
réunit pour prêter une oreille
attentive à ses instructions, qui, plus
tard, sera appelé à dispenser des
conseils, des consolations peut-être, dans le
sein duquel on aura à confier des douleurs,
des aveux, et que, toujours, on retrouvera
compatissant, aimant et
dévoué.
Aussi l'instruction religieuse est-elle
généralement suivie avec beaucoup
d'assiduité et d'intérêt, et
les jeunes gens qui en ont profité
conservent pendant leur vie entière un
souvenir à la fois utile et doux des
leçons qu'ils ont reçues de leurs
pasteurs.
Avant d'être admis à la ratification
du baptême, les catéchumènes
subissent quelques épreuves qui ont pour
but, soit par un examen public de doctrine, de
s'assurer qu'ils sont capables de se rendre compte
de leur foi, soit par le témoignage de leurs
parents, de constater la pureté de leurs
moeurs.
Les membres du Conseil presbytéral profitent
de cette précieuse occasion, qui les met en
contact avec les chefs des familles pour leur
adresser des conseils affectueux et leur donner
d'utiles directions. Les catéchumènes
eux-mêmes sont quelquefois appelés
à recevoir des admonestations et des
censures, lorsqu'on a reconnu quelque
irrégularité dans leurs moeurs ou
quelque défaut capital dans leur
caractère.
Ces diverses épreuves terminées, les
catéchumènes se rendent au temple,
les jeunes filles vêtues de blanc, les jeunes
gens avec un costume simple et décent,
entourés de leurs parents et de leurs
amis ; des places convenables leur sont
assignées, et ils s'y rendent en
silence.
Le service religieux commence ; le
pasteur appelle nominativement
chaque catéchumène, qui se
lève aussitôt. - II annonce à
l'assemblée le but de la réunion, et
il prie pour ce jeune troupeau qui va entrer dans
l'Église de Christ.
Après les chants d'usage, le pasteur adresse
aux catéchumènes une exhortation dans
laquelle il dirige leur attention sur la
gravité des promesses qu'ils vont
contracter, sur les privilèges
inappréciables que le Seigneur promet
à ses disciples, sur les devoirs des
chrétiens, les difficultés et les
encouragements qu'ils rencontreront dans la
vie ; c'est un père qui parle à
ses enfants, leur tenant le langage de
l'expérience et de la tendresse ; ses
paroles sont brèves, frappantes ; elles
sortent d'un coeur profondément
ému ; il est rare qu'elles ne
produisent pas, dans les jeunes âmes
auxquelles elles sont adressées, une
émotion correspondante.
Après un dernier et chaleureux appel
à la conscience de ses jeunes auditeurs, le
pasteur s'écrie :
« Levez-vous,
catéchumènes ! » Vous, qui souhaitez d'être admis à
la sainte cène, qui avez été
instruits des vérités de
l'Évangile, êtes-vous si bien
persuadés de ces vérités que
rien ne puisse vous faire renoncer à la
religion chrétienne, et que vous soyez
prêts àtout
souffrir plutôt que d'en abandonner la
profession ? »
Les catéchumènes donnent leur
assentiment.
Le pasteur : « Vous
êtes-vous éprouvés
vous-mêmes, et êtes-vous résolus
à renoncer au péché et
à régler toute votre vie sur les
commandements de Dieu ? »
Les catéchumènes : « Oui. »
Le pasteur : « Comme dans
le
sacrement de la sainte cène, nous faisons
profession d'être tous un même
corps : voulez-vous vivre dans la paix et dans
la charité, aimer sincèrement vos
frères et leur en donner des marques dans
toutes les occasions ? »
Les catéchumènes : « Oui. »
Le pasteur : « Pour
affermir
toujours plus votre foi et votre
piété, promettez-vous de vous
appliquer avec soin à la lecture et à
la méditation de la Parole de Dieu et
à la prière ; de
fréquenter assidûment toutes les
saintes assemblées, et d'employer tous les
autres moyens que la Providence vous fournira pour
avancer votre salut ? »
Les catéchumènes : « Oui. »
Le pasteur : « Que l'un de
vous, au nom de tous, confirme donc le voeu du
baptême. »
Un catéchumène : « Nous confirmons et nous ratifions
le voeu de notre baptême ; nous
renonçons au diable et
à ses oeuvres, au monde et à sa
pompe, à la chair et à ses
convoitises ; nous promettons de vivre et de
mourir dans la foi chrétienne et de garder
les commandements de Dieu tout le temps de notre
vie. »
Le pasteur : « En
conséquence de ces déclarations et de
ces promesses, je vous admets, en présence
de cette assemblée, à participer
à la cène du Seigneur, afin que vous
jouissiez de tous les privilèges de la
nouvelle alliance que Dieu a traitée avec
nous par son fils
Jésus-Christ. »
Le pasteur termine cette partie du service par une
touchante prière, dans laquelle il adresse
à Dieu des voeux en faveur des
catéchumènes et de l'Église
universelle, qui voit en ce jour s'accroître
le nombre de ses membres.
Dans la plupart de nos Églises, les
catéchumènes assistent,
immédiatement après leur
réception, à la
célébration de la sainte
cène.
On voit, par ce qui précède, que
cette réception est considérée
parmi nous comme chose sérieuse : elle
réclame une part considérable du
ministère évangélique ;
elle exige de, la part des familles des sacrifices
de temps et une constante sollicitude qui
sûrement ne seront pas vains devant le
Seigneur s'ils sont sincèrement accomplis
pour sa gloire.
Faites
ceci en
mémoire de moi ! Luc,
XXII, 19.
Toutes les fois que
vous
mangerez de ce pain et que vous boirez de cette
coupe vous annoncerez la mort du Seigneur
jusqu'à ce qu'il vienne. 1
Cor., XI, 26.
Celui qui mange ma
chair
et qui boit mon sang a la vie éternelle...
La chair ne sert de rien : c'est l'Esprit qui
vivifie ; les paroles que je vous dis sont
esprit et vie. Jean,
VI,
54, 63.
Christ ne s'offre pas
plusieurs fois ; s'étant offert une
fois pour ôter les péchés de
plusieurs, il paraîtra une seconde fois sans
péché à ceux qui l'attendent
pour obtenir le salut, Héb.,
IX, 28.
Nous qui participons
au
même pain, nous ne faisons qu'un seul
corps. » I
Cor., X. 17.
Les passages qui composent l'épigraphe
placée à la tête de ce chapitre
exposent en abrégé la doctrine
protestante de la sainte cène.
La sainte cène, ou communion
chrétienne, est le souvenir sacramentel de
la mort de Jésus-Christ. Cet acte solennel
consiste à rompre et à manger du pain
qui, par la consécration, devient l'image
symbolique du corps meurtri du Sauveur, et à
boire en commun du vin contenu dans une coupe, qui
devient la coupe d'alliance au
sang de Christ répandu pour la
rémission de nos péchés.
La communion n'est point le renouvellement du
sacrifice de Jésus-Christ, puisqu'il est
écrit positivement que Christ s'est offert
une seule fois.
Le pain et le vin ne changent point de substance
après la consécration, et Christ n'y
est pas contenu d'une manière charnelle,
puisque Christ est assis à la droite du
Père et que l'Église doit continuer
à communier en mémoire de lui,
jusqu'à ce qu'il vienne, et qu'il
déclare lui-même que ce qu'il dit de
sa chair et de son sang doit se prendre dans un
sens spirituel.
Dans la communion, accomplie avec foi, Christ se
communique au fidèle, de telle sorte que
celui-ci vit de sa vie, en attendant qu'il partage
sa gloire céleste. C'est la foi qui est le
trait d'union ; la communion en est le sceau
et la confirmation extérieure.
Pour le fidèle, la communion est un acte de repentance dans
le sentiment de ses
péchés qui ont rendu la mort de
Jésus-Christ nécessaire, de foi dans le salut gratuit apporté
au monde
par le Rédempteur, de consécration à son service, en action
de toutes ses
grâces, de fraternité, de pardon et d'amour envers
ceux
qui
participent au même
banquet.
Le pain doit être rompu et
mangé ; la coupe ne doit pas être
réservée aux ministres seuls, mais
tous les fidèles doivent y participer.
Touchante commémoration du sacrifice
sanglant de Jésus-Christ, gage de son
dévouement et de la puissance de son amour,
banquet fraternel dressé par les mains de
notre céleste Ami, communion intime et
mystique de l'âme du fidèle avec son
Dieu, acte de foi, de repentance, de
charité, d'espérance
chrétienne, occasion solennelle de saintes
résolutions, de pieux désirs, la
sainte cène doit participer, dans la
célébration de ses rites
extérieurs, à la simplicité de
la pensée chrétienne qui la domine,
et de la doctrine évangélique qui la
constitue. Le service liturgique adopté dans
nos Églises en fournit le témoignage
constant.
La sainte cène est dispensée, parmi
nous, aux fêtes solennelles de Noël,
vendredi saint, Pâques, Pentecôte, et
le premier dimanche de septembre. Les
fidèles sont dans l'usage d'employer d'une
manière spéciale quelques jours pour se préparer à la
participation
à la sainte cène, chacun selon la
mesure de la profondeur et de la
spiritualité de sa foi.
Cette préparation consiste principalement en
méditations, en prières et en
lectures. Pendant ce temps la vie du fidèle
devient plus sérieuse, plus
retirée et plus conforme
aux saintes pensées qui président
à la communion. Quelques-uns y ajoutent
l'observance du jeûne extérieur,
coutume que nous devons juger avec l'esprit large
et tolérant que l'Évangile
lui-même paraît y avoir attaché,
désirant que ceux qui s'abstiennent du
jeûne le fassent par conscience, et que ceux
qui l'observent le fassent sans superstition, sans
idée qu'il y ait aucun mérite
à le faire.
Toutefois, nous ferons observer que la sainte
cène ayant été
instituée après le souper, rien n'indique que le jeûne soit
commandé comme préparation
indispensable à la communion.
Au jour solennel, la table sainte, qui est
d'ordinaire placée immédiatement
au-devant de la chaire, est couverte d'une nappe
blanche ; un plat d'argent contient le pain
que les diacres de l'Église ont
disposé d'une manière convenable
à la distribution ; deux coupes
d'argent contiennent le vin.
Après le service d'usage et un sermon
adapté à la circonstance, le pasteur
rappelle, dans le service liturgique, la
manière dont notre Seigneur
Jésus-Christ institua la sainte cène
la veille de sa mort, et, à cet effet, il
lit les paroles de saint Paul
(1
Cor., XI).
Après cette citation, le pasteur exhorte les
fidèles à un examen consciencieux de
leur vie passée, au retour à Dieu,
à l'amour de sa loi, au
pardon et à la charité envers leurs
frères ; il leur rappelle que Dieu
n'exige pas de nous une sainteté parfaite,
à laquelle il nous est impossible de
parvenir pendant les jours de notre chair, mais
qu'il subviendra lui-même à notre
faiblesse, nous accordant des secours efficaces
dans cette communion même, à laquelle
il nous convie par son Fils
Jésus-Christ.
Il rappelle, en termes clairs et propres à
produire sur les âmes une profonde
impression, les privilèges accordés
aux chrétiens qui communient de coeur avec
leur Sauveur, et la rémission entière
de leurs péchés par le sang de
l'Agneau. Une prière pleine d'onction et de
vie termine ces exhortations et achève de
disposer les âmes des fidèles à
l'acte saint auquel elles vont participer.
Alors deux pasteurs en robe se placent
derrière la table sainte, et chacun consacre
l'un des éléments de la
cène.
Le premier pasteur, après avoir
exposé le pain aux yeux du peuple, le rompt,
le bénit, et s'écrie : « Le pain que nous rompons
est la
communion au corps de Jésus-Christ notre
Seigneur, qui a été rompu pour
nous. »
Le second pasteur élève les coupes,
les bénit, et dit : « La
coupe de bénédiction que nous
bénissons est la communion au sang de
Jésus-Christ, le sang de la nouvelle
alliance qui a été
répandu pour nous. » Après
que les deux pasteurs ont communié ensemble,
les fidèles s'approchent de la table deux
à deux, les hommes d'abord, les femmes
suivent ; ils reçoivent successivement
des mains des deux pasteurs le pain et le vin
consacrés, et recueillent en leur âme
des passages scripturaires qui leur sont
adressés, et que les pasteurs ont soin
d'appliquer, autant que possible, aux circonstances
particulières des fidèles que leur
pieux et charitable ministère leur fait
connaître d'une manière intime. Ces
paroles sont graves, émouvantes, et propres
à se graver pour jamais dans l'esprit des
fidèles qui les écoutent dans le
recueillement.
La communion terminée, le pasteur officiant
monte en chaire, exhorte le peuple à
conserver soigneusement les dons de Dieu, à
revêtir des « entrailles de
miséricorde, à se supporter et
à s'aimer les uns les autres, comme Christ
nous a aimés et
pardonnés. » II adresse à
Dieu une dernière prière, courte et
pressante, et l'assemblée, debout, termine
par le chant du cantique de Siméon, qui
dépeint si bien les trésors des
dispensations évangéliques et
l'avenir de l'humanité.
D'abondantes aumônes pour les pauvres sont recueillies, selon l'usage, à la porte de la maison de Dieu.
Quiconque mange de ce pain et boit de cette coupe indignement, mange et boit sa condamnation. 1 Cor., XI. 26-30
- L'excommunication est l'acte par lequel une
Église retranche de sa communion les
personnes qui s'en sont elles-mêmes
séparées par leur
incrédulité ou par leur inconduite.
Chez les protestants, cet acte est tout spirituel
et intérieur, et ne touche en rien à
la vie civile et extérieure.
Il ne faut donc pas confondre l'excommunication
protestante avec l'acte politico-religieux du
même nom qui, dans le moyen âge,
jetait le trouble parmi les
nations et mettait en péril les trônes
eux-mêmes.
Chez nous la liberté ayant introduit
l'élément précieux d'une
grande sincérité en ce qui concerne
les actes religieux, l'excommunication reste, pour
ainsi dire, sans effet, parce qu'elle reste sans
application. Le formalisme a peu de prise sur le
peuple protestant ; les hommes
étrangers de coeur aux convictions
évangéliques ne se croient pas
obligés d'en prendre les apparences
extérieures ; ceux qui sont indignes de
participer à la cène du Seigneur se
font justice à eux-mêmes et
s'abstiennent. Il y a peu à gagner
aujourd'hui à afficher les dehors de la
piété, quand on en a chassé de
son coeur les douces et salutaires influences.
Aussi, chez nous, l'excommunication est un
avertissement général qui est
placé dans le service même de la
sainte cène, et qui est ainsi
conçu : « Ceux qui ne sont
pas membres de l'Église, ou qui la
déshonorent par leur conduite, ne doivent
point être admis à cette
cérémonie. C'est pourquoi, au nom et
en l'autorité de notre Seigneur
Jésus-Christ, et selon la règle qu'il
nous a laissée dans sa Parole, j'excommunie,
c'est-à-dire je déclare indignes de
participer à ce saint sacrement tous les
impies, les incrédules, les pécheurs
obstinés, tous ceux qui vivent dans
le
dérèglement ; je leur
déclare que, s'ils ne se repentent et ne
sont résolus à changer de conduite,
ils ne sauraient avoir communion avec
Jésus-Christ, et qu'ainsi ils doivent
s'éloigner de cette sainte table, de peur de
la profaner. »
Cette déclaration solennelle, qui renvoie
chacun à sa propre conscience, suffit, sans
doute, pour l'instruction générale du
peuple ; celui-ci est par là averti du
saint respect qu'il doit à une
cérémonie qui scelle ou notre
grâce ou notre condamnation.
Quant aux cas de conscience d'une nature plus
particulière, qui pourraient troubler
l'âme des fidèles, le ministère
des pasteurs y pourvoit ; et il se montre,
dans ces circonstances comme en toute autre,
suffisant par l'efficace de la Parole de Dieu, pour
éclairer, encourager, consoler, et, quand il
le faut, pour avertir, censurer et reprendre.
La discipline de notre Église a
conservé de précieuses indications
sur les cas où l'on appliquait jadis
l'excommunication. Précieux documents qu'il
convient de conserver, parce que si jamais les
formes extérieures de la religion
reprenaient, comme jadis, la
prééminence sur la
piété intime, pour en marquer les
imperfections si ce n'est l'absence totale, il
conviendrait de rétablir l'exercice d'un
droit dont l'Église n'a jamais pensé
se départir.
Remarquons, en terminant, que la table sainte, dans
nos Églises, est accessible aux
chrétiens de toutes les dénominations
ou sectes protestantes évangéliques,
qui s'y présentent dans un esprit de foi et
sous leur propre responsabilité personnelle.
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