Un des caractères les plus remarquables
de la religion judaïque, c'est que, tout en
prétendant à une grande
supériorité, et tout en se
distinguant de toutes les autres religions par le
culte du seul vrai Dieu, cependant elle ne
s'annonce que comme l'avant-coureur d'une
révélation future, plus excellente et
plus parfaite.
Dans son origine, elle était adaptée
à un peuple particulier et restreinte
à son usage. Dans beaucoup de ses
institutions, en effet elle ne convenait
qu'à la Judée ; sa morale
était incomplète ; ses formes
extérieures multipliées,
onéreuses, et sans aucune valeur en
elles-mêmes
(68).
Il est
donc évident que cette première
dispensation n'était que le présage
d'une autre, et que, partielle, imparfaite et
temporaire, remplie des promesses « de
quelque chose de
meilleur », elle ne
faisait qu'en préparer la voie.
Ainsi, par sa nature même, elle ne pouvait
accomplir la promesse qu'elle dit avoir
été faite à Abraham, qu'en lui
toutes les familles de la terre seraient
bénies, quoique cette promesse fût
devenue la base de la dispensation, et quoique son
accomplissement fût le grand but de la
séparation des descendants du patriarche
d'avec toutes les autres nations de la terre.
Mais la religion judaïque tendait en tout vers
ce but, quoiqu'elle ne pût pas l'atteindre
directement ; car la venue d'un Sauveur
était le grand sujet des prophéties
et la croyance universelle des Juifs. Depuis le
commencement jusqu'à la fin des Livres de
l'Ancien Testament, ce fait est prédit ou
représenté.
Dès le premier acte de la justice divine sur
les premiers auteurs de notre race, on voit la
miséricorde de Dieu unie à sa
justice.
Avant l'expulsion du jardin d'Eden, un rayon
d'espérance vint consoler les
coupables ; ce fut la promesse d'un
Libérateur destiné à souffrir
et à triompher.
La même promesse fut faite à Abraham
sous une forme plus distincte.
Jacob parle clairement de la venue d'un
Sauveur.
Moïse, le législateur et le conducteur
du peuple hébreu, annonce un autre
Législateur que Dieu devait susciter dans
des siècles à venir
(69).
Et tandis que ces premières
prédictions sont faites dans la partie
historique des Écritures de manière
à indiquer clairement le dessein de la
dispensation de Moïse, les Livres
prophétiques proprement dits contiennent une
exposition parfaite de la venue du Sauveur, et de
tout ce qui appartient au royaume qu'il devait
établir. Beaucoup de choses en apparence
contradictoires sont prédites sur ce
grand Libérateur dont la
dignité, le caractère et les
fonctions étaient toutes spéciales,
et auquel le sort de l'humanité tout
entière devait se trouver lié.
Beaucoup de passages qui ne peuvent avoir une autre
application en font témoignage :
- Ton Roi vient.
- Ton Salut approche.
- Ton Rédempteur viendra en Sion.
- Le Seigneur vient.
- Celui qui vient au nom de l'Éternel
(70).
On retrouve ces mêmes expressions dans toutes
les prophéties. Elles parlent clairement de
la venue d'un Sauveur, et même,
n'eussions-nous pas d'autres preuves, la
prophétie de Daniel est assez précise
pour établir le fait que nous affirmons, que
la venue du Messie est prédite dans
l'Ancien Testament. Le même fait est encore
prouvé par la croyance universelle des Juifs
dans tous les siècles. Elle est si
profondément gravée dans leur coeur
que, malgré la dispersion de leur race sur
toute la terre, pendant dix-huit siècles
après le moment fixé pour son
avènement, l'attente d'un Messie forme
encore entre eux un lien d'union qu'aucune distance
ne peut rompre, et qu'aucune puissance humaine ne
peut détruire.
Donc, puisque l'Ancien Testament contient des
prophéties sur un Sauveur qui doit
paraître dans le monde, il reste à
savoir si tout ce qu'elles prédisent se
trouve accompli dans la personne de
Jésus-Christ.
Sur un sujet aussi intéressant et aussi
important, qui a été si amplement
traité par tant de théologiens
distingués, nous ne pouvons offrir à
nos lecteurs qu'un coup d'oeil sommaire, imparfait
et incomplet ; mais nous le présentons
pour démontrer la liaison qui existe entre
l'Ancien et le Nouveau Testament, et pour
qu'il serve en même temps
de conclusion à toutes nos autres preuves en
faveur du christianisme.
Nous rapporterons ici les traits principaux des
prophéties qui se rapportent à
Jésus-Christ, et leur accomplissement, en
tant qu'elles indiquent l'époque de son
avènement, le lieu de sa naissance, et la
famille de laquelle il devait sortir ; sa vie
et son caractère, ses miracles, ses
souffrances, et sa mort ; la nature de sa
doctrine, le but et l'effet de sa venue, et
l'étendue de son royaume.
L'époque de la venue du Messie dans le
monde, ainsi qu'elle est indiquée dans
l'Ancien Testament, est déterminée
par nombre de circonstances accessoires, qui la
fixent avec précision à la date de
l'avènement de Jésus-Christ.
La dernière bénédiction que
Jacob donne à ses enfants, lorsqu'il leur
commande de s'assembler devant lui, afin qu'il leur
prédise ce qui doit leur arriver dans les
derniers temps, contient cette prophétie qui
se rapporte à Juda.
« Le sceptre ne sera point
ôté de Juda, ni le législateur
d'entre ses pieds, jusqu'à ce que le
Sçilo vienne ; et c'est à lui
qu'appartient l'assemblée des peuples
(71). »
Le moment fixé par cette prophétie
pour la venue du Sçilo, ou du Sauveur, ne
devait pas dépasser le temps pendant lequel
les descendants de Juda continueraient à
former un peuple uni, gouverné par un roi,
d'après leurs propres lois, et ayant des
juges pris d'entre leur nation. La prophétie
de Malachie nous permet encore de fixer cette
époque :
« Voici, je vais envoyer mon ange, et il
préparera la voie devant moi, et
aussitôt le Seigneur que vous cherchez et
l'ange de l'alliance que vous désirez
entrera dans son temple ;
voici : il vient, a dit l'Éternel des
armées
(72). »
Il n'y a point d'expressions qui puissent indiquer
plus clairement la venue du Messie promis, et elles
annoncent d'une manière également
précise sa présence dans le temple,
avant sa destruction.
On peut encore remarquer ici que Malachie a
été le dernier prophète ;
après ses prédictions le sceau fut
posé sur les visions et sur les
prophéties, et l'Ancien Testament fut
complet. Quoiqu'il y eût plusieurs
prophètes immédiatement avant lui, il
n'y en eut point en Israël après
lui ; cependant tous les Juifs, soit des temps
anciens, soit des temps modernes, s'attendent
à un précurseur du Messie, pour
annoncer sa venue.
La longue succession des prophètes
approchait de sa fin, et les dernières
paroles de l'Ancien Testament, jointes à un
commandement de se ressouvenir de la loi de
Moïse, semblent signifier que le premier
prophète qui apparaîtrait serait
l'avant-coureur du Messie.
Quant à ce qui se rapporte à la venue
du Messie avant la destruction du second temple,
les paroles d'Aggée sont d'une clarté
remarquable :
« Le désiré de toutes les
nations viendra, je remplirai cette maison de
gloire, a dit l'Éternel des armées.
La gloire de cette dernière maison sera plus
grande que celle de la première ; et je
mettrai la paix en ce lieu
(73). »
Le contraste que le prophète vient
d'établir entre la gloire du temple de
Salomon et celui qui avait été
rebâti à sa place, en comparaison
duquel il déclare que le premier
n'était rien ; la manière
solennelle par laquelle il commence :
« Car ainsi a dit l'Éternel des
armées : encore une fois, et ce sera
dans peu de temps, j'ébranlerai les cieux et
la terre ; »
l'excellence de cette
dernière maison bien supérieure
à celle de l'or ou de l'argent ;
l'expression caractéristique du Messie,
« le désiré de toutes les
nations, » et le bienfait de la paix qui
devait accompagner sa venue ; tout, en un mot,
tend à nous montrer que c'est de lui
seulement qu'il est parlé, de lui qui
était l'attente d'Israël, à qui
tous les prophètes rendaient
témoignage, et dont la présence
devait donner à ce temple une gloire plus
grande que celle du premier.
Le Sauveur devait ainsi venir, selon les
prophètes de l'Ancien Testament, pendant le
temps de la durée du royaume de Juda, avant
la destruction du temple, et immédiatement
après le dernier prophète. Mais le
moment est spécifié plus clairement
encore.
Dans les prophéties de Daniel, il est
prédit non seulement que le royaume du
Messie doit commencer à l'époque de
la quatrième monarchie, ou de l'empire
romain ; mais le nombre précis des
années qui devaient s'écouler avant
sa venue est exactement indiqué :
« Il y a soixante-et-dix semaines
déterminées sur ton peuple et sur la
ville sainte, pour abolir le crime, pour consumer
le péché, pour faire propitiation
pour l'iniquité, et pour amener la justice
des siècles, et pour accomplir la vision et
la prophétie, et pour oindre le saint des
saints ; tu sauras donc, et tu l'entendras,
que depuis que la parole sera sortie, pour s'en
retourner et pour rebâtir Jérusalem,
jusqu'au Christ le conducteur, il y a sept
semaines et soixante-deux semaines
(74). »
Les semaines d'années sont un calcul
employé assez fréquemment par les
Juifs, et chaque septième était
l'année sabbatique : soixante-dix
semaines équivalaient
ainsi à quatre cent quatre-vingt-dix
années. Par ces paroles : le
prophète indique précisément
l'époque et la venue du Messie ;
même il emploie l'expression,
« Christ le conducteur. »
On peut tirer une conclusion très simple de
toutes ces prophéties : toutes
supposent une connaissance exacte de
l'avenir ; toutes sont annoncées
publiquement ; toutes sont parfaitement
connues plusieurs siècles avant
l'événement auquel elles se
rapportent ; les témoignages les plus
respectables parmi les Juifs sont d'accord sur leur
application à l'époque de la venue du
Messie
(75) ;
elles ont toutes rapport à d'autres
événements différents
nullement liés les uns aux autres, et que
toute la sagacité humaine ne pouvait ni
déterminer, ni concevoir ; mais elles
s'accordent parfaitement sur un point où
leurs différentes lignes vont toutes se
rencontrer, le temps précis où
Jésus parut.
Un roi régnait alors sur les Juifs, ils
obéissaient à leurs propres lois, et
le conseil de leur nation exerçait son
autorité. Dès avant cette
période, les autres tribus étaient
éteintes et dispersées parmi les
nations. Juda restait seul, et le dernier sceptre
n'avait pas encore quitté Israël. Le
temple était encore entier ; il faisait
l'admiration des Romains, et aurait pu subsister
pendant des siècles encore ; mais il ne
se passa pas longtemps avant que toutes ces
circonstances qui devaient servir à
constater l'époque de la venue du Messie
eussent disparu.
Dans l'année même, la douzième
de son âge, où Christ apparut pour la
première fois publiquement dans le temple,
le roi Archelaüs fut
détrôné et exilé.
Coponius fut nommé procurateur, et le
royaume de Judée, dernier débris de
la puissance d'Israël, fut
abaissé jusqu'à devenir une simple
province de la Syrie. Le sceptre fut
ôté des mains de la tribu de Juda, la
couronne ne ceignit plus sa tête, sa gloire
s'évanouit, et bientôt après la
mort de Christ il ne resta pas de leur temple
pierre sur pierre ; leur état politique
lui-même tomba en ruines et fut
divisé, et depuis lors tout ce peuple a
été dispersé sur la terre,
conservant son nom, mais n'étant plus une
nation
(76).
Environ 400 ans après la prédiction
de Malachie, parut un autre prophète qui fut
le précurseur du Messie ; et le
témoignage de Josèphe confirme ce que
l'Évangile raconte de Jean-Baptiste
(77).
Tous les signes qui marquaient l'époque de
la venue du Messie disparurent bientôt
après la crucifixion de Christ, et ne purent
jamais être renouvelés. Et, quant aux
prophéties de Daniel, il est remarquable
combien, à une époque
éloignée, il y a eu peu de
différence d'opinion parmi les hommes les
plus savants, par rapport au temps qui
s'écoula depuis la publication de
l'édit, pour rebâtir Jérusalem
après la captivité de Babylone,
jusqu'au commencement de l'ère
chrétienne, et jusqu'aux
événements qui suivirent, et que la
prophétie avait annoncés.
Notre plan ne nous permet pas les détails,
mais la parfaite coïncidence des faits dont il
est question dans le Nouveau Testament, et de
l'histoire des Juifs, avec les subdivisions de
temps qui y sont énumérées,
sont encore des preuves de son exactitude
générale par rapport au Christ. Cette
coïncidence est d'autant plus frappante
qu'elle n'est point relevée par les
historiens des faits qui la
constatent, et elle a été
laissée à la découverte des
chronologistes modernes.
Les observations suivantes du docteur Samuel
Clarke, qui lui ont été
suggérées en partie, dit-il, par sir
Isaac Newton, jettent une grande clarté sur
la prophétie.
Quand l'ange dit à Daniel :
« Il y a soixante-et-dix semaines
déterminées sur ton
peuple, » cela fut-il écrit
après l'événement ? ou
peut-on raisonnablement regarder comme l'effet du
hasard que, depuis la septième année
du roi Artaxerxès, lorsque Ezra fut
envoyé de Babylone à Jérusalem
(avec la mission de rétablir le gouvernement
des Juifs ), jusqu'à la mort du Christ (de
l'année Nabon. 290 à l'année
Nabon. 780 ), il y eut exactement 490 ans (70
semaines d'années ) ?
Quand l'ange dit à Daniel que
« dans sept semaines et soixante-et-deux
semaines Jérusalem serait rebâtie, et
que les places et la brèche seraient
rebâties dans un temps
fâcheux, » (mais non pas en des
temps fâcheux semblables à ceux qui
devaient accompagner la venue du Christ, du
Conducteur), cela fut-il écrit après
que l'événement eut eu lieu ? ou
peut-on avec raison regarder comme l'effet du
hasard que, depuis la 28 année
d'Artaxerxès, époque à
laquelle la ville fut rebâtie jusqu'à
la naissance du Christ (de l'an Nabon. 311 jusqu'en
745), il y eut précisément 434 ans
(ou 62 semaines d'années) ?
Lorsque Daniel ajoute encore : « Et
il confirmera l'alliance à plusieurs dans
une semaine ? » a-t-on écrit
cela après l'événement ?
Est-ce un effet du hasard que, en comptant depuis
la mort du Christ (33 de l'ère
chrétienne) jusqu'au moment où le
commandement fut donné à Pierre de
prêcher à Cornélius et aux
gentils (en l'an 40), il y eut exactement sept ans
(une semaine d'années
) ?
Quand il ajoute : « Et à la
moitié de cette semaine-là, il fera
cesser le sacrifice et l'oblation, et par le moyen
des ailes abominables la désolation fondra
sur le désolé ! » cela
fut-il écrit après
l'événement, ou peut-on attribuer au
hasard qu'entre l'époque de l'entrée
de Vespasien en Judée, dans le printemps de
l'année 67, et celle de la prise de
Jérusalem par Tite, dans l'automne de
l'année 70, il y eut la moitié d'une
semaine d'année ou trois ans et demi
(78) ?
Que l'époque de la venue du Messie soit
clairement indiquée par les
prophéties ; que l'attente de
l'avènement d'un grand roi ou
libérateur fût générale,
non seulement parmi les Juifs, mais aussi parmi
toutes les nations de l'Orient, en
conséquence de ces prophéties ;
que cette espérance ait ensuite
porté le peuple à se
révolter et ait été la cause
de sa destruction, c'est ce qu'atteste le
témoignage non suspect des auteurs
païens, joint à celui même des
Juifs, quoiqu'ils ne l'aient donné
qu'à regret.
Tacite, Suétone, Josèphe et Philon
s'accordent à témoigner de
l'antiquité de ces prophéties et du
rapport reconnu qu'elles ont à cette
époque
(79).
Les Juifs
mêmes de nos jours admettent que le temps de
la venue de leur Messie, selon leurs
prophéties, est passé depuis
longtemps, et ils attribuent le
retard de son avènement
à l'état de corruption de leur
nation. Ainsi donc, et par le témoignage des
auteurs profanes, et par les concessions des Juifs,
nous obtenons la preuve que Jésus-Christ est
venu au monde précisément à
l'époque où toutes les circonstances
du moment tendaient à indiquer l'instant que
marquaient les prophéties comme celui de
l'apparition du Messie.
Les prédictions contenues dans l'Ancien
Testament sur la famille dont le Messie devait
sortir, et le lieu de sa naissance, sont presque
aussi circonstanciés, et s'appliquent autant
à Jésus-Christ que celles qui se
rapportent à l'époque de sa
venue.
Il devait être Israélite, de la tribu
de Juda, de la famille de David, et de la ville de
Bethléem.
Les deux premiers faits sont compris dans la
promesse faite à Abraham, dans la
prédiction de Moïse, dans la
bénédiction prophétique
donnée par Jacob à Juda, et dans la
raison donnée pour la
supériorité de cette tribu, savoir
que de son sein devait sortir le grand chef de la
nation.
Et les deux derniers faits, que le Messie devait
être un descendant de David, et naître
à Bethléem, sont clairement
énoncés. « Il sortira un
rejeton du tronc d'Isaïe, et un bourgeon
croîtra de ses racines, et l'esprit de
l'Éternel reposera sur lui
(80). »
Que cette prédiction se rapporte au
libérateur du genre humain, c'est ce qui est
clairement indiqué par tout le chapitre qui
décrit le règne du Messie, l'appel
des gentils, et la restauration d'Israël.
Le même fait est prédit dans plusieurs
passages des prophètes :
« Ta maison et ton règne seront
assurés pour jamais devant tes yeux.
J'ai traité « alliance avec mon
élu. J'ai fait serment à
David mon serviteur,
disant : J'établirai ta
postérité pour toujours et
j'affermirai ton trône d'âge en
âge.
Voici, les jours viennent, dit l'Éternel,
que je susciterai à David un germe juste, et
il régnera comme roi, il prospérera
et il exercera le jugement et la justice sur la
terre, et c'est ici le nom duquel on
l'appellera : l'Éternel notre justice
(81). »
Le lieu de la naissance du Messie est ensuite
clairement prédit : « Mais
toi, Bethléem vers Ephrath, quoique tu sois
petite entre les milliers de Juda, c'est de toi que
sortira (ou, comme signifie le mot hébreu,
naîtra )
(82)
celui qui
doit être dominateur en Israël, et ses
issues sont d'ancienneté, dès les
jours éternels
(83). »
Que toutes ces prédictions aient
trouvé leur accomplissement en Christ, qu'il
ait appartenu à ce pays, à cette
tribu, à cette famille, qu'il ait
été de la maison et de la
postérité de David, et qu'il soit
né à Bethléhem, c'est ce que
nous prouvent de là manière la plus
évidente le témoignage de tous les
évangélistes, deux
généalogies complètes et
distinctes (c'est-à-dire la filiation
naturelle et la filiation légale),
lesquelles, selon la coutume des Juifs,
étaient toujours conservées avec
soin, l'acquiescement des ennemis du Christ
à la vérité du fait, contre
lequel l'histoire elle-même ne contient pas
un seul démenti, et l'appel fait par
quelques-uns des premiers chrétiens aux
registres mêmes du recensement fait au moment
de la naissance de notre Sauveur par les ordres de
César
(84).
Il est
impossible même de ne pas être
frappé de
l'accomplissement exact de ces
prophéties en apparence contradictoires et
inconciliables, et de la manière
providentielle dont elles se sont accomplies.
Le lieu de la naissance du Christ était
éloigné du lieu de la demeure de ses
parents, et le pays où il commença
à exercer son ministère était
à une grande distance de celui de sa
naissance ; c'est ainsi que fut accomplie une
autre prédiction :
« Vers le pays de Zabulon et vers le pays
de Nephtali, sur le chemin de la mer,
au-delà du Jourdain, dans la Vallée
des Gentils ; les peuples qui marchaient dans
les ténèbres ont vu une grande
lumière, et la lumière a relui sur
ceux qui habitaient dans le pays de l'ombre de la
mort
(85) ».
Ainsi, l'époque où le Messie promis
devait paraître, la nation, la tribu et la
famille dont il devait sortir, le lieu de sa
naissance, ville peu populeuse et presque inconnue,
tout est clairement prédit ; ces
prédictions se rapportent aussi clairement
à Jésus-Christ, et trouvent toutes
leur accomplissement en lui.
Mais les événements de sa vie et les
traits de son caractère sont aussi
décrits avec une précision sur
laquelle il est impossible de se méprendre.
On nous peint ainsi l'obscurité, la
simplicité et la pauvreté de sa
condition :
« Or, il est monté comme un
rejeton devant lui, et comme une racine qui sort
d'une terre sèche. Il n'y a en lui ni forme,
ni éclat, quand nous le regardons ; il
n'y a rien en lui à le voir, qui nous le
fasse désirer.
Ainsi a dit l'Éternel à celui qui est
méprisé, à la nation
détestée, à celui qui est
l'esclave de ceux qui le dominent : Les rois
le verront et se lèveront, et les principaux
se « prosterneront devant lui
(86). »
Que tel ait été l'extérieur
sous lequel le Christ se montra aux hommes, toute
son histoire nous le prouve.
Les Juifs, attendant dans l'orgueil de leur coeur
un roi terrestre, ne firent aucune attention
à toutes ces prophéties, et
trompés par leurs traditions ne
trouvèrent qu'une pierre d'achoppement
là où, s'ils avaient sondé
l'Écriture avec simplicité, ils
auraient trouvé toutes les marques du
Messie.
« N'est-ce point ici le fils du
charpentier ? n'est-ce point ici le fils de
Marie ? » disent-ils dans leur
dédain.
Son humble entrée dans Jérusalem, la
manière dont il fut vendu pour trente
pièces d'argent, les coups et les injures
qu'il reçut, le vinaigre et l'hysope qu'on
lui offrit à boire en dernier lieu, le
partage de ses vêtements, le sort qu'on jeta
sur sa robe, son supplice, son ensevelissement, sa
résurrection sans avoir senti la corruption
(87), tout
avait été expressément
prédit, et toutes ces prédictions
reçurent un accomplissement littéral.
Si toutes ces prophéties peuvent s'appliquer
aux événements de la vie d'un seul
individu, ce ne peut être qu'à celle
de l'auteur du christianisme. Et quel autre
religion peut avancer un seul fait prédit
sur l'apparition de son fondateur ?
Quoique les prophètes juifs
représentent la personne et la condition du
Messie comme dénuées de toute
grandeur, cependant on dépeint son
caractère comme infiniment supérieur
à celui des fils des hommes.
« Et la justice sera la ceinture de ses
reins, et la fidélité la ceinture de
ses flancs. Il n'avait point fait d'outrage, et il
ne s'est point trouvé de fraude en sa
bouche. L'Esprit de l'Éternel reposera sur
lui, l'Esprit de sagesse et d'intelligence,
l'Esprit de conseil et de force,
l'Esprit de science et de crainte de
l'Éternel.
Le Seigneur l'Éternel m'a donné une
parole savante pour savoir parler à propos
à celui qui est abattu.
Il paîtra son troupeau comme un berger, il
rassemblera les agneaux entre ses bras, et les
portera dans son sein.
Il ne brisera point le roseau froissé, et il
n'éteindra point le lumignon qui fume
encore.
Voici, ton roi viendra à toi, juste et
sauveur, humble et monté sur un
âne.
Il ne criera point, il n'élèvera
point sa voix et ne se fera point entendre dans les
rues.
On le presse et on l'accable, et il n'a point
ouvert sa bouche ; il a été
mené à la tuerie comme un agneau, et
comme une brebis muette devant celui qui la
tond ; même il n'a point ouvert sa
bouche.
J'ai exposé mon dos à ceux qui me
frappaient, et mes joues à ceux qui
m'arrachaient ma barbe ; je n'ai point
caché mon visage pour éviter
l'ignominie des crachats.
Le Seigneur m'a ouvert l'oreille, et je n'ai point
été rebelle, et je ne me suis point
retiré en arrière. Mais le Seigneur
l'Éternel m'a aidé ; c'est
pourquoi je n'ai point été
confus ; c'est pourquoi j'ai rendu ma face
semblable à un caillou ; car je sais
que je ne serai point rendu honteux
(88). »
Combien de vertus caractérisent le Messie,
ainsi que l'avaient annoncé les
prophètes ! avec quelle
précision elles s'appliquent uniquement
à Christ, et comme son caractère les
réunit toutes ! sa sagesse et sa
science, sa parole qui ne ressemblait à
celle d'aucun homme, la sainte douceur de ses
manières et de ses entretiens, sa candeur
parfaite, sa pureté sans tache, sa
sainteté, sa bonté
et sa compassion, sa profonde humilité, son
caractère pacifique, sa patience
infatigable, son invincible courage, sa
fermeté plus qu'héroïque, son
indulgence plus qu'humaine, sa confiance en Dieu,
sa résignation parfaite à sa
volonté, tout est décrit dans les
termes les plus précis, les plus touchants
et les plus vrais ; et de tous les mortels qui
ont paru sur la terre, Jésus est le seul a
qui l'on puisse appliquer un semblable portrait
(89).
Mahomet prétendait avoir reçu une
autorité divine qui sanctionnait ses
impuretés passées, et
légitimait ses nouveaux crimes. Combien est
différent l'appel que fait Jésus de
la terre au ciel ?
« Si je ne fais point les oeuvres de mon
père, ne me croyez point. »
« Sondez les Écritures, car ce
sont elles qui témoignent de
moi. »
Oui, elles portaient témoignage de la venue
d'un Messie, de l'excellence surhumaine de son
caractère moral. Et si la vie de
Jésus est merveilleuse et sans pareille en
elle-même, ne paraît-elle pas plus
miraculeuse encore, lorsque l'on considère
que toutes ses actions développent le
caractère prophétique du Sauveur
promis ? Les preuves extérieures et
intérieures se réunissent ici, et si
la vie de Christ prouve sa sainteté, elle
prouve en même temps, ainsi qu'il a
été annoncé par les
prophètes, qu'il est le Fils de Dieu.
En décrivant les bienfaits du règne
du Messie, le prophète Esaïe
prédisait la grandeur et l'excellence de ses
miracles :
« Les yeux des aveugles seront ouverts,
et les oreilles des sourds seront
débouchées ; alors le boiteux
sautera comme un cerf, et la langue du muet
chantera avec triomphe
(90). »
L'histoire de la vie de Jésus nous montre
combien de fois de tels actes
servaient à manifester sa puissance.
À sa parole les aveugles recouvrent la vue,
les boiteux marchent, les sourds entendent, les
lépreux sont nettoyés
(91). »
La mort de Christ a été aussi
extraordinaire que sa vie, et les prophètes
parlent de ses souffrances avec autant de
détails que de ses vertus. Non seulement
l'agneau pascal, qui devait être tué
chaque année dans toutes les familles
d'Israël, qui devait être sans
défaut, dont on devait répandre le
sang sans rompre un seul de ses os, et qui devait
être mangé avec des herbes
amères ; non seulement le sacrifice
d'Isaac et l'élévation du serpent
d'airain dans le désert, vers lequel il
fallait lever les yeux pour être
guéri, et beaucoup d'autres
cérémonies des Juifs, non seulement
tout cela préfigure la mort de Christ, et le
sacrifice qu'il devait faire pour le
péché ; mais beaucoup de
passages des prophéties déclarent
encore positivement que le Christ devait souffrir
une mort ignominieuse.
Sans parler de ces descriptions de souffrances si
souvent répétées dans les
psaumes, qui s'appliquent littéralement
à Christ, et qui se lient à des
prédictions sur le règne du Messie,
le prophète Daniel, tout en fixant
l'époque de sa venue, affirme que le Messie
sera retranché ; et, faisant allusion
au même événement, Zacharie
emploie ces solennelles expressions :
« Épée, réveille-toi
contre mon pasteur, et contre l'homme qui est mon
compagnon, dit l'Éternel des
armées ; frappe le pasteur, et les
brebis seront dispersées. Et je
répandrai sur la maison de David et sur les
habitants de Jérusalem l'esprit de
grâces et de supplications, et ils
regarderont vers moi qu'ils
auront percé et ils en feront le deuil
(92). »
Esaïe, qui décrit avec une
éloquence digne d'un prophète les
gloires du royaume futur, caractérise avec
la précision d'un historien l'humiliation,
les épreuves et les injures qui doivent
précéder les triomphes du
Rédempteur du monde ; et l'histoire de
Christ sert à la lettre de commentaire et
d'accomplissement à chacune de ses
prédictions. Dans un seul passage, dont la
liaison est claire, l'antiquité
indisputable, et l'application évidente, les
souffrances du serviteur de Dieu, qui, sous la
même appellation, est auparavant
désigné comme celui qui doit
être la lumière des gentils, le salut
de Dieu jusqu'aux bouts de la terre, et
l'élu de Dieu en qui son âme prend
plaisir, sont prédites avec une telle
exactitude que toute discussion serait superflue
pour prouver qu'elles se rapportent à
Jésus-Christ
(93).
Parmi la multitude des passages semblables du
Nouveau Testament, nous en choisissons quelques-uns
que nous ajouterons à la
prophétie :
« Il est le méprisé et le
dernier des hommes. » - Il est venu chez
soi, et les siens ne l'ont point reçu ;
il n'avait pas où reposer sa
tête ; ils se moquaient de lui.
« Un homme de douleur et qui sait ce que
c'est que la langueur. » Jésus
pleura sur la tombe de Lazare, il pleura sur
Jérusalem ; il ressentit l'ingratitude
et la cruauté des hommes ; il souffrit
la contradiction des pécheurs ; et
voici les expressions propres de sa
douleur :
« Mon Père, que cette coupe passe
loin de moi, s'il est possible ; mais pour
cette fin suis-je venu au monde ?
Mon Dieu ! mon
Dieu !
pourquoi m'as-tu
abandonné ! »
« Nous avons comme caché notre
face de lui ; il était
méprisé et nous n'en avons fait aucun
cas. » Alors tous ses disciples l'ayant
abandonné, s'enfuirent.
Non pas celui-ci, mais Barabbas ; or, Barabbas
était un brigand.
Et les soldats, s'agenouillant devant lui, se
moquaient de lui.
Le prophète continue ainsi le tableau de ses
souffrances :
« Il s'est chargé
véritablement de nos langueurs ; nous
avons cru qu'il était frappé, battu
de Dieu et affligé. On le presse et on
l'accable ; il a été mené
à la tuerie comme un agneau. Il a
été enlevé par la force de
l'angoisse et par la condamnation. »
Et à cette description
générale il ajoute des détails
plus minutieux encore, qui en déterminent
visiblement l'application à
Jésus : « Il a
été retranché de la terre des
vivants. »
Il fut crucifié à la fleur de son
âge.
« Le peuple avait ordonné son
sépulcre avec le méchant, mais dans
sa mort il a été avec le
riche. » Joseph d'Arimathée, homme
riche d'entre les Juifs, alla demander le corps de
Jésus, et le déposa dans son
sépulcre neuf.
« Il aura été mis au rang
des méchants. » Il fut
crucifié entre deux malfaiteurs.
« Tu étais défait de visage
plus qu'aucun autre, et sans apparence, plus que
pas un des enfants des hommes. »
Ces paroles ont été
littéralement accomplies ; la sueur de
sang, la couronne d'épines, les crachats au
visage, les coups sur la joue, la flagellation, les
clous dans les mains et dans les pieds, la lance
qui lui perça le côté, tout
tendit à rendre le corps de Jésus
plus défait que pas un des enfants des
hommes.
Or, afin de prévenir toute
ambiguïté dans le sens de cette
description soutenue et circonstanciée
des souffrances du Messie, la
dignité de sa personne,
l'incrédulité des Juifs, l'innocence
de la victime, et son élévation
finale, tout est spécialement
détaillé, et tout s'accorde avec la
doctrine de l'Évangile.
« Il sera fort exalté, et il
s'agrandira extrêmement. Qui a cru à
notre prédiction ? Et à qui le
bras de l'Éternel a-t-il été
révélé ? »
« Or, il est monté comme un
rejeton devant lui, etc. »
La pauvreté apparente de la condition de
Jésus-Christ est la raison que la
prophétie assigne au rejet que les Juifs ont
fait de lui, et c'est la raison qu'ils en donnent
eux-mêmes. La prédiction
spécifie la cause de ses souffrances.
« Il s'est chargé
véritablement de nos langueurs, et il a
porté nos douleurs. »
Christ, dit saint Paul, fut offert une fois pour
ôter les péchés de
plusieurs.
« Il a été navré
pour nos forfaits, et frappé pour nos
iniquités ; le châtiment qui nous
apporte la paix est tombé sur lui, et nous
avons la guérison par sa
meurtrissure. »
Il a porté nos péchés en son
corps sur le bois, dit saint Pierre, afin
qu'étant morts au péché nous
vivions à la justice ; et nous avons la
guérison par sa meurtrissure.
« Nous avons tous été
errants comme des brebis, nous nous sommes
détournés pour suivre chacun son
propre chemin, et l'Éternel a fait venir sur
lui l'iniquité de nous tous. »
Car vous étiez comme des brebis errantes,
dit le même apôtre, mais vous
êtes maintenant retournés au pasteur
et à l'évêque de vos
âmes.
« Il n'avait point fait d'outrage, et il
ne s'est point trouvé de fraude en sa
bouche. Toutefois l'Éternel a mis son
âme en oblation pour le
péché. »
Celui, dit saint Paul, qui n'avait point connu le
péché, il l'a traité à
cause de nous comme un pécheur, afin que
nous devinssions justes devant Dieu par lui.
Toute cette prophétie se rapporte donc
au Messie. Elle décrit
son abaissement et sa dignité ; son
rejet par les Juifs, ses afflictions et son agonie,
sa grandeur et sa charité, la manière
dont son ministère fut méconnu, la
bassesse de sa condition, son silence au milieu des
souffrances les plus terribles, silence qu'il ne
rompt que pour intercéder pour les
pécheurs.
Complètement opposée à toutes
les autres dispensations de la Providence,
enregistrées dans les annales des Juifs, la
prophétie représente une innocence
parfaite souffrant par la volonté du ciel,
la mort comme la suite d'une obéissance
entière, le serviteur de Dieu
abandonné par lui, et celui qui était
parfaitement pur portant le châtiment des
coupables, lavant les nations de leurs
péchés par la vertu de son sacrifice,
les justifiant par sa science, ayant son
héritage parmi les grands, et partageant le
butin avec les puissants, parce qu'il a
livré son âme à la mort.
Cette prophétie, considérée
simplement comme prédiction
antérieure à
l'événement, fait donc de
l'incrédulité même des Juifs un
argument contre eux, change le scandale de la croix
en preuve du christianisme, et nous présente
un épitomé de la
vérité, un abrégé des
traits les plus frappants de l'Évangile.
La simple explication de cette prophétie
suffit pour opérer la conversion de
l'eunuque d'Éthiopie, et sans le secours
d'un apôtre elle a la gloire d'avoir obtenu
dans les temps modernes un plus noble triomphe, en
renversant les préjugés si fortement
enracinés, et l'incrédulité si
hautement déclarée d'un homme
illustre par son rang et par son génie,
alors un des avocats les plus spirituels et les
plus heureux de l'impiété, et un des
ennemis les plus déclarés du
christianisme
(94).
C'est ainsi qu'il a été écrit
que le Christ souffrirait, c'est ainsi qu'il
fallait que le Christ souffrît, selon les
Écritures ; et c'est ainsi que
l'apôtre l'atteste : « Dieu a
accompli ce qu'il avait prédit par la bouche
de tous ses prophètes, que le Christ devait
souffrir. »
Que les Juifs conservent encore ces
prophéties, et qu'ils soient ainsi un des
instruments de leur conservation et de leur
propagation sur toute la terre, quoiqu'elles
témoignent si fortement contre
eux-mêmes, quoiqu'elles déclarent si
clairement qu'un Sauveur devait premièrement
souffrir et être ensuite exalté, ce
sont là des faits aussi indubitables qu'ils
sont singuliers, et qui ne peuvent qu'attester la
vérité du christianisme, de la
manière la plus forte et la plus
convaincante.
Ces prédictions, comme nous l'avons vu par
la courte analyse que nous en avons faite, n'ont
pas besoin d'interprétation forcée,
mais elles s'appliquent de la manière la
plus claire, la plus simple et la plus
littérale, à l'histoire des
souffrances et de la mort du Christ.
Le témoignage des Juifs sur l'existence de
ces prophéties longtemps avant l'ère
chrétienne, leur conservation jusqu'à
ce jour, le récit que donnent les
évangélistes de la vie et de la mort
du Christ, le témoignage des auteurs
profanes, et les arguments même des premiers
adversaires du christianisme, fondés sur
l'humble condition de Jésus et sur le genre
de sa mort, toutes ces choses concourent ensemble
à donner sur l'accomplissement de ces
prophéties des preuves plus décisives
que nous n'aurions cru possible d'en obtenir dans
un temps aussi reculé
(95).
Mais les prophéties nous parlent de la
nature de l'Évangile aussi bien que du
caractère de son auteur, et décrivent
l'étendue de son règne aussi bien que
ses souffrances. Il était prédit que
le Messie révélerait la
volonté de Dieu aux hommes, et qu'il
établirait une religion nouvelle et plus
parfaite.
« Je leur susciterai un prophète
d'entre leurs frères, et je mettrai mes
paroles en sa bouche, et il leur dira tout ce que
j'aurai commandé, et il arrivera que
quiconque n'écoutera pas les paroles qu'il
aura dites en mon nom, je lui en demanderai
compte.
Car l'enfant nous est né, le fils nous a
été donné, et l'empire a
été posé sur son
épaule, et on appellera son nom l'Admirable,
le Conseiller, le Dieu fort, le Puissant, le
père de l'Éternité, le prince
de la Paix. Et il n'y aura point de fin à
l'accroissement de l'empire, et à la
prospérité du trône de David et
de son règne, pour l'affermir et pour
l'établir dans l'équité et
dans la justice, dès maintenant et à
toujours.
La jalousie de l'Éternel des armées
fera cela.
Il sortira un rejeton du trône de David, et
un surgeon croîtra de ses racines ; il
ne jugera point par ce qui frappe les yeux, et il
ne condamnera point par un ouï dire, mais il
jugera avec justice les petits, et il condamnera
avec droiture.
Moi qui suis l'Éternel, je t'ai
appelé dans la justice, je te prendrai par
la main et je te garderai, et je te ferai
être l'alliance du peuple et la
lumière des nations, afin d'ouvrir les yeux
des aveugles.
Prêtez l'oreille et venez à moi ;
écoutez, et votre âme vivra, et je
traiterai avec vous une alliance éternelle
pour rendre stable la miséricorde promise
à David. Voici, je l'ai donné pour
être témoin aux peuples, pour
être conducteur, et afin qu'il commande aux
peuples. Je susciterai sur elles
un pasteur qui les paîtra, et je traiterai
avec elles une alliance de paix.
Et il y aura une alliance éternelle avec
eux. Je mettrai mon sanctuaire au milieu d'eux
à toujours, et eux tous n'auront qu'un roi
pour leur roi, et ils ne se souilleront plus par
leurs dieux infâmes ; ils auront tous un
seul pasteur, ils marcheront dans mes ordonnances,
et David mon serviteur sera leur prince à
toujours.
Voici, les jours viennent, dit l'Éternel,
que je traiterai une nouvelle alliance avec la
maison d'Israël et avec la maison de
Juda ; et c'est ici l'alliance que je
traiterai avec la maison d'Israël ; je
mettrai ma loi au-devant d'eux et je
l'écrirai dans leur coeur, et je serai leur
Dieu, et ils seront mon peuple. Chacun d'eux
n'enseignera plus son prochain, ni chacun son
frère, en disant : Connaissez
l'Éternel ; car ils me
connaîtront tous, depuis le plus petit
jusqu'au plus grand, dit l'Éternel, parce
que je pardonnerai leur iniquité, et que je
ne me souviendrai plus de leur péché
(96). »
Il est souvent et expressément
déclaré que ces
bénédictions s'étendraient
plus loin que la Judée.
« C'est peu de chose que tu sois mon
serviteur pour rétablir les tribus de Jacob
et pour ramener les restes d'Israël ;
mais je t'ai donné pour être la
lumière des nations, et pour être mon
salut jusqu'au bout de la terre
(97). »
Tandis que plusieurs des prophéties, en
dépeignant la gloire du royaume du Messie,
se rapportent aussi à son étendue
universelle et à la restauration finale des
Juifs, elles décrivent en même temps
la nature et les bienfaits de
l'Évangile ; et il
serait impossible de donner maintenant un
exposé plus correct ou une définition
plus juste de la doctrine de Jésus-Christ,
et des conditions qu'il a proposées à
l'homme, que ceux que contiennent ces mêmes
prophéties, publiées plusieurs
siècles avant son apparition dans le
monde.
L'Évangile, comme son nom l'indique,
signifie bonne nouvelle ; Christ
lui-même invitait ceux qui étaient
travaillés et chargés à venir
à lui pour obtenir le repos de leurs
âmes. Il était le messager de paix. Il
vint, ainsi qu'il le dit lui-même, s'offrir
en sacrifice pour les péchés du monde
et révéler à l'homme la
volonté de son Père céleste.
Il publia les termes de notre pardon. Sa parole est
encore la parole de conciliation ; sa loi, une
loi de bonté ; et tous les devoirs
qu'il inculque tendent à rendre l'homme
digne de participer à la
félicité éternelle ; tel
est le but de toute son oeuvre. Qu'aurait-il pu
donner de plus, qu'aurait-il pu exiger de
moins ?
Les prophètes des anciens temps emploient
les mêmes termes en parlant de la nouvelle
loi qui devait être
révélée, et de la venue du
Sauveur :
« Réjouis-toi extrêmement,
fille de Sion, jette des cris de
réjouissance, fille de
Jérusalem ; voici, ton roi viendra
à toi.
Que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont
beaux, de ceux qui annoncent de bonnes
nouvelles.
L'esprit du Seigneur l'Éternel est sur moi,
c'est pourquoi l'Éternel m'a oint pour
évangéliser aux
débonnaires ; il m'a envoyé pour
guérir ceux qui ont le coeur brisé,
pour publier aux captifs la liberté, pour
publier l'année de la bienveillance de
l'Éternel. »
Ayant lu ces paroles à haute voix dans la
synagogue, Jésus s'écria :
« Aujourd'hui l'Écriture est
accomplie. »
Il est en effet le prédicateur de la justice
et de la paix, et ce
n'était qu'en lui que l'Écriture
pouvait trouver son accomplissement.
D'autres prophètes encore parlent de la joie
qui devait surtout caractériser le
règne du Messie. Il devait mettre fin aux
transgressions, effacer le péché, et
réconcilier les pécheurs ; il
devait faire rejaillir de l'eau pure sur le peuple
de Dieu, arroser de son sang les nations pour les
laver de leurs iniquités, et ouvrir une
source pour purifier le péché et la
souillure.
« Que le méchant délaisse
sa voie et l'homme inique ses pensées, et
qu'il retourne à l'Éternel, et il
aura pitié de lui.
Je pardonnerai leurs iniquités et je ne me
souviendrai plus de leurs
péchés. »
Le Messie devait être « oint pour
guérir ceux qui ont le coeur
brisé ; pour publier à ceux de
Sion qui pleurent, que la magnificence leur sera
donnée au lieu de la cendre, l'huile de joie
au lieu du deuil, un manteau de louange au lieu
d'un esprit affligé
(98). »
L'Évangile de paix réalise toutes ces
bénédictions promises. Nous voyons
maintenant ce que beaucoup de prophètes et
beaucoup de sages ont désiré de
voir.
La religion chrétienne a été
malheureusement pervertie et
altérée ; mais ces corruptions
mêmes ont été le sujet des
prophéties. La bigoterie n'a que trop
souvent terni sa perfection ; sa beauté
a disparu sous le voile de la superstition, de la
tyrannie et du meurtre ; mais la religion de
Jésus, sortie pure de la bouche de son
auteur et de la plume de ses apôtres, a en
elle tout ce qu'il faut pour répandre
universellement le bonheur, pour avancer
efficacement la culture morale et la civilisation
de l'humanité, et pour améliorer la
condition et perfectionner la
nature de l'homme. Sa doctrine
est sainte, elle prescrit des règles de
conduite pures et parfaites ; elle abolit
l'idolâtrie ; elle enseigne le culte du
seul vrai Dieu, elle annonce des promesses faites
à tous ceux qui obéissent à sa
loi ; elle révèle la seule voie
du pardon pour le pécheur et lui indique le
moyen d'y parvenir.
L'Évangile est une bonne nouvelle pour les
débonnaires ; il bande les plaies des
coeurs, et nous offre l'huile de joie au lieu du
deuil, un manteau de louange au lieu d'un esprit
d'affliction, ou, en d'autres mots, la consolation
la plus complète dans tous les maux de la
vie. Pour obtenir la confirmation de toutes ces
prophéties, il ne nous est pas
nécessaire de recourir au témoignage
des Juifs ou à celui des premiers
chrétiens ; c'est une question
d'expérience et de fait.
La doctrine de l'Évangile s'accorde en tout
avec les prédictions qui l'ont
annoncée ; et si nous la comparons avec
la cruauté, l'impureté,
l'absurdité dégradante des
systèmes de religion qui existaient au temps
des prophètes, nous ne pouvons qu'être
pénétrés de sa
supériorité et reconnaître son
incomparable excellence.
On adorait alors des dieux dont les vices faisaient
honte à l'humanité, et
l'incrédulité même n'oserait
les comparer au Dieu des chrétiens ;
l'usage des sacrifices était partout
établi, et souvent le sang humain coulait
là où la doctrine chrétienne
de la réconciliation pour l'iniquité
était inconnue.
Et dès que nous sortons des pays
chrétiens, si nous regardons vers l'Afrique,
vers l'Inde, ou vers la Chine, nous avons encore
devant les yeux les spectacles les plus
révoltants dans les cérémonies
religieuses des hommes. En envisageant donc la
supériorité du christianisme
seulement comme ayant été le sujet de
la prophétie, on ne peut guère se
refuser à
reconnaître que les
prédictions qui se rapportent à cette
excellence et les bienfaits qu'elles promettent ont
reçu leur entier accomplissement dans
l'Évangile de Jésus-Christ.
Mais, tout en prouvant sa vérité par
l'accomplissement même de ces anciennes
prophéties, on ne demande point à
l'incrédule de renoncer à un seul
iota de son incrédulité, sur aucune
matière qui puisse admettre le moindre
doute ; car il y a beaucoup de
prophéties à la vérité
desquelles chaque chrétien peut rendre
témoignage, et dont l'accomplissement est
prouvé par les incrédules
eux-mêmes. Que l'Évangile ait pris sa
source à Jérusalem, que la plupart
des Juifs l'aient rejeté, qu'il ait eu
à combattre la puissance humaine, que
l'idolâtrie ait été
renversée devant lui, que les rois de la
terre se soient soumis à son joug, qu'il
existe depuis plusieurs siècles, qu'il
s'étende sur un grand nombre de
contrées, voilà des faits clairement
prédits et littéralement
accomplis.
« Car la loi sortira de Sion et la parole
de l'Éternel de Jérusalem ; il
exercera les jugements parmi les nations
(99).
Il sera votre sanctuaire ; mais il sera une
pierre d'achoppement et un rocher de
trébuchement aux deux maisons d'Israël,
en piège et en filets aux habitants de
Jérusalem !
Pourquoi les rois de la terre s'assemblent-ils et
les princes consultent-ils ensemble contre
l'Éternel et contre son Christ
(1) ? »
De la même manière, Christ
prédisait souvent à ses disciples la
persécution qui les atteindrait et le
triomphe final de l'Évangile, malgré
toute l'opposition qu'il aurait à combattre
(2).
« L'Éternel sera seul haut
élevé en ce jour-là ; et
pour ce qui est des idoles elles seront toutes
détruites. Et je vous nettoierai de tous vos
dieux infâmes. Je retrancherai les noms des
faux dieux du pays et on n'en fera plus mention
(3).
À celui qui est esclave de ceux qui le
dominent : Les rois le verront et se
lèveront, et les principaux se prosterneront
devant lui. Et les nations marcheront à ta
lumière, et les rois à la splendeur
qui se lèvera sur toi. Et les rois seront
tes nourriciers et les princesses leurs femmes tes
nourrices
(4).
Les nations verront ta justice, et on t'appellera
d'un nouveau nom que la bouche de l'Éternel
aura expressément déclaré. En
ce jour-là il arrivera que les nations
rechercheront la racine d'Isaï, dressée
pour enseigne des peuples, et son séjour ne
sera que gloire. Et je traiterai avec vous une
alliance éternelle. Voici, tu appelleras la
nation que tu ne connaissais point, et les nations
qui ne te connaissaient point accoureront à
toi
(5). »
À l'époque où ces
prophéties parurent, il n'y avait pas sur
toute la surface du monde le moindre signe de ce
royaume spirituel, de cette religion pure qu'elles
prédisent si clairement devoir
s'étendre non seulement sur la Judée
et sur toutes les contrées
éloignées que les prophètes
seuls connaissaient, mais aussi sur tous les
peuples des gentils, et même jusqu'aux
extrémités de la terre.
Maintenant chacun sait que la religion qui enseigne
la piété, la pureté, la
charité, qui délivre l'homme de tous
ces rites pénibles, qui l'affranchit de
toutes ces institutions barbares, et qui offre
à l'humanité le
plus grand des
bienfaits ;
que cette religion, disons-nous, prit naissance en
Judée, au sein du peuple le plus
égoïste et le plus sensuel de la
terre ; que persécutée à
son origine, et rejetée par les Juifs, elle
s'est cependant répandue sur plusieurs
nations, qu'elle s'est étendue
jusqu'à celles qu'un immense intervalle
séparait de son berceau et de son centre
d'action, et qu'elle invite sans exception le monde
entier à participer aux privilèges
qu'elle accorde, sans faire de distinction
quelconque entre le Barbare et le Scythe, l'esclave
et l'homme libre.
Un poète latin, qui vécut au
commencement de l'ère chrétienne,
parle des Bretons barbares comme
séparés de la terre entière.
Et cependant, quoique la Grande-Bretagne fût
plus éloignée de la Judée que
de Rome, la loi sortie de Jérusalem lui a
fait perdre sa réputation de barbarie ;
dans cette île éloignée des
gentils, les prophéties qui déclarent
que le royaume du Messie s'étendra jusqu'aux
bouts de la terre ont reçu leur
accomplissement ; et aujourd'hui, si d'une
île éloignée des gentils nous
portons nos regards vers une autre île, de
l'océan du nord à l'océan du
sud, d'une extrémité du globe
à l'autre, nous verrons encore l'influence
régénératrice de
l'Évangile dans l'extinction .de
l'idolâtrie, et l'abolition des rites cruels
et barbares du paganisme.
Mais ce fut à une époque où,
excepté la seule terre de la Judée,
la lumière de la vérité divine
n'éclairait pas le monde, ce fut lorsque
toutes les autres nations, par rapport à la
religion, étaient plongées dans les
ténèbres, adonnées à
une superstition grossière et à une
idolâtrie aveugle; ce fut lorsque les hommes
se formaient à eux-mêmes des
divinités de choses corruptible
;
ce fut lorsqu'on déifiait, après leur
mort, ceux-là mêmes qui avaient
donné l'exemple des vices les plus
grossiers ; ce fut lorsqu'on remplaçait
la religion par des rites affreux et
obscènes ; ce fut lorsque la nation la
plus éclairée du monde élevait
publiquement un autel au Dieu inconnu, et ne
mettait point de bornes au nombre de ses
divinités ; ce fut au moment où
l'un des plus célèbres philosophes du
paganisme, l'un des plus purs de ses moralistes,
désespérant de parvenir à la
vérité par des moyens humains,
demandait une révélation divine comme
unique voie de salut
(6) ;
ce fut
lorsque le nombre des esclaves dépassait
celui des hommes libres ; ce fut lorsqu'il n'y
avait aucun espoir de pouvoir sortir de cet
état d'esclavage spirituel et
temporel ; ce fut alors que la voix de la
prophétie se fit entendre dans la terre de
la Judée, ce fut alors qu'elle
annonça le jour glorieux qui allait luire
sur le monde.
Et d'où cette lumière pouvait-elle
descendre, que du ciel ? - Le Messie fut
promis ; le prince de la paix allait
paraître ; une pierre allait être
détachée de la montagne sans main,
qui devait frapper et mettre en pièces les
royaumes du monde.
Mais le règne spirituel du Messie est
décrit en termes qui indiquent tout à
la fois sa nature, sa durée, son
étendue :
« Sa renommée durera toujours, sa
réputation ira de père en fils, tant
que le soleil durera. On sera béni en lui.
Toutes les nations le publieront bienheureux. Il
dominera depuis une mer jusqu'à l'autre, et
depuis le fleuve jusqu'aux extrémités
de la terre. Demande-moi, et je te donnerai pour
ton héritage les nations, et pour ta
possession les bouts de la terre. Tous les bouts de
la terre s'en souviendront et se
convertiront à l'Éternel, et toutes
les familles des nations se prosterneront devant
toi (7).
Je t'ai donné pour être la
lumière des nations, et pour être mon
salut jusqu'aux bouts de la terre. - La gloire de
l'Éternel se manifestera, et toute chair la
verra en même temps, car la bouche de
l'Éternel a parlé
(8).
L'Éternel a découvert le bras de sa
sainteté devant les yeux de toutes les
nations. Il ne se retirera point, ni ne se
précipitera point jusqu'à ce qu'il
ait établi la justice sur la terre, et les
îles s'arrêteront à sa loi
(9)
Il enlèvera l'enveloppe redoublée
qu'on voit sur tous les peuples, et la couverture
qui est étendue sur toutes les nations
(10).
J'étais recherché par ceux qui ne
s'informaient pas de moi, et j'ai été
trouvé par ceux qui ne me cherchaient
point ; j'ai dit à la nation qui ne
s'appelait point de mon nom : Me voici, me
voici (11).
Il arrivera aux derniers jours, disent Esaïe
et Michée dans les mêmes paroles, que
la montagne de la maison de l'Éternel sera
affermie au sommet des montagnes, et
élevée par-dessus les coteaux, et
toutes les nations y aborderont
(12).
Il arrivera que dans le lieu où on leur aura
dit : Vous n'êtes plus mon peuple, on
leur dira : Vous êtes les enfants du
Dieu fort et vivant
(13).
L'abondance de la mer se tournera vers toi, et la
puissance des nations viendra à toi
(14).
Réjouis-toi avec des chants, de
triomphe ; stérile qui n'enfantais
point ; éclate de joie avec des chants
de triomphe, car les enfants de celle qui
était abandonnée seront en plus grand
nombre que les enfants de celle
qui était mariée (plus de Gentils que
de Juifs ). Élargis le lieu de la tente, et
qu'on étende les rideaux de ton pavillon, ne
néglige rien ; allonge tes
cordages ; car tu te répandras à
droite et à gauche, et ta
postérité possédera les
nations, car celui qui t'a formé sera ton
époux ; l'Éternel des
armées est son nom, il sera appelé le
Dieu de toute la terre
(15).
Le désert et le lieu aride se
réjouiront, et la solitude sera dans
l'allégresse, et fleurira comme une rose
(16).
Ces prophéties ont toutes rapport à
l'étendue du règne du Messie, et
toutes claires, tout amples qu'elles sont, elles ne
forment qu'une très petite, portion des
prédictions qui ont le même objet.
Nous devons donc examiner non seulement ce qui en
reste encore à accomplir, mais tout ce qui
en a déjà été accompli,
et dont il aurait été impossible
à notre sagesse bornée de concevoir
la moindre idée. Toutes, elles ont
été publiées plusieurs
siècles avant l'existence de cette religion
dont elles décrivent si minutieusement les
progrès ; cependant, lorsque nous
comparons l'état actuel des pays où
l'Évangile est professé dans sa
pureté, avec celui dans lequel ils
étaient à l'époque où
le soleil de justice commença à luire
sur eux, nous voyons partout la lumière
dissipant les ténèbres, l'ignorance
et le paganisme disparaissant devant les efforts de
la science et de la culture morale.
Malgré toutes les probabilités
humaines, malgré toutes les
prévisions de la sagesse et de la puissance
de l'homme, l'Évangile de Jésus,
propagé d'abord par quelques obscurs
pêcheurs de la Galilée, a sapé
dans leurs fondements les temples païens, a
renversé les autels impurs, a jeté
hors des palais et des chaumières les faux
dieux ; toutes les
nations
civilisées reconnaissent son
autorité ; il a triomphé depuis
son origine jusqu'à ce jour, malgré
la persécution, malgré l'opposition
la plus forte et la plus violente, malgré
les attaques les plus directes, malgré tous
les pièges de ses adversaires
cachés ; et combattant, comme il a
toujours combattu, contre les mauvaises passions de
l'homme qui les portent à lui
résister et à la pervertir, il
demeure encore debout, et le cours de quinze
siècles ne fait que confirmer toutes les
anciennes prophéties, et vérifie
à l'heure qu'il est la déclaration de
son auteur : « Les portes de l'enfer
ne prévaudront point contre
lui. »
Qui aurait pu concevoir que jamais un tel
système religieux serait formé, qu'il
serait institué, combattu, établi,
propagé sur toute la surface du globe,
embrassé par tant de nations,
protégé par des rois et des princes,
et regardé comme règle de foi, comme
la volonté même de Dieu ? Comment
toutes ces choses et beaucoup d'autres encore
auraient-elles pu être prédites, comme
elles l'ont été sans aucun doute,
tant de siècles avant la venue de l'auteur
du christianisme, si ces prophéties
n'étaient pas en elles-mêmes une
preuve venue d'en haut, que chaque prophétie
et son accomplissement sont l'oeuvre de Dieu, et
non celle de l'homme ?
Quel mortel non inspiré eût pu
décrire la nature, les effets et les
progrès du christianisme, quand aucun d'eux
n'aurait pu se faire seulement l'idée de son
existence ? car le paganisme ne consistait
qu'en cérémonies extérieures,
en sanglants sacrifices et en prétendus
mystères. Sa tolérance, il est vrai,
a été vantée, et non sans
cause ; car il tolérait tout ce qui est
impie et absurde en religion, tout ce qui est impur
et vicieux en morale.
Mais les prophètes juifs, alors même
que le monde était plongé dans les
ténèbres et ne pouvait leur fournir
aucune lumière pour les guider dans cette
connaissance, annoncèrent la naissance d'une
religion qui ne se piquerait point de cette
espèce de tolérance, mais qui
révélerait la volonté et
enseignerait le culte du seul vrai Dieu ;
religion qui consisterait en obéissance
morale, qui demanderait de la pureté dans la
vie et dans les moeurs, qui abolirait tous les
sacrifices, en révélant un seul moyen
de réconciliation avec Dieu ; qui se
ferait comprendre à tous par la
simplicité de ses préceptes, mais qui
ne saurait tolérer le mal en aucune
manière ; doctrine en tout contraire au
paganisme, et pour laquelle rien sur la terre
n'aurait pu leur servir de modèle.
Ces prophètes, dans toutes les nations qui
existaient autour d'eux, ne pouvaient
découvrir que le culte d'un nombre infini de
divinités et d'idoles ; ils auraient
parcouru le monde entier, qu'ils n'y auraient
trouvé que dépravation spirituelle et
morale ; et cependant ils annoncent
l'abolition finale du polythéisme et de
l'idolâtrie. Le système religieux des
Juifs était local, et les Juifs
prédisaient une religion qui devait
commencer à Jérusalem, et
s'étendre ensuite jusqu'aux
extrémités de la terre.
Il est donc improbable, ou plutôt absolument
incroyable que ces prédictions eussent
jamais pu être faites par la sagesse humaine,
ou accomplies par la puissance de l'homme ; et
lorsque ces deux merveilles se rencontrent, elles
fournissent une nouvelle preuve de la
vérité. - Comme point d'histoire, les
progrès du Christianisme sont au moins
étonnants, et comme accomplissement de tant
de prophéties, ils sont évidemment
miraculeux.
L'influence et l'étendue du règne de
l'Évangile ne sont pas
moins clairement prédits dans le Nouveau
Testament que dans l'Ancien. Une seule citation
peut nous suffire :
« Je vis un autre ange qui volait par le
milieu du ciel, portant l'Évangile
éternel, pour l'annoncer à ceux qui
habitent sur la terre, à toute nation,
à toute tribu, à toute langue et
à tout peuple. »
Telles sont les paroles d'un homme banni,
exilé dans une petite île d'où
il ne pouvait sortir ; d'un disciple d'une
religion nouvelle partout décriée et
persécutée. Elles furent
prononcées à une époque
où il était impossible qu'elles
fussent réalisées autant qu'elles le
sont maintenant, lors même que tout le
pouvoir de l'homme se fut réuni pour
propager l'Évangile, au lieu d'être
employé à l'éteindre. Il
était alors extrêmement difficile de
répandre la science ; l'art de
l'imprimerie était ignoré : et
plusieurs pays qui professent maintenant le
christianisme étaient encore inconnus.
Et quelque nombreux que soient maintenant les
ouvrages imprimés, et ils le sont plus
qu'à aucune autre période de
l'histoire, quelqu'étendues que soient les
relations actuelles du commerce, la manière
dont l'Écriture Sainte a été
répandue est bien plus étonnante que
l'accroissement des uns ou des autres. Elle est
parvenue dans des régions inconnues à
tous les autres ouvrages du génie de
l'homme, elle a pénétré dans
des contrées que n'a point encore
exploitées la fureur des spéculations
commerciales.
La vérité de la prophétie du
pauvre exilé de Patmos est maintenant mise
au jour ; elle a en sa faveur une prescription
de dix-sept siècles ; il est
évident maintenant que ce n'était
point là une vision humaine, puisque
l'Évangile éternel a
été communiqué d'une
manière inouïe à tous ceux qui
habitent sur la terre, à toute nation,
à toute tribu, à
toute langue, à tout peuple. L'Europe et
l'Amérique professent le
christianisme ; dans toutes les portions du
globe on trouve des chrétiens.
L'Évangile est traduit en 150 langues et
dialectes qu'on parle d'une extrémité
de la terre à l'autre ; et quel autre
livre depuis la création a été
lu ou connu dans la dixième partie de ce
nombre de langues !..
Quelles que soient donc les causes secondaires qui
ont amené ces événements, ou
quelles que soient les opinions des hommes par
rapport à eux, il n'en est pas moins vrai
qu'il faut que les prophéties dont ils sont
l'accomplissement aient été
inspirées par Celui qui est la
première grande cause de tout. Quelle
autorité divine l'incrédulité
peut-elle offrir, quelles doctrines
l'incrédule peut-il avancer, qui
équivaillent à cette preuve de la
vérité du christianisme ?
Il est évident, d'après un coup
d'oeil général jeté sur les
prophéties qui se rapportent à Christ
et à la religion chrétienne, qu'elles
contiennent des prédictions exclusivement
relatives à plusieurs doctrines de
l'Évangile, qui ne pouvaient émaner
que d'une révélation divine, et que
la raison à elle seule n'aurait jamais pu
découvrir ; et ces mêmes
doctrines, contre lesquelles la suffisance de la
sagesse humaine se révolte le plus souvent,
sont par là même des preuves de leur
divine origine ; car si ces doctrines
n'avaient pas été contenues dans les
Saintes Écritures, les prophéties qui
les regardent n'auraient pu s'accomplir. Et plus
elles sont merveilleuses, plus il est improbable et
inconcevable qu'elles aient pu être
annoncées par de simples mortels, ou
qu'elles aient été plus tard
constituées en système religieux.
Il est aussi évident qu'il y a plusieurs
prophéties applicables à
Jésus, et auxquelles aucune allusion n'est
faite dans l'histoire de sa vie.
L'esprit de ses disciples fut
longtemps prévenu contre lui à cause
de la bassesse de sa condition,
préjugé très
général parmi les Juifs.
Ils ne virent les prophéties qu'à
travers le voile de ces traditions qui
agrandissaient la puissance terrestre à
laquelle ils s'attendaient, et qui avaient obscurci
la nature divine du Messie promis.
Ce ne fut qu'après la résurrection de
Christ, nous dit l'Écriture, que leur
entendement fut ouvert pour comprendre les
prophéties. - Mais tandis que
l'accomplissement de beaucoup de ces
prédictions n'est pas remarqué dans
le Nouveau Testament, l'accomplissement de toutes
et de chacune est écrit comme par une plume
de fer, dans la vie, la doctrine et la mort du
Sauveur, et cette preuve secondaire, indirectement
mais pleinement donnée, est plus forte que
ne serait un appel fait à chaque
prophétie : affranchis des
préjugés des Juifs, nous pouvons
maintenant rassembler toutes les prophéties
antérieures qui se rapportent au Messie, et
les comparer avec l'histoire du Nouveau Testament,
et avec la nature et la marche du
christianisme ; et après avoir vu
jusqu'à quel point les premières sont
une représentation fidèle du dernier,
nous pourrons tirer la conclusion légitime,
que « l'esprit de prophétie est en
effet le témoignage de
Jésus ».
Après avoir repassé le tout ensemble,
ne pouvons-nous pas affirmer avec hardiesse que
l'époque et le lieu de la naissance de
Christ, la tribu et la famille dont il sortait, son
genre de vie, son caractère, ses miracles,
ses souffrances et sa mort, la nature de sa
doctrine et le sort de sa religion, avaient
été depuis longtemps
révélés ; que cette
doctrine devait prendre naissance à
Jérusalem, que les Juifs la rejetteraient,
que dès son origine on la
combattrait, et qu'elle s'étendrait
jusqu'aux Gentils ; que l'idolâtrie
disparaîtrait devant elle, que les rois de la
terre se soumettraient à son
autorité, qu'elle se répandrait parmi
toute les nations, même jusqu'aux
extrémités du monde : toutes ces
choses n'ont-elles pas été l'objet
des anciennes prophéties ?
Pourquoi donc toutes ces
prophéties ?
Pourquoi, depuis l'appel fait à Abraham
jusqu'à nos jours, les Juifs ont-ils
été un peuple à part,
séparé d'avec toutes les autres
nations de la terre ?
Pourquoi, depuis le temps de Moïse
jusqu'à celui de Malachie, pendant un espace
de mille ans, a-t-on vu s'élever une race de
prophètes qui tous
témoignèrent de la venue d'un
Sauveur ?
Pourquoi le livre des prophéties fut-il
scellé 400 ans avant la naissance du
Christ ?
Pourquoi y a-t-il encore jusqu'à ce jour une
évidence incontestable, sinon miraculeuse,
de l'antiquité de toutes ces
prophéties, en ce qu'elles ont
été religieusement conservées
pendant tous ces siècles par les soins
mêmes des ennemis du christianisme ?
Pourquoi une telle multitude de faits, qui ne
peuvent être appliqués qu'à
Jésus-Christ, ont-ils été
prédits ?
Pourquoi ? - afin que ces immenses
préparatifs pussent amener enfin
l'Évangile de salut, et aussi pour que,
comme toutes les autres oeuvres du Tout-Puissant,
sa parole par Jésus-Christ ne fût
jamais sans témoignage au milieu des
hommes.
Ah ! si, par le rapide coup d'oeil que nous
venons de jeter sur elles, ces prophéties
rendent témoignage à la
vérité de l'Évangile et
à la sagesse de son auteur, quelle force
n'auraient-elles pas pour celui qui sonderait avec
soin les Écritures, et qui apprendrait par
là avec quelle clarté elles parlent
de Jésus !
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