Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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AU SERVICE DU MAÎTRE

Soeur Sophie de Pury




PRÉFACE.



Une biographie de Soeur Sophie de Pury a déjà paru en allemand, et reçut du public l'accueil le plus favorable. La première édition n'en était pas épuisée qu'on l'avait traduite en hollandais et en suédois. Il a donc semblé aux éditeurs qu'il y avait dans cette vie si simplement racontée, un charme profond et comme une vertu bénie, qu'elle méritait d'être mieux et plus connue encore, qu'il fallait en particulier la rendre accessible aux lecteurs de langue française. Voilà pourquoi ils publient le présent ouvrage.

Ils ont, le plus possible, laissé parler les faits. Au lieu de paraphraser leurs documents, ils les ont livrés tels quels. Ce n'est pas sans hésitation, ni sans scrupule que la famille a permis qu'on les divulguât. Il est des heures intimes qui sont sacrées et qu'on ne saurait dévoiler sans déchirement ; il est des heures que l'on a vécues avec Dieu seul et que Dieu seul, pense-t-on, a le droit de connaître. Mais, d'autre part, ce sont les choses cachées qui sont les plus vraies, et partant les plus émouvantes, et la parole solitaire d'une âme est plus caractéristique, plus significative, révèle mieux cette âme que toutes les descriptions et tout l'éloge qu'on en pourrait faire.

Et maintenant, petit livre, composé avec amour et dans un esprit de vérité, va, accomplis ta destinée. Puisses-tu donner à beaucoup de consciences la divine nostalgie, source des grands réveils ; puisses-tu mettre dans beaucoup de coeurs des pensées graves et douces ; puisse surtout Jésus resplendir dans tes pages comme il resplendissait dans la Soeur que nous pleurons toujours !
C'est la fervente prière de celles qui t'écrivirent.

J. B.


UNE VOCATION

« Quoique morte, elle parle encore. »
Hebr. XI. 4

Soeur Sophie de Pury naquit à Neuchâtel le 31 août 1834. Son père, le baron Edouard de Pury, était membre du Grand Conseil de Neuchâtel. Fidèle à la tradition de sa famille, il était un ami dévoué des pauvres, est c'est à leur service qu'il contracta la maladie qui l'enleva prématurément aux siens. Sa mère, Julie de Pury, née de Sandoz-Travers, une sainte femme dans toute l'acception du mot, éleva avec Dieu et pour Dieu ses huit enfants, dont Sophie était la sixième, elle grava profondément dans leurs coeurs la crainte de Dieu et le sentiment du devoir.

Sophie chérissait particulièrement cette pieuse mère et chacun des désirs de celle-ci était sacré pour la petite fille. En voici un exemple : Pendant l'été de 1845, elle partit joyeusement, accompagnée de sa soeur cadette, pour faire un séjour à la campagne chez leur excellente grand-mère.

Les charmes de Bellevue étaient grands pour les enfants ; l'escarpolette, le chemin creux où les fourmis-lions offraient de nombreux pièges aux fourmis imprudentes, le champ où les fillettes couraient s'emparer de poignées d'épis laissés complaisamment à leur disposition par les moissonneuses, afin d'enrichir la gerbe d'une pauvre glaneuse, surtout la tendresse de la vénérable aïeule, tout aurait pu faire de ce séjour un temps délicieux pour nos deux soeurs, si une ombre n'était venue en rompre le charme.

Par une belle après-midi, l'une des bonnes emmena les fillettes faire une grande promenade. Il faisait chaud, on avait bien marché et, arrivées sur une colline d'où l'on jouissait d'une vue magnifique sur le lac et les Alpes, la femme de chambre offrit à nos petites promeneuses une agréable collation. Malheureusement, par on ne sait quelle idée absurde et déloyale, avant de leur partager les fruits, elle défendit aux enfants d'en parler à leur grand-mère. Sophie resta consternée ! une des dernières recommandations de leur mère avait été de ne rien accepter sans l'autorisation de la bonne aïeule. Elle le dit aussitôt à la domestique, qui persista dans sa défense. Triste et affamée, la consciencieuse enfant vit les fruits disparaître l'un après l'autre dans la bouche de sa cadette, moins scrupuleuse ou plus terrorisée qu'elle; mais elle tint bon et résista à toutes les sollicitations.

L'école fut pour la jeune fille une source intarissable de jouissances ! elle avait le bonheur de posséder une soeur d'un an plus âgée qu'elle, sa compagne des bons et des mauvais jours ; étude et jeux, joie ou douleur, tout leur était commun.

Ensemble Hélène et Sophie partaient de bonne heure le matin pour le petit externat situé à l'autre extrémité de la ville, où, sous l'excellente direction de Mad. Gallot, elles s'initiaient à la littérature classique et apprenaient à aimer tout ce qui est beau, bon et bien ! Une ou deux compositions de l'élève de ce temps-là dénotent déjà chez elle un sérieux et une élévation de caractère peu fréquents à cet âge. Mais l'étude ne l'empêchait pas de se livrer avec délices à tous les petits bonheurs de sa vie d'écolière ! Une fleur des champs, un gai refrain, une course folâtre avec ses compagnes, tout était pour elle sujet de joie, et elle mettait à tout une grâce pleine d'une charmante naïveté. Que de bons rires, que d'aventures le long du chemin, lorsque, en bandes joyeuses, on s'en revenait le nez en l'air, les bras chargés de livres.

Et les vacances ! la grande voiture qui emmenait à la montagne jeunes et vieux, sans oublier le chat, les cochons d'Inde, les poules ! Et une fois là-haut, que d'éléments pour l'activité, pour l'entrain de Sophie. Frères et soeurs se dispersaient dans la forêt, armés de pioches, de râteaux, et bientôt les sentiers, détériorés par les longs mois de frimas, débarrassés de leur couche épaisse de feuilles mortes, invitaient les promeneurs à y venir diriger leurs pas ou à s'asseoir sur les bancs de mousse à l'ombre des grands sapins. On s'en retournait alors à la maison avec une charge de bois mort, qui devait flamber pendant les soirées brumeuses dans la cheminée du salon, où l'on formerait un cercle joyeux, chacun aiguisant son esprit par toute espèce de jeux, énigmes, bouts-rimés, pendant que le corps se délasserait des travaux fatigants de la journée. À tous les exercices du corps et de l'esprit Sophie mettait un enjouement, un entrain infatigable, Qu'il s'agit, avec de nombreux amis, de se transformer en bande de voleurs et de s'enfuir à travers bois et pâturages pour échapper à la troupe des gendarmes ; qu'il fallût, agile et légère, s'élancer sur une planche glissante de haut en bas d'un crêt escarpé ; ou qu'en face des sommités de la Clusette et du Creux-du-Van, assis sur un banc champêtre, on se livrât aux douceurs de la poésie et du chant ; ou enfin, entourant la bonne mère de famille, se rendait-on, un panier au bras, dans quelque maison isolée, pour réjouir, réconforter une pauvre malade, l'une des premières au jeu, au travail, comme aux oeuvres de charité, c'était celle que Dieu destinait à devenir sa servante.

Les jours d'école avaient pris fin, mais non les progrès intellectuels de la jeune fille, qui continuait à se développer, soit par l'audition de cours académiques, soit par de solides lectures faites en famille. Elle utilisait aussi les excellentes leçons d'histoire reçues autrefois, en se chargeant de cette branche d'enseignement auprès de sa soeur cadette. Les fillettes de son groupe à l'école du dimanche étaient un objet d'intérêt sérieuxpour leur monitrice ; elle les invitait chez elle, les visitait, afin d'apprendre à connaître leurs familles et priait pour chacune suivant ses besoins particuliers. Son coeur la poussait auprès des vieilles femmes, chez lesquelles elle aimait s'asseoir, écoutant l'histoire de leurs infirmités, leur faisant une lecture, et, de retour à la maison, elle saisissait un grand tricot et faisait agilement mouvoir les aiguilles, pour être bientôt à même d'envelopper les épaules d'une pauvre rhumatisante d'un châle chaud et moelleux. Perdre son temps, c'était pour elle une chose impossible, elle agissait toujours d'une manière ou d'une autre, et l'on a retrouvé dans ses papiers une petite épigramme, souvenir d'une fête de famille où, pour la plaisanter sur son activité dévorante, on lui avait fait présent d'un étui à crochets accompagné de ces vers :

Sophie est si diligente,
Que pour occuper ses doigts,
À peine elle se contente,
De trois crochets à la fois !

C'est au milieu de cette vie tout ensoleillée qu'une voix austère se fit entendre de plus en plus fort dans le coeur de la jeune fille. « Sors, disait la voix, comme jadis au père des patriarches, sors de ta patrie et de ta famille, et va-t-en au pays que je te montrerai ! » Quitter ses chères occupations, ses amies d'enfance, ses études, son pays et surtout sa mère bien-aimée, ce n'était pas possible ! Oh ! non, non pas cela ! Elle voulait servir le Seigneur avec joie, de toutes ses forces, mais là où elle était si heureuse ! ... Et la voix, plus impérieuse, parlait plus haut, plus souvent. Cette voix, elle la connaissait. Lorsque, en 1850, avec sa soeur Hélène, elle avait été passer trois mois de bonheur et de bénédiction aux Verrières, chez M. le pasteur Delachaux, afin d'y terminer, dans la retraite, leur instruction religieuse et d'y être reçues membres de l'Eglise, elles avaient appris à reconnaître la voix de Celui à qui elles se consacraient, et Sophie était bien décidée à obéir toujours, fût-ce aux dépens de sa propre vie, au Sauveur qui lui avait donné la sienne ! Le moment était venu de montrer sa fidélité ; mais la lutte fut longue, pleine d'angoisse, d'autant plus que, de peur de donner corps à la pensée qui la hantait, elle n'osait en parler à personne, pas même à sa soeur Hélène, pas même à sa tendre mère.

La demande d'admission que la jeune fille adressa à M. Hoerter, fondateur et pasteur de la Maison des Diaconesses de Strasbourg, lorsqu'elle en fut venue à pouvoir dire, sinon sans larmes, du moins avec une résolution bien arrêtée : « Seigneur, qu'il en soit fait selon ta volonté ! » est très caractéristique et nous permet de deviner les luttes intérieures, par où elle avait passé avant d'en arriver à cette démarche décisive. Elle était conçue en ces termes :

MONSIEUR,

Il est temps qu'enfin je mette la main à l'oeuvre, et que je fasse le premier grand pas, en vous annonçant ma détermination sérieuse de meconsacrer à l'oeuvre des Diaconesses. Vous désirez sans doute, Monsieur, connaître les raisons qui m'y ont engagée ; elles sont simples : c'est pour obéir à la volonté de Dieu, et je n'ai absolument pas d'autres motifs ; ce n'est pas par goût naturel ; ce n'est pas par imagination ; ce n'est pas pour avoir une vocation qui puisse me procurer plus de paix et de bénédictions ; je désire devenir diaconesse, parce que j'ai reconnu positivement que c'est là ma tâche ici-bas. Dieu m'y appelle, et je ne veux pas plus longtemps méconnaître sa voix. Et je dois vous l'avouer à ma honte, Monsieur, j'ai résisté et j'ai lutté contre Dieu pendant 4 ou 5 ans entiers ; ma volonté était en complète opposition avec celle de mon Sauveur, et l'idée de, devenir diaconesse m'était plus qu'insupportable ; cette vie-là me paraissait d'une tristesse affreuse, le soin des malades me répugnait beaucoup, et surtout je devais pour cela quitter ma famille, où je suis si heureuse, me séparer de ma mère, que je chéris plus que des paroles ne le peuvent exprimer, de tous mes frères et soeurs, avec lesquels je suis liée d'une étroite amitié.
Enfin, en devenant diaconesse je devais dire adieu à une foule d'occupations favorites qu'il m'était très pénible de laisser pour en embrasser d'autres pour lesquelles je n'avais pas le plus petit attrait, et même pour tout dire, qui m'inspiraient une vive répulsion.

Vous voudriez sans doute savoir, Monsieur, d'où me serait alors venue cette intime persuasion que j'étais appelée à la tâche de diaconesse. Grâces à Dieu, aucun être humain n'a été mêlé là-dedans, mon Dieu a travaillé directement dans mon coeur. Quand j'étais une petite fille d'environ 8 ans je me figurais que les femmes comme les hommes devaient embrasser une vocation et je me creusais la tête pour savoir que devenir, quand maman, venant à mon aide, me parla de la belle oeuvre des diaconesses ; j'acceptai cette idée d'emblée, sans trop y réfléchir, je courus l'annoncer à mes frères et soeurs, qui, enfants comme moi, prirent la chose aussi légèrement. Puis pendant plusieurs années je cessai tout à fait de m'en occuper, et personne ne m'en parlait plus.

Avant 16 ans je fis mon instruction religieuse et ma première communion aux Verrières avec Monsieur le pasteur Delachaux, un de nos chers et respectables amis. Ce ne fut que quelques mois après mon retour à la maison que, tout d'un coup, l'idée de diaconesse vint me saisir ; je venais, je crois, d'entendre parler ou de lire un rapport sur cette oeuvre. Cette pensée tomba sur mon coeur comme un poids écrasant ; il me semblait que Dieu lui-même me disait : tu deviendras diaconesse. Et tout mon être se révoltait à cette pensée, je la repoussais de toutes mes forces, mais plus je la chassais, plus elle revenait m'assaillir, ne me laissant ni trêve ni repos, et j'en étais d'autant plus malheureuse que je voyais clairement le doigt de Dieu ; ce n'était bien sûr pas mon imagination qui m'y poussait, elle s'y opposait au contraire, ce n'étaient pas les hommes, personne ne m'en avait dit un mot ; ce n'était pas le diable, pourquoi se serait-il opposé aux sentiments de mon coeur naturel ; d'ailleurs je ne pense pas que l'esprit des ténèbres pousse jamais à une oeuvre pareille. D'où venait donc cette voix ? c'était celle de Dieu, ne le croyez-vous pas comme moi, Monsieur ? Et je me sentais en guerre ouverte avec Lui.

Cet affreux état d'âme dura quelques jours, je n'osais m'en ouvrir à personne, pas même à ma chère maman, car ç'aurait été donner une ombre de réalité et de consistance à ce qui faisait mon tourment. Je ne retrouvai un peu de paix qu'en exposant mon angoisse à mon Père céleste, je ne pouvais aller plus loin, je ne pouvais pas même lui dire : Apprends-moi à dire : « Ta volonté soit faite !" c'était au-dessus de mes forces ; mais je lui disais : « Aie pitié de moi ; Tu vois mon misérable état ! » Puis je fus tranquille pour quelque temps, je ne pensai plus à cela, jusqu'à ce qu'à propos d'un mot sur les soeurs de l'hôpital toutes mes détresses et mes combats recommencèrent. Et il en fut ainsi, Monsieur, pendant environ 4 ans ; la vue d'un hôpital, le nom de diaconesse suffisaient pour me jeter dans les mêmes troubles, et je ne redevenais calme qu'en priant. J'avais des intervalles plus ou moins longs pendant lesquels je ne m'occupais nullement de la chose ; cependant j'en conservais toujours une arrière-pensée, qui faisait le tourment de ma vie. Que de fois n'ai-je pas soupiré et souhaité que cette pensée fût anéantie, je me serais crue alors parfaitement heureuse, car il n'y avait guère que cela qui troublait ma vie.

J'avais pourtant une légère lueur de consolation, je me disais qu'il était impossible que Dieu me fît embrasser une vocation pareille sans m'avoir appris auparavant à dire : « Ta volonté soit faite ! », et je comprenais qu'Il ne voulait pas me traîner comme une victime au sacrifice. Et en effet, Il s'est conduit à mon égard comme le plus tendre des Pères, Il a eu pitié de moi, sa longue patience a supporté ma longue rébellion, et peu à peu, insensiblement, Il a incliné mon coeur à vouloir sa volonté. Mes combats devinrent moins forts, je souffrais et pleurais encore beaucoup, mais sans dire non, je me relevais après avoir prié, plus forte et plus soumise, et pendant encore plusieurs mois je laissai l'oeuvre s'affermir et se développer dans mon coeur. Je n'avais pas le courage d'en parler : c'était une affaire entre Dieu et moi, cette pensée avait un caractère sacré que je redoutais de mettre au jour.

Enfin, après m'être bien assurée que j'étais parfaitement décidée, je compris qu'il n'y avait plus à renvoyer et qu'il me fallait travailler pendant qu'il était jour ; alors j'en parlai à ma mère, c'était au mois de juin de l'année passée ; elle en fut très saisie, en eut beaucoup d'émotion, mais après m'avoir entendue, elle comprit que c'était en effet un appel de Dieu et ne chercha pas à me retenir ; seulement elle désira me garder encore au moins un an auprès d'elle, car ma soeur cadette était en pension, elle devait revenir à la fin de l'été, et maman tenait à avoir ses quatre filles ensemble encore quelques temps. Je vous avoue, Monsieur, que je fus très heureuse du désir de maman, car, quoique tout à fait soumise à la volonté de Dieu, je ne me réjouis point de quitter les miens, et cependant l'idée de mon départ ne m'attriste pas ; cette dernière année à la maison est au contraire la plus heureuse de ma vie ; ma volonté est soumise, je n'ai plus d'arrière-pensée et je puis jouir en plein de toutes les bénédictions temporelles que Dieu m'accorde.

Ne croyez pourtant pas, Monsieur, que c'est seulement avec résignation que je me voue à la tâche de diaconesse, j'ai compris que c'est pour moi un privilège de pouvoir servir et glorifier mon Sauveur d'une manière aussi directe, et la pensée que tout ce que je ferai pour mes frères sera regardé par Jésus comme fait à Lui-même, m'est extrêmement douce. Et puis j'ai la pleine assurance que mon Dieu sera avec moi et travaillera pour moi, n'est-il pas vrai, Monsieur ?

J'ai encore une chose à vous dire, Monsieur, je suis heureuse d'entrer dans votre établissement et d'être dirigée pas vous, je vous promets de me laisser conduire comme vous le jugerez bon ; mais je désire vivement pouvoir servir mon pays, et je serais heureuse d'y revenir quand cela se pourra.

Je me réjouis beaucoup de vous voir à Neuchâtel, Monsieur (tout en en ayant un peu souci). Soeur Elisabeth m'a dit que ce serait après les fêtes. Maman vous fait dire aussi, Monsieur, combien elle se réjouit de vous voir, et je suis sûre que vous aurez du plaisir à faire sa connaissance, si j'osais vous dire ce que j'en pense, je vous dirais, Monsieur, qu'elle est l'idéal de la mère chrétienne, mais ce n'est pas à moi à le dire.

Croyez, Monsieur, aux sentiments de respect et d'affection de votre dévouée.

SOPHIE DE PURY.

M. Haerter répondait en date du 3 mai :

CHÈRE MADEMOISELLE,

J'ai transmis hier au comité de la Maison des Diaconesses de Strasbourg votre bonne lettre. En la lisant j'ai compris clairement que Dieu vous appelait d'une façon toute spéciale à son service. Je Lui demande de bien vouloir affermir votre décision. Qu'Il daigne vous fortifier lorsque sonnera pour vous l'heure décisive du départ, lorsqu'il vous faudra quitter ce que vous avez de plus cher au monde pour suivre le Maître dans le chemin étroit du renoncement. (Jean 12, 26. Luc 9, 23.)

Votre désir de pouvoir travailler plus tard dans votre ville natale comme diaconesse nous semble très légitime. Cependant je vous préviens, qu'il faut plusieurs années de préparation à nos soeurs pour s'initier à leur tâche si complexe et pour mûrir intérieurement.

J'espère pouvoir vous donner de vive voix les explications que vous désirez sur ce point. Dieu voulant, je viendrai à Neuchâtel le 24 courant, et je me réjouis à l'avance de faire votre connaissance, ainsi que celle de Madame votre mère, que je vous prie de saluer bien affectueusement de ma part. Soyez assurée, chère Mademoiselle, que nous ne perdons rien à mettre notre vie à la disposition de Celui qui a donné Sa vie pour nous sur la croix. Que notre Seigneur Jésus-Christ vous remplisse de Sa grâce.

F. HERTER, pasteur.

 

Le témoignage par lequel M. le professeur Fréd. Godet a bien voulu recommander la jeune aspirante diaconesse est encore sous nos yeux, le voici :

« C'est une grande joie pour un pasteur que d'être appelé à rendre témoignage à une jeune soeur telle que Mlle Sophie de Pury, qui demande en ce moment l'entrée dans l'institution des diaconesses de Strasbourg. Le Seigneur, tout en l'appelant d'une manière si profonde et si décidée à Son service, me semble l'avoir douée pour cela de beaucoup de calme, de fermeté et de persévérance. Autant que je la connais, je crois qu'elle a toujours eu beaucoup de conséquence chrétienne. Je chercherais en vain dans mon souvenir le moindre reproche à adresser à sa conduite extérieure. Quant au coeur, le Seigneur le connaît, et j'espère aussi le connaître un peu et pouvoir dire qu'il est droit devant le Seigneur.

J'accompagne de mes voeux les plus profonds les prémices des jeunes Neuchâteloises pour l'Oeuvre des Diaconesses, et je prie le Seigneur de répandre de Sa propre main le sel sur l'offrande. »

F. GODET.

Ce fut au mois d'octobre de la même année que Mad. de Pury amena sa fille à Strasbourg, où elle trouva un accueil des plus encourageants. Le sérieux avec lequel la nouvelle diaconesse envisageait sa vocation se révéla d'une manière frappante, lorsque, à l'occasion de son admission solennelle, on lui posa la question suivante : 

« Qu'est-ce qui vous a fait penser qu'en devenantdiaconesse vous faisiez la volonté de Dieu ? - Parce que ce n'était pas la mienne. » Répondit-elle simplement.


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