JEAN PRADEL, dit VERNEZOBRE
Pasteur du
Désert
Influence du mouvement
philosophique.
Pendant que les églises défendent
leur existence en péril, elles doivent aussi
répondre aux erreurs que répandent
les philosophes. Et c'est là un des
côtés souvent méconnus de leurs
misères. Montesquieu dans "L'Esprit des
Lois" paru en 1748, développe une
théorie de l'influence des climats sur les
institutions politiques, il veut montrer que le
nord est la patrie du protestantisme et de l'esprit
républicain. C'était une aubaine pour
les ennemis des protestants d'entendre proclamer
par Montesquieu que toute religion
réprimée devient réprimante
"car sitôt que par quelque hasard elle peut
sortir de l'oppression, elle
attaque, la religion qui l'a
réprimée non comme une religion mais
comme "une tyrannie". Par une conséquence
que Montesquieu, esprit libéral, n'avait pas
prévue, ses propositions théoriques
furent exploitées au profit du fanatisme
catholique.
Mais les mêmes propositions prirent un aspect
beaucoup plus désagréable lorsque
Voltaire les reproduisit dans son "Siècle de
Louis XIV". Le grand écrivain traitait les
protestants de républicains au même
moment où l'évêque
d'Alès, M. de Montchy développait la
même thèse et en tirait la
justification des mesures de rigueur.
Pourtant les protestants ont donné des
preuves multiples de leur loyalisme envers la
royauté, mais le clergé le cache et
les philosophes l'ignorent.
Paul Rabaut écrit au pasteur Moultou de
Genève pour l'exhorter à
réfuter de pareilles erreurs.
Politique conciliatrice.
Durant l'année 1756, au Duc de Richelieu
dont l'action brutale a finalement
échoué, succède un homme doux
et tolérant, le Maréchal de Mirepoix.
Au lieu de traiter les prédicants comme des
ennemis, le nouveau gouverneur se
lie avec eux, tout au moins avec les plus
modérés, leur écrit et
reçoit leurs lettres Mirepoix est convaincu
que seules la bonté, la bienveillance
soumettraient les protestants rebelles aux
ordonnances royales.
Vernezobre raconte les négociations
auxquelles il participe :
"Perrot, Blanchon, Paul et moi, autorisés
par une assemblée de douze ministres des
quatre provinces ecclésiastiques, venons
d'avoir une conférence avec l'agent de
Monseigneur de Mirepoix. Cet agent, après
nous avoir donné une idée de son
caractère et demandé un secret
inviolable, nous a proposé trois choses
dignes de la plus haute considération.
1°de réduire nos parties
champêtres à un petit nombre,
2° de les tenir dans des bergeries ou des
maisons particulières moyennant quoi il nous
a promis trois choses :
a) l'abolition des amendes,
b) la sûreté pour les pasteurs et les
fidèles,
c) l'avertissement nécessaire dans le cas
où l'on donnerait à M. de Mirepoix un
successeur qui ne voudrait pas suivre son plan.
Nous avons répondu que nous ferions nos
parties champêtres avec le moins
d'éclat qu'il serait possible, que le jour
valait infiniment mieux que la nuit
pour les tenir, que nous nous
ferions attention de choisir des places qui ne
causeraient aucun ombrage au gouvernement, que nous
souhaiterions qu'en communiquant nos dispositions
à notre illustre commandant, il lui
fût demandé de nouveaux
éclaircissements afin de voir plus clair
dans ce qu'on a à faire pour le plus grand
bien de l'état et de nos infortunées
églises.
Voilà tout ce que je peux vous dire d'une
conférence qui a duré plus de deux
heures. "(1)
Cette entrevue marque une pause dans la tension
entre le pouvoir et les protestants. Mais
l'attitude des pasteurs reste ferme quoique
mesurée. Ils ne peuvent pas abandonner
l'exercice nécessaire de leur religion. Ils
seront les artisans les plus dévoués
de la paix, mais c'est au gouverneur de rapporter
les mesures odieuses de persécution. C'est
ce que fait M. de Mirepoix avec une bonne
volonté louable. Il rappelle les
détachements de soldats qui quittent les
villages. Cela permet aux habitants de reprendre
leurs parties champêtres avec une ferveur
redoublée.
Profitant des dispositions favorables du nouveau
gouverneur, Vernezobre, pour la première
fois, depuis de longues années, demande pour
les protestants de son quartier
la permission de ne pas tapisser le jour de la
Fête-Dieu. L'usage catholique voulait que ce
jour-là le seuil de chaque maison soit
décoré de fleurs et de feuillage.
Mais les protestants, refusant de reconnaître
l'eucharistie romaine, estimaient commettre une
trahison à l'égard de leur foi en se
prêtant à cet usage. Aussi chaque
année des amendes et des emprisonnements
venaient-ils les frapper
sévèrement.
Vernezobre tente une démarche auprès
du subdélégué d'Uzès
par une lettre aussi éloquente
qu'habile :
"Monsieur, Vous êtes trop
sage et trop clairvoyant pour ne pas comprendre les
raisons qui ont engagé les ministres
à recommander aux protestants de s'exposer
à toutes sortes de peines plutôt que
de participer au culte que le concile de Trente
ordonne de rendre au sacrement de votre communion.
Ami de la paix, zélé pour Dieu qui
m'a appelé à l'auguste emploi de
ministre de sa parole, fidèle au service du
plus grand et du meilleur des rois, je ne cherche
pas à troubler le repos de mes
compatriotes.
Dans l'exercice de mon pénible
ministère, je n'eu et je n'aurai jamais en
vue que de me sauver moi-même et de sauver
les autres et de contribuer à l'avancement
de la plus grande gloire de Dieu. Si
j'avais le bonheur d'être
mieux connu de vous que je ne le suis, Monsieur,
vous m'auriez rendu non une justice
incomplète, mais entière et sans
réserve quand on a voulu vous
prévenir contre moi à l'occasion des
tapisseries condamnées par notre religion et
interdites aux protestants par nos synodes
nationaux et provinciaux.
Partant alors des principes sacrés qui me
sont communs avec toute la chrétienté
protestante, loin de paraître surpris que
j'eusse entrepris d'exhorter à ne point
tapisser, un peuple qui depuis 1744 a mieux
aimé payer des milliers de francs que de
s'incliner, auriez au contraire pensé que
j'avais agi en honnête vrai pasteur.
Cependant comme vous n'étiez pas né
pour faire des malheureux, que votre inclination,
votre éducation, votre
fidélité, votre charge se
réunissent avec l'innocence et des
protestants, pour vous parler en faveur de ces
infortunés et exciter votre compassion et
votre support à leur égard, j'ose
vous supplier, Monsieur, de ménager selon
votre prudence ordinaire les affaires et les
esprits dans la Fête-Dieu prochaine et
d'inspirer à nos équitables
magistrats le dessein de laisser les consciences
libres sur l'article en
question.
N.S. Monsieur Domprassien aura la bonté
d'observer que dans les diocèses de
Nîmes, Montpellier, Agde et Béziers,
il y a quantité de protestants qui refusent
de tapisser, on n'a jamais entendu parler de prison
mais seulement d'une amende décernée
contre les bons serviteurs de Dieu et du Roi.
D'autre part je ne cacherai point à Monsieur
Domprassien que les menaces que l'on fait aux
protestants d'Uzès pourraient bien
être contraire aux vues des supérieurs
et qu'il vaudrait mieux user envers eux de
clémence, de charité et de
modération, que d'injustice et de rigueur
vis-à-vis des fidèles sujets du roi
qui, par motif de conscience, refusent de tendre le
devant de leurs maisons.
"(2)
Le commandant reçoit très bien cette
lettre et l'ayant envoyée à M. de
Mirepoix, ce dernier fait la réflexion
suivante, inscrite dans la marge de la
lettre : "Je suis content des sentiments de
l'auteur. Ce ministre parle avec une grande
assurance. Vous pouvez lui affirmer que je
travaille à faire un état aux
protestants".
(3)
Malgré la bienveillance du gouverneur, ce ne
fut qu'à partir de 1760
que les protestants, assez courageux pour ne pas
tapisser, ne furent plus inquiétés ni
poursuivis par les autorités militaires.
(4)
Durant l'année 1757, la situation est
calme.
L'attentat de Damiens contre le roi Louis XV eut
une influence avantageuse sur les églises
protestantes du royaume. Celles-ci s'étaient
donné la peine de publier sur le champ une
protestation contre l'acte de démence du
régicide. De toutes les régions
étaient arrivés à Versailles
des placets révélant l'attachement
affectueux des protestants envers leur roi.
La ville de La Rochelle, si suspecte à la
cour, avait énergiquement repoussé
une flotte anglaise.
Sur la porte d'une de ces églises
était marquée une vieille inscription
outrageante pour le civisme des habitants. Louis XV
la fit enlever. "veut et entend sa majesté
que la mémoire en demeure effacée,
pour ne plus se ressouvenir que des preuves suivies
que les dits habitants ont données de leur
attachement inviolable aux intérêts de
l'état".
Les protestants s'efforcent aussi de donner le
moins d'éclat possible à l'exercice
de leur religion
Et puis aussi, c'est l'année de la
désastreuse déroute de Rossbach et la
cour accaparée par d'autres soucis doit
momentanément relâcher sa vigilance
à l'égard des
réformés.
Le 6 Juillet 1757, Vernezobre envoie à M. de
Moncan, remplaçant le Duc de Mirepoix, en
congé, un vigoureux et hardi
mémoire.
"Monsieur, Sur l'avis qui nous a
été donné que quelqu'un avait
présenté sous un faux jour les
derniers actes de dévotion des protestants,
nous prenons la liberté de vous adresser les
représentations suivantes :
1° il est faux que les protestants de cette
province se soient assemblés près des
villes et des villages par un esprit de
rébellion et de sédition, attendu
qu'ils ont tenu ces dernières
assemblées dont on leur a fait un si grand
crime, principalement pour faire cesser le trop
grand éclat de celles du désert et de
procurer quelques misérables asiles propres
à les mettre à couvert des injures de
l'air.
2° il est faux encore que les protestants
d'Uzès aient porté des armes dans
leurs assemblées. Leurs seules armes sont la
parole de Dieu et la paix.
3° qu'il serait juste et nécessaire que
les infâmes délateurs et les
calomniateurs fussent punis
selon la gravité de leurs fausses
accusations.
4° qu'il serait aussi juste et
équitable de réprimer les discours
insultants et révoltants de certains
catholiques qui, à tous propos, donnent les
épithètes de rebelles, de
séditieux, de camisards, de Prussiens et
d'Anglais aux protestants meilleurs patriotes
français et sujets de sa majesté que
ces faibles mutins à la tête desquels
paraît le sieur Gasquet, chirurgien, qui a
crié qu'il fallait faire main basse sur les
assemblées.
5° qu'il importe infiniment de donner une
attention particulière aux ordres
menaçants ou aux écrits fulminants,
publiés sous le nom de M. de Boutteville,
commandant des forts d'Alès, ainsi
qu'à l'humeur chagrins et aux dangereux
procédés de quelques
ecclésiastiques qui se font annoncer
tantôt menacés de mort, tantôt
assassinés par des mains protestantes, ainsi
qu'on l'assure que l'a fait vendredi dernier le
prêtre de St Geniès qui, tandis qu'il
se trouvait fort tranquille et bien portant
à Uzès, fit mettre en rumeur toute la
ville de Nîmes.
J'ai l'honneur ....
"(5)
Cette lettre prouve qu'il y a quelque chose de
changé dans l'état d'esprit des
protestants. Dix ans auparavant,
Vernezobre n'aurait pas osé formuler des
plaintes aussi précises, ni parler de
sanctions à l'égard des prêtres
et des catholiques fanatiques.
Aux assemblées du désert
succèdent des cultes aux portes des villes
et des villages. On ne prend plus la peine de se
rendre dans des lieux écartés et l'on
cherche des asiles couverts pour se mettre à
l'abri de la pluie et du froid. Bien plus, la
confiance est si grande que les protestants
envisagent de réédifier les anciens
temples détruits.
Vernezobre écrit à Chiron :
"Il paraît nécessaire de faire
connaître notre doctrine et notre culte aux
catholiques extrêmement prévenus
contre l'une et l'autre, contre les hommes qui en
font profession et surtout contre leurs ministres.
Rien n'est plus propre à cela que
l'érection des temples. "
À Montaren, à Blauzac et dans
d'autres villages, les paroissiens de Vernezobre
rassemblent des matériaux et entament la
construction des sanctuaires.
Mais une telle audace était
prématurée. Le Duc de Mirepoix,
malgré ses sentiments tolérants, fut
obligé d'envoyer des soldats pour
détruire les travaux commencés, car
la fureur des prêtres était
portée au paroxysme.
Paul Rabaut adresse alors une requête ardente
au roi en faveur des galériens au nombre de
cinquante et des prisonniers de la Tour de
Constance au nombre de vingt-quatre.
Pour apaiser les scrupules de la cour et
arrêter la campagne de calomnies qui
s'efforce de représenter les protestants
comme étant sous la protection de
l'étranger, le synode du Bas-Languedoc
arrête que pendant les circonstances
présentes (guerre de sept ans), on
n'admettra point de pasteurs étrangers dans
la province, c'est-à-dire qu'ils ne soient
français d'origine ou pour ainsi dire
naturalisés par le long séjour qu'ils
auront fait en France. Article 2.
Le synode décide aussi à
l'unanimité la fondation d'un
séminaire à Nîmes pour former
des jeunes gens au saint-ministère. Puget
fut nommé directeur. Paul Rabaut et
Vernezobre, "visiteurs", c'est-à-dire
professeurs adjoints. Heureusement ce projet ne fut
pas mis à exécution. Les temps
n'étaient pas assez sûrs.
Cette école n'aurait pu que diminuer
l'influence du séminaire de Lausanne et
provoquer l'émiettement des efforts
financiers des réformés
français. D'ailleurs ni Puget ni Vernezobre,
ni même Paul Rabaut ne possédaient un
bagage intellectuel et théologique
suffisant pour donner aux
étudiants l'enseignement indispensable.
Le même synode eut aussi l'idée
étonnante de créer un journal
imprimé ou "feuille hebdomadaire" qui aurait
décrit les malheurs de l'église et
que les protestants auraient soutenu à
raison de deux sous par famille. Ce journal ne fut
jamais lancé. La méfiance des
pouvoirs publics en aurait été sans
doute éveillée et les protestants
auraient eu à subir de nouvelles
rigueurs.
Ce synode auquel assistaient vingt pasteurs et
quarante et un laïques, montre qu'en 1757 le
relèvement des églises dans le
Bas-Languedoc s'effectuait de mieux en mieux.
Vernezobre est à cette époque en
pleine maturité d'esprit, il approche de la
quarantaine. En voyant la persécution
s'atténuer, il redouble d'activité.
Le 10 Janvier 1758, il demande même un
collaborateur pour réorganiser son vaste
quartier ; il écrit à
Genève, au fils de Chiron, pour lui demander
son concours.
“Notre culte se soutient par la grâce de
Dieu Tout-Puissant qui fait prospérer son
bon plaisir entre nos mains et je voudrais bien
avoir, un jour, en vous mon cher ami, un
collègue dans le plus
pénible comme dans le
plus glorieux des ministères".
S'il poursuit sa tâche avec obstination, il
recueille quelques résultats. Outre
l'affection des protestants auxquels il avait
donné les preuves de son zèle
évangélique et apporté le
secours de son ministère dans des situations
parfois dramatiques, il s'attire peu à peu
le respect, voire l'admiration des catholiques.
Certains d'entre eux vont l'entendre par
curiosité et par sympathie. Le dimanche 12
Septembre 1759, une femme catholique d'un bon rang,
marchande à Uzès, vient
l'écouter à quelque distance de la
ville. Dès qu'il a terminé, elle
s'écrie à haute voix : "Monsieur
le pasteur, vous avez prêché comme les
apôtres ou comme St Paul prêcha aux
Athéniens, selon le rapport de St Luc au
chapitre XVII et des Actes. C'est le pur
évangile que j'ai entendu aujourd'hui de
votre bouche et je suis charmée d'avoir eu
le bonheur de vous entendre. "
Vernezobre lui répond : "Nous sommes
bien éloignés, Madame, d'avoir la
lumière, le zèle, l'éloquence
de St Paul et des autres bienheureux apôtres
du Seigneur. Mais nous prêchons le même
Évangile, nous annonçons la
même doctrine qu'ils ont reçue du
ciel, heureux si en faisant de faibles efforts pour
suivre de loin en loin ces grands modèles de
pasteurs
évangéliques, nous pouvons avancer la
gloire de notre Maître et le salut des
âmes qu'il a rachetées par son
précieux sang".
Il ordonne ensuite de chanter la première
strophe d'un cantique et descend de chaire pour
arrêter l'émotion du peuple.
"Cette femme transportée par tout ce qu'elle
avait entendu, eut une longue conversation avec
Vernezobre. Elle convint que seule la
curiosité de savoir en quoi s'en tenir sur
les protestants l'avait attirée et qu'elle
se ferait un devoir et un honneur de rendre
témoignage de tout ce qu'elle avait vu et
entendu dans cette assemblée de
chrétiens.
De retour en ville, elle tint parole. Le
curé accourut pour lui faire des menaces.
Sans s'émouvoir, elle lui fit un rapport si
touchant qu'il devint doux comme un agneau. Ses
éloges furent si vifs que le prêtre
gagné a offert au ministre de lui rendre ses
services".
Avènement progressif de la
tolérance et de la liberté
religieuse.
En 1760, la cour a définitivement
abandonné l'espoir de convertir par force
les religionnaires.
Sans doute elle affiche encore des ordonnances,
prononce des jugements qui conservent parfois leur
sévérité, mais la lassitude
perce à travers ses efforts qui faiblissent.
Autant qu'elle le peut elle abandonne le haut
clergé qui est seul à garder sa haine
contre les hérétiques.
Le protestantisme s'organise solidement. Deux
synodes nationaux tenus en 1756 et 1758 ont
scellé l'union des églises "dans la
conformité de la foi, du culte, de la
discipline et dans une exacte correspondance entre
les provinces soit en temps de persécution,
soit en temps de calme comme aussi dans la
contribution aux dépenses à faire
pour le bien de la cause commune".
(6)
Les deux pasteurs de l'église de
Nîmes, Paul Rabaut et Pierre Encontre ne
craignaient pas de faire imprimer “une lettre
pastorale sur l'aumône aux fidèles de
l'église réformée de
Nîmes" et de l'envoyer au
gouverneur, le Maréchal de Thornond. "Ce que
je trouve singulier, disait ce dernier, c'est que
deux ministres aient l’effronterie de mettre
leur signature aussi hardiment et celle de vouloir
instruire un troupeau dont l'existence au moins ne
devrait pas être reconnue".
D'ailleurs, contre la cour et le clergé se
levaient déjà deux puissances :
Voltaire et l'opinion publique. Les restes encore
vivaces des préjugés allaient
être balayés par l'affaire Calas.
Affaire mystérieuse, mais un avocat, le
meilleur de l'Europe, Voltaire soulève
l'opinion par une plaidoirie retentissante. Le
"protestantisme" prend un intérêt
d'actualité.
Le parlement de Toulouse a condamné Calas
sans preuves suffisantes et cet arrêt
déclencha une vaste campagne en faveur de la
tolérance. Peut-on établir quels sont
les motifs déterminants de cette heureuse
réhabilitation du protestantisme ?
L'opinion courante la plus répandue estime
que c'est l'influence du mouvement philosophique et
libéral. Mais les oeuvres des
écrivains et leurs actes ne confirment pas
cette thèse traditionnelle pour la
période du moins où le gouvernement
royal imposait encore son autorité
souveraine et absolue. Ce n'est qu'après
1760 que l'aide des philosophes a été
efficace aux protestants. Ce
n'est certes pas le protestantisme qu'ils
défendaient mais la question protestante
était un thème inépuisable
d'opposition et dès qu'ils purent le faire
ouvertement, ils l'exploitèrent à
fond.
Montesquieu, dont nous avons déjà
signalé l'opinion rien moins que favorable,
écrit dans "L'Esprit des Lois" : "Ce
sera une très bonne loi civile, lorsque
l'État est satisfait de la religion
établie, de ne point souffrir
l'établissement d'une autre".
Ces paroles pouvaient justifier toute la politique
de Versailles. Dans les salons, on lance des mots
d'esprit, on étudie la physique, on disserte
avec chaleur sur "la bonté naturelle" en
attendant de découvrir Jean Fabre au fond de
sa galère pour l'exhiber avec
attendrissement comme le héros de l'amour
filial, mais on ne fait point d'efforts
réels pour l'ensemble des
réformés.
Pour tous les adeptes du mouvement philosophique,
l'église réformée ne
représente pas un grand principe de
liberté. Elle représente les
idées de Calvin et des calvinistes, elle
n'est qu'une variété du
fanatisme.
Rousseau qui écrit un "Discours sur
l'inégalité", écarte
néanmoins les sollicitations des pasteurs.
Il sympathise par le coeur avec les
persécutés, mais il leur refuse
l'appui de son talent d'écrivain. Il
ne tient pas à se
compromettre pour une cause qui n'est pas
populaire.
Voltaire, au début, ne s'arrête pas
devant les souffrances des protestants. Pendant les
trois ans qu'il passe à Lausanne, de 1756
à 1758, il se tait.
Il croit, comme ses compatriotes, que les
protestants sont des rebelles, des
misérables séditieux, les
continuateurs des camisards, de pauvres
insensés qui veulent fonder une religion
personnelle. En outre ils sont
républicains.
Quand il prend en mains la cause des Calas, il
s'agit moins pour lui de défendre les
protestants dont il trouve les doctrines
insoutenables que de frapper un grand coup contre
le système de juridiction des parlements
jansénistes. D'ailleurs ses
précautions sont prises. La haute noblesse
le soutient brillamment.
Lorsque le fils Calas lui rend visite à
Ferney, la belle société de France
est à Genève, les duchesses de la
Rochefoucault, de la Roche Guyon, de Danville, les
ducs d'Harcourt et de Villars. Le duc de Richelieu
lui-même vient à Genève et
Voltaire lui présente Pierre Calas. Ce n'est
pas l'avocat d'une cause obscure, c'est le
porte-parole d'un mouvement de pensée
très puissant.
Si cinq ans auparavant, seul, sans appui, il s'est
tu, maintenant il peut s'engager
à fond et retirer les honneurs de la
lutte.
Seulement s'il plaide pour la tolérance, il
raille en même temps tout esprit religieux.
Aussi les églises réformées ne
savent-elles trop quel parti prendre en
présence des services qu'il rend. Cet
embarras se peint dans cette lettre de Paul Rabaut
à Court de Gebelin :
"On m'écrit de
Genève que M. de Voltaire a mis au jour un
ouvrage en faveur de la tolérance, je serai
curieux de le lire, il y avance, dit-on, un
singulier paradoxe, c'est que les premiers
chrétiens ne furent point
persécutés. Comment se
débarrasse-t-il donc du témoignage
des historiens païens qui ont dit le
contraire. Croirait-il avec le bizarre poète
Hardouin qu'ils ont été
fabriqués dans le XIIIe
siècle ?"
Bientôt après paraît le
dictionnaire philosophique du grand écrivain
et Rabaut écrit encore à
Gebelin :
"Je présumais que vous étiez
occupé à réfuter le
dictionnaire, mais je vois bien que nous n'avez
guère le temps nécessaire pour cela,
quelque utile et même nécessaire que
fut un pareil ouvrage".
Ainsi les églises du désert
hésitaient à se placer sous le
parrainage du patriarche de Ferney. Le fameux
article "Genève", inspiré par
Voltaire, tonnait contre "l'âme atroce" de
Calvin. Voltaire n'a touché qu'à la
surface du problème protestant. Le
pasteur Chiron de Genève
dit vrai lorsqu'il écrit que Voltaire a
composé le traité sur la
tolérance "par goût ou par
fantaisie".
Seul un juriste catholique, Rippert-Monclar,
procureur à Aix, en 1755, au nom de sa foi
chrétienne condamne les sévices
intolérables que l'on fait subir aux
protestants.
"La tolérance civile est aujourd'hui le
sentiment non seulement de tout ce qu'il y a dans
l'Europe d'esprits chrétiens et solides,
mais encore de tout ce qu'il y a d'hommes
sensés dans tout l'univers". Au point de vue
religieux, il déclare que les
évêques devraient eux-mêmes
supplier le roi d'abolir les déclarations
pénales "et lui déclarer nettement
que le ministère ne peut plus se
prêter à pareille occasion parce que
la gloire de Dieu, la sainteté de la
religion, la conscience des évêques,
le salut des curés et la conversion des
protestants eux-mêmes s'y trouvent tout
à la fois intéressés".
C'était un langage nouveau pour un magistrat
catholique fidèle à sa confession.
S'adressant au farouche évêque
d'Alès, il conclut :
"Tous les coins de la France
retentissent des cris de ces malheureux, ils
attirent même la compassion de tous ceux qui
se font gloire, je ne dis pas d'être
chrétiens, mais d'être des
hommes : et un évêque y est
insensible et cherche même
à les redoubler. Ne lui siérait-il
pas mieux, après avoir planté et
arrosé en leur faveur, de gémir pour
eux entre le porche et l'autel, de calmer
lui-même la colère du prince".
Le réquisitoire de Rippert-Monclar avait
été précédé en
1754 par un petit livre sur la tolérance que
Jacques Turgot, le futur ministre, avait fait
paraître sous le nom "le conciliateur". Cette
brochure ne parvient malheureusement qu'à un
cercle d'amis. Voici d'après Turgot ce que
le roi de France devrait dire aux
protestants :
"Je gémis et Je dois gémir de vous
voir séparés de l'unité ;
la persuasion où je suis que la
vérité ne se trouve que dans le sein
de l'église catholique et la tendresse que
j'ai pour vous ne me permettent pas de voir votre
sort sans douleur ; je ne vous traiterai pas
moins comme mes enfants, quoique vous soyez dans
l'erreur ; soyez soumis aux lois, continuez
d'être utiles à l'État et vous
trouverez en moi la même protection que mes
autres sujets".
Ou encore :
"Laissez aux hommes la liberté de se trouver
dans les mêmes lieux, pour offrir à
Dieu le culte qu'ils jugent lui être
agréable; et leurs assemblées, quel
que soit ce culte, ne seront pas plus dangereuses
que celles des catholiques. Les assemblées
de protestants sont secrètes parce qu'elles
sont défendues ;
autorisées, elles
seraient aussi publiques que les nôtres.
Pourquoi veut-on que l'assemblée d'une secte
soit plus nuisible à l'État que
l'assemblée d'une autre".
Turgot était un précurseur. Vingt ans
après, appelé au conseil du roi, il
réalisa une politique hardie, nouvelle et
tolérante.
Mais surtout celui qui obscurément a
travaillé, dans la spontanéité
de ses réactions, à affranchir les
huguenots, c'est le peuple. C'est chez lui que les
coeurs se sont ouverts le plus largement à
toutes les infortunes. En 1730, le sergent qui
vient s'emparer du pasteur Claris lui dit “Je
suis mortifié de faire à votre sujet
ce que je fais, mais prenez patience, le Seigneur a
bien plus souffert que vous".
Au supplice de Désubas, pendant que les
autorités assistent impassibles aux
préparatifs, le bourreau, lui, s'approche du
condamné et lui demande pardon.
Après l'assemblée surprise aux
environs d'Uzès, quand le
subdélégué ramène le
troupeau d'hommes, de femmes et d'enfants,
l'évêque applaudit mais la populace
catholique comprend l'énormité du
crime et ne cache pas son indignation devant les
soldats.
On pourrait énumérer longuement des
exemples de ce genre. Si le peuple dans sa
totalité avait approuvé les mesures
pénales de persécution, aucun pasteur
n'aurait pu échapper
å la vigilance des paysans catholiques qui
connaissaient les sentiers écartés,
les endroits déserts aussi bien que les
protestants.
La tolérance est sortie des couches
populaires.
Là, sans s'exprimer en formules, elle a
trouvé un terrain d'éclosion. Le
peuple catholique ne comprenait pas les motifs
religieux de la haine du clergé, et si
excité qu'il fût par ses curés
fanatiques, il finissait presque toujours par avoir
pitié des souffrances des protestants. Ce
n'est que plus tard que la tolérance a
été soutenue par les hommes de
lettres.
À partir de 1762 s'ouvre pour les
églises du désert une période
de paix et d'organisation. La lutte pour
l'existence est terminée. Le droit de vivre
est acquis. Mais dans quelle direction les
églises vont-elles orienter leur nouvelle
activité ?
Les délibérations des synodes
révèlent que les points de discipline
ecclésiastique, les articles d'organisation
prennent nettement le pas sur les problèmes
de doctrine. Le plus urgent était de grouper
les troupeaux, de rassembler et de compter les
rescapés. C'est un fait assez singulier que
les documents de l'époque ne relatent aucune
lutte sérieuse de tendance
théologique.
Autour des pasteurs, des appels poignants
retentissent venant de pauvres
gens que leur
fidélité religieuse a placés
sous le coup des rigueurs civiles. Ce qui occupe
avant tout, ce sont les négociations avec
les intendants ou avec Versailles, les placets, les
lettres, les mémoires, l'autorisation
complète de faire des assemblées et
de bâtir des sanctuaires. Devant cette
tâche urgente, l'église
réformée française ne
présente aucune brèche de
désunion dogmatique.
Le fils d'Antoine Court, Gebelin, fonde à
Paris une sorte d'agence protestante qui concentre
toutes les plaintes, groupe tous les
intérêts des réformés et
entre en rapport avec le gouvernement.
Dans le Languedoc, l'arrivée du prince de
Beauvau en 1764 donne aux protestants l'occasion de
se réunir discrètement sans
être inquiétés. Le prince ne
permet que des assemblées ne
dépassant pas trois ou quatre cents
personnes. Mais quel pas en avant depuis dix
ans !
Sans doute, il y a encore des actes
d'intolérance, de méchantes
tracasseries provenant des rancunes mal
éteintes, mais il suffit d'une plainte
envoyée à la cour pour
qu'aussitôt survienne un adoucissement.
Vernezobre, remarié en 1761 avec Anne Bedos
d'Uzès, partage la grande espérance
de ses coreligionnaires. "La plupart des nouvelles
tendent à nous flatter,
un gentilhomme de Provence félicite un
négociant de Marseille de ce que la cour
pense tout de bon à donner un état
aux protestants".
(7)
Dans toutes ses lettres il est question de cette
chère liberté si fiévreusement
attendue comme un havre de grâce et que seule
la Révolution devait apporter.
Un fait entre autres révèle la
bienveillance dont jouissent déjà les
protestants et aussi les haines que quelques
ennemis leur conservent : Vernezobre, pendant
qu'il est à Montpellier pour la tenue du
synode, écrit au comte d'Eu, prince de
Bourbon, lui demandant sa protection. Il
reçoit cette aimable réponse qui
provoque dans les milieux languedociens une grande
agitation.
“De Paris le 12 Mars 1765.
"J'aurai plus tôt répondu à
votre lettre, Monsieur, si des affaires ne
m'avaient appelé à la cour. Je suis
fort sensible aux voeux que vous faites en ma
faveur pour ce nouvel an. Vous avez raison de ne
pas douter que je ne sois disposé à
rendre à la province tout le plaisir
imaginable vu son zèle et sa
fidélité pour son
prince. Et comme je suis persuadé que vous
êtes animé des mêmes sentiments
et que vous les inspirez à ceux dont vous
avez su mériter la confiance, je verrai avec
plaisir les occasions de vous être utile pour
vous prouver le cas que je fais d'un honnête
homme".
"Bourbon"
L'adresse sur l'enveloppe était
libellée ainsi :
"Monsieur Pradel, ministre
d'Uzès" et pour que la lettre parvienne
sûrement, elle était
contresignée sur l'enveloppe "le comte
d'Eu".
On comprend que ces lignes écrites par un
prince du sang aient provoqué parmi les
proscrits protestants un grand enthousiasme. Mais
cette bienveillance constituait pour le
clergé un scandale sans
précédent.
L'évêque d'Uzès et le
subdélégué adressent une
protestation contre cette reconnaissance publique
de l'état d'un homme condamné par la
loi ; ils arrachent une réponse du
prince qui, sans désavouer la
première lettre, blâme le mauvais
usage que Vernezobre avait fait en la
divulguant.
C'est Rabaut St Étienne, le fils de Paul,
qui s'adressant à Chiron, nous parle de
cette deuxième réponse :
"Mon cher père, dit-il,
doit vous avoir appris à
son temps la nouvelle de la lettre du prince de
Bourbon à Monsieur Vernezobre. Quelques amis
ont tant fait qu'ils ont obtenu une lettre un peu
contradictoire que le prince a envoyée,
à peu près comme on donne un morceau
de pain à un enfant qui se plaint qu'on lui
a pris son goûter. Mais la première
lettre subsiste toujours et l'esprit qui la dicta
n'est sans doute pas changé. Ce que nous
vîmes de plus flatteur, c'était
l'adresse qui était "A Monsieur Pradel,
ministre d'Uzès".
Autrefois le terme de prédicant
était trop doux".
(8)
Vernezobre, trahi par l'indiscrétion de
quelques familiers maladroits, justifia sans peine
son attitude qu'il n'avait pas voulu compromettante
pour le prince et cette affaire n'eut d'autre
résultat que de montrer que le fanatisme des
"Bigots”, quoique en régression,
restait encore redoutable.
L'intendant St Prieust constate en 1765
l'échec de ses arrêts rigoureux en
Languedoc : "L'état actuel est que les
mariages et les baptêmes des protestants ne
se font plus que dans les assemblées
appelées au désert, qu'ils les
tiennent jusqu'aux portes et sous les murs des
villes, qu'ils y vont et en
reviennent par bandes en plein
jour, que les protestants riches y assistent, que
les ministres et les prédicants ne se
cachent presque plus et font fonction de personnes
publiques en délivrant des extraits de leurs
registres de mariages et de baptêmes, qu'il
ne reste, en un mot, qu'à élever des
temples ; encore peut-on dire qu'il en existe
en certains endroits puisqu'on s'assemble en
très grand nombre dans des maisons ou des
granges qu'on a fait arranger pour cela."
Le commandant de Moncan est réduit à
des aveux semblables sur le chapitre des
assemblées. L'autorité civile et
l'autorité militaire du Languedoc avouaient
leur échec.
Après un ministère de vingt ans,
Vernezobre quitte l'église d'Uzès et
aux environs de 1766, il vient s'établir
dans la plaine du Bas-Languedoc, à
Marsillargues.
Sur cette dernière période, à
l'exception de quelques lettres dispersées,
il n'y a que les actes des synodes qui nous
fournissent quelques renseignements.
(9) Dès
lors, Vernezobre n'a plus connu les
situations tragiques des
années de persécution.
La situation des églises s'améliore
de jour en jour. À Noël 1868,
Vernezobre préside une assemblée
à laquelle assistent quelques auditeurs de
marque : "Monsieur le comte de Rouve, Monsieur
le marquis de la Tourette et à une petite
distance de l'assemblée, Monsieur
l'évêque de Montauban, Monsieur le
commandant d'Uzès, Monsieur de la Roquette
et un autre baron des états, qui
étaient venus passer les fêtes chez
Monsieur le marquis de Calvisson de qui j'ai
l'honneur d'être protégé.
Tous ces messieurs de retour au château
convinrent que les protestants étaient
dignes de la protection du gouvernement.
"(10)
D'un côté si les poursuites militaires
sont abandonnées et si les protestants
gagnent le respect, sinon la sympathie de leur
entourage, de l'autre côté l'intendant
n'en continue pas moins de mettre les populations
à l'amende pour fait d'assemblée
protestante. Le fisc est plus tenace encore que le
fanatisme. Il ne veut pas lâcher cette source
de revenus au moment même où
s'accroît, dans des proportions
inquiétantes, le déficit financier.
Mais les protestants, encouragés par la
campagne de tolérance
entreprise en leur faveur,
supportent mal cette ultime obligation. "Je crains
fort, écrit Vernezobre à son ami
Rabaut en 1768, qu'on ne puisse pas venir à
bout de lever ici la somme pour les frais des
injustes procédures faites en haine de la
religion et qu'il faudra, en raison de la mauvaise
récolte, renvoyer une partie du
remboursement à une autre
année ; plusieurs personnes
décrétées sont hors
d'état de payer et les esprits s'aigrissent
par la levée qu'on fait en ces temps de
misère. Je suis obligé sans cesse
à les contenir.
"(11)
Pourtant malgré ces tracasseries
dernières, les Églises persistent
à se réunir et de plus s'augmentent
de nouveaux membres. "Monsieur
l'évêque de Nîmes vint un de ces
jours ici et parla avec assez de douceur à
notre prosélyte mariée au
désert, mais elle lui répondit fort
bien et elle continue d'assister à notre
culte".
(12)
Les synodes ont lieu régulièrement et
Vernezobre y joue un rôle de premier plan.
Entouré d'affection et d'estime par ses
collègues, il est appelé, à
partir de 1760, à diriger presque toujours
les travaux de
l'assemblée en qualité de
modérateur ou de modérateur adjoint.
Cette nomination ininterrompue pendant vingt ans
indique à quel point son autorité
était grande parmi les
réformés du Bas-Languedoc.
Quand les églises décidèrent
de nommer un comité exécutif
chargé d'expédier toutes les affaires
pressantes survenant dans l'intervalle des synodes,
Vernezobre fut élu avec Rabaut et Encontre
(13). Ce
comité, outre la gestion des affaires
ecclésiastiques, devait entretenir la
correspondance avec les autres régions.
La même année, en 1763, Vernezobre est
également chargé, avec deux
collègues, de composer un formulaire de
prières qu'avait réclamé le
synode national.
Chaque fois que des troubles de divers genres
éclataient dans les églises, on
s'adressait soit à Rabaut, soit à
Vernezobre, souvent à tous les deux.
Article III du synode du Bas-Languedoc,
1765 :
"L'assemblée s'étant aperçue
qu'il y a des troubles dans l'église de
Montpellier, a nommé pour les
connaître et les terminer, Messieurs Paul
Rabaut et Pradel".
Souvent les deux amis, par décision du
synode, examinent les étudiants qui
postulent la qualité de proposant. Les
examens portent plus sur la pratique que sur la
théorie et durent trois ou quatre jours. Ils
sont très soigneusement
préparés par les examinateurs
mêmes.
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