Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORT

pour la vérité de l'Évangile





DISPOSITION ET ARGUMENTS DES DOUZE LIVRES DE CETTE HISTOIRE.


LIVRE PREMIER


Le premier Livre représente les persécutions de l'Église primitive Chrétienne, après la mort de Jésus Christ & de la plupart des Apôtres : premièrement sous Néron, sixième Empereur Romain ; puis sous ses successeurs : Domitien, Trajan, & autres, déclarés par ordre, qui ont répandu une infinité de sang des Fidèles Martyrs de Jésus Christ. Il est parlé

Il est parlé aussi, par occasion, des ravages faits par les Vandales, Sarrasins, Turcs & autres ennemis.

Pour la fin, en remontant plus haut, il est montré comment les Évêques de Rome, dégénérant peu à peu de la pure doctrine, de la piété & de la sainteté des Fidèles Pasteurs qui avaient gouverné l'Église recueillie dans cette ville-là, en l'espace de plusieurs années, se sont assis au temple de Dieu, pour y commander furieusement, & persécuter Jésus Christ au travers de ses membres, jusque au temps de Wiclef, de la façon qui est sommairement déclarée.


Quant aux particularités de ce premier livre, étant donné qu'elles seraient trop longues à déduire, nous ne les inférerons ici, craignant d'ennuyer le lecteur. Tel discours mérite son histoire entière ; mais, en attendant que l'Église de Dieu participe à un tel bien, nous présentons ici l'abrégé de ses persécutions anciennes, suivant ce que Eusèbe, en son histoire Ecclésiastique, & plusieurs autres après lui, nous en ont laissé par écrit.

Quant à la Foi des Martyrs exécutés alors, & de ceux qui se sont opposés en diverses sortes à la tyrannie du Pape, avant le temps de Wiclef, elle s'accorde en ses fondements & principales parties avec la doctrine soutenue par les Martyrs de notre temps : c'est que les uns & les autres cherchant le salut éternel en la miséricorde gratuite du Père céleste, réconcilié à eux par un seul Jésus Christ, ont par ce moyen combattu & renversé les idolâtries des Païens, & les superstitions de ceux qui, se glorifiant du nom de Chrétiens, ont anéanti la nature du vrai Dieu, qui n'est ni parfaitement juste ni parfaitement miséricordieux, si l'on veut recevoir pour vraies leurs traditions.

Mais notre intention ne tendant à la dispute (au débat contradictoire), ... nous considérons les sommaires des autres suivants.


LIVRE SECOND


Le monde étant endormi dans des ténèbres de superstition, d'idolâtrie, plein de philosophie & de fausse doctrine, Dieu tira, comme d'une nuit profonde, la lumière de sa vérité en en déployant ses rayons par endroits, malgré Satan & tous ses suppôts opposant à cette lumière les puissances de ce monde.

L'an M.CCC.LXXII (1372) Jean Wiclef est suscité de Dieu en Angleterre, & baille la lampe (apporte la lumière) puis après aux Bohémiens Jean Hus, Jérôme de Prague, & autres, venus comme au point du jour levant, par lesquels l'exemple donne cet avertissement :

Qu'en la vertu de la doctrine de Dieu, un ou deux ont résisté à tout le monde, &... qu'en leur condamnation tout le Concile de Constance, où étaient les plus grands & savants de la terre, ont été convaincus d'horrible aveuglement, voire contraints de leur rendre témoignage de leur grande intégrité.


Catherine Saube de Lorraine, brûlée à Montpellier, montre que Dieu se sert aussi du témoignage des pauvres femmes à l'édification de son Église. Il y a d'avantage en particulier à toutes sortes de gens pour être instruits.

Les premiers exemples s'adressent à ceux qui ont été infectés de la prêtrise Papale. Entre lesquels Guillaume Sautree & Guillaume Thorp, qui ont non seulement renoncé devant leur Archevêque à la marque maudite, mais aussi maintenu de bonne sorte la connaissance de salut que Dieu leur avait donnée.

Les gentilhommes qui prétendent à un vrai titre de noblesse, sont aussi appelés les premiers au service de la maison du Seigneur, pour y employer & corps & biens à l'exemple de Roger Adon chevalier de l'ordre d'Angleterre, de Jean Broun (Brovn ?) gentilhomme, de Jean Beverlau, & d'autres qui ont enduré la mort en ces renouvellements de la doctrine Chrétienne ; Item de Jean Oldecastel seigneur de Cobhan, lequel n'a pas redouté les plus grands tourments qu'on a su lui faire, pour maintenir la gloire de Dieu.


Du bourbier monastique, combien en a retiré le Seigneur en ces commencements, montrant une miséricorde sans pareille, de daigner faire ses hérauts ceux qui de profession ouverte faisaient la guerre à la vérité de sa sainte parole, voir au temps que tout était le plus dépravé & corrompu par le siège Romain, comme Nicolas Clemangis, Archidiacre de Bayeux, le déclare.

C'est aussi ce qu'a fait un sorti de .... ordure des Carmes, Thomas Rhedon de Bretagne, qui montre, non seulement le chemin aux moines de sa nation, mais aussi à tout l'infâme clergé Romain, scellant constamment la vérité de Dieu du sang de son corps devant tous.

Plus tard, Jérôme Savonarole jacobin, continua le témoignage de l'Évangile en Italie, pour lequel il fut brûlé à Florence, à l'instance du Pape, environ LXII. Ans (92) après Rhedon.

Et ainsi ce discours de ces Martyrs montre que le Seigneur, étant venu mettre le feu au monde, l'alluma premièrement en Angleterre, puis jeta des étincelles çà & là, pour échauffer & éclairer les siens.
De plus en plus ce feu étant en Angleterre, le nombre des fidèles croissait, parmi lesquels six furent exécutés, ayant M. Jean Wesel pour concurrent en Allemagne.


Mais XVIII. Ans (18) après la mort de Savonarole, cette lumière montant, éclaira plusieurs points de la doctrine Chrétienne, nécessaire à l'Église, l'an M.D.XVII. (15179) lorsque M. Luther commença, par des articles & des écrits publiques, à soutenir la vérité de l'Évangile, cent deux ans après le trépas de Jean Hus, lequel on maintient (déclare) qu'il avait prédit aux Évêques à Constance l'an M.CCCCXV. (1415) quand on le mena à la mort : « après cent ans vous en rendre compte à Dieu & à moi. »


De l' Allemagne la clarté resplendit au Pays bas : en Brabant spécialement par Henri Voez & Jean Efch, moines Augustins d'Anvers, brûlés à Bruxelles ; en Hollande par Jean Pistorius, & en Anvers par M. Nicolas, qui y fut noyé.
Alors on commença de crier en quelques endroits de ces pays-là : « Que les Prêtres en leurs Messes étaient pires que Judas, lequel ayant vendu Jésus Christ, le livra ; mais eux le vendant ne le livrent pas. »

En ce temps l'Allemagne fut arrosée en divers lieux du sang des Martyrs : de Henri Zutphen, & de M. George ministre de Hall, Gaspar Tamber, Matthias Veibel, Jean Heuglin, Léonard Keiser, George Carpentier, & d'autres, dont la mémoire a été conservée.

La ville de Cologne eut Pierre Flistede & Adolphe Clareboch, accompagnés de Wendelmut femme Hollandaise, & de M. Henri le Flamen ; & nonobstant la sédition des paysans, l'Évangile s'avança surmontant tous empêchements.

La Lorraine ne tarda d'en avoir sa part, premièrement par Jean le Clerc de Meaux en Brie ; par M. Jean Castelain natif de Tournay, que Dieu envoya à ceux de Metz, & à Bar le Duc, & autres lieux ; & puis après par Wolfgang Schuc Allemand, Pasteur envoyé à ceux de S. Hippolyte aux frontières de Lorraine.
Des premiers hommes de lettres de l'École de Meaux, qui ont éclairé la France, Jaques Pavanes, de Boulenois, est nommé ; puis Louis du Berquin, entre les gentilshommes ; & Denis de Rieux, entre les artisans. Leurs cendres ont servi de ciment aux fondements de France, comme celle de Guillaume de Schuvolle édifient les Églises de Brabant.


Cependant les deux Cardinaux pour toujours retenir (garder) la teinture de leurs chapeaux & de leurs robes, ... redoublent les persécutions : David Betoun Cardinal de S. André, en Écosse, fit brûler Patrice, de la maison illustre des Hameltons. Et, en Angleterre, Thomas Wise, Cardinal d'York, aidé de Morus & de l'Évêque de Rossen, se jeta sur la noblesse, & sur les gens de lettres suspects d'être Luthériens.

Les bouts de France furent aussi visités : témoin Jean de Caturce, Professeur en droit, brûlé à Toulouse ; à Paris M. Alexandre Canus, & Jean Pointet de Savoye (Savoie ?).


LIVRE TROISIÈME


Le sujet du second livre étant connu, on saura par ceux qui viendront après, que la lumière montait par degrés, aussi les croyants se multipliaient par troupes en divers lieux. Quelques attaches de placars (affiches) dans la ville de Paris l'an M.D.XXXIV. (1534) causèrent de grandes persécutions. La dispersion de la petite Église qui commençait à s'y parquer, profita non seulement aux autres villes de France, mais aussi aux pays étrangers.

La ville d'Arras eut un Nicolas l'Écrivain, qui fit grand fruit avec ses autres compagnons exécutés à mort.

Genève en reçut quelque advancement (perfectionnement) par des gens excellents que Dieu y retira (plaça), pour ouvrir puis après la grande École des siens. Elle endura de grandes afflictions, & vit l'an M.D.XXXV. (1535) en Pierre Caudet, martyrisé par les Peneisans, ce qu'on eût fait à tout le surplus de la ville, si les adhérents de l'Évêque de Genève fussent venus au-dessus de leurs efforts.

L'ivraie des Anabaptistes cependant levait en plusieurs lieux où le bon grain était semé.
Ceux aussi de la vallée d'Engrongne (Engrogne), qui de longtemps, & comme de père en fils, avaient suivi quelque pureté de doctrine, se sentirent de cette dispersion.
Le Mâconnais se ressentit,
dans la confiance de Jean Cornon, du fruit de l'Évangile.
Henry VIII. roi d'Angleterre, rejetant la primauté du Pape à l'occasion d'Anne de Boulen sa femme, l'Écosse voisine s'en
ressentit, & le feu couvert des cendres de Patrice Hamelton, & des Anglais auparavant décrits, s'éveilla.
Douai & le pays de Brabant a des hérauts.

La France & l'Angleterre, en a pareillement en divers lieux. La Loi de six articles que Henri huitième fait publier en son Royaume, donne occasion aux Sorbonistes d'en forger pour la France, & aux Lovanistes pour le Pays-bas, pour allumer le feu des persécutions.


Tout un peuple appelé Vaudois, de la Provence, endure des maux infinis, plutôt que de renoncer à la vérité connue.

Le zèle de Guillaume Husson mérite d'être recommandé. La conversion notable d'un Espagnol & sa mort confiante, en édifie plusieurs de la nation, par laquelle elle fait voir l'iniquité détestable de ses Inquisiteurs aussi dans la mort de Roch de Brabant.

Pierre Brully, tiré du ministère de l'Église Française de Strasbourg, vient réveiller ceux du Pays bas, & le fruit de sa visitation se montre dans la mort de plusieurs brûlés à Tournay.

Ceux de Metz reçoivent instruction & consolation par Farel, dans les persécutions & saccagements qu'ils endurent par les ennemis de l'Évangile.

Flandres & Haynaut sur la fin de ce troisième livre sont visités d'affliction par la mort de plusieurs.

La chambre du Pape n'était (n'aurait pas été) assez abondante & fertile en tous maux, si en Alphonse Diaze elle n'eût produit un nouveau Caïn, meurtrier de Jean Diaze son frère innocent.


LIVRE QUATRIÈME


Ceux de Meaux montrent en leurs XIV. Martyrs le fruit de la semence ci-dessus proposée ; & non seulement en ceux-là, mais aussi en plusieurs, lesquels étant chassés par la fureur de cette persécution, ont fait fruits en divers endroits.

Sur la fin du Règne de Henri VIII. la persécution parvint jusque aux plus nobles, entre lesquels la mort d'Anne Askeue qui est pour toutes les Demoiselles un miroir d'excellente constance (fermeté... dans la foi).

Les Dauphinois, les Normands, les Bourguignons (surtout ceux de Langres) eurent plusieurs vaillants champions de leur pays : l'Auvergne, Limoges, la Touraine, & les Pays-Bas pareillement.

Henri II. Roi de France, au commencement de son règne commande que procès fussent faits à ceux qui avaient si mal traité ceux de Mérindol & Cabrière. Et ce Roi veut, à son entrée à Paris, ouyr (entendre) un Couturier prisonnier pour l'Évangile ; & le pensant étonné de la splendeur de sa majesté royale, ce pauvre Tailleur l'effraya, par sa constance (fermeté) qui fut incroyable à ce Roi, jusqu'à ce que lui-même le vit mourir en pareille vertu.

En vain les Parlements, à savoir de Dijon en Bourgogne, & de Chambéry en Savoie, s'efforcent d'étouffer la doctrine de l'Évangile, comme aussi les Italiens qui mettront à mort Fanino & Dominique de Cafanoue (Casanoue ?) ; comme les Français par persécutions diverses, & ceux des Pays-Bas ; pendant que Charles le Quint & Henri second guerroyaient l'un contre l'autre.

Les Anglais ont peu de raison de mal traiter l'Église sous l'adolescence d'Édouard VI. que les Écossais à l'endroit d'Adam de Walace, & les Portugais contre G. Gardiner.

Des cinq Écoliers sortis de Lausanne et brûlés à Lyon, à bon droit, je puis dire qu'ils m'ont donné par leurs écrits la première occasion de m'appliquer à ces Recueils.

Plusieurs autres furent aussi exécutés en la même ville, à Villefranche, à Mâcon, à Saumur & ailleurs, auxquels Dieu fit pareille grâce.


LIVRE CINQUIÈME


La mort d'Édouard VI. décédant au grand hommage des fidèles d'Angleterre, fait entrer dans l'Histoire les persécutions horribles sous Marie Reine, laquelle n'épargna pas sa propre cousine la Princesse Jeanne Graye.

Presque dans tous les endroits de France les feux demeurent allumés : au Maine, en Normandie, Soissonnais, Beauce, & jusqu'en Languedoc, aussi bien l'Italie & les Pays-Bas qui en sont aussi atteints.

Néanmoins, c'est l'Angleterre qui emporte le plus grand nombre des persécutés & des martyrisés, pendant que Marie rétablit par tout son Royaume le service des idoles, par une succession triste & lamentable à tous les vrais Chrétiens, qui avaient été mieux enseignés sous la perle des Rois, Édouard VI.

Ils se sont portés si constants (fermes) & vertueux, que les fruits en sont parvenus aux pays voisins. Les Flamands eurent Otthovan Katelin dans la ville de Gand, capitale de Flandres : Thomas Calbergue, à Tournay, autres à Audenarde & à Mons en Haynaut. Et pour de plus loin répondre à ceux-ci, Français Gamba testifie (certifie) une même vérité aux Lombards.


LIVRE SIXIÈME


Cinq notables hommes, partis de Genève pour faire valoir les dons exquis que Dieu leur avait distribués, vers ceux des Vallées du Piémont, commencent le cinquième Livre.

Ils furent arrêtés en chemin, & menés à Chambéry, Parlement de Savoie, où Dieu les fit triompher de leurs ennemis. Ils y ont scellé de leur sang dans la pure doctrine, & par plusieurs écrits que Dieu a tirés des prisons en lumière pour l'édification des siens.

La diversité des nations & des esprits rend un même fait du Seigneur admirable, quand une harmonie & consentement (une approbation) de doctrine se voit ainsi partout magnifiquement maintenue.

Nous y avons, outre les Anglais qui font en grand nombre, un homme docte (instruit) de la Champagne d'Italie, lequel à Rome en la présence du Pape Paul IV. a rendu témoignage à la vérité jusque aux cendres de ses os.

La vie & la doctrine de plusieurs vrais Évêques Anglais nous y sont décrites, à savoir de Robert Glover, Nicolas Ridley, Hugues Latimer, & autres, lesquels nous pouvons à bon droit opposer à tous ceux qui, se disant Évêques de nom, se bandent contre la vérité de la doctrine de Dieu.

Jean Bland & Jean Frans, admonestent (encouragent) par leur exemple, tous les Ministres de ne pas se lasser, mais d'aller toujours en avant à la charge. Qu'étant une fois échappés d'un danger, ils se préparent à entrer dans de nouveaux combats, jusqu'à l'effusion de leur sang. C'est ainsi que Nicolas Scheterden & tant d'autres ont rendu confus les ennemis de la vérité, en vertu de l'Esprit du Seigneur, aussi avons-nous à espérer d'être semblable à eux, quand Dieu nous appellera à de pareils combats.

François & Nicolas Matthis, frères exécutés à Malines, montrent comment une vraie fraternité se doit unir au Seigneur.
En Bertrand le Blas, la véhémence d'un zèle Chrétien se connaît par les effets, comme auparavant on l'a vu en G. Gardiner, exécuté autant cruellement en Portugal, que celui-ci à Tournay.
Claude de la Canesière répond d'autre part en France, & fait résonner magnifiquement à Lyon la vérité du Seigneur, étant suivi par quatre Fidèles du Pays-bas, après lesquels marchent en triomphe ces doctes & tant renommés champions de Jésus Christ, à savoir Jean Philpot, Thomas Craminer, Primat d'Angleterre, Thomas Witlé, & autres Anglais très affectionnés à la gloire du Fils de Dieu.

Et, quand le Seigneur aura fait ce bien à quelqu'un d'être sorti hors des abominations exécrables qui sont dans la Moinerie, qu'il fasse valoir un tel bénéfice à l'exemple de Jean Rabec, de Pierre Rousseau, & de ceux qui sont proposés en cas semblables.


LIVRE SEPTIÈME


Ce livre est plein de variété, qui rend admirable l'oeuvre de Dieu à l'endroit des siens. La vie & la fin d'un père & d'une mère de famille, avec deux de leurs fils, exécutés à l'Isle, y est décrite, pour montrer à tous quels sont les vrais ornements dont doivent être parés les vrais pères & les enfants de famille bien réglée.

Jean Huillier, & George Egle, vrais Ministres Anglais, Jean Bertrand de Vendômois, Arnaud Monier, Jean de Gazes, Gascons, & une grande troupe de fidèles de tous états en Angleterre, par l'effusion de leur sang au milieu des supplices cruels, scellent heureusement la doctrine de salut.

Le Parlement de Turin en vain s'opposant au cours de l'Évangile, éveille le Piémont par la mort de B. Hedor, Nicolas Sartoris, G. Varraille, & Benoît Romyen.

Champenois, Béarnais, Bazadois, Bourguignons, Normands, Tourangeaux, Angoumois & Poidevins ont des exemples de constance (de fermeté dans la foi) héroïque des fidèles de leurs provinces.

Ceux du Pays-bas y en ont aussi, dans la mort de Charles Conynk, & M. Angel Emphlitius, accompagnez par delà la mer des derniers Martyrs exécutés en Angleterre.
La lumière monte si haut, par la prédication de l'Évangile, qu'elle parvient jusqu'en l'Amérique du Brésil, laquelle, aussitôt que l'Évangile y eut fait retentir sa voix, a été arrosée du sang des Martyrs.

Dans l'histoire de l'Église dressée à Paris, il y faut considérer une grande bonté de Dieu, qui conserve miraculeusement les siens au milieu de si horribles tempêtes ; une providence admirable de faire servir toutes choses, voire ses plus grands ennemis, à avancer malgré leurs dents le bâtiment de sa maison, qui est son Église. Une puissance invincible, fortifiant un si bon nombre de Martyrs, & un horrible jugement de Dieu sur la France, qui demeure sourde à la voix de Dieu, criant par tant de notables témoins, auxquels elle résiste en toutes fortes.

Nonobstant tous ses efforts la vérité avance, les Pasteurs fidèles s'unissant publient leur confession de Foi, & les articles de la discipline Ecclésiastique.

AUPARAVANT le Seigneur avait amorti le feu des persécutions d'Angleterre, ôtant tout à coup de ce monde Marie Reine & le Cardinal Polus : ce fut environ deux mois après le trépas de l'Empereur Charles.

Le tour de l'Espagne vînt pour être vannée, pour y discerner le grain d'avec la paille. Les pratiques & tragiques déportements de l'Inquisition y sont découverts par un notable & d'amples discours. Le récit montre des Fidèles qui demeurent fermes en étant le bon grain, tandis que d'autres, deviennent la paille.

Cette inquisition, exerçant à sa fantaisie toutes sortes de cruautés, pensa se glisser en France, pour être pratiquée en pareille façon contre les grands du Royaume ; mais, nonobstant toutes les menées des plus pernicieux adversaires, les assemblées des fidèles s'augmentent de jour en jour.

Par la mort du Roi Henry tous les complots & desseins d'une conspiration contre les fidèles sont soudainement dissipés ; & (comme le cordage d'une charrue) coupez.

Les parlements sont étonnés de la multitude des croyants ; &, combien qu'ils semblent de crainte modérer aucunement (de quelque façon) leur fureur, si ce n'est que tôt après, un Cardinal seul, gouvernant à son plaisir le Roi François II. relève plus qu'auparavant les persécutions ; ainsi les peines & travaux se multiplient contre l'Eglise, surtout à l'endroit de ceux de Paris, parmi lesquels Anne du Bourg, Conseiller au Parlement, en ces dernières confusions des suppôts de Satan, montre à tous ceux qui sont commis en autorité de justice, comment ils se doivent acquitter de leurs charges en telles extrémités, non en tergiversant ou fuyant, quand le danger presse, mais en montrant aux Rois & aux Princes la vérité de la cause des fidèles, non seulement par paroles, mais par effets (par des actes).

Sur la fin de ce Livre, la mémoire & la constance (fermeté) de Thomas Moutarde, de Valenciennes, de Jean le Maçon, natif de Trente, indignement traité dans un lieu qui n'avait pas encore été souillé du sang des enfants de Dieu, plusieurs autres Martyrs en divers lieux de France, ainsi que ce qui advint en Provence au massacre d'Antoine de Mouvans & en la mort de Honorat Andol, des témoignages proposés à toute l'Église, afin de se préparer tant plus soigneusement à porter la croix & se reposer incessamment sur l'assurance de son Dieu.


LIVRE HUITIÈME


Le Seigneur, comme un grand père de famille qui a son bien & ses richesses en plusieurs lieux, & comme un Roi ayant ses sujets en diverses contrées, visite les uns après les autres.

Seuille, en Espagne, fait ses pompes Inquisitoriales de plusieurs personnes de toutes qualités, tant hommes que femmes, à l'occasion desquelles l'état des assemblées fidèles est horriblement troublé.

Les Calabres Napolitains, tourmentés par la même Inquisition, reçoivent instruction de Jean Pascal, duquel le ministère, tant de vive voix, que par lettres pleines de piété, a consolé & console encore à présent l'Église désolée.


L'ENTREPRISE d'Amboise, où les fidèles sont calomniés par un nouveau surnom, eût attiré de grandes persécutions, voire jusqu'aux Princes du sang, si le Seigneur n'eût envoyé un soudain changement par la mort du Roi Français II., redonnant par ce moyen quelques trêves à ses Églises.
La basse Flandre occidentale, jusque à la ville de l'Isle, rallume les feux plus qu'auparavant, & a des Martyrs excellents, entre lesquels Jaques de Lo, & ... quatre brûlés en ladite ville, sont un fruit qui donne l'occasion aux fidèles de dresser, de commun accord, une Confession de Foi, pour la présenter au Roi d'Espagne.
Autant en font les Églises persécutées en vallées d'Angrongne (Angrogne), vers le Duc de Savoie, l'histoire mémorable desquels, touchant leurs guerres &
leurs persécutions, est entièrement décrite.


FLORENTIN, bas Allemand, par sa mort confirme les Églises de Lorraine, comme aussi le fait deux ans après Jean Madoc ministre de l'Évangile.
Cependant que les Églises eurent quelque répit, le Roi Charles IX. venant à la Couronne, Dieu fit voir un tel Colloque à Poissy, que la France n'en a point eu de pareil, où la voix de la pure vérité de l'Évangile, ait, en pleine audience de la Cour, retenti plus magnifiquement & authentiquement.
Sur quoi l'Édit tant célèbre, appelé de Janvier, à cause de sa date, ... fut incontinent violé par la maison de Guise au massacre horrible de Vassi...

Tandis que Satan ravage en France, ses suppôts continuent leurs coups, sous couleur de justice, en Pays bas ; &, aveuglés dans leur entendement, s'efforcent d'ôter la lumière de vie éternelle à André Michel, aveugle du corps ; mais, en le privant de la vie présente, ils l'introduisent au Royaume où il y a clarté de joie perdurable (éternelle) ; & après lui marchent Charles Elinck, Français Varlut, Alexandre Daiken, & d'autres, hommes, femmes & jeunes filles.

Le reste de ce VIIIe. livre est employé à décrire les horribles saccagements & carnages faits durant les premiers troubles en France, à savoir à Paris, en villes de l'Île de France, de Picardie, Brie, Champagne, Bourgogne, Nivernois, Bourbonnais, Berry, le Maine, Vendômois, Anjou, Touraine, Poitou, Normandie, Bretagne, Guyenne, & autres provinces circonvoisines, Périgueux, Auvergne, Toulouse, Rouergue, Languedoc, Vivarêts, Foix, Dauphiné, Provence, & Mâconnais, où l'on voit un merveilleux nombre de Fidèles massacrés en tumultes populaires, & exécutés à mort iniquement.

Combien la dignité & la splendeur du Martyre y sont discernée dans ces témoins précédents, qui tout à loisir ont, par la patience & une franche confession de Foi & fermes disputes (débats contradictoires), soutenu la vérité de Dieu devant toutes sortes d'ennemis ; ceux-ci pourtant ne doivent être rayez du nombre, attendu qu'ayant si peu d'heures à se résoudre, l'amour de Dieu a vaincu la considération de la vie présente, tellement qu'ils ont fermé les yeux à tous dangers & tourments, pour suivre le Seigneur qui les appelait.

Et quant à ces quelques-uns, qui ne commençaient qu'à prendre racine au champ du Seigneur, dont ils ont été incontinent arrachés, cela recommande tant (nous montre bien) plus la puissante bonté de celui qui, en les transplantant au vrai jardin de délices, à savoir en Paradis, les a délivrés par un bon coup de toutes leurs infirmités.
Pour clôturer de tant de persécutions, le misérable état de la Pologne & de l'Espagne, continuant
leurs fureurs, est brièvement décrit.


LIVRE NEUVIÈME


QUOIQUE que les adversaires, en ces dernières années, aient tâché de couvrir leurs cruautés contre les Eglises, par des prétextes de rébellion, sédition & crimes de lèse majesté, comme ils en faisaient courir le bruit en persécutions des Fidèles de France ; néanmoins autre chose (rien d'autre) ne les a guidés que la haine contre la vraie Religion, comme les associés des Pays bas le montrèrent en la continuation de leurs persécutions, sous ombre de justice contre Guillaume Cornu & tant d'autres qui le suivent, nommément Christophe Smit, Paul Milet, Ministres, accompagnés de nouveau renfort, en telle sorte que de leur sang procède une si grande moisson que les Eglises se dressent, & les idoles tombent par tout le pays ; ce qui renouvelle les persécutions sous l'étrange tyrannie du Duc d'Alve & de ses Espagnols.

Les écrits & disputes de M. Guy de Bres, exécuté à mort en la ville de Valenciennes avec M. Peregrin de la Grange son compagnon au ministère, proposent de grandes doctrines & consolations à tous les fidèles.

Les martyrs ajoutés jusqu'à la fin du livre, font voir une incomparable faveur de l'Éternel envers ses élus. Et, plus le diable s'efforce de tout ruiner, imposant silence (ce semble) à Jésus Christ, dissipant les troupeaux, & rebâtissant les synagogues d'idolâtrie ; plus le Fils de Dieu se montre admirable dans la conduite de son Église, laquelle par son silence & sa patience obtient en fin soulagement & secours. Car encore que nul fidèle ne peut subsister au Pays Bas, tant que l'ennemi juré de la Religion y séjourne, toutefois le Seigneur lui donna tant d'affaires, qu'étant contraint peu de temps après de s'en aller avec ses pillages ; la doctrine du salut y a été, notamment dans les années 1581. & 1582., plus hardiment prêchée, écoutée, & reçue par plus grand nombre de fidèles que jamais.


Ainsi donc, durant les gouvernements de la Duchesse de Parme, & de ce Duc, l'on voit de merveilleux exemples des jugements & des miséricordes du Seigneur dans la conduite des affaires du Pays Bas, soit qu'on regarde les persécutions, les rétablissements, & les dissipations des Églises, soit qu'on contemple les Inquisiteurs ou les nouveaux Évêques, qui établis pour tout gâter font cause que l'exercice public est accordé aux fidèles, soit que l'on veuille prendre loisir de marcher sur les pièces & cendres des idoles abattues, & qu'on vienne à remarquer la contenance des Magistrats saisis d'une secrète frayeur.

Il y a, peu après, les pratiques dressées pour tromper ceux de la Religion, puis les assauts manifestes par lesquels la puissance du Seigneur se montre en ce qu'il fortifie les siens, qui dans leurs infirmités & leurs morts ignominieuses glorifient constamment son saint Nom.


LIVRE DIXIÈME


Le contenu du dixième Livre ne découvre pas moins les merveilles de Dieu que les autres livres précédents.
S'il est question de perfidies &
de cruautés brutales, nous y en avons des exemples tellement en si grand nombre, que l'on n'en trouvera pas autant ni de telle sorte dans toutes les histoires des siècles précédents.

Je permets aux plus désespérés & cauteleux ennemis de la vérité de prouver le contraire, s'il faut s'arrêter aux diverses sortes de morts, à la patience, à la force & la confiance des Martyrs, où saurait-on trouver des portraits mieux tirés au vif ?
Mais la lecture découvrira le tout beaucoup plus exactement que je ne le saurais remarquer.

Or, dans ce livre, il faut premièrement considérer les meurtres & les saccagements des fidèles, faits depuis les premiers jusque aux seconds troubles.
De ce rang sont plusieurs du Comté du Maine, & des lieux circonvoisins, avec Martin Tachard, Ministre de Montauban.
Secondement ceux qui, durant & après les seconds troubles, ont été mis à mort en haine de l'Évangile, jusqu'au troisième Édit de pacification.
Quoique nous n'ayons pu présenter qu'un rôle bien petit des fidèles dans cet intervalle de trois années, ont été ça & là, il en excède un nombre de plusieurs milliers.
Tiercement, nous proposons ce qui est advenu de plus mémorable touchant les persécutions de l'Église
dans ce royaume, depuis l'an mil cinq cents septante un les fidèles d'Orange furent massacrés, jusque à la mort du Roi Charles IX., sur la fin de Mai mil cinq cents septante quatre.


Il y a donc premièrement le prologue de la tragédie des tragédies, au meurtre de quelques fidèles de Rouen, suivi tout après des meurtres commis à Paris le vingt-quatrième jour d'août mil cinq cents septante deux, en la personne de Messire Gaspar de Coligny, Grand Amiral de France, Seigneur vraiment Chrétien, frayeur de l'Antéchrist & de tous ses suppôts, & d'une saine partie de la Noblesse Française.
Les autres personnes de tous états, âges & qualités ne furent pas oubliées, mais massacrés d'étrange façon, comme le tout est déclaré par le menu.

Après, on voit les saccagements des fidèles de l'Église de Meaux en Brie, de Trois en Champagne, d'Orléans, de Bourges, de la Charité, de Lyon, de Saumur & d'Angers, de Romans, de Toulouse & de Bordeaux, lesquels lieux & autres du royaume, , en peu de semaines, furent mises à mort près de trente mille personnes.

Cette mer de sang innocent ne désaltéra pourtant pas le coeur enragé des persécuteurs ; mais résolus de ruiner tout s'il eût été possible, continuèrent l'an d'après de courir sus aux villes de Sancerre & de la Rochelle, devant lesquelles Dieu brisa leurs efforts, châtia une partie des meurtriers, & se fit voies à nouvelles merveilles.


LIVRES ONZIÈME ET DOUZIÈME


Ces deux derniers livres, nous avons sommairement retracé l'état des Églises Françaises, Wallonnes, & autres depuis l'an mil cinq cents septante deux, jusqu'à l'an mil six cents dix sept accompli.

Quoique les persécutions n'aient pas été si sanguinaires & découvertes que dans les années précédentes, toutefois, d'un côté Satan a montré la peau du lion, de l'autre il a pris celle du renard, & endommagé, par toutes sortes à lui possibles, les Églises du Seigneur, comme la lecture de ces deux derniers livres en fera foi, n'étant besoin (sans qu'il soit nécessaire) d'allonger d'avantage ces arguments.


L'IMPRIMEUR

(de l'édition de Genève) (1619)

AU LECTEUR CHRÉTIEN


POUR le titre de cette histoire il est dit que l'oeuvre a été augmenté de moitié en cette dernière Edition, j'ai pensé qu'il ne serait mauvais de vous avertir de la procédure tenue en cet endroit, M. Jean Crespin, homme docte (instruit), & qui, toute sa vie a travaillé heureusement pour avancer la gloire du Fils de Dieu, spécialement par une infinité de saints livres qu'il a imprimés, duquel la mémoire est précieuse devant Dieu & son Eglise, est celui que le Seigneur a encouragé, & adressé d'une faveur spéciale pour faire les recueils de l'histoire des Martyrs de notre temps ; à quoi s'étant employé dans l'espace de plusieurs années, & ayant vu en lumière la plupart de cette oeuvre-ci, comme rassasié d'ans & de travail en l'oeuvre du Seigneur, il fut retiré dans la joie & au repos de son Maître, il y a plus de quarante ans.

Depuis, ayant plu au sage gouverneur de l'Église de nous faire voir tant de merveilles dans l'infirmité, la souffrance & la patience des siens, & désirant vous représenter cette histoire, parce que le nombre des témoins de l'Évangile s'était accru de beaucoup depuis le décès de ce bon personnage, premier & principal architecte de leurs sacrés tombeaux ; j'ai estimé faire chose qui vous serait agréable, si je procurais que vous en eussiez communication.
Sur cette pensée, un des amis de feu EUSTACHE VIGNON, gendre de Crespin, présenta cette histoire augmentée de deux livres, ce qui induisit Vignon
à remettre le tout sur la presse, & pousser (mettre) en lumière une quatrième édition, dont l'ordre était tel.

Au lieu de huit livres en la troisième édition de Crespin, cette quatrième en contenait dix, le premier & dernier étant ajoutés de nouveau, & les autres enrichis de martyres, confessions, lettres & doctrines excellentes, item de recueils, discours & particularités notables, comme la conférence avec les précédentes éditions en fait foi.
Depuis, le même personnage, employé des longtemps au service de l'Église de notre Seigneur, ayant remarqué infinies
(de nombreuses) particularités & choses mémorables en divers endroits de ces dix livres, il a continué l'histoire jusque à la mort du Roi Henri troisième, de la maison de Valois, m'ayant communiqué son dessein.

Ce volume réduit à douze livres, voyant un si digne accroît, & tant utile pour votre édification, sans perdre courage à cause des grands frais de la présente impression, assisté la faveur de Dieu & d'un saint désir de procurer votre avancement en l'amour de piété, j'ai surmonté finalement toutes difficultés.

La rage de l'Antéchrist & de ses suppôts a tiré mes prédécesseurs & moi à cette nécessité de dresser un si grand oeuvre ; & Dieu veuille que nous puissions faire fin, sans être contraints de vous présenter quelque gros volume des persécutions de son Église, à laquelle Satan en veut plus que jamais, & ne demande que massacres nouveaux.

Outre tant d'additions, qui rendent le présent oeuvre comme accompli, on y a ajouté des Préfaces & indices nécessaires, dont nous désirons que vous receviez instruction & consolation de plus en plus, en vous souvenant que ceux qui souffrent avec Jésus Christ, régneront avec lui.

Le Dieu de Paix (qui a ramené des morts le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus Christ, par le sang de l'alliance éternelle) vous parface (vous rende capable) en toute bonne oeuvre pour faire sa volonté, faisant en vous ce qui est agréable devant lui, par son Fils bien-aimé.

À lui soit gloire éternelle, Amen.


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