Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORT

pour la vérité de l'Évangile





PRÉFACE

MONTRANT

UNE CONFORMITÉ DES PERSÉCUTIONS ET DES MARTYRS DE CES DERNIERS TEMPS

À CEUX DE LA PREMIÈRE ÉGLISE

Avec l'économie & la disposition des douze Livres de cette histoire.

QUICONQUE a dit le premier que les afflictions sont les vrais commentaires de la sainte Écriture, a considéré de bien près qu'il n'y a pas d'enseignement plus nécessaire aux fidèles, pour entendre à bon escient les consolations de l'Esprit de Dieu, & trouver le vrai contentement de la conscience, que d'être exercé par diverses tribulations.

Il est vrai que s'il n'y avait que l'affliction seulement, ce serait bien peu de chose, d'autant plus que plusieurs endurent... une adversité qui n'apporte que tourment au coeur, ou bien ne donne aucun contentement. Mais il faut qu'il y ait un fondement sur lequel l'affliction appuyée puisse servir de confirmation à la foi.

Par faute de ce fondement, la Croix de Jésus Christ est devant le monde folie & scandale, de sorte qu'on s'en moque, n'estimant pas que Dieu visite par la croix & les tribulations sinon les méchants, pour leurs démérites (leurs actions répréhensibles).

Pour cette cause (raison) les mondains estiment leur vie et leurs oeuvres plaisantes à Dieu, à cause qu'ils ne sont pas visités par ses châtiments, se moquant des pauvres Chrétiens, quand ils voient qu'ils abandonnent pour leur Religion, non seulement pères, mères, frères, soeurs, maison & héritages, mais aussi leur propre vie (I. Cor. 2. 14.), offrant à Dieu par toutes sortes de persécutions & leurs corps & leurs âmes.

Ce jugement pervers & corrompu est pour sa belle apparence fort plaisant à la chair, à cause qu'elle ne savoure rien des choses célestes, mais goutte seulement ce qui est charnel & terrestre, aimant mieux l'honneur & l'amitié de ce monde, que la vie & gloire éternelle.

Mais la parole du Seigneur doit servir aux fidèles d'instruction, pour repousser toutes tentations & allèchements (séductions) qui pourraient les distraire ou les divertir du droit chemin. Et se voyant tourmentez par des frayeurs ordinaires, pillages, prisons, bannissements, tortures, & toutes espèces de supplices ils doivent considérer en échange tant d'avantages qui reviennent de ces misères, & à l'opposite (l'opposé) les dommages que causent les félicités trop longues.

À ceci les exemples des vaillants champions, qui ont passé par ces combats, & par leur mort ils ont surmonté toutes les afflictions, et sont merveilleusement utiles & nécessaires, moyennant que ce soient de ceux-là qui aient eu le fondement susdit (déjà mentionné).

Retenez qu'ils ont soufferts : 1. pour la justice. 2. pour le Nom de Christ. 3. comme Chrétiens, & 4. en bien faisant (en faisant le bien).

À quoi surtout il faut prendre garde, car Satan voyant que les vrais serviteurs de Dieu souffrent pour la vérité, il a tâché, comme un linge, d'avoir aussi des témoins d'erreur & de mensonge, en les mettant en avant auprès des vrais témoins de l'Évangile.

Ce que nous voyons, c'est qu'encore aujourd'hui il pratique par certains de ses suppôts qui, sous titre de parole de Dieu & de maintenir l'Église, souffrant persécutions, masqué d'apparence de sainteté, obscurcissent d'une merveilleuse façon (d'une façon étonnante) la vérité, afin qu'elle ne puisse être discernée d'avec le mensonge.

Si les serviteurs de Dieu font des merveilles (comme jadis Moïse en Égypte) pour démontrer la puissance de Dieu, & induire les Rois à délivrer l'Église de la captivité, le diable le fait aussi & oppose les miracles de ses enchanteurs par lesquels il endurcit de plus en plus les coeurs des Pharaons, de sorte qu'ils ne donnent lieu quelconque (de sorte qu'ils ne comprennent pas les) aux signes merveilleux & plaies horribles que Dieu fait & exécute journellement devant leurs yeux.

Ceux- donc s'abusent (se trompent), qui arrêtent plutôt leur vue sur les croix & les peines (et qui ne sont point (ne souffre pas) le Martyr) plutôt que sur l'infaillible fondement de la vérité, qui seul montre la diversité des souffrances des vrais & faux Chrétiens.

Vrai est que les hérétiques auront de belles oeuvres en apparence, comme les arbres sauvages portent aussi des fruits qui ressemblent extérieurement aux bons, & qui sont ornés de force et de belles feuilles, mais d'autant qu'ils sont hors de Christ, & par conséquent de la voie, de la vérité, & de la vie, leur foi est mauvaise, leur zèle sans fondement, & leur croix forclose (vide) de bénédiction.

La doctrine donc & la confession de foi sont les fruits entre tout autres plus notables & certains du vrai fondement de la foi, & auxquels il faut spécialement s'arrêter en ces Recueils, qui sont dressés (présentés) en douze livres dans cette histoire Ecclésiastique, pour juger du fait des Martyrs par la parole de Dieu. Que si le Seigneur a donné à leur mort une issue telle que l'ont eue les Martyrs de l'ancienne Église, en une même confession de doctrine, ne les a-t-il pas aussi voulu mettre au même rôle (dans le même registre), & (afin de) sanctifié leur mémoire à jamais ?

Mais encore afin que toute difficulté soit ôtée, qui pourrait empêcher les ignorants de tenir ceux-ci du dernier âge pour des vrais Martyrs & des fidèles serviteurs de Dieu, j'ajouterai quelque conférence des plus excellents & singuliers que l'Écriture nous propose pour vrais miroirs & patrons des Martyrs, afin de montrer que, d'une même cause, il y a eu de tout temps les mêmes effets, & procédures tant en accusations, que jugements & condamnations.

Et quant aux Martyrs de la primitive Église, ce qui en est déduit au premier livre étant rapporté avec le contenu des autres livres suivants qui parlent des Fidèles mis à mort pour le Nom de Jésus Christ, depuis Wiclef jusque à l'an mil six cents, la convenance (l'engagement) qui est entre les uns & les autres se remarquera encore plus aisément.

QUANT Á JEAN BAPTISTE, le grand du Très-haut, ses plus enragés persécuteurs furent les plus grands en autorité, en ministère, en degré d'office, les plus doctes & saints de tous les autres. Ils l'accusaient qu'il usurpait le ministère de prêcher de sa propre outrecuidance (de sa propre autorité), sans la volonté de ceux qui avaient la charge de l'Église. Qu'il enseignait une doctrine nouvelle, & diverse (différente) de celle que l'on annonçait ordinairement dans les Synagogues. Qu'il montrait un Messie qui n'aurait aucune apparence de Roi, (Matth. 3. Luc 3. Jean 1.) abject (méprisable), pauvre & soumis à toute misère.
Qu'il reprenait les grands gouverneurs de l'Église, de ce qu'ils avaient falsifié & corrompu la doctrine de Dieu. Qu'il usait de paroles comme foudres d'excommunications contre eux.
Qu'il affirmait que tout le gouvernement de Moïse était venu à son but, & qu'une autre forme de Religion devait être ordonnée.
Que même il baptisait au Jourdain, & prédisait la réjection & la ruine de tout le peuple, & la vocation des Gentils.

Ils avaient bien volonté de le mettre à mort, mais la puissance & la faculté (les moyens) leur défaillait (leur faisaient défaut), le peuple les retenant en bride. Tant et si bien qu'il endura une autre persécution d'Hérode, fils du premier Hérode, & Tétrarque en Galilée, qui avait ravi la femme de son frère Philippe, & il le fit mourir parce que Jean le reprenait d'un tel forfait, & des maux qu'il avait commis.
Y a-t-il en celle procédure (changez les noms & qualités des temps & personnes) chose qui ne soit exécutée
(semblable) en ces deux siècles derniers ?
Si nous venons au propre Fils du Dieu vivant, Jésus Christ, nous trouverons qu'il a eu des ennemis beaucoup plus terribles & envenimés
(imprégnés de haine) qu'homme ait jamais été ; aussi était-il venu au monde pour entrer dans une guerre irréconciliable contre les ennemis de Dieu & de tout le genre humain.
On a premièrement procédé contre lui par
des questions & équivoques (des paroles à double sens), & par des paroles outrageuses.
Ses ennemis l'ont appelé (1.) Samaritain, possédé du diable, chassant
dehors les diables au nom de Béelzébul ; (2.) gourmand & ivrogne, ami des péagers. Il a été (3.) excommunié de la Synagogue, avec décret que ceux qui le confesseraient être le Christ, seraient chassés d'icelle (de celle-ci).
Ce nonobstant
(malgré cela) il ne sait jamais lassé de poursuivre sa vocation, combien qu'ils épiassent (cherchent) à toutes heures une opportunité pour le faire mourir. Il a aussi été souvent assailli par ruses & sophismes (des Arguments faux malgré une apparence de vérité), mais il les renvoyait toujours avec une si grande prudence, modération, & répréhension si grave (sérieuse), qu'ils étaient contraints, tout confus, de quitter la place. D'autre part prenant quelquefois des pierres, ils lui eussent fait outrage s'il ne se fût retiré.
Ceux même de Nazareth furent tellement offensés de ses prédications, qu'ils l'eussent jeté du haut en bas d'une montagne, s'il ne fût échappé (4.) de leurs mains contre toute opinion, ne
se lassant point pour tout cela de poursuivre sa charge en quelque lieu qu'il se trouvât.

Enfin, connaissant l'heure de sa mort, ordonnée de Dieu, être venue, il souffrit (accepta) que les soldats de Pilate, & les officiers des Sacrificateurs le prennent. Quoiqu'il eut pu résister (ce qu'il montra clairement quand toute la bande & Judas tombèrent à la renverse à ce seul mot qu'il dit : Ce suis-je) ... il se présenta à ses ennemis de bon gré. 

Les principaux points de ses accusations quels furent-ils ?
Qu'il enseignait sans vocation légitime (
Matth. 21),
Qu'il se disait être le Messie, Fils de Dieu ((
Luc 23. 6 Jean 7. & 10), & même égal à Dieu le Père (Jean 7. & 8. & Matth 26.).
Qu'il troublait la religion ordonnée par Moïse, selon la parole de Dieu, & séduisait le peuple (Luc 23).

Que, quand à ce qui concerne le
salut, il condamnait la justice des oeuvres.
Qu'il violait le Sabbat.
Qu'il pardonnait publiquement les péchés aux croyants (
Matth. 9.)
Qu'il déferait le temple (
Jean 2. & Matth. 26.),  & qu'en trois jours il le réédifierait, & qu'il défendait de payer le tribut à César.

En somme, on ne l'accusait que de deux crimes, les plus énormes de tous, à savoir de blasphème & de sédition. Et qui étaient les causes de cette persécution contre lui ?

Une des principales était le grand aveuglement de ce peuple, qui se glorifiait d'être le peuple de Dieu, & en plus de cela, l'Hypocrisie & la malice des Ecclésiastiques, qui ne pouvaient nullement souffrir que leurs traditions, abus & et vices fussent repris.

Condamné par sentences iniques, contre la conscience de tous, comment est-il traité ?
Il n'y a
pas d'espèce de tourment qu'on ne lui ait fait. Finalement on le pend entre deux brigands, comme s'il eût été le plus exécrable des plus criminels du monde.
Que tous fidèles réduisent
(gardent) souvent ceci en mémoire :
« Que le Roi de gloire, le Chef de toute l'Église,
dans l'effusion de son sang, a proposé en joie un exemple perpétuel à tous les siens, qu'autant qu'il aura des membres jusqu'à la fin du monde, il n'y en aura pas un seul qui soit exempt de la croix ou des afflictions. »

Quant à ses Apôtres & Disciples, combien que le glaive ne soit parvenu jusqu'à eux, tandis que le Maître a visiblement conversé en terre avec ceux, afin qu'ils fussent plus amplement instruits & confermés (affermis) ; néanmoins après avoir reçu le saint-Esprit, on les excommunie, on les menace, on veut les contraindre à blasphémer, on les décapite, on les lapide.
Et sur quelles informations ?

Sur ce qu'on les accuse d'être les auteurs d'une nouvelle Religion & doctrine, abolissant toutes cérémonies anciennes, prêchant un Jésus pour Messie & rédempteur. On les accuse comme séditieux & mutins, faisant des assemblées particulières, reprenant les vices des grands Prélats de Jérusalem & de tout le peuple judaïque Nous voyons les mêmes procédures contre les fidèles de ce dernier temps.

ÉTIENNE, qui est nommé d'ancienneté le premier Martyr dans l'Église primitive, à combien a-t-il eut à faire de sorte de gens de Synagogues appelés des Libertins, des Cyréniens, des Alexandrins, des Ciliciens & Asiens qui disputant contre lui ne pouvaient résister à la sapience (sagesse) & à l'Esprit qui parlait par sa bouche ?

Il est accusé par de faux rapporteurs devant les Sacrificateurs, Scribes & Anciens, & devant tout le peuple d'avoir blasphémé contre Dieu, contre Moïse, & le saint lieu du Temple, à savoir, que nul ne pouvait être justifié ni sauvé par les oeuvres de la Loi, mais seulement par la foi qui est en Christ, ayant accompli la Loi pour nous. Que les cérémonies étant déjà abolies, on devait suivre la forme de la Religion que Jésus Christ avait ordonnée.

Le principal sacrificateur lui ayant demandé s'il était ainsi, il rend raison de sa foi.

Premièrement étant en général accusé comme apostat de la Religion & du service de Dieu, pour montrer qu'il avait un même Dieu que leurs Pères avaient toujours servi, il déclare que ces Pères avaient été élus de Dieu pour être un héritage & peuple séculier (mis à part), avant que Moïse fût né, & que le peuple fût édifié.

Puis il montre que toutes les cérémonies ordonnées de Dieu par Moïse, ont été formées selon le patron céleste, partant que la Loi cérémoniale se rapportant à une autre fin, c'était folie de laisser la vérité pour s'arrêter aux figures & aux ombres (sous-entend, des choses à venir).

Finalement il les tance (leur reproche) de ce qu'ils ont mis à mort le Rédempteur, & que néanmoins demeurant endurcis, ils résistent opiniâtrement (obstinément) au S. Esprit, à l'exemple de leurs prédécesseurs qui ont tué les Prophètes.

Cette confession de foi fit grincer des dents les adversaires ; mais entendant qu'Étienne affirmait qu'il voyait les cieux ouverts, & Jésus assis à la dextre (droite) du Père, ils devinrent comme du tout enragés, estoupant (se bouchant) leurs oreilles. Et, ne pouvant plus endurer qu'il parlât, ils s'écrièrent à haute voix : & sans plus tarder se jetèrent d'impétuosité (avec violence) contre lui, le tirant hors de la ville, & le lapidèrent ainsi qu'il faisait sa prière à Dieu.

La persécution ne fut pas assouvie avec le sang d'un seul, mais tout le troupeau fut recherché, comme il advient ordinairement, les uns mis à mort, les autres forcés de se retirer dans des contrées voisines, ce qui fut l'occasion première & notable que l'Évangile fût entendu plus loin ; les Apôtres néanmoins demeurant (avec grand danger) en Jérusalem.

Et qui est-ce qui ne peut remarquer, en oyant (entendant) ces récits, les circonstances qui se rapportent à tout à ce qui est advenu (arrivé) depuis, & qui dure encore à présent ?

Si nous requérons l'exemple d'un, qui de la secte des ennemis, Pharisien & Persécuteur extrême, ait été converti & est devenu un excellent Ministre de l'Évangile, les Actes des Apôtres nous le proposent en S. Paul, ... il a été agité (ébranlé, bousculé) par diverses tempêtes dans les Églises d'Asie, d'Antioche, de Pisidie, d'Iconie, Lystre, Galatie, Éphèse & plusieurs autres lieux. (2 Cor. 1 : 8)

En outre plus, en Macédoine, en Philippes, en Thessalonique, en Corinthe, en Bérée, à Rome, & jusqu'à la mort, la persécution l'a incessamment accompagné.

Si on descend plus bas à la conférence de ceux qui sont venus après les Apôtres, les histoires Ecclésiastiques (dont nous présentons un sommaire touchant les persécutions contre les Chrétiens au premier livre de ces Recueils) nous montrent pareil traitement & procédures, qui dureront tant qu'il y aura l'Église dans le monde.

Il ne reste que de regarder cette nuée …. de Martyrs qui nous environne, afin de connaître ceux qui ont battu ce chemin, & rendu le passage aisé.

L'ancienne Église avait jadis cette coutume, de faire souvent commémoration de la mort de ceux qui avaient ainsi constamment exposé leurs vies pour la vérité de l'Évangile ; & selon que le Seigneur faisait c'est honneur à une Église, d'en tirer quelqu'un pour s'en servir de témoin, elle était soigneuse (prenait garde) de coucher par écrit son emprisonnement, ses combats, ses dernières paroles, sa constance (persévérance), & on gardait les registres comme des TRÉSORS bien précieux.

À certains jours particuliers le peuple se trouvait au lieu du Martyre, & là solennellement toutes ces choses étaient lues pour magnifier Dieu de la grâce qu'il avait faite à son serviteur de mourir si vaillamment, en exhortant toute la troupe (l'assemblée) à faire ainsi quand elle serait appelée au même combat, ceci par la lecture de l'histoire, & par le regard du lieu encore tout sanglant.

Depuis, cette sainte coutume (comme toutes autres choses bonnes) s'est tournée (transformée) en une misérable idolâtrie dans la Papauté. Ce qu'on a eu souvenance des Martyrs n'a pas été à cette fin que le peuple, par leur exemple, soit enseigné de tenir ferme la profession de l'Évangile, & l'adoration d'un seul Dieu, mais qu'éprit & ravit d'une sotte & perverse admiration de leur sainteté, il les ont pris pour dieux, & leur ont rendu hommage.

On a fait trésor non point de la confession de leur foi, ni de leurs saintes paroles, mais de quelques vieux drapeaux, ou de quelques os de chevaux ou d'ânes, qu'on fait baiser au pauvre peuple aveugle, telles des reliques.

Si d'aventure il s'est trouvé quelques Écritures touchant les Martyrs, elles ont été ou falsifiées, transformée par un tas de Moines ou Prêtres, pour les faire servir à leurs impostures & leurs séductions.

Or maintenant que Dieu avec sa doctrine a fait revenir ce siècle heureux & riche de tant de personnages vertueux, qui ont arrosé de leur sang tant de pays & de contrées, il faut aussi ramener les actes & les faits des Martyrs à leur droit usage.

Ne faisons pas ce tort à Dieu, quand nous verrons la sainteté, la force & la persévérance de ces derniers, d'en faire honneur à la créature qui l'a reçue du Créateur.

Ayons en admiration leurs victoires, mais magnifions celui qui a vaincu & surmonté en eux, puis cherchons la force dans laquelle ils ont puisé toutes ces grâces.

Ne nous amusons point à faire réserve de leurs cendres, ou de leurs ossements, ce sont choses mortes ; mais voyons les vivants dans leurs réponses, leurs lettres & disputes (débats contradictoires), & en mémoires de leur constance (persévérance), afin d'en être édifiés comme il appartient (comme il est convenable).

Le mal est en ceci, que malgré qu'il y eût assez de matière pour exercer les esprits de ceux qui ont la grâce de mettre en histoire ce qui est advenu depuis quelques ans ou siècles en l'Église, néanmoins comme si cela n'eût en rien appartenu ou servi à la gloire du Seigneur, ni à la fortification de ses fidèles, pour remède en leurs faiblesses, on a laissé presque ensevelir la mémoire de tant de morts précieuses, qui devraient être à son Église comme guidons (petit étendard) & enseignes de sa vertu & puissance admirable.

Les profanes ont été si diligents de mettre par écrit les faits & gestes des leurs, n'ayant en cela autre but que de perpétuer leur mémoire, sans regarder à la gloire & à l'honneur du Dieu vivant ; tandis que les Chrétiens sont nonchalants, ou plutôt ingrats, quand Dieu leur met la plume en la main pour rédiger par écrit ses oeuvres admirables, lesquelles il manifeste par les témoins de sa cause, afin que sa gloire reluise partout, & que tous les fidèles aient d'autant plus ample matière de mettre toute leur assurance & leur confiance en sa vertu, sa bonté & sa miséricorde !

Il n'y a presque pas de nation ni de pays, pas même... les Turcs, & autres peuples barbares, où Dieu n'ait mis en avant quelques Martyrs, pour rendre à toute région témoignage de sa vérité, de telle sorte qu'à peine on ne trouvera pas de siècle depuis la primitive Église, auquel Dieu ait fait plus excellemment reluire sa grande puissance en l'infirmité des hommes, de telle façon, dis-je, que les ennemis jurés de la vérité sont contraints d'avoir la bouche fermée, demeurant étonnés du tout en merveilles admirables de Dieu.

Ils en sont au bout de leur rôle, & Satan, par l'esprit duquel ils sont furieusement poussés, a déployé tellement ses ruses, que quand il voudrait à l'avenir faire pire qu'il n'a fait, ce ne serait rien de nouveau.

Après tant de cruautés (je laisse celle de couper les langues aux pauvres Martyrs) pourrait-il encore en inventer & et en forger d'autres plus subtiles que celles dont il s'est adulés, premièrement de faire brûler leurs procès, & puis en venir jusqu'à les faire meurtrir & saccager sans figure de procès ? Ceci, afin que d'un côté la cause des innocents, par une suppression (des procès), fût aussitôt éteinte & supprimée que connue, & d'autre part que les cruautés barbares des oppresseurs ne fussent connues.

En outre, Satan n'a-t-il pas aussi tellement endormi les esprits, & aveuglé depuis longtemps les yeux des hommes, que sans discerner, ils ont jugé hérétiques ceux qui parlent en vérité, aussi bien que ceux qui par méchantes doctrines la falsifient ? Et c'est afin de rendre de plus en plus cette vérité odieuse, comme ainsi sont les Anabaptistes, Libertins, Épicuriens, Athéïstes, Servétistes, moqueurs & contempteurs (détracteurs) de toute religion, fussent sans choix ou jugement et enveloppés dans un même rôle de condamnation.

On se persuade qu'ils sont délaissés de Dieu, quand on les voit abandonne à la cruauté & massacre de leurs ennemis. Ce sont les conclusions que nous avons ci-dessus déclaré avoir été faites contre Jésus-Christ, alors même qu'on le pendait en la croix, & de ses plus excellents serviteurs, quand ils étaient en leurs dures afflictions.

Mais il est besoin de considérer que ce n'est pas chose nouvelle, que ceux qui sont les plus favoris du Seigneur, en témoignage de l'amour qu'il leur porte, passent par le chemin par lequel il a fait passer son propre Fils & tous ses Apôtres ; & que telle est la condition à laquelle il a voulu assujettir Son Église.

Ceci, afin que l'on regarde à cette assistance qu'il leur donne au milieu des plus horribles tourments, pour convertir d'une façon admirable la rigueur exécutée contre eux au milieu des guerres civiles, en contentement & consolation.

Bref, ce n'est pas un petit honneur qui leur était fait, quand Dieu les employait ainsi armés de toute constance (fidélité), pour maintenir sa sainteté & sa juste querelle, afin que l'incrédulité & la contradiction des grands de ce monde soit convaincue par la persévérance des siens.

Or toute cette histoire nous montrera qu'aussitôt qu'il a plu au Seigneur de renouveler la prédication de sa sainte vérité, le monde s'est mutiné à son encontre. Tellement qu'il est besoin d'attacher aux lettres patentes (incontestables) de sa bonne volonté envers ceux qui sont de son Église, les féaux (serviteurs) ordinaires, &, comme jadis ont fait les Pères, se confermer (confirmer) dans sa bienveillance par la constance de ses fidèles témoins, afin qu'elle soit reconnue de chacun, non point nouvelle ou déguisée, mais en sa force & vigueur ancienne ; ayant, comme jadis en Jérusalem, en Asie, en Grèce, & par toute la terre, aussi en ce siècle, à sa suite la croix & toute sorte d'opprobre, pour être reconnue ancienne, voire éternelle vérité.

S'il est besoin d'ajouter témoignage à ceci de l'ire (la colère) de Dieu pour se venger de leur mort, il y en a tant qu'aujourd'hui, que les plus aveugles peuvent s'en apercevoir. Car les misères & les calamités par lesquelles maintenant, non point une seule personne, mais les Royaumes & les pays entiers sont détruits & défaits, arrivent-elles fortuitement, comme les contempteurs (détracteurs) de Dieu pensent.

Et où se trouvera l'histoire qui nous rapporte les guerres plus longues & les plus sanglantes, les changements les plus étranges, les pestes & famines plus mortelles que celles qui ont été & qui sont encore partout, depuis que ... cette doctrine sainte et renaissante a été persécutée en la personne de ceux décrits dans ces Recueils, & de leurs semblables ?

Nos ennemis nous en donnent le tort, disant que nous en sommes la cause ; car il faut que le Père de mensonge emploie aussi bien à l'encontre de nous, les mêmes calomnies qu'il a chargé ceux dont nous avons ci-devant le patron (modèle) exemplaire, comme il a fait à l'encontre de l'ancienne Église.

Faut-il encore qu'ils accordent ceci (qu'ils s'entendent sur ceci), c'est à savoir, qu'en regardant au service de Dieu, ils prennent la corruption de ce service pour la cause & la matière de son indignation. De mettre cette corruption du côté de ceux qui fuient l'Évangile, on ne saurait, si on ne veut dire, que la parole de Dieu enseigne un service corrompu.

La corruption donc se trouvera plutôt là où les ordonnances de cette sainte parole sont falsifiées, & d'autres établies à (selon) la volonté des hommes. En quoi les plus obstinés sont contraints, non seulement, de reconnaître plusieurs abus, mais aussi qu'il y a besoin de réformation.

En la Loi, la source des calamités sur les pays & sur les Royaumes est au long déduite, & les Prophètes spécifient assez de fois les causes de la ruine de Jérusalem, & de la captivité du peuple.

On trouvera toutes ces causes, & encore de plus grandes en la Papauté, outre l'obstination désespérée par laquelle la vérité y est combattue.

Le 1er. article des malédictions écrites au Deutéronome, pourrait, pour exemple, montrer de quel côté les vengeances doivent être rapportées (Deut. 27. 15).

Maudit soit l'homme, dit la Loi, qui fera image de taille ou de fonte, qui est abomination au Seigneur, l'oeuvre des mains d'un ouvrier, & le mettra en lieu secret, &c.

Qu'on examine des deux parties laquelle est coupable de cela, ou les persécutés qui meurent pour maintenir qu'en avoir (des images taillées) entre les Chrétiens pour religion, est abomination & idolâtrie.

Si on veut examiner d'avantage les procédures déduites dans ces Recueils, on connaîtra que la condamnation contre les fidèles ... vient d'ailleurs, sinon qu'ils n'ont pas voulu approuver les façons de faire, superstitieuses & idolâtres, ni consentir qu'il y eût autre chef de l'Église que Christ, ni souffrir qu'on cherche salut en autre qu'en lui.

Bref, de ce qu'ils ont eu en horreur la messe & détesté toutes choses qui combattent la vérité de la S. Écriture.

Si on réplique (comme on fait ordinairement) que c'étaient des perturbateurs du repos commun, & des infracteurs (transgresseurs) de l'union de l'Église, par une doctrine contraire à celle qui est en coutume ; cela fait-il tort au repos public, qui montre les défauts qu'il y a dans ce repos, pour faire que ce ne soit une conspiration commune à l'encontre de la majesté de Dieu ?

Et quelle est l'union qu'on a rencontrée en ces derniers temps entre ceux qui se disent l'Église, sinon une ignorance commune, un consentement d'aveugles à s'égarer de la droite voie, une ligue de toute trahison sous la conduite de l'Antéchrist, ravissant à Dieu l'adoration qui lui est due, dépouillant Jésus Christ de tous ses offices, foulant aux pieds sa parole, pour mettre à sa place des fantaisies ?

Au reste, les Martyrs n'ont-ils pas toujours déclaré qu'ils désiraient être enseignés, demandant que la Bible fût produite pour juger de leur cause ?

Mais aussitôt que s'étant enquis (renseignés) s'ils croyaient au Purgatoire, ou à la Messe, ou quelque autre telle chose, & qu'ils ont fait réponse que non : la bouche leur a été fermée ; on a crié au feu. S'ils remontraient (mettaient en avant) que c'était une chose qu'on accordait mêmes aux voleurs ou meurtriers, d'être ouis (entendu) dans leurs justifications, & qu'on ne leur devait tenir une rigueur plus grande, ils n'ont eu pour réponse, sinon qu'on les ferait disputer (qu'on écouterait leur défense) contre les fagots.

Et voilà l'astuce de Satan, d'amener ses suppôts à de telle brutalité et de leur ôter toute affection d'entendre (pour écouter) la cause des fidèles, sachant bien que la parole de vérité est si claire, & de telle majesté, qu'elle force les plus stupides de lui donner consentement (raison) ; & au contraire, que ses fausses doctrines rapportées à sa lumière, se trouvent si vilaines, qu'on en est incontinent (aussitôt) dégoûté.

Or comme ceux-ci n'ont maintenu autre doctrine que celle des Prophètes & Apôtres, ayant puisé de là leurs saintes Confessions, & écrits, aussi Dieu leur a fait l'assistance qu'il a jadis donnée à tous autres qui ont souffert pour son nom.

Et je désire que cela soit diligemment considéré, afin qu'on ne leur refuse point le nom de Martyr ou de Témoin, lequel Dieu leur a voulu imprimer en toutes sortes.

La longueur & les tourments ordinaires des prisons n'ont point rompu leur patience, les géhennes (les bûchers), les bâillons, la mort … ne les a empêchés de louer Dieu avec joie. S'ils sont venus devant les juges, ils n'ont pas été effrayés de leur présence, mais les juges dans leur constance & leur vertu ; & le plus souvent, ceux qui ont donné sentence, ont eu les larmes à l'oeil bien plus que ceux qui l'ont reçue.

Si d'un côté la fournaise ardente & les menaces se présentaient au cas qu'ils ne fissent hommage à l'idole, de l'autre, les promesses de délivrance, ouverture de prison, restitution de biens, pour les faire consentir à (les mettre en accord avec) leurs ennemis ; la fournaise leur a été plus agréable au point de faire résonner les louanges de Dieu au milieu des flammes. Et d'où rapportons-nous (comme nous protestons (le signalons) partout) toutes ces merveilles, sinon à la bonté infinie de Dieu, qui les a favorisés comme ses chers enfants ?

S'il est question, en outre, de montrer & de déclarer que leur mort ne s'est point passée sans témoignages évidents du courroux & de la fureur de Dieu sur ceux qui les ont condamnés, on trouvera des étranges fléaux qui ont couru de notre temps (comme cette présente histoire en fait foi) aux yeux de tout le monde. Je ne dis pas seulement sur Cardinaux, Archevêques, Évêques, Docteurs, Inquisiteurs, Moines, Prêtres & semblables ennemis jurés de l'Évangile, mais aussi sur les Rois & les Reines, sur les Ducs & les Seigneurs, les Chanceliers & les Présidents, les Conseillers, les Lieutenants, les Commissaires & Gouverneurs de villes & provinces ; les jugements terribles qui sont tombés sur leurs personnes ou familles, les cris effroyables & les regrets qu'ils on jetés dans leur mort.

Si les Païens tout ignorants n'ont point été épargnés, tellement que les plaies de la vengeance de Dieu sur eux saignent encore, pour avoir meurtri ses serviteurs, que sera-ce de ceux qui portent le titre de Chrétien & qui avouent de nom les Écritures saintes ? Qu'on regarde les histoires, on trouvera en général les désolations des grandes maisons, les subversions des villes, les pertes des Royaumes, la chute des Monarchies être advenues (arrivées) pour avoir persécuté l'Église du Dieu vivant. On y verra aussi en particulier pour la même cause l'issue misérable des grands de ce monde.

Pharaon, après plusieurs plaies, submergé en la mer avec tous les siens  (Exode 14);

Achab, sa maison & Jézabel sa femme du tout ruinés ; (1 Rois 22.)

Antiochus le Noble frappé d'une infection incurable ; (2 Mach. 9)

Hérode le Grand pourri  tout vif ; (Josèphe liv. 7. & 19. des Antiquités.)

Hérode Antipas misérablement confiné ; 

Hérode Agrippa rongé de vermine ; (Actes 12. 23)

Caligula mis à mort horrible ; (Suet. Dion. & autres historiens.)

Néron abandonné à peines extrêmes ;

Domitien chargé de plaies mortelles ;

Trajan rétrécit des membres & hébété de sens ;

Adrian brisé & comme moulu de tourments ;

Marc Antonin saisi d'apoplexie soudaine ;

Commode étranglé par celui contre qui il luttait ;

Dioclétien consumé membre après membre ;

Maximin son compagnon en l'Empire ars (?) en ses intestins ;

Theotecne & autres exécuteurs de leurs commandements, exécutés dans d'horribles supplices ;

Maxence noyé au Tibre ;

Les deux Julien, oncle & neveu apostats, frappés épouvantablement ;

Anastase Empereur emporté de la foudre du ciel ; & tant d'autres qui ont achevé de peindre le siège Romain, tués par leurs propres gardes, entre lesquels Phocas découpé bras & jambes & parties honteuses, ont donné un perpétuel spectacle d'horrible jugement de Dieu.

Et qu'est-il besoin d'amener d'avantage d'exemples, ou de faire venir en ce rôle les Rois des peuples & des nations barbares, des Goths, Huns, Vandales, Alains, Wisigoths, Lombards, lesquels ont couru la même course, & obtenu pareille issue ?

Le Seigneur en a fait ainsi de tout temps, & a châtié, comme dit le Prophète, les Rois pour l'amour des siens, combien qu'ils fussent peu de personnes, & comme rien & étrangers sur la terre, & ils cheminaient d'un pays en autre & d'un royaume en un autre peuple, &c. (Psaumes 105. 12. 13. 14.)

Mais serait-il possible que tant d'exemples fissent ouvrir les yeux quelquefois à ceux de ce temps, qui se bandent ainsi ouvertement contre la doctrine de Jésus Christ, & qui cuident, en faisant mourir ses fidèles par tourments si cruels, éteindre sa vérité, & anéantir l'exécution de ses jugements horribles & épouvantables ? Heureux celui, disait un Poète ancien, qui est fait sage par les périls d'autrui.

Pourtant, ô peuples & nations, qui avez eu la vue des choses contenues en ces Recueils, & plus qu'on ne saurait exprimer, revenant à vous-mêmes, considérés à qui vous vous êtes prît, en haïssant ou mettant à mort ceux desquels vous voyez ici les témoignages d'avoir été innocents, souffrant pour la vérité de l'Évangile !

Et vous juges, qui les avez condamnés, comme par forme de recolement, la lecture de leurs Confessions ; souvenez-vous des prières qu'ils ont faites à Dieu en vos présences, & pensez de quel visage ils ont reçu de vous la condamnation.
Vos salles & auditoires témoignent encore le zèle qu'ils avaient à l'honneur &
la gloire de Dieu, & vos prisons résonnent encore des sons de leurs Psaumes & Cantiques.
Venez à un examen meilleur de toutes ces choses, comme la raison le requiert,
vous dépouillant de toutes affections qui vous ont transportés, ou par ignorance, ou erreur commun, ou commandement des Placars (affichages) & des ordonnances.

Ils n'ont point eu des hommes mortels Procureurs, qui vous tirent devant d'autres juges, pour proposer (énoncer) les erreurs & demander une révision de procès ; les défenses humaines leur défaillent (font défaut) ; mais ils ont Dieu pour protecteur en souverain ressort, qui requiert le sang, & en a mémoire, & n'oublie pas le cri des affligés ; lequel ... procédera aux dernières exécutions, comme juge & partie suprême.

Qu'on n'attende point d'autres merveilles ou miracles (ainsi que les Moines & Prêtres oisifs en ont autrefois forgés de leurs idoles) car ce qu'on voit aujourd'hui provient du sang universellement épars de ces Martyrs qui déclare & confirme assez l'oeuvre de Dieu, & s'accorde du tout à ce qui a été d'ordinaire de tout temps pour la justification des serviteurs de Jésus Christ.

S'il a fait quelques particuliers miracles par la mort des premiers Martyrs de son Église, le temps l'a requis pour une confirmation de l'Évangile ; mais ce que nous avons récité (écrit) ci-dessus, à savoir de pareils effets de la mort de ceux de notre âge (époque), aux autres qui les ont précédés, sont les marques coutumières que Dieu a données aux témoins qu'il veut choisir & produire pour sa cause. Et il n'a point voulu en faire d'extraordinaires, afin que par eux la considération des choses principales ne fût empêchée (oubliée), afin que sa puissance soit plus reluisante. Mais quel miracle saurait-on demander plus grand que de voir dans cette histoire hommes, femmes, & filles, de tous âges & qualités, aimant la conservation de leur vie, les biens & les commodités, redoutant la mort, être parvenus à un courage si délivré de la crainte, qu'ils marchent avec joie aux supplices si extrêmes, que les bâillons, les tranchements de langue, les glaives, les flammes, les tonneaux poissés, les gibets, les cuveaux d'eau, les plus horribles inventions usitées en ces derniers temps, ne les ont point empêché de glorifier Dieu ?

Que surmontés (écrasés) en apparence ils surmontent (ils eurent la victoire sur) tous leurs ennemis, & leur laissent des remords qui les géhennent (tourmentent) incessamment en leur conscience ?
Qu'étant éteinte leur doctrine, elle revit encore pour gagner les coeurs des plus endurcis, & abattre toute opinion contraire ?

J'espère donc que cette histoire servira non seulement aux fidèles de l'Église, pour leur mettre en avant les oeuvres que Dieu fait si admirables, mais aussi aux pauvres ignorants pour les faire souvenir du mérite de la cause des condamnés & occis (tués) pour la vérité de l'Évangile, afin que tout à loisir, & sans précipitation ils jugent s'il y a eu raison d'exécuter tant de cruautés.

Et afin qu'on ne doute de la fidélité gardée dans ces Recueils, depuis que Dieu m'a fait la grâce d'en avoir jeté les premiers commencements, j'ai protesté & protesté (j'ai déclaré formellement) avoir écrit ce qui concerne spécialement l'état des Églises, & les assauts qu'elles ont soutenus, le plus ... simplement qu'il m'a été possible de le faire, connaissant que vérité n'a pas besoin d'ornement ou parure au dehors d'elle.

Et, au regard des écrits & des Confessions, je n'y ai rien mis sans avoir eu, ou de l'écriture même de ceux qui sont morts, ou appris de la bouche de ceux qui les ont sollicités, ou extrait des registres des Greffes, ou bien reçu de fidèles témoins & d'écrits si authentiques & si certains qu'ils ne peuvent être contrôlés & démentis sinon par ceux qui n'aiment que mensonge, & ne peuvent porter de loin ni de près la splendeur de vérité.

J'ai trouvé quelquefois des choses obscures, comme écrites dans des cachots ténébreux, & souvent avec du sang que les pauvres Martyrs s'étaient fait sortir, par faute d'encre ; les autres en assez mauvais langage, selon qu'ils étaient de diverses nations ou gens de métier, que j'ai fait traduire & redresser le plus fidèlement que faire se pouvait.
De leurs interrogatoires & réponses qui ont été quelquefois tirées des Greffes, tout y est coutumièrement si confus & couché à l'appétit des Greffiers ou ignorants ou malins, que besoin a été d'en donner
des extraits sommaires, en gardant une même substance des Demandes & Réponses.

Bref en ce dernier point tout mon but a été d'écrire la vie, la doctrine, & la fin heureuse de ceux qui ont donné un témoignage suffisant en ayant scellé par leur mort la vérité de l'Évangile.
En somme,
celui qui voudra contempler la condition & l'état des fidèles de l'Église Chrétienne dans ces derniers temps ; portraits comme en tableaux naïfs, ces livres nous les figurent (représentent) par de vives couleurs à voire & en particulier (en détail) et les représentent comme des miroirs luisants, montrant comment on doit se comporter en temps de prospérité & d'adversité.

Et pour approcher de plus près à la disposition d'iceux. & les représenter devant les yeux (combien (plutôt) que d'éplucher par le menu le profit qu'on en peut recueillir, soit chose de plus longue déduction) je toucherai en (je ferai un) bref sommaire ce qui suffira pour montrer l'instruction & la consolation qui adviendra de la pleine observation & lecture d'iceux (de ces derniers).


Table des matières

1) Jean 7 : 8 & 10 : 2 

2) Matthieu 9 & 12 : 3 

3) Jean 9 & 12 

4) Luc 4 

 

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