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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORTpour la vérité de l'ÉvangileNous avons commencé ci-dessus le récit des persécutions de l'Eglise par Néron, pour les raisons qui ont été déclarées. Ce sera aussi par lui que nous commencerons le présent discours, proposé aux fidèles pour les assurer que celui qui garde l'Eglise ne sommeille point. Ainsi donc Néron ayant essayé par tous les moyens d'abolir la religion Chrétienne, fut lui mêmes aboli par un jugement admirable du Seigneur. Car les Provinces & leurs gouverneurs se révoltèrent contre son obéissance; puis les archers de sa garde l'abandonnèrent. Etant abandonné & ne trouvant ami aucun en lieu que ce fut, le Sénat Romain le condamna à une mort très ignominieuse, comme ennemi de la ville & de l'empire de Rome. S'étant
mis en fuite aux environs de
minuit, avec son bardache
(1) Sporus, la foudre tomba devant lui, sans toutefois le toucher,
car il n'était pas digne de mourir de la sorte; car il
fallait qu'il mourût de sa méchante main, & qu'il se tuât
lui-même. Mais la vengeance de Dieu ne cessa pas pour ce coup là. Car en ce temps moururent de peste plus de 30000. citoyens de Rome.
...
Après la mort de Néron une très cruelle guerre civile éclata,
dans laquelle mourut un grand nombre de
Romains. Dans ce
même temps furent élus Empereurs, Galba en Espagne, Vitellius en
Allemagne, & Vespasien en Syrie. Voila comment le sang des Chrétiens fut chèrement vendu & vengé sur les Romains. Tout ceci advînt entre les Gentils & Païens, pendant que la vengeance de Dieu était déployée sur les Juifs dans leurs guerres, au siège, & dans la destruction de Jérusalem. Car en la 2. année de l'Empire de Vespasien, Jérusalem fut brûlée & réduite en cendres, suivant ce qu'en avaient prédit Jésus Christ & les Prophètes.
Mais
ces vengeances épouvantables ne purent retenir l'Empereur Domicien,
fils de Vespasien, qu'il ne persécutât aussi les
Chrétiens.
A cause de quoi il fut tué par ses gens mêmes, & enseveli sans
aucun honneur. Le Sénat commanda que son nom fût entièrement
effacé & que ses statues fussent jetées par terre &
brisées
Du
temps de l'Empereur Trajan, parce qu'il avait aussi répandu beaucoup
de sang Chrétien, ainsi que l'avons entendu
ci-devant,
survinrent à Rome & dans tout l'Empire de
grandes
calamités. Le
même Orose dit que du temps des Empereurs Antonin surnommé le
Véritable, &
de
Lucius, après qu'ils eurent persécuté l'Eglise, survînt une
horrible peste, laquelle emporta tous les habitants de beaucoup de
villages & de
bourgades d'Italie, tellement qu'il n'en resta pas un seul, &
les
lieux habités devenaient déserts.
La
ville & l'Empire de Rome furent plongés dans le sang des
Romains, parce que l'Empereur Septième Sévère persécuta l'Eglise
Chrétienne. Car durant son gouvernement il y eut trois
guerres civiles pendant lesquelles Julien,
Pescennius Niger, &
Claudius Albinus s'élevant contre lui, furent déconfits avec un
grand nombre de soldats Romains. Jules Maximin, meurtrier des Chrétiens, fut tué par ses gens propres, avec son fils Maximin le jeune, au siège de la ville d'Aquilée. Et disait-on parmi le camp, que d'une méchante race il ne fallait laisser en vie un seul petit. On leur coupa les têtes, & étant fichées à des piques. elles furent montrées à ceux d'Aquilée, puis envoyées à Rome, & là brûlées publiquement, avec de grandes moqueries & risées, pui leurs corps furent trainés en l'eau. Mais
l'Empereur Decius ne s'amenda
en voyant
la fin malheureuse de ses prédécesseurs, mais il
se rua furieusement sur l'Eglise de Dieu, & répandit
beaucoup de sang innocent, comme nous avons montré ci devant. Dieu
l'en châtia aussi, car il fut tué avec son fils Decius par les
barbares Scythes, ou Tartares. Etant au combat contre ses ennemis,
son cheval s'enfonça
dans
des marécages, où Decius finit ses jours ; on ne peut-on
jamais trouver son corps, car le diable l'emporta, & il
ne faut point douter que ce n'ait été au lieu assigné à tel
meurtrier, à savoir au fond d'enfer. Ainsi fallait-il que la mort étranglât ceux qui voulaient suffoquer (étouffer) l'Évangile, qui est la parole de vie.
Saint
Cyprian écrivant contre Démetrien touchant cette persécution de
Decius, dit : « Nous sommes certains & assurés que tout ce que
nous souffrons ne demeurera pas longuement ainsi, & que tant
plus
grande sera la persécution, plus notable et terrible en sera la
vengeance. Gallus, successeur de Décius, ne régna que deux ans, au moyen de quoi il n'eut pas tant de loisir (repos) que Satan eût désiré pour continuer la persécution. Cependant il ne lassa pas de faire beaucoup de mal en peu d'espace, suivant le train de son prédécesseur, bannissant spécialement les fidèles. Mais il en fut salarié : car étant assailli par Emilien qui depuis fut Empereur, ses soldats l'abandonnèrent, tellement que lui & Volusien son fils furent massacrés. Peu auparavant il avait été si lâche, que, pour faire alliance avec les Scythes, il avait assujetti le peuple Romain à leur payer tribut chacun année.
En
ce temps une peste horrible envahit plusieurs provinces, &
spécialement l'Egypte ; la contagion dura plus de douze ans
entiers.
Valérien
provoqua la huitième persécution, durant
laquelle plusieurs
bons serviteurs de Dieu & ministres de sa parole furent
exécutés
à mort, comme il dit a été ci-devant. Après
la prise de Valérien , tout l'empire Romain fut en troubles. En un
même temps, dans
plusieurs lieux, il y eut trente personnes diverses qui prirent
le titre & l'autorité d'Empereur. Aurélien,
au commencement de son empire, traita doucement les Chrétiens; mais
sur la fin , ne pouvant celer (maîtriser)
son naturel cruel & barbare, il
délibéra de persécuter l'Eglise de Dieu aussi furieusement que ses
prédécesseurs. Et comme il était dans
cette poursuite, la foudre du ciel tombant à ses pieds l'effraya,
&
il
se
retira quelque peu; mais s'étant conformé dans
sa délibération sanguinaire, Dieu tourna le glaive de ses propres
domestiques à l'encontre de leur maître, tellement qu'il fut tué
par les siens entre Byzance &
Héraclée.
Plusieurs
disent qu'il mourut de mort soudaine, en voulant soussigner quelques
lettres contre les Chrétiens. Or tous s'accordent en
ce point qu'il mourut de mort violente. Dioclétien & L'Eglise de Dieu eut quelques trêves depuis la mort d'Aurélien jusqu'au 19. an de l'empire de Dioclétien & Maximien, qui gouvernaient ensemble l'Orient & l'Occident. Mais, à cause du peu de zèle des Chrétiens, & pour les contentions (disputes) entre les Pasteurs & Docteurs, le Seigneur voulant purger les ordures de son Eglise, lâcha la bride à ces deux tyrans qui, premièrement firent raser tous les temples des Chrétiens, puis brûler les livres de Théologie; après ils chassèrent tous les officiers & les magistrats faisant profession de la religion, décernèrent (décidèrent) des prises de corps contre les ministres, les anciens & tous autres qui avaient eu charge dans l'Eglise. Finalement, ils ordonnèrent que les Chrétiens seraient contrains par tous les tourments, dont les bourreaux s'aviseraient, pour renoncer leur religion & sacrifier aux idoles, ce qui fut exécuté d'une façon cruelle à tel point qu'il y eut un nombre infini de martyrs. En
17. jours il
y en eut trente mille exécutés à mort, & autant ou d'avantage
enchaînés & conduits aux métaux & perlières (carrière
de pierres)
, tourments ressemblant en quelque sorte à la punition des Galères
d'aujourd'hui.Plusieurs
racontent que Dioclétien entra dans une
telle rage
contre les Chrétiens, que mêmes il fit mourir sa propre femme,
nommée Séréna , parce qu'elle était Chrétienne. Plusieurs
racontent que Dioclétien entra dans une
telle rage
contre les Chrétiens, que mêmes il fit mourir sa propre femme,
nommée Séréna , parce qu'elle était Chrétienne.
Une
ville de Phrygie fut brûlée & réduite en cendres avec tous ses
habitants, mêmes les magistrats, capitaines & gouverneurs de
l'Empereur, parce qu'ils avouèrent tous la pure
doctrine,
sans qu'un seul d'entre eux voulût faire abjuration. Or ces meurtriers, voyant les Chrétiens avoir toujours bon courage, ils commencèrent à se lasser de commettre des meurtres aussi horribles, ils procédèrent d'une autre façon moins rigoureuse, à ce qui leur semblait. Ils faisaient prendre & assembler les Chrétiens par milliers; puis on leur crevait l'œil droit, & on brûlait d'un fer chaud leur jarret gauche, tellement qu'ils étaient rendus borgnes & boiteux : cela fait, on les menait fouïr (creuser, piocher) aux mines. Voila comme les enfants de Dieu furent traités.
Maintenant
considérons quel payement reçurent ces brigands horribles. Durant la persécution, il y eut un grand tremblement de terre à Tyr & Sidon , où plusieurs milliers d'hommes furent tués par la chute des édifices. Il en advint autant à Rome & dans quelques autres quartiers d'Italie.
Flaccus,
prévot de Spolette, après avoir fait mourir Grégoire, Évêque du
lieu, fut frappé de Dieu, & rendit l'esprit avec les entrailles
qui sortirent de son corps.
Diocletien
& Maximien eurent pour successeurs Constantius Clorus, père de
Constantin le grand, & Galérius Maximin. Son lieutenant général nommé Maximin s'enflamma aussi furieusement au point que, pas un des précédents persécuteurs n'agit ainsi à l'encontre de l'Eglise. Il fit graver sur des tables d'airain la condamnation des fidèles , & fit attacher des tableaux à des colonnes dans places publiques des villes & les lieux de son gouvernement.
Ce
qu'étant fait, l'Eglise fut si cruellement affligée , que plus de
quatre vingts mille martyrs furent emportés par cette tempête. Enfin, ayant été défait dans une bataille par Licinius, il se dépita contre ses prêtres & devins qui l'avaient induit à cette guerre, & il en fit mourir la plupart; puis étant soudainement tombé fort malade, il fit un autre édit, par lequel il permettait aux Chrétiens le libre exercice de la religion. Cependant, il ne se convertissait-il pas à Dieu de bon cœur & ne faisait cela seulement que pour essayer de trouver plus d'aide envers ce Dieu des Chrétiens que vers ses dieux qui l'avaient trompé , & pour se rendre moins suspect aux Chrétiens, afin de ne pas les avoir pour ennemis, lors qu'il assaudrait (attaquerait) Constantin & Licinius, comme il avait délibéré. Mais étant sur ce point, & ayant déjà appareillé son armée, il fut surpris par de grandes douleurs d'entrailles, & de coliques fort violentes qui le maniaient tellement qu'il ne pouvait se coucher, mais se jetait penché contre terre. Et alors qu'auparavant ç'avait été un grand gourmand & un ivrogne démesuré, il ne pouvait plus avaler ni goûter même un seul morceau de viande, ni seulement sentir l'odeur du vin. Ainsi étant... consumé par le manque de nourriture, il fut contraint de connaître la juste vengeance de Dieu sur lui, & confesser qu'il était puni pour ses crimes. Finalement il perdit la vue & mourut dans cet état.
Après
la mort de Constantius, père Maxence. de Constantin, les soldats des
vieilles bandes conspirant ensemble élurent pour Empereur d'Occident
Maxence, fils de Maximien , pour être compagnon de Galérius.
La
plupart de ceux qui avaient favorisé Maximin furent exterminés,
spécialement les persécuteurs de l'Eglise : entre lesquels furent
Peucetius & Quintien hommes sanguinaires jusqu'au bout,
lieutenant de Maximin & ses plus favoris. Un autre, nommé Theotecnus, gouverneur d'Antioche, y fut exécuté à mort avec plusieurs autres par le commandement de Licinius, d'autant qu'entre autres méchancetés il avait fait croire au peuple qu'une idole de Jupiter avait parlé & commandé qu'on chassât les Chrétiens hors des villes & de leurs alentours. Les enfants & les parents de Maximin furent aussi exécutés à mort. Sa mémoire condamnée comme celle d'un tyran & ennemi juré de la gloire de Dieu , ses armoiries effacées de tous lieux, rompues & brisées, entant (autant) que faire se peut. Toutes les images élevées en son honneur furent mises en poudre avec ignominie & moqueries piquantes : ainsi toutes les marques d'opprobre dressées contre les Chrétiens furent effacées partout, & la paix rendue aux Églises par ce bon Empereur Constantin. Licinius, compagnon de Constantin, favorisa les Chrétiens au commencement; puis après s'étant bandé (tourné) contre eux, il fut assailli & vaincu en guerre par Constantin. Mais il ne put s'empêcher de recommencer , ce qui occasionna (obligea) Constantin de commander qu'on le fît mourir : ce qui fut exécuté.
Julien,
surnommé l'Apostat, ennemi juré de Christ & des Chrétiens
qu'il appelait Galiléens, par moquerie, fit le pire qu'il put
à l'Eglise, environ 366. ans après la venue de Jésus Christ.
Ayant
ainsi combattu Jésus Christ, il alla faire la guerre aux Perses,
jurant qu'à son retour il exterminerait tous les Chrétiens; mais
c'était conter sans l'hôte comme on dit; car il y fut transpercé
d'un coup de trait, sans qu'on ait pu bonnement savoir d'où est venu
le coup : la plupart estime qu'un Ange l'a fait plutôt qu'un homme. Un sien oncle aussi nommé Julien, avait pissé sur la table sur laquelle les Chrétiens d'Antioche célébraient la sainte Cène, & battu à coups de poing l'Évêque nommé Euzoius, qui le reprenait de cette vilaine impiété. Peu de temps après il fut saisi d'une grave maladie de pourriture d'entrailles, ne pouvant pisser ni vider son ordure que par sa bouche infâme, ainsi , il mourut malheureusement. Sozomene ajoute que la chair pourrie de ce vilain se convertit en vers qui ne cessèrent de le ronger tout vif, & qu'il n'y eut aucun remède quelconque pour les empêcher qu'ils ne le mangeassent entièrement.
Un
trésorier de Julien , regardant les vaisseaux (vase,
coupe) de ce temple d'Antioche, desquels on se servait pour
la S. Cène, en se moquant commença à dire : «Sont-ce ici les
gobelets desquels on sert ce fils de Marie? »
Valens,
Empereur Arien, fit noyer par un coup de
trahison,
quatre vingts ministres de diverses Églises , comme Socrate le
raconte , & ce environ l'an du
Seigneur 371.
On
ne saurait dire combien les Vandales, Huns, Goths & autres
peuples barbares ont répandu de sang Chrétien dans
l'espace
de quatre vingts ou cent ans, qu'ils ont fourragé l'Afrique &
l'Europe.
Les
Vandales, ayant occupé l'Afrique , & déchassé (chassé)
entièrement les Romains de leur domination, firent la guerre, par
l'espace de huitante ans (80
ans), aux Églises de ce pays-là, d'autant plus
qu'elles ne voulaient point recevoir l'Arianisme.
Voyons
maintenant comment leurs Rois ont été traités. Croscus , Roi des Vandales , après Stilicon, voulant assiégés Arles, fut fait prisonnier, & mené par toutes les villes & les places où il avait affligé les fidèles : finalement, après plusieurs tourments,il fut cruellement mis à mort. Gunderic, successeur de Croscus, ayant pris Hispale (4), commença à s'enorgueillir, à menacer & à persécuter l'Eglise de Dieu; mais il fut saisi d'un esprit malin, & mis à mort par celui-ci dans la seconde année de l'empire de Valentinien & Théodose le jeune, comme Sigebert (5) le raconte dans ses Chroniques. Gensérich
son successeur, tyran très cruel, persécuta à outrance les Églises
d'Afrique durant l'Empire de Théodose le jeune, &
de son
fils Hunneric aussi, comme cela est amplement
décrit par Victor, Évêque d'Urique, dans
ses livres de la persécution des Églises d'Afrique. Proculus,
lieutenant de Genséric, pilleur de temples , &
brûleur
des livres de l'Ecriture
sainte, devint enragé, & s'étant tronçonné la langue par
pièces bien menues, mourut en désespoir. Pendant
la persécution sous le même Genséric, un capitaine Vandale avait
trois esclaves Chrétiens , à savoir deux serviteurs & une
servante ; il les
tourmentait chacun jour avec
de nouvelles tortures, tellement qu'on leur voyait les entrailles;
mais Dieu les ayant fortifiés & guéris, ce tyran ne se
lassa pas de continuer, si
bien que
la fureur de Dieu l'environna de telle sorte, que lui, ses filles
&
son bétail moururent soudainement. Trasimond succéda à Hunneric; mais il ne traîta pas les Chrétiens plus doucement que ses prédécesseurs, aussi n'échappa-t-il point à la main de l'Eternel, lequel donna la victoire à ses ennemis qui le défirent avec la plupart des Vandales : tellement que de dépit & de regret il mourut comme forcené (fou) bien peu après, comme Procopius & Euagre (6) le racontent. Hildericus son fils fut Chrétien, & ne rétablit point les Églises; mais il fut pris par les embûches d'un nommé Gilimer qui le priva du gouvernement & se fit Roi. Ce Gilimer régna cinq ans, pendant lesquels il recommença la persécution; mais (comme il a été dit ci-dessus) . Bellisaire le défit, & extermina cette maudite nation de Vandales infectés du venin d'Arias.
Quant
aux Huns, Goths & autres semblables, qui pour un temps ont
ravagé
furieusement, & fait un million de maux à la pauvre Eglise de
Dieu, ils ont aussi été fouettés avec leurs rois, comme les
exemples suivant le démontrent. Rhadagaisus
Roi des Goths, ennemi juré & persécuteur horrible des
Chrétiens, faisant de grands aprêts (préparatifs),
pour ruiner l'Eglise, tomba avec toute son armée sous
la
puissance de ses ennemis qui, après lui avoir fait mille opprobres,
le firent mourir publiquement & cruellement , avec grandes
risées
& moqueries de tous ceux qui le virent. Attila, fléau épouvantable du Seigneur & terrible tyran s'il en fut jamais, duquel Théodose le jeune fut tributaire pour un temps afin de garantir les Églises d'Orient, après avoir répandu une mer de sang Chrétien , l'an sixième de son règne & le propre jour de ses noces, s'étant ennivré , fut frappé d'une apoplexie, & suffoqué (par un juste & visible jugement de Dieu) par son propre sang, dans lequel il se baigna jusqu'à la gorge , crevant par le moyen d'une chose dont il avait été tant altéré en toute sa vie.
Théodoric,
Roi des Goths, ou Théodoricj West-Goths , Arien & grand ennemi
des fidèles, fit meurtrir Symmachus , Boetius & plusieurs
autres
bons personnages: mais Dieu le frappa tellement en l'entendement
(dans
sa raison), que
voyant un jour un poisson sur sa table ayant la gueule ouverte, il
s'imagina que c'étaient les têtes de ceux qu'il avait fait mourir
injustement ; sur ce , il tomba dans une
extrême
mélancolie & désespoir, & finalement mourut sans
repentance
, trois mois ou environ après avoir fait meurtrir Jean, Évêque de
Rome. Blondus raconte qu'il fut frappé d'apoplexie. Amalaric, prince entre ces peuples-là, persécuteur de sa propre femme qui était Chrétienne , fut défait & tué avec la plupart de son armée par son beau frère Childebert, Roi de France, comme Procopius & Grégoire de Tours en font mention. Les Allemands, confédérés des Goths, après avoir ruiné & mis en désolation les Églises d'Italie, furent punis selon leurs mérites, car une partie fut tuée en guerre, les autres chargés de butin furent détroussés, massacrés & précipités des montagnes en bas par les Huns & autres garnements (mauvais sujets). Ceux qui se sauvèrent furent étouffés de peste, là où ils s'étaient retirés Leurs capitaines Lutarius & Bultin furent traités de mêmes; car le premier devint enragé , & s'étant déchirés lui-même à belles dents, mourut ennivré & foulé de son sang propre. Peu de temps après, son frère Bultin fut défait & tué avec son armée de 30. mille hommes, desquels n'y eut de sauvés que 5. qui échappèrent de bonne heure. Du temps de l'Empereur Justinien, les Huns, cruels persécuteurs des Églises de Thrace & de Grèce, furent châtiés comme les précédents, par les capitaines de l'Empereur, qui les défirent de telle sorte que leur nom même s'évanouit dans ces quartiers-là, comme Agathius le raconte au 5. livre de la guerre des Goths. Antharis, Roi des Lombards , homme méchant & ennemi des Chrétiens, mourut de poison à Pavie, par une juste vengeance de Dieu : ce que dit Paul Diacre au 3. livres des gestes des Lombards. Un autre Roi de ces peuples, nommé Gisulphe, pour entretenir la paix dans son royaume favorisait fort les Ariens; mais le Seigneur ne voulant endurer plus longtemps sa gloire être ainsi souillée, lui suscita un ennemi qui vainquit & défît ce Roi avec toute son armée, ruina toutes les villes & les temples des Ariens. Sa femme , après avoir été violée, fut empalée, les prisonniers, hommes vieux & jeunes furent tous tués, les femmes & les filles vendues, comme Paul Diacre (7) & Sabellic (8) le racontent. Il y a eu d'autres Rois & gouverneurs de ces peuples, qui suivant le train de leurs devanciers sont morts malheureusement (dans de tristes conditions). Parmi les autres nations aussi, Dieu a déployé son bras contre les persécuteurs de son Eglise , & ce d'une façon terrible , comme les histoires de 4. 5. 6. & 700. ans, après la venue de Jésus Christ, en portent de très évidents témoignages à quiconque les voudra tant soit peu feuilleter.
Nous
n'avons donc point ici spécifié les noms de tant de persécuteurs,
de toutes les parts du monde, qui ont été exterminés par
la fureur de Dieu , pace que cela demanderait un livre aussi gros que
cette histoire entière des Martyrs. Il nous suffit d'avoir montré
le chemin aux lecteurs qui rapporteront ici les noms des Perses,
Grecs, Romains, Français & autres grands & petits qui
ont
fait la guerre aux Églises, ou à quelques fidèles particuliers de
leur temps, ensemble les vengeances que Dieu en a faites, comme elles
sont spécifiées par les historiens. Phocas
donc après avoir traitreusement & cruellement fait mourir
l'Empereur Maurice avec sa femme, ses fils & ses
filles , régna huit ans en toute vilenie & méchanceté. Au bout
de ce temps, le sénat Romain & son propre gendre conspirèrent
contre lui de
façon à ce
qu'il tomba entre les mains de ses ennemis qui lui coupèrent les
pieds, les poings, les parties honteuses, la tête, & brûlèrent
son corps dans un bœuf d'airain, puis firent mourir de mort cruelle
ses enfants & tout son parentage. L'an
de Christ 613. Mahomet Arabe commença à se faire connaître, &
par le moyen de quelques Juifs, d'un moine nommé Sergius, hérétique
Nestorian & apostat, & d'un Arien nommé Jean
d'Antioche,
bâtit & composa son Alcoran (Coran)
qui contient les articles de la doctrine des Sarrasins & des
Turcs. Or
quoique
les adorateurs & les adhérents de Mahomet, à savoir les
Sarrasins , aient
été victorieux dans
ce monde , il
n'en n'ont pas moins
été plus semblables aux bêtes sauvages qu'aux hommes. Car comme
les bêtes sauvages sont nées pour tuer & être dévorées,
s'entretuent, s'entremangent, & se déchirent les unes les
autres, ainsi les histoires témoignent que les Sarrasins ont été
un peuple cruel &
sauvage.
Aussi ont-ils souventesfois (bien
des fois)
été défaits & déconfits par les Chrétiens.
La
première fut contre Abdiram, Roi des Sarrasins, qui fut défait près
de Tours, par Charles Martel, & trois cents septante cinq mille
Sarrasins tués sur le champ; il y demeura bien peu de Chrétiens, à
savoir 1500. ou environ. Cette bataille fut donnée l'an 730. De plus, la fin du Royaume des Sarrasins est épouvantable à entendre; car en elle on peut voir, comme dans un miroir, un manifeste témoignage de l'ire (la colère) de Dieu. Car Selym premier, père de Solyman, ruina & abolit le royaume des Sarrasins.
Premièrement,
il gagna, sous la conduite de Sinam Bascha, deux batailles à
l'encontre du Sultan Tomumbei, l'une vers Gaza en Syrie, &
l'autre en Egypte, près du grand Caire. Puis Selym mena toutes ses
troupes au Caire, & y eut bataille dans la ville avant de
pouvoir
gagner toutes les places fortes, par l'espace de deux jours &
deux nuits. Ce fut un piteux spectacle, de voir ce puissant Empereur de Syrie & d'Egypte être ainsi ignominieusement pendu à la vue de tous les siens. Ce Sultan fut le dernier prince des Sarrasins. Ils furent extirpés les Sarrasins & les superbes Mameluchs, tellement que Dieu leur fit sentir la force de sa main en vengeant le sang des fidèles sur ces vilains mâtins (terme d'injure, qui se dit d'un homme mal fait, mal bâti). On trouve cette histoire diligemment écrite par Paul Joue (9) dans ses histoires de notre temps. Les Turcs ont senti aussi la main de Dieu, punissant leurs cruautés ; bien des fois ils ont été défaits par les Chrétiens, & n'y a que Dieu qui sache quand, comment & combien ils seront fouettés ci-après. Cela est tout assuré, qu'il faudra qu'ils comparaissent devant le siège judicial (le trône) de Christ, comme tous autres peuples, & que là, ils rendent compte de ce qu'ils auront fait. On pourrait encore alléguer beaucoup d'histoires des châtiments des Papes persécuteurs de l'Eglise, ce qui serait trop long. Mais pour en dire quelque chose brièvement, Dieu les a aussi peu épargnés que les autres persécuteurs. Or, parce qu'il ne leur peut rien arriver qui les pique plus aigrement dans leurs consciences, ni qui les contriste d'avantage, que quand il y a gens qui leur résistent à bon escient & qui taxent leurs vices & leur infâmetés (Infamie prononcée par décision de justice), puis en ce qu'ils falsifient la doctrine de vérité, que leur siège est le siège d'impiété , & que le Pape n'a pas la puissance qu'il s'attribue : pour cette raison, de tout temps, Dieu a suscité des personnages , qui ont remontré que les anciens Évêques de Rome étaient, de fait & de nom, bons & vrais Pasteurs , mais que les Papes ne les ensuivent pas (ne marchent pas à leur suite). C'est ce qui a tellement irrité ces révérends pères, qu'ils se sont opposés à telles gens & qu'ils n'ont cessé jusqu'à ce qu'ils les aient fait mettre à mort comme leurs grands ennemis, malfaiteurs, hérétiques & sédicieux. Cependant, ils n'ont su ôter & éteindre un tel ver de leur conscience , qui les a continuellement rongés, ce qui est une vraie punition & châtiments.
Dieu
a suscité des Empereurs & des Rois puissants qui n'ont point
épargnés les Papes, mais se sont plaints d'eux, & les ont
gravement accusés & chargés. L'Empereur Frédéric, premier de ce nom, surnommé Barberousse, renvoya d'Allemagne à Rome les Légats des Papes, leur défendant de se trouver dans le pays de l'Empire , & aux Allemands de ne point en appeler à Rome. Le Pape Adrien quatrième se plaignant de cela, & admonestant l'Empereur que la couronne & l'Empire venaient du Pape de Rome, l'Empereur lui fit répondre que la couronne & l'Empire venaient de Dieu , non pas du Pape , ni de Rome. Cherchant à savoir pourquoi il avait chassé les Légats du Pape , il lui fut répondu qu'ils faisaient des pratiques en Allemagne, semaient des débats & des contentions (contestations, querelles), pillaient les Églises & n'étaient point prêcheurs , mais pêcheurs & voleurs; qu'ils ne se souciaient point du salut du peuple, mais seulement de leur bourse, ainsi que bien d'autres complaintes décrites par Nauclère, Génération trente septième , en la 761. page. Et au troisième livre de Radeuicus, chapitre dixième. L'Empereur Frédéric, deuxième de ce nom, Prince excellent & Chrétien, s'opposa aussi au superbe et turbulent Pape Grégoire IX. qui l'excommunia & le condamna par trois Bulles. Mais l'Empereur, avec plusieurs gens de bien, taxèrent vivement la tyrannie du Pape. On en trouve un ample discours dans le livre des épîtres de Pierre des Vignes (10), & en Nauclère. De ce temps là fut tenu un excellent Concile à Ratisbone, auquel Evrard, Évêque de Saltzbourg, fit une docte harangue contre le Pape & sa séquelle (sa suite), décrivant & taxant la tyrannie, l'orgueil , les vices et infâmetés des Papes de Rome , & prouva que le Pape était l'Antéchrist. Cette harangue est écrite par Jean Aventin , au 7. livre de son histoire de Bavière. Il fait aussi mention dans la même histoire , d'une défense & hardie harangue de Mainrard, Comte de Tyrol, qui avait été excommunié par le Pape Nicolas quatrième; mais il montra son droit, & appela le Pape Antéchrist. Aussi y eût il grand différent & débat entre le Pape Jean 22. & l'Empereur Louis 4. lequel avait, dans un écrit impérial , taxé fort vivement le Pape , l'appelant (entre autres choses) diable & Antéchrist, avec de bons & de vrais arguments, ainsi qu'il apparaît dans le 7. livre de l'histoire de Jean Aventin. Entre autres punitions & châtiments des Papes, l'un des plus graves est que les Papes se sont mis les uns contre les autres, avec des outrages , des guerres, des meurtres & des confusions étranges (désordres incompréhensibles). Onuphrius Panuinius (11), dans son abrégé des Papes, raconte depuis Grégoire 7. jusqu'à Urbain 6. (dans l'espace de 294. ans) sept grands schismes du siège de Rome, durant ce temps, il y eut sept fois deux papes à la fois, & finalement trois ; chacun d'entre eux voulant être appelé le vrai Pape , ils s'excommuniaient & se condamnaient l'un l'autre. Après cela, vint le huitième & grand Schisme, lequel commença au temps d'Urbain 6. & Clément 7. & dura 39. ans, jusqu'au Concile de Constance. Durant ce temps, les Papes se portèrent les uns contre les autres si impudemment & furieusement, par Bulles, brevets (actes officiels) & libelles (écrits diffamatoires) fameux , que si quelqu'un autre l'eût fait il eût été en danger pour sa vie. Ils s'appelaient l'un l'autre chismatiques & hérétiques & d'autres noms bien vilains & étranges. Qui a envie de voir leur belle vie, qu'il lise les livres de Thierry de Niem, & principalement le 3. liv. Ce Thierry fut serviteur & fort familier des Papes, tellement qu'il a pu parler de ces choses à la vérité.
Mais
outre ces punitions, il y a eu beaucoup de Papes assis en ce siège; durée
au siège; car depuis Grégoire 7. jusqu'à Grégoire 13. il y en a
eu environ 68.
Lucius
2. fut lapidé par ses gens. Nous
avons vu ci-devant (précédemment)
la fin de Boniface 8. Pape superbe & hautain, duquel on a dit
qu'il était parvenu au siège comme un renard, avait gouverné comme
un lion, & était mort comme un chien. Et quant à ce que quelques-uns allèguent, qu'au contraire, on voit par expérience plusieurs malfaiteurs & cruels persécuteurs qui meurent à leur aise & sans inconvénient, il nous faut dire, au contraire, que Dieu ne châtie pas tant seulement en ce monde , mais aussi après la mort corporelle , tellement que ceux qui échappent sa main en cette vie ne l'échapperont pas en l'autre. Ainsi qu'il est écrit en l'Évangile , de ce riche malheureux, qui avait eu ses bons jours , & ses aises dans ce monde , & qu'il faut maintenant qu'il souffre dans la flamme du feu. Les gens sages ont souhaité de tout temps que Dieu les fît plutôt souffrir en cette vie qu'en l'autre. Car on tient pour chose assurée , ainsi qu'elle est à la vérité , que les châtiments & punitions de l'autre vie sont plus grandes & plus sévères... que leurs détresses ne se peuvent exprimer.
Nous
pourrions ajouter que les écrits d'une infinité de bons personnages
de tous états dans l'ordre Ecclésiastique &
Politique ,
qui 150. ans avant que Wiclef & les autres
ci-après
nommés parlassent, se sont vivement opposés aux méchantes
pratiques de l'Antéchrist, ils ont découvert (montré)
son hypocrisie & sa tyrannie sur les consciences, ils
ont
exhorté les gens de bien à prendre garde des faux
Prophètes
: bref, ils ont retenu le fondement du salut,
& en
déplorant le misérable état de la pauvre Eglise, ils
ont
désiré que Dieu y pourvût, lequel exauça enfin leurs désirs &
prit compte de leurs gémissements, comme il sera
montré
ci-après. Car le méchant est manifesté, Babylone est chute (tombée) devant les yeux des Fidèles, qui par la parole de Dieu voient l'Antéchrist abattu ; ils se sentent vivifiés par Jésus Christ, en qui seuls ils cherchent, comme l'ont fait tous les Martyrs de l'Eglise primitive Chrétienne, réconciliation avec le Père céleste, sagesse, justice, sanctification, rédemption, gloire & vie éternelle. Ils renoncent à tous autres moyens de parvenir à salut, inventés par l'Antéchrist & les siens, qui ont forgé un dieu qui n'est ni parfaitement juste, ni parfaitement miséricordieux, qui ont eu un Jésus Christ dépouillé de la vérité de sa nature humaine , de ses offices de Roi, de Prophète & de Sacrificateur éternel; défiguré & renversé les sacrements de l'Eglise Chrétienne, laquelle ils ont accablée de traditions ridicules, supersticieuses & abominables, par lesquelles, en tant qu'en eux a été, après avoir enseveli la lecture, la méditation & la droite interprétation de la parole de Dieu , ils ont détourné les hommes de la considération de Jésus Christ & de son mérite pour les arrêter à eux mêmes, & faire chercher justice & vie en l'injustice & en la mort. Plusieurs sophistes & ignorants de notre temps ont calomnié ces Recueils des Martyrs par diverses sortes de mensonges. Mais n'ayant pu encore prouver (ce qu'aussi ils ne pourront jamais faire) par les témoignages de l'Ecriture sainte que LA CAUSE des Martyrs de notre temps soit différente de celles des vrais Martyrs anciens; au contraire la chose étant telle, que les premiers & derniers ont souffert pour la justice, pour le nom de Christ, comme Chrétiens & en faisant le bien, comme il apparaît amplement par leurs actes & par les procédures , laissons donc aboyer ces chiens, en attendant que Christ leur impose silence. Au
reste , parce qu'il ne peut pas se faire (selon qu'il ne demeure
toujours que trop d'infirmités dans
ceux qui sont les plus fermes) que les Fidèles qui lisent ces
Recueils ne soient merveilleusement agités en voyant une telle mer
de sang des enfants de Dieu & qu'ils ont
besoin d'être fortifiés de diverses manières
pour subsister au milieu des persécutions, quand le Seigneur daigne
nous
honorer en
voulant
que nous souffrions pour son Nom, nous
avons
ajouté ici un docte & Chrétien traité (12) fait par un bon
serviteur de Dieu, pour la consolation & l'instruction de tous
les Fidèles. |
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En préparation: TRAITÉ DES AFFLICTIONS ET PERSECUTIONS QUI ADVIENENT ORDINAIREMENT AUX FIDELES.
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