Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



VOYAGE DU CHRÉTIEN VERS L'ÉTERNITÉ BIENHEUREUSE


Chapitre XX

La Foire de la vanité


L'enfant de Dieu au milieu du monde.

 

Alors je remarquai qu'en sortant du désert, ils découvrirent une ville nommée la Ville de la Vanité, où se tient une foire qui dure toute l'année, et qu'on nomme aussi la Foire de la Vanité, parce que la ville où on la tient est de moindre valeur que la vanité même, et que tout ce qu'on y apporte et qu'on y vend n'est que vanité, selon la parole du sage: "Tout est vanité" (Ecclésiaste 1:2). Cette foire n'est pas établie depuis peu. Elle est fort ancienne, et il ne sera pas hors de propos d'en dire quelques particularités.

Il y a quelque mille ans que des pèlerins voyageaient vers la cité céleste comme ces deux dignes personnages, le Chrétien et le Fidèle. Mais Béelzébul, Apollyon et Légion s'étant mêlés dans leur compagnie, et ayant remarqué qu'ils devaient passé par la ville de la Vanité, ils trouvèrent bon d'y établir une foire où toutes sortes de vanités seraient exposées en vente. On y trouve des maisons, des jardins, des héritages, des charges, des dignités, des titres, des seigneuries, des royaumes, des voluptés et toutes sortes de divertissements; des impuretés, des malices, des hommes, des femmes, des enfants, des maîtres, des serviteurs, du sang, des âmes, de l'or, de l'argent, des pierreries, et je ne sais combien d'autres choses encore.

On peut encore voir, en tout temps, des tours de passe-passe, des tromperies, des spectacles, des danses, des réjouissances, des fous, des bouffons, des singes et autres choses de cette nature. On y trouve aussi des fripons, des voleurs, des meurtriers, des adultères, des parjures de toutes les couleurs, et tout cela sans qu'il en coûte rien.

Et comme dans les foires les moins renommées il y a divers quartiers qui portent chacun leur propre nom, et dans lesquels sont exposées certaines marchandises particulières, cela a aussi lieu dans cette foire. Ici c'est la cour d'Angleterre, ici la cour de France, ici celle d'Italie, et ailleurs celle de l'Espagne, d'Allemagne, etc. Dans chacune on peut trouver quelques vanités particulières.

Or, le chemin de la cité céleste passe, comme je l'ai dit, par la ville où se tient cette foire; celui qui entreprendrait de voyager vers la patrie céleste sans passer par cette ville serait obligé de sortir du monde (1 Corinthiens 5:10). Le Roi des rois lui-même, lorsqu'il était sur la terre et qu'il voyageait pour retourner vers son propre pays, fut obligé de passer par cette ville et de voir toutes ces vanités.

Quelqu'un même, je pense que ce fut Béelzébul, le plus puissant marchand de la foire, le sollicita d'acheter de ces vanités, lui offrant de le rendre maître de toutes les foires s'il voulait lui rendre hommage; En considération de sa dignité, Béelzébul le mena de cour en cour, et lui montra, en un moment, tous les royaumes du monde, pour obliger, s'il eut été possible, ce Sauveur béni à acheter quelqu'une de ses vanités (Luc 4:5). Mais ces marchandises n'excitèrent pas chez lui la moindre envie; c'est pourquoi il abandonna la ville et n'employa pas la valeur d'un denier à l'achat de quelque vanité que ce fût.

Vous voyez par tout ceci que cette foire est extrêmement ancienne et fort grande.

Il fallut donc nécessairement que nos pèlerins passassent à travers la foire; Mais à peine y eurent-ils mis le pied qu'il se fit un grand tumulte dans la foire, et que toute la ville, d'un bout à l'autre, fut dans le trouble. On peut attribuer ces changements à plusieurs causes.

Premièrement, ces pèlerins étaient vêtus d'habits fort différents de ceux des gens de la foire; C'est pourquoi ils attirèrent les regards de tout le monde: "Ce sont" , disaient quelques-uns, "des fous, des gens hors de sens", tandis que d'autres disaient: "Ce sont des étrangers".

Deuxièmement, si l'on était étonné de la singularité de leurs habits, on n'était pas moins surpris de leur langage, car il y en avait très peu qui l'entendissent parce que le langage de ces voyageurs était celui de Canaan, tandis que les autres parlaient le langage du monde. Bref, ces pèlerins étaient considérés comme des barbares par toux ceux de la foire.

Troisièmement, ce qui contribua, toutefois, le plus à exciter le trouble parmi les gens de la foire, ce fut le peu de cas que ces pèlerins faisaient de toutes ces vanités, car ils ne les estimaient pas même dignes de leurs regards. Et comme on leur criait d'acheter quelque chose, ils se mirent les doigts dans les oreilles et s'écrièrent: "Détourne mes yeux qu'ils ne regardent à la vanité", et aussi: "Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, regardez aux choses qui sont en haut et non à celles qui sont de cette terre" (Colossiens 3:1). En même temps ils levèrent les yeux en haut, par où ils faisaient connaître que leur conversation était celle des citoyens des cieux.

Il y eut un homme de la foire, entre autres, qui, les ayant observés, se tourna de leur côté et leur dit d'un ton moqueur: - Que voulez-vous acheter, vous autres!

Mais eux, le regardant d'un air fort sérieux et avec beaucoup d'assurance, lui répondirent: - Nous achetons la vérité (Proverbes 23:23).

Ce qui donna occasion de les mépriser de nouveau.

Quelques-uns se moquaient d'eux, d'autres les injuriaient, et d'autres n'en parlaient qu'avec beaucoup de dédain; Il y en eut qui en vinrent jusqu'à inciter les autres à les maltraiter. Enfin, il s'éleva un tel tumulte dans la foire que tout y était dans le désordre et dans la confusion. On le rapporta aussitôt au grand maître de la foire, qui se dépêcha d'envoyer quelques-uns de ses confidents, avec ordre d'examiner ces deux hommes et de trouver la source d'un si grand désordre.

Là-dessus, ils furent amenés par leurs examinateurs, qui leur demandèrent d'où ils venaient, où ils allaient, et ce qu'ils étaient venu faire là dans un accoutrement si extraordinaire. Ils répondirent qu'ils étaient des pèlerins étrangers, qu'ils allaient à leur patrie, la Jérusalem céleste, et qu'ils n'avaient donné aucune occasion ni aux bourgeois de la ville ni à aucun des marchands pour qu'ils agissent si mal à leur égard, en les arrêtant dans leur voyage, à moins qu'on ne voulût s'en prendre à eux à cause qu'ils avaient répondu: "Nous achetons la vérité", à quelqu'un qui leur avait demandé ce qu'ils voulaient acheter. Mais leurs examinateurs ne purent s'imaginer autre chose, sinon que c'étaient des fous, ou qu'ils étaient venus là exprès pour causer du désordre. C'est pourquoi on les fit enchaîner et mener en spectacle par toute la foire, où ils furent exposés pendant quelques temps, pour être livrés devant tout le monde à l'opprobre et à toutes sortes de malices et de violences. Enfin, ils furent couverts de boue; et le grand maître de la foire, qui était aussi présent, ne faisait qu'en rire. Quant à eux ils supportèrent tout avec patience, ne rendant point le mal pour la mal, ni outrages pour outrages, mais au contraire bénissant (1 Pierre 3:9). Ils rendaient de bonnes paroles pour des injures, et témoignaient de l'amitié à ceux qui leur faisaient tort.

Quelques-uns de ceux qui étaient à la foire, et qui étaient plus réfléchis que les autres, considérant la chose de plus près, commencèrent à s'opposer aux plus animés, et à les reprendre. Mais ceux-ci, ne pouvant supporter leurs remontrances, entrèrent aussi en fureur contre eux, et les saisirent en leur disant qu'ils étaient aussi méchants que les deux pèlerins qui étaient aux fers, qu'ils avaient bien la mine d'être leurs mais et de leurs partisans, et qu'ils auraient sans doute le même sort. Les autres répondirent que, quant à eux, ils ne pouvaient reconnaître ces deux hommes que pour des hommes vertueux, fort paisibles, qui n'avaient fait de mal à personne, et qu'il y en avait dans cette foire un grand nombre qui avaient mieux mérité d'être mis aux fers et même au carcan que ceux qu'on traitait si inhumainement.

Après beaucoup de paroles de part et d'autre, les deux voyageurs demeurant toujours dans la modération et dans la sagesse, on en vint finalement aux coups.

Alors les deux pauvres voyageurs furent ramenés devant leurs inquisiteurs et accusés d'avoir causé cette dernière émeute. Et après qu'ils eurent été battus impitoyablement et remis aux fers, on leur fit traîner leurs chaînes tout le long de la ville pour imprimer de la crainte à tous, et pour empêcher que personne n'eût la hardiesse d'intercéder pour eux ou de se ranger de leur parti. Cependant le Chrétien et le Fidèle se conduisirent avec tant de sagesse, et reçurent tous ces mauvais traitements avec tant de débonnaireté et de patience, que plusieurs, quoique en petit nombre en comparaison de la multitude des gens de la foire, en conçurent de l'estime pour eux et se joignirent à eux; ce qui augmenta la fureur de leurs ennemis, de sorte qu'ils résolurent de les faire mourir. C'est ce qui fut rapporté à nos deux voyageurs.


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