Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Deux compagnons d'infortune 

Jérémie DUPUY, de Caraman - Jean MASCARENC, de Castres


 A Puymirol 

Photo Delboy
LA PLACE ET LES COUVERTS DE PUYMIROL
(A gauche, la grand'rue à l'extrémité de laquelle se trouvait l'ancienne
citadelle où fut enfermé Dupuy)

Je fus conduit à Puymirol, et ils ne voulurent jamais me laisser prendre un cheval de louage à Agen, bien qu'un de leurs officiers le leur eût commandé en ma présence ; mais ils voulurent que je fisse ce chemin à pied, ce qui était une grande corvée pour moi dans l'âge où j'étais, et qui n'avais pas accoutumé d'aller à pied.

Puymirol est une petite ville sur une hauteur (1), au bout de laquelle est la citadelle du côté du levant, si bien qu'il fallait traverser toute la ville pour aller à la citadelle, et passer dans la principale rue qui est assez longue (2). Les habitants de cette ville avaient été presque tous de notre religion (3), et tout le monde était aux fenêtres pour nous voir passer, sur le bruit qu'on avait fait qu'on amenait quelques prisonniers, et l'on jugeait facilement, en nous voyant conduits par des soldats, que nous étions des confesseurs de Jésus-Christ, et qu'on nous menait là pour nous tourmenter, et pour nous obliger par la longueur des souffrances à changer de religion, comme l'on avait fait à bien d'autres, et même à plusieurs personnes de cette ville-là, de l'un et de l'autre sexe, qui avaient été prisonniers dans cette citadelle. Plusieurs soupiraient en secret, n'osant pas témoigner leur douleur au dehors, et tout le monde nous plaignait. L'on prenait Maillabiou, qui était jeune et bien mis, pour un officier de guerre (4), avec son justaucorps bleu ; et moi, avec mon simple habit et ma petite perruque, l'on me prenait pour un ministre. Nous entendions murmurer tout cela en passant, jusqu'à ce que nous voilà arrivés à la citadelle, où nous fûmes enfermés séparément, chacun dans un cachot.

J'avoue que la chair et le sang ne s'accommodaient pas trop bien de ces choses. Mon état était trop violent pour n'en être pas touché, et je n'étais pas insensible. J'étais seul dans un cachot où je ne pouvais voir personne, dans un pays où j'étais sans amis et sans connaissances, éloigné de mes parents et privé de tout secours humain ; mais en récompense, j'avais un secours incomparablement plus grand que celui des hommes. Dieu, qui par sa grâce ne m'a jamais abandonné, me faisait sentir son secours d'en haut, et par la vertu de son Esprit il me faisait supporter non seulement avec patience, mais même avec un courage intrépide toutes mes adversités et toutes mes souffrances, et je ressentais dans mon âme une consolation et une tranquillité qui ne se peut pas exprimer.

Gloire et louange soit rendues à notre grand Dieu de sa divine assistance, par laquelle il me faisait: triompher de mes ennemis par une sainte patience, même dans les cachots et au milieu des fers et des chaînes de ma captivité ! Lorsque je me représentais que Dieu me faisait l'honneur de m'appeler à souffrir pour son nom et de me choisir pour être un témoin de sa vérité, et un confesseur de Jésus-Christ, ma joie en était si grande qu'elle paraissait au dehors, malgré le triste état où j'étais réduit, par la rage et la fureur de nos ennemis, qui me menaçaient encore à tous moments d'un état plus déplorable.

Le gouverneur de la citadelle me vint visiter sur le soir. C'était un vieux officier qui avait servi longtemps dans les troupes. Il me demanda pourquoi l'on m'avait amené là, bien qu'il n'en ignorât pas le sujet. M. de Rozen, qui lui avait écrit, le lui avait appris par sa lettre, et les gens qui m'avaient conduit le lui avaient dit sans doute. je lui répondis que ma religion faisait tout mon crime, et qu'on ne m'avait conduit là que parce que je n'avais pas voulu l'abandonner contre les mouvements de ma conscience. Il me repartit d'un ton fort grave et fort sérieux : « Ne vous flattez pas là, Monsieur, il n'y a rien aujourd'hui de si délicat dans l'esprit du roi que cette sorte d'affaires ; et quand j'aurais dessein de vous faire plaisir je ne le pourrais pas ; nos ordres sont si exprès que vous ne devez pas attendre de moi un traitement favorable. je ne puis agir avec vous qu'à toute rigueur, car en un mot le roi veut être obéi et vous devez prendre là-dessus vos mesures. » je lui dis que j'aurais toujours une entière soumission pour les ordres du roi et pour les siens, pourvu que l'on ne voulût rien exiger de moi qui fût contre ma conscience et contre ma religion, pour laquelle j'étais prêt à souffrir toutes choses et la mort même s'il était nécessaire pour la gloire de Dieu.

Après qu'il eût su de moi mon nom et le lieu de ma naissance, il me demanda quelle était ma profession. je lui dis que je faisais profession des armes et que j'avais eu l'honneur d'être officier d'infanterie et de cavalerie dans les troupes du roi, ayant toujours porté les armes pour le service de Sa Majesté et jamais contre son service, quelques occasions que j'eusse eu pour cela dans les dernières guerres civiles. Nous parlâmes ensuite de plusieurs officiers que j'avais connus à l'armée, qui étaient aussi de sa connaissance ; après quoi il se retira, me faisant toujours de grandes menaces des mauvais traitements qu'il avait à me faire souffrir si je ne voulais pas obéir au roi et embrasser la religion romaine.

C'était le 26 février, jour de carême prenant de cette année-là. L'on peut juger si ce fut un bon carnaval pour moi. Il est vrai que j'étais déjà accoutumé depuis quelques années à passer le carnaval avec assez de retenue et de sobriété, sans rechercher les plaisirs ni la bonne chère, comme font les gens du monde. je demandai pourtant au soldat qui me gardait, auquel j'avais déjà donné quelque argent pour l'adoucir un peu, si je ne pourrais pas avoir quelque chose pour souper. Il me dit qu'il me fallait servir, pour me faire donner à manger, d'un hôte qu'il y avait assez près de la citadelle, qui avait été valet de M. le gouverneur ; que cela lui ferait plaisir, parce qu'il était bien aise que cet homme gagnât quelque chose ; que d'ailleurs cela serait plus commode pour moi, à cause qu'il avait l'entrée libre à la citadelle, et qu'il pourrait y venir toutes les fois que j'en aurais besoin. je consentis à tout ce qu'il voulut, et le priai de me faire porter à souper le plus tôt qu'il pourrait ; j'en avais bon besoin, ayant fait ce jour-là plus de chemin à pied que je n'en avais fait il y avait longtemps, ce qui m'avait fort fatigué. Enfin mon hôte vint et me porta à souper ; sa surprise fut assez grande ; il croyait de voir un homme fort triste, abîmé dans la douleur et dans le déplaisir, et cependant il trouva un homme qui le reçut avec un visage serein et un air fort tranquille. je lui fis toutes les honnêtetés possibles, et lui promis de le bien payer, pour l'obliger à m'être favorable et à m'assister au besoin, ce qu'il me promit de faire fort honnêtement.

En effet, j'en reçus toute sorte de bons traitements, autant qu'il lui fut possible sans choquer les ordres du gouverneur. Il fut extasié de me voir souper si tranquillement ; et comme c'était un bon homme, il eut de la compassion pour moi, me voyant en cet état. C'était Dieu qui, par son soin paternel et par sa bonté infinie, adoucissait ainsi le coeur des hommes en mon endroit, afin que je ne fusse pas chargé au delà de ce que je pouvais porter, à cause de mon âge, et il me donnait ainsi avec la tentation l'issue (5), en telle sorte que je la pouvais soutenir. je priai mon hôte de me faire porter un peu de paille pour me coucher, ce qu'il fit ; et de plus, il me fit encore porter une méchante couette, et s'excusa de ce qu'il ne pouvait pas m'en donner une meilleure, parce qu'il avait tous ses lits occupés par des officiers de cavalerie qui étaient en pension chez lui. je rangeai mon lit contre la muraille, et de l'autre côté je mis des pierres pour empêcher que la paille ne s'écoulât de dessous moi, car, pour la couette, il n'y avait presque rien dedans. je me couchai, m'étant couvert de mon manteau, et j'aurais peut-être assez bien dormi, n'était qu'en me tournant je rencontrais souvent ces pierres qui me blessaient le côté et qui m'incommodaient sensiblement. J'employai les veilles de cette nuit en méditations et en prières à Dieu, le suppliant très ardemment de m'assister par la vertu de son Esprit, et de me donner la force de continuer à combattre le bon combat, et la grâce de parachever ma course en gardant la foi, pour obtenir la couronne de vie, à la gloire de son grand nom (6).

Je faisais aussi de temps en temps des réflexions sur mon état, et, sachant la rigueur et la cruauté qu'on exerçait à l'endroit des prisonniers qui étaient détenus pour la religion, je n'en attendais pas moins, et je n'espérais pas un meilleur traitement que les autres. Mais prenant 'les choses au pis, je tâchais de me fortifier avec la grâce de Dieu contre tous les maux qu'on me pourrait faire endurer, et contre la mort même, si j'étais obligé de la souffrir pour glorifier Dieu, la regardant comme la fin de mes travaux et de mes souffrances, et comme l'entrée à la vie éternelle et bienheureuse que Dieu a promise dans sa parole à ceux qui persévéreront jusqu'à la fin. je ne voyais point de jour à sortir de cette prison ; la rage de nos ennemis était alors si grande qu'il n'y avait pas d'apparence d'en pouvoir sortir que par la fin de ma vie ; mais je me consolais dans l'espérance que j'avais en la grâce et en la miséricorde de Dieu, et dans la confiance que j'avais en ses promesses, étant toujours fortement persuadé qu'il ne m'abandonnerait pas, et que, puisqu'il avait commencé cette bonne oeuvre en moi, il l'achèverait à la louange de sa gloire ; dans cette pensée, je redoublais mes prières à Dieu, avec toute l'ardeur dont je pouvais être capable.

M. le gouverneur vint encore le lendemain à la citadelle ; il crut qu'il était de son devoir de faire tous ses efforts pour m'obliger à changer de religion suivant la volonté du roi ; car alors chacun se faisait une affaire de travailler à cet ouvrage, et chacun croyait de bien faire sa cour en s'érigeant en convertisseur. Mais comme ce gouverneur était persuadé tant par les discours que nous avions eus ensemble, que par ma façon d'agir, pleine de résolution et de confiance en la grâce de Dieu, que je ne me laisserais pas ébranler, ni par les promesses, ni par les menaces ; comme il n'était pas trop savant en religion, il s'avisa d'amener avec lui le curé de Puymirol, qui était un bon homme, et qui n'était pas ignorant. M. le gouverneur voulut que j'eusse quelques conférences avec ce curé, de quoi je ne pouvais pas m'empêcher.

Ce curé, sans se servir des ruses des jésuites et des autres convertisseurs de ce temps, qui ne nous attaquent jamais par la dispute que nous avons avec eux sur les principaux dogmes de la religion, parce qu'ils n'y trouvent pas leur compte, mais bien par d'autres voies écartées, comme sur la visibilité et perpétuité de l'Eglise, sur son infaillibilité , et sur la suite du ministère, parce que c'est un champ vaste et large sur lequel ils s'étendent tant qu'il leur plaît et où ils trouvent mille détours et mille fuites pour allonger le discours tant que bon leur semble et ne venir jamais à la conclusion ; ce curé n'en usa pas de même, car, après les premières civilités, il m'attaqua sans façon sur le différend que nous avons avec eux au sujet du sacrement de l'Eucharistie. Il allégua, pour soutenir son opinion, les paroles de notre Seigneur lors de l'institution de ce sacrement, et celles du sixième chapitre de l'Evangile de saint Jean, et ensuite plusieurs passages des Pères. je lui répondis le mieux qu'il me fût possible, selon les lumières que Dieu m'a données, et je lui prouvai par plusieurs passages de l'Ecriture et des Pères que les paroles de notre Seigneur sur l'institution de ce sacrement et celles du sixième chapitre de saint Jean se doivent entendre en un sens figuré, aussi bien que les passages des Pères qu'il avait allégués, car autrement ils seraient contraires à eux-mêmes et aux autres Pères dont je lui avais cité un assez bon nombre de passages qui ne peuvent en aucune manière s'accommoder à l'opinion de la transubstantiation, ni à la présence corporelle de notre Seigneur Jésus-Christ au saint sacrement de la Cène. I

l fut un peu surpris, parce qu'il ne s'attendait pas qu'un homme de ma profession se défendît de cette manière. Il me fit encore quelques visites, mais nous n'entrâmes plus en dispute sur les dogmes ; il se contenta de me faire des remontrances sur l'obéissance que je devais rendre au roi, à l'exemple de tant d'autres, et sur le péril auquel je m'exposais, si je refusais d'obéir à Sa Majesté. je répondis toujours qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qu'après avoir rendu à César ce qui appartient à César, je voulais aussi rendre à Dieu ce qui lui appartient ; que je n'appréhendais pas les maux qu'on me pourrait faire souffrir, ni la mort même, qui n'est pour les fidèles qu'un passage dans une meilleure vie ; que toutes les souffrances dont on me menaçait étaient autant de portes qu'on m'ouvrirait pour me faire entrer plus tôt dans le paradis ; que j'étais persuadé que Dieu ne m'abandonnerait jamais, et que là où les afflictions abonderaient, il y ferait aussi abonder ses consolations comme je l'avais déjà éprouvé plusieurs fois ; avec cela, il me laissa en repos. Mais cependant on me faisait d'ailleurs tous les jours de nouvelles persécutions.

Peu de jours après, Mgr l'évêque d'Agen (7) vint à Puymirol, et l'on me dit qu'il viendrait à la citadelle pour tâcher de me convertir et me faire changer de religion, comme il avait fait changer dans Agen tous les autres qui avaient été arrêtés avec moi, hommes et femmes, à la réserve de M. Mascarenc, qui était encore dans la prison, parce qu'il n'avait jamais voulu abjurer sa religion. Je fus un peu surpris de ce que M. de Mollens avait succombé si tôt. C'est un gentilhomme qui a beaucoup d'esprit et de coeur, et qui ne manque pas de lumières et de belles connaissances pour la religion ; mais il est d'un tempérament violent et impatient, n'étant pas capable de se résoudre à souffrir une prison perpétuelle, et ne voyant pas d'autre moyen pour en sortir, il se résolut à faire son abjuration, dans le dessein de se sauver ensuite comme il fit, s'étant embarqué peu de jours après à Bordeaux pour sortir du royaume (8). L'on m'a dit qu'il avait répondu fort plaisamment à un chanoine que Mgr l'évêque d'Agen lui avait envoyé pour l'instruire. Ce chanoine lui disait : « Eh bien, Monsieur, vous êtes bien satisfait, sans doute, des raisons que je vous ai dites, par lesquelles je vous ai fait voir que vous ferez bien d'embrasser notre religion ? »

- « Monsieur, lui dit M. de Mollens, je crois que vos raisons sont bonnes, mais la plus forte de toutes c'est que je suis en prison. » Mine de Mollens n'ayant pas été assez à temps à Bordeaux pour s'embarquer avec son mari, fut prise un soir sur le port, où elle devait s'embarquer cette nuit-là pour le suivre (9). Elle a souffert longtemps dans les prisons et dans les couvents, n'ayant jamais voulu faire aucune fonction de cette religion qu'elle avait embrassée par force ; mais enfin le roi la fit sortir lorsqu'il fit sortir tous les confesseurs qui étaient dans les prisons.

Je m'attendais d'être extrêmement pressé par Mgr l'évêque d'Agen, qui est un homme de bel esprit et grand prédicateur (10) ; mais comme c'est aussi un homme qui a de l'ambition et de la vaine gloire, et qu'on lui fit connaître que j'étais extrêmement ferme dans ma religion, de laquelle j'étais assez bien instruit, et si fort persuadé que c'était la religion de Jésus-Christ, qu'il y avait apparence que je ne l'abandonnerais pas, il ne voulut pas s'exposer, et crut que ce lui serait une honte si je tenais ferme devant lui. Car enfin ces messieurs ne veulent pas se commettre ; ils n'attaquent guère personne qu'ils ne soient assurés d'en remporter la victoire, et ils ne cherchent pour cela que des gens faibles, ou qui sont déjà tout ébranlés par les considérations du monde ; de quoi on lui avait dit que j'étais fort éloigné, traitant les avantages du monde avec mépris, et ne cherchant que la gloire de Dieu, comme je l'avais déjà assez témoigné.

Enfin, que ce fût pour ces considérations, ou pour quelques autres encore, tant il y a que cet évêque ne vint point à la citadelle, mais M. le gouverneur y vint le samedi au soir, pour me dire que Mgr l'évêque devait prêcher le lendemain, et qu'il fallait que j'allasse ouïr son sermon ; que c'était un très-habile homme, que j'aurais du plaisir à l'entendre, et que même il pourrait me donner des lumières pour me faire connaître mes erreurs, et la vérité de la religion romaine. je m'en défendis le plus doucement qu'il me fût possible, ne voulant pas irriter ce gouverneur qu'il m'était nécessaire de ménager un peu. Cela fit qu'il m'envoya le lendemain matin quatre soldats pour me conduire au sermon. Alors je m'en défendis absolument, et je dis à ces soldats qui me pressaient, que je ne pouvais pas y aller, et que je dirais mes raisons à M. le gouverneur, qui en serait assurément satisfait. Ils se retirèrent et me laissèrent en paix achever ma prière que j'avais déjà commencée, et que je finis par le chant de quelques psaumes pendant que j'étais seul et que j'en avais la liberté.

Maillabiou fut attaqué après moi ; c'était un jeune homme qui aimait le monde, et qui avait du bien pour vivre à son aise, qui aimait ses plaisirs et sa liberté, et qui était déjà las de tenir prison ; ainsi les soldats n'eurent pas de la peine à l'amener au sermon, après lequel M. le gouverneur l'amena dîner chez lui avec Mgr l'évêque. On le cajola, on le flatta ; mais ce qui le flattait le plus, c'était l'espérance de sa liberté, et la promesse qu'on lui faisait qu'il n'entrerait plus en prison s'il voulait faire son abjuration entre les mains de Mgr l'évêque. Le plaisir qu'il avait de se voir hors de la prison, la crainte qu'il avait d'y rentrer, l'horreur des cachots, les mauvais traitements que nous avions reçus, ceux dont on nous menaçait encore, et le peu de jour qu'il voyait de pouvoir jamais recouvrer sa liberté que par cette voie, le firent bientôt résoudre à prendre le parti qu'on voulut. Malheureux jeune homme qui, ayant été bien élevé et ne manquant point d'esprit ni de connaissance, choisit néanmoins si mal dans une occasion où il allait de son salut ! Il aima mieux les plaisirs et la gloire du monde que celle d'être du nombre des enfants de Dieu, et préféra la jouissance des biens temporels qui ne fait que passer, à la possession de cet héritage céleste qui doit durer éternellement et qui ne peut être contaminé ni flétri, que Dieu a promis à ceux qui persévéreront jusqu'à la fin (11). Il succomba donc, et fit son abjuration entre les mains de cet évêque, qui partit le lendemain fort irrité contre moi de ce que je n'avais pas voulu entendre son sermon, et résolu de me nuire en tout ce qu'il pourrait, mais Dieu me délivra bientôt de ses mains.

M. le gouverneur ne manqua pas de me venir dire la nouvelle de la conversation de Maillabiou, et de la colère que Mgr l'évêque d'Agen avait contre moi, qui s'en était allé dans le dessein de me nuire de tout son pouvoir. Il se plaignit aussi de ce que je n'avais pas voulu aller à ce sermon, comme je le devais faire à sa prière et à sa considération. je lui dis mes raisons avec toute la douceur qu'il me fût possible, et le priai de considérer qu'un homme de bien et d'honneur ne doit jamais rien faire contre sa conscience. Il s'apaisa un peu, et cela fit que je pris la liberté de le prier de faire venir Maillabiou à la citadelle, que je lui parlerais en sa présence pour le prier de faire savoir à mes parents l'état où j'étais ; car je ne pouvais pas écrire, n'ayant ni encre, ni papier, ni là liberté pour le faire. Il m'accorda ma prière et envoya chercher Maillabiou qui vint à l'instant. je lui parlai en présence de M. le gouverneur, et le priai de passer chez nous, puisqu'il s'en retournait en ces quartiers-là et que cela n'allongerait pas son chemin, et d'avertir mes parents de ma prison ; mais M. le gouverneur s'étant écarté pour commander quelque chose à des hommes qui travaillaient à la citadelle, je demeurai seul avec Maillabiou. A peine osait-il lever les yeux ; la honte et la confusion qu'il 'avait de l'action qu'il venait de faire, faisait qu'il n'osait pas me regarder.

Enfin il me dit : « Que vous êtes heureux, Monsieur, de n'avoir pas voulu venir à ce sermon où j'ai été séduit ! J'ai malheureusement succombé, je le confesse et j'en ai un regret mortel. » je le consolai par l'espérance qu'il devait avoir en la miséricorde de Dieu, mais je lui dis qu'il n'y avait pas d'autre moyen pour rentrer dans sa grâce que celui de rentrer dans son Eglise, et d'abandonner la religion qu'il avait si malheureusement embrassée, qu'il connaissait bien lui-même pleine de corruption et d'idolâtrie, et que cette connaissance le rendrait plus inexcusable devant Dieu, qui lui avait donné de belles lumières, desquelles il s'était si mal servi. Il me promit qu'il abandonnerait bientôt le parti qu'il avait pris, et qu'il ne l'avait fait que pour avoir la liberté de sortir plus facilement du royaume, et pour donner gloire à Dieu à la première occasion; mais il n'a pas encore tenu sa parole (12). Dieu lui fasse la grâce de se reconnaître et de sortir bientôt de l'abîme où il est tombé, pour rentrer dans l'Eglise de Dieu, et l'édifier par son retour autant comme il l'a scandalisée par sa chute. Il se sépara de moi, et me dit adieu en m'embrassant la larme à l'oeil.

 

CHATEAU DE BELVEZE PRES DE ST-PAUL-CAP-DE-JOUX

 

Peu de jours après, un de mes neveux arriva à Puymirol, où il vint pour me donner ses assistances. Il avait appris ma prison et ma détention par un garçon de notre pays qui était dans Agen lorsque nous fûmes arrêtés. Ce neveu était un de ces nouveaux convertis qui soupirent et qui gémissent sous le joug de cette cruelle servitude où on les a fait tomber par la force et par la violence. Il m'avait suivi pendant quelque temps dans ma fuite, lorsque je roulais dans notre pays en attendant l'occasion de sortir du royaume, comme je l'ai déjà dit, et il ne me quitta qu'au troisième logement qu'on fit venir chez nous, sans qu'il eût encore le dessein de changer lorsqu'il se sépara de moi ; mais la dissipation que les gens de guerre faisaient de ses biens, la sollicitation de ses amis, et le mauvais exemple de tant de gens qui étaient tombés, le firent enfin succomber. Il me témoigna la douleur et le repentir qu'il avait de sa faute, le dessein qu'il avait de la réparer, de donner gloire à Dieu, et de sortir du royaume à la première occasion ; à quoi sa femme n'était pas un obstacle, car elle n'avait encore rien fait. Elle était encore debout et souhaitait autant que lui de tout abandonner pour la gloire de Dieu.

Cela me consola plus que toutes les offres obligeantes qu'il me fit, et toutes les assistances qu'il me donna, car je n'avais plus d'égard aux choses de la chair; je m'étais défait de l'amour-propre autant qu'il m'avait été possible, et je ne songeais plus qu'à glorifier Dieu, connaissant bien qu'il m'appelait à cela. je ressentais toujours de plus en plus les effets de son secours et l'assistance de son Esprit qui me fortifiait davantage lorsque j'étais dans les plus grandes épreuves. M. le gouverneur permit a mon neveu de me voir et lui donna pour cela toute la liberté qu'il voulut, croyant qu'il me solliciterait à faire ce qu'il avait fait lui-même ; mais il était bien éloigné de ce sentiment. Il avait tant de regret de son malheur et un si grand repentir de sa faute, qu'il aurait voulu être à ma place avec les saintes dispositions que Dieu m'avait données. Il s'en retourna tout consolé de me laisser dans le bon état où Dieu m'avait mis par sa grâce. Car je puis dire avec vérité que j'étais satisfait dans mes souffrances, joyeux dans l'assurance que j'avais que Dieu ne m'abandonnerait pas, patient dans toutes mes tribulations, persévérant en prières et oraisons nuit et jour, et m'estimant heureux que notre Seigneur Jésus-Christ voulût me réputer digne de souffrir pour son nom.

Quelques personnes charitables de la ville de Puymirol trouvèrent des moyens pour me voir et pour me consoler dans ma prison. Ils s'en retournaient tous fort satisfaits de moi par la grâce de Dieu, avec laquelle je leur témoignais ma constance et ma fermeté pour le soutien de la vérité ; mais ils s'en retournaient mal satisfaits d'eux-mêmes d'avoir été si faibles que d'avoir abandonné cette vérité, sans avoir rien souffert pour la plupart. Il y vint entre autres une jeune demoiselle avec sa mère. Cette jeune fille avait été quelque temps pour la religion dans le même cachot où j'étais enfermé, et n'en ayant pu souffrir la rigueur, elle en était sortie depuis peu, ayant fait son abjuration. Il lui fut impossible de pouvoir retenir ses larmes lorsqu'elle me vit dans ce lieu ; elle me fit cent offres obligeantes, et même elle mit la main à sa bourse, et en tira quelque argent qu'elle voulut me donner, et que je refusai. je n'en avais pas besoin, mon neveu m'avait laissé ce qui m'était nécessaire ; je la remerciai et lui dis qu'il fallait qu'elle gardât cette charité pour quelque autre qui en aurait plus de besoin que moi. je les exhortai tous à se relever de leur chute, leur représentant que c'était le seul moyen qu'ils avaient pour rentrer dans la grâce de Dieu.

C'était aussi ce que je demandais avec le plus d'ardeur dans toutes mes prières, qu'il plût à sa divine bonté de relever ceux qui étaient tombés qui étaient en si grand nombre, et de leur faire miséricorde. je ne pourrais pas sans ingratitude m'empêcher de parler ici d'une demoiselle du même lieu dont j'ai oublié le nom, mais dont je n'oublierai jamais les bienfaits, qui avait la charité de m'envoyer toutes les nuits par la femme du jardinier de la citadelle, qu'elle avait gagnée pour cela, une terrine pleine de braise pour me réchauffer un peu dans mon cachot. Dieu veuille lui en donner la récompense, car elle m'a souvent empêché de souffrir la rigueur du froid, qui est si contraire à un homme de mon âge, et qui m'aurait fort incommodé en l'état où j'étais.

L'on renouvela les persécutions contre moi. L'on me fit garder plus étroitement pour m'empêcher de voir personne, et voyant la grâce que Dieu me faisait de persévérer constamment en la confession de la vérité, leur fureur s'augmenta à tel point qu'ils voulaient me faire descendre dans un cachot souterrain rempli de serpents et de crapauds, et dont l'air était si corrompu, qu'y ayant voulu mettre avant moi un soldat déserteur, on l'en tira presque mort demi-heure après, et s'il y eût resté quelques moments davantage, il y aurait laissé la vie. Cependant, c'était là où l'on voulait me loger, si Dieu ne l'avait empêché par sa grande miséricorde et par sa bonté infinie. Néanmoins, tout cela ne m'épouvantait pas. Etant fortifié par la grâce de Dieu, je leur disais que s'ils me faisaient mourir bientôt, mes souffrances en seraient plus courtes, et que par une mort si soudaine, Dieu me délivrerait plus tôt de toutes mes calamités, et me recevrait dans son royaume céleste, pour y jouir éternellement du bonheur et de la félicité qu'il a promise à ses enfants. Mes réponses ne faisaient que les irriter davantage et leur rage les portait à redoubler les menaces des cruautés qu'ils allaient exercer contre moi, si la Providence divine n'y eût pourvu, comme nous verrons ci-après.

Cependant, ma dure captivité, l'horreur des cachots, les maux que je souffrais et ceux dont on me menaçait à toute heure, formaient des images affreuses qui se présentaient à tous moments à mon imagination pour troubler mon esprit. Nous avons la chair et le sang qui nous livrent une guerre continuelle, et le démon qui roule toujours à l'entour de nous pour voir quel il pourra engloutir. J'avais à combattre toutes ces choses, et j'aurais sans doute succombé sous de si puissants ennemis, si Dieu ne m'eût fortifié par sa grâce et par la vertu de son Esprit, qui me soutenait toujours dans mes plus fortes épreuves, et qui me consolait dans mes plus grandes afflictions. Aussi, dans toutes les occasions, j'avais toujours recours à Dieu par la prière, si bien que je pouvais dire comme le roi-prophète au Ps. CIX

Mais la prière m'a été

Pour refuge en adversité

Je mettais toute ma confiance en Dieu, me défiant toujours de moi-même, et si la faiblesse de la chair présentait quelquefois à mon imagination quelque pensée criminelle pour recouvrer ma liberté, je la rejetais courageusement, de sorte qu'elle n'allait jamais jusque dans mon coeur. Au contraire, je me fortifiais de plus en plus, par l'assistance de l'Esprit de Dieu, dans la résolution que j'avais prise de mourir plutôt mille fois que de faire aucune chose qui fût indigne de l'honneur que Dieu me faisait de m'appeler à souffrir pour la vérité de son Evangile. Ce fut dans cette pensée que, pour reconnaître la grâce que Dieu me faisait, et pour lui en donner toute la gloire, je fis ces vers que je ne mets pas ici parce que je les crois beaux ; je sais qu'ils n'ont ni l'éclat, ni la délicatesse que l'on demande aujourd'hui, mais c'est seulement parce qu'ils sont chrétiens:

Sombres et tristes lieux, témoins de ma souffrance,
Hideux et noirs cachots image des enfers,
Si le Dieu que je sers n'appuyait ma constance,
Sans doute je mourrais accablé de vos fers.
 
Ce grand Dieu plein d'amour dont le beau feu m'éclaire,
Dans ce lieu ténébreux si terrible et si noir,
Fait briller dans mon coeur et sa grâce et sa gloire,
Malgré l'obscurité de cet affreux manoir.
 
Mon unique Sauveur m'assiste et me console,
Répand dans mon esprit sa divine clarté,
Et m'instruit tous les jours dans sa sainte Parole
De souffrir constamment tout pour sa vérité.
 
O sainte vérité, qui In 'enflammes de zèle,
Conserve dans mon coeur toujours ce saint désir
De garder chèrement dans une âme fidèle
Ce précieux dépôt jusqu'au dernier soupir.
 
Divin Consolateur, ta céleste lumière
Fait qu'en ces lieux obscurs mon pied ne bronche pas
Je poursuis constamment mon illustre carrière ;
Mais c'est toi, Saint-Esprit, qui conduis tous mes pas.
 
Je chéris dans mon coeur les peines que j'endure,
Et bénis les tourments que je souffre en ce lieu
Et malgré les ennuis d'une prison si dure,
Je sens que tout est doux quand on souffre pour Dieu.
 
Sois, grand Dieu Tout-Puissant, favorable à ma plainte
Me mettant par ta grâce hors de captivité ;
Conduis-moi dans des lieux où je puisse sans crainte
Invoquer ton saint nom, en toute liberté.
 
Là, dans ton temple saint, pour chanter tes louanges,
Avecque tes enfants j'irai plus d'une fois ;
A ce sacré concert les hommes et les anges
Uniront saintement et leurs coeurs et leurs voix.
 
Là je serai nourri du pain de ta Parole,
Là j'entendrai prêcher ta pure vérité ,
Et j'apprendrai toujours dans cette sainte école
A te servir toi seul selon ta volonté.
 
Mais cependant, Seigneur, arrête les menaces,
Et l'orgueil par lequel mes cruels ennemis
Me préparent ici cent maux et cent disgrâces,
Et fais qu'à leur fureur je ne sois point soumis.
 
Toutefois, ô mon Dieu, s'il me faut, pour ta gloire,
Expirer sous l'effort des tourments inhumains,
Fais-moi, par ton secours, remporter la victoire,
Et remettre en mourant mon âme entre tes mains.

Je finissais ainsi toutes mes méditations par le souvenir de la mort pour m'accoutumer avec elle, afin que lorsqu'elle se présenterait à moi avec ce qu'elle a de plus effroyable, je n'en eusse point de peur, et que je me trouvasse en état de la recevoir à bras ouverts, comme une agréable messagère qui devait m'apporter la nouvelle de ma liberté, et qui devait m'ouvrir la porte pour me faire entrer dans le repos et dans la gloire des enfants de Dieu.

Je demeurai quelques jours en cet état, jusqu'à ce que M. de Boufflers, qui commandait les troupes en Guienne, fût de retour dans Agen. Dieu qui, par sa grande miséricorde, me voulait épargner, et qui me réservait pour être plus longtemps un confesseur de sa vérité, voyant bien qu'à cause de ma faible vieillesse, je n'étais pas en état de pouvoir souffrir sans mourir toutes les cruautés qu'on me préparait à Puymirol, mit dans le coeur de M. de Boufflers de nous renvoyer, Mascarenc et moi, dans notre province et devant nos juges, pour nous faire notre procès : tellement qu'il m'envoya chercher par un sergent et quelques soldats, qui me ramenèrent dans les prisons d'Agen.



Table des matières

Page précédente:

.
(1) Puymirol est une antique petite ville située sur une hauteur et conservant encore des restes de fortifications ; elle était autrefois très importante et est aujourd'hui en partie dépeuplée ; ses remparts furent détruits sous Louis XIV.
.
(2) La rue principale, fort longue, en effet, traverse toute la ville, partant de la porte principale, encore visible en partie, et aboutissant à ce qui fut la citadelle; elle est bordée d'anciennes maisons dont quelques-unes sont imposantes. L'emplacement de la citadelle, - complètement détruite sous Louis XIV, - est occupé par des jardins et des vignes, et il n'y subsiste que quelques soubassements de murs.
.
(3) Puymirol a compté, depuis le XVIe siècle jusqu'à la Révocation, une Eglise Réformée rattachée au colloque du Haut-Agenais et au Synode de Basse-Guyenne ; son dernier pasteur fut Lamothe ; son ancien temple se voit encore à l'angle des rues Gaumard et des Argentiers.
.
(4) Malabiou avait alors 25 ans, quoique les procès-verbaux lui en aient donné 32. Voici la date de sa naissance d'après le Livre de Raison conservé dans sa famille : « Le 15 mars 1661, est nay Estienne Malabiou, mon fils aîné, qui a été présenté au baptême par M. Estienne Malabiou, mon père, et delle Suzanne de Guiraud, ma belle-mère, veuve de feu M. Marc Montels, médecin, le 19 du mesme mois de mars et lui a esté imposé le nom Estienne par M. de Jaussaud, ministre de l'Eglise Réformée de Castres. »
.
(5) Allusion à I Cor. 10 : 13.
.
(6) Allusion à 2 Timothée 4 :7 et 8.
.
(7) C'était alors Jules de Mascaron, qui occupa le siège d'Agen de 1679 à 1703.
.
(8) Jean de Brail, sieur de Moulens, ayant ainsi recouvré la liberté, gagna Bordeaux, puis l'Angleterre où il fit sa reconnaissance publique dans l'Eglise de La Savoye à Londres, en ces termes : « Le 16 may 1686, Jean de Brailh, écuyer, seigneur de Roquevidal, ayant eu le malheur d'abandonner notre sainte religion et d'adhérer aux erreurs de l'Eglise romaine pour se libérer de prison, il s'est présenté au Consistoire et après y avoir témoigné une vive douleur de sa faute, il a fait aujourd'hui sa reconnaissance publique dans l'église et a été reçu à sa paix. » Il passa de là en Allemagne et prit du service dans les troupes de l'Electeur de Brandebourg.
.
(9) Louise Dupuy, épouse du précédent, n'arriva pas à Bordeaux assez à temps pour s'embarquer avec son mari ; arrêtée sur le quai de cette ville, elle fut emprisonnée aux Filles Dévotes de Puylaurens, puis successivement à Toulouse, à Nîmes et à St-Etienne-en-Forez ; expulsée de France en mars 1688 comme inébranlable, elle gagna la Suisse, puis le Brandebourg où elle retrouva son mari. Veuve en 1698, elle habitait Berlin.
.
(10) L'évêque Mascaron jouissait d'un grand renom de prédicateur et avait été souvent appelé en cette qualité à la cour de Versailles.
.
(11) Allusion à I Pierre I : 4
.
(12) En effet, il rentra à Castres, où il fut avocat ; il épousa, le 16 mai 1691 Marie de Fos, de Castres, et résidait fréquemment sur sa terre de Belvèze, consulat de St-Paul-Cap-de-Joux, dont il prit le nom.
Malgré les apparences, il conserva en son coeur la foi réformée, comme en témoigne son acte de décès : « Maître Etienne Malabiou, avocat en Parlement, âgé d'environ quatre-vingt-quatre ans, mourut à sa maison de Belvèze, le 12 septembre 1744, sur les onze heures du soir, dans une chambre basse à côté gauche de l'entrée qui prend jour du côté du midy. »
Il en fut de même lors du décès de sa femme, Marie de Fos, survenu à Belvèze, le 2 mars 1762.
L'habitation de Belvèze, avec ses riches archives et ses précieux souvenirs, appartient toujours à ses descendants du même nom, dont nous avons mis à profit l'érudition aussi bien que l'extrême obligeance.

 

- haut de page -